n° 10308 | Fiche technique | 50282 caractères | 50282Temps de lecture estimé : 29 mn | 14/04/06 |
Résumé: Un homme revit en rêves ses amours étranges... | ||||
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Auteur : Jeff Envoi mini-message |
Pierre en rêvait encore la nuit. Certaines fois, il se réveillait, tout seul dans son lit étroit et au confort sommaire. En pleine nuit, le sang lui battait les tempes, son ventre était dur, tendu et lui faisait mal. D’autres fois, quand ses rêves avaient été plus éthérés, moins réels, ce n’était qu’au petit matin qu’il se réveillait, avec un goût amer de cendres dans l’arrière-bouche. Et c’était pire encore. Dans ces moments-là, ses muscles restaient noués et douloureux toute la journée. Il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour tenter de repousser le plus loin possible, dans son inconscient, ces souvenirs. Mais rien ne semblait en venir à bout. De façon lancinante et sournoise, ils (re)venaient le hanter systématiquement. Il ne les revivait pas, simplement, comme on peut revivre une aventure marquante. Non, son inconscient savait les amalgamer, les fusionner les uns aux autres et finissait par les confondre les uns avec les autres pour créer des moments d’onirisme enflammés.
Dans ses rêves les plus simples, presque les plus simplistes, il se revoyait à la fin de son adolescence, en quête de son corps et de sensations pour satisfaire les ardeurs qui poussaient en lui et qu’il ne savait pas encore comment contrôler. Il appartenait à ces familles où, par pudibonderie, éducation et culture, les choses de la vie étaient systématiquement évincées des conversations, les questions des enfants éludées. À eux alors de faire leurs propres découvertes, leur propre éducation. Bien sûr, quelques bonnes âmes compatissantes rôdaient toujours dans les parages, non loin des jeunes jouvenceaux, pour faire ou parfaire leur apprentissage. Et personne n’était là pour jeter la pierre ni aux uns, ni aux autres. Le cercle familial fermait pudiquement les yeux et passait à autre chose. C’est dans de telles conditions, que Pierre avait pu très tardivement « jeter son bonnet par-dessus les moulins », dans les bras alanguis et accueillants d’une amie de la famille et ceux vigoureux de sa bonne à tout faire.
C’était le temps des grandes vacances, avec leurs kyrielles de contraintes et leurs grands espaces temps à occuper. Trop grand pour les colonies de vacances, pas assez mature pour être admis à voyager loin et seul, Pierre s’était vu – une fois encore – confié aux bons soins d’une amie intime de la famille. Elle était célibataire et disposait d’une grande propriété dans un village de l’arrière-pays. Là, il devait occuper son temps durant le mois de « pension » un peu forcée. La maison était un havre de fraîcheur qui sentait bon l’encaustique et les fruits mûrs. Elle était tenue d’une main de maîtresse femme par Catherine, la bonne à tout faire locale. Petite femme brunette aux reflets auburn et aux yeux noirs, le geste toujours efficace, le verbe haut qui n’avait peur ni des gens, ni des patrons, ni de la vie. Elle régnait sur l’ordre, le garde-manger et la discipline.
Elle avait gardé l’habitude de rentrer dans sa chambre, de bon matin pour le sortir du lit en ouvrant avec grand fracas les volets et la fenêtre. Elle claironnait de sa voix qui ne pouvait admettre de jérémiades « qu’à son âge, bien des garçons étaient déjà au travail ! ». Et en riant, elle lui enlevait avec autorité le drap pour le forcer à se lever. Mais voilà, cette année-là, Pierre avait pris la lubie de dormir nu. Et souvent le matin, il se réveillait doté d’une érection matinale qu’aucun pyjama ne venait cacher. Et lors de la première intrusion matinale de Catherine, avec ses gestes et sa manière forte de le sortir de lit, elle avait surpris Pierre dans sa nudité et sa flamboyante érection. Cette vision surprenante avait laissé Catherine soudain sans voix, le geste suspendu, les yeux exorbités. La gêne qui s’était aussitôt installée n’avait duré qu’une « poignée » de secondes. Catherine avait rabattu le drap au fond du lit et sans quitter Pierre des yeux, elle avait lentement avancé sa main et avait enveloppé son sexe raide et chaud. Puis, soulevant un genou, elle avait pris appui sur le lit et calmement, en lui souriant, elle avait entamé une lente et très excitante masturbation.
La surprise passée, Pierre avait ravalé sa pudeur de garçon et avait apprécié la main qui venait le soulager de ses tensions de la nuit. Dadais aux mains encore inutiles, il n’avait pas tardé à s’épancher, en fermant les yeux pour ne pas trop rougir de confusion. Elle ne l’avait pas lâché pour autant, accompagnant le decrescendo de son sexe jusqu’à son ramollissement total. Puis, à l’aide d’un torchon, qui bourrait toujours l’une des poches de sa blouse, elle l’avait essuyé avec délicatesse et sans le moindre mot, ni commentaires, Catherine s’était éclipsée, non sans le rudoyer sur l’heure du lever.
C’était le vrai premier contact charnel que Pierre éprouvait. Elle l’avait laissé sans souffle, les yeux encore révulsés de son plaisir, le ventre humide et poisseux de sa jouissance, décuplée par cette présence féminine, inattendue et si compréhensive. Pierre avait gardé de ce matin-là, un souvenir particulier. Emu, au point de bander à sa simple évocation, il se souvenait avoir traînassé toute la journée, l’esprit préoccupé par le lendemain et l’attitude qu’il devait avoir au réveil. Chaque fois qu’il croisait Catherine, dans la journée, il avait rougi et n’avait rien osé lui dire. Pourtant, une question revenait le hanter : « Reviendrait-elle le réveiller demain et lui donnerait-elle encore du plaisir ? ».
Les craintes de Pierre avaient été vaines. Au matin suivant, Catherine n’avait en rien dérogé à ses habitudes. De bon matin, elle était entrée dans sa chambre, sans frapper. Elle avait ouvert fenêtres et volets et avait rabattu le drap. Pierre lui avait présenté sa nudité qui semblait attendre les gestes de la veille. Ils s’étaient souri, de connivence et de complicité. Elle avait approché sa main de son sexe palpitant d’impatience et avait remonté en même temps son ample blouse pour poser son genou sur la literie immaculée. Au passage, Pierre avait pu noter l’arrondi de la fesse, les courbes de son corps de femme dont il n’avait pas pris attention la veille. Alors qu’elle l’empoignait avec délicatesse, il avait approché avec quelques appréhensions une main tremblotante vers sa cuisse.
Catherine n’avait pas cherché à échapper à sa main. D’un geste sec et généreux, elle avait largement déboutonné le haut de sa blouse, laissant échapper un sein lourd et laiteux, libre de sous-vêtements. Pierre avait relevé la tête à cette vue, aussi inattendue que la masturbation qu’elle lui distillait avec plus de lenteur que la veille. Puis, Catherine s’était emparée de la main de Pierre qui se crispait sur sa cuisse et l’avait portée sur son sein. Au contact de la peau chaude et satinée du sein, Pierre avait eu une sorte d’éblouissement extatique. Sous sa paume il avait senti palpiter le corps féminin, la peau se grener, le mamelon se rétracter et le téton pointer. Jamais il n’avait imaginé pareilles réactions. Jamais il n’avait osé pareille scène. Sa paume s’était électrisée au contact de la pointe du téton, cylindrique et granuleux qui venait inciter ses doigts à s’animer autour de lui. Et une fois encore, la jouissance l’avait surpris. Avec délicatesse, Catherine ne l’avait abandonné qu’une fois le repos atteint. Elle avait essuyé avec délicatesse la peau de son ventre en prenant garde de ne pas arracher les premiers poils qui l’ornaient. Et alors qu’elle était penchée au-dessus de lui, elle était venue déposer un léger baiser sur ses lèvres avant de s’échapper et lui rappeler l’heure fatidique du moment de se lever.
Ce manège aurait pu durer toutes les vacances, car Pierre le trouvait satisfaisant. Pourtant, quelques jours plus tard, dans le courant d’une chaude après-midi, à l’heure de la sieste, alors qu’il s’ingéniait à construire une maquette pour calmer ses nerfs tendus et occuper son esprit, Catherine était passée dans les parages. Elle l’avait invité à la suivre, sous prétexte de venir lui donner un coup de main. Là-bas, tout au bout du jardin, à côté du poulailler, non loin du cellier où reposaient les grandes jarres d’huile et de vin, se trouvait le lavoir. L’eau de source coulait avec un bruit agréable et frais en cette saison. L’auvent abritait une odeur de lessive, de charbon de bois brûlé et de linge propre.
Catherine s’était appuyée sur la margelle en pente douce du lavoir et avant que Pierre ne se soit totalement collé à elle, à sa demande, elle avait défait rapidement tous les boutons de sa blouse sans l’ôter totalement. Pierre avait pu contempler la nudité de cette femme. Il connaissait son sein, laiteux aux mamelons larges et aux tétons cylindriques et sensibles. Il avait entraperçu sa cuisse, brune et musclée. Mais il n’avait jamais vu son ventre et encore moins ce buisson noir corbeau, aux poils frisés et denses qui formaient un triangle presque parfait à la jointure de ses cuisses. En lui souriant, elle lui avait ouvert largement les bras, l’incitant à s’approcher d’elle, à coller son corps contre le sien. Elle avait pris l’initiative et la menait jusqu’au bout. C’était elle qui l’avait embrassé, ouvrant délibérément la bouche de Pierre, avait cherché sa langue, fouillant sa bouche avec la sienne, en le laissant presque sans souffle. Elle avait dû sentir contre son ventre chaud et moite, la tension que la vision de son corps avait déclenchée chez Pierre. Et d’une main pleine de douceur, elle l’avait entrepris d’initier la main de Pierre en lui faisant découvrir son corps et ses parties intimes.
Pierre avait été statufié par la vision du corps de Catherine. Même le matin, il n’avait pas encore eu l’audace de l’imaginer dans sa nudité de femme. Il avait encore moins pensé pouvoir s’en approcher et sentir sur sa main celle de Catherine qui l’aidait à la découvrir. Ses doigts étaient entrés en contact avec le frisottis du pubis, puis plus bas, il avait découvert cette ouverture si mystérieuse. Il en avait fait le tour, guidé par les doigts agiles et connaisseurs de Catherine. Il avait éprouvé l’humidité des lieux, découvrant le moelleux des lèvres, le satiné de la vulve, la chaleur du pertuis, la sensibilité de la petite excroissance qui nichait plus haut et qui palpitait à la moindre approche de ses doigts. Entre ses bras, déjà puissants, Catherine se laissait aller. Elle soufflait, ahanait, se dandinait. Contre son torse, trempé de sueur, il sentait sa poitrine chaude s’affermir, les tétons durcir de plus en plus. Lui-même avait le ventre en feu et son sexe raide lui faisait mal à force de se tendre. Et Catherine a fini par le libérer de son logement, mais elle s’était bien gardée de venir l’astiquer de sa main, sachant trop à quoi elle pouvait aboutir. Alors, elle s’était assise sur la margelle de pierre, avait largement écarté ses jambes. Elle avait enserré la taille de Pierre et ses mains et l’avait guidé en elle.
Pierre avait non seulement le souffle court et la tête en feu, mais il était soudain passé dans un autre monde. Un monde qui lui avait semblé interdit jusqu’alors. Dire qu’il avait été aux anges, serait en dessous de la vérité. Il était entré dans un univers incroyablement chaud, doux et sécurisant. Sur ses fesses, il avait senti les mains de Catherine s’appesantir et rythmer la pénétration. Autour de son sexe il était au contact avec un savant mélange de chaleur, d’humidité, d’onctuosité, de soyeux et d’élastique. Il était surpris par l’adaptabilité des corps, cette sensation extraordinaire qu’ils ont à se compléter si parfaitement et dès la première étreinte. Il était émerveillé par les sensations qui le gagnaient et lui faisaient oublier les masturbations matinales, pourtant source d’un indicible plaisir. Là, au contact de l’intimité de Catherine, première femme qu’il possédait et qu’il aimait, il avait envie que le monde s’arrête de tourner. Il s’était calé au fond d’elle et tentait de profiter pleinement de ce moment solennel pour lui et si intense. Et puis, il avait éclaté en elle. Sa jouissance avait été plus longue que celle qu’elle lui occasionnait le matin. Elle avait pourtant été trop courte à son goût. Trop courte, mais tellement intense. Dans sa tête, il avait vu un feu d’artifice, des étoiles de toutes les couleurs. Il avait eu l’impression que tout son corps, tout son être se condensait dans ce jet de plaisir qu’il était en train d’émettre. Il s’était tétanisé, certain de ne pouvoir à jamais retrouver la souplesse de ses muscles, de ne jamais pouvoir redescendre sur terre. Et il s’était amolli dans son sexe et il l’avait dû abandonner à regret, déjà prêt – dans sa tête – à recommencer. Elle lui avait souri, Catherine. Elle ne lui en avait pas voulu de cette rapidité et de sa faiblesse à ne pas savoir maîtriser sa propre jouissance. Elle l’avait cajolé, câliné, embrassé. Il s’était repu de son odeur, s’en était enivré. Elles étaient marquées à jamais dans sa mémoire. Comme était inscrit de façon indélébile, sur la paume de ses mains, le soyeux de sa peau, son élasticité et sa chaleur.
Ces vacances, qu’il avait abordées en maugréant et sans beaucoup d’enthousiasme, lui avaient déjà paru magnifiques par les masturbations matinales que Catherine lui avait prodiguées jusqu’alors. Soudain, elles prenaient un caractère exceptionnel et inoubliable. Et Pierre, tout en ne sachant pas toujours quelle attitude adopter quand il rencontrait Catherine dans la journée, avait soudain la tête remplie d’images de plus en plus audacieuses. Des images qu’il entretenait en allant fréquenter le marchand de journaux où, en catimini, il se repaissait de quelques revues érotiques où le corps des femmes, les actes qu’elles accomplissaient venaient nourrir son imaginaire. À travers ses images couleur, il découvrait la Vie.
Et de ce jour-là, Pierre et Catherine avaient pris l’habitude de se rejoindre au lavoir, là-bas, au bout de la propriété. Au fil des journées, les rapports amoureux de Pierre s’affermissaient. Il apprenait à contrôler son désir, à maîtriser son plaisir et la montée de sa jouissance. Il était bon élève. Il se montrait apprenti studieux et consciencieux. En plus, les séances d’amour n’avaient pas occulté les séances de masturbation matinales. Mais la vigueur du post-adolescent qu’il était, avait largement de quoi satisfaire les doubles séances quotidiennes. Ses rapports avec Catherine devenaient donc de plus en plus complices et il s’enhardissait à lui jeter de petits sourires, quelques œillades ou mièvreries qui n’avaient pas pu échapper à Suzon, la maîtresse en titre du logis.
Suzon était une vieille connaissance familiale qu’il avait toujours fréquentée. Célibataire endurcie, chez qui il avait déjà passé de longues vacances ou de plus courts séjours, Pierre était habitué à côtoyer cette femme qui avait l’âge de ses parents. Pour lui, elle était même placée sur un même pied d’égalité qu’eux, c’est-à-dire celui des êtres asexués. Au point qu’il éprouvait une certaine gêne quant à la tournure que prenaient ces dernières vacances. Non qu’il ait eu peur d’être découvert ou que ladite Suzon n’aille tout raconter à ses parents. Mais son éducation lui faisait envisager la perspective d’une longue leçon de morale maternelle ou paternelle qui l’aurait mis dans l’embarras et l’aurait certainement exaspéré. Pourtant, depuis que Catherine lui avait fait découvrir le plaisir de la chair, il ne regardait plus une femme, ni une fille avec un simple regard d’envie souvent étouffé. Il posait sur elles, un regard de jeune mâle, prêt à fondre sur la moindre proie. Il ne les contemplait plus en garçonnet. Il jaugeait leurs potentialités féminines à satisfaire ses besoins primaires qu’il avait du mal à réfréner. Pourtant, il n’avait plus qu’une seule et véritable trouille, qui dressait encore quelques barrières inhibitrices, celle que son regard le trahisse.
Habitué de la maison, il faisait presque partie du paysage, des meubles. Chacun prenait ses aises et en ces périodes estivales, les tenues s’allégeaient, les décolletés s’approfondissaient, les jupes marquaient les rondeurs des cuisses et des fesses. Pierre, incidemment, avait découvert lors d’un repas de midi, que Suzon qui occupait la place en face de lui, ne portait rien sous sa robe légère. C’était même bien la première fois que ces yeux pouvaient contempler sa poitrine généreuse. Voilée d’un simple tissu opalescent, celui-ci montrait plus qu’il ne cachait les globes charnus de ses seins un peu lourds et légèrement affaissés, les mamelons larges et les fines pointes des tétons. Ces yeux, à cette découverte, avaient pris la fixité obsédante de la découverte soudaine du charnel voluptueux d’un corps qu’il croyait sans attraits jusqu’alors. Mais les rapports avec Catherine lui avaient ouvert de nouvelles perspectives sur l’enveloppe charnelle des femmes et il cherchait à percer le mystère des comparatifs avec les autres et Catherine.
Plus tard, au cours du repas, il avait dû ramasser sa serviette qui avait glissé à terre. En se penchant pour la ramasser, il avait jeté un œil intrigué vers les cuisses nues de Suzon. La robe largement remontée sur elle pour éviter de la froisser, elle exposait largement son entrecuisse. En un regard rapide, Pierre avait découvert d’elle, l’ombre de sa toison pubienne claire qu’aucun tissu ne semblait enfermer. Par deux fois, il avait fait tomber sa serviette et son manège avait été compris. Lors de sa dernière « descente », Suzon en riant, avait écarté ses cuisses pour lui permettre de la reluquer sans autres commentaires qu’un regard malicieux et étincelant de compréhension à l’égard de ce garçon qu’elle hébergeait.
Plus tard, il était arrivé au rendez-vous avec Catherine, le sexe déjà enflammé par la vision du dessous de table. Un sexe très bombé, charnu, légèrement duveteux dont les lèvres étaient restées closes, mais dessinaient une frange gracile et ondoyante. Et tandis qu’il faisait l’amour à Catherine, son esprit avait soudain été envahi par cette vision éphémère et excitante, ce qui avait eu pour effet de lui faire perdre encore plus vite le contrôle de la situation.
Au soir venu, alors qu’il reposait dans un haut fauteuil Voltaire, assis en face de Suzon et qu’ils s’appliquaient à lire, chacun de leur côté, dans un mouvement (in)volontaire ou non, Suzon avait troussé haut sa robe, posant négligemment le creux de son genou sur l’accoudoir. Le léger froissement de tissu, l’imperceptible grincement du vieux meuble avait fait lever la tête de Pierre qui s’était retrouvé face à une vision espérée et tant redoutée par lui : Suzon, les cuisses pleines, lui offrait la vision de son bas-ventre dénudé. Les plis de la robe effaçaient une partie de la toison pubienne blonde et clairsemée, mais l’écartement de la cuisse permettait à l’intimité de prendre ses aises. Un très léger bâillement des lèvres mettait en relief de fines crêtes qui s’ouvraient sur une intimité rose-orangé.
Elle, elle continuait à lire, absorbée par l’intrigue de son roman. Pierre n’avait pu replonger ses yeux dans la sienne. Son regard restait accroché par cette vision attirante et ô combien excitante. Et son ventre s’était instinctivement mis à durcir. Il n’avait plus osé bouger, ni respirer de peur que son hôtesse ne s’aperçoive que la pose alanguie qu’elle venait d’adopter pouvait être gênante pour elle et excitait le jeune mâle qui était en face. Et puis Catherine était encore là, non loin d’eux. Elle finissait sa longue journée avant de regagner sa chambre, à l’étage. Et Pierre ne savait quelle attitude adopter. Mais il était tellement obnubilé par la vision qui s’étalait devant lui, qu’il n’avait même pas entendu entrer Catherine qui se dirigeait droit vers Suzon. Quand elle avait surgi dans son champ de vision, il avait du ciller des yeux comme pour sortir de sa léthargie contemplative, pensant à la fois que le spectacle était terminé et que Catherine venait, à son accoutumé, souhaiter le bonsoir à Madame.
Mais Suzon avait juste levé les yeux vers sa bonne, sans déranger sa position. Elle avait même largement souri à Catherine qui s’était penchée vers elle et sous le regard ahuri de Pierre, les deux femmes avaient joint leurs lèvres pour s’embrasser à pleine bouche. Dans le pantalon de Pierre, son sexe n’avait fait qu’un bond et il avait même cru exploser. Catherine, tout en embrassant sa patronne, avait fait glisser sa main vers son ventre et ses doigts étaient allés largement ouvrir son sexe. À la vue de Pierre, elle fouillait et farfouillait dans l’entrée. Pierre ne savait plus quelle position adopter, ni où regarder tellement il était excité. Les deux femmes agissaient comme si elles avaient été seules. Elles ne se préoccupaient pas du garçon qui était assis en face d’elles. Elles s’embrassaient, se palpaient, se caressaient, se fouillaient. Suzon avait ouvert la blouse de Catherine et le corps qu’il commençait à bien connaître lui apparaissait sous un jour nouveau. Suzon s’était emparée de ses seins et les avait attirés à sa bouche. À tour de rôle, elle en tétait chacune des pointes, avec de grands bruits de succion et Catherine mordait ses lèvres, pour laisser passer quelques gémissements et éviter de crier. Sa main, entre les jambes de Suzon, allait de plus en plus vite, ouvrait de plus en plus son intimité dont Pierre ne pouvait pas rater la moindre goutte de plaisir qui en suintait. Et les doigts allaient de plus en plus loin, certains même s’aventuraient plus bas, vers son anus. Pour plus de commodité, Suzon avait bougé, ouvrant largement ses jambes en les posant de chaque côté du fauteuil, ramenant ses fesses au ras du coussin. Si sa bouche n’avait pas cessé de lutiner les seins de Catherine, ses mains étaient parties en exploration de son ventre et de ses fesses.
Pierre était de plus en plus tendu, à la limite de sa jouissance. Il avait du mal à réaliser la scène qui se déroulait devant lui, ne comprenant pas toute sa signification, ne cherchant pas à se poser de question sur le côté pervers ou provocateur, voire calculé. Il ouvrait seulement ses grands yeux, il en absorbait les images qui, plus tard, pourraient l’aider dans les moments de solitude. Si Suzon avait les cuisses largement ouvertes et se faisait profondément caresser par la main de Catherine, cette dernière se laissait envahir par les mains de sa maîtresse. Suzon avait largement ouvert ses fesses d’une main et de l’autre, elle avait introduit son doigt dans l’anus de sa bonne. Elle le pistonnait avec frénésie tout en lui suçant les seins. Les deux femmes râlaient, feulaient, et finirent par jouir presque à l’unisson. Pierre en profita pour éjaculer dans son pantalon avec soulagement et une certaine frustration.
Sous le coup de l’émotion, il avait dû blêmir. Il avait fermé les yeux pour mieux reprendre son souffle et calmer sa respiration. Mais une coquine persistance rétinienne, affichait toujours sur sa paupière close la scène de gamahuchage des deux femmes qui venait l’obséder et relancer sa raideur. Il était là, étalé dans son fauteuil, les yeux fermés, quand il avait senti une main venir s’emparer de sa verge, raidie par ses visions intimes. En soulevant péniblement sa paupière, il avait embrassé une nouvelle scène qui lui avait déclenché un spasme de bonheur dans son membre raide, trituré par une main chaude. Entre ses jambes étalées, Suzon, accroupie et jambes écartées, entamait un massage de son membre rendu sensible par la scène qu’il venait de vivre. Avec délicatesse, elle avait sorti son engin, tout poisseux de son plaisir solitaire. Pierre était soudain pétrifié par la situation. Il avait peur de se faire engueuler ou sermonner. Mais non, avec d’infinies précautions, Suzon avait approché son nez et sa bouche de sa verge. Elle l’avait empoigné avec délectation et tendresse, l’avait humé de haut en bas puis avait approché sa bouche, sorti sa langue et par petits coups habiles, elle était venue décalotter le gland avant de l’avaler tout entier.
Pierre, sous les coups de langue et au contact des lèvres douces, s’était raidi. La nouvelle sensation qu’il découvrait était magique et inimaginable. Soudain, il s’était retrouvé dans un fourreau chaud, glissant et gluant de salive avec une langue active et excitante. Intérieurement et en découvrant ce nouveau plaisir, il s’était fait la réflexion que c’était même meilleur que de pénétrer Catherine dans le sexe. Meilleur, car il découvrait soudain ce qui pouvait lui manquer dans l’acte d’amour : les mouvements enrobant d’une langue dure et experte sur sa verge. Et la bouche de Suzon avait entamé une série de va-et-vient tout en utilisant sa langue pour décupler son excitation. Et Pierre, dont le sexe s’était redressé et développé, n’avait pas pu tenir très longtemps sous l’effet de cette caresse. Dans un mouvement instinctif, il avait mis ses mains sur les tempes de Suzon et l’aidait à rythmer la succion, bloquant la tête au moment où il jouissait dans sa gorge. Suzon à moitié étouffée par le flot de plaisir qui inondait sa bouche et sa gorge, paralysée par les mains qui lui tenaient la tête serrée, entraînée par son propre plaisir n’avait pas eu le courage de lutter et d’éviter ce débordement. Mais dès qu’elle avait senti la verge rendre les armes, elle avait su reprendre le contrôle de la situation et continué à s’activer sur la verge rendue encore plus sensible par une nouvelle jouissance.
À peine le membre avait-il repris de la rigidité qu’elle l’avait entraîné vers sa chambre où elle l’avait allongé et complètement dévêtu. Elle-même s’était mise nue. Pierre était resté suffoqué par cette nouvelle étape. Pour la première fois, il la voyait nue. Les seins, entrevus lors du repas, étaient légèrement retombants sur le ventre un peu bombé. Les cuisses charnues présentaient à leur sommet un fin duvet pubien blond roux clairsemé qui laissait entrevoir, pendantes, deux lèvres grasses et brunes, fripées et aux crêtes proéminentes. Les seins étaient dotés de mamelons qui, sous le coup du plaisir, s’étaient rétractés et formaient avec les tétons une seule et unique pointe dure. À peine étaient-ils allongés en travers du grand lit qui craquait sous leurs poids, que Suzon l’avait enjambé pour lui présenter son intimité au niveau de sa figure, alors qu’elle-même plongeait derechef sur le sexe en érection et l’avalait d’un coup d’un seul.
Pierre avait été surpris un instant par la vue en gros plan du sexe féminin qui s’ouvrait et bâillait au-dessus de lui. Il y avait plongé les doigts avec délice, puis avait fini par approcher son nez et sa langue. Il avait humé longuement les odeurs douceâtres et un peu âcres qui en émanaient. Il en avait lentement goûté les écoulements, puis s’était enhardi en collant ses lèvres aux grandes lèvres, les écartant à grands coups de langue pour fouiller cette intimité. Incidemment, sous son nez, il avait l’anus qui fleurait bon et excitait son imaginaire.
Par quelques coups de reins étudiés, Suzon rythmait et faisait évoluer le léchage de son intimité par Pierre. À plusieurs reprises, sa langue s’était largement retrouvée en train de lui suçoter l’anneau brun et serré. Et Pierre y avait plongé sa langue, la dardant le plus loin possible, avec une certaine délectation. Et tant qu’il était occupé à découvrir l’attrait des intimités féminines, Pierre pensait moins à son propre plaisir, à son excitation. Pour autant, plusieurs fois, il avait été secoué de longs spasmes annonciateurs de la montée de sa jouissance et avec un savant rythme adapté, Suzon avait su calmer et reporter à plus tard son explosion. Elle-même, sous les coups de langue habiles que lui distillait Pierre, ahanait son plaisir.
Mais Pierre, presque rassasié, n’avait plus qu’une idée en tête, celle de pénétrer Suzon, comme il l’avait fait avec Catherine. Pourtant, sa timidité et malgré la situation, il n’osait encore rien demander ou quémander. Or, il avait découvert à ce propos que les femmes doivent comprendre certains signes corporels des hommes, car presque aussitôt, le couple changeait de position et Suzon venait caler ses pieds le long de ses flancs pour s’empaler sur son sexe raide et excité, à la limite de la jouissance. Mais contre toute attente de Pierre, elle s’était emparée de son sexe pour mieux le guider en elle et après avoir subrepticement effleuré son intimité largement mouillée et avoir lubrifié son gland au passage, elle l’avait dirigé vers ses fesses, le positionnant à l’entrée du petit trou. Pierre, au début, n’avait pas fait réellement attention. Ce n’est que quelques secondes plus tard, se sentant entouré par un anneau serré, mais coulissant à merveille, qu’il s’était réellement rendu compte de la situation.
Suzon, l’amie de la famille qui le connaissait depuis qu’il était bébé, qui l’avait vu grandir, était là, à le dévoyer et lui faisait pratiquer un acte qu’il avait toujours pensé sale et dégradant, interdit. Et à l’évocation de cette interdiction qu’ils bravaient tous les deux, assortie du va-et-vient qu’elle infligeait à son sexe en lui offrant le fourreau resserré de son anus comme exutoire à sa virilité, Pierre n’avait pas tenu le choc ni la distance. En un seul et unique grand jet, il s’était largement répandu dans ses fesses, alors que dans sa tête une gerbe multicolore éclatait et que son corps se tendait formant une sorte d’arc-boutant avant de retomber, épuisé, lessivé, hors d’haleine.
Au matin, il s’était réveillé dans son lit. Catherine était là, à son habitude. Elle était entrée dans la chambre, avait ouvert les volets, laissant la fenêtre grande ouverte. Puis elle s’était approchée du lit, mais elle ne lui avait que déposé un gentil baiser sur le front et lui avait rappelé que l’heure du lever avait sonné avant de disparaître. Pierre était resté interloqué par cette soudaine froideur. Mais plus tard, dans la matinée, Catherine lui avait confirmé leur rendez-vous au lavoir. Et Pierre avait retrouvé le sourire vis-à-vis d’elle. Un sourire qui devait vite être effacé, car Suzon lui remémorait que ce soir, ses parents venaient le chercher. Voilà, les vacances étaient terminées et elles n’avaient ajouté aucun commentaire.
Pierre avait rejoint Catherine au lavoir. Ils s’étaient longuement étreints. Il lui avait fait partager ses nouvelles et fraîches connaissances de l’usage de la langue sur son intimité. Elle l’avait arrosé de longs jets de plaisir et ils avaient fait longuement l’amour, comme les amants qui savent qu’ils vont devoir se séparer sans jamais pouvoir se revoir. Et puis, avant de rejoindre la maison, ils avaient parlé. Pierre avait été intrigué par le comportement de Suzon, la veille au soir.
Catherine, bonne âme lui avait alors expliqué qu’elle avait fait là une sorte d’entorse à sa vie. Depuis la fin de la guerre, elle ne supportait plus les hommes, c’est qu’ils lui avaient fait tant de mal au moment de l’épuration. Parce que la maison avait été réquisitionnée par l’occupant pour y installer un poste de transmission, elle s’était dévouée pour coucher avec tous les radios qui travaillaient nuit et jour. À force de payer de sa personne, elle avait réussi à obtenir des informations essentielles aux maquisards à qui elle transmettait en secret codes, messages et mouvements de troupes, ce qui avait épargné bien des vies. Malheureusement, le réseau auquel elle avait appartenu avait été décimé, sans que pour autant elle ait été inquiétée. Et lors de la Libération, des populations vengeresses l’avaient accusée de tous les mots, dont ceux d’espionnage au profit de l’occupant. Elle avait évité le peloton de très peu, mais n’avait pas coupé à une tonte en bonne et due forme, promenée nue à travers le village, le corps couvert de croix gammées et de crachats. Et puis, au soir venu, enfermée dans la cave de sa propre maison, elle avait été sauvagement violentée et violée par une bande de soudards qui s’étaient crus malins de vouloir se faire justice eux-mêmes. Et pourtant, tous, sans le savoir, lui devaient la vie sauve. De ce jour-là, elle n’avait plus eu de rapport avec les hommes. Avec le temps, seules les femmes avaient retrouvé un peu de grâce à ses yeux et avaient su lui remontrer le chemin du plaisir. Et si la veille elle s’était laissée aller à quelques fantaisies avec Pierre, c’était plus par acte de sacrifice pour lui et de dévotion amicale envers ses parents que par pur plaisir féminin.
Bien entendu, de toutes ces charmantes vacances, des relations amoureuses de Pierre, il n’en fut jamais question chez lui. À peine avait-il réussi à obtenir quelques informations complémentaires sur le rôle de Suzon lors de la dernière guerre, et encore, largement incomplètes et très édulcorées. Et puis le temps avait passé, Pierre n’avait jamais oublié ces vacances, ni Catherine, ni Suzon. Trop timide pour aborder les jeunes filles de son âge, en même temps qu’il avait peur d’éteindre en lui les souvenirs agréables, il s’était abstenu de copuler durant des mois et des mois.
Pourtant, nécessité faisant loi, un soir, il avait pris son courage à deux mains et avait abordé une très belle brune, au sourire avenant et à la poitrine avantageuse qui semblait patienter dans un coin de bar. Après bien des hésitations, Pierre s’était décidé et avait fini par l’aborder. Il ne s’était pas fait rabrouer. Au contraire, c’est un franc sourire qui avait accueilli son invite. Encore benoîtement empêtré par sa timidité maladive, elle avait fini par lui proposer de rejoindre un coin discret et quitter ces lieux bruyants. Pierre était heureux de cette compréhension et ils étaient sortis. Ils étaient partis en voiture, dans la voiture de Pierre. Ils avaient roulé en direction des bois qui entouraient la ville et avaient trouvé un chemin creux et accueillant, suffisamment éloigné de tout pour assurer leur tranquillité.
Emmanuelle s’était laissée embrasser. Elle avait un goût de fraise des bois et la langue pointue et fouineuse. Ses seins étaient deux obus qui tenaient sans l’aide d’un quelconque artifice. Leurs bouts étaient d’une grande sensibilité et devenaient raides et durs à la moindre pression des doigts puis de la langue de Pierre. Emmanuelle était compréhensive. Elle l’avait caressé longuement à travers la toile de son pantalon, puis avait sorti son pénis déjà raide et excité pour l’avaler lentement et lui infliger une tendre fellation. Pierre, qui depuis des mois restait sobre et n’osait même pas se toucher, aux premiers contacts des pulpeuses lèvres d’Emmanuelle explosait dans sa bouche. Et elle n’avait ni protesté ni elle ne s’était récriée. Au contraire, il avait semblé à Pierre qu’elle s’était délectée de sa liqueur et avait continué à le caresser pour le (ré-) exciter. Et le traitement qu’elle lui avait infligé, avait été rapidement récompensé. Pierre rebandait. Alors, elle lui avait proposé de sortir de la voiture pour qu’il lui fasse l’amour. Pierre était déjà dehors alors qu’elle s’extirpait encore du véhicule. Ils étaient restés debout, l’un en face de l’autre puis, Emmanuelle avait fait rouler sur ses hanches son jeans, serré et qui mettait si bien en valeur ses fesses et elle s’était tournée pour lui présenter sa croupe en prenant largement appui sur le capot.
Pierre, inexpérimenté, avait tâtonné un instant et ce sont les doigts d’Emmanuelle qui l’avait guidé dans un étroit et chaud conduit. Et les mains serrées sur les hanches évasées, il s’était mis à la pilonner, assortissant ses va-et-vient d’images mentales de Suzon, de Catherine et des deux femmes en train de se donner du plaisir. À cette simple évocation, il avait été secoué par une seconde jouissance, aussi forte, aussi puissante que celle qu’il venait de connaître dans la bouche d’Emmanuelle. Épuisé, à bout de souffle, mais se rendant compte de son égoïsme, il avait passé sa main sur le devant des cuisses d’Emmanuelle, cherchant à caresser son clitoris pour lui rendre le plaisir dont elle venait de le combler. Ses doigts s’étaient un peu perdus dans le friselis des poils d’Emmanuelle, puis étaient descendus vers son intimité. Les gestes nerveux, il avait cherché le haut de son sexe et n’avait rien trouvé. Étonner il avait étendu ses caresses et avait dessiné des cercles concentriques pour finir par trouver un membre chaud, long et dont la consistance l’effrayait soudain en même temps qu’il était terriblement troublé. Emmanuelle était un homme ! Elle (il) ne disait rien, attendant une réaction – généralement négative et déjà il (ou elle) avait tendu ses muscles dans la peur des coups qui pouvaient pleuvoir.
Pierre trop interloqué, trop honteux de sa méprise, n’avait nulle mauvaise intention à son égard. Bien sûr, il avait débandé. Bien entendu, il avait retiré immédiatement sa main du pénis d’Emmanuelle, mais restait collé à son dos. Et ce pénis l’avait attiré, irrésistiblement. Contre lui, il sentait le souffle d’Emmanuelle se ralentir, dominant ainsi sa peur et se préparant à recevoir une correction comme cela lui arrivait si souvent. Mais la main de Pierre était repartie, tendrement vers son pénis rabougri et qui pendait maintenant entre ses jambes. Il l’avait empoigné comme s’il avait été le sien et doucement lui donnait les premiers mouvements d’excitation.
L’appréhension avait fait place à la montée du plaisir. Bien que sur ses gardes, Emmanuelle se laissait aller à son propre plaisir. Elle (il) sentait son membre durcir dans les mains de Pierre et doucement avait commencé à se retourner pour affronter son regard. Et Pierre lui avait souri, avait approché sa bouche de la sienne et tout en continuant sa masturbation, l’avait longuement embrassé. Contre sa poitrine, il sentait les seins réactifs d’Emmanuelle qui dardaient de toutes leurs pointes. Puis, Emmanuelle l’avait incité à descendre vers son ventre pour l’emboucher et lui offrir le plaisir qu’elle (il) lui avait donné quelques minutes plus tôt. Et Pierre, bon garçon, mais aussi curieux et « au pied du mur », s’était laissé faire.
Il s’était retrouvé à genoux, le sexe raide d’Emmanuelle au niveau de la bouche. Il n’avait jamais imaginé une telle situation et il était allé puiser dans ses souvenirs personnels pour s’appliquer dans sa fellation. Comme Suzon, il avait avancé la langue et lapé le bout du gland. Comme elle, il avait humecté toute la hampe avant d’aller l’exciter du bout des lèvres. Les odeurs qui s’en dégageaient étaient fortes, âcres et entêtantes. Puis il avait ouvert ses lèvres formant un rond et avait aspiré le sexe. Le premier contact l’avait surpris. La douceur satinée et glissante du pénis sur sa langue avait failli lui occasionner un renvoi. Mais il avait vite appris à domestiquer le gland, sa langue, ses dents et il avait vite découvert le plaisir de sentir le pénis glisser loin dans sa bouche. Et Emmanuelle s’était laissée faire, portée pour une fois par son propre plaisir, sans trop d’arrières pensés, sans avoir trop peur de prendre des coups. Et Pierre avait senti le sexe durcir dans sa bouche, se raidir et contre sa langue la grosse veine était venue taper avant de libérer quelques gouttes d’un liquide un peu visqueux, légèrement douceâtre.
Mais ils n’avaient pas eu le temps de savourer leurs plaisirs, un véhicule s’était arrêté pas très loin d’eux et par mesure de sécurité, ils étaient repartis vers la ville. Pierre avait revu Emmanuelle. Plusieurs fois. Ils se rencontraient chez elle (lui). Là, à l’abri des regards médisants et méprisants, ils pouvaient enfin s’aimer. Emmanuelle avait confiance en Pierre et Pierre trouvait auprès d’elle (ou lui) la compréhension qu’il cherchait. Tous les deux voguaient dans le monde des interdits et brisaient les tabous dans lesquels ils avaient été élevés. Ensemble, ils avaient expérimenté le sexe, mais aussi la drogue.
Emmanuelle avait bien des difficultés à se supporter. Mi-femme, mi-homme, ni femme, ni homme et elle (il) ne savait pas où était sa place au sein de la société qui la (le) rejetait, Emmanuelle ne rêvait que d’une chose, se faire opérer pour devenir une vraie fille et trouver enfin cette totale identité féminine à laquelle il (elle) aspirait depuis si longtemps. Souvent, Emmanuelle, pour oublier, s’expédiait dans les veines quelques produits illicites. C’est dont elle (il) en avait besoin. L’idée de cette opération était devenue une obsession. La seule solution ? Emmanuelle, pour payer les frais, acceptait souvent de se prostituer et vendait son corps dans l’espoir de soigner son âme. Mais contre un peu d’argent, pour une rapide fellation et quelquefois une aussi rapide pénétration, Emmanuelle recevait aussi souvent des coups et les bleus à l’âme faisaient souvent plus mal que les traces des œdèmes. Alors, Pierre était là pour la (le) consoler. Avec une tendresse sans égal, il la (le) prenait entre ses bras et ils étaient capables de rester blottis l’un contre l’autre durant de longues heures, sans rien faire.
Pierre, lui, n’était pas contre cette opération même si, dans le fond, il n’en avait pas encore véritablement compris tous les enjeux. Il respectait le choix d’Emmanuelle, par amour. Car Pierre éprouvait de l’Amour pour Emmanuelle, même s’il n’avait pas osé l’amener chez ses parents, qui n’auraient pas accepté cette relation, ni ne leur en avait parlé. Et comme dans la famille de Pierre, la discrétion était de mise, tout le monde vivait côte à côte sans poser de question et c’était tellement mieux, estimait Pierre.
Pierre travaillait dur pour aider du mieux qu’il pouvait Emmanuelle à rassembler la somme nécessaire à la fameuse opération. Et quand la somme avait été enfin amassée, la veille du départ d’Emmanuelle pour un pays du Maghreb réputé pour réaliser ces types de transformations, Pierre lui avait concocté une soirée des plus romantique. Emmanuelle avait décidé de partir seul(e) pour près de trois mois de traitements. Pierre avait bien tenté de l’accompagner, mais Emmanuelle ne l’avait pas voulu. Alors, Pierre s’était laissé convaincre, contrarié par cette longue séparation en perspective. Voilà pourquoi il avait voulu que cette dernière soirée soit une réussite.
Il avait passé l’après-midi à cuisiner. Le repas avait été délicieux. Autour des bougies qui faisaient office d’éclairage, les deux amants s’étaient alanguis dans les bras l’un de l’autre. Pierre avait goûté à la bouche d’Emmanuelle, appréciant la langue qui venait fouiller la sienne et allant aussi loin qu’il pouvait darder la sienne dans la bouche d’Emmanuelle. Ses mains avaient longuement joué avec ses seins, agaçant les pointes, les faisant rouler entre ses doigts, exacerbant leur dureté jusqu’à obtenir les premiers gémissements de plaisir. Puis sa main était descendue vers son pubis. Une dernière fois, il était allé masturber Emmanuelle. Lentement et avec délicatesse il s’était emparé de sa verge, déjà en semi-érection et l’avait caressé avant de descendre sa bouche pour la sucer. Il avait toujours un petit geste de recul au premier contact du gland avec ses lèvres et sa langue, mais sans se forcer, il savait maintenant quel plaisir et quelle délectation c’était que de sentir ce membre rouler sous sa langue, aller et venir dans sa bouche, grossir puis exploser avec ces quelques gouttes âpres qui venaient éclabousser le fond de sa gorge.
Pierre avait aussi sodomisé une dernière fois Emmanuelle. Le contact avec son anus étroit d’abord, toujours un peu réticent à accepter l’introduction d’un pénis raide et dur, s’assouplissait rapidement pour atteindre rapidement une élasticité qui laissait Pierre toujours pantois et terriblement excité. Avec le temps, il avait appris à aller le fouiller loin et par quelques coups de reins habiles, il savait frotter son gland au fond de la paroi, là où existe chez les garçons, un point ultrasensible, correspondant au point G féminin. Quand Pierre était niché au creux du ventre d’Emmanuelle, contractant seulement les muscles de son plancher pelvien pour donner de petits spasmes à son pénis qui massait le point G, il savait que leur jouissance n’était jamais loin.
Ils avaient passé cette dernière soirée avec tendresse et passion. Au matin, Emmanuelle était parti(e) tout(e) seul(e), laissant Pierre un peu désemparé. Malheureusement, Pierre n’avait jamais revu Emmanuelle. L’opération avait semblé une réussite. Seulement les conditions d’hygiène locales avaient eu raison d’Emmanuelle. Elle avait été emportée par une septicémie foudroyante.
Pierre était resté plusieurs semaines sans réagir, anéanti par sa disparition. Il s’était laissé poussé la barbe, les cheveux. Il avait maigri et plus personne ne le reconnaissait. Son entourage ne comprenait pas cette soudaine descente aux enfers qu’il vivait, personne n’était au courant pour Emmanuelle. Dans cette détresse incompréhensible pour les autres, Pierre s’était laissé tenté par de nombreuses et pénibles expériences, dont les alcools les plus forts jusqu’aux drogues les plus dures. Un mélange détonnant qui l’avait transformé en zombi. Il avait abandonné son travail et passait des heures à errer. Que cherchait-il ? Lui-même ? Peut-être ! Emmanuelle ? Certainement.
Un jour de défonce pire qu’un autre, après avoir longuement cuvé alcools et drogues, il s’était levé et avait entamé une épuisante marche. Elle l’avait mené dans quelques collines, au-dessus de la ville. Il s’était longuement arrêté là où pour la première fois, il avait « aimé » Emmanuelle et avait continué son chemin, à l’instinct. Que voulait-il ? Il était à ce moment-là dans l’incapacité de le dire. Plus loin, bien plus loin, quand ses dernières forces l’avaient totalement abandonné, il s’était écroulé au pied d’un monticule surplombé d’un oratoire en pierres sèches, à quelques mètres de la porte d’entrée d’un couvent de Chartreux. C’est là, dans un état de semi-conscience qu’il avait été trouvé par les habitants du couvent qui l’avaient alors hébergé, soigné, dorloté durant de longs mois. Ils l’avaient aussi désintoxiqué au moyen d’une technique de sevrage terrible et Pierre avait tout accepté sans rechigner, librement. Heureux de trouver ici compréhension, compassion et mansuétude.
Petit à petit, il avait repris goût à la vie et il s’était senti en harmonie avec les lieux, avec cet environnement austère et monacal. Et il était resté. Il avait même prononcé ses vœux et maintenant, dix ans après, il était père chartreux. Souvent en rêves, Pierre revoyait Catherine, Suzon, Emmanuelle. Et isolé dans sa maisonnette de père Chartreux, dans l’inconfort de son lit étroit et sommaire, le sang lui battait les tempes, son ventre devenait dur, tendu et lui faisait mal. Il avait beau prier et se raisonner pour repousser loin dans son inconscient ses souvenirs, rien n’y faisait. Le Père Abbé, avec qui il en avait déjà parlé longuement, lui avait expliqué que l’homme devait accepter le fardeau de sa vie, sans renier ni ses gestes ni ses pensées, seulement chercher l’aide des autres (et du Seigneur) pour mieux les supporter. Mais rien ne venait le soulager.
Alors, Pierre était de plus en plus persuadé qu’il avait commis dans sa vie une double méprise : celle d’avoir eu peur d’assumer sa vie d’homme et celle ne pas savoir assumer sa nouvelle vie de religieux. En pragmatique de la vie, le Père Abbé lui avait expliqué que personne n’avait la réponse à ces questions fondamentales que tout homme devait être amené à se poser un jour ou l’autre et que le sens de la vie était, justement, d’y répondre. Alors, Pierre regagnait sa maisonnette qui lui servait de cellule, et continuait à s’interroger intérieurement, tout en revivant en rêve ses amours d’antan qui le hantaient si souvent la nuit.