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Temps de lecture estimé : 11 mn
30/04/06
Résumé:  Petits boulots en attendant mieux.
Critères:  fh extracon inconnu médical vacances travail échange attache conte humour
Auteur : OlivierK            Envoi mini-message
Fées d'hiver



Filles et garçons montent joyeux dans les petits oeufs de couleur que des câbles hissent au sommet des pistes. À l’arrivée, un ogre casse les oeufs.


En rajustant mes vêtements, je pense à cette histoire que j’ai vaguement eu envie d’écrire, quelques jours plus tôt. Mais je m’en étais abstenu, n’ayant pas oublié ce m’avait dit le sénateur maire.



Je n’étais obséquieux qu’en apparence. Il ne s’y est pas trompé, car il a hoché la tête. Il me trouvait farfelu, je le sais bien. Il préside la communauté de communes et trois ou quatre autres organismes. Il aime qu’on lui donne du Monsieur le ministre, car il a été Secrétaire d’Etat aux horodateurs rebelles, ou aux cadrans solaires primesautiers, tout le monde a oublié.


Il a neigé pendant la nuit. De la poudreuse, ont dit les journalistes à la radio. Les ignares ! De la neige, tout simplement, aux lourds flocons. Le vent s’est levé pendant que les dameuses préparaient les pistes. J’ai pensé qu’une nouvelle bonne journée commençait pour moi, et se passerait agréablement dans les locaux douillets de l’Office de tourisme.


Car elles m’ont été livrées en pâture, ces belles jeunes filles, elles aussi saisonnières, ces gentilles fées qui viennent à tour de rôle se pencher sur mon bureau. Que leurs seins sont beaux, sous leurs corsages roses ! Je suis un coq en pâte, et elles ne rechignent jamais à mettre la main à la pâte, la main et les lèvres. Ensuite elles se dévêtent très vite, se plient sans se rompre, les seins sur mes papiers. Que leurs fesses sont belles ! Qu’il est bon de s’immiscer dans la douce moiteur de leurs chattes hospitalières !


Sophie est encore à genoux quand tinte le téléphone. Le type qui le premier a qualifié de palais l’intérieur d’une bouche était un fieffé connaisseur ! Quand même, pour que les copines nous dérangent dans un moment pareil, ça doit être grave. Ça l’est. La voix d’Alicia est moins douce que d’ordinaire.



Faute de mieux, c’est mon blouson que j’enfile, et je demande à Catherine de me conduire sur sa moto le plus près possible du lieu du drame. Je chevauche ensuite la croupe d’un scooter des neiges afin de parvenir à destination. Chemin faisant, le pisteur hurle que le bidule, là-haut, est en panne depuis une bonne demi-heure, qu’il y a du vent, mais que tout va bien. Il s’aperçoit vite qu’il se trompe. Une cabine, un peu cabossée, carabossée même, car il existe aussi de méchantes fées, gît dans la neige. Il y a moins d’un quart d’heure, elle était accrochée, mal sans aucun doute, une bonne centaine de mètres plus haut. Quelques skieurs regardent de loin, sans oser trop s’approcher. Eric, un médecin du pays, est à côté. Je m’approche et lui demande s’il y a du monde dedans.



C’est pendant que je regarde que mugit mon portable.



À la cantonade, je pose la question. Une adorable brunette répond que, du tire-fesses voisin, elle a vu que la cabine tombait, et qu’elle croit, sans en être tout à fait certaine, qu’il est possible qu’il y ait quelqu’un dessous. Un homme d’âge respectable.



Voilà l’hélico du secours en montagne.



Un autre hélico. La gendarmerie. C’est Nono qui pilote. Gendarme débutant, il s’amuse à rédiger comme autrefois : subséquemment, nonobstant… Son surnom vient de là. Avec lui, il y a Patrick. Ils s’approchent, regardent, se regardent. J’imagine le rapport qu’ils taperont bientôt, de leurs doigts plus aptes à décapsuler les canettes et déshabiller les cannettes qu’à frôler les touches du clavier d’un Packard Bell.



Il ne perd pas la tête, Nono. Il montre les cabines, toujours à l’arrêt, là-haut.



J’appelle le responsable, je lui dis de ne remettre en marche que lorsqu’on le lui demandera. Au moment d’embarquer dans l’hélico, je me souviens de la divine brune. Je la montre à Nono.



Il lui fait signe de s’approcher, et lui dit qu’elle ferait mieux de déchausser, car elle n’est pas tellement d’aplomb sur ses skis.



Elle y passera, et aussi à la casserole, la nuit entière en garde à vue, la ravissante ! Heureux Nono !


Au sommet, je fais fermer la piste noire. Les skieurs emprunteront la rouge. Nono prend mon portable et appuie sur la touche « bis ».



Les premiers n’ont rien compris, ils grommellent que c’est nul, tout ça, que rien ne marche, que c’était mieux avant, et ils s’en vont. Salut ! Les vrais témoins seront ceux qui étaient derrière la cabine qui s’est désolidarisée de l’ensemble. Les voici.


Il s’agit d’un jeune homme et d’une jeune femme, qui s’approchent de notre groupe. Ils sont un peu débraillés, ils ont les lèvres gonflées et les yeux qui brillent. Nous les regardons sans parler. Ils semblent émus, mais pas vraiment tristes. Nono leur fait signe d’attendre et demande d’abord à ceux qui les suivent s’ils ont quelque chose à dire.



Ils filent sur la rouge, l’homme aux allures de pharaon encore une fois derrière sa tellement désirable épouse. Mais loin derrière. Quant aux suivants, ils n’ont rien vu donc rien compris.



C’est la fille qui parle la première.



Ils sont partis les premiers. Nous avons vite compris qu’ils sympathisaient pour de bon. Nous nous sommes embrassés, nous aussi. Quel bonheur quand tout s’est arrêté ! J’ai vu qu’ils se déshabillaient, devant. Nous avons fait comme eux. Le vent balançait la cabine. Thierry a posé son blouson par terre, je me suis allongée dessus. Nous avons très vite trouvé le rythme. Le câble montait et descendait…



Pendant qu’elle parlait, un journaliste, responsable de la rubrique « Poésie sulfureuse et cryptogames phalloïdes » à L’Écho des Vallées Pubiennes s’est approché. Le subtil a compris qu’il s’était passé quelque chose.



À la mairie, je couche Sylvie sur la moquette et mes idées sur le papier. Après un passage obligé chez Ségo qui, en grognant, corrige une faute d’orthographe et supprime trois points de suspension, je frappe à la porte du bureau du sénateur maire, qui lit mon texte et me le rend avec un profond soupir en disant que j’ai de toute évidence besoin de repos.


Mon papier, le voici.


Il est possible de tirer profit de l’évènement. Je propose les actions suivantes :



Mon texte était peut-être perfectible. J’ai une vision trop angélique de l’humain, et surtout du féminin. J’aurais peut-être mieux fait d’axer mon propos sur le fait qu’on pouvait, dans notre splendide station, se débarrasser à l’aise d’un mari trop jaloux, d’un amant fatigué, ou de toute autre personne encombrante. Ensuite, bel et bon avocat, l’assurance paierait. Indemnité de conséquence, limousines et palaces pour la madone des slaloms…


J’avais en outre négligé un point important. En bas, sous la cabine ? Cette fois, l’homme d’âge respectable s’en était bien tiré. Le bolide s’était écrasé à deux mètres de lui, qui avait poursuivi son chemin, paisible et chantonnant. Il en avait vu bien d’autres et rêvait d’un voyage au Québec ! Mais par la suite ? N’ouvrir la piste noire qu’aux candidats au suicide ? Equiper les cabines d’amour d’un haut-parleur diffusant quelque requiem de Wagner ? Car tout Wagner n’est à mes yeux, mes oreilles y étant rétives, qu’un tonitruant requiem.


La question ne se pose plus, hélas, car le sénateur maire a préféré se passer de mes services. Il avait méprisé ma prose, j’en fus vexé, le ton monta. Le thon aussi, sa secrétaire, qui fit venir deux policiers municipaux, qui me livrèrent à deux infirmiers balèzes qui me jetèrent dans un fourgon qui me conduisit ici.


D’emblée, j’y suis Le Prisonnier. Cherchant à m’évader, je salue tout un chacun d’un faussement cordial « Bonjour chez vous ! » Mais un méchant docteur n’est pas dupe, il m’enferme et m’entrave dans la toile rude d’une camisole de force. Au vrai, il me reproche surtout d’avoir courtisé son adjointe, jolie comme un coeur. Une lutte sourde s’engage entre nous. Il me fait boire ce produit de contrebande qu’on nomme bromure. Je deviens bénin, on me détache. J’abreuve alors les plantes vertes du gros rouge de mon verre et jette toutes leurs pilules. De flasque mon sexe redevient sceptre, le maréchal a retrouvé son bâton. En un tour de main, je me satisfais comme je peux, seul dans ma cellule, en songeant aux petites fées dont je suis douloureusement privé.


Par bonheur, comme je parais tout à fait calme, l’odieux Cerbère qui me surveillait est remplacé par de jolies infirmières. Je les lutine, ces petites fées. Elles ne s’en plaignent pas, mais le méchant docteur nous surprend et revoilà la camisole ! Les filles, nues sous leur blouse blanche, voient bien que ma verge va finir par faire un trou dans cette foutue toile, tellement je les désire.


Une mignonne fend enfin mon armure, avec ses dents ! Ensuite elle use de ses mains, de sa bouche et, sans me détacher, l’adorable perverse s’empale en disant que je suis sa divine momie. On finit par me détacher. Les fées entrouvrent pour moi leur blouse pour de langoureux blues préludant à de somptueux ébats dans la cellule capitonnée.


Entre toutes, celle que je préfère est Véronique. Ses seins sont arrogants, ses fesses superbes. L’ensemble est sublime, noir sous sa blouse blanche. Ses lèvres sont roses, cependant. Roses aussi sa langue, ses tétons et ses secrètes ouvertures. Aucune ne m’est interdite. Depuis que je la connais, je bande en permanence. C’est ma divine afrodisiaque.


Elle n’est pas jalouse, et me prête volontiers à ses collègues. Voici mon délicieux harem reconstitué ! Je nage dans le stupre, mon bonheur est absolu. Mais un jour le méchant docteur me surprend à jouer à lui avec Martine, son adjointe, la délicieuse rouquine. Fou de jalousie, il ordonne qu’on aille chercher la camisole. Mais toutes les gentilles fées viennent me prêter main forte, et c’est lui qui est entravé et jeté dans une cellule.


Depuis que je le dirige, cet asile est un paradis. Le dément qui prétend en être le vrai patron fait bien rire tout le monde. Martine et moi lui rendons visite, parfois. Il est attaché solidement, car nous savons que la force des fous est parfois surprenante. Martine ôte lentement sa blouse. Mes lèvres parcourent la moindre parcelle de son corps. Je mordille la pointe de ses seins, j’aspire son clitoris tout mignon, j’explore de la langue la suave fissure, juste dessous, qui s’humidifie très vite. Martine me supplie de venir en elle, mais je lui dis d’attendre. Elle prétend alors que je vais la rendre folle. Fébrile, elle me caresse, s’agenouille, gobe mon sexe majestueux. Parfois, je condescends enfin à la pénétrer. Synchrones, ses gémissements et les hurlements de rage de son ancien patron scandent mon infatigable et puissant va-et-vient. Mais souvent il me plaît de les frustrer tous les deux, pour les punir d’avoir été amants. J’appelle Véronique, que je nique sous leurs yeux. Ils écument de rage.


Une chose m’inquiète, cependant : Martine et Véronique balbutient dans mes bras de plus en plus souvent les mots de l’amour fou, et me parlent de vacances de neige.



Référence et révérence à Lise-Elise, texte 10128, Giusepe, texte 10167, Ptolémée, texte 10098. C’est en les lisant que l’idée m’est venue d’écrire ce conte de fées d’hiver. La lecture des forums m’a aussi donné quelques idées.