n° 10242 | Fiche technique | 30868 caractères | 30868Temps de lecture estimé : 21 mn | 22/03/06 |
Résumé: Petites lâchetés, manipulation et schizophrénie bénigne. | ||||
Critères: fh nympho gros(ses) grosseins fépilée travail école telnet hdomine vengeance chantage cérébral odeurs cunnilingu anulingus pénétratio fsodo attache yeuxbandés humour | ||||
Auteur : Amanite Envoi mini-message |
Concours : Concours "L'art" |
Il me semble qu’il m’aurait fallu des mois pour la trouver, des années peut-être. J’aurais passé des heures à faire le guet à la recherche illusoire d’un signe, d’un indice. Des journées d’attente gaspillées au lieu d’aller chercher du boulot. Des nuits entières à lui tirer patiemment les vers du nez. Des mois d’efforts secrets. En vain. Et il ne m’aurait sans doute pas fallu plus de trois minutes pour obtenir un rendez-vous si je le lui avais demandé gentiment. Peut-être. Je ne sais pas. Pourtant, je n’ai ni perdu mon temps, ni décidé d’en gagner. Je crois que la situation me plaisait telle quelle, ambiguë et délicieusement perverse. C’était une relation qu’aucune autre femme n’aurait pu me faire connaître.
Cela faisait un an que nous entretenions un contact quasi quotidien. Au début, c’était elle qui m’avait contacté, suite à un quiproquo. J’avais publié sur le Net une sorte d’historiette érotique, et elle avait cru reconnaître le style d’une de ses amies. Après son premier e-mail auquel j’avais galamment répondu, elle m’avait initié à MSN, exécrable technologie consistant à écrire vite n’importe quoi et à s’en mordre les doigts l’instant d’après. Cela semblait lui convenir mieux qu’à moi. Elle avait l’habitude d’écrire, le faisait spontanément ; j’étais un besogneux, un bûcheur laborieux qui torturait chacune de ses phrases jusqu’à l’écœurement.
Elle m’avait dit s’intéresser à l’art et peindre en dilettante. Elle était mariée, trois enfants, apparemment enseignante à Toulouse. Elle travaillait comme quatre et était sans doute bien établie. Je n’étais pas certain qu’elle fût heureuse ainsi, mais je n’avais jamais osé le lui demander. C’était bien ma seule pudeur, d’ailleurs. C’est drôle, en y repensant, comme je trouvais indécent de lui parler de son bien-être ou de sa vie sociale, alors que je lui posais avec un plaisir sans cesse renouvelé les questions les plus indiscrètes sur ses goûts sexuels et ses perversions secrètes. À chacune de mes questions, elle répondait sans détour. Elle était aussi franche que j’étais fourbe. Je ne lui voulais aucun mal, bien sûr, mais je prenais un réel plaisir à manipuler – habilement, je vous prie de croire – ce cerveau féminin en ligne sans rien dévoiler de ma propre personnalité.
Par jeu ou par lâcheté, j’avais même enrobé mon vénéneux personnage d’un épais tissu de mensonges. Elle m’avait dit s’appeler Aude, ce dont je n’ai jamais douté, et je lui avais balancé un nom bidon, comme ça, par principe. Du coup, elle m’appelait Franck. Ça m’allait bien. Pour compliquer la chose, je mêlais çà et là des fragments de vérité à mes élucubrations, mais j’y ajoutais chaque fois trois mensonges pour faire bonne mesure. Elle me croyait dessinateur en Ariège, marié et père responsable, un salaire confortable, alors qu’aux antipodes de sa vie familiale mouvementée, je n’avais ni femme, ni travail, ni argent, ni problèmes.
Le seul sujet sur lequel j’étais sincère, c’était le sexe. D’ailleurs, pour être honnête, il n’y avait guère que ça qui m’intéressait, à l’époque. En tout cas, c’était pour moi le seul but de notre relation. L’écriture, l’érotisme, le sexe, et surtout le sexe. Qu’importait qu’elle fût grosse, maigre, blonde, brune, belle ou moche ? Ce n’était pas son corps, qui me séduisait, c’était son esprit. Sa façon, si spontanée, de me révéler ses secrets les plus intimes, m’emplissait invariablement de ce trouble indicible qui précède souvent dans le ventre des hommes les grandes catastrophes, les batailles sanglantes ou les histoires d’amour tragiques et impossibles. Une sorte de mélange de terreur et de joie, en quelque sorte. Tous les symptômes de la peur – mains moites, sueurs froides, gorge et estomac noués – mais une peur qui descend jusque dans les couillons et qui dresse la verge comme si c’était le jour où l’on meurt en bandant.
Elle se disait ronde. Très ronde. Blonde, et apparemment aux yeux bleus, d’après les descriptions récurrentes de ses héroïnes. Je n’ai jamais demandé. Je m’en foutais. Au début, elle avait essayé de me faire croire qu’elle était plus vieille que moi, alors qu’on avait pratiquement le même âge. Pour ma part, elle aurait pu avoir soixante-dix ans, c’était pareil. Elle aurait même pu être un homme. D’ailleurs, à un moment, je l’ai cru.
Nous échangions des nouvelles érotiques, entre deux confessions intimes. Elle avait écrit de nombreux textes. Comme elle, ses récits étaient sincères et transparents. Elle y révélait souvent des expériences bien réelles, à peine romancées pour la forme, qui auraient fait bander un arbre. Ses nouvelles parlaient en général de jeunes femmes (blondes aux yeux bleus) couchant avec des inconnus, fréquemment menottées et sodomisées avec grand plaisir. Elle racontait aussi ses aventures lesbiennes. Les mots qu’elle écrivait me frappaient droit aux tripes. Certaines phrases me mirent le feu aux sangs pendant des nuits entières.
Le soir, je lisais - ou relisais - des textes d’elle, et je me masturbais comme un forcené en l’imaginant dans l’action. Je crois que mes récits l’excitaient tout autant. Je me la figurais nue, mi-assise mi-vautrée devant son terminal, ses rondeurs luisantes sous les scintillements de l’écran, ses mains soit malaxant sa très lourde poitrine et maltraitant les tétons, soit étalant autour de ses lèvres intimes la mouille rutilante qui en aurait coulé. Elle s’épilait intégralement, ce qui m’avait mis le feu aux bombinettes dès que j’avais commencé à m’en douter. À l’idée de glisser mes doigts entre ses cuisses et d’y palper son con juteux, imberbe et mou, j’avais le tricotin qui forçait ma braguette et je devais presto prendre les choses en main.
Je lui imaginais un visage poupin, des lèvres très charnues et de bonnes joues roses. Elle m’avait parlé du plaisir qu’elle prenait à sucer. Le goût du sperme ne la dérangeait pas – l’idée, même, lui plaisait – mais j’avais l’impression que, pour elle, toute giclée dans la bouche était considérée comme un manque à gagner au niveau du bassin. Sucer d’accord, mais après faut assurer, plaisantait-elle parfois. C’était en tout cas ce qui transparaissait dans ses récits. Elle aimait la bonne baise et ne s’en privait pas.
Un jour, j’avais rendez-vous dans un bar à la fac du Mirail. Pas pour un job, non. Pour acheter du shit. Plan galère, comme d’hab. Le livreur est à la bourre. Je poirote une heure à mater les petites étudiantes. C’est l’heure de la récré, les filles ? Non, vraiment, je les trouve charmantes mais je ne suis pas tenté. Trop jeunes. Trop frêles. Je pense à Aude. Chaque fois que je passe devant une école, je pense à elle.
Dépité, je me lève, décide de rejoindre le métro en longeant un bâtiment universitaire et là, le miracle ! Un coup de bol tellement improbable et inespéré que je doute un instant de mes capacités sensorielles. Un groupe de cinq profs déboule d’une porte juste devant moi. Deux hommes et trois femmes. L’une d’elles est blonde, dynamique, peut-être trente-cinq ans, bien en chair. C’est elle qui mène la danse. Elle parle beaucoup, assez fort et focalise manifestement l’attention du petit groupe. Elle porte un jean orange et un gros pull kaki. Mais surtout, lorsqu’elle passe devant moi sans même arrêter de parler à ses collègues, le vent me porte au nez l’effluve de la vanille dont elle est parfumée. C’est la senteur préférée d’Aude, elle me l’a écrit. Et cette odeur a le pouvoir de me transformer en marteau piqueur hystérique, vous le savez. Le choc m’abasourdit.
Elle s’éloigne déjà et je la regarde partir avec ma tronche d’ahuri. Je mate même, niaisement, son gros cul moulé dans le jean balancer en cadence. Réputé pour ma bravoure, je contemple son dos sans dire un mot ni faire le moindre geste. À quelques pas de là, elle éclate de rire. Quelqu’un a dû dire quelque chose de drôle. Son rire résonne clairement contre les murs de la cour. Elle rit comme elle écrit. C’est elle !
Mais je n’en suis pas sûr.
Je sais que si j’allais simplement lui parler… Qu’est-ce que je risque ? Lui dire la vérité ? Que ce ne soit pas elle ? J’hésite un instant puis, n’écoutant que mon courage, je prends la direction diamétralement opposée. Je m’engouffre dans le bâtiment par la porte d’où ils sortent. Un long couloir avec des portes et des tableaux d’affichages partout. Je zyeute les papiers accrochés aux murs. Liste d’élèves, liste de notes, liste de salles, liste de cours. Ah ! Il y a les noms des profs sur la liste des cours. Mais uniquement la majuscule du prénom. Je regarde dans les cours qui viennent de finir. Il y en a deux avec un prénom en A. Ethnographie Pré-Colombienne et Histoire de l’Art. C’est Histoire de l’Art. Sans hésitation : Aude Dufresne !
Il y avait le même cours, le lendemain, à quatorze heures. Moi, je n’avais rien de prévu. Je n’avais jamais rien de prévu.
*
Le lendemain, à l’heure dite, l’amphithéâtre était plein comme les vésicules séminales d’un séminariste manchot. Certains étudiants étaient assis sur les marches, d’autres se tenaient même debout contre le mur du fond. Bonne planque, avais-je courageusement décidé. Une étudiante, un peu surprise par mon incurie, m’informa que le cours portait sur les peintres espagnols pré-modernes - particulièrement sur Goya - et que le professeur Dufresne était une sommité renommée en la matière. Première nouvelle, mais bon, j’allais pas cracher sur une occasion de m’instruire.
La veille au soir, j’avais chatté avec elle. Sous prétexte d’habiller un personnage féminin, je lui avais demandé de me décrire les vêtements qu’elle portait pour aller travailler ce jour-là. Jean orange et pull kaki. Vertigineuse confirmation. Depuis, je n’avais cessé de penser à ce que j’allais faire, et la nausée ne me quittait plus. Quand Aude fit son apparition, une moitié de moi-même voulut bondir sur elle comme un satyre en rut, et la seconde regretta immédiatement de ne pas pouvoir vomir la première. Je me dégoûtais, mais j’étais fasciné par mon effroyable pouvoir. Un instinct calculateur concilia mes ardeurs antagonistes : ne rien tenter avant la fin du cours.
Ma proie était moins poupine que j’aurais pu le croire, peut-être un peu moins belle, mais tout aussi souriante. Elle portait une robe noire, longue, ample mais cintrée, qui mettait en valeur la courbe de ses flancs et se fendait, devant, presque jusqu’à la hanche. Un décolleté subtil surlignait les rondeurs d’une poitrine alléchante sans rien en dévoiler. D’un geste naturel, elle alluma un rétro-projecteur et commença son speech sur Goya. Il régnait dans l’amphi un silence d’église. Mille deux cents yeux, mille deux cents oreilles se tournèrent vers Aude. Six cents nez humaient sa vanille. J’étais le six cent unième et je compris très vite pourquoi j’allais trouver ce cours intéressant.
Contre le mur, derrière elle, s’affichait sur écran géant une diapositive de deux toiles du maître. Les deux représentaient la même femme, dans la même position lascive, alanguie sur un canapé. Sur l’une, elle était nue, et sur l’autre vêtue d’une somptueuse robe et de souliers dorés. La Maja Vestida et La Maja Desnuda. L’élégante vêtue et l’élégante nue. Les deux faces d’une même pièce. L’engoncement social ou la grâce animale. L’hidjab pudique contre un sourire vertical. Le raffinement guindé d’un salon bourgeois méprisant l’origine, veule et velue, du monde, face à la nudité sauvage et indomptable, ignorant la raison, l’asservissement et la morale. L’évidence indiscutable de toute duplicité féminine en stéréoscopie géante, expliquée avec brio par le même esprit vif qui enchantait mes nuits chaque soir et fascinait son auditoire à présent.
Je fus vite satisfait par ma propre interprétation des tableaux et cessai d’écouter le cours auquel je ne comprenais de toute façon rien. J’étais passé dans une autre dimension. Niveau deux. Là où les disciples admiraient le professeur Dufresne déployant des trésors d’intelligence analytique pour mettre en relation d’incontournables références historiques, je contemplais, moi, l’objet de mes douze derniers mois de branlette à portée de jet de sperme. Sous la robe à la fois sage et provocante, je pouvais deviner les dessous satinés que l’innocente étoffe croyait dissimuler. Je pouvais voir ses seins, ronds et doux, lourds et tendres à croquer. Je regardais sa bouche et je savais exactement comment elle s’activait parfois sur une bite, une chatte, un anus. Je connaissais les positions préférées de madame Dufresne, ses histoires de partouses, son feu au cul chronique, sa passion insatiable pour la sodomie, sa légendaire sensibilité mammaire et son trouble penchant pour les paires de menottes. Entre ses larges cuisses, je sentais palpiter cette vulve épilée dont j’avais tant rêvé. Je la savais luisante et béante dans l’expectative de mes longs doigts agiles. Et je voyais Aude nue. Je l’imaginais enchaînée, debout contre le mur, mes mains fouillant sa chatte et ma verge son fion. Surtout, j’avais envie de lui bouffer la fente, sucer ses larges lèvres et fouiller ses deux trous de ma langue intrusive. J’allais enfin pouvoir lui lécher la rondelle, et l’entendre crier son plaisir à la ronde. C’était ahurissant. Je n’avais vu cette femme que trois minutes en tout et je savais déjà ce qui la faisait jouir. Pour résumer la situation de façon éloquente, je souhaiterais préciser, si la vulgarité ne vous offusque pas, que j’en avais la bite au bord des larmes et qu’il s’en fallut de peu que mon slip n’épongeât cette surcharge émotive sans autre stimulus que l’anticipation des heures à venir.
Infiniment plus tard, le brouhaha d’un troupeau d’étudiants reprenant péniblement leurs esprits sonna le glas de ma rêverie. Aude rangeait ses affaires. Déjà, un groupe d’auditeurs motivés s’avançait vers l’estrade dans l’espoir de lui soutirer quelques renseignements complémentaires, et peut-être même de s’attirer ses faveurs, allez savoir. Si c’était l’idée qu’ils se faisaient du « lèche-cul », avec Aude ils étaient loin du compte.
Les bavards la retinrent une vingtaine de minutes. Je faisais les cents pas dans le couloir en attendant qu’ils partent. Puis, enfin, Aude fut seule. Elle rangeait un dernier dossier dans son sac au moment où je m’approchais de la porte.
Je l’interpellai :
Elle marqua un temps d’arrêt. Comment pouvais-je savoir que c’était sa boisson préférée ? Son sourire s’estompa et elle continua, plus prudente.
Le nom lui disait quelque chose. C’était celui d’un de mes personnages, dans le récit qui nous avait fait nous rencontrer. Elle ne sembla pas réellement s’en souvenir.
Elle s’arrêta net.
Ce coup-là, elle devint carrément blême.
Elle sembla réfléchir à toute vitesse.
Et hop ! La voilà qui tourne les talons et part comme un lavement, à grandes enjambées, me laissant sur place. Je cours pour la rattraper, la vanille dans son sillage. Nous montons d’un étage. Dans l’escalier, je n’arrête pas de lorgner son cul. Elle s’arrête devant une porte, sort son jeu de clefs pour la déverrouiller et nous pénétrons dans un petit bureau sobrement meublé. Puis elle se retourne face à moi :
Pas le droit de flancher. Convoqué dans le bureau du professeur : grand oral. Une seule question. La bonne réponse est…
Va-t-elle m’envoyer chier ? Je n’ai rien en main. Je bluffe complètement. Mon succès ne repose que sur l’effet de surprise. Je ne peux rien prouver. A-t-elle eu le temps d’y réfléchir ? Probablement pas. Sans me quitter des yeux, elle croise les bras pour attraper sa robe à la ceinture et tire doucement vers le haut. Peu à peu, elle dévoile ses mollets, ses cuisses potelées, puis le triangle de satin gris qui masque encore son intimité. Aucun poil ne dépasse. Son pubis glabre est surmonté d’un bourrelet de son ventre, rond, lisse et pâle. Elle tire encore. J’ai les mâchoires serrées, la gorge sèche. Mes narines palpitent et le parfum de vanille les pénètre par petits à-coups. Son soutien-gorge, plein à craquer, est assorti à la culotte. Les mamelons bandés tendent l’étoffe sur le devant comme deux perles prisonnières. Elle dégage sa tête de l’encombrante robe. Je reste un instant à la contempler.
D’aucuns auraient pu dire qu’elle n’était pas jolie, ou bien qu’elle était grosse, ou bien qu’elle était vieille. Ça n’aurait eu aucun sens. Moi, en l’admirant ainsi, presque nue, je ressentis soudain le plus profond mépris pour ces analphabètes du savoir esthétique qui pourrissent nos vies. Si l’on peut définir la beauté artistique comme l’adéquation entre la forme et le fond, alors la nature, en offrant des courbes si généreuses à cet esprit qui ne l’était pas moins, avait réalisé un chef-d’œuvre vivant. À la jonction exacte entre les deux Majas, Aude et le professeur Dufresne se rejoignaient enfin. Là ! Devant moi ! Réunies !
Et la voilà qui me fixe. Fière. Féroce. Je lui ordonne de se retourner. Elle me décoche un regard foudroyant d’insolence, mais obtempère sans broncher. Je comprends qu’elle va m’obéir comme elle le fait sur la toile. D’une certaine manière, je suis déjà en elle. Je le suis depuis le début, depuis que je tire les ficelles de ses fantasmes.
Dès qu’elle a le dos tourné, je sors un long foulard de soie noire de ma poche et je lui bande les yeux. Bien sûr, elle se laisse faire. J’assumerai tout. Je lui demande d’enlever son soutien-gorge. Le fragile accessoire s’écrase sur le sol. Aude essaye de paraître calme, mais elle frémit quand je lui demande de passer ses mains derrière son dos.
Avec un second foulard, je lie promptement ses poignets. Elle aurait sans doute préféré des menottes, seulement moi, les menottes, ça me rappelle plutôt de très mauvais souvenirs. Je serre assez fort le lien, mais je n’ai quand même pas l’intention de lui faire mal. Ensuite, je m’accroupis derrière elle et pose mes mains sur ses reins. Je jubile. Mes doigts glissent vers le bas et s’accrochent au mince élastique qui tend l’écran de satin gris, futile dernier rempart de sa civilité. Lentement, je découvre ses fesses.
Nous n’en avons jamais parlé, mais je suis convaincu qu’elle adore se faire déculotter. Elle se trémousse. La fine culotte chute et je l’aide à s’en débarrasser, prenant l’une après l’autre ses chevilles en main comme on lève les jambes d’un cheval qu’on ferre.
Accroupi derrière elle, je lui donne une petite claque à l’intérieur des cuisses pour l’inviter à les écarter. Sa figue m’apparaît plein champ. Ses lèvres sont épaisses, grasses et déjà humides. Pas un poil ne s’interpose pour brouiller ma vision. Je pose mes deux mains sur le bas de ses fesses et je les écarte pour mieux l’examiner. Je malaxe ses miches comme on pétrit la chair d’une putain. Je la tripote sans respect et elle se livre sans dignité. Sa complaisance m’écœure, mais l’odeur de la vanille me rend maboul. Alors qu’elle se penche un peu plus en avant, je pose ma bouche sur son intimité gluante. Certes, c’est moins flagrant qu’une érection intempestive, mais ce doit être très embarrassant, d’exhiber une chatte trempée quand on voudrait simuler une certaine impassibilité face aux événements occurrents. Ce n’est pas le professeur Dufresne qui vous dira le contraire. Je lui lape d’abord l’arrière de la chatte, tournant autour du trou, puis je laisse glisser ma langue le long du périnée. Aude est à l’agonie. Elle ne peut s’empêcher de gémir lorsque, d’un même élan, je pourlèche son anus. Même la pire des burnes en psychologie féminine interpréterait cela comme un heureux présage.
Dès lors, je m’applique. Je replonge à la chatte. Je mêle ma salive à sa liqueur exquise. J’insinue ma langue dans ses profondeurs et j’étale sa mouille dans la raie de son cul. Madame est délicieuse. Chaque fois que ma langue presse sa collerette, elle laisse échapper un grognement obscène et, manifestement, relâche sa corolle pour me laisser passer.
Je pourrais la lécher ainsi pendant des heures, mais vous m’accuseriez de tirer à la ligne et j’ai, de toute façon, beaucoup d’autres projets. Alors je me redresse et plaque mon bassin contre ses fesses. En lui mordant le cou, je défais ma braguette et baisse mon futal jusque sur mes genoux. Ma bite, puisqu’il faut la nommer, a déjà soulevé l’élastique et pointe un fier chef au-dessus de mon slip. D’une main, je l’appose contre les lèvres lisses de la moule en fusion et pousse connement comme un bélier shooté aux hormones. Je n’exagère rien. Aude s’ouvre d’un coup en réprimant un cri.
Comment diable décrire ce que je ressens ? Je l’ai attrapée par ses poignées d’amour et je lui défonce sa chatte éclatée, ça vous parle ? A donf’, que j’y vais. Pas la baisouille à grand-papa. Pas le petit-câlinou-de-tendresse-au-coin-du-feu-par-un-après-midi-pluvieux. Encore moins le réglementaire époussetage conjugal du samedi soir. Non, me tue-je à vous dire ! Je bourrine tellement, qu’elle se retrouve la joue et l’épaule plaquées contre le mur. Vous comprenez, ça ? C’est l’emplâtrage grand luxe, l’embrochement ravageur, la charge héroïque, l’envol de la brigade si légère, la chevauchée des vaches qui rient, le triple galop, le grand braquet, la sixième vitesse, la tringlette grandiose, magistrale, intégrale, superlative, sanantoniesque. Madame Dufresne ondule du cul sans plus y réfléchir. Je la touille de taille et l’astique d’estoc, élastique des stocks, encore et encore. Elle sait où est la bite mais plus où elle habite ! Je rentre et sors entièrement de sa chatte, et la replante encore. Elle bredouille un truc incompréhensible, je la replante encore. Elle essaye de dire quelque chose, je lui enfonce deux doigts dans la bouche. Elle beugle.
Je sors à nouveau de son ventre mais cette fois, ma verge reste en suspens aux portes de ses fesses, comme on dit dans les belles histoires de cul. Aude respire fort. Je lui appuie sur les reins pour lui indiquer qu’on change de programme. Elle plie obséquieusement les genoux. Moi, j’adore. Mon gland se pose d’instinct contre sa rosette et… pousse tout seul.
Elle serre les dents.
Elle ne répond pas. Je m’enfonce lentement, mais d’une seule longue poussée tant son cul est ouvert et mon gland tout rouge. Ça baigne. D’un signe de tête, et en recommençant à respirer, Aude m’informe qu’elle m’a reçu cinq sur cinq et que mon visiteur surprise a maintenant toute latitude pour se mettre à l’aise. J’entreprends alors de la bourrer lentement, puis de plus en plus fort, car il est parfois nécessaire d’écrire une phrase comme celle-ci. D’ailleurs, je vous ferai remarquer que je ne vous arnaque pas sur les descriptions, étant donné que l’énorme poitrine de ma partenaire ballotte à chaque impulsion, menaçant jusqu’à son précaire équilibre. Manquerait plus qu’emportée par la masse mammaire, elle se ramasse par terre, mon père. Magnanime et dévoué, je prends ses seins en main. J’ai des grandes mains. Pendant que je l’encule, je lui tords les tétons et les pince sévèrement. Sympa, non ? Apparemment, elle apprécie ma délicate attention. Toujours marrant, ça, quand ça fonctionne. Particulièrement avide de comparaisons bucoliques, je remarque poétiquement qu’elle couine comme une truie soumise au verrat. Quelle élégance ! Et ne comptez pas sur moi pour me taire en un instant pareil. Je l’encule aussi par les oreilles, croyez-moi. J’insulte, j’invective, j’outrage, j’offense, j’outrance, je putille, je chiennasse, je salopette, je néologise, je barbarise, je borborygme, j’onomatope, je contrepète (cherchez pas, y’en a pas), je palindromise, j’oxymore, j’anacoluthe, j’anachorète, je bachibouzouque, j’ostrogothe, je trompe la mort, je trempe la nouille, je l’embranche bien à fond tel l’échangeur de la RN 112 sur l’autoroute A6, je le lui fais savoir, puis je lui lâche un sein et plonge deux doigts dans sa fente. Puis j’en ajoute un autre, et même un quatrième, je vous jure que c’est vrai. Si elle vous dit le contraire, c’est qu’elle ne savait déjà plus compter.
Je sens qu’elle monte, qu’elle vient. Pour tout vous dire, elle commence à vibrer. Je m’active, quatre doigts dans sa crique, ma paume sur son bouton et ma queue qui la prend à revers autant qu’au dépourvu. Suis-je clair ? Elle braille que c’est bon, qu’elle en veut, qu’elle jouit, enfin, tout ça, quoi. Au moment où elle part, je lui attrape le ventre à pleines mains en plantant mes ongles dans sa graisse, je la tire vers moi et lui gorge modestement le fion d’un petit hectolitre de sperme. Nous hurlons en même temps, ce qui, compte tenu des circonstances, est la moindre des choses.
S’ensuit un bref moment d’inconscience dont il ne me reste malheureusement aucun souvenir, mais nous ne bougeons ni l’un ni l’autre.
Le sang remonte aux cerveaux. Aude est pantelante. Je cherche mon souffle. Nous suons. Doucement, je me retire et contemple avec satisfaction son cul souillé qui bave. Encore une bonne chose de faite. Nous reprenons peu à peu nos esprits. C’est elle qui finit par rompre le silence.
Et hop, d’un tour de poignet, elle libère ses mains. Elle enlève aussi son bandeau et elle voit ma tête.
Je la regarde, hébété. Elle éclate de rire. C’est vrai qu’avec mon falzar en berne et un messire goutte-au-nez auquel la gravité a ôté toute prestance, j’ai profondément l’air d’un cake.
Souriante, pas rancunière, elle s’approche et se colle contre mon corps. Elle m’enlace. Elle me presse contre ses seins. J’ai même droit à un petit bisou sur les lèvres. C’est cool.
Clic…
Clac…
Et merde ! Quel con. Me v’là bon pour passer la nuit au poste. Un superbe bracelet chromé à chaque poignet. N’importe quoi, celle-là ! Profitant de ma surprise, elle me déséquilibre et passe les menottes dans un mousqueton vissé derrière son bureau manifestement prévu à cet effet. Je me retrouve comme un con, allongé à plat ventre sur le meuble, le froc sur les godasses, la lune en plein jour. Grande classe.
Elle n’arrêta pas. En moins de cinq minutes, elle apprit tout sur moi. Mon vrai nom, mon adresse, ma date de naissance, mon numéro de carte bleue et même le nom de mon chien. Même que j’avais pas de chien. Sans dire un mot, elle se rhabilla, retoucha sommairement son maquillage et mit un peu d’ordre dans ses cheveux. Lorsqu’elle fut de nouveau cet être inaccessible que je connaissais si mal, en oubliant de me détacher, elle partit donner son prochain cours à un groupe de potaches bigleux et incapables de concevoir que le professeur Dufresne puisse aussi, parfois, être nue.