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n° 10517Fiche technique10933 caractères10933
Temps de lecture estimé : 7 mn
13/06/06
Résumé:  Les tourments d'une jeune femme.
Critères:  fh amour revede nonéro
Auteur : Emotion  (J'ai 23ans émotive sensible aimant l'écriture.)            Envoi mini-message
Douce insomnie

Elle attendait patiemment que le marchand de sable égrène sa douce poussière sur ses paupières. Les sentir lourdes, se fermer puis se laisser aller dans les bras de Morphée.


Pourtant, elle ne cessait de tourner dans son lit trop grand pour elle car vide. Il manquait son autre, celui qui de son épaule rassurante, l’aurait emmené bien plus loin encore. Dans ce monde où le rêve fait partie de la nuit mais aussi du jour, il est réalité.


Rien n’y faisait, elle était torturée. Elle voulait dormir, ne plus penser. Mais son esprit en avait décidé autrement. Durant de longues heures, ces réflexions, ces idées s’entremêlaient, s’entrechoquaient dans sa tête, jouant aux auto-tamponneuses. Une douleur pour elle qui n’aspirait qu’à se détendre, se reposer, oublier.


La pauvre, elle ne le méritait pas pourtant. Toute la journée, elle faisait son possible pour sourire, écouter les autres, satisfaire besoins et envies de ses clients. Elle se donnait sans relâche.


Mais c’est lui qui l’empêchait de dormir. Elle le maudissait dans ces instants, c’est lui qui la retenait, lui qui suspendait son sommeil.


Pourquoi ne l’avait-il pas appelé, pas même un simple mail. "Bonjour mon BB, je te souhaite une bonne journée. Bisous" Elle n’attendait rien de plus que le signe physique qu’il pense à elle. Cela résonnait en elle, ne comprenant pas et se posant mille questions. Des idées saugrenues envahissaient son esprit comme "Il avait eu un accident et perdu la mémoire" ou encore "il en avait rencontré une autre" ou "il s’était moqué d’elle".


Ces versions auraient pu être crédibles pour d’autres hommes, pas pour lui. Il n’était pas lâche, il aurait su trouver les mots, s’il ne voulait plus lui accorder une place dans sa vie. Mais là, c’était le néant, aucune réponse, la porte ouverte à tout, au meilleur comme au pire.


Le plus dur aurait été de ne plus avoir de nouvelles, c’est ce qu’elle vivait. Pourtant cela ne faisait qu’un week-end, mais une éternité pour elle. Même son travail était moins appliqué, car elle y pensait. Que fait-il de si important pour ne pas envoyer ce petit mot qui ne prend que deux minutes ? Son travail, ses amis, sa famille, un week-end en vacances et il ne l’avait pas prévenu.


Dans son esprit tortueux, elle imaginait même les pires stratagèmes de sa part. Il la testait. C’était un challenge, savoir comment elle tient à lui ou encore si elle céderait la première pour avoir des nouvelles. Non, elle ne céderait pas. Pourtant durant cette nuit, elle s’est levée maintes fois, allant devant son écran, prête à écrire mais non, rien ne sortait. Puis elle retournait se coucher.


On aurait pu croire à de la fierté mal placée, c’est lui qui craquera. Mais non, c’était la peur qui s’emparait d’elle. Malgré ses mots doux, sa façon de la surnommer « Mon BB », « Ma puce » et même une fois « Ma Chérie », elle ne voulait y croire. Comment on pourrait l’aimer elle, se disait-elle. Certes elle se trouvait gentille, et jolie mais cela n’était pas suffisant pour gagner le cœur d’un homme surtout celui de cet homme.


Au mieux, elle voyait qu’il lui concoctait une surprise. Il aimait la surprendre, elle rêvait déjà d’une invitation à un voyage, ou encore mieux une proposition concrète de leur vie de couple. Pour l’instant, ils en étaient toujours au flirt d’adolescent, des petits rendez-vous, des appels, des sorties. Mais elle voulait plus, une vie de couple une vraie, où on partage le quotidien pour les bons et les moins bons moments. Cette idée l’enchantait, elle s’y voyait déjà.

Elle rêvait de leur grande maison, leur chat. C’était très cliché comme désir, sûrement qu’elle confondait avec une de ses séries télés avec une famille modèle.


Malgré ces quelques pensées, le sommeil ne venait toujours pas. Morphée ne voulait-il donc pas d’elle au pays des songes ? Pourtant elle fantasmait sur cette vie à laquelle elle aspirait. Mais, comme une violente claque la réalité lui revint en pleine face. Elle était seule dans son lit. Elle faiblit devant cette réalité.


Ses yeux ont commencé par briller, puis se sont embués de larmes, pour enfin lâcher la pression et pleurer de tout son corps, de toute son âme. Elle se libéra, se vida pendant de longues minutes. Ce n’était pas des sanglots mais des larmes tout en retenue, avec de longs soupirs. Il lui était si difficile de se laisser aller. Elle voulait tout maîtriser, sentiments émotions. Mais c’était peine perdue elle était humaine si humaine. Elle refusait de le voir, mais l’évidence était là, il lui manquait, elle l’aimait.


Ce n’était pas un amour de petite fille avec un cœur d’artichaut voyant en chaque homme un potentiel prince charmant. Non, son amour était profond. Elle aimait ses qualités, ses valeurs et même ses défauts, chose très rare surtout en début de relation.


A ce moment là, elle pleurait car enfin elle osait s’avouer qu’elle était amoureuse. Il n’était plus seulement cet homme avec qui elle aimait partager des moments et rêvait de temps à autre, il est devenu sa perle et son bonheur. Enfin, elle comprenait pourquoi il l’obsédait, jusqu’à présent elle le refusait, refusant tout amour, cachée sous sa carapace.


Quelques minutes plus tard, apaisée elle a réussi à trouver le sommeil et le repos. Morphée lui avait tendu les bras, c’était désormais à elle de lui ouvrir les siens sans retenue.


Comme par magie, le lendemain en consultant ses mails, une surprise l’attendait. Un mail de sa part, il avait pensé à elle « Bonjour mon BB, je pense fort à toi à très vite. Désolé j’ai pas beaucoup de temps, mon job… ». Certes c’était expéditif mais il avait pensé à elle, tôt le matin, l’esprit encore embrouillé il avait tenu à lui faire ce petit coucou.


Elle était ravie, mais frustrée que ce soit si court. Elle en voulait encore plus, et se languissait déjà leur prochain rendez-vous. La journée s’annonçait belle, un grand soleil et ses mots doux. Enchantée, c’était le mot, voir émerveillée. Il était rare de la voir si guillerette.


Mais une chose est sûre c’était bien une femme. Elle hésita un long moment avant de se décider à lui répondre, lui aussi devrait faire preuve de patience. C’était la raison officielle, qu’il soit patient, l’officieuse était qu’elle ne voulait trop montrer son enthousiasme pour ne pas qu’il se sente harcelé. Mais, dans toute son impatience, elle a seulement attendu deux petites heures avant de se jeter sur son écran.


Sa réponse, gentille mais sans trop s’avancer «Coucou, je pense à toi aussi. Bisous ».

Concis et efficace, elle ne voulait passer pour une pipelette et encore moins ce genre de femme qui sorte des lettres à l’eau de rose. Ouvrir ses bras oui, montrer toute sa fragilité, sa sensibilité non.


Pourtant elle aurait été bien étonnée de connaître ses pensées…

Lui, qui comme tous les matins de semaine s’était levé tôt. À peine le temps de prendre une douche rapide, émergé en l’espace d’un café. Il avait pensé à elle en le buvant, un léger sourire aux lèvres, elle lui disait toujours « Ce n’est pas suffisant, juste un café, tu verras si je te laisserai partir le ventre vide, moi ». Il aimait bien ce côté maternel qu’elle avait et la taquinait souvent à ce sujet. C’est à ce moment là qu’il lui a écrit ce mail, simplement pour lui dire « Je pense à toi ».


Il s’était fait beau devant son miroir car elle aimait son élégance. Alors, même si elle ne le voyait pas, lui imaginait son regard plein de désir sa cravate fétiche bleue ciel, devenue sa préférée. Elle l’obsédait aussi à sa façon. Au bureau, il se devait d’être concentré au vu de ses responsabilités. Pourtant tout homme qu’il était, nombreuses étaient les pensées coquines qui illuminaient son esprit.


Il la voulait chaque instant un peu plus fort, mais ses sentiments étaient encore confus. Lui aussi doutait, elle était si timide dans sa réserve, il ne savait pas trop ce qu’elle pensait. Si c’était seulement une aventure ou plus. L’angoisse était là, comment se jeter corps et âme quand la réciproque n’est pas évidente. Il craignait la souffrance d’une déception amoureuse, lui aussi se protégeait à sa façon.


Ils étaient comiques tous les deux, dans toutes leurs interrogations, ils en oubliaient le principal, donner, ne pas avoir peur d’aimer. Ils préféraient même s’envoyer des mails, plus impersonnels qu’un appel, où l’émotion de leurs voix les aurait trahi. Déjà en sa présence, elle avait du mal à contenir ses émotions ; souvent elle restait bouche bée, sans réponse, seules ses joues rosissaient. Il s’en amusait.


La journée passa très vite, pour elle, elle baignait dans la légèreté. Ses réflexions tordues sur ses sentiments s’étaient effacées, il pensait à elle et le criait sur les toits, nul ne pouvait l’ignorer. Elle était si rayonnante et féminine.


Mais une fois, la nuit tombée, une fois, seule chez elle …


La solitude la gagnait de nouveau. Mais elle était trop épuisée par sa journée de labeur à faire des risettes à tout va, pour sortir et s’amuser, le cœur n’y était pas.

Son envie, c’était encore et toujours lui, alors, dans un secret espoir, elle s’est connectée sur MSN. Elle n’y croyait pas et pourtant elle aperçut son pseudo, aussitôt ses yeux ont pétillé. Ce soir, elle ne savait si elle trouverait le sommeil mais en tout cas elle ne serait pas en pleurs.


Ils se sont parlé, vu, des silences rythmaient leurs entrevues. Nul besoin d’écrire, de se parler, leurs regards se perdaient dans l’autre et seul leur désir était palpable. Mais la frustration de l’écran était forte, ils devaient la contenir. Leurs propos devenaient plus sensuels et langoureux.

L’heure tardive aidant ils se sont laissés allés chacun exprimant ses désirs ses fantasmes et découvrant tour à tour le corps de l’autre dans sa nudité.


Long a été cet échange, seule la fatigue a eu raison d’eux et les a envoyé dans leur lit, les séparant. Mais Morphée a été son meilleur ami cette nuit-là, il l’a accueillie dans ses bras dès l’instant où elle s’est allongée, ultime bonheur, elle le retrouvait au royaume de la nuit, des songes et de la magie.

Féerie de ce rêve d’amour et d’eau fraîche.