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n° 10045Fiche technique24912 caractères24912
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Temps de lecture estimé : 18 mn
11/01/06
Résumé:  Un bref instant de sensualité dans l'enfer de la guerre.
Critères:  #historique fh jeunes médical uniforme amour massage cunnilingu pénétratio
Auteur : Sofie  (Jeune femme essayant l'écriture)            Envoi mini-message
Une lueur dans les ténèbres...


Il pleut. Rien d’étonnant. Il pleut continuellement depuis une semaine. De toute façon, j’ai bien trop de travail pour sortir et puis pour quoi faire ? Que peut-on faire lorsque l’on est infirmière, tout près des premières lignes avec un flot incessant de blessés et d’obus qui passent de plus en plus près des civières et du centre de soins ?


Chaque jour est identique au précédent, avec comme seul changement un détachement grandissant devant tant d’horreurs issues de mon quotidien. Je ne compte plus les blessés, les mourants, les amputés. Je n’ai plus d’émotions devant un homme en pleurs conscient de sa fin proche ou sachant avant même l’avis des médecins, le verdict concernant sa jambe ou son bras.


Il faut sans cesse éponger un soldat fiévreux, faire un nouveau pansement à l’un, administrer une dose de calmants à l’autre. Enfin… quand on a des calmants. On écoute bien sûr leurs mots, on leur décoche un sourire, un geste tendre, mais l’émotion est feinte. Le cœur n’y est plus. Le cœur n’est plus présent depuis longtemps dans ce méandre de bruits, d’odeurs et de morts. Quel âge a-t-il ? Marié, papa ou fils unique ? Ces questions ne se posent plus, elles s’évitent, même…


Ah voici, le facteur militaire amenant les lettres aux soldats de tous rangs. On les confie toujours aux infirmières pour les distribuer. En effet, nous les trions d’abord un tas pour les blessés puis un autre pour ceux qui ne sont pas dans nos rangs et enfin un dernier. Celui qui paraît de plus en plus grand, celui des hommes qui ont eu moins de chance que les autres. Ces lettres seront renvoyées à l’arrière des lignes et leurs expéditeurs pour seules réponses auront une lettre formelle de la Nation, fière de son héros.


Comme tous les matins, j’attends cette petite pause dans l’enfer du quotidien. C’est l’occasion de sortir de l’infirmerie et surtout de parler un peu avec le facteur et surtout le soldat qui l’accompagne, Antoine.


Tous les jours c’est le même rituel, un classique chez les militaires. Le facteur me transmet la sacoche de lettres et je suis sous l’escorte de Antoine, pour qu’il m’accompagne vers les secondes lignes. Le temps du trajet entre les lignes arrières et la seconde, Antoine et moi discutons un peu de tout et de rien, c’est notre moment de liberté. On essaye d’oublier toutes les horreurs que nous voyons sans cesse. Même si cela est difficile, car Antoine ne lâche pas un instant son fusil et les convois de soldats et d’armes ne cessent de nous doubler à vive allure dans un vacarme lourd et parfois effrayant.


Le soldat Antoine et moi discutons ainsi depuis quelques mois. On commence à bien se connaître et je crois que nous apprécions le fait que nous nous voyons régulièrement. En plus aujourd’hui, j’ai hâte de lui annoncer que j’ai obtenu une permission d’une semaine pour retourner vers les lignes arrières. Pouvoir échanger de cette manière, avoir une forme d’échange avec quelqu’un est chose rare, car dans les tranchées les contacts sont assez éphémères vu qu’il est impossible de prévoir pour le lendemain. Qui sera là ? Et dans quel état ?


Voilà pourquoi je suis toujours volontaire pour aller chercher le courrier. D’autant que je suis l’une des infirmières volontaires pour les brûlés, tâche pas facile. Alors en contrepartie, on m’offre cette petite pause.


Pause d’autant plus agréable qu’Antoine est de la même région que moi. Il a vécu à quelques kilomètres de mon village. Nous nous entendons très bien et je dois le dire il est assez mignon. Et ce n’est pas du tout l’uniforme qui fait cela. Non, sûrement pas son uniforme sale, ses bottes boueuses. Ce n’est pas sans doute ses traits tirés par la fatigue, le stress ou l’inquiétude. Néanmoins, il garde un charme, des yeux bleus tranchants, de petites lèvres fines. Ce qui m’a tout de suite frappée, c’est sa voix douce et sa gentillesse. C’est un comportement si étrange dans ce contexte. Je me suis toujours demandé comment un si charmant garçon pouvait être dans cet enfer. C’est aussi pour cela que je l’apprécie, il me permet d’évacuer un peu toute cette ambiance.


Comme tous les jours, Antoine et moi arrivons, malheureusement à la fin de notre mission. Je dois retourner à l’infirmerie. Je lui tends la sacoche et je lui serre la main. (La bise est impossible dans le cadre militaire et trop s’attacher à une personne pendant la guerre est chose à éviter). Nous allons nous séparer, en espérant nous revoir le lendemain. Je lui dis :



Je monte sur la pointe de mes pieds et dépose un bref baiser sur ses lèvres, jetant aussitôt un regard autour de nous. La tendresse n’est pas compagne du champ de bataille. Etonné mon vis-à-vis ne trouve comme réponse qu’un sourire gentil et plein de charme ce qui me fait rougir de plus belle. Au point où j’en suis, plus besoin d’être ingénue puis le temps joue contre nous.



Le dernier mot tombe lourdement afin de le blesser. Je n’accompagne pas ce mot, de « soldat », obligatoire par le règlement, par son prénom, Antoine, notre seule marque d’affection.



Je sais d’avance que cette phrase est lourde de sens et qu’elle ne s’effacera jamais de ma mémoire.


Suivie de près, je commence à marcher d’un pas rapide en direction des tranchées de la seconde ligne. Peu à peu, malgré les sentiments qui se bousculent en moi ; la tristesse de voir partir ce beau jeune homme, la folie de ma demande qui m’emmène je ne sais où, les précautions, les habitudes de méfiance m’habitent lorsque nous pénétrons dans la tranchée. Le corps courbé pour éviter une éventuelle balle, l’oreille tendue pour discerner le moindre avertissement, le moindre bruit. La tranchée se fait plus étroite. Il faut éviter de marcher sur les hommes étendus dans l’attente d’un assaut ou sur leurs sacs. On esquive les regards graves et apeurés. La peur lutte avec mon excitation du moment, je suis au plus haut point perturbée.


Nous ne nous sommes échangé aucun mot depuis quelques minutes, dans ce contexte toute conversation est futile et encore plus un adieu.


Prise d’un élan de panique, j’attrape la main d’Antoine et commence à courir, faisant attention à éviter les ornières. Les autres soldats ne sont pas si étonnés, voir une infirmière courir n’est plus anecdotique, sans doute encore un autre drame, une autre explosion ou un sniper embusqué.


Soudain, je m’arrête face à une porte encadrée de sacs de sable et de terre boueuse. Essoufflée, anxieuse et pourtant sûre de mon choix, de mon emportement. Je pousse la porte et rentre avec l’ombre de mon complice à l’intérieur.


C’est le soldat qui se met à parler en premier.



Tristement habituée à ce genre de nouvelle, j’annonce cela sans aucune émotion. En revanche pour l’action suivante je tremble de désir. Je pose ma main sur la sangle de son casque et retire son casque que je garde en main. Son visage se dévoile entièrement à moi. Ses yeux brillent, légèrement noircis par la poussière recouvrant sa peau. Je l’embrasse prise de désir et le serre contre moi. Il va me quitter au moment où je commence à l’aimer. Au début, j’embrasse des lèvres qui me semblent si froides puis elles remuent, s’entrouvrent. C’est lui qui m’embrasse dorénavant. Maintenant, ses lèvres sont ardentes. Je me brûle et adore cela, excitée tant par l’interdit que par la passion qui fusionnent en moi.



« Isabelle » jamais l’énonciation de mon prénom ne m’a fait tant de plaisir. Le fait qu’il retire le qualificatif, impersonnel d’infirmière gonfle mon émotion.


Pendant mes rêvasseries, il se dirige vers la petite table servant de bureau et d’amoncellements de cartes. Il la tire vers lui, de sorte qu’elle bloque la porte. Nous voici barricadés, dans une fébrile sécurité. Au moins, protégés d’une arrivée inopportune.


Mon soldat positionne son fusil sur la porte et se rapproche de moi. Au moment, où je tente de prononcer une parole, il pose sa main sur mon front et d’un geste délicat descend ses doigts sur ma joue et mon menton. Je parle dans ses yeux. Au même instant, un bruit puissant passe non loin de là, le sol tremble légèrement. L’artillerie se remet à chanter une ode à la mort. J’ai peur. Nous ne sommes pas si seuls.


Pour me rassurer, il me prend dans ses bras. Son étreinte est accueillante et je m’installe au plus profond de ses bras. Naïvement, je me sens mieux, il parvient à me donner un semblant de réconfort. Nos baisers se multiplient, ils sont pleins de grâce et de délicatesse. Piétinements après piétinements nous nous rapprochons du lit de camp. Je finis par m’y asseoir. Mes mains empoignent les manches de sa veste et tirent dessus, mon signe atteint sa cible et mon soldat enlève sa veste qui tombe sur le sol. Aussitôt après, mes doigts tremblants s’agrippent aux boutons de sa chemise. Les mains d’Antoine recouvrent les miennes. Ce geste tendre me ravit le cœur. J’en prends une et lui donne un baiser. Puis, je commence à égrainer lentement les boutons de sa chemise. Un à un ils cèdent, et peu à peu je découvre son fin maillot de corps. À travers, je remarque qu’il doit être assez musclé. Malheureusement, je n’ai pas trop le temps de m’appesantir sur ces impressions, le temps nous est compté.


Il s’assoit à côté de moi, sur le lit et retire finalement sa chemise puis son maillot de corps. Enfin, je découvre son torse musclé et imberbe. De suite, je pique un fard à la vue de son corps. Pour me rassurer, il me prend la main et m’embrasse amoureusement. Certes, je me sens plus confiante, moins stressée. En revanche, je dois n’être qu’une tête rouge tranchant encore plus avec ma tenue blanche. Il dépose sur mon menton, mon cou des baisers qui ne font qu’agrandir le brasier au fond de moi. Il me serre dans ses bras et nous nous allongeons sur le lit.


Ses mains passent sur ma tenue d’infirmière, cela faisait si longtemps que je n’avais pas reçu un geste de douceur. J’entends ses bottes tomber sur le plancher. Ce bruit est une courte diversion pour ses doigts qui retroussent ma robe dévoilant centimètre par centimètre ma peau nue. J’ouvre ma tenue et dévoile ainsi une partie de mon soutien-gorge. Antoine plonge aussitôt ses lèvres sur mon décolleté et ma gorge. Ces baisers me rendent folle d’excitation. Sur mon ventre, à travers nos vêtements, je sens sa virilité se frotter de plus en plus évidente sur moi. Antoine défait son pantalon et délaisse un instant mon décolleté et ma gorge humide de sa salive et sèche à l’intérieur.


Assis sur le lit, il ôte rapidement son pantalon. Nous sommes tous les deux impatients autant par l’excitation que par la peur de voir tout cela s’interrompre par une alerte. Le voici vêtu uniquement d’un caleçon large. Il pose sa main sur la mienne, mêle ses doigts aux miens. Je m’assieds à ses côtés, nos regards se croisent. Dans chacun de nous, une lueur de désir ne cesse de croître. Je lui adresse ses quelques mots



Aussitôt je me lève et pars chercher une bassine d’eau qui se trouve en face de nous. Je la saisis puis reviens à ses genoux. Je prends la lavette et la trempe dans l’eau. Je passe la lavette sur son front, je nettoie son visage, son nez fin, ses lèvres épaisses. Mon gant de toilette descend sur le profil de son cou. Au contact de ce tissu sur son buste, il frémit, cela le rend encore plus séduisant. Je descends le long de ce corps musclé, je redessine ses abdos, ses côtes. Je remonte au niveau de son cœur, j’y laisse ma main un instant. Je sens son cœur battre à tout rompre. Nos regards se mélangent de nouveau. Puis le mien se jette vers le bas et tombe sur son caleçon où une bosse est flagrante. La tension se fait palpable soudainement.


Qui de nous deux fera le geste qui nous glissera vers l’irréversible, l’irrésistible ?


Dans ce silence lourd de sens, on entend des rondes de soldats aux dehors et des aboiements d’officiers, dehors la tension monte, dedans elle est à son paroxysme.


Comprenant la situation tous les deux, nous devons agir, ne pas traîner, c’est lui qui brise cette attente aussi insoutenable que dangereuse. Antoine se soulève avec ses avants bras, ses fesses décollent du lit. Dans un réflexe sans même trop y penser, j’attrape son caleçon et le descends. Comme un ressort, sa tige se met à la verticale une fois à l’air libre. Le voici nu, plein de charme. Toujours avec mon gant de toilette, j’entreprends de rincer ses cuisses fermes puis au fil des mouvements circulaires je me rapproche peu à peu de son entrejambe. Ma main se fige un instant puis se pose sur ses testicules que j’englobe doucement. Il retient un gémissement. Ensuite, j’enserre sa verge et l’essuie calmement. Je la nettoie, mais peu à peu mes frictions se traduisent en caresses de plus en plus denses.


La situation est particulière, me voici à genoux, la poitrine dévoilée, la jupe mi-retroussée dévoilant mes jambes plus que de raison en train de porter toute mon attention sur le sexe de ce magnifique homme. Il n’est plus soldat à présent.


Je lâche la lavette bien inutile à présent, car mes attouchements ne sont plus équivoques, je masturbe mon compagnon. D’ailleurs, le souffle difficile d’Antoine ne me contredit pas. Ma main enserre sa verge. Mon geste maladroit devient de plus en plus habile et rapide. Son gland apparaît et disparaît entre les doigts. Ce même gland si rouge, si beau à cet instant, le symbole de la virilité. Devant, cet emblème, je rends un hommage. Je dépose un baiser chaud sur ce bout de chair. Mes lèvres lui font un étau de douceur. Ma langue s’enroule autour de son nœud. Lentement, je lèche son gland.


Après ces quelques offrandes de ma part, mon partenaire jusque-là très calme se saisit de moi et m’allonge sur le lit. Dans ces bras, je me sens relativement en sécurité. Une sensation que j’avais presque oubliée. Sa main passe dans mes cheveux, il retire mon foulard. Une mèche cache une partie des yeux. Subtilement, il la décale pour mieux croiser son regard dans le mien. Il se positionne au-dessus de moi. À deux nous enlevons ma robe. Ma poitrine entre en contact avec l’air frais de la pièce puis c’est au tour de mes jambes. Seule, ma culotte fait barrage à ses pulsions. Plus pour très longtemps, après un hochement de ma tête, Antoine s’empare de cette dernière étoffe. Elle glisse sans effort, traîne au niveau des genoux et donne un subtil frisson sur mes chevilles et orteils avant de disparaître.


Antoine remonte mon corps par palier, tout en caresse, tout en baiser. Lorsqu’il atteint mon mont de vénus. Sa bouche se fait plus timide, presque hésitante. Mon impatience ne fait qu’attiser mon envie. Enfin, un baiser sur mon aine et une brûlure exquise quand sa langue s’immisce entre mes lèvres interdites. Je frémis. Mon bourgeon capte le moindre effleurement. Sa bouche apposée sur mon sexe me fait fondre, j’en oublie totalement le monde extérieur. Fiévreuse de désir, ma plainte se veut séductrice et invitante.


Je sens la masse vigoureuse de mon soldat remonter vers mon visage. Cette fois, nos baisers sont plus forts, plus profonds. Notre désir précède notre douceur. Je passe une main dans son dos que je griffe presque. Je ne désire plus attendre. Nous n’avons plus le temps. Il est déjà trop tard.


Antoine semble du même avis que moi, car son sexe joue avec ma toison et peu à peu rode à l’entrée de mon intimité. Son gland se pose à l’entrée de mon vagin détrempé par l’excitation de nos corps. Je mords ma lèvre inférieure et dans un souffle :



À la fin de cette confession, Antoine se raidit et penche sa tête sur le côté, cela le rend encore plus désirable.



Je l’embrasse ne sachant plus quoi dire. À nouveau, je sens son sexe atteindre ce que je désire. D’un mouvement coordonné, nos deux êtres s’unissent. Me voici en lui, le voici en moi. La douleur ne dure qu’un instant, un instant si vite oublié par la montée de plaisir qui part de mon bas-ventre pour cogner dans ma tête. Sentant que je n’ai plus mal, Antoine commence à venir en moi plus profondément. Il s’allonge sur moi et fait jouer sa musculature au profit de notre bonheur. Son étreinte est délicieuse en savant mélange de force et d’allégresse. Mes premiers soupirs deviennent des faibles gémissements retenus. La sensation de son sexe en moi est nouvelle et je sais très vite qu’il me sera dur de m’en passer.


J’ouvre les yeux pour la première fois depuis notre union. J’ai la plus agréable des surprises de voir dessiner un sourire sur la figure de mon Antoine. Pour augmenter notre plaisir, j’ondule mon bassin au rythme du sien. Ma fleur est trempée, mon bourgeon me lance des appels divins. De temps à autre, Antoine s’empare de la pointe de mes seins avec le bout de sa langue. Folle d’excitation, de légères plaques rouges apparaissent sur ma gorge. Nos deux corps tanguent au maximum pour le plaisir de soi et de l’autre. Soudain, je passe mes jambes autour de ses reins et resserre encore plus son étreinte. Je sens les parois de ma grotte intime se refermer autour de sa verge. Le bonheur n’est que plus grand. Antoine s’active de toute son ardeur à présent. J’ai un mâle brûlant de désir qui n’aspire qu’à l’ascension irrésistible de nos deux êtres sur les sommets du délice interdit.


Les premières perles de sueur apparaissent sur le front de mon homme, je suis folle de cet homme. Nos corps sont moites, nos yeux ardents de passion et nos sexes en fusion. Nos halètements se combinent avec nos ardeurs. Il me pénètre avec vigueur, mais sans aucune agression, je ne ressens que du plaisir.


Soudain, je pousse un petit cri et m’agrippe à ses bras, le sol gonde, un filet de poussière tombe du plafond. Un barrage d’artillerie vient de s’abattre sur nos lignes. Signe annonciateur d’une attaque prochaine de l’ennemi. À cet instant, tout devient encore plus éphémère, plus précieux. On savoure ce moment comme le dernier. Antoine a toujours son sexe en moi, je le sens dur et vigoureux. Quoiqu’il arrive notre désir reste intact. Je sais qu’il lit dans mes yeux de l’inquiétude, c’est plus fort que moi. Il dépose un baiser sur mon épaule puis un autre sur le menton, tout en reprenant timidement ses pulsions. Je retrouve bien vite une attitude plus libérée et nous reprenons notre concert de hanches.


Les assauts incessants et rapides d’Antoine produisent en moi, tout d’abord, une pointe puis une onde parcourant toute ma chair. Les frissons saisissent ma peau, mon cuir chevelu me chatouille de toute part. je regarde fixement mon amant puis tout s’accélère, ma gorge se rétracte, mon corps tremble, mes pupilles se laissent aller. Ma main tape le torse de mon partenaire, j’essaye vainement de m’agripper à quelque chose. En vain, j’ai le sentiment de plonger, de tomber et finalement j’expulse un cri irraisonné. Mon échine est glacée, mes cuisses embrasées. Je n’ai jamais ressenti une telle sensation, une telle débauche de désir. Mon corps est inerte, mon esprit envolé.


Ce n’est qu’une seconde volée de frissons qui me fait peu à peu reprendre contact avec la réalité. Antoine s’agite, rendu fou sans doute par mes gémissements saccadés. Son corps est plus que jamais plaqué contre le mien. Un dernier regard et un ultime mot. « Isabelle », c’en est trop pour lui. C’est à son tour de connaître l’orgasme. Un râle plein de soulagement souffle dans mes oreilles et au fond de moi sa semence jaillit. Antoine essaye de retenir au maximum sa jouissance totale en me procurant de savoureux derniers mouvements de reins. Finalement il s’effondre sur le flanc, tentant de reprendre son souffle. Je m’étonne de passer ma main sur ma toison humide puis sur mes lèvres encore largement écartées. Je rougis au toucher du cocktail de nos deux liqueurs qui coule sur l’intérieur de mes cuisses.


Peu après, mon compagnon prend ma main et s’amuse à croiser nos doigts. Il me contemple de haut en bas. Il semble apprécier mes formes fines sans grande courbe néanmoins. Brutalement il se fixe, des traits plus durs, plus anxieux s’esquissent sur son visage. Surprise, je tente de déceler la raison de ce changement d’état, est-ce moi ?


Je détourne la tête dans la même direction que celle de mon amant. Aussitôt, je comprends le motif de tout cela. Nous regardons l’un comme l’autre, ses bottes et son fusil. Un dur retour à la réalité, à notre quotidien. L’instant magique est rompu. Tout reprendre les incertitudes, le doute, la peur et la mort.


Un bruit strident retentit, maintes fois répétées, nous parvenons à le discerner. D’autant que ces derniers jours, ce son est régulier. Il s’agit des sifflets des sergents-chefs pour annonce un assaut. Antoine, le soldat Antoine se lève, résigné. Un silence de plomb pèse dans la pièce.


A quoi bon se parler ? Que se dire ou se promettre ? Ici, aucune promesse n’a de sens, ni d’avenir.


Il est à demi rhabillé et me tend galamment mes vêtements. Prestement, nous sommes de nouveau dans nos uniformes. Le soldat Antoine se saisit de son fusil et ouvre la porte. Une lumière nous aveugle un bref instant. Dehors, c’est l’agitation la plus complète, la bataille est proche.


Antoine se retourne, me lance un dernier regard. Il tente de prononcer une parole, mais se ravise. Sans un mot, il s’éloigne dans la tranchée, les préoccupations du quotidien, reprennent le dessus. Désormais, il faut survivre dans cet enfer.



EPILOGUE :


Aux soldats morts pour la Patrie.

La République honore ces héros.




La grand-mère et sa petite fille reprennent leur promenade dans le petit village.



Pour toute réponse, la petite-fille obtient un sourire évasif plein de nostalgie et d’amour aussi.