Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 10611Fiche technique24639 caractères24639
Temps de lecture estimé : 18 mn
17/07/06
Résumé:  C'est un homme qui croit que... enfin c'est compliqué à résumer. À la fin, il rencontre une dame... enfin vous vous en doutez. Bref c'est une histoire quoi !!!
Critères:  fh inconnu grosseins essayage intermast fellation fist fdanus fsodo hdanus
Auteur : GillesP  (J'aime rêver, je rêve d'aimer)      Envoi mini-message
Quiproquo

L’histoire que je vais vous confier m’est arrivée au mois de mai 2002, je me souviens très bien de cette date, c’était le 18 mai 2002. C’était un samedi, à 12 heures 45 précises. Comment puis-je me souvenir avec précision de cette date et de son heure, quelques trois années après ? C’est assez simple, il est certaines dates dont on se souvient toute sa vie. Celle de sa naissance, d’une part. Mais je ne suis pas né en mai, je suis né en novembre. Ce n’est pas non plus la date de naissance de mon épouse ou celle de mes enfants, car après vingt années de mariage, je ne connais précisément aucune de ces dates, à part peut-être par le truchement de quelques moyens mnémotechniques dont mon entourage connaît l’approximation. Je fais partie des soixante-huit pour cent de maris qui oublient la date d’anniversaire de leur femme de façon chronique. Ce n’est pas la date de naissance de mes parents, non plus.


Non, c’est la date de ma mort.


Oui… Il faut que je vous explique. Le 18 décembre 2001, j’avais un énième rendez-vous chez le célèbre Docteur Mallebranche, à l’hôpital Bichat. Ma santé nous préoccupait tous, car j’avais perdu quelques kilos et j’étais exténué depuis quatre semaines. J’avais donc passé la première partie du mois de décembre à subir toutes sortes d’examens. Le 18 décembre 2001, j’attendais dans la salle d’attente du fameux docteur pour connaître les résultats de mes ultimes analyses. J’étais dans un état de décomposition mentale avancée. J’étais moite. J’avais peur. Je me raisonnais en essayant de chasser le pire de mon esprit. Je me demandais pourquoi il était important de s’adresser à un docteur réputé pour apprendre qu’on était foutu. Puis, n’y tenant plus, je me suis surpris à coller l’oreille à la porte de sa salle de consultation et j’ai entendu ceci :



À l’écoute de ces dix mots, mon sang s’est glacé. J’attendais complètement sonné, comme si j’avais reçu un direct du gauche et qu’il ne me restait plus qu’à compter les coups du gong. J’étais assis sur un des fauteuils en skaï noir de la salle d’attente et, lorsque le génial docteur m’ouvrit la porte de son cabinet, il se trouva face à un homme livide incapable d’écouter le moindre de ses propos. J’entendis le docteur me dire que je n’avais rien, qu’il venait de l’annoncer par téléphone à mon épouse. Et je compris : vous êtes foutu mon vieux, je viens d’appeler votre épouse, nous allons vous jouer la comédie pendant six mois. Mon esprit s’est mis à vagabonder quelques minutes. Puis je me suis révolté. J’ai hésité à lui casser la figure pour lui faire comprendre que je n’aimais pas que l’on me prenne pour un imbécile. Mais je me suis résigné. J’ai compté dans ma tête et je me suis dit que j’avais jusqu’au 18 mai 2002 pour vivre encore un peu.


Allez savoir pourquoi, en sortant encore abasourdi de l’hôpital, je me suis dit que j’allais vivre à fond les six mois de crédit qui me restaient. J’accélérai le pas, curieusement, malgré la fatigue et ma perte de poids, mon état général ne m’incommodait plus. J’ai commencé mon sursis en repérant, sur le boulevard des Maréchaux, une prostituée qui ne me déplaisait pas. Nous avons fait l’amour dans un hôtel minable du quartier. Et je suis reparti de plus belle en faisant des clins d’oeil à toutes les belles femmes que je croisais. J’ai ainsi noyé le restant de mes jours dans le sexe, le sexe et le sexe. Pas un des clubs libertins de la capitale ne fut épargné, je connus des amantes par deux, par trois. Et ma femme me direz-vous ? En moins de deux mois, elle, qui était plutôt coincée, m’accompagna dans les endroits les plus insolites de Paris. Nous avons fait l’amour sous les ponts, sur les escaliers de Montmartre, dans les boîtes à trou de tous les clubs échangistes, à deux, à trois, à quatre. Pendant six mois, j’ai bâclé mon travail, exerçant mon activité au ralenti quand par hasard je travaillais. Pendant six mois, j’ai baisé comme un bouc. Le sexe m’a fait oublier la maladie. Et, dès que je ne faisais pas l’amour, j’étais noué, dans un état fébrile, un peu comme l’alcoolique tremble lorsqu’il n’a pas sa dose à heure fixe. Très vite, j’ai transformé mon épouse, je lui ai appris à reconnaître le bon amant du mauvais. Elle m’avoua n’avoir jamais eu autant de plaisir avant cette période et cette révélation m’aida à endurer la maladie à laquelle je devais faire face.


Durant toute la période, nous n’avons jamais évoqué la maladie, tant je me sentais fragile et prêt à imploser à l’évocation de ma mort imminente. Si mon moral était au plus bas, physiquement, je me portais comme un charme, avec cependant, une terrible déchirure dans le ventre, déchirure qui s’estompait dès je faisais l’amour. Quelques jours avant le 18 mai 2002, je pris rendez-vous avec le docteur Mallebranche comme pour préparer mon départ. Je me payais le luxe de reluquer l’une de ses infirmières à qui je proposais un petit en cas en attendant ma consultation. C’était, vous l’avez compris, la seule arme que j’avais trouvée pour affronter la mort. Le docteur nous prit de cours et c’est là, à 10h30 exactement, que je découvris que je n’avais jamais été gravement malade. Nous eûmes une explication, je compris que le coup de fil qu’il avait passé juste avant de me voir, six mois plus tôt, concernait un autre patient qui était au plus mal à l’époque. Nous restâmes une heure et demie à discuter ensemble de l’incroyable méprise. Le pauvre homme semblait rétrospectivement éberlué d’apprendre que j’aie pu croire, pendant de longues semaines, que ma dernière heure avait sonné. Je quittais l’hôpital à douze heures quinze, comme si je renaissais, comme si je sortais de six mois de coma.


Tout en marchant, je me remémorais tour à tour les boîtes échangistes, ma femme que j’avais préparée à l’idée de me remplacer, tous ses types qui l’avaient possédée et mon boulot que j’avais bâclé pendant tout ce temps. J’étais dans un état second, entre deux sentiments, celui d’être soulagé d’une part et celui d’avoir cassé quelque chose dans mon couple et dans ma vie professionnelle.


J’avais vécu une overdose de sexe pendant six mois, j’avais fait l’amour deux à trois fois par jour avec des crises d’angoisse qui me prenaient au fond des tripes. Face à un certain sentiment de dégoût, je sentais progressivement mon ventre se détendre, mon esprit se libérer, je me sentais léger, plus aucune chape de plomb sur les épaules. Je me souviens avoir pensé qu’il me faudrait calmer un peu le jeu côté sexe, mais, alors que je marchais dans la rue, sans aucune cause d’excitation possible, sans que je ne croisasse aucune engeance féminine, sans que la moindre affiche publicitaire aguicheuse ne puisse en être la cause, je sentis mon sexe durcir de façon progressive mais de plus en plus franche. Au début, je me suis amusé de ma réaction en me disant que ma libido qui avait été surentraînée pendant toute cette période se trouvait libérée d’un poids et que j’allais pouvoir continuer mes activités sexuelles de plus belle, avec cette fois-ci le coeur léger. Mais plus je marchais, plus mon érection devenait proéminente. J’étais pris d’une envie de courir comme je jour où j’avais décroché mon baccalauréat contre toute attente et que j’ai couru annoncer la nouvelle à ma mère. J’avais envie de courir pour annoncer à ma femme que j’étais vivant. J’avais visiblement envie de faire l’amour sans mon épée de Damoclès. J’avais de plus en plus envie de faire l’amour. Je sentais tous mes organes se libérer, tout mon corps militer pour un accouplement immédiat.


L’envie de courir se transformait maintenant en envie de baiser. Je portais ce jour-là une chemise en lin et un léger pantalon de toile beige. J’avais opté le matin en m’habillant pour un caleçon tout aussi léger, en coton blanc qui n’avait aucune fonction de maintien. Mon sexe, qui sans être un spécimen digne du livre des records est de bonne mesure, était dès lors tendu à l’extrême. Les tissus, frottant dessus au rythme de ma démarche, le rendaient hyper sensible et le durcissaient de plus belle. La situation, qui au début m’amusait, devenait gênante, les poches de mon pantalon étant bien trop petites pour que je pusse enfouir mes mains à l’intérieur. Bref, je ne pouvais pas en masquer la protubérance. Ma chemise en lin était trop courte pour cacher quoi que ce fût. Je ne pouvais pas marcher comme un gorille les deux mains devant le sexe. Il me fallait faire quelque chose pour me sortir de cette situation grotesque. Je sentais mon coeur s’accélérer, les veines de mon sexe se gonfler encore et encore. L’objet de mes plaisirs arrivait presque à me faire mal.


Le regard d’une femme que je vins à croiser se posa sur la bosse que je n’arrivais pas à contraindre, je lus dans ses yeux toute la réprobation de la bonne mère de famille choquée à la vue d’un homme à l’arrogante bandaison. Il fallait que je soustraie ce sexe à la vue des passants, ce sexe qui déformait maintenant mon pantalon de façon si flagrante. Je me trouvais à la station de métro de la porte de Saint-Ouen et m’engouffrais dans les escaliers, puis profitais du premier plan de métro venu pour le scruter, me tenant face au mur, cachant ainsi au public l’objet de mon embarras. Rassuré d’avoir trouvé un poste de repos, j’attendis que ma dure extrémité se ramollisse. J’ai attendu comme ça, comme un con, face à un plan de métro. J’ai attendu, faisant mine de chercher une hypothétique station de métro. J’ai attendu l’accalmie. J’ai attendu, attendu, elle n’est jamais venue.


Le pauvre cerf, traqué par la foule, réfléchissait à une situation de retraite possible. Deux idées me passèrent d’abord par la tête : prendre le métro ou remonter pour m’asseoir à la table d’un bistro. Sous la table, mon embarras serait camouflé. Si je trouvais une place assise dans le métro tout irait bien, s’il me fallait voyager debout, sans assez de monde autour, je serais prisonnier du regard des gens. Une idée m’effleura l’esprit, si le métro était bondé, je pourrais me frotter contre la première fesse féminine venue. Et si je prenais une paire de claque ? L’autre idée paraissait plus simple, celle du bar : je pouvais même aller dans les toilettes du café afin de me masturber et évacuer ainsi le problème. Une autre idée vint enfin concurrencer les deux premières : je pouvais marcher fièrement dans la rue, arborant ma rotondité le plus naturellement du monde. Ne voit-on pas fréquemment des femmes déambuler avec le bout des tétons dressés ? Elles doivent éprouver une certaine gêne à la vue des hommes qui les croisent… Mais que suis-je en train de gamberger pour une banale érection, certes imposante mais somme toute assez banale. Allez mon gars on affronte ! On y va ! La vie est belle.


J’ai alors regardé ma montre, je me souviens très bien il était douze heures quarante. J’ai décidé de marcher dans la rue de façon décontractée sans artifice, le sexe gonflé, profitant du plaisir d’être toujours d’active sur cette bonne vieille terre. J’ai croisé un type d’une vingtaine d’années, il n’a rien remarqué, puis une dame âgée qui marchait courbée avec une canne. La vieille décrépite accéléra son pas hors d’atteinte du singe en rut. J’ai ensuite croisé une femme d’une trentaine d’année qui a remarqué la bosse et a emboîté le pas à la première, comme si j’allais la violer sur le champ, alors que cette femme n’était, vous le savez, aucunement responsable de mon état. C’est terrible les femmes de trente ans, elles n’ont plus la fougue de leur vingt ans et elles n’ont pas encore l’aisance des femmes plus mûres.


Plus loin, j’ai croisé un groupe de jeunes mecs. J’ai entendu un « putain la gaule ». Je marchais, sentant le tissu de mon pantalon caresser de façon omniprésente ma pauvre verge en feu.


Puis, j’ai vu une femme arriver, elle marchait d’un pas nonchalant. Elle portait un jean taille basse et un petit haut moulant bleu marine en laine sans manche. Son haut de laine moulait des seins qui semblaient épanouis comme des soleils. Elle affichait une petite quarantaine. Elle était brune, la peau mate, des lunettes de soleil masquaient ses yeux que je ne savais pas encore bleus. Elle portait en bandoulière un sac de plage rayé d’un tas de couleurs vives. J’arrivais au niveau du magasin de vêtements « chic à prix choc », celui qui se situe à cent mètres de la Fourche, rue de Saint-Ouen. Quand elle m’a vu, elle a esquissé une petite moue qui s’est transformée en sourire contenu.


J’étais plutôt décontracté, j’ai relevé les sourcils, genre « et bien oui quoi ! Ce sont des choses qui arrivent ». Ma mimique s’accordait bien avec sa bonne humeur et j’eus droit à un rire franc, un rire épanoui, un rire arborant de magnifiques dents blanches, un rire insouciant à qui il ne manquait qu’un brin d’herbe pour illustrer la nonchalance. Elle a tourné la tête vers sa droite pour regarder une robe à fleur dans la vitrine puis a retourné la tête vers moi, a fixé mon entrejambe et s’est pincé les lèvres. J’ai alors tourné moi aussi la tête et j’ai regardé un costume d’été, j’ai fait la moue comme pour dire : « belle pièce ».


Elle a fait demi-tour, puis trois pas jusqu’à la porte du magasin. Elle ne marchait pas, elle ondulait. Ses fesses dansaient en chuchotant «suivez-moi». Nous sommes entrés ensembles dans le magasin, un vendeur nous a abordés comme si nous formions un couple établi, il n’a pas regardé ma bosse, plus occupé à apprécier ma compagne de fraîche date. Il nous a lancé :



Elle a répondu :



L’homme au sexe gonflé répartit:



Le vendeur m’a pris quelques mesures, il a remarqué mon état, je n’ai pas bronché, ma compagne de hasard non plus. Elle fixait la chose avec des yeux pleins d’émoi. Lorsque le vendeur s’est tourné vers la belle, il n’a pas demandé ses mensurations, il dit « pour vous madame, c’est la taille miss monde ». Son pull marine s’était enorgueilli de deux billes au niveau de la poitrine, deux billes qui disaient « monsieur je vous désire ».


Le vendeur disparut, nous laissant seuls face à face, nos yeux étincelaient de mille feux, nous ne nous sommes pas dit un mot. Quand le vendeur a réapparu, il a eu l’élégance de lancer un « je vous suggère de monter à l’étage et de prendre les deux cabines côte à côte afin de voir comme vous irez bien ensemble ». Nous avons monté l’escalier. J’étais Clark Gable, elle était Audrey Hepburn. Devant les cabines elle a tourné la tête vers moi et m’a simplement demandé :



Je voulu répondre « comme vous voulez » mais je n’eus que le temps de dire « comme vous… ». Sa bouche est venue se poser sur la mienne, nos corps tendus se sont rapprochés. Mon sexe éternellement tendu a touché son bassin, les pointes de ses seins sont venues effleurer ma poitrine. Nous avons fait trois petits pas, nos cintres à la main, nous avons accroché nos vêtements neufs au portemanteau. J’ai tiré la porte, elle a fermé le verrou.


Elle quitta ma bouche. Frénétiques, ses mains défirent la ceinture, puis les boutons qui emprisonnaient mon sexe. Elle débraguetta ainsi ma verge avec le même empressement qui est le mien lorsque, contenant une envie d’uriner depuis longtemps, je parviens aux toilettes à deux doigts de la rupture. Mon sexe libéré de son supplice marqua un respectueux garde-à-vous de courte durée, puisqu’il plongea aussitôt dans sa bouche aux dents blanches comme un soldat plonge dans une tranchée. Comme si elle savait ce que le soldat avait enduré sous la mitraille, sa langue massa chaque millimètre de sa peau avec une infinie douceur. Le casque de notre héros fut lustré comme en quatorze. Le soldat rampait à l’abri des intempéries. Sa langue épousait ma verge. Ses lèvres célébraient le soldat inconnu. Ses dents mordillaient la base de mon gland. Sa langue, sa merveilleuse langue excitait la pointe de mon extrémité. Comme si le plaisir immense qu’elle me prodiguait ne suffisait pas à mon bonheur, l’experte fellatrice s’attacha de sa main à la base de mon sexe, soupesant, caressant, malaxant tour à tour les deux boules légèrement poilues et maintenant durcies qui savent produire un des meilleurs laits d’amande douce de la planète.


Ma salvatrice poussa son exploration plus loin, là où la peau granuleuse devient plus douce, là où seule une infinie douceur sert de sésame à l’ouverture des portes de certains paradis. Elle enfonça, avec une douceur et une délicatesse émouvante, un doigt auquel elle imprima un mouvement circulaire dont je me souviens encore. Elle caressait maintenant ma verge de sa joue, posant de petits baisers sur mon gland prêt à l’explosion. J’étais libéré de six mois de souffrance, je bandais libre, je bandais heureux, je bandais nouveau.


Qu’avais-je abandonné mon corps dans des lieux de débauche, moi qui suis d’ordinaire si sentimental ? Comment pouvais-je témoigner à cette dame toute la gratitude et la reconnaissance que je lui devais ? Mes mains, tremblantes d’émotion, descendirent sur ses joues, les caressèrent doucement avec une infinie tendresse comme on caresse un coquelicot qu’on ne souhaite pas abîmer. Sa joue accompagnait les mouvements de mes doigts. Mes mains remontaient doucement guidant sa tête à destination de la mienne. Sa tête survola mon torse. Son regard bleu, son beau regard bleu, vint fixer mes grands yeux attendris. Sa bouche vint effleurer la mienne.


Pourquoi fallut-il qu’à ce moment précis, au lieu de faire ce que tout le monde aurait fait, c’est-à-dire, retirer son pull et mordre à pleine bouche ses tétons érigés, je fus pris d’un immense sentiment de tendresse ? Pourquoi l’ai-je pris dans mes bras comme si elle était mon amante retrouvée ? Pourquoi nous sommes nous serrés dans les bras l’un de l’autre alors que nous ne connaissions pas même nos prénoms ? Pourquoi l’ai je blottie contre ma joue ? Pourquoi ma bouche s’est-elle rapprochée de son oreille ? Pourquoi ai-je murmuré « je t’aime » ?


Le verbe à peine lâché, elle a reculé sa tête, m’a regardé droit dans les yeux. Ses pupilles se sont dilatées. J’ai vu de mes yeux quelques larmes naître au bord de ses paupières. Des larmes ont coulé le long de ses joues. Son regard n’a pas quitté le mien, nos cils se sont arrêtés de battre. Nous sommes restés comme cela, sans rien dire un long moment. Puis elle a retiré son pull, je n’ai pas même baissé les yeux pour lorgner sa poitrine. Elle a retiré son soutien-gorge toujours sans quitter mes pupilles. Je portais une chemisette en lin que m’avait offerte ma fille aînée pour la fête des pères. Elle en défit un à un les boutons en les devinant du bout des doigts. Ses yeux baignés de larmes restaient rivés dans les miens. Elle parvint sans peine à ôter mon vêtement.


De mes pieds, je m’affranchis de mon pantalon qui avait bien trouvé le temps de descendre tout seul. Je quittais mes chaussures pendant qu’elle faisait glisser son jean et ses derniers dessous.


Nous étions nus. Nous étions seuls au monde.


Elle entoura mon cou de ses mains, se suspendit un cours instant, le temps d’encercler mon bassin de ses jambes. Mon sexe est entré dans son sexe mouillé. Comme ça. Sans aucune protection. Sans qu’aucune crainte ne nous ai effleurés. Comme s’il nous formions un vieux couple.


Elle m’a embrassé à pleine bouche, nous ne respirions plus. Mon corps l’a conduite contre la paroi de la cabine. J’ai donné l’assaut. Les cloisons tremblaient. Sa voix laissa échapper des râles d’abord contenus, puis elle mugit comme mugissent les lionnes. Les deux mètres carrés de la cabine connurent l’extase, la folie des corps déchaînés, le tumulte des plaisirs incontrôlés. Ma verge baignait dans son sexe ouvert. Le clapotis de nos sexes, jouant de leurs parois, rentrait en harmonie avec le bruit sourd de son corps martelé contre la cloison. Ses râles venaient compléter l’orchestre de nos sens. Elle haletait, lâcha ma bouche pour ne plus venir que titiller ma langue du bout de la sienne. Nous étions seuls, nous étions impudiques, nous étions insouciants. Nos deux langues devenues vipérines se léchaient l’une l’autre comme elles le feraient sur un clitoris.


Mes deux mains, qui maintenaient ses fesses à la hauteur de mon bassin, les malaxaient au rythme de mes coups de pilon. Je la voulais toute entière. Ma langue occupait sa bouche. Mon sexe habitait son vagin. Mes doigts s’insinuaient avec précision entre ses fesses. Je regrettais de n’avoir aucune une autre extrémité à lui offrir. Je voulais être en elle. Ni les deux doigts qui la sodomisaient avec force, ni ma langue qui masturbait la sienne, ni ma queue qui la fouillait avec rage ne me suffisaient. Il me fallait plus, il me fallait l’absolu, il me fallait l’amour. Je sentais des torrents de sentiments, ceux que j’avais enfouis pendant six mois, venir du plus profond de mes entrailles. Je sentais la vague déferler. Je ne savais pas comment lui faire comprendre tout ce que je ressentais.


Sans changer de position je l’ai sodomisée sans aucune retenue, elle hurlait de plaisir. J’étais fou, tout tournait dans ma tête. Je l’ai retournée face à la paroi de la cabine. Je ne savais pas comment lui dire. Quelle position pouvait lui faire comprendre ce que ressentait l’inconnu qui la possédait. La sodomie l’excitait, ses cris me le montraient. Puis, je l’ai assise sur le maigre banc dont personne ne comprend l’usage dans les cabines d’essayage. J’ai essayé de lui faire comprendre en enfonçant trois doigts dans son sexe. Un quatrième ne parvint pas non plus à exprimer ce que je ressentais, ni mon pouce qui vint bientôt s’unir à tous mes doigts. Ma main entière forçait le passage. Cette main entrait, mes doigts se libéraient, tels ceux d’un guitariste de flamenco. Je balayais frénétiquement les cordes du fond de son sexe, elle chantait, je vous jure qu’elle chantait. Ma main toute entière baignait dans son plaisir, mes doigts creusaient et ont senti l’eau de la source. L’eau de la source clapotait sous mes doigts, la source devenait rivière. Ma main n’étaient plus trempée : elle baignait en elle. La pression de ma main ne pouvait plus lutter contre le jet de son plaisir : elle coulait en fontaine.


Ma langue lécha, titilla. Ma bouche but. Mon sexe toujours gonflé vint rugir à nouveau dans son sexe. C’est elle qui agrippa le porte manteau de ses mains et se suspendit offrant le plus profond de son intimité à ma verge explosive. Je couvris dans la paume de mes mains sa poitrine tendue, ses tétons glissant entre mes doigts, mes doigts pressaient ses aréoles avec la force de l’amour. Ses seins pourtant gros étaient aussi durs que la peau d’un tambour. Je la collais au mur sous la seule force de mon sexe. Elle jouit en même temps que moi dans un long râle haletant. Je n’eus pas un mouvement de retrait. Je venais de retrouver la vie, je venais de redonner la vie. C’est en elle que mon sexe trouva enfin le repos.


Faut-il décrire la tête du vendeur quand il nous vit descendre les escaliers dans nos habits flambant neufs ? Faut-il décrire la tête des clients amassés au pied de l’escalier ? Un silence de mort accompagna la descente des acteurs. Ils avaient tout entendu. Ils avaient tout compris. Elle rayonnait, j’exultais. Audrey Hepburn regarda Clark Gable. Elle lui tendit ses lèvres devant une vingtaine de personnes médusées. Au moment où nous nous embrassions, on entendit quelqu’un applaudir, puis deux, puis trois. C’est sous un tonnerre d’applaudissements que nous achevâmes de descendre les escaliers de la Mostra de Venise. Sous des applaudissements continus, je m’affranchis de nos vêtements de nouvelles noces. Nous quittâmes le lieu non sans que le vendeur n’eut pris une photo de nous. Si vous passez au magasin « chic à prix choc » au 103 de l’avenue de Saint-Ouen à Paris, à cent mètre de la fourche, vous verrez derrière la caisse notre photo, cette photo qui est le témoin intemporel de notre première rencontre.


En vous racontant cette histoire, mes mains tremblent encore de bonheur. Il est des histoires d’amour qui naissent dans des situations que la raison ignore.


Le destin voulut que lorsque, le soir même, j’annonçai à mon épouse que je souhaitais lui parler, elle me répondît qu’elle aussi souhaitait me dire quelque chose d’important. Elle n’avait pas supporté nos six mois d’errance. Elle était tombée amoureuse d’un homme qui lui écrivait des poèmes, qui lui offrait des fleurs, qui connaissait sa date de naissance. Il n’y eut pas de dispute inutile.


Je ne peux oublier de vous raconter : un enfant est né de cette union du 18 mai 2002. Notre fille a trois ans, elle est née le 16 février 2003, elle s’appelle Audrey.