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Temps de lecture estimé : 19 mn
27/02/06
Résumé:  La voie de l'arc et celle du sabre se croisent pour des joutes érotiques à haut risque.
Critères:  fh asie uniforme sport forêt travail amour fdomine cérébral intermast pénétratio jeu init humour
Auteur : Olaf      Envoi mini-message

Collection : De trique et de broc
Douanière zen

Ce texte est le dernier de la série sur les brocanteurs. Ultime tentative de montrer que quelques-uns parmi nous savent non seulement lire, mais aussi un peu écrire et surtout finement profiter des belles choses de la vie. Un peu d’élégance dans ce monde de brutes, que diable…

Pour les non-initiés, un lexique des termes japonais se trouve à la fin du récit.



Douanière zen



J’habite non loin de la frontière suisse et mes activités de brocanteur m’amènent parfois à passer de l’autre côté avec une camionnette. Elle ne tient plus que par la force de l’habitude, mais elle roule. Il faut reconnaître qu’avec ce qu’on a vécu ensemble un certain lien s’est établi et je n’ai aucune envie de m’en séparer.

Est-ce dû à l’apparence délabrée du véhicule ou à quelque chose dans mon attitude mais, depuis quelque temps, je suis devenu un client très apprécié de la maréchaussée. Qu’un agent de circulation décide de vérifier l’état des véhicules dans son secteur, je suis le premier arrêté ! Qu’une patrouille volante des douanes s’installe à un poste habituellement non desservi, c’est moi qui suis contrôlé ! Alors que les autres voitures passent sans encombre.

Je m’en suis fait une raison et prépare mes excursions transfrontalières en conséquence, arborant une mine de circonstance et veillant scrupuleusement à ce que mes papiers soient en règle. Je fais aussi attention à laisser un minimum de marchandises en évidence, pour capter l’intérêt du fonctionnaire zélé, tout en sachant qu’il ne pourra rien leur reprocher. Alors que ce qui assure la survie de mon commerce reste soigneusement hors de sa vue…


Bref, j’étais détendu et sûr de moi en me présentant au poste frontière franco-suisse par ce chaud matin de juillet. J’allais d’ailleurs en toute légalité récupérer des meubles dans la ferme d’un copain helvète et ma camionnette était pour une fois réellement vide. Ce que je me suis fait un plaisir de déclarer, après avoir salué très aimablement le préposé aux douanes et surtout sa jeune et fort jolie collègue.

Grave erreur que le chef d’équipe s’empressa de relever après avoir scruté mon Ford sous toutes ses coutures…



Il désignait d’un index inquisiteur du matériel de tir à l’arc japonais resté dans mon véhicule depuis le dernier entraînement et dont j’avais oublié l’existence. Il faut dire qu’étant seul de notre groupe de kyudo (1) à disposer d’un moyen de transport adéquat, je suis responsable, en été, d’amener les éléments nécessaires à la pratique du tir en plein air. J’avais bien laissé les objets volumineux chez moi, mais l’arc, le gant et les flèches étaient encore là. Toutes choses qui peuvent sembler mystérieuses à qui ne connaît pas cette pratique orientale.


Je m’extirpe de la cabine du conducteur et m’excuse platement de cette omission, en détaillant à quoi sert chaque objet. Le chef de poste reste de marbre. Ça fait trop longtemps qu’il attend de me prendre en faute et il n’a pas la moindre intention de se contenter de cette explication. Il argue même du fait que je pourrais être en train de passer le matériel en contrebande pour me menacer des pires sanctions.



Je les imagine déjà me confisquant mon précieux bien, ou le taxant de manière abusive. Avec la malchance que j’ai, je risque d’être embastillé pour acte de terrorisme qualifié. Je tente de dévier en coup de coin et glisse un sourire charmeur à la jeune femme qui doit être ici en stage. C’est assurément très nul car, si elle est bien là pour sa formation, elle est aussi là pour apprendre comment distinguer les vrais des faux criminels. Et j’ai visiblement la gueule d’un vrai criminel.

Comme prévu, elle ignore superbement mon ouverture, entre dans la camionnette et – ô, horreur ! - s’empare de l’arc à pleines mains.



Je n’en crois pas mes yeux. En kyudo, nul ne peut toucher un arc qui ne lui appartient pas, sauf après y avoir été dûment invité. Or, sa manière de saisir l’objet laisse supposer qu’elle n’est pas complètement étrangère aux arts martiaux. Il se pourrait même qu’elle sache parfaitement quel sacrilège cela représente.

Si tel est le cas et si elle le fait exprès, ça frise la torture psychologique ! Mais je ne vois pas très bien qui pourrait me sortir de ce mauvais pas. Je me sens très seul en vérité.

Je respire bien à fond et tente de rester zen, pour ne pas aggraver ma situation. La douanière me tourne alors le dos et propose à son chef de prendre les choses en main. Soit je suis réellement un adepte du tir à l’arc japonais, et une simple démonstration devrait suffire à le confirmer, soit je mens et la préparation du matériel permettra déjà de me confondre.



L’homme a le sens de la répartie, surtout aux dépens des autres, et il apprécie la manière pragmatique de sa stagiaire. Il reconnaît bien là son propre esprit d’à-propos qui, à n’en pas douter, est en train de se communiquer à la jeunette. La médaille du bon formateur de l’année est à portée de solde.

En ce qui me concerne, l’affaire est entendue, je vais devoir repasser mon examen de premier dan (2). Mais cette fois devant un jury dont je ne peux espérer aucune mansuétude.


Sans aucun sourire ou début de signe de connivence, elle me désigne du menton la lisière de la forêt, à une centaine de mètres. Elle attend apparemment de moi que j’y trouve un champ de tir adéquat, à l’abri des regards, pour ne pas mettre en danger la vie des passants avec mes flèches.


Dès que nous sommes arrivés, elle assiste imperturbable à la préparation de l’arc et du gant, en observant tous mes faits et gestes. Un exercice qui ne va pas forcément de soi en plein air et sous un soleil de plomb. Ma dextérité semble néanmoins l’adoucir quelque peu. Toujours ça de gagné !

J’ai d’ailleurs un bref espoir, c’est que que la démonstration lui suffise. Rien de cela, c’est tout le kata d’examen (3) qu’elle veut. Elle m’octroie néanmoins la possibilité d’un allégement de tenue.



Dois-je interpréter cela comme une preuve d’intérêt ou craint-elle qu’au moment du tir je m’emmêle dans les plis de mes vêtements et fasse dévier la flèche ? Ou, pire, n’essaie-t-elle pas de me déstabiliser par le ridicule de ma tenue ? Il est vrai que, torse nu et en short de plage, je n’aurai plus l’élégance du pratiquant en habit traditionnel. En outre, sans hakama (4), mes jambes seront dévoilées. Chaque tension, chaque hésitation de posture deviendra perceptible. À n’en pas douter, elle sait exactement comment profiter de la situation pour me rabaisser. Je suis tombé sur un sacré numéro.

Je m’applique néanmoins à oublier la situation surréaliste qu’elle est arrivée à créer et, après m’être dénudé autant que la bienséance l’autorise, je commence peu à peu à entrer dans mon tir.


Ashibumi, enracinement. Les jambes écartées, je prends contact avec le sol et trouve l’équilibre naturel qui assurera ma stabilité. J’enrichis mon énergie interne de la force de la terre. La jeune douanière tourne autour de moi et m’observe tout en restant discrète. Elle est attentive à mes moindres gestes. Pourtant, son attitude respectueuse m’apporte une énergie positive. Un bon point pour elle.


Dozokuri, affermissement de la posture. Mes épaules, mes hanches, mon torse forment les lignes de force sur lesquelles m’appuyer au moment de bander l’arc. Elle est maintenant derrière moi. Je me concentre sur la répartition de l’énergie entre les croix que mes membres créent dans l’espace. Étrangement, je perçois des sensations jamais enregistrées lors de tirs précédents. Une délicate pression entre mes reins me pousse à changer la position de mes hanches, à accentuer la rétroversion de mon bassin, si difficile à acquérir pour un débutant. Elle ne me touche pas vraiment, mais mon corps réagit spontanément à l’approche de ses mains. Cette ouverture de mon bas-ventre améliore considérablement la circulation de l’énergie, et les effets ne tardent pas à s’en faire sentir dans mon membre, qui menace de devenir aussi rigide que la corde de mon arc.


Yugamae, j’ouvre le cercle de mes bras en posant mes mains sur l’arc, fixant ainsi le geste qui permettra l’aboutissement du tir. Mon regard parcourt la corde puis file vers la cible, et au-delà. La chaleur de son corps irradie sur la peau nue de mon dos. Suivant parfaitement ma respiration, elle glisse ses mains contre mon torse, descend le long de mon ventre et vient caresser le point de concentration de mon énergie sous mon nombril. Je sens son souffle sur ma nuque, calqué sur le mien. Elle est entrée dans ma bulle sans en perturber l’équilibre. La sensation est délicieuse, hautement érotique, en complète harmonie avec ce que je vis face à la cible.


Ushiokoshi, élévation de l’arc. Ma respiration prend un nouveau rythme, mon énergie se concentre vers le bas de mon corps. La jeune femme se met à genoux à côté de moi. De la main gauche, elle longe l’arrondi de mes fesses tendues sous l’effort, alors que sa main droite se pose délicatement sur mon membre. Ses gestes ne sont pas encore des caresses. Elle se contente de prendre ma mesure entre ses paumes. Je commence à élever l’arc. Elle suit le mouvement, tout en libérant ma queue de la toile légère qui la couvrait. Elle se relève, frôle mes cuisses et mes hanches et revient se serrer tout contre moi. Ses mains sont posées sur ma poitrine, en attente de mon prochain geste.


Hikiwake, écartement des bras, mise en tension de l’arc, sans force, en regardant la cible. Elle saisit mes mamelons et les pince de plus en plus fort. Juste avant que la sensation ne commence à me perturber, elle relâche un peu la pression, éloignant la douleur par des caresses délicates sur mon torse. Le mélange entre ma concentration et la douceur de ses effleurements fait naître de délicieuses sensations dans mon ventre. Ma verge se tend de plus en plus. La satisfaction de percevoir mon corps, harmonieusement positionné dans l’espace et en bon équilibre avec mon arc, se complète agréablement du désir qui grandit sous les doigts de la jeune femme.


Daisan, l’arc est bandé, la dynamique du tir arrive à son stade ultime. Tous mes muscles sont en tension. Au centre de mon corps se forme une colonne d’énergie, dont va dépendre le lâcher.

Paradoxalement, je n’ai pas besoin de mobiliser de force musculaire. Seul l’équilibre des énergies permet à mon corps de compenser la résistance de l’arc. L’absence de crispation me donne tout loisir de sentir avec une acuité particulière ce qui se passe en moi et autour de moi.

Les attouchements de plus en plus précis de la douanière font réagir mon corps sans interférer avec mon tir. Je perçois très intensément ses caresses. Mon érection est aussi accomplie que ma préparation au tir. Ses mouvements de plus en plus rapides sur ma tige me font découvrir un plaisir nouveau. Je suis entre ses mains l’exacte image de ce que l’arc bandé est entre les miennes. À la différence près que toute sa volonté est centrée sur une petite partie de moi, alors que le reste de moi est complètement ouvert à ce qui m’entoure, et que mon esprit flotte en totale liberté.


Kai, je suis entre arc et flèche, je suis arc et flèche, nous sommes prêts à nous séparer l’un de l’autre, le cours des choses est inéluctable. Ce qui me traverse est juste ressenti avec une très grande acuité, sans volonté de l’influencer. À chaque caresse, elle s’attarde sur mon gland dont la sensibilité est décuplée. Son autre main me parcourt de haut en bas, le long du dos, passe profondément entre mes fesses jusqu’à s’emparer de mes bourses gonflées et prêtes à se vider, puis remonte le long de mes flancs en alternant caresses et griffures. Une boule de chaleur embrase mes entrailles, exactement là où mon corps puise l’énergie que je fais passer dans l’arc. Aucun maître ne m’a jamais enseigné cet aspect du tir. Aucune femme n’a jamais su se mélanger de la sorte avec moi et me faire percevoir aussi subtilement l’approche de l’orgasme libérateur.


Hanare, la flèche se sépare soudain du couple que je forme avec mon arc et va s’unir à la cible. À cet instant précis, la douanière pose une main sur mon bas-ventre et murmure « hara, hara », le mot que le maître utilise pour encourager l’élève au moment du lâcher. Un invraisemblable orgasme explose alors au plus profond de moi. Mais, sensation incroyable, les spasmes qui parcourent mon ventre ne provoquent aucune éjaculation. Je jouis avec une violence inouïe, en libérant toute l’énergie sexuelle retenue en moi depuis des semaines, mais sans répandre la moindre goutte de sperme. Le terme de félicité absolue est à peine suffisant pour évoquer ce que je ressens. C’est exactement ainsi que les maîtres de l’amour tantrique décrivent la sensation perçue par ceux qui atteignent l’union parfaite après des heures de copulation.


Zanshin, bilan du tir, je n’ai pas su garder une respiration harmonieuse du début à la fin, je n’ai pas assez libéré mon esprit, je me suis mal séparé de la flèche. En revanche, ma pratique du kyudo s’est enrichie d’une sensation indescriptible, provoquée par des mains expertes et recueillie avec une infinie tendresse. Je ne suis plus en état de bander avant longtemps. Mais quel pied j’ai pris…


Ma respiration retrouve un rythme plus régulier. Je me déplace selon la chorégraphie traditionnelle de la fin du tir et reviens me positionner devant la cible. Un bref salut met respectueusement fin à cette incroyable démonstration et à la plus somptueuse érection qui m’ait été offerte.

Au moment où je me retourne, la douanière zen est déjà en train de rejoindre son collègue et de lui faire son rapport. Sur mon sac à effets, je découvre un petit carton où est griffonnée l’adresse du dojo (5) de Belfort, avec ces mots énigmatiques « Ne serait-il pas agréable de pratiquer ensemble ? »


oooOOOooo


Les jours suivants, deux sentiments très différents me préoccupent. D’une part, l’envie de renouveler l’expérience et, surtout, de retrouver mon initiatrice qui, en quelques coups de mains, a relégué mes orgasmes passés au rang de misérables incontinences séminales.

D’autre part, un désir érotique proche de l’érotomanie. Une boule de feu a envahi mon bas-ventre, ce qui me pousserait aux pires excès si je ne me retenais pas. Loin de m’apaiser, la jouissance que m’a procurée la maîtresse zen exacerbe mes envies. Mes boules sont tendues en permanence et je suis obnubilé par le besoin de me soulager. Mais, à l’évidence, une triste branlette ne pourrait suffire à réfréner mes ardeurs. Je redoute même que seule la brune douanière soit à même de lever le terrible sortilège. Comment dit-on en japonais, « envie d’inonder la fleur de lotus de sa geisha sous des litres de foutre puissamment expulsés » ?


Il ne me reste donc plus qu’à répondre à son invitation et à passer la voir au dojo de Belfort. Je débarque un jeudi soir en plein entraînement de karaté et demande de ses nouvelles, en précisant pudiquement qu’elle m’a invité à pratiquer avec elle.



Horreur et damnation, la dame manie le sabre japonais. Après le tir à l’arc, tout en méditation et en introversion, c’est la discipline la plus noble de l’enseignement des samouraïs. Mais c’est surtout le summum de vigueur, de rapidité et de précision dans le mouvement. C’est bien ma chance de me retrouver entiché d’une sabreuse hors pair. Dès fois qu’elle saisisse son joujou au cours de joutes amoureuses endiablées, bonjour les dégâts ! Ce genre de lame tranche avec une précision fulgurante tout ce qui passe à sa portée. Pour la première fois depuis notre rencontre, je sens un début de relâchement dans ma queue.


Confiant dans la noblesse d’âme d’un pratiquant du budo (7), le responsable du dojo me donne son adresse, en précisant qu’elle devrait probablement bientôt rentrer du travail. Son sourire entendu ne me laisse rien présager de bon… Je décide de tenter de la retrouver à son domicile sans l’avertir. Au moins serai-je fixé sur ses intentions, à la tête qu’elle fera en me revoyant…


Mademoiselle Chervet habite un fort bel immeuble bourgeois du centre ville. Je sonne à la porte du bas. Sa voix à l’interphone est d’emblée enjouée. Elle ouvre la porte encore vêtue de l’uniforme de la police des frontières que je lui connais, et elle m’accueille chaleureusement.



Elle me fait entrer puis disparaît sous la douche. Son appartement est décoré avec beaucoup de goût, dans un style oriental. Quelques tentures, un rouleau calligraphié, un paravent, des meubles bas et sobres délimitent les différentes parties du grand espace, disposé à la manière d’un dojo.


Elle revient habillée d’un long kimono de soie qui épouse parfaitement son corps et révèle des formes généreuses que mon émotion m’avait empêché d’apprécier l’autre jour. Sa manière de bouger dénote une grande habitude de la pratique du budo. L’élégance du vêtement, ses gestes harmonieux et la vitalité qui émane d’elle la rendent intimidante. Superbe et intimidante.



Elle s’approche de moi et pose un doigt sur mes lèvres.



Elle me regarde, amusée, à travers ses yeux mi-clos et bouscule toutes mes défenses de son regard bleu-vert. Me souriant avec bienveillance, elle caresse légèrement ma bouche, la moue gourmande.



Elle s’affaire à la cuisine et revient avec un plateau chargé de tous les ustensiles nécessaires au rituel ancestral. Au moment où je veux m’agenouiller comme il se doit en face d’elle, elle me prend par la main et m’entraîne dans sa chambre. Elle sort de l’armoire un kimono d’homme, juste à ma taille. Y aurait-il occasionnellement un douanier japonisant dans son lit ?



Avant que j’aie le temps de réagir, elle commence à me déshabiller. Encore sous le coup de ce que j’ai enduré ces derniers jours, je la laisse volontiers me dénuder et s’emparer de moi, si tel est son désir. Elle me regarde de haut en bas avec tendresse, puis m’aide à enfiler l’ample vêtement. Le glissement de la soie sur ma peau réveille immédiatement mes sens. Elle en profite pour caresser mon sexe déjà à l’horizontale, avant de serrer la ceinture sur mes hanches. Fin de la représentation.


Puis elle retourne dans le salon et se met à préparer notre thé avec distinction. Elle maîtrise à la perfection chaque détail de cet art difficile. Je l’admire et me laisse bercer par l’ambiance étrange qui règne dans son espace. À l’exception de l’épisode de l’autre jour, nous sommes de parfaits inconnus l’un pour l’autre. Pourtant, je me sens proche de cette femme fascinante. Peut-être est-ce dû à l’expérience commune des arts martiaux ou simplement à une banale, mais très belle, attirance entre un homme et une femme. Un homme impressionné par une femme d’exception.


Nous dégustons lentement le noble breuvage sans échanger un mot, comme le veut la tradition. Ce qui ne nous empêche pas de partager des sensations très diverses. La saveur stimulante du thé bouillant, l’odeur des plantes qui nous entourent, le son de l’eau qui coule dans une petite fontaine au coin de la pièce, la douceur de la soie sur la peau nue…

C’est une étrange manière de se découvrir. Nous nous rapprochons pourtant peu à peu, nos gestes se correspondent, nos regards se parlent, son visage laisse transparaître une sensation de confiance et de bonheur. Tout ce que son uniforme et ma carapace de brocanteur empêchaient a disparu. Nous sommes démasqués, ouverts à une découverte plus intime.


Soudain, elle se lève et va chercher deux sabres de kendo accrochés à la paroi du salon. Elle les sort de leurs gaines et d’un geste sec les plante dans le plancher à quelques centimètres l’un de l’autre, le tranchant dirigé vers l’intérieur de l’étrange portique d’acier ainsi formé. Avec des gestes mesurés, elle détache sa ceinture et fait glisser son kimono à terre.

La beauté de son corps finement musclé me laisse interdit. Tout en elle est harmonieux, délicatement dessiné, parfaitement galbé. D’un pas léger, elle s’approche des sabres et s’allonge sur le sol, face à moi. Elle écarte largement les jambes et les étend des deux côtés des lames étincelantes, offrant à mes regards sa sombre toison et les plis de sa vulve. Fermant les yeux, elle glisse son entrejambe de plus en plus près de l’étroit espace qui sépare les armes. Je commence à comprendre avec effroi ce qu’elle attend de moi. C’est visiblement une flèche très particulière qu’elle entend accueillir dans sa cible.



Je suis sans défense face à cette femme incroyable. Son envie d’elle me fait perdre toute prudence, d’autant que, dans l’état de manque dans lequel elle m’a plongé depuis des jours, je me sais incapable de résister.

À mon tour, je laisse tomber le kimono. Ses regards en disent long sur l’envie qui devait la tarauder pendant que nous buvions le thé. Sa vulve est déjà béante et laisse échapper une liqueur abondante. Je m’agenouille face à elle, les cuisses des deux côtés du portique diabolique. Malgré la crainte de ce qui m’attend en cas de faux mouvement, j’avance mon bas-ventre le plus près possible d’elle, de manière à placer ma verge bandée exactement entre les deux lames. Elle me tend la main et, me rassurant du regard, elle m’aide à me rapprocher plus encore.


Je me lâche et décide de lui faire entièrement confiance. Mon envie d’elle est de toute façon déjà bien trop forte pour refuser son offrande. Gardant mes yeux plongés dans les siens, je franchis les derniers centimètres qui séparent la pointe de ma verge de l’entrée de sa grotte. Mes cuisses font le grand écart et s’appuient sur la partie extérieure et arrondie des lames. Puissent-elles ne pas se rapprocher à notre insu…


Son corps est entièrement offert à la jouissance que ce jeu lui procure. J’essaie de graver en moi la position exacte que je dois garder pour la pénétrer sans glisser de côté. Si j’atteins la même maîtrise de mes gestes que lors du tir à l’arc, je devrais arriver à la combler sans me vider de mon sang.

Spontanément, ma respiration prend le rythme naturel qu’elle a lors de la préparation au tir. Je sens le vagin de Nathalie entourer mon gland et l’aspirer au-dedans d’elle. Elle s’est rapprochée encore un peu de moi. Son sexe trempé de désir forme un brûlant capuchon autour de la pointe de mon membre.


Entièrement concentrée sur les sensations que lui procure notre union à haut risque, elle commence à contracter les muscles de son vagin autour de ma tige. Tout en moi suit son rythme, s’adapte aussi étroitement que possible à ce qui anime son corps.

Elle murmure des mots très doux, caresse lentement les pointes de ses seins, tant pour se donner du plaisir que pour me faire bander encore plus et la pénétrer encore mieux. Ce qu’elle m’offre me fait oublier dans quelle guillotine se trouve ma queue dangereusement gonflée de sang. Toute la semence accumulée ces derniers jours se concentre en un point de mon ventre, prête à s’échapper voluptueusement.

Notre échange devient de plus en plus intense. Des vagues de plaisir me parcourent et vont se prolonger dans son vagin. Un impérieux va-et-vient anime mes hanches, qui fait entrer et sortir mon sexe de quelques centimètres dans la chatte de Nathalie. Elle se laisse longuement exciter par cette discrète pénétration. Puis elle arrive habilement à glisser sa main entre les sabres et à caresser le dessous de ma queue, préparant mon canal distendu à cracher toute sa sauce. Finalement, elle pose ses doigts sur la tige turgescente, la protégeant d’un soubresaut fatal, au moment où elle la fait délicatement glisser hors d’elle. Basculant encore plus son bassin pour mieux s’offrir, elle se caresse fougueusement avec ce qui dépasse de moi entre les lames.


Mon gland frotte contre son clitoris durci et hypersensible. Chaque poussée, aussi fine soit-elle, lui arrache de longs gémissements. Ma queue lui appartient maintenant complètement. Elle la fait coulisser de haut en bas de sa fente, de plus en plus fort, de plus en plus vite. Son ventre se creuse sous le plaisir. Je suis tour à tour aspiré, puis rejeté par les pétales de sa fleur de lotus béante de désir. D’une voix rauque, elle me décrit le détail des sensations qui la font chavirer.


Peu à peu, elle semble vouloir s’apaiser. Elle maîtrise à nouveau sa respiration, tout en savourant le paroxysme de plaisir qui s’est emparé de son ventre. Elle se sent approcher du sommet de la jouissance et me demande d’une voix étrangement contenue de l’accompagner dans l’orgasme qui va la submerger. Les mots qu’elle prononce me mettent dans un état indescriptible. Plus rien ne peut retenir ce jus qu’elle veut sentir gicler sur elle.

Je cale mon bassin de manière à bien faire coulisser mon membre le long de sa fente et, sans m’occuper du métal froid qui frôle ma verge, je me laisse aller contre elle aussi fortement que je peux. Sa vulve est distendue sous mes coups de boutoir, je heurte son clitoris à chaque secousse. Les jets qu’elle s’impatiente de recevoir commencent à monter en moi. Nos corps sont saisis de tremblements incontrôlables. Des spasmes de plus en plus puissants et de plus en plus dangereux crispent nos ventres.


Soudain, un hurlement guttural s’échappe de la gorge de Nathalie, ressemblant au cri qu’elle doit pousser en portant ses plus puissants coups de sabre. J’ai juste le temps de m’emparer de ses hanches avant qu’elle ne m’entraîne dans un fatal tournoiement. Sa jouissance fait exploser ma verge posée sur sa vulve bouillante et mes premiers jets de sperme vont arroser son ventre. Un reste de lucidité me permet de rester bien enserré le long de sa fente, exactement entre les deux sabres. Enfouie en elle comme dans une rampe de lancement, ma tige est parcourue d’interminables contractions. Chaque secousse augmente la violence de mon éjaculation et fait gicler encore plus de foutre de mon gland violacé. Je n’arrête pas de me vider sur elle, me libérant enfin des tensions qu’elle avait provoquées par son initiation tantrique.


Le calme revenu peu à peu dans nos corps, nous restons longtemps immobiles à profiter des derniers spasmes de plaisir. Ma verge retrouve une taille plus raisonnable et glisse le long de sa vulve dégoulinante. Ému par le ravissant spectacle de son abandon, je contemple la fleur de lotus de ma geisha. Ses lèvres intimes sont encore enflées et merveilleusement colorées, son clitoris reste durci comme au plus fort de son orgasme. Tout son être est parcouru de frissons de plaisir, sa peau est brûlante, elle n’en finit plus de jouir.


Je découvre alors avec horreur un mince filet de sang mélangé au sperme qui l’a inondée. Il coule d’une fine coupure qui orne le côté de ma queue, juste au-dessus d’une veine encore fortement dilatée. Sans m’en apercevoir, je suis passé très près de la catastrophe.


Je me recule avec précaution et rends la liberté à mon sexe endolori. Par respect pour ma belle, je laisse les sabres fichés au sol et viens m’allonger contre elle, la tête posée sur son ventre. Sa poitrine se soulève calmement, ses yeux sont fermés, comme si elle dormait. Je contemple ses formes généreuses et la caresse longuement du bout des doigts.

Dès que la douceur de sa peau me fait à nouveau bander, une petite brûlure me rappelle à l’ordre. Je vais être en panne d’érection ces prochains jours. Mais je ne regrette rien, Nathalie m’a fait vivre pour la deuxième fois un partage d’une intensité incroyable. L’envie de recommencer menace d’ailleurs déjà de gonfler mon membre insatiable.


Épuisé, je la rejoins dans le sommeil avant d’avoir pu faire le tour de tous les jeux que j’envisage de lui proposer. Les pointes de mes flèches peuvent sûrement aussi procurer des plaisirs insoupçonnables…


oooOOOooo


(1) kyudo = voie de l’arc

(2) dan = grade décerné aux pratiquants en arts martiaux après un examen

(3) kata = succession de mouvements, sorte de chorégraphie de la pratique d’un art martial

(4) hakama = habit traditionnel en forme de jupe-tablier, utilisé en kyudo et en aikido

(5) dojo = lieu de pratique des arts martiaux

(6) kendo = voie du sabre

(7) budo = voie de la guerre, par extension, philosophie commune à tous les arts martiaux