n° 10534 | Fiche technique | 20719 caractères | 20719Temps de lecture estimé : 12 mn | 19/06/06 |
Résumé: Difficultés d'un papa à élever une fille capricieuse, mais délicieuse. | ||||
Critères: jeunes médical fmast pénétratio fdanus fouetfesse conte humour | ||||
Auteur : Agerespectab (Vieux schnock) Envoi mini-message |
DEBUT de la série | Série : Les chroniques de Là Chapitre 01 | Épisode suivant |
Il était une fois, dans notre beau pays, dans la plus belle province de ce beau pays, une petite ville, une bourgade, qui s’appelait Là.
Pour s’y rendre, on disait "Je vais à Là". Et on allait à Là, ce n’était pas plus compliqué.
Et quand on y était arrivé, il ne serait venu à l’idée de personne de dire "Je suis là" et par conséquent tout le monde se comprenait fort bien. C’était un temps béni.
Là était assurément la plus belle bourgade qu’on pût imaginer.
Cela pour une raison simple : ses habitants étaient heureux, et le savaient. Donc ils étaient doublement heureux.
Les femmes y étaient bien baisées, les hommes s’en portaient d’autant mieux qu’elles se montraient souriantes toute la journée, pour la plupart ; et si l’une d’elles avait la mine sombre, tous s’en inquiétaient aussitôt, mais avec discrétion, sans curiosité malsaine, seulement pour témoigner d’une solidarité de bon aloi.
Et le plus souvent, c’était bien bénin : telle avait exagéré avec la boîte de chocolats, telle autre avait mal digéré la fin du feuilleton publié dans la gazette provinciale.
Bien rares étaient les sujets de sérieuse préoccupation, bien qu’il y en eût, hélas !
La durée de vie moyenne y était de soixante années, longévité remarquable pour l’époque, mais qui ne risquait pas de mettre à mal le régime des retraites.
Les médecins n’y avaient pas bonne presse ; en ce temps-là, c’était des gens dont l’art consistait surtout à tenir de beaux discours auxquels on ne comprenait rien, et dont la conclusion, elle, était connue d’avance : le "petit mémoire", comprenez la facture, de plusieurs écus trébuchants.
Rappelons ici que l’écu trébuchant, en usage dans cette belle province, était exactement d’une demi-once cinq huitièmes, obtenu par comparaison avec une masse marquée, elle-même authentifiée par certificat d’étalonnage avec le modèle en platine iridié déposé au pavillon de Breteuil, ce qui procurait aux gens de Breteuil une manne miraculeuse puisque, bien sûr, l’opération de certification n’était pas gratuite.
Ce genre d’astuce est connu depuis la plus haute Antiquité, et l’on sait aujourd’hui que les Huns sont venus visiter notre pays pour apprendre comment rentabiliser correctement le service du Trésor, et découvrir les subtilités du circuit de certification du sesterce, frappée chez les Arvernes et convertible en francs saliens, ce qui a décidé de son énorme succès.
Toujours est-il qu’il n’y avait plus qu’un seul médecin à Là, un vieil homme que l’on ne requérait plus que pour les constats de décès.
Pour les maladies infantiles, les recettes se transmettaient de mère en fille et fonctionnaient très bien. Les affections spécifiques des femmes étaient traitées par la sorcière.
On ne l’appelait pas "la sorcière" pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, on voulait éviter de lui faire de la peine.
Ensuite Jinay, de son prénom, ne ressemblait vraiment pas à une sorcière, puisque c’était une fort jolie femme qui n’avait pas quarante printemps. Elle venait du Nord, des provinces hanséatiques, et avait acquis son savoir à Lübeck.
Son beau diplôme était affiché au mur de la salle où elle officiait, et proclamait que Mademoiselle GOLOG avait obtenu son magistère de guérisseuse de première catégorie avec les félicitations du jury ; et bien que tout cela fut rédigé dans une langue illisible, Jinay vous le traduisait bien volontiers.
Adonc si une fille ou femme disait "Je vais voir Jinay" cela pouvait signifier qu’elle avait un problème, ou bien qu’elle avait envie de bavarder, et ainsi la ville se passait fort bien de station de radio, l’information étant centralisée puis redistribuée chez Jinay.
En cette coquette cité vivait Aymard, un homme qui était veuf.
Son épouse était morte en couches et l’avait laissé inconsolable et papa d’un poupon qui n’avait pas de bicoulou, et qu’on prénomma pour cela Dominique – s’il avait eu un bicoulou on l’aurait appelé Dominique, mais au masculin.
Notre histoire commence alors que celle de Dominique a déjà dix-huit ans.
Que s’était-il passé, jusque-là, dans la vie de cette jeune fille ?
Eh bien, rien de particulier, la grubéole, un peu de brzéole aussi – on découvrira plus tard que la cause en était un virus venu de Slovaquie - deux ou trois gratouilles de l’enfance, heureusement sans séquelles, et, vers l’âge de douze ans trois quart, sa tante Josée dut lui faire un cours d’astro-sexo-biologie dans lequel le calendrier lunaire, qui trônait sur la cheminée, tenait la place centrale.
En somme, rien d’exceptionnel comme vous voyez.
Il faut vous dire qu’après la mort de sa chère épouse, Aymard s’était réfugié chez sa belle-sœur Josée, qui avait élevé la petite en même temps que ses propres enfants.
La maison était grande, Aymard et Fernand, son beau-frère, s’entendaient comme larrons en foire, bref tout était pour le mieux.
Ce jour-là, il faisait beau, et Dominique dit à son père, en prenant son petit sac pour aller travailler :
En ce temps-là, chaque année à la foire d’automne, des marchands de bonbons proposaient une friandise, une sorte de nougat ou plutôt de berlingot, enfin entre les deux, avec une forme qui évoquait irrésistiblement l’image d’une jolie chute de reins féminine, et que l’on nommait "bêtise cambrée". Les femmes surtout en étaient folles, mais pas seulement, les hommes aussi appréciaient de sucer cette friandise.
Le jeu à la mode, chez les jeunes gens était le suivant: les filles passaient à plusieurs reprises un doigt sur leur bêtise puis le donnaient à sucer au garçon qu’elles avaient choisi, lequel en fermait les yeux de bonheur, d’avoir été choisi bien sûr, mais aussi du goût très particulier de cette gâterie.
Nos jeunes avaient des goûts simples en ce temps-là, à Là.
Un gros baiser sur la joue de son papa et hop ! Elle était partie avec un grand éclat de rire.
Partie, enfin presque, car la porte qu’elle venait de claquer, se rouvrit brusquement:
Mais le pauvre homme s’égosillait en vain, elle était déjà loin.
Aymard s’en ouvrit à Josée, sa belle-sœur:
Ouvrons une parenthèse : de nos jours, on dit "serviettes et tampons périodiques".
En outre, deux manufacturiers avisés, Messieurs P & G ont ramené d’un voyage en Chine l’art de travailler la pulpe de cellulose et depuis ont fait fortune, en dépit de la concurrence farouche de U-L.
À l’époque dont il est ici question, tout textile est si cher qu’il est hors de question de le gaspiller pour un usage jetable, d’autant que le PHP – le Prévôt de l’Hygiène Publique - exige que ces déchets soient rapidement biodégradables afin d’être épandus dans les champs le plus vite possible ; les voyageurs ont d’ailleurs vanté l’agréable parfum des champs des alentours de Là.
La plus courante des garnitures de lune utilisées est le "torchon de lune", puisque, déjà, il était hors de question de mélanger serviettes et torchons ; et c’est heureux, puisque les gens de bien ne se mouchaient pas dans leurs doigts, comme les pauvres, mais dans des serviettes plus tard appelées "mouchoirs", que les demoiselles broderont, pour ensuite le laisser tomber, mais ce genre de complication hypocrite n’était pas en usage dans notre jolie bourgade.
Le torchon de lune était obtenu à partir des joncs qui poussent dans les marais et au bord des cours d’eau. Une fois coupés et liés en bottes, ils arrivaient à la manufacture où ils étaient pris en charge par les pompeuses de joncs ; ainsi appelait-on les ouvrières qui, déliant les bottes, alimentaient la pompe à joncs, machine qui séparait la feuille, destinée à la fabrication du torchon, de la tige, revendue pour les pots de fleurs et ramer les pois.
Une toute petite partie de ces tiges étaient détournées pour fesser les filles qui avaient trop joué à faire goûter leur bêtise aux garçons, ce qui les calmait pour un temps.
Les feuilles de jonc, assemblées, séchées, foulées, feutrées, coupées à bonne longueur, conditionnées ainsi par paquets de douze torchons de lune, étaient vendues soit chez les épiciers qui tenaient un petit rayon d’hygiène, soit chez l’apothicaire.
Un autre produit destiné au même usage, vient de faire son apparition : le cocon, ainsi nommé parce qu’il ressemble au cocon du Bombyx, le ver à soie, élevé en grand nombre dans une autre province de notre beau pays.
Mais la ressemblance s’arrête à l’aspect.
Ce sont en fait des sortes de bouchons, confectionnés avec une plante ligneuse, la sphaigne.
Les femmes l’utilisent en se l’introduisant dans le vagin pour en contenir les humeurs, si le temps en est venu. Pour ce faire, elles se servent de leur doigt ; si elles se trouvent dans l’obligation de procéder à l’opération pendant la messe, le dimanche matin, afin de ne pas laisser d’odeur sur les pages de leur livre d’heures, il leur est livré un truc qui remplace le doigt. Une ficelle attenante sert à se départir de l’objet pour, éventuellement, le remplacer, soit par un autre, neuf, soit par… mais c’est un autre sujet.
Pour plus d’information, si vous êtes majeur(e) : vvv /tampaksavecapplic.com
Une version bon marché est distribuée par l’épicier, mais Dominique exige que son Papounet achète cela chez l’apothicaire, on va vous expliquer pourquoi.
Voilà donc notre brave Aymard qui pousse la porte de la boutique de son ami Albert, l’apothicaire:
Gling ! la porte s’ouvre à nouveau pour Madame Lamiche, la boulangère, imposante matrone souriante – ce qui est normal si l’on songe que, quand son mari est au fournil elle adore venir se faire baiser devant le four embrasé, couchée sur une peau de mouton, et quand il a fini son travail (de boulanger) et vient se coucher dans leur chambre, ils remettent ça, et ce bon Gaspard, après avoir brassé sa pâte à pleins bras, qui empoigne les belles et larges hanches de sa plantureuse épouse et recommence le même mouvement…
Elle salue tout le monde :
Et Gling! Encore une, puis une autre, et la boutique est pleine de femmes.
Et mon pauvre Papounet, enfin je veux dire Aymard, de plus en plus embarrassé.
D’autant qu’Albert, le discret :
Cette commère d’Odile ! La belle boulangère serait trop contente de grappiller une petite information à ramener chez Jinay, ce soir ! Et les autres commères de renchérir :
Aymard est confondu par les calculs que ces propos impliquent, mais le pauvre, assailli de toutes parts par cette assemblée de femelles caquetantes, se coupe:
Le cri est général, lourd de stupéfaction et de réprobation.
Le pauvre Aymard est accablé ; il réalise enfin qu’il s’est fait avoir par ces commères, que le débat est bien parti pour devenir public, que sa fille va lui arracher les yeux dès qu’elle saura.
Heureusement qu’Albert vient à son secours:
Le mot magique.
Les commères savaient que ce mot contenait un potentiel de confidentialité, qui marquait comme une barrière infranchissable, intimant tacitement l’ordre de se taire et de laisser tomber, à leur grand regret, ce croustillant sujet de bavardage.
La belle boulangère a été servie rapidement, a pris congé très vite, et, sortie de chez Albert, se dirige en trottinant vers la salle de soins de Jinay Golog.
Elle parvient bientôt à la hauteur de la bâtisse ; sur la façade, une belle plaque de cuivre gravée:
Mlle J. GOLOG
Soins des femmes
Test de fertilité
(Méthode des températures)
Sans R-V
Frapper avant d’entrer
Odile cogne vivement à l’huis et entre sans attendre de réponse.
Sur un lit d’examen, le long d’un mur chaulé, une femme est étendue, couchée sur le côté gauche, troussée jusqu’à la taille, exhibant de belles fesses blanches et ses bas noirs retenus au-dessus des genoux par des jarretières bleues.
À l’entrée d’Odile, la femme s’est redressée vivement en tentant de se couvrir, mais Jinay, d’une tape sur la fesse, l’en dissuade :
Jinay tient un petit pot dans la main gauche ; elle y trempe son index droit, puis, ayant posé son pot, soulève une fesse et glisse délicatement le doigt huilé dans l’anus de sa patiente.
C’est à peine si les fesses se sont un peu crispées durant l’introduction, apparemment il n’y a pas de surprise, la dame est habituée.
Odile s’est approchée vivement, non pas pour voir le spectacle, banal et sans intérêt pour elle ; Jinay a retourné un petit sablier qu’elle observe en écoutant Odile :
Jinay, le doigt toujours plongé entre les fesses de sa cliente, s’est tournée vivement vers Odile, et lui fait les gros yeux. La boulangère, comprenant, s’est arrêtée net…
Personne ne lui répondant, elle prend patience ; d’ailleurs le sablier est vide, Jinay marmonne pour elle seule, s’essuie le doigt sur un clinesse, puis note soigneusement un nombre sur une tablette.
La patiente s’est redressée et s’est assise au bord de la table d’examen avec vivacité :
Une bise à Jinay, une autre à Odile, la cliente est partie.
Pour toute réponse, Jinay, d’un coup de menton, désigne son diplôme accroché au mur.
La boulangère baisse la tête en rougissant, et marmonne :
Odile a foncé tout aussi vite, mais vers la rue.
La jolie sorcière a stoppé, en entendant la porte d’entrée, puis s’est retournée avec un bon sourire ironique et un peu maternel, pour observer la fuite précipitée de la belle boulangère.