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Temps de lecture estimé : 26 mn
13/07/06
Résumé:  Les déboires de Babe méritent bien que l'on se penche sérieusement sur son cas.
Critères:  extraoffre copains
Auteur : Didile
Pour l'amour de Babe

Babeth est ma meilleure amie depuis toujours.

C’est une fille simple, un peu rustre, d’aucuns pourraient dire qu’elle n’a pas inventé la poudre. Mais c’est une fille de la campagne, tout simplement. Moi aussi je suis une paysanne et moi aussi je suis simple, je ne renierai jamais mes origines, pour rien au monde, même si je vis en ville depuis pas mal de temps.

Babeth, c’est surtout une fille très gentille, une fille facile à vivre, honnête et travailleuse, qui ne se prend pas la tête pour des bêtises, toujours prête à écouter et à rendre service. Et puis, surtout, je me sens bien avec elle, je ne me pose pas de question, la vie est douce en sa compagnie.

Notre amitié ne date pas d’hier puisque nous nous sommes connues à l’école primaire. Elle a toujours un peu été ma suiveuse, elle faisait tout comme moi ! Mais, contrairement à d’autres, cette dépendance ne m’agaçait pas le moins du monde, j’ai toujours trouvé mon compte dans cette relation un peu bancale. Elle aussi, j’en suis certaine.


L’année dernière, Babe est venue passer une petite semaine à la maison. J’ai un petit F1 pas très loin du magasin où je travaille. Je suis démonstratrice, je bosse alternativement dans toutes les boutiques du centre commercial.


On me dit plutôt mignonne, même si, personnellement je ne m’aime pas trop. Je trouve mes traits beaucoup trop grossiers et, dans la glace, je retrouve la campagnarde lourdaude que j’ai toujours été. Mais mon copain aime ce côté naturel, il aime mes joues rouges et mes gros grains de beauté, et il aime aussi mes seins trop lourds et mes bras un peu trop potelés… J’ai bien de la chance car lui, de son côté, il est plutôt beau gosse : grand, brun, viril, musclé, je suis vraiment gâtée depuis qu’il s’intéresse à moi. En plus, c’est vraiment un ange, il est tout ce qu’il y a de plus adorable. Il est d’une gentillesse à faire pâlir, toujours aux petits soins pour sa belle. Il me dorlote, il me chérit, je suis aux anges.

Nous sommes ensemble depuis bientôt quatre ans. D’un commun accord, nous ne vivons pas sous le même toit, nous avons chacun notre petit studio. Mais nous sommes très souvent chez l’un ou chez l’autre. C’est notre façon à nous d’échapper au ronron qui détruit tant de couples. Et, lorsqu’un soir nous avons besoin de solitude, cela ne nous empêche pas de nous retrouver le lendemain pour nous aimer à nouveau !

Damien est un excellent amant. J’avais eu pas mal d’aventures avant de le connaître, pourtant pas spécialement décevantes… mais aucun autre homme ne m’avait autant fait jouir. Comme dirait mon tonton chéri : en le rencontrant, j’ai vraiment trouvé chaussure à mon pied.


Il avait été convenu avec Damien que la semaine où Babe viendrait me voir nous serions séparés. Cela faisait une éternité que je n’avais pas vu ma copine et nous avions une tonne de choses à nous raconter.





Babe était toute triste, rien à voir avec la Babe rieuse de mon enfance, celle avec qui je faisais les 400 coups. Triste et déprimée, je sentais bien que quelque chose n’allait pas chez elle. Elle n’avait plus goût à rien. Le premier soir, je l’avais entraînée chez des amies communes, des filles du terroir, plutôt sympas et amusantes. Mais elle était restée toute la soirée prostrée dans son coin, sans broncher, apparemment triste et abattue.

Le deuxième soir, j’ai décidé de prendre le taureau par les cornes. Je lui ai préparé un petit repas avec amour, un petit dîner en tête à tête que j’avais prévu bien arrosé, histoire de détendre un peu l’atmosphère.

Comme elle ne se déridait guère, j’ai décidé de mettre franchement les pieds dans le plat. Je lui ai saisi la main et lui ai demandé de but en blanc :



Elle a fini par éclater en sanglots. De grosses larmes roulaient partout sur son visage tout rond. Je me suis levée et l’ai entraînée doucement sur le lit :



Et elle d’invoquer ses problèmes sentimentaux.

Au village, il n’y avait pas beaucoup de jeunes, alors, à l’époque, elle s’était rabattue sur un « vieux », un paysan de 45 ans, presque deux fois son âge. Ils avaient vécu ensemble pendant presque deux ans. Mais il la traitait mal et la considérait un peu comme sa bonne à tout faire. Elle devait faire sa bouffe, son linge, repriser ses chaussettes et même curer l’étable. Et puis, question sexe, ce n’était pas vraiment ça. Un petit coup à la va vite, de temps en temps, entre deux portes. Monsieur prenait son plaisir et ne se préoccupait jamais du sien. Jamais une pointe de tendresse, ils faisaient lits séparés, monsieur ne supportait pas qu’elle soit collée à lui !

Jusqu’au jour où elle l’avait surpris dans la grange avec une saisonnière.

Comme elle lui faisait une crise de jalousie bien légitime, il lui lança en pleine figure : « Avec la tête que tu as, tu ne peux pas non plus me demander d’être fidèle. Estime-toi heureuse que je ne te trompe pas plus souvent. »



Je lui ai déposé un bisou sur la joue. De grosses larmes salées coulaient en abondance.



Les sanglots n’arrêtaient plus, il fallait qu’elle pleure pour qu’elle se libère.



Ensuite, elle dévoila tout d’un bloc :




Ce n’est qu’au bout de la première année qu’il a commencé à me faire beaucoup de reproches… Je n’étais bonne à rien, je ne savais pas faire la cuisine, j’étais une Marie souillon et j’en passe et des meilleures. Et puis surtout, selon ses dires, j’étais aussi bandante qu’un sac à patates.


  • — Tu pourrais quand même faire des efforts, déjà que t’es pas belle, mais en plus t’es même pas sexy.

Il avait de gros problèmes d’érection et c’était, selon lui, entièrement de ma faute. Je ne savais pas y faire et j’étais nulle au lit.


  • — Regarde-toi, tu ne veux jamais rien faire. Tu restes là, les bras ballants, comme une potiche. Si tu crois que je vais te sauter dessus pour tes beaux yeux ! T’as rien d’intéressant, tu m’entends : RIEN. Tu pourrais faire des efforts quand même. Tu crois que la boulangère, elle n’en fait pas des efforts, avec son décolleté plongeant. Et la tenancière du bistrot, avec ses bas résilles. Mais toi : rien ! Circulez, y-a rien à voir, comme dirait Coluche.

J’ai pris des conseils dans Elle et Marie-Claire et j’ai commandé sur catalogue (Quelle, La Redoute, Les 3 Suisses) des sous-vêtements un peu plus affriolants. Crois-tu qu’il m’aurait complimentée pour mes efforts. Non, rien ! Culotte sexy ou culotte de coton blanc, même combat. Je passais de temps en temps à la casserole mais sans aucune considération pour le côté sexy de la chose.

C’était souvent dans la cuisine, moi penchée contre l’évier. C’était une des rares situations qui le faisait encore bander : Il venait me trousser par derrière lorsque je faisais la cuisine. Il baissait à peine ma culotte et me prenait comme ça, à la hussarde, sans aucune préparation particulière.

Et encore, par la suite, même ça, ça ne l’intéressait plus. Plusieurs fois, il m’avait demandé de faire la vaisselle sans culotte, pour être plus « disponible », comme il disait. Pour lui redonner un peu de vigueur et devant son insistance, j’avais fini par accéder à sa demande.

Une fois, deux fois, trois fois, il m’avait prise comme une chienne, mais à la quatrième, il n’avait rien trouvé de mieux à dire que :


  • — Regarde-moi ça, t’es même pas baisable, t’as les fesses tombantes. T’es vraiment mal foutue de partout.

Et, dans la chambre, sur le lit, c’était aussi de moins en moins souvent. Déjà parce que nous faisions lits séparés, ensuite parce qu’il me regardait à peine. Et, quand il me parlait, c’était en général pour me dire d’arrêter de ronfler ou pour me demander d’éteindre la lumière.


Je me souviens précisément d’un soir où, au sortir de la salle de bain j’avais mis un ensemble noir en dentelle que l’on pouvait supposer particulièrement affriolant : un très large décolleté et une culotte presque transparente associée à un joli porte-jarretelles. J’avais vraiment fait beaucoup d’efforts ce soir-là et je pensais que le résultat pouvait être acceptable, sinon excitant.

Il regardait sa télé, des choses pas bien intéressantes.


  • — Comment me trouves-tu ? lui ai-je demandé pour capter son attention.

Il m’a jaugée de la tête aux pieds.


  • — Ridicule, complètement ridicule. Tu es grotesque ma pauvre !

J’ai dû pleurer toute la nuit, convaincue que je n’étais vraiment pas douée pour les choses du sexe. À partir de ce jour là, l’ensemble n’a plus quitté son armoire. Les autres culottes non plus d’ailleurs, de même que les soutiens-gorges. Je ne faisais plus aucun effort. À quoi bon faire des efforts puisque j’étais tellement nulle que rien ne pourrait jamais y faire.


C’est à partir de ce moment là que la situation a commencé à se dégrader. Toutes les prétextes étaient bons pour m’humilier. Les six derniers mois j’ai vécu un enfer. Il y a eu l’épisode de la porcherie et celui de l’atelier mais d’autres épisodes aussi. En particulier la fois où dans la cuisine il m’avait dépoitraillée de force devant deux saisonniers. Les deux gars étaient à table et ils buvaient des verres de vin.


  • — Vous avez vu les loches qu’elle a ma femme, vous avez vu comme ils tombent ! A son âge, vous vous rendez compte ! Comment voulez-vous que j’aie envie de baiser ça ?

Je me suis mise à pleurer, les deux gars n’étaient pas vraiment à l’aise. Ils devaient trouver que mon mari exagérait quand même.

Mais lui était vraiment sans gêne. Il me pressait les seins devant ses deux acolytes, comme il l’aurait fait avec les pis d’une vache. J’étais à la foire aux bestiaux. Il me les pressait à m’en faire mal :


  • — Regardez moi ça, c’est vraiment tout mou, tout ça !

Je crois qu’il avait vraiment trop bu mais, pour moi, c’était la honte, surtout devant ces deux étrangers qui n’en perdaient pas une miette.

Le lendemain l’un des deux hommes est venu me voir pour s’excuser. Enfin, c’est ce que je croyais. Mais, en fait d’excuses, il s’est jeté sur moi et a commencé à me peloter. Et j’ai eu toutes les peines du monde à m’en défaire.

Je l’ai pincé, je l’ai griffé, il a finalement laissé tomber. Mais, pour se venger, il est allé raconter que je l’avais allumé aux autres et c’est bien sûr arrivé aux oreilles de mon mari. Le soir même, celui-ci m’a tabassée en me traitant de tous les noms d’oiseaux.


  • — T’es vraiment qu’une sale pute ! Tu mériterais que je te viole. Mais je n’en ai même pas envie ! Tu me dégoûtes.

A compter de ce jour, il racontait, à qui voulait bien l’entendre que j’avais essayé d’exciter ce manouche, que je m’étais laissée volontairement peloter, mais que j’étais tellement nulle au lit que le mulâtre n’avait finalement pas voulu de moi.


Quoi d’autre ? Chaque jour était un petit enfer mais j’espérais toujours qu’il reviendrait à de meilleurs sentiments, qu’avec l’âge il finirait par se calmer, que l’on parviendrait enfin à fonder une vraie famille. Je subissais tous ces outrages pour lui faire plaisir, j’aurais été prête à beaucoup de choses pour le satisfaire.


Peut-être à tout accepter, mais pas cette tromperie cynique ! Pas cette ultime rebuffade.




Je l’avais écoutée bien religieusement. J’étais vraiment très triste pour elle. Que des femmes subissent de pareilles avanies à notre époque, je trouvais ça révoltant. Il aurait fallu l’enfermer ce type. Mais l’enfermer pour quel motif ? Pour violence conjugale ordinaire, mais avec quelles preuves ? Pour qu’il n’ait au plus que quelques mois avec sursis ou qu’il se venge à sa sortie. La justice ne prend jamais en compte des drames aussi subtils.

En attendant, ma copine était détruite et j’avais beaucoup de peine pour elle. Je l’ai prise dans mes bras et lui ai fait beaucoup de câlins. Nous avons dormi comme ça, dans les bras l’une de l’autre. Je crois que ça lui a fait du bien de se sentir aimée. Au petit matin, elle semblait comme tranquillisée.



Nous avons fait les boutiques et dans l’après-midi je l’ai emmenée à la fête foraine. Nous nous sommes amusées comme deux petites folles, essayant les manèges les plus impressionnants.



Nous nous étions trouvé un petit restau tranquille au bord du fleuve. Nous étions tout au bout de la terrasse dans une ambiance propice à toutes les confidences.





Et nous voici toutes les deux, direction la vieille ville, l’appartement de chez Damien.

Dring, dring !

Le voici qui ouvre en peignoir de bain.



Damien y va franco, quatre grosses bises très appuyées, Babeth semble beaucoup plus gênée et, après notre conversation, elle est très mal dans ses baskets. Elle doit se demander quand l’orage va éclater.

Au lieu de rejoindre Damien sur la banquette et de me blottir contre lui, je m’assois toute seule dans le fauteuil en laissant le canapé à nos deux tourtereaux.



Babeth n’avait pas pipé mot durant toute cette partie de ping-pong verbal. Elle n’en menait pas large et elle baissait les yeux.

Damien se retourna vers elle :



Babeth intervient :



Damien se met à protester, il bat des bras, il s’emporte, mais je reste inflexible.



Je pars sans me retourner, sans tenir compte non plus du regard de Babe qui m’implore presque de la sortir de ce mauvais pas. « Allez, un peu de courage, ma vieille, tu es entre de bonnes mains, tu ne voudrais pas non plus que je tienne la chandelle ? ».

Au sortir de l’immeuble, je m’élance toute guillerette sur l’allée printanière, consciente de la bonne farce que je viens de faire.

Cette petite garce ne m’a pas dit le quart de ce que mon chéri lui avait dit au téléphone. Mais, comment lui en vouloir, après tout, l’important c’est qu’elle reprenne du poil de la bête… et qu’elle fasse bien l’amour.

Le temps de passer un SMS sur le portable de mon copain :


« Fée come si jexistépa. Done lui pl1 dplésir. Renla eureuse. Conduila ônirvana. Jcontesurtoi. Tachérikitador. »





La question que vous seriez en droit de vous poser : Comment Damien va-t-il donc s’en sortir pour convaincre Babe de faire l’amour avec lui ? Elle risque d’avoir des scrupules, elle va refuser de trahir sa copine, en l’occurrence ma pomme.

Mais c’est parce que vous ne savez pas tout…

Si vous saviez ce qu’ils se sont déjà dit dans cette fameuse conversation téléphonique, vous pourriez imaginer que, la porte à peine fermée, ils ont dû se sont jeter dans les bras l’un de l’autre et que, l’amour, ils l’ont fait dans l’urgence, sur la moquette.


En fait, tout a commencé le lendemain de l’arrivée de Babe. Avec mon chéri, nous sommes en communication téléphonique illimitée et, les jours où nous ne sommes pas ensemble, nous nous téléphonons en général longuement, parfois pour échanger des propos coquins.



A l’autre bout du fil, je l’entends qui s’étrangle.



Je l’ai laissé mijoter toute la nuit. Au petit matin nous nous sommes rappelés.



Et nous en sommes restés là : Une demi-heure plus tard, je rentrais dans la salle de bain.




Nous avions convenu avec Damien qu’il enregistrerait la conversation téléphonique. Mais il y a eu un petit problème vers la fin : La conversation s’étant un peu éternisée, le répondeur était plein.


Toujours est-il qu’il a démarré très lentement prenant tout son temps pour la mettre en confiance, faisant en sorte qu’elle s’habitue à sa voix. Avait-elle fait un bon voyage ? Vivait-elle encore dans son village ? Pas de petit copain à l’horizon ? Quel dommage, une gentille fille comme elle !



C’est à ce moment précis que ce satané répondeur s’était mis à faire des siennes. Mais on sentait déjà Babeth sur le point de vaciller.

La conversation avait encore duré une bonne dizaine de minutes. Il paraît que Damien l’avait ensuite salement chauffée et qu’elle avait fini par se laisser faire. Excitée comme une puce qu’elle était, paraît-il. L’envie de connaître le goût de ses baisers salés, l’excitation d’un amour de jeunesse.

J’aurais bien aimé entendre le reste de la conversation. Comment s’y était-il pris et pourquoi avait-elle finalement succombé ? Peut-être avait-il simplement effacé cette dernière partie, pour ne pas me faire trop de peine.


Dire que moi, pauvre cloche, j’étais arrivée au mauvais moment, au moment précis où elle était sur le point d’accepter ce satané rendez-vous.



Mais la rougeur de ses joues trahissait son profond malaise. Aussi n’ai-je fait aucun commentaire, je l’ai simplement laissée mariner dans son jus.




Par la suite, ses remords au restaurant avaient été pathétiques. Pathétiques et touchants. Du coup, il m’avait fallu improviser. Après tout, puisque aucun rendez-vous n’était encore fixé, j’allais en fixer un, moi, un rendez-vous. Et pas plus tard que tout de suite. Par moment il faut prendre le taureau par les cornes, sinon on tourne en rond.




En ce qui me concerne, ce soir-là, je me suis payé un bon cinoche. J’étais particulièrement tranquille, sereine, heureuse. Ils étaient tous les deux et je n’avais aucune intention de les déranger, ni de m’immiscer dans leurs affaires.

Attention, je ne dis pas que je n’aimerai pas un jour savoir, mais ça se fera dans un second temps, chacun me racontera sa propre version des faits… De toute façon, j’ai confiance aussi bien en l’un qu’en l’autre, car je sais qu’aucun des deux ne me trahira.


Et puis, si je dois laisser ma place de temps en temps, ce n’est vraiment pas un problème. Mon chéri, moi, je l’ai tout le restant de l’année.