n° 10583 | Fiche technique | 10464 caractères | 10464Temps de lecture estimé : 7 mn | 11/07/06 |
Résumé: La relation entre Cara et Célia, vue par Célia elle-même. Récit-miroir de textes de Pe_Hanni. | ||||
Critères: fh extracon hotel fsodo | ||||
Auteur : Célia Envoi mini-message |
Vous demandez-vous, parfois, quelle est la différence entre faire l’amour et baiser ? Vous êtes-vous déjà demandé, peut-être, si la personne avec qui vous avez une envie intense de faire l’amour n’a pas, elle, envie de baiser ?
Ces questions ne sont pas les postulats de départ de ce que je propose de vous raconter. Ce sont juste des éléments qui, parmi d’autres, jalonnent mes pensées.
Peut-être avez-vous lu le texte récent de Pe_Hanni, intitulé « Célia, dis-le moi avec 3 doigts ». Dans la vraie vie, Célia, c’est moi. Je ne vous dirai rien de l’auteur du précédent texte… Disons que je l’ai bien connu ! Et que nous continuons, pas de nous voir, mais de nous parler, nous écrire, nous rencontrer virtuellement. C’est un peu sur tout cela que j’ai envie d’écrire… D’essayer d’écrire.
Un des lecteurs du texte de Pe_Hanni parlait de « moi », de ma version papier, comme de quelqu’un « sans âme ». Peut-être parce que ce n’est pas mon âme (sic) qui en était le sujet central ? Pardonnez-moi, je suis une fille, et chez les filles (à tout le moins), la distance entre l’âme et le cul est souvent plus courte que chez les mecs… Ou plutôt, peut-être, dans certaines situations, les filles ont parfois moins de scrupules à lier les deux ?
Bien… Assez de papotages préliminaires. Venons-en à ma version de cette histoire.
Dans la trentaine, plutôt gironde, très loin des critères communément admis de la séduction physique féminine, me voici. J’ai des rondeurs (pour mon plus grand désespoir, mais pas pour celui de nombreux hommes peut-être) ; les cheveux très longs bouclés ; une poitrine très généreuse. Après une vie sentimentale et sexuelle bien remplie et mouvementée, j’ai rencontré l’homme de ma vie, un idéal que je ne pensais jamais atteindre dans mes rêves les plus fous. Je l’ai épousé et nous vivons en plein bonheur.
En plein.
Mais voilà, avant de le rencontrer, ma route avait croisé Cara. Je ne vous parlerai ici que de ma perception de lui ; sa vision des choses est bien différente. Nous savons très précisément où nous en sommes l’un et l’autre. Pourtant, l’attirance réciproque perdure. La grande estime mutuelle aussi, je crois. Nous avons cheminé quelque temps ensemble. J’ai découvert réellement l’orgasme, la jouissance, le dépassement total du corps, avec lui.
Lorsque je l’ai rencontré, je venais de quitter mon conjoint de l’époque, et je multipliais les aventures amoureuses sans vraiment de lendemain. Je me reconstruisais une « estime de soi », après bien des frustrations. Lui était marié et père, mais pas heureux. Pas vraiment. En quête de plaisir physique, certainement, et d’échange complice, sans doute. Pour moi, le flash a été quasiment immédiat. Il m’a plu, voilà tout. Ses yeux ; ses mains ; son sourire ; et ce je-ne-sais-quoi de sensuel qui m’a attiré comme un aimant. Envie de l’effleurer, de le toucher, de le sentir contre moi, en moi. Lorsqu’il s’est approché, tout près (plus près… un peu plus près…), son odeur, son parfum, appelez ça comme vous voulez, a définitivement scellé cette attraction inexplicable. Nous avons fait l’amour, souvent, ou plus exactement nous nous sommes peu vus mais avons fait l’amour la grande majorité du temps.
Ahhh ! Mais nous revoici à ma question de départ : lorsque je faisais l’amour avec lui, le faisait-il avec moi ? Bien sûr que non. Il me sautait, il me baisait. Pas par goujaterie, pas par désintérêt. Simplement parce qu’il était (il est) hors de question pour lui de mélanger tout. Il a sa vie officielle, et ses plaisirs non autorisés. Eviter à tout prix de se faire télescoper tout cela. Bien séparer. Séparer les sentiments (ou pour mieux dire, les sentiments devant être affichés) et les plaisirs charnels. Ne pas s’y perdre.
Mais il me baisait bien. Extrêmement bien même. Certaines choses en moi l’attiraient, entre autres mes seins, mes fesses,et mon goût plus que prononcé pour la sodomie. Encore que, finalement, je me demande si ce n’est pas avec lui que je l’ai pratiquée (subie) pour la première fois ; vue la différence de sensations entre « avant lui » et « avec lui ». Je me souviens de la toute première fois. Nous étions dans un lieu à lui, c’était notre premier jour ensemble, et je l’avais supplié de me pénétrer. Il ne voulait pas. Ne pas s’investir ; ne pas entrer dans un autre corps ce jour-là. Juste embrasser, lécher, palper, caresser. Je n’ai rien dit. J’ai accepté, malgré ma grande frustration. Un peu plus tard, je me rhabillais tranquillement, lorsque je l’ai senti qui s’approchait de moi, derrière moi, qui se collait contre mon corps, qui semblait avoir changé d’avis. Oui, mais qui avait changé d’avis ? Etait-ce son âme ou son corps ? Il a descendu mon pantalon, s’est fait plus insistant. Puis ma culotte a disparu. Son sexe a pris place entre mes fesses ; je n’ai pas fait opposition. Il est entré, lentement mais très fermement, me faisant me pencher sur le bureau. Là j’ai fermé les yeux. Retour instantané de la gloire. Profite ma fille, profite. Chaque millimètre carré d’épiderme était sollicité à deux cents pour cent. Plaisir jamais atteint comme cela. Merveilleux. Intense. Va-et-vient long, décidé, viril, très fort.
Quelques jours après, il est venu chez moi. Week-end sous la couette. Ou dessus, ou ailleurs. Sexe, plaisir, désir, orgasme à volonté. Le sentir me prendre en levrette, me considérer dans ce que je peux avoir de bestial, comme « décérébré », de femelle, quelle intense jouissance. Sentir son sexe, en redemander, forcer mes fesses, ses mains sur mes hanches, savoir ses yeux qui se posent sur moi, entendre ses mots crus et graves au creux de mon oreille, quelles sensations au-delà de toutes celles que j’avais connues auparavant.
Nous nous sommes revus ensuite. Peu. Assez pour me permettre de comprendre que mes sentiments (car j’en avais de très forts) étaient illusoires, et qu’en aucun cas je n’avais le droit de m’imposer. Je suis comme ça. Si peu du genre à apprécier les diktats de l’un ou de l’autre. Donc pas du genre à en édicter moi-même. Je me suis effacée. Je me suis, plus tard mariée à l’homme de ma vie. Je le suis encore et j’en apprécie chaque instant.
Je n’ai rien oublié de cette relation. Bien trop fort pour être oublié. Mon âme est entièrement consacrée à mon mari. Seulement, mon corps a quelques besoins non assouvis, ou pas aussi entièrement qu’il le souhaiterait. Mon corps se souvient bien des sensations qu’il a éprouvées, il y a maintenant cinq ans. Il les rappelle à mon âme, qui ne sait pas trop bien quoi lui dire pour le faire taire.
Alors, avec Cara, nous nous croisons virtuellement. Dans mes rêves, dans les siens, par écrit, par téléphone parfois aussi. Cette complicité nous fait du bien. Je me dis souvent que je ne trompe personne. Mes sentiments d’épouse sont sans équivoque.
Mais pourquoi, enfin, faut-il brider son corps, ses désirs charnels, par cette satanée contrainte de fidélité à tout prix ? Pourquoi est-il indispensable de respecter cet impératif ? Jusqu’ici, je m’y tiens, par crainte de faire souffrir mon mari, auquel je tiens tant. Par crainte aussi de risquer de ne plus savoir vraiment où j’en suis de mes sentiments.
Mon âme me dit qu’il en sera « toujours » ainsi (Fontaine, fontaine…). Mon corps proteste… Mon corps imagine…
Je croise Cara. Pourquoi, comment, peu importe finalement. Il s’approche. Mes poils (sur les bras, les seuls tolérés), se hérissent. Frisson, perte d’équilibre. Je le respire. Toute volonté de l’âme anéantie par quelques molécules invisibles. Je suis cuite.
Il m’entraîne. Un hôtel, vite. Si possible, avec des murs solides. Isolation phonique indispensable. Porte fermée. Contre la porte. Mains qui se promènent, bouches qui s’unissent, langues qui se fouillent. Un sexe qui durcit et le fait savoir.
Il me retourne. Contre le mur. Libère mon corps de tout textile encombrant. Et très vite, sans réfléchir, âmes en pilotes automatiques, laissant les manettes aux corps, il me sodomise toujours lentement, toujours très fermement. Je jouis, vite. Je crie, fort. Il me rejoint, puissamment.
Puis chaque pièce, chaque endroit. La baignoire, le lit, la fenêtre. Mais cette fois, prendre davantage le temps. Regarder, caresser, malaxer, lécher. Profiter l’un de l’autre, et de tout. Ma bouche autour de son sexe, son sexe dans le mien, son sexe entre mes seins, son sexe dans mes fesses. Mots crus, si doux, si forts. Encule-moi. Viens. Fais-moi mal (mais pas vraiment, juste force-moi). Fais-moi jouir. Rejoins-moi.
Il m’offre un petit cadeau : ce plug dont nous parlons si souvent, qui me fait fantasmer tellement. Il me l’enfonce dans les fesses, et je lui promets de le garder en moi très souvent, très longtemps. Combien de temps ? Quelques heures, tout au plus. Trop peu pour contenter le corps à long terme. Assez pour recharger les batteries des souvenirs. Trop pour laisser mon âme tranquille.
Remords, regrets. Eternel débat. Puis, après. Rencontres virtuelles. Ou plus rien. Ou beaucoup plus ; non, cela, sans doute pas. Peut-être pas. Je ne sais plus.
Messieurs, souvenez-vous. Nous sommes fondamentalement différents. Notre âme n’est jamais bien loin de notre corps. Cela peut ne pas se remarquer, cela ne se remarquait certainement pas il y a cinq ans avec Cara, cela ne se remarquerait sans doute pas dans cet hôtel potentiel. Pourtant, notre âme et notre corps finissent toujours par se retrouver. Un jour.
Que pense Cara de tout cela ? J’en sais un peu, mais sans doute pas tout. Vous avez bien une âme vous aussi, paraît-il !
Mais je n’ai pas encore trouvé, et ne trouverai probablement pas de sitôt la réponse à cette question : quelle est la différence entre faire l’amour et baiser ?