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Temps de lecture estimé : 9 mn
02/08/06
Résumé:  Un couple, un grand lit, une nuit pas tout à fait comme les autres.
Critères:  h fh amour cérébral revede odeurs hmast 69
Auteur : Olaf      Envoi mini-message

Collection : Solitaire le plaisir ?
Poissine

Un jour, sans trop savoir pourquoi, on se dit qu’au même moment d’autres le font aussi. À leur manière. D’où l’idée de réunir quelques textes sur ce rituel immémorial, en jouant sur les phrases qui se répètent, les mots qui changent de sens en fonction du contexte, les gestes tantôt sublimes tantôt abjects suivant les sentiments qui les accompagnent. Alors, finalement, solitaire le plaisir ?




Une fois de plus, il a travaillé tard à son bureau. Il ne se sent pourtant pas assez anesthésié pour rejoindre le lit conjugal. S’arrêtant à mi-chemin dans la chambre de télévision, il va s’allonger sur le matelas que le chien vient de quitter. C’est devenu un rituel pour le petit bâtard hirsute, qui cède sa place au moment où il entend l’homme éteindre l’ordinateur.


Des images sans intérêt défilent devant ses yeux. Il zappe plusieurs fois, avant de sombrer dans le sommeil. Le sifflement de la fin de l’émission le réveille. D’un pas mal assuré, assommé de fatigue, il pénètre sans bruit dans la salle de bains, se déshabille, exécute sommairement quelques ablutions. À quoi bon en faire plus, celle qu’il va côtoyer ne l’approche plus d’assez près pour s’en incommoder.

Dans le noir, il bute sur les sacs d’école des enfants. Il y a longtemps qu’il n’est plus au courant de leurs habitudes, que ses trajets ne correspondent plus aux voies de la vie familiale.

Discrètement, il se glisse sous le duvet sans faire tanguer le matelas pour éviter de réveiller celle qui dort. Il étend son corps bien au bord du lit, le dos tourné contre elle, de manière à ne pas l’entendre respirer, ni la sentir trop proche de lui.


Pourtant cette nuit, le stratagème ne suffit pas. Quelque chose le maintient éveillé plus longtemps que prévu. Il ne peut s’empêcher de chercher à quand remonte en fait leur désunion, dont cette ligne de démarcation tacite dans le lit conjugal est la preuve flagrante. De tristes épisodes de leur vie de couple lui reviennent, un sanglot gonfle dans sa poitrine.


Il se retourne d’un côté et de l’autre, pour tenter de remédier à l’engourdissement de ses membres. Rien n’y fait, plus il laisse vagabonder son esprit, plus l’énervement le gagne. Puis la rage. Rage de se forcer depuis si longtemps à dormir à côté d’une femme pour laquelle il n’éprouve plus rien, rage d’accepter depuis des mois sans réagir de calmer seul ses envies, rage de continuer à s’empêcher de vivre autre chose qu’un simulacre de relation.


Les minutes sont si longues pendant ces nuits de frustration. Tout son corps est habité par le bouillonnement de ses sentiments. Il lui semble que le sanglot bloqué au fond de lui fait progressivement place à une autre sensation. Très diffuse, mais qui pourrait bien ressembler à un début de désir.

Désir de qui ? Cela paraît si déplacé, alors qu’il n’éprouve plus rien pour la mère de ses enfants.


Après les instants passionnés du début, la routine s’était vite emparée de leur relation. Systématiquement commencés par quelques préliminaires convenus, leurs ébats s’étaient progressivement transformés en effusions hygiéniques. La brève jouissance qu’ils arrivaient à s’offrir suffisait toutefois à les soulager des tensions de la vie quotidienne, et ils n’avaient rien entrepris pour sortir de l’ornière.


Quelques fois pourtant, les rares nuits où elle semblait s’enflammer, elle se laissait admirer au moment de se coucher. Elle le poussait même à s’enhardir en guidant ses mains sur elle. Il la caressait alors doucement, parcourait ses flancs et son ventre de sa bouche, jusqu’à poser ses lèvres sur sa toison. De baiser en baiser, il s’approchait progressivement de sa fente encore pudiquement fermée.

Leur rituel amoureux voulait qu’il glissât à ce moment ses deux mains sous elle pour s’emparer de ses fesses. Couchée de manière à interdire toute autre caresse, rassurée qu’il ne désirât pas partir à la découverte d’autres parties de son corps, elle fermait les yeux et s’abandonnait à lui.

En amant prévenant, il respectait ses envies, et la léchait longuement, jusqu’au premier orgasme. Parfois, alors, sa fente s’humidifiait de quelques gouttes de liqueur, qu’il dégustait comme une récompense pour sa prévenance conjugale.


Une fois remise de cette émotion, le ventre apaisé, elle s’allongeait sur le côté, face contre lui, et se laissait pénétrer. Savait-elle que cette position l’empêchait de la prendre aussi fougueusement qu’il l’aurait désiré ? Qu’elle limitait même singulièrement son plaisir, en ne lui laissant que la liberté de quelques mouvements du bassin.


Dès qu’il la remplissait de sa verge bandée, elle se saisissait de ses hanches pour guider ses mouvements et le serrer contre elle. Elle avait un jour par hasard découvert à quel point elle pouvait lui donner du plaisir en contractant ses muscles intimes. Depuis ce moment, elle en usait avec habileté, excitant son gland entre ses lèvres à peine lubrifiées, le bassin basculé contre lui.

Sa queue ainsi emprisonnée dans le tiède manchon de chair ne résistait pas longtemps et laissait échapper quelques giclées libératrices. L’idée de l’aider à se retenir pour mieux le faire chavirer entre ses cuisses ne l’avait apparemment jamais effleurée.



Une fois, une seule, au sortir d’une soirée bien arrosée, elle s’était tournée sur le ventre. Emu par cette preuve de confiance, qu’il espéra brièvement être une soudaine envie de nouveauté, il se consacra longuement à ses rondeurs, la léchant, l’embrassant, la caressant partout où il arriva à se faufiler.

Elle se laissa faire, le gratifiant même de quelques gémissements de bon augure. Mais, malgré sa prévenance, elle refusa obstinément de lui faire de la place entre ses fesses lorsqu’il approcha son membre excité. Il tenta d’insister avec délicatesse. Rien n’y fit. Elle finit une fois de plus par se retourner sur le côté, et l’attira en elle pour qu’il se soulage.

Elle avait caressé son visage pendant qu’il se vidait de sa semence, ce qu’il prit pour une marque de satisfaction érotique. Le dernier spasme évanoui, elle lui avait même demandé dans un chuchotement « s’il avait bien joui ». Il avait confirmé le fait en posant un léger baiser sur ses lèvres, tout en lui cachant la fêlure que cette jouissance sans plaisir avait provoquée.


Malgré les émotions que ces mauvais souvenirs réveillent, l’étrange sensation qui s’est nichée dans son ventre est loin de disparaître. Bien au contraire, c’est maintenant un désir brut qu’il sent croître en lui, un besoin impérieux de laisser ses glandes trop remplies s’épancher. Son sexe est encore au repos, mais son ventre se tend déjà et semble se préparer pour une fête morbide.

Il glisse sa main le long de son corps, saisit son membre entre ses doigts. La réaction ne se fait pas attendre, sa main se remplit de la tête de son sexe. Presque machinalement il en caresse l’extrême pointe. Chaque frôlement provoque une onde de désir, plus forte que la précédente. Une agréable chaleur irradie dans son ventre.

Il commence par céder à son envie et s’allonge prudemment, de manière à pouvoir se caresser sans crispation. Mais après quelques mouvements du poignet, craignant de réveiller sa femme par des gestes désordonnés au moment de l’orgasme, il se ravise. Il préfère renoncer à se satisfaire plutôt que d’être découvert dans une situation qu’elle ne comprendrait pas, et tente de se calmer en serrant fortement ses bourses entre ses cuisses. Son sexe débande, l’envie recule. Seule sa respiration reste agitée.


Sa femme se retourne. Un des accès de toux dont elle souffre depuis quelques jours la secoue. S’est-elle aperçue de quelque chose dans son demi-sommeil ? Il prend d’un coup pleinement conscience de l’incongruité de la situation, à deux doigts qu’il est de se branler comme un collégien boutonneux, alors qu’une belle femme, sa femme, dort à ses côtés. Comment en sont-ils arrivés là ? Il éloigne définitivement ses mains de son ventre et tente de trouver le sommeil en se concentrant sur le travail qui l’attend à son réveil.


C’est sans compter avec l’agacement que provoquent les quintes de toux de l’autre occupante du lit. À intervalles réguliers, ses poumons sont secoués de spasmes bruyants, et s’efforcent d’expulser les seules sécrétions que son corps daigne encore produire.

Dans ses conditions, impossible de s’endormir. Il sent la colère monter en lui. Les mauvais souvenirs reviennent torturer son esprit agité. Il revoit avec une insupportable précision leur ultime tentative de rapprochement physique, qui s’était terminée dans les larmes.


Une fois de plus, le déroulement immuable de leurs échanges amoureux avait amené ses lèvres et son nez sur le bas-ventre de sa femme. Conformément à l’usage, elle avait ouvert un peu ses cuisses, signe de son désir naissant. Il avait alors approché son visage de sa vulve, et commencé la traditionnelle séquence de cunnilingus. Au quatrième lapement, elle avait écarté les jambes un peu plus encore.


Cet instant était le seul qui lui procurait encore un semblant de plaisir. Malgré la distance qui les séparait physiquement, malgré le désir qui s’étiolait, l’odeur de la vulve de sa femme, le goût de son vagin l’excitaient encore et le faisaient immédiatement bander.

Il avait rapidement appris à profiter de l’effet aphrodisiaque de ces fragrances pour arriver à rester bien dur jusqu’au moment de plonger en elle et de conclure l’acte de chair.

Les jours de manque, il en profitait même pour se masturber, le nez enfoui dans une culotte qu’elle venait de porter.


Mais cette nuit-là, il avait brutalement réalisé qu’en dehors d’une délicate senteur de savon, plus rien ne se dégageait de l’entrejambe de sa femme. Ses muqueuses intimes ne distillaient soudain plus aucun effluve, rien qui pût encore le stimuler.

Ses sens l’abandonnaient, son corps refusait de prolonger la mascarade. Ce fut comme un électrochoc. À cet instant même, il se sentit basculer dans le dégoût de cette chair qui reposait nuit après nuit non loin de lui et qui, de toute évidence, avait cessé de l’attirer.


Passé le sursaut de la surprise, il s’était efforcé de donner le change et avait malgré tout réussi à amener jusqu’à l’orgasme le corps offert. Sa femme sembla ne rien remarquer, parut même satisfaite. Elle insista pour le remercier comme à son habitude, sur le côté, les cuisses fermées, enserrant la verge de son homme au fond de sa vulve. Il se laissa faire, se vidant en elle après quelques mouvements des reins.

Sentit-elle alors ses larmes couler ? Elle n’en laissa rien paraître. Ils s’endormirent face à face, sans réaliser vraiment ce qui venait de se planter entre eux, qui allait les séparer définitivement.


Ce fut leur dernière fois. Depuis ce jour il ne la toucha plus, se réfugiant dans le travail nocturne pour justifier sa désertion. Il s’adonna en revanche sans retenue à la masturbation pour éviter de chercher ailleurs des plaisirs désormais inaccessibles. Elle ne tenta aucun geste de séduction, ni ne prit l’initiative d’échanges charnels, comme si le besoin ne s’en était jamais vraiment fait sentir pour elle.


Qu’attendaient-ils pour débrancher leur couple ? C’est la question qui le taraude maintenant. Mais son corps ne lui laisse pas le loisir de réfléchir plus longtemps. Il se rebelle, fait resurgir des désirs profondément enfouis, sans relation avec les sentiments qu’il éprouve sur le moment.

Est-ce le souvenir de leurs anciens plaisirs, est-ce l’énervement de la fatigue accumulée ? Peu importe, seule compte soudain l’envie qui monte en lui. Une indomptable envie de jouir. Entre ses seins, au fond de sa chatte bouillante et détrempée, telle qu’elle était lors de leurs premières rencontres, entre ses mains ou contre ses fesses, peu importe, pourvu qu’il puisse à nouveau se lâcher et jouir.

Envie en fait de perte de maîtrise sexuelle dans le virage de la quarantaine. Avec ce que cela implique de cris, de dérapages, de soubresauts. Puis le sublime silence après le choc de l’orgasme, les mots murmurés contre l’oreille, la boule de feu dans le cœur, à la place de celle qui s’est échappée des entrailles vidées de leur suc.


À l’évocation de ce fantasme, sa queue se tend discrètement et le pousse à chercher l’agréable contact du drap de satin. Il s’efforce d’ignorer ce débordement des sens en se répétant que ce qui les sépare est irrémédiable.

Après quelques minutes, n’y tenant plus, il avance à nouveau sa main entre ses jambes. Cette fois, son corps réagit au quart de tour. Tout son être s’embrase, son esprit se remplit d’images excitantes, de souvenirs des jours heureux.


Tout son être, sauf sa tige, qui reste encore bien timide. Preuve que l’étrange situation l’inhibe plus qu’il ne le voudrait. Il n’en cesse pas son manège pour autant, augmentant la pression de ses doigts autour de l’orifice du gland, là où les nerfs convergent en un point de plaisir. Il ne s’est jamais caressé de cette manière, le manque d’habitude le rend maladroit. Mais rapidement quelque chose se décroche, il sent que rien n’arrivera plus à le retenir. Sa queue se met d’ailleurs à gonfler de plus en plus et remplit à nouveau toute sa main, comme aux plus beaux jours d’onanisme jubilatoire.


Il voit maintenant devant sa bouche les seins gonflés de désir d’une jeune femme amoureuse, sa femme telle qu’elle était avant leur mariage. Il tend ses lèvres pour saisir ses pointes durcies et les téter avidement. Involontairement il accélère le mouvement de va-et-vient sur son membre, tout en s’efforçant de garder ses hanches immobiles, malgré le plaisir qui monte inexorablement en lui.


Comment aurait-il pu imaginer que tant de frustrations mêlées à quelques souvenirs heureux arrivent à le mettre dans un tel état ? Il se délecte du spectacle des seins de la belle, qui les lui offre sans retenue, puis vient s’empaler sur sa tige dans un grand éclat de rire. Cela suffit à le terrasser. Avant qu’il ait le temps de les sentir déferler, de puissantes vagues de plaisir le vident de son jus.


Il arrive de justesse à récolter le sperme dans le creux de sa main pour éviter de souiller les draps. Une forte odeur mâle s’échappe de dessous le duvet lorsqu’il laisse pendre son bras hors du lit. Quelques gouttes tombent sur le tapis, puis le liquide se fige sur ses doigts, poisseux et froid. Le mot de pollution nocturne lui revient fugitivement à l’esprit, au moment où il cède à l’épuisement et s’endort d’un sommeil sans rêves.