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n° 10412Fiche technique11248 caractères11248
Temps de lecture estimé : 7 mn
11/05/06
Résumé:  Que fait ce monsieur tout nu sur cet ordinateur ?
Critères:  h hépilé piscine gymnastiqu travail exhib photofilm hmast
Auteur : Lise-Elise  (J'aime pas les photos !)            Envoi mini-message
Terrain de chasse

Terrain de chasse. La piscine, d’abord. Hors période scolaire. Il n’est pas un pervers, la preuve, il ne va à la piscine que lorsque les gosses n’y sont pas. Un bon plan, la piscine. Facile. Anonyme. Il ne prend pas d’habitudes, change régulièrement. Il ne veut pas qu’on le reconnaisse. Si elles le savent, ce n’est pas drôle. Il faut qu’elles l’ignorent. D’abord, il nage. Il enchaîne les longueurs, les plongeons. Il sait qu’elles le matent. Toutes. Les mamies qui pédalent dans le petit bassin, les mères de famille au cours d’aquagym, les étudiantes. Il sent leurs regards glisser sur lui comme les gouttes d’eau. Lui ne les regarde pas. Il ne veut pas de contact. Aucun. Pas de complicité.

Elles peuvent se faire plaisir. Le corps épilé, totalement, mais elles ne le savent pas encore, sculpté, modelé. Une anatomie magnifique. Ça se mérite. Il le mérite. Il ne fait pas semblant dans le bassin, ni dans les salles de sport. Il sent ses muscles chauffer, de plus en plus. Il ne se laisse pas en repos avant de sentir les crampes. C’est la règle. La récompense, c’est après l’effort. Toujours.

Quatre-vingt longueurs, aujourd’hui. Il termine par une pointe de vitesse. Enclenche le chrono. Son record est de 37 secondes. Sans le mollusque gras qui lui coupait la route, il se surpassait.

Ses oreilles bourdonnent. Il n’entend plus les gloussements des filles. Il sent la fatigue. Il titube un peu en sortant, reprend son sac. Il boit, mange une barre de céréales. Du sucre, de l’énergie. Il lui en faut. Pas pour la suite, il sait qu’il en aura, mais pour après encore. Il arrache son bonnet de bain, ses lunettes. Il trouve ça laid, ce morceau de plastique rosâtre, mais le chlore, ça ne pardonne pas. Il s’essuie, méticuleusement. Il savoure. Il anticipe. À la piscine il n’est jamais déçu.


Terrain de chasse. La salle de sport. L’odeur de sueur, les hommes qui font des concours. Ça le dégoûte. Il vient le matin, le cours de step niveau débutant pour les femmes au foyer. Développé couché, travail à la presse, mais pas trop. Il ne veut pas ressembler à ces pédés gonflés aux stéroïdes. Cardio, vélo d’appartement. Il met la difficulté maximum. Il n’y va pas souvent. C’est dur. C’est bien. Il connaît le rythme du cours, à côté. Il arrête dix minutes avant la fin. Pour être prêt. Le club de sport, c’est un pis-aller. Les femmes papotent entre elles, elles passent même parfois sans le voir. Et puis, c’est plus complexe. Pas de douches collectives. Il faut trouver le bon angle. Et ça coûte cher. Il ne veut pas qu’elles le reconnaissent. Une fois il s’est fait calculer. « Merde, v’la l’aut’pervers ». Elle s’était pas regardée : avec des cuisses pareilles, le caleçon orange, c’était du terrorisme. L’idée que ça recommence lui fait perdre momentanément ses moyens. Mais il n’a pas le choix. Les vacances scolaires, il fuit les bassins. Trop de mômes. La preuve qu’il n’est pas ce qu’elle a dit. Jamais il ne fera ça devant un gosse.


Terrain de chasse. Les campings. Mauvais plan. Les clubs échangistes. Glauque. Les saunas. À vomir. Les camps de nudistes. Frustrant. Personne n’irait mater un type à poil, seul. Enfin si. Il a horreur des tantes. C’est viscéral. Les vrais pervers, ce sont eux.


Terrain de chasse. Internet. Mais non. Il veut savoir. Il veut voir leurs sourires, leurs grimaces. Leurs rougeurs. C’est ça qui le fait bander, le fait jouir. La webcam, c’est un œil sans cerveau. Il sait qu’on le regarde mais il ne sait pas qui. L’idée que des mecs se branlent devant son joli corps le fait gerber. Pas moyen de vérifier. Même les pseudos ne veulent rien dire. La moitié des tarés qui s’astiquent le manche en matant Internet donnent un nom de nana. Et puis merde. Il a besoin de voir. Qu’on le traite d’exhibitionniste, après ça.


La piscine, c’est le top. Il se repose un peu, se lève, va vers les douches. Le mieux, ce sont les douches mixtes. Des fois, il y a un type qui se savonne, alors il va pisser en attendant. Pas d’homme. C’est une règle. L’autre, c’est pas trop de monde. Une fille, deux, ça passe. Trois ça devient dangereux. Au-delà, c’est un truc à se retrouver devant un maître nageur furibard, en train d’expliquer que la vioque a mal vu. Mais deux, c’est bien. Le mieux, c’est deux copines. Parce qu’il y en a toujours une qui reste, et du coup l’autre ose pas se tirer. Il a le temps de les observer. Il n’est pas difficile. Ce qu’il veut c’est qu’elles réagissent. Il aime celles qui se détournent, celles qui rougissent. Il aime, par-dessus tout, celles qui matent. Un coup à jouir tout de suite, sans même y mettre la main. Celles qui partent, il aime moins. Il les enregistre pour ses rêveries solitaires. Il les imagine, fascinées, comme les papillons autour d’une lampe, qui tournent autour de lui, autour de son sexe bandé. Un de ses meilleurs souvenirs, c’est cette grosse rousse qui s’est écrié « putain, qu’elle est belle ! ». Il était parti tout de suite, d’un coup.


Il n’y a personne. Ni homme ni femme. Il se prépare. Il ne peut pas se permettre de fermer les yeux, c’est dommage. Parfois il aimerait savourer la montée du plaisir. Mais c’est antinomique. S’il est sûr qu’on va le regarder, il s’excite moins. Le truc, c’est de ne pas savoir. Et le risque.

Il entend deux filles glousser. Ça commence. Ça vient. Elles arrivent. Il attend qu’elles s’installent, la serviette accrochée au sec, le shampooing sorti. Il s’amuse de leurs contorsions. Il parierait bien que la brune retirerait son maillot s’il n’était pas là. L’autre a les cheveux couverts de mousse, maintenant. Il bande à en péter son slip. Il faut qu’il la sorte, maintenant. Il le fait. Il se masse lentement en les regardant. Elles n’ont pas vu encore, elles discutent. La petite rince ses cheveux, se frotte le visage, et le voit.

Elle crie. Un piaillement aigu. L’autre s’exclame « k’es-ce’ta ? », et se retourne. Estomaquée. La bouche ouverte, comme si elle allait l’avaler. Et la première, les mains devant les yeux, doigts écartés la petite cochonne, elle n’en perdra pas une miette.


Le seul problème, c’est l’après. Laver sa main gluante, vite, avant qu’elles ne réagissent. Se carapater, attraper le sac, gagner une cabine. Une fois ça fait, plus d’inquiétude. Personne n’est capable de reconnaître, sous le costard cravate, l’apollon qui s’est astiqué sous les douches.


C’est un bon jour. Tant mieux. Mi-juin, c’est fini. Les élèves de collège, libérés, envahissent les bassins. Plus moyen. Même nager devient difficile.


Mais cette année, l’été va être suave. Parce qu’il a chopé un truc. Simple, en fait.


Terrain de chasse. Le bureau.


Il prend les photos. Il a essayé la webcam, au départ, mais le résultat est laid. Pas fait pour ça. Il achète un appareil numérique. Un beau, avec une télécommande. Il a passé une excellente semaine à prendre des photos. Un pied d’enfer. Il sait qui va les voir. Il sait qu’il les verra les voir. Il anticipe. Il fait traîner les choses. Soigne. Il achète un projecteur, pour la lumière. Des filtres. Il est sûr que là, il tient l’idée. Meilleure encore que la piscine. Il recadre, retouche, met en scène. Il surfe sur Internet pour trouver des idées. Il est fier. Ses réalisations sont plus belles que tout ce qu’il peut voir ailleurs. Tout seul, il a fait un travail de pro.


Il commence timidement. Sexe au repos, cadré au plus près. Mignon, imberbe. Envoyé d’une adresse fictive sur la boîte mail de la secrétaire de l’accueil Toutes les adresses sont sur le même modèle, un jeu d’enfant à faire.

Il ne la voit pas, il l’entend.



Son sexe se tend un peu dans son slip. Elle a pris à témoin la fille de la compta. Sa prochaine victime. Huit photos. Un puzzle, en noir et blanc. Un morceau par jour. Posté d’une autre adresse, évidemment.



Décharge sèche, brutale. Cette jolie petite black vient de lui causer un plaisir dont elle n’a pas idée.

Il continue. En gradation. Il bombarde tous les services, les uns après les autres. Il vient retirer des dossiers un peu partout, pour voir leur tête. La grosse Christiane, est-ce que c’est à cause de son cul qu’elle fait la gueule ? Et Marilou qui a l’air rêveuse, c’est sa belle bite qui la fait fantasmer, peut-être. Il a cessé d’être en retard. Sa réputation de tire-au-flanc en prend un coup. Pas grave. Ça ne durera que le temps de l’été. Il sait trop bien que s’il joue trop longtemps, elles seront vite blasées.

Il s’en fout. Il va terminer en apothéose. Lui, en pied, tête coupée, bien sûr, en train de jouir en direct. Il a galéré comme un fou pour la prendre, cette photo. Fallait choper le bon moment. Celle-là, il l’a gardée pour la bonne bouche.


Il entre dans le bureau. Sonia, la secrétaire, lui fait un clin d’œil. Il est sûr que c’est pour le féliciter de ses bons résultats du trimestre qu’elle l’a appelé. L’excitation l’a dopé, il a explosé ses ventes dans cette période pourtant morne.

Madame Deloraine est assez froide. Mais ça, c’est habituel. Elle l’invite à s’asseoir. Lui demande :



Il fait le modeste.



Elle a un sourire bizarre.



Il ne comprend pas la remarque. Pas tout de suite. Il regarde sa montre, puis la directrice. Une belle montre. De marque. Chère. Waterproof. Il ne l’enlève jamais, ou presque. Pas même à la piscine. Pas même pour….

Il comprend.



Il hoche la tête, déglutissant difficilement. Bien sûr, il conçoit.


Il aura le temps, entre démarches administratives et petites annonces, d’imaginer madame Deloraine, les cuisses grandes ouvertes, talons plantés sur le bureau directorial, lui et sa montre affichés grand format sur son ordinateur.