Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 10092Fiche technique31906 caractères31906
5578
Temps de lecture estimé : 23 mn
28/01/06
Résumé:  Cherifa, une boxeuse renommée dans sa région, jette son dévolu sur un policier qui tombe immédiatement sous son charme.
Critères:  #policier fh hsoumis vengeance fmast hmast pénétratio
Auteur : Jean-Marc Manenti  (48 ans, épicurhyen en diable.)            Envoi mini-message
La fille aux gants de cuir.

LA FILLE AUX GANTS DE CUIR.



5 Juin 00 :25


C’est ce soir-là que, devant la porte du gymnase, par hasard, j’ai rencontré la fille aux gants de cuir, quelques minutes à peine après que Savard ait avalé son bulletin de naissance. Mais là, c’est une autre histoire…



Elle le prit sans mot dire et le but avec avidité.



Lupino fut tout de suite séduit par cette voix chaude, un peu rauque, aux phrasés sensuels. Il tira un paquet de cigarettes de sa poche de poitrine et le posa devant elle. Pendant que les mains entravées, elle en allumait une, le policier feuilleta les premières constatations la concernant. En douce, il lorgna sur sa superbe poitrine, sur la peau mate de son décolleté et de son ventre que ne couvrait pas son tee-shirt à fines bretelles, très court. L’émoi et le désir naquirent au fond de son être.



Le lieutenant de police sortit de sous le bureau un sac à main.



Cherifa poussa un soupir d’une rage contenue. Lupino se mit debout et le vida sur le bureau, devant elle. Il put ainsi constater, en se penchant un peu, qu’elle portait un pantalon taille basse et de grosses godasses à la mode. Vu de plus près, les seins qui gonflaient le petit haut en fin tissu étaient encore plus magnifiques. Les senteurs du corps de Cherifa lui parvinrent et il se rassit pour cacher son désir grandissant. Son pénis prenait du volume et ça n’allait pas tarder à se voir. Sans demander, la jeune femme prit une autre cigarette dans le paquet du policier. Quelques minutes plus tard, celui-ci avait terminé l’inventaire du sac et avait tout remis en place, y ajoutant son paquet de Camel. Rien d’illicite à signaler…



Maintenant, Cherifa était debout devant lui, son sac à la main.



L’insolence de cette fille le fit sourire.



Elle tourna les talons et sortit, se drapant dans sa dignité. La croupe incendiaire et l’arrondi de son magnifique fessier finirent de doper Lupino. Le sexe douloureux d’être à l’étroit, il prit le chemin des toilettes pour soulager son désir aigu.




8 Juin 22 :35


La sonnerie de l’entrée fit sursauter Cherifa qui venait à peine de rentrer de son poste au super marché. Elle interrompit la préparation de son thé puis, en maugréant, alla ouvrir la porte et, surprise, se figea.



A contre-cœur, elle s’effaça pour le laisser entrer. Il la suivit et posa sa liasse de feuilles sur la table du séjour. Cherifa tira un stylo du présentoir qui trônait sur le meuble et, sans la lire, signa l’attestation de bonne restitution de l’inventaire de son sac à main. Pendant ce temps, Lupino l’observait et détaillait les formes sensuelles de son corps. Le désir naquit à nouveau en lui, plus violent que lors de leur première rencontre. Il ramassa les feuilles et les fourra dans sa serviette de moleskine. Ils se trouvèrent face à face, silencieux. C’est le policier qui parla le premier.



Cherifa fronça les sourcils.



Devant son haussement d’épaules, elle ajouta :



Pendant qu’elle s’affairait dans la cuisine, il la regarda de loin, détaillant ses rondeurs et ses courbes si féminines qui, associées à ses vêtements courts, mettaient le feu à son bas-ventre. Ainsi, lorsqu’elle revint vers lui pour poser le plateau sur la table, une douloureuse érection le fit presque grimacer. Elle resta debout près de la table, il leva sa tasse vers sa bouche et stoppa son geste pour la regarder au travers de la fumée du breuvage brûlant. Finalement, le policier se leva et vint se planter devant elle, les yeux plongés dans les siens. Avec tendresse, il repoussa une épaisse mèche de cheveux qui barrait son front. Elle ne recula pas.



Il crut déceler l’ébauche d’un sourire sur le minois de la belle orientale.



Il attira Cherifa contre lui et posa sa bouche sur la sienne. Lupino fut totalement galvanisé par la chaleur de cette fille contre lui, par ses rondeurs si féminines, par ce corps tout en muscles qui frémissait sous ses mains. Un vrai mustang !

Avec difficulté, elle réussit à le repousser.



Pour toute réponse, Lupino l’enlaça à nouveau et, cette fois, entra la langue dans sa bouche. Surprise, Cherifa tenta à nouveau de le repousser, mais n’y parvint pas. Au travers des tissus, elle sentait le sexe dur et dressé du policier contre son bas-ventre. À bout de forces, elle s’abandonna à lui. Après un long baiser, il s’écarta enfin d’elle.



Il prit le visage aux grands yeux implorants entre ses mains pour l’approcher du sien.



Il n’obtint pas de réponse, seulement un visage fermé, inexpressif. Lupino posa une seconde sa bouche sur la sienne, puis tourna les talons et quitta l’appartement. Une fois seule, Cherifa tourna entre ses doigts la carte de visite, lut plusieurs fois son contenu et y mit le feu. Avec un sourire énigmatique, elle regarda le carton se tordre dans les flammèches, au fond du cendrier jusqu’à ce qu’il ne fût plus qu’un monticule de cendres.



14 juin 22 :10


Cherifa estima que le policier devait avoir mariné assez longtemps dans son jus. En sortant du super marché, elle enfourcha son scooter et, au lieu de prendre le chemin de son ghetto, fonça vers les quartiers rupins. Son cœur battait à tout rompre quand elle sonna à la porte du pavillon de Lupino qui lui ouvrit en peignoir. Le visage de celui-ci passa en un clin d’œil de la plus grande surprise au plus parfait bonheur. Il la fit entrer et, à peine la porte close, l’attira contre lui pour un baiser passionné. À son grand étonnement, elle n’opposa aucune résistance et même, passa ses bras autour de son cou. Il fouillait sa bouche avec une ardeur passionnée, serrant ce grand corps contre lui. Le flic passa ses mains sous le tee-shirt et caressa la peau satinée et chaude de son dos. En route, elle avait fait une courte halte sous un abribus pour retirer son soutien-gorge et troquer son blue jean contre un short. Heureusement qu’elle avait une sacoche. Il s’aperçut de l’absence du sous-vêtement et Cherifa sentit à nouveau le sexe de l’homme, dur et long contre son bas-ventre. Lupino la serra encore plus contre lui pour sentir ses seins fermes contre son torse. Quand ils furent à bout de souffle, il s’écarta d’elle et contempla son visage.



Cherifa écarta les pans du peignoir de l’homme et, baissant les yeux, aperçut un slip blanc distendu par un pénis fièrement dressé sous le tissu. Les mains du policier sur ses seins, ses doigts agaçant habilement ses tétons lui procuraient un plaisir délicieux qui parcourait son corps, irradiait dans le creux de ses reins, enflammait son bas-ventre. Dans un soupir, elle laissa glisser son short à terre. À la vue de la magnifique toison de Cherifa, les yeux de Lupino brillèrent d’un éclat sauvage. La belle orientale ôta enfin son haut et se retrouva entièrement nue, offrant à l’homme le spectacle de son corps athlétique et si féminin. Sa peau sombre luisait sous le petit lustre de l’entrée. D’un geste, il fit jaillir son phallus et reprit aussitôt possession des seins de Cherifa. De la main gauche, elle se mit à caresser le membre qui lui sembla énorme, tandis que de la droite, elle explorait la fourche de ses cuisses, écartant de deux doigts ses replis intimes pour mieux se masturber. Ses senteurs féminines finirent d’exciter Lupino. Adossée au mur, les yeux clos, elle se laissait aller à son propre plaisir. Rapidement, la jeune femme eut un orgasme qui lui arracha un long soupir. Ivre de désir, l’homme lui saisit le poignet et, avec gourmandise, suça ses doigts englués de sa liqueur de fille.



Après un court moment de flottement, il plaqua son bas ventre contre le sien pour se frotter contre elle. Il lui suffit de quelques coups de reins pour jouir à son tour et asperger le pubis de Cherifa de son sperme chaud.

Ils restèrent quelques minutes face à face, essoufflés.



Le ton légèrement suppliant qu’il employa fit naître un petit rictus sur son beau visage aux yeux de biche.



Puis, sans rien ajouter d’autre, elle sortit, enfourcha son scooter et quitta les lieux.


20 juin 22 :35


Ce soir-là, en sortant de la salle de sport, la jeune femme estima qu’il était temps de rendre une petite visite au lieutenant de police Lupino. Elle n’avait pas tort en pensant que le laps de temps qu’elle avait laissé entre ses deux visites avait bien éprouvé le flic. Ses nerfs avaient été mis à rude épreuve. Lorsque celui-ci lui ouvrit, elle était encore en tenue, c’est à dire un maillot à fines bretelles, un short et, à la main, son sac de sport en toile. Avec empressement, il la fit entrer. Une odeur de transpiration l’accompagnait. Elle posa son sac et eut à peine le temps de retenir le flic qui fondait déjà sur elle pour l’enlacer.



En deux temps trois mouvements, Cherifa se retrouva nue, tandis que Lupino fouillait dans le meuble pour en retirer serviette et gant de toilette. Il put l’admirer tout à loisir prendre sa douche, les yeux ronds devant tant de beauté et de féminité sensuelle. Il dut faire un effort surhumain pour ne pas se masturber, comme il l’avait fait presque tous les soirs depuis une semaine… pendant que la jeune femme se séchait, il rangea les vêtements de sport dans le sac de toile et put apercevoir une paire de gants de boxe et des souliers de ring. Voilà donc le secret de sa magnifique musculature.



Il lui saisit la main et la mena jusqu’au lit. Une fois nu à son tour, il s’allongea à côté d’elle et, en appui sur un coude, le visage tout proche du sien, caressa ses cheveux et sa joue. L’autre main voyageait lentement sur ses seins et son ventre. Il posa délicatement ses lèvres sur les siennes et plongea sa langue entre ses dents. Cherifa sentit le pénis dur et palpitant du flic contre ses jambes. La main de ce dernier glissa sur la toison de son pubis et s’insinua à la fourche de ses cuisses, qu’elle ouvrit un peu plus pour lui faciliter le passage.



Lupino se mit alors à embrasser et lécher ses seins, mordillant et suçant les pointes dressées. Le plaisir enfla peu à peu dans les entrailles de Cherifa, provoquant une houle de plus en plus lascive de son bassin. Avec douceur, les doigts du policier investirent ses replis intimes, à la recherche du clitoris et, peu à peu, furent recouverts de sa liqueur de plaisir. Le corps de Cherifa se tendit comme un arc sous l’effet d’un orgasme aussi violent que soudain. Au bout de quelques secondes, gémissante, elle se recroquevilla en serrant les cuisses, emprisonnant ainsi la main de Lupino. Ce dernier contempla avec émerveillement cette grande et si magnifique fille qui se remettait peu à peu de ce suprême instant d’ivresse et de jouissance.



Bien que surpris par une telle requête, il se dressa sur ses genoux et se mit à se masturber frénétiquement. De temps à autre, elle passait le bout de sa langue entre ses lèvres pulpeuses pour l’exciter d’avantage. Bientôt, de longs jets de sperme éclaboussèrent ses seins et son ventre, alors que la chambre résonnait de ses grognements bestiaux et frustrés. À peine son souffle repris, Cherifa écarta les cuisses avec, en même temps, un mouvement sensuel du bassin.



Lupino ne se fit pas prier. Il s’installa entre les longues jambes à la peau cuivrée et colla sa bouche contre la toison odorante de Cherifa. Elle était bien fournie, douce et dure à la fois. Sa langue s’insinua entre les replis gorgés de nectar féminin et, pendant quelques minutes, le policier fouilla la grotte intime au plus profond qu’il le put, taquina le clitoris de la pointe tendue de sa langue, jusqu’à ce que la jeune femme jouisse à nouveau, le bassin agité de soubresauts frénétiques.

Pendant une dizaine de minutes, Cherifa resta immobile, comme somnolente, laissant son partenaire la caresser à loisir.



Cherifa eut un étrange sourire, lui colla un baiser sonore sur le front et, sans oublier son sac de sport, sauta sur son scooter.


A partir de ce moment, pendant plusieurs semaines, Cherifa souffla le chaud et le froid sur la vie de Lupino, qui, sans s’en rendre compte devint soupe au lait, nerveux, agressif, vindicatif avec son entourage. Malgré ses visites irrégulièrement espacées, seule Cherifa avait droit à un traitement tout en douceur. Certaines fois, elle venait chez lui deux soirs de suite, puis attendait cinq ou six jours, puis trois, puis revenait huit jours après, puis lui offrait trois nuits consécutives,, et le faisait patienter à nouveau une semaine et demie. Avec ce traitement, le policier se trouva en état de stress quasi permanent, perdit quelques kilos, des cernes se formèrent sous ses yeux et s’accentuèrent jour après jour. Bien que les soirées qu’il attendait avec une impatience nerveuse fussent très chaudes et torrides, Lupino n’eut pas accès au pucelage de la voluptueuse et volcanique Cherifa. Il renonça même à partir en villégiature pendant sa période de congés d’été, passant ses journées à errer en ville et la majorité de ses soirées à attendre la visite de sa jeune amante.



26 août 03 :45


La vie de Lupino bascula, alors que Cherifa venait de jouir pour la quatrième fois sous la langue experte et avide du policier, dans un mouvement lascif, elle lui tendit son bassin.



Étonné, l’homme avait hésité un court instant puis, doucement, comme pour faire durer ce moment le plus longtemps possible, était entré en elle. Lorsqu’il sentit la virginité de la jeune femme céder, un sentiment de triomphe envahit Lupino. Il resta un long moment au fond de Cherifa puis, comme en transe, commença à aller et venir dans l’étroit fourreau, provoquant un chuintement et des bruits humides. Ceux-ci, ajoutés aux gémissements de Cherifa, eurent bien vite raison des sens en ébullition du flic. Il se retira prestement pour décharger tout son plaisir sur son pubis. Au petit matin, lorsqu’elle se revêtit, il remarqua, non sans une certaine satisfaction, quelques traces de sang sur le drap. Avant d’enfourcher son scooter, elle revint vers le seuil de la porte où il se tenait.



Lupino eut encore droit à cinq visites de Cherifa, plus ou moins espacées dans le temps. Elle se donna à lui de plus en plus complètement, pour finir par faire ses quatre volontés. De son côté, Lupino fit montre d’un caractère de plus en plus possessif et d’une jalousie de plus en plus accentuée.



19 septembre 22 :15


Pour sa dernière visite, la jeune femme resta chez lui un week-end entier. Ils passèrent leur temps à faire l’amour, ne quittant la chambre que pour se restaurer sommairement. Elle se donna à lui toutes les fois qu’il le voulut, se fit chatte sensuelle, tigresse volcanique ou voluptueuse panthère pour l’attirer entre ses cuisses. Lorsqu’elle s’en alla le dimanche en fin d’après-midi, elle laissa un Lupino comblé, aux anges, plus amoureux que jamais, mais qui ne se doutait pas que tout allait s’écrouler autour de lui.


Au bout d’une quinzaine de jours d’une attente d’abord fébrile, puis insoutenable, Lupino composa le numéro de Cherifa. Une boule se forma dans sa gorge quand il entendit la voix chaude de la jeune femme.



Il y eut un clic, et la tonalité sonna occupé. Lupino poussa une bordée de jurons et claqua le combiné sur son socle d’un geste rageur, puis, tremblant, recomposa le numéro en s’y reprenant à plusieurs reprises. Il n’eut pas le temps de parler.



C’est un flic sous pression, à cran, qui se planta, une dizaine de minutes plus tard, devant la batterie de boîtes à lettres, à la recherche de la sonnerie de l’appartement de Cherifa. Alors qu’il pointait son index vers le bouton, une voix, derrière lui, le fit sursauter :



Lupino pivota, considéra un bref instant la gamine qui se tenait dans un coin du sas, lui fit un signe de remerciement et sortit.

Malgré l’heure tardive, il y avait beaucoup de sportifs à l’entraînement et l’homme mit un certain temps à trouver le coin des boxeurs. Il ne remarqua même pas les regards qui se tournaient vers lui, ni les conversations qui s’arrêtaient quand il passait devant un groupe d’adolescents soufflant et transpirant. Dans sa précipitation, il faillit basculer sur une jeune fille en fauteuil roulant qui admirait un trio qui exhibait un tas de muscles luisant en manipulant des poids. Enfin, il aperçut Cherifa par delà une batterie de rameurs et de portiques heureusement libres. Les adeptes du culturisme commençaient à quitter l’endroit. Il admira un long moment cette grande fille à la peau mate, vêtue d’un petit tee-shirt et d’un short satiné, donner du poing contre un gros sac de cuir rempli de sable. Il resta immobile, caché par un pilier de métal, les yeux rivés sur le magnifique corps de la jeune femme. Lorsque le gymnase fut presque vide, Lupino s’approcha de la déesse des rings et attendit qu’elle s’aperçoive de sa présence. Sans cesser de cogner, Cherifa tourna la tête vers lui un court moment, puis fixa à nouveau sa cible sans mot dire pour la cogner de plus belle.



Il s’interrompit, intrigué par un étrange chuintement qui s’approchait de lui par derrière. Il tourna la tête et aperçut la jeune fille au fauteuil roulant qui venait vers lui. Ce qu’il entendait, c’était son moteur électrique. Son cœur fit un bon dans sa poitrine, ses jambes se firent molles, le sang battit à ses tempes lorsque la jeune fille pointa vers lui un fusil à pompe. Il se souvint avec horreur qu’il n’était pas armé. Il se tourna vers Cherifa :



Elle bloqua le balancement du lourd sac de ses deux poings et affronta le policier du regard.



Celle-ci avait stoppé son engin à deux mètres de Lupino et le maintenait toujours dans sa ligne de mire. Le policier l’observa en plissant les yeux.



La fin de la phrase resta coincée dans la gorge de Cherifa.



Sa voix raisonna comme dans une cathédrale. Effectivement, le policier se souvenait de cette affaire qui avait mal tourné. Avant qu’il puisse prendre la parole, une rafale de coups bien ajustés le fit chanceler. Alors qu’il tentait de reprendre son équilibre, un crochet du gauche le projeta au sol comme un vulgaire pantin. Alors, Cherifa cracha son venin…



Les cris de la jeune femme roulaient sous les charpentes d’acier, heurtaient les murs de béton et revenaient en écho aux oreilles du policier, tels le roulement de tambours qui annonce une exécution. Le visage du policier commença à se couvrir de sueur, un mince filet de sang suintait du coin de sa bouche.



La jeune femme resta interloquée un court instant. Lupino la fixait avec des yeux étranges… Il sombrait dans la folie.



Il se mit à rire entre ses dents, puis peu à peu, en se relevant, son rire emplit la pièce de plus en plus fort. Laila et Cherifa échangèrent un regard perplexe.



Cherifa l’arrêta d’un geste et, se plantant devant Lupino, se mit à le frapper des deux poings, d’une façon méthodique. Sans crier, entre chaque coup, elle lui cracha sa haine, son écœurement. De temps à autre, un coup violent au plexus le pliait en deux. Cherifa le redressait par des rafales de swings, d’uppercuts et de crochets en plein visage, assénés à toute vitesse. Peu à peu ses gants se couvrirent de sang et de débris de peau.



11 octobre 20 :10


Bien à l’abri à l’intérieur du sous-marin, le directeur de la sûreté urbaine observait les allées et venues de ce coin de la cité. Le sous-marin était une camionnette bourrée d’électronique qui, de l’extérieur ressemblait à n’importe quel véhicule de commerçant ou d’artisan. C’était si pratique pour observer sans être vu. Et c’est comme ça que Fred Savard espionnait les abords du gymnase. Il était là en personne, parce que son officier de police le plus compétent était interné en centre psychiatrique dans un état mental et physique désastreux. Lupino avait été retrouvé, sur les indications d’un informateur anonyme, gisant sur le sol, à son domicile. D’après le professeur Apfelbaum, sa folie subite n’était pas la conséquence des multiples coups reçus, il n’avait pas de fracture, mais la suite d’un violent choc psychologique. La petite maison avait été passée au peigne fin, mais impossible d’interroger le policier. Il délirait, prononçait des phrases sans suite logique. Il avait été tabassé de façon méthodique, son visage pissait le sang. Le médecin des urgences avait dit à Savard que la victime avait été frappée avec professionnalisme, par quelqu’un qui savait où et comment porter ses coups. Savard avait donc passé une partie de la nuit à l’hôtel de police à fouiller les dossiers de Lupino, puis avait encore une fois visité son domicile. Il avait trouvé en premier une procédure incomplète concernant une certaine Cherifa Boussadi, puis, dans sa chambre, des photos de cette même fille, à l’entraînement, sur un ring. Pourtant, le nom de Boussadi ne lui était pas inconnu. C’était une ancienne affaire qui avait remué pas mal de gens, mais, impossible de se souvenir !


Vers 22 :30, Fred Savard estima que la grande majorité de ceux qui étaient entrés dans le gymnase étaient maintenant partis. Il quitta donc son véhicule pour se diriger vers la salle de sport. Il fit une entrée des plus discrète et, rasant les murs, se mit à la recherche de la boxeuse. La plupart des néons étant éteints, il faillit heurter une jeune fille en fauteuil roulant qui gagnait la sortie. Le policier marmonna de vagues excuses et continua son chemin. Il trouva rapidement Cherifa et, à l’abri derrière un pilier, l’observa un instant avant de l’aborder. Alors qu’elle dansait sur place, ses poings mitraillaient un punshing ball à une vitesse folle. Si le scénario qu’il avait imaginé était vrai, Lupino avait sans doute passé de bons moments avec une telle créature. Sa magnifique poitrine sautillait sous le tee-shirt satiné, son cul bien rebondi dansait au rythme des coups assénés. Quel jeu de jambes !

Savard fit quelques pas vers elle et, l’apercevant du coin de l’œil, la jeune femme fit un bon de côté pour se retrouver face au sac de cuir. Le policier se figea, Cherifa était maintenant à quatre ou cinq pas de lui. Les gants de cuir faisaient un bruit sourd sur le sac de sable. Tout en pensant qu’il n’aimerait pas être sa cible, Savard tendit sa carte de police vers la boxeuse.



Cherifa stoppa net ses efforts et se tourna vers Savard.



Comme dans un rêve, il vit Cherifa pivoter et son poing droit arriver vers lui, comme au ralenti. La boule de cuir grossissait à vue d’œil dans son champ de vision et, soudain, ce fut le choc terrible, la douleur aiguë dans tout le crâne, le voile d’étoiles violettes et mauves. En fait, la scène s’était passée en une fraction de seconde. Savard fit un bon en arrière, tituba et, la bouche en sang, s’étala sur le sol. Il resta immobile une bonne minute, les yeux clos. Lorsque le rideau noir se déchira, il vit la haute stature de Cherifa, d’abord floue, puis de plus en plus nette. Depuis le sol, la sportive paraissait géante. Dieu qu’elle avait de jolies jambes, il devait faire bon y enfouir sa tête. Cette pensée incongrue le fit sourire. Il avait eu du bol cet enfoiré de Lupino ! L’officier de police réussit à se mettre à genoux. Un chuintement attira son attention et il vit arriver sur lui une jeune fille en fauteuil roulant avec, posé en travers de ses jambes, un fusil à pompe. Savard était coincé, il sentit sa peau se couvrir d’une transpiration froide. Un violent uppercut le déséquilibra à nouveau. Cette fois, il ne tomba pas.



L’officier de police tangua à nouveau, mais se maintint debout, bien que complètement sonné. Pendant son récit, phrase après phrase, la boxeuse frappait, frappait, frappait encore. L’homme était secoué comme un pantin désarticulé à chaque coup reçu. Il sut qu’il allait mourir. La panique le submergea, il urina sur lui.



Elle ponctua sa conclusion par un coup plus violent encore que les autres. À bout de forces, Savard tomba à genoux. Sa dernière vision fut les seins de la sportive que moulait son tee-shirt satiné.

Après avoir pressé le bouton vert du distributeur de boissons, le lieutenant de police Lupino poussa un profond soupir de lassitude. Une fois le café brûlant dans le gobelet de plastique, Lupino regagna son bureau pour procéder au dernier interrogatoire de la nuit. C’était une fille qui avait été raflée sur les lieux d’une bagarre entre jeunes… La seule fille sur onze interpellés. Au seuil de son bureau, le policier se figea, son gobelet de café en suspend. Elle était là, assise devant la table, droite comme un I, belle comme Néfertiti ou Cléopâtre. Pendant quelques dizaines de secondes, il admira son profil majestueux, son abondante et épaisse chevelure qui lui descendait jusqu’au creux des reins. Il entra, contourna le bureau et s’assit face à la jeune fille. Il planta un instant son regard dans le sien. Elle avait de grands yeux de biche, un visage un peu allongé, des lèvres pleines qui cachaient deux rangées de dents immaculées, le teint couleur pain brûlé. Lupino remarqua qu’elle lorgnait vers son café.