n° 10504 | Fiche technique | 7829 caractères | 7829 1285 Temps de lecture estimé : 6 mn |
10/06/06 |
Résumé: Vers où déborde l'imagination d'Elsa ? | ||||
Critères: #fantastique f bizarre voiture odeurs | ||||
Auteur : Armel (Libertin sentimental) Envoi mini-message |
Sur l’écran à fond sombre, Elsa dessina à l’aide d’un stylo optique la première chose qui lui passa par la tête. Il s’avéra que cette vague idée se concrétisa sous la forme d’un engin motorisé qui ne ressemblait à aucun autre, mais tout droit issu de ses désirs inconscients. Elle se dit un instant que les fantasmes liés aux bagnoles, c’était plutôt l’apanage des mecs, mais cela ne lui déplaisait pas.
La forme oblongue particulièrement marquée trahissait ses préoccupations du moment. Elle ne dessinait pas seulement avec son esprit, mais également avec son ventre empli d’un grand vide depuis trop longtemps. Cela restait néanmoins innocent en apparence : ce n’était qu’une voiture, après tout. À quoi pouvait bien ressembler l’intérieur ? On n’en voyait rien.
Mais Elsa avait un don : tout ce qu’elle imaginait se matérialisait aussitôt dans sa réalité, tout près d’elle. Elle quitta l’écran et constata que cette faculté ne l’avait pas quittée en apercevant dans la rue, garée devant sa porte, le véhicule suggestif. Quelque peu inquiète de ce que les voisins allaient pouvoir penser, elle prit très vite la décision d’y pénétrer et de l’emmener vers d’autres horizons.
L’habitacle était plutôt dépouillé. Elle n’y avait encore rien mis en dehors d’un petit ordinateur de bord qui n’attendait que ses propositions pour y installer l’habillage et les options.
Cela prit forme. Alors qu’elle faisait vrombir le moteur et qu’elle sortait des rues trop familières, le tableau de bord, les sièges, le volant et tout le nécessaire revêtirent un aspect du plus psychédélique, au gré de sa fantaisie. Tout adopta des couleurs vives, des formes et des matières inhabituelles pour un tel objet, contrastant avec la couleur sombre de la carrosserie. Les rondeurs et le moelleux prédominaient.
Elle ne savait pas où elle allait et il lui semblait qu’elle ne faisait qu’un avec la voiture. Les vibrations remontaient lentement des innombrables petits canaux à fluide qui irriguaient son corps et sa libido. L’odeur indéfinissable qui régnait n’arrangeait rien. Elle ne lui était pas inconnue. Dans cette ambiance, elle se laissa presque aller à une torpeur dangereuse pour une telle situation.
Lâchant le volant, elle remarqua avec stupeur que ce n’était plus elle qui dirigeait. La machine menait désormais les opérations. Elle s’engagea sur une autoroute quasi déserte qui se déroulait vers un infini rectiligne. Curieusement, elle ne ressentait aucune angoisse, au contraire. L’agréable langueur d’un instant auparavant refit son apparition. Tout s’adaptait parfaitement à son humeur. Il lui sembla que les coussins du siège prenaient vie. Ils s’appliquaient subtilement à épouser les formes de son dos, de ses reins, de son fessier qui irradiait. Comme le fantôme d’un ancien amant, il savait précisément où presser, où caresser pour mettre en marche la mécanique familière de son désir, un corps dans un corps.
Le volant se dota alors de mains aux doigts préhensiles qui s’emparèrent de sa poitrine. Ils en amenèrent les pointes à une turgescence des plus indécentes, puis glissèrent le long de la peau électrique des globes. Les seins arborèrent leur fermeté des plus beaux jours.
Elle gémit et s’en remit complètement à son acceptation de la féerie rocambolesque. Le pare-soleil s’ouvrit, et elle put ainsi voir dans le miroir qui l’ornait sa jupe se relever sur son bas-ventre. Ses jambes s’écartèrent instinctivement pour laisser apparaître sa toison sombre et épaisse. La fièvre montait tandis que dehors le décor défilait. Elle partait vers des endroits parfaitement inconnus jusqu’alors.
L’assise de son siège devint un organe sensible et humide. Elle vit émerger des lèvres de son sexe entrouvert, par en dessous, le bout rose d’une langue patiente et inquisitrice. Elle glissait dans tous les replis bouillants de son entrecuisse, répondant à ses envies secrètes et inavouées. L’indiscrète n’épargna aucun orifice, d’abord légère, puis de plus en plus insistante.
Elsa ondulait sous ces caresses obscènes et son bassin provoqua d’un mouvement l’intrusion dans le premier passage, puis dans l’autre. Elle alternait les plaisirs. Le premier orgasme la prit avec violence et le moteur s’emballa, passant à la vitesse supérieure.
Le système de ventilation s’était mis en route et la fragrance revint. Cette fois-ci, elle la reconnut : un relent fort et prononcé de luxure et de fornication.
La ceinture qu’elle n’avait pas remarquée jusque là s’incarna en autre chose qu’un organe de sécurité. Elle se mua en une verge démesurée, satinant la peau d’Elsa de l’onguent luisant qu’elle secrétait. Elle s’enroula autour d’elle, entourant sa taille, son ventre, son torse, pour finalement présenter à la bouche déjà ouverte sa tête couronnée de pourpre.
Ainsi possédée, Elsa se laissa aller à l’extravagance. Les spasmes la prirent. Ce qu’elle avait pris pour une langue tout à l’heure se révéla être un autre sexe mâle s’enfonçant au-delà de ses espérances. Il envahit presque tout son être, tenta de rejoindre sa réplique au cœur de sa poitrine soulevée par les râles étouffés. Son corps se soulevait à chaque poussée, au comble du bonheur.
Sa main ne se posa pas sur un levier de vitesse, mais sur un troisième vit raidi à souhait qui n’attendait plus que cela pour manifester son ardeur. Elle émit quand même un cri sous l’effet de cette nouvelle surprise. Sous sa caresse frénétique, un flot blanchâtre en jaillit, inondant le bras d’Elsa. Ce fut comme un signal pour les coulisseaux de velours enfouis en elle. Ils déversèrent leur semence en longs jets continus, les mains pressant ses seins avec tant de force que quelques gouttes de laitance s’en échappèrent, sans douleur, avec la sensation de ce corps toujours contre elle.
Les muscles de sa bouche et de son sexe distendus sur les chairs luisantes, elle se laissait remplir avec délectation, les yeux écarquillés, le nombril palpitant.
La voiture atteignit alors une vitesse vertigineuse et disparut vers des horizons hors de portée, inconnus…
Elsa venait de terminer son récit sous les regards médusés de son auditoire. La stupeur mit de longues secondes avant de se muer en une gêne muette et désarmée.
Durant la narration, Elsa ne s’était pas départie de son expression ingénue de jeune fille en fleur. Elle parcourait maintenant des yeux tout le parterre de cette séance de psychanalyse de groupe, en arborant un sourire fin et rayonnant, alors que tous les visages composaient la palette complète des plus profondes interrogations. Elle semblait ne pas percevoir l’impact de son récit, en toute innocence.
Le psychanalyste lui-même se sentit obligé de se racler la gorge pour sortir de cette situation.
Il tentait désespérément de dissimuler la bosse exubérante de son entrejambe en se tortillant sur sa chaise.
Cette réplique était sortie spontanément de la gorge du spécialiste, accompagnée d’un petit éclat de rire sec et nerveux. Elsa se leva.
Personne ne répondit. Elle sortit de la salle en se déhanchant plus que de raison dans sa petite jupette bariolée tendue sur un fessier des Mille et Une Nuits.
Sur le trottoir, elle s’étira sous le soleil de printemps. Non loin de là l’attendait une voiture aux reflets d’anthracite, d’un modèle inusité. Elle sortit des clés de son sac à main, s’installa au volant et disparut en un clin d’œil, avec son engin, des rues encombrées de la ville.