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Temps de lecture estimé : 10 mn
24/03/06
Résumé:  Une rencontre au-delà du réel...
Critères:  fh hplusag jeunes inconnu caférestau amour volupté cérébral revede voir fsodo init
Auteur : Jeff            Envoi mini-message
Anna...

Comment ai-je pu ne pas la remarquer en entrant ? Comment ai-je pu passer à sa hauteur sans voir son minois et ses yeux ? Je devais être bien distrait et je suis impardonnable. Heureusement, un rire cristallin me fait lever la tête, tourner les yeux dans tous les sens pour chercher à travers la salle enfumée et bruissante d’où vient ce rire clair, jeune et déluré.

Il est là, à deux tables en face de moi. Un groupe de jeunes gens serrés autour du marbre glacé, affalés sur leurs coudes devant une série de consommations, forment un groupuscule compact. Seule, le buste haut, elle rit au-dessus d’eux et personne à la table ne semble la suivre dans son hilarité ni même lever la tête.

Je reste bouche bée. Brune, la frange au ras des sourcils fins, les yeux légèrement en amande et de couleur noisette grillée, le nez joliment fin et pointu, les lèvres charnues et délicatement soulignées d’un rose tendre et brillant, le menton pointu et un visage aux traits d’une régularité à faire pâlir un Donatello florentin. Elle rit de toutes ses dents, qui dessinent un écrin parfait et régulier à sa petite langue qui, au milieu de ses éclats de rire, vient de temps en temps raviver le brillant de ses lèvres.

Voilà sa première apparition devant mes yeux.


Frappé par la régularité et la beauté de ses traits, je passe le reste de ma soirée à la fixer des yeux. D’elle, je ne vois pas grand chose d’autre que de temps à autre sa figure régulière, ses yeux noisette grillée, sa frange ou son nez et son menton pointu. Elle babille avec ses camarades et ne me jette aucun regard. Puis, tout le groupe se lève, avec précipitation et dans un terrible remue ménage de pieds de chaises traînés au sol. Avec regret, je vois déjà cette jolie brunette s’éloigner de ma vue concupiscente. Morose, je plonge derechef mon nez dans mon verre pour absorber le reste de liquide ambré qui le garnit, l’esprit totalement préoccupé par la belle image qui vient de s’y incruster.

Attristé par cette disparition, je reste encore là, bêtement obnubilé par cette apparition incroyable de beauté. Je m’apprête à fouiller mes poches pour sortir ma monnaie et héler le garçon de café quand mes yeux, au lieu de rencontrer une table vide là où se trouvait le groupe il y a quelques secondes encore, se heurtent à un regard brun clair assorti d’un sourire innocent. De ses yeux légèrement clos mais rieurs elle me fixe à son tour, la tête bien droite.

Immédiatement, je suspends mon geste et nous restons là, presque face à face, durant de longues et interminables minutes…


Quand je m’installe en face d’elle, elle ne dit rien. Elle ne proteste pas, elle ne crie pas. Au contraire, il me semble bien que son sourire s’élargit, que son regard se fait plus pesant sur ma pauvre petite personne. On dirait même qu’elle est en train de me peser, de me jauger. Moi, je n’ai d’yeux que pour sa peau, une peau de pèche, légèrement duveteuse, sans l’ombre du moindre bouton ou plus petite cicatrice. Soudain vue de près, elle me semble jeunette, même très jeune, au point que je me promets de rapidement lui demander, même si cela ne se fait pas, son âge, car je n’ai nullement l’intention d’être accusé de détournement de mineure. On n’est jamais trop prudent, de nos jours !

C’est elle qui rompt le charme de notre tête-à-tête. Avec une pointe d’accent slave, légèrement traînant et hésitant, d’une voix douce et fluette elle se présente :



Ouf ! Je respire. Pour travailler dans une ambassade, elle est au moins majeure, c’est certain. Une Ukrainienne ! J’aurais dû me douter qu’elle est d’origine slave. Et elle continue à chuchoter…



Je la rassure sur ma nationalité et nous échangeons une série de banalités sur Paris, la France, le tourisme… Notre conversation a des allures de salon d’ambassade et semble s’éterniser. Alors, pour couper court, je l’invite à partager mon repas dans un restaurant non loin de là. Ses yeux se mettent à briller et elle accepte de me suivre.


Elle doit être gourmande de tout, car elle mange avec appétit et boit avec délectation. Chez elle, tous ces gestes et mimiques sont faits avec grâce et finesse, même sa mastication. Après le repas, je lui propose de la ramener vers chez elle à moins qu’elle ne préfère venir boire un dernier verre chez moi, et c’est bien cette dernière proposition qu’elle accepte. Sur le trottoir, au sortir du restaurant, elle glisse son bras sous le mien et se love contre moi. Je suis aux anges. Après quelques mètres, nos pas nous font traverser la Seine. Alors, l’incorrigible romantique que je suis n’a pas la force de résister. Je l’immobilise au milieu du pont et, sous les sunlights des bateaux Mouches, je l’embrasse, sur le pont Saint-Louis, entre l’île de la Cité et l’île Saint-Louis où j’habite.

Son parfum est entêtant. Doux et musqué en même temps. Ses cheveux fins, balayés par la brise de nuit, viennent agacer mon visage. Quand doucement je cueille ses lèvres, elles s’entrouvrent d’abord légèrement avant de se faire ventouses autour de ma bouche. Elles sont veloutées. Sa bouche est fraîche, sa langue pointue, fouineuse et indiscrète, ses dents lisses et acérées.


Ses bras me serrent contre elle. Contre ma poitrine, je perçois ses seins pointus qui s’appuient contre moi et son bassin qui entame une danse lascive. Nous restons un très long moment ainsi enlacés sur le pont, sous le regard des passants, de la lune et des bateaux Mouches. À bout de souffle, nous rejoignons finalement mon appartement, qui est à deux pas de là avec vue imprenable sur l’arrière de Notre-Dame de Paris. Mais elle n’est pas là pour la vue. À peine la porte refermée, nous reprenons notre étreinte. Mes mains peuvent alors partir en exploration sur son corps.

Elle est aussi grande que moi, légèrement dodue. Ses membres sont déliés, ses fesses fermes et voluptueuses, ses cuisses amples, son ventre plat. Ses seins durcis et de plus en plus pointus ont un bon volume. Les aréoles, larges et sensibles, cernent de petits boutons qui font figure de tétons, un peu excentrés, mais d’une grande sensibilité.


En un tour de main, je la déshabille, sans quitter sa bouche qui semble soudée à la mienne pour l’éternité. Une fois nue, son corps lové contre le mien, je prends plaisir à caresser sa peau, à explorer son corps, à découvrir son intimité. Une intimité nue et charnue, aux lèvres légèrement saillantes et déjà bougrement humides. D’un doigt explorateur, je me hasarde à aller chercher son clitoris et, à ce contact, elle recule sauvagement le ventre, m’enfonce profondément sa langue dans ma bouche et griffe mon dos de ses ongles. Puis, aussi vite que son ventre s’est dérobé à ma caresse, elle vient le plaquer contre ma main, recherche son contact et d’un mouvement gracile, elle ouvre ses jambes pour mieux m’accueillir entre ses cuisses.

Alors je peux lentement la caresser et lui offrir, plaquée et accrochée à mon cou, une première série de plaisirs. Plus elle s’amollit entre mes bras, plus elle s’abandonne à la montée de sa jouissance, plus elle serre ma main jusqu’à la broyer entre ses cuisses. Son ventre ne cesse de se dandiner à hauteur du mien, le frôlant, l’exaspérant et tendant ma virilité à la limite de l’éjaculation.


Alors, qu’elle tente de reprendre son souffle, je lui propose de rejoindre la chambre et en profite pour me déshabiller à mon tour. Et c’est nus que nous roulons sur le grand lit dans un joyeux et hasardeux entremêlement de corps.

Il ne me faut pas longtemps pour trouver le chemin de son intimité. J’entre dans un antre étroit, brûlant et ses jambes s’ouvrent largement pour que je me niche encore mieux dans le tréfonds de son ventre. Elle n’attend que ça pour entamer une gymnastique à partir de son bassin et de son ventre qui me masse délicieusement la hampe et m’empêche de faire un quelconque mouvement. Je dois me contenter de picorer son visage du bout de mes lèvres, de cueillir les légères suées qui embuent son front et son cou. Toujours son ventre se meut sous moi avec un train d’enfer qui finalement a raison de moi. Dans une tétanisation synchrone de nos muscles, nous jouissons, ensemble et à l’unisson. Et les muscles de son intimité continuent à venir m’exciter, relançant mon désir de l’envahir encore, de lui donner encore plus de plaisir.


Avec quelques reptations acrobatiques, j’arrive à bouger, lui suggérant cette position que j’affectionne tant : elle à quatre pattes devant moi, les seins qui ballottent sous elle, moi les mains accrochées à ses hanches pour mieux la posséder et pilonner son intimité qu’elle m’offre, largement écartelée. Dans cette attitude, je reste maître de la situation. C’est moi qui donne le tempo. C’est moi qui rythme mon introduction, mon va-et-vient en elle.

Par instant, je reste dans l’attente d’une nouvelle poussée, juste à l’orée de son sexe trempé de plaisir, et d’un petit coup de ses fesses, elle me fait alors comprendre son désir de me sentir rentrer profondément en elle. Alors, je m’exécute, et d’une longue et lente poussée, j’écarte ses lèvres grasses et ointes de nos plaisirs, m’immisce à travers ses chairs gonflées de jouissance et de désir. Son sexe fait un anneau serré et élastique autour du mien. Chaque fois que je recule, ses lèvres intimes s’accrochent à ma hampe raide et forment autour d’elle une corolle qui suit mes mouvements et m’accompagne pour mieux s’ouvrir quand je reviens au plus profond d’elle.


Mais je sais que ces mouvements vont avoir raison, une fois encore, de ma jouissance et j’ai de plus en plus envie de rendre un hommage à sa petite rondelle brune qui s’ouvre et se ferme, là, sous mes yeux, entre les deux globes blancs de ses fesses. Doucement, sans brusquer ma sortie, je pointe mon sexe à l’entrée de son petit trou qui ne cesse de palpiter. Pour mieux m’aider, elle affale très légèrement ses genoux tout en donnant un impérieux coup de rein en arrière pour m’inciter à visiter aussi cet « envers » de sa personne.

Serré, et en même temps s’ouvrant largement sous mon avance, son anneau se dilate pour mieux m’accueillir. Ses reins bougent tendrement et tandis que, par petites poussées, je me cale au plus profond d’elle, je la vois envoyer sa main sous son ventre et ses doigts viennent effleurer mes bourses tout en masturbant son intimité. Après avoir pris une longue respiration, je me hasarde à entamer ces lents mouvements excitants dont j’augmente le rythme pour finir par inonder son ventre en même temps qu’elle hurle son plaisir avant de s’affaler en travers du lit, véritable champ de bataille érotique.

J’ai du mal à reprendre mon souffle. Dans ma poitrine, mon cœur cogne fort, à un rythme infernal. Ma main serre son fin poignet, elle le serre sans se rendre compte qu’elle peut finir par lui faire mal…


Clac ! Dans un bruit de verre brisé, ma main reste bêtement suspendue en l’air, un reste de pied transparent dans la paume qui saigne sous l’impact des coupures des éclats de verre. Je viens de serrer si fort mon verre entre mes doigts qu’il n’a pas résisté. Autour de moi, quelques cris me sortent de ma torpeur, de mon rêve…

Devant moi, la table où était installé le groupe est vide. Elle est partie et je ne l’ai même pas vue se lever ni sortir tant j’étais absorbé par mon fantasme. Déjà, un garçon se précipite sur moi, un torchon presque propre à la main, et me propose de m’accompagner au moins jusqu’aux toilettes pour faire couler de l’eau et nettoyer les plaies. D’un geste brusque, je l’envoie balader, furieux contre moi qui n’ait cessé de bader la jeune brunette et qui me suis perdu dans mes rêves inavouables.


Sans précipitation, je me lève lourdement sous le regard désapprobateur du garçon et des quelques autres consommateurs. D’un pas traînant, je me dirige vers les toilettes, au sous-sol, au bas d’un tortueux escalier étroit et sombre. Dans la lumière parcimonieuse que diffuse un néon gris marron, au moment où je dois pencher la tête pour éviter d’aller buter contre une tuyauterie assassine, mes yeux s’agrandissent sous le choc de la vision qui surgit soudain devant moi. Elle est là ! Devant la glace qui surmonte une vieille cuvette de lavabo, elle se refait une beauté dont elle n’a aucunement besoin. Sa présence illumine ces lieux tristes et sales. En me voyant arriver, la main ensanglantée, elle se tourne vers moi, interrogative, et me sourit. Je bredouille et reste confus, pas encore sorti de mon rêve, étonné de me trouver en face d’elle, dans ce lieu étroit qui sent les relents de sciure, de bière et bien d’autres odeurs moins agréables encore.


Ses yeux fixent ma main blessée, dont le sang commence à laisser quelques traces vermillon sur le carrelage. Puis, comme dans mon rêve, elle s’approche de moi et délicatement elle s’empare de mon poignet, tire sur ma manchette de chemise, la remonte puis ouvre le robinet d’eau froide et au moyen d’un mouchoir papier dont je n’avais même pas remarqué la présence dans sa main, elle nettoie les petites plaies.

Elle ne cesse de me sourire. Ses mains sont douces, aériennes, chaudes et légèrement tremblantes. Elle remonte la main vers sa figure et alors que je la vois prête à m’embrasser la paume de main, d’une façon maternelle, elle enlève de ses dents un minuscule bout de verre qui restait rétif à ses soins, puis tamponne la petite plaie avec son mouchoir.

Je n’ai pas mal. Sa main me réchauffe et son contact guérit les quelques élancements et picotements qui la parcourent. Sous mes yeux, j’ai sa nuque, sillon creusé et en partie couvert par de longs cheveux fins et noirs. Sous mon nez, je tente de discerner son odeur.



Elle me fixe un court instant avec son regard noisette, son petit nez pointu, son menton pointu, puis en creusant deux très légères fossettes sur ses joues, elle accentue son sourire et me susurre…



Heureux de ce dénouement, je n’ai plus mal. Je sauterais presque de joie si les lieux s’y prêtaient.



Nous remontons dans la grande salle que nous traversons rapidement et, sur le trottoir, elle me tend son bras en me glissant à l’oreille, dans un souffle chaud…



Et tout en l’assurant que je vais bien, je m’empresse de poser ma main dans la sienne et nous nous dirigeons vers la pharmacie.


***


Ce matin, quand je me suis réveillé aux aurores, elle était là, lovée contre moi dans un amas de draps et de couvertures. La nuit a été chaude et câline. Plus chaude et plus câline que dans mon rêve. Elle ne s’appelle pas Anna, mais Cathia. Elle n’est pas Ukrainienne, mais elle vient de moins loin, de Kremlin-Bicêtre. Elle n’est pas d’origine slave, mais portugaise. Elle n’est pas secrétaire d’ambassade et travaille comme infirmière dans un service de pédiatrie. Mais son corps est tel que je l’avais rêvé, imaginé, fantasmé. Il est même mieux, puisqu’il est réel et vivant.

Du bout des doigts, je caresse son épaule, dorée, un peu duveteuse. Un frisson la parcoure. Elle ouvre un œil, me fixe étonnée, puis sourit…



Il y a des jours où l’on aime que le rêve rejoigne la réalité.