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Temps de lecture estimé : 17 mn
26/01/06
Résumé:  Bruno et Nadine emménagent dans leur nouvel appartement.
Critères:  fh voisins amour pénétratio nonéro
Auteur : Bertrand D  (Rêveur solitaire)            Envoi mini-message
De très bons voisins


La journée a été magnifique. Le temps s’est enfin mis au beau, la température est douce, le printemps est enfin là.

Un dernier rayon de soleil vient caresser Nadine, allongée à même le sol de la loggia. Moment de relaxation après cette dure journée. Le carrelage tiède lui procure une caresse apaisante.

Elle vient juste de s’arrêter, s’est rapidement débarbouillée, a rejeté ses baskets mais n’a pas eu le courage de se changer. Jean et polo sont encore parsemés de poussière. Elle va se doucher, se mettre en survêt… bientôt…

Depuis ce matin, avec Bruno, elle monte le mobilier, des colis jusqu’à ce troisième et dernier étage. Enfin le camion de déménagement est parti, tout est dans l’appartement. Demain on rangera.

Un verre dans chaque main, Bruno débouche sur le minuscule balcon, jette un regard sur le terrain défoncé, abandonné par les engins de chantier. C’est là que sera la pelouse, face à leur immeuble, mais quand ?

Baissant les yeux, il voit sa femme à ses pieds, endormie.

Il ne peut s’empêcher de l’admirer. Ses habits poussiéreux ne l’enlaidissent pas. Depuis toujours, elle est pour lui la plus belle fille qui existe sur terre. Ce n’est pas la Vénus de Milo, ni un de ces top models, certes, mais c’est son idéal, sa femme. Ses cheveux blonds, assez courts, font une auréole au visage détendu. Un petit nez « où il pleut dedans » comme il lui dit quand il veut la taquiner, au-dessus d’une bouche épanouie. Sa poitrine est à peine perceptible dans la position où elle se trouve. C’est vrai que ses seins ne sont pas très volumineux, on croirait ceux d’une adolescente, mais ils sont fermes. Son plaisir, c’est de les laisser nus sous les vêtements lorsqu’ils sont chez eux et même parfois à l’extérieur. Et cela permet à Bruno de glisser les mains et de les saisir lorsqu’il vient derrière elle. Elle proteste toujours, mais c’est une convention entre eux, une invitation à continuer. Et ses hanches sont assorties. Parfois il a l’impression d’être un vicieux qui abuse d’une mineure. Pourtant elle est presque aussi grande que lui.

Rêveur, il sourit.


À dix ans, les filles sont de sales gamines qui ne pensent qu’à embêter les garçons ou se moquer d’eux. Le jour de la rentrée, en CM 1, est apparu un ange avec de longs cheveux blonds. Un corps léger qui semblait effleurer le sol, un sourire timide. Seule dans un coin, elle semblait effrayée par tous ces enfants inconnus. Ébloui, Bruno a quitté le groupe de garçons, s’est avancé vers elle, lui a parlé, sourd aux sarcasmes de ses copains le voyant s’intéresser à une pisseuse.

Elle apprécia son courage, lui sourit, lui répondit. Ses parents venaient de s’installer dans le quartier, dans une villa proche de chez lui. Le sort voulut qu’ils soient dans la même classe. Ils devinrent amis, inséparables même.

Et ainsi ils grandirent ensemble, à l’école primaire, moments de complicité, des premiers secrets. Avec le collège vint le temps des confidences, des premiers baisers, des premières caresses. Leurs corps évoluaient, elle grandissait très vite, maigre, un vrai chat écorché, elle le dépassait même. Le sport mit plus de temps à le transformer, mais à quinze ans il s’allongea brusquement et dépassa le mètre quatre-vingts. Il lui manquait encore du muscle. Nadine s’épanouissait, la taille restait fine mais la poitrine et les fesses prenaient un peu de volume. Son visage enfantin se changeait en un ovale qu’il estimait parfait. Ils s’admiraient l’un l’autre, ils s’aimaient.

Au lycée, le flirt devint plus brûlant et le moment fatidique approchait où ils allaient franchir le pas. Le sort les éloigna. D’un caractère logique, il s’orienta vers les mathématiques, elle, plus rêveuse, vers les lettres. Première séparation. Au milieu de l’année, son père fut muté dans une autre ville, la famille déménagea.

Au début, quelques visites, puis des coups de fil qui, petit à petit, s’espacèrent. Bruno s’intéressa à d’autres filles, elle connut d’autres garçons. Une carte d’anniversaire ou de souhaits au nouvel an, leurs vies suivaient des chemins différents. Et pourtant…


Chacun de son côté songeait quelquefois aux merveilleux moments passés ensemble. À de nombreuses occasions, ils échangeaient des cartes.

Après son BTS d’informaticien, Bruno trouva un emploi à M…, assez loin de chez lui. Nadine obtint sa licence de droit, puis une place dans une banque, dans la même ville. Le hasard les ayant réunis dans le même coin, ils se retrouvèrent. Et pour tous deux ce fut à nouveau le coup de foudre. Conclusion logique, ils se marièrent.


Trois ans d’économie, un peu d’aide des parents, un prêt avantageux obtenu auprès de la banque qui emploie Nadine, et ils aménagent aujourd’hui dans leur appartement. Ce n’est qu’un P3, en périphérie, mais pour eux c’est quand même le paradis.

Sur le même palier, un appartement similaire. Un couple dans la quarantaine l’a acquis pour le louer. Pourvu que les voisins soient sympathiques…


Les voilà donc installés ce soir. Enfin, presque.

Bruno rentre poser les verres inutiles et vient prendre Nadine endormie dans ses bras. Elle est légère pour lui, car pendant leur séparation il a pris du muscle et sa femme lui semble un fétu de paille. Dans la chambre, il n’y a que le matelas sur le lit. Il la dépose et doucement la déshabille, évitant de la réveiller. Il doit réprimer ses envies de la caresser, de la prendre. Il se contente de la couvrir, en mai il ne fait pas encore très chaud.

Il a mangé seul la pizza et s’est allongé auprès d’elle.


Un choc contre la porte le tire de son sommeil, il fait déjà jour. Nadine grogne doucement après les importuns. Des murmures, des raclements. Probablement les futurs voisins qui arrivent. Heureusement que nous avons emménagé hier parce que sinon il y aurait eu des bouchons dans l’escalier, pense-t-il.

Rapidement il s’habille et entrouvre sa porte. De l’escalier arrive une pile de cartons dans les bras d’un gars sûrement costaud.



Posant les cartons sur le palier, l’homme se redresse en souriant, tend la main.



Le parfum du café embaume la cuisine. Vêtue d’une mini-nuisette, sa compagne s’affaire devant la table à préparer le petit déjeuner. Passant derrière elle, il empoigne ses seins et lui pose un baiser dans le cou.



Mais, n’écoutant que son désir, il la fait pivoter et lui ferme la bouche d’un baiser passionné. Ses mains empoignent ses fesses afin de la coller contre lui pour lui faire apprécier son désir. Elle proteste, sans trop de conviction. Rapidement, pantalon et slip sont dégrafés et une colonne avantageuse vient s’appuyer contre elle.



Elle part en courant, jetant sa nuisette au passage. Bruno finit de se dépiauter et la rejoint. Sur le lit froissé, étendue sur le dos, bras en croix, jambes écartées, elle l’attend. Leur plaisir, c’est une approche lente qui fait grandir leur désir.

Étendu à côté d’elle, il la regarde. L’admiration qui se lit dans ses yeux comble sa compagne. Sa bouche approche du visage. Des baisers depuis le front jusqu’au menton en finissant par la bouche. Une main part en reconnaissance sur le corps pourtant déjà bien connu. Le parcours est toujours le même, comme balisé, les lèvres suivant la main. Les petits seins fermes aux larges aréoles surmontées d’un gros bourgeon sombre forment un contraste étonnant. Les dents en saisissent un et l’agacent. C’est une légère douleur qu’elle adore, qui lui donne des frissons dans tout le corps. Les doigts pincent l’autre afin qu’il ne soit pas jaloux. C’est le déclenchement du chant féminin. Longtemps, il insiste sur les mamelons, attendant que les gémissements, témoins du plaisir, s’amplifient. Nadine saisit soudain sa tête et la place entre ses cuisses écartées. La mousse blonde peu abondante laisse apparaître son coquillage rose. Bruno en entreprend le nettoyage. Sa langue frôle d’abord la commissure des lèvres, glissant ensuite plus profondément. Elle lui prend la tête, l’oblige à remonter un peu plus haut. Le bouton est démasqué, dégagé, agacé, mordillé. Un doigt vient se glisser dans la fente, remonte, s’imprégnant de la liqueur qui commence à sourdre. Longuement, Bruno continue ce travail de sape. Changeant de cible, le doigt inquisiteur vient investir la porte de service. Le ton du gémissement monte brutalement. Nadine lui saisit le visage et l’attire vers sa bouche, s’écriant :



Longuement, ils baisent, non, ils s’aiment, tout simplement. Leur rythme est varié, ils connaissent parfaitement leurs réactions, prolongent longuement cette union. Et c’est une crispation soudaine simultanée qui provoque un plaisir réciproque.



Et tous deux éclatent de rire.

Après le petit déjeuner, Nadine va faire quelques courses pendant que Bruno commence à ranger. En descendant, elle s’efface sur un palier pour laisser passer un sommier porté par le couple.



Les nouveaux voisins l’ont impressionnée. Pour le peu qu’elle a pu voir, il est beau, plus grand que Bruno, costaud, et surtout un visage souriant et sympathique. Et sa compagne aussi, ils sont vraiment bien accordés !

La matinée a été bien occupée et l’on peut maintenant circuler plus facilement dans l’appartement.

Une courte interruption pour se rendre au restaurant. En revenant, ils remarquent qu’un nom figure déjà sur la boîte aux lettres voisine de la leur. Franck et Elodie Maurin. C’est donc un couple marié. Lorsqu’ils arrivent sur le palier, la porte s’ouvre et la voisine apparaît. Brune, les cheveux longs, très grande, presque autant que Bruno. Un corps musclé, sans excès, magnifique. C’est une femme extrêmement désirable.



La nouvelle venue a fait impression sur Bruno. Pourtant elle est un peu intimidante malgré son sourire. Nadine a vu l’expression de son mari, elle décide de s’amuser à le provoquer.



L’après-midi a été bien occupée, maintenant l’appartement est à peu près en ordre. Il reste pourtant beaucoup à faire. Pour se nettoyer, et aussi pour se délasser, ils vont prendre une douche. Ils ont décidé de finir la soirée tranquillement, sans sortir, tenue décontractée. Jean et polo pour Bruno, chemisier et mini-jupe pour elle. Comme à l’ordinaire, pas de soutien-gorge, elle est tellement bien ainsi.

Affalés dans le canapé, ils récupèrent. La sonnerie de la porte d’entrée les tire de leur repos. Nadine va ouvrir.



Devant une invitation aussi sympathique, ils les suivent. C’est le même appartement vu dans un miroir. Les meubles sont en place, mais les paquets jonchent encore le sol.



Les verres sont remplis et la discussion s’engage. Franck et Elodie sont infirmiers, dans une boîte d’intérim. Bruno précise leurs professions. Les invités se sont installés dans les fauteuils et les propriétaires dans un canapé. Franck fait le service, apporte le verre à chacun. Lorsqu’il le tend à Nadine, il a une légère hésitation puis poursuit. Le chemisier entrebâillé a laissé apparaître une rondeur et surtout une pointe brune bien tentante.

Ce court arrêt n’est pas passé inaperçu à Bruno qui pouffe intérieurement, regardant sa femme d’un œil coquin. Cette dernière ne sait si elle doit se fâcher où au contraire se réjouir de cet hommage, d’autant qu’Elodie a souri franchement. Heureusement, elle n’est pas jalouse, pense Nadine.

Franck a regagné sa place, la discussion continue, très décontractée. Nadine est en position inconfortable, sa jupe assez courte dévoile une partie de ses cuisses. D’autant que les regards du voisin sont attirés par cette cible.



Laissant les hommes à leurs propos, elles se dirigent vers la cuisine. Tout en préparant le plat, elles papotent.



Et d’un geste léger elle écarte un peu le chemisier de sa compagne pour les admirer. Jouant le jeu, celle-ci lui rétorque :



Et pour l’inciter à s’exécuter, Nadine glisse sa main dans le dos de sa voisine et fait sauter l’agrafe. Alors, en riant, cette dernière retire son chemisier pour se débarrasser. Et c’est l’occasion pour Nadine d’admirer à son tour des mamelons plus volumineux que les siens, mais aussi fermes.

Chacune portant un plateau, elles débouchent dans la salle de séjour. Le contenu met leurs hommes en appétit. La nourriture est certes appétissante, mais les chemisiers mal boutonnés dévoilent nettement l’absence de soutien, d’ailleurs inutile.



Et tous éclatent de rire.

L’atmosphère est totalement détendue, le repas apprécié, d’autant que Bruno est allé chercher une bonne bouteille.

La soirée a passé rapidement, ils ont discuté de tout et de rien, comme de vieux amis. Au moment de se séparer, ils se sont naturellement embrassés. Rentrés chez eux, ils analysent ce premier contact.



Le lendemain, dès le matin, les portes des appartements sont restées ouvertes, chacun occupé dans son logement. Les hommes se sont aidés pour déplacer les meubles, les femmes pour la cuisine. Ils ont partagé le repas, une véritable amitié s’est amorcée.



Le mois de juin est chaud. Les journées sont longues, et le soir au retour du travail le soleil est encore haut. Nadine trouve la loggia formidable pour bronzer. Personne en face, elle conserve seulement un string.



Les balcons ne sont séparés que par une grille, aucun des deux couples n’a jugé utile de se protéger de la vue de ses voisins. Elodie ressort bientôt dans le plus simple appareil.



Et bientôt, nues, allongées, elles papotent.

Le glissement de la baie vitrée les avertit d’une présence. Bruno arrive et vient embrasser son épouse.



Surpris, il lève les yeux et aperçoit Elodie dans la même tenue.



Rassuré, Bruno prend un fauteuil de manière à pouvoir admirer sa voisine. Franck sort sur le balcon avec des verres à la main.



Franck saisit les boissons. La discussion reprend, les femmes profitant des derniers rayons du soleil.


C’est maintenant devenu une habitude, et chaque soir, quand il fait beau, les femmes peaufinent leur bronzage. Les hommes conservent un slip, c’est eux qui font le service, on risque de les apercevoir de l’extérieur. La plupart du temps, ils partagent le léger repas, sans pour autant se vêtir plus si la température le permet.



Depuis quelques jours, l’ordinateur d’Elodie semble n’en faire qu’à sa tête. Elle se fait gronder par Bruno lorsqu’il l’apprend un soir au cours du repas. Tous deux vont voir la machine défaillante. Les deux autres restent à discuter.

Calé devant l’écran, les doigts voletant sur le clavier, Bruno recherche la cause de la défaillance. Elodie, derrière lui, se penche pour indiquer sur l’écran ce qui lui pose problème. Son sein nu vient se frotter contre la joue masculine. S’il détourne légèrement la tête, sa bouche se trouve à hauteur du bouton. La vue est tellement tentante que Bruno n’y résiste pas et lèche doucement le mamelon. Elodie s’est tue, mais n’a pas bougé. Considérant que son attitude vaut accord, il continue de sucer le bouton, pivote, prend le téton en main.

Elodie s’est redressée silencieuse, le regard dans le vague. Il se lève, lui prend la taille et pose un baiser sur les lèvres entrouvertes. Un instant passive, elle répond bientôt, nouant ses bras autour du cou de l’homme. Ce dernier empaume les fesses plus plantureuses que celles de sa femme.

Pourtant, après quelques instants ils se séparent. Le dépannage reprend sans que soit échangée une parole. Mais deux seins viennent maintenant se poser sur ses épaules pendant son travail. Ils se sentent si bien ensemble.

Le travail fini, ils retournent silencieusement dans l’appartement. Aucun bruit. Nadine, allongée sur le canapé, repose sa tête sur la cuisse de Franck, prêt de l’aine. Sa joue est proche du membre dressé qu’elle ne peut ignorer. La main masculine est posée sur l’épaule, tout près du sein. Aucun geste douteux, mais la position peut sembler équivoque.

Apercevant le couple, Elodie et Bruno bousculent une chaise pour les prévenir. Nadine se redresse vivement, consciente de sa posture ambiguë. Mais les nouveaux arrivants commentent abondamment la remise en état de l’ordinateur, sans aucune allusion à ce qu’ils viennent de voir.

Ils se sont rapidement séparés. Le soir, Bruno et Nadine se sont embrassés fougueusement, ont fait l’amour passionnément, continuant à s’enlacer après le plaisir.


Cette soirée aurait pu provoquer un éloignement pour les deux couples. Au contraire, ils semblent plus proches. Tout est motif pour des rencontres croisées, installation d’un logiciel sur l’ordinateur dans un appartement, renseignements sur des formalités bancaires données dans l’autre. Le plus souvent, le soir après le bain de soleil. C’est devenu une habitude et tous trouvent cela normal.


Quand ils se retrouvent seuls, Bruno et Elodie s’embrassent, se caressent. Pour lui, c’est la découverte d’un nouveau corps, d’une nouvelle manière d’aimer. Et ils arrivent rapidement à conclure. C’est à chaque fois une union rapide, mais tellement intense.

De son côté, Nadine apprécie le corps de Franck, il est tellement beau ! Ses caresses sont différentes de celles de son mari, le plaisir est brûlant. Eux aussi s’unissent souvent.

Et à chaque fois, le soir, c’est une relation toujours plus ardente entre Bruno et Nadine, leur amour semble encore plus grand. Pourtant, chacun sait que l’autre agit comme lui.



Août approche avec les journées torrides. Bruno et Nadine vont descendre trois semaines dans le midi. Ils sentent qu’ils ont besoin de se retrouver tous les deux. Ce sera l’occasion pour faire le point sur cette situation incongrue.

Ils ont laissé les clés de l’appartement à leurs voisins afin que ces derniers en assurent la surveillance et relèvent le courrier.

De leur lieu de villégiature, ils téléphonent souvent. Quand Bruno appelle, si c’est Franck qui répond, il lui passe rapidement Elodie, prétextant une occupation urgente. Et inversement. Pourtant ils ne se disent rien de particulier, la seule voix de l’autre leur suffit. Et, pour les vacanciers, ce temps de repos est prétexte à faire l’amour très souvent, surtout après chaque coup de fil.

Le temps passe vite et il est bientôt temps de rentrer. Ils ont prévenu du jour de leur arrivée et ont promis une petite fête pour célébrer cela.


La voiture à peine arrêtée, ils ont bondi vers l’immeuble. Au passage, ils ont ouvert la boîte aux lettres contenant du courrier et une enveloppe assez lourde, non timbrée, rédigée à leur nom et portant l’écriture de Franck. Surpris, Bruno l’ouvre, trouve la clé de leur appartement et deux pages d’une écriture serrée.

Empoignant leurs bagages, ils sont montés, frappant au passage à la porte voisine sans obtenir de réponse.

Sans même prendre le temps de se changer, ils ont lu la missive.


Très chers amis,


Notre absence, cette enveloppe avec la clé de votre appartement, cette lettre doivent beaucoup vous intriguer. Nous avons déménagé, nous sommes partis définitivement, nous ne reviendrons plus. Ne voyez pas là un geste de colère, de révolte ou de jalousie. Tous deux nous vous aimons comme jamais nous n’avons aimé d’autres personnes.

Vous nous avez donné une amitié sans faille. Certes, nos relations sont devenues extrêmement intimes, nous le savions tous, mais cela n’a pas détruit nos couples, au contraire pensons-nous. Mais cela ne pouvait plus durer, et cela pour plusieurs raisons.


Si nos relations amoureuses ont mis jusqu’à maintenant du piment dans votre couple comme dans le nôtre, rapidement des sentiments de trahison ou de jalousie seraient apparus provoquant peut-être une rupture. Or, vous vous aimez tellement, vous êtes tellement bien, beaux ensemble, que ce serait un crime de vous séparer.

Et puis, nous vous l’avouons, au début nous avons pensé vous piéger. Puis une très grande amitié est née, et c’est sans remords que nous en avons profité. Et vous nous avez fait le plus beau cadeau qui existe, un enfant. Elodie est enceinte de Bruno. Ce n’est pas un hasard, c’est ce que nous désirions. Trouver un père aussi bien que toi, Bruno, c’était difficile. Nous avons longtemps cherché avant de découvrir l’oiseau rare, et quand nous vous avons bien connus, nous n’avons pas laissé passer l’occasion.

Vous pensez sûrement que je suis stérile et que nous n’avons pas voulu recourir à des procédés médicaux ou à l’adoption. Ce n’est pas le cas. Mais nous ne voulions pas un enfant de notre union. Il aurait pu souffrir de graves problèmes de santé. Car Elodie et moi sommes frères et sœur. Nous nous aimons à la folie. Nous voulions un enfant. Et nous l’avons.

Cela vous semble immoral, mais c’est ainsi. Elodie est mon aînée de deux ans. Notre mère est morte quand j’avais huit ans. Notre père s’est beaucoup occupé de nous, mais c’est ma sœur qui m’a apporté tous les soins nécessaires, qui a veillé sur moi et surtout donné énormément d’amour. Nous ne nous quittions jamais, faisant chambre commune.

C’est dans ma dix-neuvième année qu’elle m’a donné mon plus beau cadeau : nous avons fait l’amour. Conscients d’une faute grave, nous avons tenté ensuite tous deux de cesser nos rapports incestueux. Nous avons dragué, eu des aventures avec d’autres partenaires, mais jamais nous n’avons retrouvé cette relation. Quand notre père est décédé, nous avons décidé de vivre ensemble. Nous avons quitté la ville, tout liquidé. Partout, tout le monde nous prend pour un couple marié puisque nous portons le même nom. Vous êtes les seuls à connaître la vérité, en dehors de l’état civil. Nous savons que vous garderez le secret.

De notre côté, nous vous aimerons toujours. Cette séparation nous déchire, mais elle est indispensable. Vous ne saurez jamais où nous sommes, mais nous suivrons votre parcours et vous donnerons de nos nouvelles, de tous les trois.

Au revoir donc, amis, et croyez que nous avons passé avec vous la période la plus heureuse, la plus intense de notre vie.


Vos amis


Franck et Elodie.




Ils ont posé la lettre, les larmes aux yeux. Puis ils se sont embrassés longuement, baiser d’amour, pas sensuel. Ils connaissaient tous deux la relation érotique de l’autre mais elle les rapprochait. Maintenant ils en comprennent la vraie raison.

Et le soir, ils ont décidé de donner un frère ou une sœur à cet enfant qu’ils ne verront peut-être jamais, mais qui est quand même le leur.