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Temps de lecture estimé : 9 mn
29/03/06
Résumé:  Les années d'internat se terminent. Les amitiés se nouent. Initiation à la sensualité.
Critères:  ff jeunes école douche volupté init journal ecriv_f
Auteur : Patricia      

Série : Souvenirs

Chapitre 01
Les années d'internat




Souvenirs (1)


Pourquoi confier à l’écriture le soin de conserver ses souvenirs… C’est en lisant « Parle-moi du troisième homme » de José Carlos Llop que le besoin d’écriture s’est imposé à moi. « La mémoire, comme le rêve, dilue les couleurs, la mémoire est comme une photographie exposée au soleil ».

À peine la trentaine et déjà l’envie de ne pas perdre les photographies de ces années qui m’ont lentement éduquée à la sensualité. Beaucoup de souvenirs se sont déjà dilués. Les plus nets, ceux dans lesquels s’inscrivent les linéaments de ce libertinage dont je fais aujourd’hui profession de foi, restent ceux de mes dernières années de pensionnat. Sept longues années en lointaine banlieue parisienne, à la limite de la Seine-Maritime. Un week-end sur deux à la maison et encore… du samedi 17 heures, après le devoir surveillé, jusqu’au dimanche soir 20 heures, heure limite de rentrée… Sept années où j’ai fait innocemment l’apprentissage de la vie, la découverte de l’amitié, de mon corps, du plaisir… Sept années qui comptent dans la vie d’une femme et dont je ne regrette pas une minute. Cela peut paraître surprenant, mais ce sont de très belles années. Enfermée volontaire dans une prison dorée, sorte d’abbaye de Thélème… près de 180 filles, toutes classes confondues, avec pour geôlières une poignée de religieuses et quelques maîtresses d’internat. Ces dernières, pour la plupart des étudiantes ravies de se faire un peu d’argent de poche en surveillant une étude du soir et un dortoir, comptaient aussi quelques vieilles filles rancies…


Jusqu’à la classe de première, je dois avouer que j’avais tout de l’oie blanche. Elevée dans une stricte observance des règles de la bienséance bourgeoise, je ne me posais pas trop de questions sur la vie… Il circulait, bien sûr, des rumeurs chuchotées sur les amitiés particulières qu’entretenaient quelques filles… ou sur l’intérêt, tout aussi particulier, que l’on prêtait à certaines religieuses ou maîtresses d’internat pour la fraîcheur de notre jeunesse… Globalement, le monde me paraissait simple, radieux, angélique…


Bien sûr, les premières transformations de mon corps à la puberté m’avaient posé question… mais nous étions toutes dans le même cas ; la naissance de nos seins… le premier duvet sur notre pubis… nous en parlions, nous les comparions même, sans arrière-pensées… J’avais, depuis la sixième, Clémence pour amie et confidente. Il faut avoir été en internat pour comprendre la forme d’amitié qui s’y noue entre deux jeunes filles de dix-neuf et vingt ans… J’aime le mot anglais de « sorority »… Je n’arrive pas à le traduire… Il est fait d’un mélange indicible de confiance, d’abandon, de sincérité, de quasi-gémellité… Joies partagées, rires, pleurs, têtes sur l’épaule, cheveux emmêlés, tailles enlacées, mains nouées, secrets chuchotés, sourires complices…


J’étais en terminale, Clémence était – et est toujours - aussi blonde que je suis brune, un peu plus petite, plus menue, peau diaphane, yeux gris pers, surnommée « Boutchou », mascotte adorée de toutes pour sa gentillesse, sa douceur, sa serviabilité. Elle était ma voisine de lit. Nous étions une quarantaine dans le dortoir des terminales. Les lits, groupés par deux dans des boxes, étaient séparés par des cloisons de bois ciré d’à peu près 1,60 m. Deux lits de fer blanc, deux tables de chevet de noyer recouvertes d’une petite plaque de marbre. Deux petites commodes de chêne cirées avec chacune trois tiroirs ornés de boutons de porcelaine blanche. Maman, qui avait fait toute sa scolarité dans cet institut, avait déjà eu le même mobilier.


Au fond du dortoir, une petite loge avec de grandes vitres fermées par des rideaux de toile écrue. Au moindre bruit, après l’extinction des lumières, le rideau s’écartait, laissant apparaître l’ombre de la maîtresse d’internat et le toc-toc menaçant de son index contre la vitre. Le moindre « Mesdemoiselles, du silence s’il vous plaît ! », lancé dans la pénombre du dortoir suffisait à provoquer un trot de pieds nus sur le plancher suivi d’un concert de grincements de sommiers.

Une fois les lumières éteintes, Clémence et moi-même, partageant la même passion pour la lecture, plongions sous nos draps pour lire, à la lueur d’une lampe électrique, Tilly, Laclos, Casanova… Nos chers interdits du XVIIIe siècle que nous subtilisions dans l’enfer des bibliothèques paternelles.



Nous étions à quelques semaines des vacances d’été… Les lourds rideaux de velours cramoisi parvenaient à peine à obscurcir le dortoir. Un peu plus de minuit, la journée avait été étouffante, le dortoir baignait dans une touffeur et nous, dans la moiteur de nos chemises de nuit. Les couvertures avaient disparu du dortoir depuis plusieurs semaines et nous avions du mal à supporter notre seul drap blanc. Dans le lit voisin, Clémence se retournait en soupirant. Elle avait d’un pied rageur repoussé le drap et trépignait.



Pieds nus sur le plancher, puis sur le carrelage, nous glissons vers les douches des Prépas ; la lourde porte donnant sur l’escalier principal grince à peine ; les deux petites souris blanches (j’aurais pu dire oies blanches… mais nous nous dandinions moins) se faufilent jusqu’au troisième étage. Nous entrons sans faire de bruit dans les douches ; à peine la porte refermée avec précaution, nous entendons des rires étouffés et le jet d’une douche… Clémence me tire par la manche.



Clémence accrochée à ma manche me suit sur la pointe des pieds. Nous nous approchons lentement du seul bloc éclairé ; les chuchotements et les rires étouffés se font plus nets… Cachées dans la pénombre, nous distinguons maintenant deux élèves de prépa sous la douche. Clémence s’est collée contre mon dos, penchant sa tête par-dessus mon épaule.

Les deux élèves sont nues, je reconnais Sophie de X*** et Anne Y***. Deux amies, parmi les meilleures élèves d’hypo-khâgne… Non seulement elles sont nues, ce qui semble normal sous une douche, mais elles s’embrassent… Sous le jet, entre les mèches de cheveux noirs entremêlées, leurs lèvres sont soudées… Tout à leur plaisir - car visiblement c’est de cela qu’il s’agit – elles ont fermé les yeux, leurs mains se caressent, se palpent, s’explorent… seins, fesses, épaules, poitrines écrasées… leurs mains s’infiltrent entre les cuisses… toisons mousseuses, à peine entraperçues… plaintes silencieuses couvertes par le bruit de l’eau qui s’écrase sur le carrelage blanc…

Je sens le souffle de Clémence au creux de mon épaule, son haleine tiède, fruitée… ses petits seins s’enfoncent dans mon dos… je passe mon bras par-dessus son épaule et l’enlace… elle ne bouge pas… nous savons, confiantes, qu’il va se passer quelque chose d’important, d’inévitable…

Sous nos yeux, les deux élèves semblent emportées dans un délire de sensualité… Rien ne semble pouvoir les arrêter. Sophie s’est agenouillée aux pieds de sa camarade qui, dos au mur, a relevé une jambe, appuyant son pied sur le carrelage de la paroi opposée… Instinctivement, ma main caresse l’épaule de Clémence… Je devine les conséquences de ce geste, mais n’en ai pas une totale conscience… Dans mon cou, les lèvres de Boutchou effleurent ma peau moite… Un premier baiser, léger comme un vol d’abeille… Ses lèvres butinent la peau tiède de mon cou à la lisière du col de ma chemise de nuit… Nous savons que nous venons de franchir un cap dans nos relations, cela était inéluctable… Bien sûr, ces sept années d’amitié, de confiance, de complicité trouvent naturellement leur expression dans ce désir qui se noue au creux de nos ventres, qui pousse maintenant dans nos reins… Je tourne lentement la tête vers elle… Instants sublimes avant que nos lèvres se frôlent pour la première fois…


Ô temps, suspends ton vol !

Et vous, heures propices,

Suspendez votre cours !

Laissez-nous savourer les rapides délices

Des plus beaux de nos jours !


Les vers de Lamartine, étudiés l’après-midi même, s’incarnent… Ma main coule le long de son dos, tandis que nos lèvres se goûtent… La pointe de sa langue suit délicatement le tracé de mes lèvres avec la légèreté d’un pinceau d’aquarelle… Mes doigts qui ont saisi un pli du coton relèvent lentement la chemise de nuit… Ma main empaume la courbe callipyge… Peau duveteuse comme celle des pêches d’août.

Clémence a à peine frémi lorsque ma main s’est posée sur ses fesses… Ses seins se sont imperceptiblement écrasés contre ma peau, j’en sens les mamelons fermes et pointus sous le linon… Nos langues maintenant se caressent, s’aspirent, se sucent… Goût de fraise, de caramel, salive sucrée, rafraîchissante… Nous nous buvons mutuellement. Clémence a défait lentement les boutons de ma chemise de nuit et a glissé sa main sur mes seins… Elle s’accroche à ma chair tendue à mesure que mes doigts montent et descendent le long de sa raie culière à la recherche d’un passage vers les moiteurs de ses cuisses… Avec une ingénuité inconsciente, Clémence creuse les reins pour faciliter mes intrusions.

Les deux élèves de Prépa, tout à leurs caresses, n’ont pas changé de position, si ce n’est que c’est maintenant la langue d’Anne qui s’active entre les cuisses de son amie. Mon majeur se glisse entre les globes fermes des petites fesses de ma voisine de lit. Fesses nerveuses et douces, entrecuisse moite de la chaleur du jour et du plaisir que je sens monter comme une vague irrésistible. Mon doigt s’insinue, il s’arrête quelques secondes sur l’œillet secret de son anus. Je ne m’y attarde pas encore… C’est sale sûrement, cette caresse. Lorsque je frôle le périnée, elle a un petit tressaillement et creuse encore davantage les reins, s’offre à mes doigt avec une impudeur ingénue… Les lèvres savoureuses s’écartent comme une figue fraîche sous la pression des doigts… Je sais ce que je veux, je sais ce que nous voulons… ce bouton rose, nacré, caché sous les replis de son capuchon. Ce bouton - toutes les pensionnaires le savent - qui apaise et endort après la violence du plaisir étouffé dans les plumes de l’oreiller… Il roule lentement sous mes doigts, les lèvres s’ouvrent, humides, elles éclosent comme des pétales, la rosée coule doucement, se mêlant au duvet diaphane…

Clémence accrochée à mes seins en pince les mamelons… Je prends sa main et la guide vers mon ventre. Elle comprend mon désir, remonte le tissu et s’introduit dans la fourche de mes cuisses, gagnant mon clitoris avec une précision étonnante… Nos bouches sont soudées, nos langues comme un nœud d’anguilles roses s’entremêlent, nos salives mélangées coulent en un fin filet à la commissure de nos lèvres…. Clémence a lâché mes seins et s’est emparée de mes fesses, elle les pétrit goulûment en une espèce de délire sensuel, son index s’introduit entre elles. Elle ose la caresse de mon anus…

Je gémis, je me recule à peine, juste assez pour défaire les boutons de nos chemises de nuits, nos seins s’écrasent, nos corps roulent comme un bateau ivre… La tempête se lève, nous la sentons monter inexorablement comme une houle profonde au creux de nos reins… Les doigts se crispent dans la chair, s’enfoncent délicatement dans les muqueuses détrempées… Nous nous regardons, absentes au monde, les yeux fixes, hagards, tout à cette tourmente qui nous submerge. Le rouge monte à nos joues comme une bouffée de chaleur avant la syncope… Cheveux collés aux tempes, au front… Regards qui chavirent… Souffle retenu… Nos cuisses se referment sur nos mains… se crispent…. Il est là. « Oui, oui, oui, oui », psalmodie Clémence avec une intonation rauque, profonde que je ne lui connaissais pas… presque obscène… Je jouis, nous jouissons dans un souffle et un abandon humide ….



Nous avons sursauté, probablement étouffé un cri de peur… Deux mains nous caressent les cheveux… et derrière ces mains deux sourires entendus, complices, narquois…