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Temps de lecture estimé : 6 mn
22/03/06
Résumé:  Romantique. J'aime les romantiques. J'aime beaucoup leur conception de l'amour physique.
Critères:  #policier fh
Auteur : M.D.            Envoi mini-message
Romantique

Romantique. J’aime les romantiques. J’aime beaucoup leur conception de l’amour physique. Souvent leurs lèvres sont roses d’envies voraces. Et cette fille-là, je me sens fiévreusement attiré par ses lèvres. Et par sa peau, douce et chaude. Ses beaux cheveux noirs sont une jungle bordélique, une cascade sombre. Ça, j’adore. Elle me dit qu’elle doit oublier sa vie, que je dois lui faire oublier sa vie. Elle me dit de l’aimer.



Elle est arrivée dans le bar en minijupe noire, avec des hauts talons. Elle portait un pull par-dessus. Déjà, on voyait que quelque chose clochait, rien qu’à mater sa démarche. Il y a des gens qui sourient, et d’autres qui ne le font jamais. Cette fille appartient à la seconde catégorie. Elle s’est assise et a commandé du rhum. Ensuite, elle a allumé un drôle de truc, qu’elle a aspiré d’une manière étrange. C’était comme si une montagne de tracas se détruisait dans cette bouffée. J’ai réussi à inhaler un peu de ces belles volutes qui dansaient au-dessus d’elle. Cette odeur… Ça m’a fait penser aux tropiques, à leur moiteur. Ça m’a fait penser aux femmes de là-bas, à l’odeur des filles de joie, et à l’odeur de cette végétation trouble.

Elle m’a regardé, deux ou trois fois. De superbes yeux verts. Deux bijoux qui valent tout l’or du monde. Deux Univers aux milles étoiles. À l’intérieur, j’ai vu son appel, un appel à la détresse. C’était pas un de ces regards envoûtants qui vous allume en vous brûlant de l’intérieur. Non, c’était une autre chaleur, une autre douceur. Celle du gouffre du désespoir.

Quand on a commencé à discuter, je ne sais plus trop ce qu’on s’est dit, au tout début. Des conneries, des banalités de tous les jours, j’en sais rien… Et puis je lui ai demandé comment ça allait. Elle m’a répondu qu’elle avait peur. Des lèvres qui tremblaient. Elle m’a raconté son histoire. Un truc avec un mec qui s’est lamentablement fini. Elle n’était pas bien. Elle allait vraiment mal. Et c’est justement pour ça qu’elle était irrésistible.



Je sens sa respiration. Elle est frêle. Elle se sert très fort contre moi, m’entourant de ses bras, comme si j’allais m’enfuir et qu’elle allait m’en empêcher. Moi, partir ? Des clous ! Mon ange, je resterais un siècle auprès de ton avidité, auprès de ta perte… Elle pleure ! Mon dieu, que c’est beau une poupée qui pleure en se consolant dans le creux de votre épaule, dans le silence d’une chambre d’hôtel. Plus rien autour n’existe. Je suis avec elle et c’est l’essentiel. Je sens les soubresauts de sa poitrine contre la mienne, ses sanglots. Elle me dit de l’aimer. De l’aimer toute la nuit. Je ne peux pas résister, c’est impossible. Jésus… Jésus, ses yeux…


Jamais je n’ai autant tremblé. Peut-être que c’est plus l’émotion que l’excitation. Ses murmures, sa peau, ses cuisses et son odeur, cette putain d’odeur qui émane d’elle, tout m’affole, tout. Elle m’a ensorcelé. Ses bras se serrent autour de mon cou et ses jambes viennent se glisser entre les miennes. Je dévore ses seins. Deux petits lobes, fermes et durs, gourmands. Dans un frisson, elle me dit de la prendre. Je la tiens par les hanches. La pénétration est un délice. Jamais mon sexe n’a découvert meilleur habitacle. Un summum de douceur et de chaleur, comme ses deux émeraudes qui m’ont imploré et qui m’implorent encore et encore pendant que nous baisons. Et lorsque je ferme les yeux sous son regard de feu, je l’entends respirer avec force ; l’air chaud qui sort de ses narines glisse le long de mon bas-ventre. Jésus… Jésus…

Je baise un ange. Un ange triste et beau.


Oui… oui… elle me dit… elle me dit de l’aimer encore… encore… je t’en prie elle me dit… fais-moi oublier, fais-moi oublier… oui … Ooooh, oui !


Mon orgasme est indescriptible. Mon dieu, quelle femme ! Moi, mon genre c’est plutôt vicieuses et salopes qui brûlent sans se consumer. Mais jamais aucune d’entre elles n’a réussi à me faire vivre un instant pareil. Aucune. C’était si intense.

Elle s’est endormie. C’est beau une poupée qui dort. Juste avant elle m’a remercié. Je dois dire qu’après ça, je suis un type comblé. Je me lève pour aller vers le coin toilette, tout sourire. Quelle cruche je fais alors ! Moi aussi, je dois être romantique ! Je reviens dans la chambre. Et là, c’est l’obus, la mine antipersonnelle.


BANG !

Merde, mon genou !

BANG !

Putain, l’autre maintenant !

Je tombe à terre, deux balles dans chaque genou. En grimaçant de douleur, je regarde le trou béant, tout noir, pointé sur ma gueule.

Elle me demande avec une voix douce si j’ai aimé. Je la traite de salope. Elle passe sa langue sur ses lèvres. Je la regarde. Elle est à genoux sur le lit. Je peux contempler son corps de rêve, ce corps si sublime que j’ai aimé. Elle a des épaules magnifiques, musclées, les courbes qui la dessinent sont excitantes. Un canon ! Elle me dit avec la plus grande des tendresses qu’elle adore buter des types comme moi, et que ça l’excite.

Je m’élance vers la sortie à l’aide de mes bras, vu que mes jambes sont invalides. Dans un cri d’orgasme, elle me décoche un putain de coup de pied dans la tête. Je voltige à l’autre bout de la pièce. Elle a visé la tempe ! La pétasse ! Je pisse le sang. Je hurle de douleur. Je hurle d’humiliation. Je l’entends rire, je l’entends jouir. Je ne suis pas sûr, mais je crois la voir lécher le canon de son flingue.

BANG !

Mon bras…

BANG !

L’autre…

Elle me demande si j’ai mal. Elle me demande si je suis en colère. Puis elle jouit encore, elle hurle à la mort. BANG ! BANG ! A chaque coup de feu, elle hurle d’une joie démentielle.

Maintenant je crache le sang. Je suis sur le dos, complètement immobilisé. La douleur m’irradie de partout, je suis foutu. Elle m’a criblé de balles la salope !

Elle se met à califourchon sur moi et me dit tendrement que je suis un bon baiseur. Elle respire fort, comme si elle s’était fait venir une nouvelle fois. Tout ce cirque l’excite véritablement ! Elle me prend le cou et m’attire vers elle.

Mon visage est maintenant à quelques centimètres du sien. Je contemple ses yeux. À l’intérieur, il ne reste aucune trace de sa tendresse. La lueur qui brille maintenant est une lueur démente. Elle me dit qu’en fait c’est elle qui m’a baisé, qui m’a baisé bien profondément. Bordel, c’est vrai, je me suis fait avoir sur toute la ligne. Elle m’a raconté qu’en fait, toute son histoire avec son mec c’était bidon, du crac de A à Z. Et moi, j’y ai cru dur comme fer. Et elle en rit. Elle n’en finit pas de rire et de hurler de jouissance. Je lui demande pourquoi. D’une voix suave, elle me dit qu’elle ne se demande jamais pourquoi. Dans ce business, les questions sont proscrites. On agit, on encaisse le chèque et on se barre. C’est tout. Puis elle me dit qu’elle aime ça, se faire sauter puis après buter des types comme moi, sans savoir la raison précise, pour du fric, et que ça l’excite. Je lui dis qu’elle est folle. Elle sent ma queue enflée sur ses fesses. En souriant jusqu’aux dents, elle me répond avec extrême douceur : « c’est ça qui est bon… » On reste là, un instant. Non seulement elle a un flingue, mais en plus…


SLATCH !


Toute la lame s’est violemment enfoncée dans mon ventre. Le sourire jusqu’aux dents, elle retire le couteau, et me le renfonce encore, dans un autre endroit. Puis elle refait le même geste, et à chaque fois elle pousse un gémissement de plaisir. Elle est lente, lente et langoureuse. Pendant un moment interminable, elle me poignarde le ventre, encore et encore. Moi pendant ce temps, je regarde toujours ses yeux, ses yeux magnifiques. Oh mon dieu, c’était si beau… Pourquoi, merde, pourquoi ?

Puis je ne vois plus rien, elle m’a pénétré avec sa lame au moins quinze fois dans le bide. J’entends encore quelques bruits. Elle lèche quelque chose. Elle respire encore très fort. Et toujours cette même odeur… Cette odeur qui me fait penser aux femmes de là-bas, à l’odeur des filles de joie, et à l’odeur de cette végétation trouble.

Puis, plus rien. Plus rien du tout.

Mon ange. Mon ange ténébreux.