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Temps de lecture estimé : 28 mn
24/05/06
Résumé:  Nouvellement promu à la direction d'un service, Simon se retrouve confronté à une affaire d'espionnage aux conséquences inattendues.
Critères:  fh frousses rousseurs collègues caférestau fsoumise fdomine hdomine exhib hmast cunnilingu pénétratio aliments attache policier
Auteur : Mandragore      Envoi mini-message
Ethique de travail

Il était à peine entré dans son bureau que le téléphone sonna.



Simon ouvrit le tiroir en question pour y découvrir une chemise moyennement remplie.



Irrité, Simon ouvrit le dossier. Il était dans un autre service avant de recevoir cette promotion. Il connaissait donc fort peu Boilard. À peine l’avait-il rencontré à quelques occasions. Il lui était apparu comme une personne désagréable et peu fréquentable. Si le déplaisant personnage n’avait aucune raison de lui en vouloir, il était par contre bien dans son style de le laisser se débrouiller avec un dossier pouvant produire de nombreuses complications.

Sur le dessus des documents, il trouva d’abord quelques photos. On voyait sur la première une jeune femme faisant des photocopies. Puis un gros plan des documents qui sortaient de la photocopieuse. Puis la même jeune femme, en compagnie d’un homme, une première fois à un café, et une seconde fois en train de donner une mallette au même homme sur une place publique.


Les documents qui suivaient éclaircissaient peu à peu le contenu des photos. On y trouvait des précisions sur les documents photocopiés, bien reconnaissables, grâce au gros plan. Le rapport d’un détective privé indiquait clairement l’homme qu’elle rencontrait comme étant un employé d’une compagnie concurrente. On retrouvait également un relevé de transaction, obtenu dieu sait comment, indiquant le virement par l’individu en question d’une somme importante au nom de Véronique Crozon.

Suivait d’ailleurs le dossier complet de l’employée Véronique Crozon. Munie d’un CV remarquable et bardée de lettres de recommandations, elle avait fait son entrée dans la compagnie deux ans plus tôt. Compétente, elle avait été en charge de plusieurs dossiers de grande importance. Elle était passée, comme tous les employés de son niveau, par l’assermentation obligatoire la contraignant à conserver la confidentialité de l’ensemble des recherches effectuées par la compagnie.

Le pire suivait : le rapport d’une enquête menée par une société privée spécialisée en sécurité informatique relevait plusieurs comportements irréguliers dans les activités informatique de la jeune femme. Plusieurs envois de dossiers par courriel à son domicile, ce que les mesures sécuritaires proscrivaient formellement. L’habile piratage auquel elle s’était livrée pour contourner le protocole de sécurité du réseau de la compagnie ne laissait aucun doute sur ses intentions : on ne se livre pas à pareille manipulation uniquement pour pouvoir travailler à la maison. Pour parachever le tout, la même compagnie fournissait la copie de courriels suspects échangée entre l’ordinateur privé de la jeune femme et celui de l’employé du concurrent.


Simon revint aux premières photos. Des photocopies, à l’heure de la technologie numérique, ça paraissait incongru comme méthode d’espionnage. Mais les mesures de sécurité les plus sévères concernaient justement ces technologies. Un coup d’œil à la date des clichés, puis il fouilla un peu le dossier. La coïncidence était là où il l’avait attendue : une note de service signalant le bris et la réparation de la photocopieuse le lendemain. Ces engins, à cet étage, conservaient une trace de chacune des utilisations qu’on en faisait… le bris tombait fort à propos. Probablement un sabotage, conclut-il.

Après quelques heures à examiner tous les détails, Simon referma le dossier, soucieux. Un cas évident d’espionnage industriel. Pas exactement le genre d’affaires qu’il avait souhaité pour son premier jour à la direction de ce service. « Le dossier est complet » avait dit Boilard, « il ne reste qu’à l’envoyer au patron ».

Simon vérifia la datation de chacune des pièces du dossier. La plus récente y avait été ajoutée trois mois plus tôt. Il n’y avait certes aucune preuve directe, mais les preuves circonstancielles étaient amplement suffisantes. Trois mois d’attente, pour un dossier complet et de toute évidence urgent. Il y avait anguille sous roche. Deux hypothèses pouvaient expliquer cette attitude. La première, c’est qu’accuser la jeune femme d’espionnage entraînerait des complications que le vieux renard avait préféré laisser à son successeur. Il préférait ne pas penser à la seconde.


Il appela sa secrétaire, demandant à ce que Mlle Véronique Crozon vienne le trouver à la fin des heures de bureau. Il allait la confronter, recueillir sa version, le seul élément qui manquait au dossier, et aviser.

Cette histoire le rendait nerveux. Toute la journée, il ne fit que guetter le passage du temps à sa montre.

Enfin, les quelques coups qu’il attendait retentirent sur le bois de sa porte. Il alla ouvrir lui-même. Mlle Crozon était là. Jetant un coup d’œil à l’extérieur, il eut confirmation que Mme Lançon, sa secrétaire, avait déjà pris congé. Si cela n’avait pas été le cas, elle aurait annoncé l’arrivée de la nouvelle venue.

Il recula de quelques pas pour laisser entrer cette dernière. Du premier coup d’œil, elle l’impressionna. Par sa taille d’abord : sans talons hauts, elle le dépassait légèrement. Par ce qu’elle se tenait bien droite, sans raideur. Par le regard direct que posaient sur lui ses yeux verts. Et finalement par l’allure professionnelle qu’elle avait avec son tailleur élégant sans vulgarité, sa jupe descendant à mi-mollets, ses cheveux roux remontés en chignon.

Pour Simon, le détail qui fit accélérer les battements de son cœur, ce fut les taches de rousseurs qui parsemaient son nez, ses joues, son cou.

Il l’entendit à peine lui demander les raisons de cette convocation.

Se raclant la gorge, il se tourna vers la chemise du fameux dossier, qui reposait sur son bureau.



Il entendit un hoquet. Il se retourna. Elle avait posé les yeux sur la chemise, et elle avait pâli. Sa poitrine se souleva sous l’effet d’une profonde inspiration.



Le cœur de Simon fit un bond dans sa poitrine. Non qu’il n’y ait pas songé, l’espace d’un instant, en la voyant apparaître devant lui… mais il n’avait pas planifié d’en venir là.

Il la regarda à nouveau, plus intensément. Elle se tenait droite, distante de lui d’à peine un pas. Elle ne bougeait pas, restait offerte à l’examen. Ses yeux verts le fixaient avec hauteur, soupçon de fierté chez cette femme qui venait de lui offrir sa soumission. Cela l’excitait.

Simon avait toujours fantasmé sur la domination. Les mots de Véronique « Je ferai ce que vous voulez » se répercutaient dans sa tête. Son sexe était dressé d’envie.

Cette superbe femme le fascinait. Avant qu’il ne se soit rendu compte de ce qu’il faisait, il avait franchi le peu de distance qui les séparait. Presque collé contre elle, il inclina la tête vers son cou, hésitant encore à la toucher. Elle sentait bon. Son parfum, légèrement piquant, l’enivrait, il sentait qu’il allait perdre la tête. Il en tremblait de désir.

Ses lèvres effleurant à peine la peau de la rousse, il remonta, lentement, le cou, jusqu’à l’oreille, qu’il voulait embrasser, la racine de ces cheveux roux qu’il voulait sentir et caresser. Il revint vers la joue, comme suivant un chemin tracé par les taches de rousseurs.


Derrière des paupières mi-closes, les yeux couleur émeraude de Véronique guettaient sa progression. Elle attendait, sans protester, qu’il aille plus loin.

Lorsqu’il effleura ses lèvres, il la sentit tressaillir.

Simon s’arracha au charme. Il recula précipitamment, avec maladresse. Il détourna les yeux, vit le dossier sur son bureau. N’osant même le toucher, il le désigna d’une main tremblante.



Il lui tournait carrément le dos. Il n’osait imaginer sa réaction. Elle ne disait rien, en tout cas. Etait-elle surprise ? Ses lèvres se retroussaient-elles en un sourire dédaigneux ? Il entendit des pas derrière lui, il devina plus qu’il ne vit sa jolie main se tendre.

Il voulait qu’elle lui caresse la nuque. Il voulait qu’elle descende le long de son corps, qu’elle plonge dans son pantalon et qu’elle lui saisisse la queue. « Je ferai ce que vous voudrez. » Il entendait encore ces paroles distinctement, il avait la bouche sèche rien que d’y penser. Mais il n’allait pas dire un mot.



Embarrassé, il retourna s’asseoir derrière son bureau, marchant de côté pour dissimuler l’érection qui déformait son pantalon. Il bafouilla quelques syllabes sans significations avant de mettre assez d’ordre dans ses idées.



Il trouva enfin la force de lever les yeux vers elle. Elle avait une expression neutre, celle d’une joueuse de poker qui a une main gagnante. Ou peut-être celle d’une joueuse de poker qui a une mauvaise main. En tout cas, celle d’une joueuse de poker qui s’interroge sur le jeu de son adversaire : tout ce qu’on pouvait deviner sur son visage, c’était qu’elle était – peut-être ! – intriguée.

Elle sortait quand il la rappela :



Elle sortit.



Elle le fixa encore une fois de ses yeux verts ensorcelants. Et cette fois, elle sourit :



Elle semblait avoir fini lorsqu’elle ajouta :



Œil qui lui décocha un clin.

Cette fois, elle partit pour de bon, le laissant seul, à bout de souffle, l’érection toujours vigoureuse dans son pantalon. Il retournait un petit détail dans sa tête, sans arriver à décider s’il n’était que le fruit de son imagination : avait-elle, lorsqu’il lui avait tourné le dos, ajusté sa tenue pour en montrer un petit peu plus ? Elle lui avait semblé plus provocante.

Et d’ailleurs, maintenant qu’il était seul, on aurait pu douter même que cette entrevue s’était déroulée. Rien dans la pièce ne rappelait plus que Véronique s’y était trouvée un instant plus tôt. Rien, sinon un léger parfum qui flottait toujours dans l’air.


Il dévala les marches. Quatre à quatre. Pas question de prendre l’ascenseur, il avait besoin de bouger. Au diable ces contrôles de sécurité à tous les étages ! Au diable cette tension à l’entrejambe, bien peu pratique pour courir ! Au diable, elle lui rappelait que ce n’était pas vraiment de courir, dont il avait besoin !

Surtout, il nourrissait l’espoir de croiser la jeune femme à sa sortie de l’ascenseur. Que ferait-il alors ? « Faites ce que vous voulez. » Il était en sueur. Il l’était avant même de s’être mis à courir. Il l’était encore plus maintenant. Sa chemise lui collait à la peau.

« Faites ce que vous voulez. » Il n’en avait plus les moyens. Il avait eu la force – la faiblesse ? Aucune certitude à ce sujet, surtout maintenant – d’y renoncer. Le visage grave, arrondi, de la jeune femme lui revenait en mémoire, à chaque seconde. Ses lèvres, roses, pleines. Ses joues légèrement relevées. Ses taches de rousseurs.

« Faites ce que vous voulez. » Il la menacerait d’appeler la sécurité. Elle avait encore le dossier avec elle. Elle ferait ce qu’il veut. Il la repousserait dans l’ascenseur, ils s’y bloqueraient. Il l’embrasserait goulûment sur ces lèvres qui le hantaient. Il lècherait ce cou parsemé de rousseurs qu’il n’avait fait que humer. Il remonterait cette jupe trop longue, glisserait une main dessous, caresserait ses fesses de l’autre. Que portait-elle dessous ? Diverses images de strings coquins se succédaient rapidement dans sa tête. Il aimait la lingerie fine, ça l’excitait.

Premier étage, enfin. Il était à bout de souffle.

La réalité reprenait ses droits. Rattraper un ascenseur en dévalant les escaliers ? Et puis quoi encore ? Surtout après le long moment d’hésitation qui l’avait saisie avant de se précipiter. Quatre, cinq minutes complètes ? Bien assez pour qu’elle disparaisse sans laisser de trace.

Son sexe déçu se calmait dans son pantalon. La demi-érection qui restait ne tendait plus sa braguette. Heureusement, car le garde de sécurité regarda bizarrement ses vêtements trempés de sueur, ses cheveux en bataille, la teinte rouge qui lui était montée au visage.

Pourrait-il rattraper Véronique avant qu’elle n’arrive à sa voiture ? Il y renonça. Mieux valait que les choses restent en l’état. Maintenant qu’il retrouvait ses esprits, il frémissait à l’idée de ce qu’il s’était senti capable de faire à peine un instant plus tôt.

Simon était un homme scrupuleux. Il était fier de sa moralité.


Au volant de sa voiture, Simon sentait toujours son bas-ventre protester, réclamer soulagement. Une odeur emplissait son nez, qui n’était ni celle de sa propre sueur, ni celle de la ville. Son cœur battait vite. Ses muscles étaient tendus.

La circulation était bien dense ce soir. Etait-elle toujours ainsi ? A cette heure ? Impossible, n’était-il pas déjà tard ? Un coup d’œil à l’horloge radio le détrompa. L’heure de pointe s’achevait, mais n’était pas finie. Un coup d’œil au ciel lui apprit que le soleil ne faisait que commencer ses adieux. Le ciel était encore assez clair, il se teintait tranquillement de jaune. La circulation était toujours aussi dense. Il devrait peut-être essayer un détour… une idée stupide s’il voulait rentrer chez lui.

Il ne voulait pas rentrer chez lui. Il étouffait. Il avait besoin d’air. De femmes.


L’Amandine était toujours aussi plein. Il se remplissait très rapidement, dès le début de la soirée. Simon y était un habitué. Il aimait l’ambiance, la lumière tamisée, la musique originale mais toujours entraînante. Il aimait la clientèle. Pas seulement les femmes : il s’était aussi fait de bons amis de beuverie, ici. Et de bons contacts professionnels. Mais c’était quand même surtout les femmes qui l’intéressaient. Surtout ce soir.

La brune Claire était de service ce soir. Elle le salua dès qu’elle le vit. Guère plus, les barmaids étaient très sollicitées à cette heure. Pour les consommations, s’entend. Pas le temps de se faire draguer. C’était l’heure où des clients pressés voulaient une fête de six heures en une seule. Les tournées s’enchaînaient. Et pourtant Claire trouva bien un moment pour lui adresser quelques mots.



Pas trop envie de parler de ce qui c’était passé plus tôt. Claire rigola de sa réponse.



Elle sourit à peine. Elle s’était déjà détournée pour servir des clients plus impatients que jamais. Il ne calcula plus le temps. Il avait de l’aisance quand il dansait. Il dansa d’abord avec une belle blonde, sur les hanches desquelles il laissa volontiers balader ses mains. Puis avec une autre blondinette, qui lui adressait de grands yeux étonnés d’on-ne-sait-quoi. Elle avait un petit quelque chose d’excitant. Comme toutes les filles, ce soir. Autour de lui, des hommes le regardaient avec hostilité. Preuve de son succès…

La petite blonde, profitant d’un temps de distraction, s’éloigna. Trop timide, sans doute. Il n’avait que faire des timides, ce soir. Où était donc passée la première ? La question ne se posa pas longtemps, car il trouva une grande brune aux cuisses dénudées, bien à son goût. Il parvint même à lui voler un petit baiser, se délectant du goût de pêche qu’avaient ses lèvres. « Attends-moi une minute, je reviens », lui glissa-t-elle à l’oreille. Ennuyant. Mais celle-là, il pouvait bien l’attendre.


« Hep ! » une main lui tapa sur l’épaule. Claire. Elle avait l’air furieuse. Bizarre, elle l’avait pourtant déjà vu draguer des dizaines de fois. Depuis quand était-elle jalouse ? « Qu’est-ce que tu as, ce soir ? » Elle criait presque, et ce n’était pas seulement pour couvrir la musique. « Tu fais peur aux filles ! Non, mais tu te rends compte de quoi tu as l’air ? D’un prédateur ! » Elle l’aurait giflé, il aurait préféré.

Elle le prit délicatement par le bras, une lueur de pitié dans les yeux. Ses beaux yeux bleus. Elle l’entraîna doucement vers la sortie. Le contact de sa peau était doux. Mais les paroles qu’elle lui avait assenées avaient été une véritable douche froide.

« Un comportement pareil, alors que tu n’as presque rien bu… je ne t’ai jamais vu comme ça, mon pauvre. Ta belle brune s’est plainte. », lui apprit-elle. « Pas bien fort, mais tu incommodes tout le monde, ce soir. Tu ferais mieux de partir avant que ça ne tourne mal. Et prends une putain de douche froide quand tu seras arrivé chez toi ! »

Et puis elle l’abandonna dans la fraîcheur de la nuit naissante avec un petit signe de la main. « Allez, au plaisir de te voir dans ton état normal ! »


Les quartiers chauds. Les filles peu vêtues arpentaient les trottoirs. Talons très hauts, jupes très courtes, strings visibles, vêtements moulants, brillants, corsages échancrés. Pas la première fois que Simon passe par ces rues, mais c’est bien la première qu’il regarde aussi attentivement. Qu’il roule aussi lentement. Jamais il n’avait eu recours aux services d’une professionnelle. Et ce ne sera pas encore ce soir, résolut-il.

Les sourires aguicheurs semblaient légion, ce soir. Ces filles-là, au moins, ne le prendraient pas pour un maniaque. Elles en avaient sans doute vu de vrais. Lui, il était seulement un homme dans un état d’intense excitation. Ou alors ? Un léger doute très désagréable l’assaillait. Extrêmement désagréable.

Et pourtant, ces longues jambes… ces poitrines offertes. Vulgaires, certes… pourquoi les clients des putes recherchaient-ils autant la vulgarité ? Ces sourires soulignés à gros traits par le rouge à lèvres. Ces dents blanches… ces moues de suceuses. Il roulait lentement.


Il y avait deux filles, là, semblables aux autres. Mais superbes avec leurs crinières blondes. L’une portait du cuir rouge. L’autre un justaucorps aux reflets argentés. La première, dans le dos de la seconde, caressait négligemment les fesses de celle-ci. Puis elle remonta vers les hanches, le ventre, les seins. Elle les prit à pleines mains, les pétrit à travers le vêtement. Toutes deux le regardaient du coin de l’œil.

Il s’était complètement arrêté. Juste devant elles. Il bandait… dur. Et si… ? Après tout, pourqu… la fille qui se faisait caresser les seins tourna la tête vers lui et le regarda avec un sourire de mangeuse d’hommes. L’espace d’une seconde, ils se regardèrent droit dans les yeux. Ils étaient verts, d’un vert diabolique. Simon sentit toute salive déserter sa bouche. Sa queue cherchait la liberté à travers sa braguette. Il ne comprit jamais le mouvement suivant qu’il fit.

Il écrasa l’accélérateur. Non, il ne comprendrait jamais ce réflexe. Mais était-il seulement en état de savoir ce qu’il faisait ? Il n’avait pas bu, mais c’était tout comme. Il était ivre, ivre d’un désir qui lui faisait peur.

Il freina en catastrophe. Il avait failli renverser un piéton, client potentiel des belles. Car Simon ne serait le client de personne ce soir. Il accéléra à nouveau, fuyant les tentatrices.


Son lit était bien vide. C’était presque un soulagement. Il se caressait savamment, jonglant avec les images de la soirée. Il repoussait celles de Véronique. Trop dangereuses. Il se remémora ses doigts courant sur les hanches d’une belle blonde. Les mouvements lascifs des filles qui dansaient à l’Amandine. Des déhanchements excitants. Et puis les grands yeux de la petite blonde. À la façon curieuse dont elle le regardait… « Faites ce que vous voulez »… et puis ces belles cuisses bronzées, celles de la belle brune… il repoussa cette image aussi… « Elle s’est plainte »… la voix de Claire. Ses mèches bleues. Un goût de pêche dansait toujours sur ses lèvres. Le plaisir courait sur son sexe, de la base jusqu’au gland, sans discontinuer. Le mouvement de sa main s’accéléra. Toujours, quelque part, ces scrupules qui voulaient éloigner ses mauvais comportements. Il n’y avait eu que cela, semblait-il, ce soir… mais ce n’était tout de même pas sa faute si les deux putes s’étaient exhibées… il les imagina aller plus loin. Nues, ou presque. Se léchant les seins. La raie des fesses. S’agaçant l’abricot. Et puis ces yeux… verts… l’image de Véronique ressurgit. Les yeux verts, elle aussi. Des taches de rousseurs tout le long du cou. Des lèvres sensuelles… il explosa.

Un instant plus tard, il dut se rendre à l’évidence… il était toujours aussi excité. C’est presque en se traînant qu’il se rendit à la douche. « Prends une putain de douche froide ! » L’eau froide jaillit. Mordante, presque sensuelle. Mais elle finit bientôt, tant bien que mal, par refroidir son corps.




De la veille, au moins, l’excitation incontrôlable était bien partie. Des images, des souvenirs sensuels, auxquels s’ajoutaient les fugitifs souvenirs des rêves érotiques qui avaient agités son sommeil, venaient bien troubler sa quiétude, mais il avait suffisamment la tête froide pour donner le change. Professionnalisme avant tout. L’histoire du dossier avait occupé toute la journée de la veille, alors que c’était son premier jour à ce poste, que ce dossier n’avait aucune existence officielle et qu’il avait fait en sorte que personne n’en entende parler. Autant dire qu’il n’avait rien fait.

Toute la journée, il mit donc les bouchées doubles. Il tenait à se faire bien voir. Il devait livrer un travail impeccable. C’est donc quasiment avec acharnement qu’il abattit son emploi du temps. À l’exception de la dernière heure de travail. Après l’arrivée du billet.


« Je réalise que je ne vous ai même pas remercié pour la générosité dont vous avez fait preuve à mon égard. J’aimerais me rattraper en vous offrant le dîner au resto, ce soir. »


L’heure et le nom du restaurent était indiqués, comme s’il n’y avait aucun doute sur la réponse qu’il ferait. Et la signature, évidemment : « Véronique ».

Cette Mlle Crozon est dangereuse, pensa-t-il. Une espionne, à la solde de la concurrence. Prête à tous les sacrifices pour ne pas être démasquée, pensa-t-il… un dégoût nouait son estomac à l’idée de ce que son prédécesseur lui avait fait faire. Il s’intima un peu de sang-froid. L’imagination, dans ces cas-là, rendait toujours les choses pires qu’elles n’étaient. De toute façon, il devait se méfier de cette femme, de l’évident ascendant qu’elle avait sur lui. Ça aurait pu être le contraire, lui dit, amère, une insidieuse petite voix. Vraiment ? lui répliqua une autre part de lui-même.

Garder un œil sur elle. C’est bien ce qu’il lui avait dit.

Mais aussi… garder ses distances.


Le restaurent était luxueux. Le salaire de Véronique le lui permettait. Le sien aussi, d’ailleurs, mais il était l’invité. Quand elle se leva de table pour l’accueillir, il retint sa respiration. Ecarlate, sa robe mettait parfaitement en valeur ses formes désirables. Des seins pas bien gros, mais bien moulés. Le galbe en était timidement révélé par une échancrure, dont les pans étaient sagement boutonnés vers le bas. La longue jupe fendue laissait deviner une belle cuisse que ne recouvrait ni bas ni collant. Elle portait à nouveau un chignon, mais cette fois il était plus élaboré. Cette tenue était à elle seule un remerciement éclatant.

Et ce sourire ! pour la première fois, elle lui adressait un vrai sourire. Enjôleur.

Elle a décidément trop d’ascendant sur moi, pensa Simon.

Elle avait de la conversation, en plus. Elle savait éviter de discuter directement boulot hors des heures de travail, même avec un homme dont elle ne connaissait rien. Et éviter de parler trop directement de la veille. Mais elle avait aussi un sens aiguë de l’ironie : elle discutait éthique de travail.



Il était décidé à maintenir une certaine distance dans la conversation. Pour cela, il lui était reconnaissant d’en être restée au vouvoiement.



Elle s’interrompit, le temps que le serveur apporte leurs plats. Il n’osait poser de question. Il avait bien choisi son moment, celui-là.

Elle profita de l’interruption pour tendre la main vers un porte-document qui reposait au pied de sa chaise. Pour en sortir un certain dossier.

Elle le posa sur un coin de la table, pendant que le serveur disposait les assiettes entre eux. Il fit diligence. Le silence qu’ils avaient adopté depuis son arrivée était assez éloquent : on désirait son départ.

Simon, quant à lui, gardait les yeux fixés sur l’étiquette, bien reconnaissable, de la chemise qu’il avait souhaité de plus jamais voir.



Elle le glissa dans le porte-document de Simon, au pied de sa propre chaise.

Elle le fixait de ses yeux verts, inhumains.

Simon avala sa salive. Il prit quelques bouchées, mastiqua lentement en évitant de la regarder. Il ne prit la parole que lorsqu’il fut certain de se contrôler :



Sa voix était rauque.



Silence.



Par flash, avec précision, lui revinrent en mémoire les images du scénario qu’il avait élaboré la veille. L’ascenseur bloqué, la jupe remontée sur les fesses de Véronique, sa bouche contre ses lèvres, ses doigts caressant d’autres lèvres.



Peine perdue : face à ce regard, sa voix tremblait.



Elle l’entendit. Elle eut un discret sourire, porta à sa bouche un morceau de lasagne. En dame distinguée, elle prit la serviette pour s’essuyer la bouche d’une main, tandis que l’autre s’affairait derrière la serviette. Un instant plus tard, le creux de ses seins, offert aux regards, taquinait encore davantage sa curiosité.



Elle croisa les bras sous la poitrine et s’étira longuement, langoureusement. Ses seins semblaient prêts à sortir de son corsage. Quand elle en eut terminée, Simon ne manqua pas de remarquer la bordure de ses mamelons, prêts à se libérer de la gangue de tissu qui les retenait encore.

Elle le regardait toujours aussi directement. Cette fois, ses yeux verts pétillaient de malice. Elle semblait le défier d’aller plus loin.

L’idée de lui faire retirer sa culotte lui titillait l’imagination. Au lieu de quoi, il se rabroua.



Drôle de question. Il était terrifié et il avait de bonnes raisons de l’être. Pas question de l’avouer par contre. Et des nombreuses choses qu’il s’était interdit de faire ce soir, c’était bien la seule dont il était sûr de pouvoir s’en empêcher.



Au moment même de dire cela, la question lui vint à l’esprit : les choses s’étaient-elles passées ainsi pour ce dernier ?



Elle bomba le torse, les yeux de Simon furent à nouveaux hypnotisés par ces mamelons qui ne demandaient qu’à être mieux vus. Ce galbe, cette fermeté, ces rousseurs !



La question lui fit jeter un coup d’œil vers son porte-document. Il savait ce qu’il devait faire. C’était une évidence. Mais il avait des raisons, au niveau du bas-ventre, de douter de l’évidence. Un grand effort de volonté le décida pourtant à…



Furieux, il la fixa.



A cet ordre, elle lui parut se détendre. Elle prit la petite branche de persil qui traînait dans son assiette, la porta à sa bouche. La huma. Quelques petits coups de langues vers les feuilles pour les débarrasser de la sauce.

Les choses avaient été différentes pour son prédécesseur, pensa soudain Simon. Elle jouait le jeu de la soumise pour le séduire… mais la veille, elle avait blêmi en voyant qu’il était en possession de ce moyen de la faire chanter. Son antipathie pour Boilard redoubla.

Cependant, Véronique passait sa langue sur ses lèvres, attentive à la réaction qu’elle provoquait.

Il était toujours furieux. Furieux de son assurance, du dilemme devant lequel elle le mettait.



La surprise qu’il lut dans ses jolis yeux fut pour lui un délicieux triomphe. Elle hésita.



Une seconde passa, puis une autre. Puis elle obéit. Ce n’était peut-être pas très sexy, mais cette fois, elle était vraiment embarrassée. Elle dut tirer sa robe vers le haut pour refermer le corsage. Le geste attira brièvement l’attention de quelques clients.

Elle attendit la suite, dans l’expectative. Elle semblait avoir tout prévu, sauf qu’il lui demande d’être moins aguichante.



C’était bien de l’incertitude qu’il lisait sur son visage ? Il ne savait pas s’il parvenait à garder une expression neutre, mais il constata avec satisfaction que ses mains ne tremblaient pas quand il se leva et qu’il se détourna.



Il retint son souffle en entendant cela. Comme elle perdait de l’assurance, lui en gagnait. Il lui jeta un coup d’œil négligeant.



Cette fois, elle ne contrôlait plus du tout le ton de sa voix. Et quelque chose d’inattendu en ressortait, indéfinissable, comme un grondement rauque. Il en resta interdit.



Qui domine qui, se demanda-t-il ? Il se posait la question confusément depuis le début de cette soirée. Il abaissa le regard sur la poitrine de son employée : sa respiration rapide trahissait la colère et le stress que le visage s’efforçait de dissimuler.



Il lui avait ordonné de garder le silence durant le trajet. Il voulait en profiter pour essayer de remettre de l’ordre dans ses idées. En vain. Il sentait ces yeux verts diaboliques le fixer. Du coin de l’œil, il devinait sa cuisse nue, qu’elle avait mise bien en évidence. Finalement, le silence s’était révélé plus oppressant qu’autre chose.


Le dossier reposait sur la table de chevet, rappel obsessif de ce que la situation avait d’anormal. La jolie femme n’avait pris aucune initiative coquine. Pas de baiser, pas de vêtement glissant au sol, ni de caresse. Mais ici, un effleurement qui avait toutes les apparences d’être accidentel. Mais là, un déhanchement désinvolte qui mettait en valeur sa croupe. Elle semblait attendre les ordres. Mais elle leur pavait le chemin.



Il en avait envie, pourtant. Terriblement. S’éloignant, il tendait l’oreille, s’attendant presque, dans le silence complet qui régnait, à entendre les froissements soyeux du tissu glissant au sol. L’idée même de ce son l’excitait.

Quand il revint, il tenait un bout de ficelle et une bouteille de vin. Il s’immobilisa face au spectacle qui s’offrait à lui. Véronique s’était faite Vénus.

Debout, croisant les jambes comme une statue de la déesse, elle resplendissait au milieu de la chambre. Après les milles promesses de ses discrètes exhibitions, elle exposait ses formes avec une sensualité redoublée.

De la robe étalée sur le sol, le regard de Simon remonta sur les talons et les chevilles, glissa impatiemment sur les mollets, puis les cuisses, s’attarda enfin sur le string humide. Courant le long de sa peau blanche, il se rassasia ensuite de la vision offerte par cette poitrine qui l’avait tant aguiché. Guidé par les rousseurs qui y naissaient, il retrouva rapidement les lèvres, cette fois retroussées en une moue coquine. Et ces émeraudes, toujours aussi perçantes, aussi étincelantes.


Elle avait croisé les mains derrière la nuque, puis posé ses doigts délicats sur les aiguilles qui maintenaient son chignon en place. Elle haussa un sourcil interrogateur. Il secoua la tête. Il aimait voir sa nuque bien dégagée.



Laissant sa coiffe intacte, elle plongea ses doigts sous le bout de tissu, le fit descendre sur ses hanches en ondulant doucement du bassin. Révélant une toison aussi rousse que sa chevelure. Luisante.



Il fit un petit signe de dénégation, maintenant juste à côté d’elle. Il l’embrassa. À peine eut-il le temps de goûter ses lèvres qu’elles se dérobèrent. Dans les yeux verts dansait une lueur malicieuse.



Posant une main sur la nuque de Véronique, il l’attira à elle. Une seconde, il sentit une résistance. Puis elle céda. Elle ne l’embrassait que des lèvres. La langue faisait barrage à l’entrée de sa bouche. Consciencieusement, Simon se fraya un chemin, luttant et léchant. Comme sa langue glissait entre les lèvres de Véronique, elle commença à la suçoter.

Il sentit Véronique poser une main sur son pantalon, caressant son érection à travers, tandis que l’autre main cherchait à s’introduire à l’intérieur. À regret, il s’arracha au baiser et, d’une secousse, la fit tomber à la renverse sur le lit.

Il s’assit à califourchon sur elle et se pencha en avant.



Il se releva, la faisant lentement se retourner. Il lui caressa le creux des hanches, les cuisses, et glissa les doigts dans sa fourrure. Elle mouillait plus que jamais. Il retira sa chemise.

Il alla prendre la bouteille de rosé. Véronique en profita pour se redresser. Elle était agenouillée dans le lit, invitante et provocatrice.



Et il glissa ce dernier dans sa bouche, leva la bouteille. Il vit sa gorge se contracter… une gorgée… deux… trois… il continuait à lever la bouteille. Il la vit écarquiller les yeux, perdre contenance.



Une quatrième gorgée, mais la panique commençait à se lire sur son joli visage. Simon se dit qu’il n’allait pas supporter longtemps ce manège. Il leva encore la bouteille. Elle secouait la tête, semblant refuser d’en avaler plus.



Elle bloquait sa gorge. Ses joues étaient gorgées de vin, sa bouche en débordait. De longs filets rosés coulaient le long de son cou, glissaient contre ses seins. Enfin, il lui retira la bouteille de la bouche et la posa à côté du lit. Elle était vidée du tiers.



Elle lui cracha le tout à la figure. Son visage dégoulinait de rosé.



Un instant choqué, il eut envie de rire. Un rire difficile à réprimer. Il pouffa à plusieurs reprises avant d’y parvenir, de peine et de misère.



L’idée sembla lui plaire. La lueur qui dansait au fond de ses yeux s’était rallumée, tandis qu’elle rapprochait son visage du sien. Elle commença curieusement par lui embrasser le nez. Puis l’œil gauche, dont elle fit précautionneusement le tour avec le bout de la langue. Les lèvres posées sur ses sourcils, elle aspira la moindre goutte de vin. Sa langue agile parcourut une à une chaque partie de son visage, joues, menton, front. Les lèvres nécessitèrent plusieurs allers et retours. Elle alla recueillir les gouttes qui s’étaient égarées sur le lobe de son oreille.

Terriblement excité, lui la caressait partout où ses mains pouvaient aller. Il agaça le nombril, titilla les mamelons. Sur une impulsion, il décida de retirer, une à une, les épingles qui retenaient le chignon de la belle. Sa crinière retomba en désordre, et il plongea les mains avec plaisir dans cette abondante splendeur.



Elle n’oubliait pas, descendant le long de la mâchoire pour embrasser et lécher et mordiller le cou. Qu’elle s’en enivre ! pensa-t-il.



L’entreprise fut difficile. Le bouton semblait indélogeable malgré les multiples tentatives de Véronique. Elle trancha le problème comme un nœud gordien, en arrachant carrément l’indésirable avec les dents. Plus douce avec la braguette, elle la saisit entre les dents et la baissa, non sans quelques efforts. Simon acheva lui-même en débarrassant pantalon et slip, libérant son sexe dressé comme jamais il ne l’avait été.



Il se saisit de la bouteille. Il en prit une petite gorgée, puis en déversa une bonne quantité sur les seins et le ventre de la rouquine. Reposant la bouteille sur le sol, il se pencha ensuite pour aller laper le rosé qui avait été recueilli dans le creux du nombril. Véronique se cambra sous l’effet de ces agaceries. Consciencieux, il en fit ensuite le tour, s’attardant sur les hanches, se rapprochant puis s’éloignant du bas-ventre.

Il se redressa pour la contempler. Elle gémissait de désir. Sa respiration rapide faisait tressauter ses seins encore trempés de vin. Il allait se pencher pour les nettoyer à leur tour quand elle le saisit entre ses jambes et, d’un brusque coup de reins, renversa la situation.


Dressée au-dessus de lui, elle le fixait toujours avec cette expression de défi qu’elle lui adressait à répétition. Sourire aux lèvres, elle commença à onduler du bassin, frottant sa flamboyante toison au membre dressé de Simon. Il crut sentir une décharge électrique lui traverser le corps quand le clitoris gonflé rencontra son gland tout aussi gonflé. Lentement, elle enduisait son membre de cyprine.

Indomptable ! pensa-t-il, en proie à un intense plaisir. Même les mains liées dans le dos, elle arrive encore à lancer défi sur défi.

A le transpercer avec ce regard désormais un peu hagard, mais toujours si tranchant.



Elle se pencha et déposa l’un de ses seins trempé de vin dans sa bouche. Il le suça, l’embrassa à pleine bouche. Il nettoya frénétiquement le mamelon, puis le reste, puis il saisit l’autre sein qu’il suça avec la même délectation.

Dans le même temps, il tendit une main vers l’entrejambe de Véronique, où il saisit entre deux doigts le clito. Il le frotta entre ses doigts, tandis qu’il léchait toujours ses seins. Elle faisait entendre des halètements rauques, de plus en plus fréquents.



Il glissa un doigt, puis deux, dans sa fente, le pouce s’occupant toujours du clitoris.

Il fit tourner ses doigts à l’intérieur de ses doux replis.



Il se redressa, la renversa de nouveau. Quand elle se retourna face à lui, il tenait à nouveau la bouteille de vin en main.



Il glissa à nouveau l’un de ses doigts dans la chatte brûlante. Puis un autre, prenant son temps pour élargir l’ouverture. Véronique le regardait faire en gémissant. Et puis lorsque ce fut avec quatre doigts qu’il massait son intérieur, il retira la main et y substitua le goulot.

Il ne restait plus qu’un fond de vin. Deux doigts de vin. Soulevant le bassin de sa partenaire, il éleva encore plus la bouteille. Les deux doigts de rosé se déversèrent dans la fontaine. « La dernière goutte. » chuchota-t-il. « La goutte de la vieille fille, selon la tradition. Que se passe-t-il si elle se perd en toi par ces chemins inhabituels ? » Elle lui fit un sourire torve.

Débarrassant la bouteille, il plongea vers ces lèvres débordantes de deux savoureux liquides. Il lapa le vin à nouveau, et fouilla les chairs de sa langue, tandis que Véronique gémissait de plus en plus fort. Il revint lécher le clitoris, puis replongea la langue entre ces lèvres qui ne lui offraient aucune résistance. Et encore, et encore. Et il n’y tint plus.

En la prenant par les épaules, il la redressa. Il la conduisit sur son membre dressé et s’enfonça en elle. Il glissa sans difficulté dans ses profondeurs humides, et ils crièrent de concert. Il retint sa respiration un moment dont la longueur lui échappa, tentant de contrôler encore l’orgasme qui menaçait. Et accélérait la cadence de ses va-et-vient, frénétiquement, comme si sa vie en dépendait. Le plaisir se propageait dans tout son corps. Le seul son qu’il entendait était les cris de jouissance de sa partenaire, qui occultaient les siens. Il était grisé des effluves du vin, de la sueur de Véronique.

Il explosa en elle.


Elle reposait dans le creux de ses bras, les mains toujours attachées dans le dos. Elle avait les yeux fermés et sa respiration était régulière. Dormait-elle ? Comment savoir, avec elle ?



Il ignorait si elle entendait. Elle n’en donnait aucun signe. Ses paupières se fermèrent. Il s’endormit.




Samedi matin. La matinée était bien avancée quand Simon se réveilla. Véronique n’était plus dans le lit. Pas un son dans la maison. Les vêtements de Véronique avaient disparu. Sur une table, il trouva des ciseaux et le bout de ficelle avec lequel il l’avait attachée.

Il revint vers sa chambre. Son regard se posa sur le fameux dossier, reposant toujours sur la table de chevet. Il y avait une note dessus.


« Rappelle-toi bien qu’avec ceci, tu peux toujours me faire faire ce que tu veux. V.

PS : la prochaine fois mets les ciseaux plus près du lieu de nos ébats, ce sera plus pratique quand je devrai repartir le lendemain. »


Il eut un rire nerveux. Et puis revint à l’objet de ses préoccupations : ce fichu dossier, qui allait désormais lui empoisonner la conscience. Il le prit, entreprit fébrilement de le feuilleter.

Une liasse de feuilles blanches s’en échappa. Rien d’autre.

Un rire fusa de sa gorge, clair, franc. Un rire de soulagement, libérateur, salvateur. Se laissant retomber au milieu de ses draps, il rit tout son saoul, à en perdre haleine. Et quand enfin les derniers hoquets se tarirent, il se sentait léger, léger !

Sa vie allait sans doute être bien compliquée ces prochains temps, mais il était sûr d’une chose.

Il était amoureux.