n° 10254 | Fiche technique | 16862 caractères | 16862Temps de lecture estimé : 11 mn | 26/03/06 |
Résumé: Faites l'amour et les manifs... | ||||
Critères: fh jeunes inconnu amour volupté pénétratio fsodo init | ||||
Auteur : Jeff Envoi mini-message |
Elle m’a tendu la main et son sourire. J’ai pris sa main et, derrière mon foulard remonté sur le nez, j’ai fait un sourire. Mes yeux ont dû se plisser car elle a souri derechef. Et nous avons marché, main dans la main, durant des dizaines, des centaines, des milliers de mètres. À tue-tête, nous avons crié des slogans à nous époumoner, jusqu’à ce que nos cordes vocales soient usées, éraillées à la limite de nous faire mal. De temps à autre, lorsque le cortège ralentissait, nous nous regardions.
Ni l’un ni l’autre nous ne nous connaissions. Elle était plutôt de la taille minuscule. Blondinette, aux cheveux courts rassemblés en mèches, chacune étant tenue par un élastique de couleur. Cela faisait une coiffure un peu spéciale, originale. Son regard était pétillant de bonheur mais, en même temps, teinté de sérieux, d’appliqué. Son nez, mutin, était petit et légèrement retroussé sur une petite bouche lippue. Ses yeux étaient pervenche et ses oreilles ornées de plusieurs boucles. Sa petite main dans la mienne était moite et de temps en temps un peu tremblotante, surtout à la vue des premiers casques de CRS. Ce devait être sa première manif, moi je jouais le cador, le blasé. Pourtant, je restais sur mes gardes, car je savais que quelques éléments troubles parsemaient le cortège qui se voulait pacifique et pacifiste. Mais les débordements allaient bientôt débuter car le cortège commençait déjà à se disloquer.
Par petites pressions, je l’encourageais à s’orienter vers le bord de la rue. Du coin de l’œil, car j’étais nettement plus grand qu’elle, je surveillais les mouvements des casques noirs à bande jaune qui nous barraient la rue. Depuis de longues minutes nous étions bloqués par un important cordon de police, et déjà s’élevaient les premiers cris de colères, et les premiers objets de toutes sortes volaient au-dessus de nos têtes dans leur direction. Il fallait faire vite. Je ne savais pas trop pourquoi, mais cette jeune fille fraîche et plutôt fragile devenait une « petite chose » à protéger de la violence qui allait s’abattre sur nous. Alors j’ai pressé le mouvement et l’ai entraînée rapidement derrière moi, jouant des épaules et des coudes pour me frayer un passage à travers le cortège, sans jamais lui lâcher la main.
Et l’inéluctable est arrivé. D’abord sous forme de cris, de hurlements, puis de déflagrations et d’une fumée piquante issue des premières grenades lacrymogènes tombant à quelques mètres de nous, quand j’ai réussi à m’engouffrer dans une porte cochère encore ouverte.
Je l’ai tirée violemment à moi, lui arrachant presque le bras. Mais derrière mon dos je l’entendais déjà tousser, renifler et haleter sous la violence des vapeurs de gaz. Puis je refermais la porte avec rudesse, m’y adossant comme pour faire barrage de mon corps. Elle, elle se laissait glisser, s’accroupissait au pied du mur et tentait de reprendre ses esprits et son souffle. Moi, j’ôtais enfin le foulard qui me servait de protection et avait filtré l’air.
Après ces quelques secondes de répit, alors que le vacarme des charges de CRS traversait la porte, je m’approchais d’elle. Elle était pâle, tremblante.
Oui, c’était sa première manif et elle n’avait pas un instant imaginé qu’elle pouvait tourner vinaigre. Alors, elle avait la réaction de bon nombre d’entre nous en pareilles circonstances, celle de la peur rétrospective. Je l’ai accueillie dans mes bras, nichant sa tête contre mon épaule, caressant les pointes de ses cheveux. Elle sentait bon, mais ses vêtements étaient imprégnés d’odeurs de sueur et de gaz lacrymo. Contre mon cou, sa respiration me faisait de légers frissons. Moi aussi je venais d’avoir peur. Pas pour moi, non, bizarrement c’était pour elle que j’avais eu peur. Elle que je ne connaissais pas.
Elle s’appelait Marie-Hélène… et elle était en première année de psycho. Perdue dans Paris, loin de sa province natale, elle découvrait le monde étudiant, celui de la violence, et elle avait, semble-t-il, un peu de mal à s’adapter. Sa lèvre tremblait en me racontant toutes ses avanies, ses angoisses et ses désillusions. Mais elle restait là, blottie contre moi. Je ne parlais pas, je l’écoutais et continuais à lui caresser les cheveux. De temps en temps ma main descendait sur sa joue pour essuyer ses larmes. Des larmes… effet des lacrymos et libération de ses angoisses. Au-dehors, le tumulte semblait s’apaiser peu à peu. Les CRS devaient courser quelques vauriens attardés en queue de manif et qui étaient là uniquement pour « casser du bourgeois »…
J’ai regardé ma montre. Cela devait faire plus d’une heure que nous étions là, assis dans cette entrée salvatrice, sans que personne n’ait encore découvert notre présence dans ces murs protecteurs. Cela faisait presque une bonne heure que Marie-Hélène s’épanchait sur mon épaule, contre mon cou.
Après avoir jeté un regard circonspect dans la rue maintenant vide, seulement jonchée de gravats et d’objets hétéroclites, nous sommes sortis de notre repaire. Au bout de la rue, les premiers camions de nettoyage s’activaient à effacer les traces des affrontements. Calmement, serrés l’un contre l’autre, nous nous sommes éloignés en direction de la première station de métro ouverte pour rejoindre mon chez moi…
Je suis moi-même étudiant, et mes revenus ne me permettent pas d’habiter un immense loft ou un appartement dans le 16ème arrondissement. Non, je loue un studio non loin du quartier des facs, en plein centre de Paris, mais d’un espace suffisant pour pouvoir recevoir une « conquête minute »…
Les quatre étages avalés à grandes enjambées, je poussais la porte de mon chez moi et nous pouvions enfin goûter la tranquillité des lieux et le calme reposant après les évènements trépidants que nous venions de vivre.
Je lui ai proposé de boire un verre et nous nous sommes affalés sur le canapé. Soudain, je la sentais distante, sur ses gardes. Pour lui montrer que mes intentions n’étaient pas aussi méchantes que celles des CRS de tout à l’heure, j’ai immédiatement mis un peu de distance entre nous et lui proposais même une douche, pour se remettre complètement de ses émotions. Après quelques instants d’hésitations, elle acceptait.
Pendant que je l’entendais siffloter sous le jet d’eau, je préparais rapidement un copieux plat de pâtes.
Elle est entrée dans la kitchenette sans que je l’entende. Elle était pieds nus et avait enfilé mon peignoir, bien trop grand pour elle. Ses cheveux étaient ceints d’une serviette nouée en un savant drapé. Le teint frais, rehaussé par la vapeur bienfaitrice de la douche, faisait ressortir une multitude de taches de rousseur. Elle m’a ceinturé de ses bras et a appuyé sa joue contre ma poitrine en m’expliquant que c’était la première fois qu’elle se sentait aussi bien depuis qu’elle était arrivée à Paris.
Je ne savais trop quelle attitude adopter. La serrer contre moi ? Prendre ses lèvres ou jouer quelques instants le consolateur… ou lui proposer de passer à table ? Enfin, quand je dis « à table »… comme je suis meublé sommairement, je n’ai pas véritablement de table. Seul un plateau de verre, posé sur deux caisses de bois devant le canapé et un fauteuil, fait office de table.
Elle a empoigné son assiette et s’est installée au milieu du canapé en croisant les jambes dans la position du lotus, puis elle a attaqué à belles dents l’assiettée plutôt que de la déguster. Assise en face de moi, elle m’offrait le ravissant spectacle de ses cuisses nues et de son entrejambe largement écarté, nu lui aussi. Malgré l’ombre du peignoir, je pouvais me régaler d’une intimité bombée et de fines lèvres serrées qui ondulaient de bas en haut, sans l’ombre d’un poil. À cette vue, j’ai dû devenir tout rouge, et ma fourchette a même ripé sur le rebord de mon assiette, envoyant valdinguer une large part de pâtes sur la moquette. Elle riait de me voir dans cet état, sans vraiment - du moins je crois - savoir pourquoi j’étais en train de devenir aussi maladroit. Elle riait tellement qu’à son tour elle a fait choir une large part qui est descendue en droite ligne sur sa cuisse nue. Le contact du chaud lui a fait pousser un petit cri et poser précipitamment son assiette. Une jambe toujours repliée sous elle, l’autre étendue sur le canapé, elle se tenait la cuisse, comme une fillette qui vient de se brûler ou de se blesser, avec mimiques, souffles et petits cris de douleur.
Bravement, je me suis ressaisi. Je lui ai ordonné en la rassurant de cesser de gesticuler. Oui, j’allais la soigner. Et j’ai impulsivement approché mes lèvres de la rougeur qui marquait sa cuisse.
Je lui ai déposé là une série de tendres bisous, comme ceux que l’on distribue aux enfants quand ils viennent de se faire bobo. Mais mes lèvres se sont senties attirées par le haut de la cuisse. Elle était veloutée, tendre, chaude. Et plus je remontais, plus elle était chaude et élastique. Finalement, ma bouche s’est trouvée en contact avec son minou imberbe. À mon approche, il s’est ouvert comme une jeune fleur, et j’ai pu aller cueillir les premiers sucs de son plaisir qui y perlaient.
Je me suis appliqué à la lécher longuement, titillant son minuscule bouton d’amour. Pour mieux goûter aux vagues de plaisir qui montaient, elle avait appuyé son dos sur l’accoudoir et avait largement relevé ses jambes. Elle s’offrait à moi et, de ses mains jouant dans mes cheveux, elle rythmait mes léchouilles sur son intimité. De temps à autre ses doigts se crispaient, et je sentais son ventre se tendre puis retomber dans un grand soupir.
Tout en se laissant lécher et agacer le sexe et le clitoris, elle avait abandonné mes cheveux pour ouvrir le peignoir. Je pouvais apercevoir son ventre qui se creusait et se bombait au rythme de sa respiration et de sa jouissance, et plus haut deux seins en pomme, aux tétons érigés qu’elle pinçait avec vigueur, tirant sur les pointes et les roulant entre ses doigts.
La bouche engluée de son plaisir, le souffle court d’avoir le nez coincé dans les replis de son sexe, je finissais par ramper et me hisser sur son ventre après une nouvelle envolée de sa jouissance.
Ses bras me serraient de plus en plus fort et m’incitaient à la couvrir, à l’écraser sous mon poids. Mon sexe, tendu, cherchait l’entrée. Son sexe semblait si étroit que j’hésitais à la pénétrer d’un seul coup. Je ne voulais ni lui faire mal, ni la brutaliser. Sentant mes réticences, elle est allée guider ma verge de sa main et, après avoir frotté le bout de mon gland le long de sa fente humide, elle l’a aidé à s’introduire en elle.
A ce même instant, elle m’a profondément mordu à l’épaule, étouffant dans ma chair un long feulement. Et mes hanches entamaient un lent va-et-vient dans le sexe étroit de Marie-Hélène, jusqu’à ce qu’elle hurle son plaisir.
J’ai dû attendre un long moment que les vagues de spasmes se calment pour pouvoir bouger en elle et changer de position.
Alors, j’ai vu ! Mon sexe, humide de son plaisir, était rougeâtre… Inquiet de cet état, mais comprenant ce qui venait de se passer, je l’ai longuement embrassée, avec une tendresse dont je ne me savais même pas capable. Elle a répondu fougueusement à l’intrusion de ma langue dans sa bouche, m’offrant sa langue, son palais, ses dents.
Oui, Marie-Hélène venait de m’offrir sa virginité…
Et puis c’est elle qui a bougé, me présentant son dos, se plaçant à quatre pattes en relevant haut sa croupe légèrement dodue. Une fois encore, par en dessous, elle s’est emparée de mon sexe, gluant de nos ébats, pour le diriger vers son petit trou. Un peu étonné, je me laissais faire, n’ayant qu’à suivre la volonté de cette main impérieuse et celle de sa propriétaire.
Elle était aussi humide là qu’entre les jambes. Mon gland butait contre sa petite rondelle qui s’ouvrait plus facilement que son sexe quelques instants auparavant.
Et son sphincter m’a littéralement happé, avalé aussi loin qu’il le pouvait. Gras et serré, il me massait délicieusement. Elle continuait à caresser mes bourses et je la soupçonnais de se caresser à chaque frôlement de ses mains sur son clitoris. Mes mains largement attachées à ses hanches, j’entamais de lents et profonds allers et retours qui ont fini en un feu d’artifice. Elle mordait le traversin qui était devant elle, moi j’avais la tête en feu, le ventre dur et les reins à la limite de la tétanie.
A bout de souffle autant que moi, son corps luisant de transpiration, elle est venue se blottir contre moi. Bien entendu, je m’étonnais de cette virginité, intacte il y a un instant encore, et je la raillais quelque peu sur son petit trou si rapidement accommodé à mon sexe. Et elle s’ouvrait à moi de ses peurs de tomber enceinte malgré les précautions prises, et de l’habitude qu’elle avait de pratiquer la sodomie avec ses petits copains…
Quand, au matin, je me suis réveillé, elle était toujours lovée contre moi et dormait silencieusement. Nous étions tous les deux partis dans les bras de Morphée, sans nous en rendre compte…
Ce matin-là, après un copieux petit déjeuner, nous avons dû nous séparer à regret, chacun devant rejoindre son AG respective, mais nous étions d’accord pour un rencard, au soir venu, à l’issu de la manif, dans un lieu connu d’elle. La journée s’est passée à la vitesse de la lumière, mais en même temps tous les discours, toutes les criailleries me semblaient vaines et ennuyeuses. Dans ma tête, seule l’image du corps de Marie-Hélène endormie à mes côtés me donnait le courage d’avancer. Le reste ne m’intéressait plus trop. Et je n’avais qu’une hâte, la retrouver…
Le soir venu, un peu fatigué par une nouvelle longue marche le long des boulevards parisiens, avant que la manif ne se disperse, je me précipitais vers mon lieu de rendez-vous. Malheureusement, impossible d’approcher. Les cordons de CRS barraient toutes les rues d’accès. Il était évident que les bagarres, les charges et contre-charges entre police et casseurs allaient m’empêcher de rejoindre Marie-Hélène. Et je ne savais où la trouver…
Je suis rentré rapidement chez moi, espérant qu’elle aurait l’idée de venir m’y rejoindre pour m’attendre devant la porte ou déposer un mot dans ma boîte. J’ai passé la soirée à me morfondre devant la télé, à fulminer contre le gouvernement, les casseurs et tout le reste… Je me suis même endormi devant mon poste, branché en continu sur LCI… quand le téléphone m’a sorti de ma léthargie…
C’était Marie-Hélène, qui sortait des Urgences et qui voulait que je vienne la chercher. Elle avait pris un coup de matraque sur la tête alors qu’elle m’attendait avec impatience. Elle avait vu la cavalcade des manifestants qui refluaient devant la charge sauvage des flics. Ils avaient tapé sur tout ce qui se trouvait sur leur passage, et Marie-Hélène, qui s’était rencognée dans une porte cochère, n’avait eu que le temps de mettre ses bras en protection au-dessus de son visage pour amortir l’impact de la matraque. Elle s’était retrouvée à l’hosto, le visage sanguinolent, avec une belle estafilade qui lui barrait une partie du cuir chevelu et du front. Quand je l’ai ramenée chez moi, elle avait les membres qui tremblaient de peur et de rage. Je me suis occupé d’elle. Je l’ai doucement allongée sur mon lit et l’ai aidée à se déshabiller. Ensuite, je l’ai câlinée pour la rassurer. Nous n’avons pas fait l’amour, les circonstances ne s’y prêtaient pas. Mais nous sommes restés dans les bras l’un de l’autre, sans bouger, jusqu’au petit matin.
Voilà, depuis quelques jours, nous vivons ensemble. Dehors, elle assiste à toutes les manifs, elle montre à qui veut les voir ses points de suture et est en train de devenir une véritable « pasionaria ». Je ne suis jamais loin d’elle, toujours dans la ligne de mire de son regard bleu pervenche et toujours sur le qui-vive pour lui éviter de prendre un nouveau mauvais coup. Et, à la fin des manifs, avant que la police ne charge, nous nous esquivons pour aller faire l’amour.
C’est chouette les manifs…