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n° 10651Fiche technique14866 caractères14866
Temps de lecture estimé : 9 mn
03/08/06
Résumé:  Un couple, un grand lit, une nuit presque comme les autres, un courriel en plus
Critères:  f h fh couple extracon douche telnet amour cérébral revede voir fmast hmast
Auteur : Olaf      Envoi mini-message

Collection : Solitaire le plaisir ?
Demain

Un jour, sans trop savoir pourquoi, on se dit qu’au même moment d’autres le font aussi. À leur manière. D’où l’idée de réunir quelques textes sur ce rituel immémorial, en jouant sur les phrases qui se répètent, les mots qui changent de sens en fonction du contexte, les gestes tantôt sublimes tantôt abjects suivant les sentiments qui les accompagnent. Alors, finalement, solitaire le plaisir ?




Une fois de plus, elle a travaillé tard à son bureau. Finalement, elle se sent assez anesthésiée pour rejoindre le lit conjugal. Après un rapide passage sous la douche, elle se glisse sous le duvet sans faire tanguer le matelas pour éviter de réveiller celui qui dort. Elle étend son corps bien au bord du lit, le dos tourné contre lui, de manière à ne pas l’entendre respirer, ni le sentir trop proche d’elle.


Pourtant cette nuit, le stratagème ne suffit pas. Quelque chose la maintient éveillée plus longtemps que prévu. Elle se retourne d’un côté et de l’autre, pour tenter de remédier à l’engourdissement de ses membres. Rien n’y fait, plus elle laisse vagabonder son esprit, plus l’énervement la gagne. Puis la rage. Rage de se forcer depuis si longtemps à dormir à côté d’un homme pour lequel elle n’éprouve plus rien, rage d’accepter depuis des mois sans réagir de calmer seule ses envies, rage de continuer à s’empêcher de vivre autre chose qu’un simulacre de relation.


Les minutes sont si longues les nuits de frustration. Tout son corps est habité par le bouillonnement de ses sentiments. Finalement, elle n’y tient plus. Elle songe d’abord à bondir hors du lit, de manière à le réveiller et à provoquer enfin l’esclandre qui permettrait de mettre les choses au point entre eux. Mais elle se ravise. Elle sait qu’elle ne pourrait s’empêcher de parler de l’autre, quand bien même il n’est pour rien dans ce qui s’est installé entre eux depuis des mois. Ses premiers émois avec Sébastien sont sacrés, elle veut à tout prix éviter qu’ils soient souillés.


Un regard, le frôlement de sa peau, et soudain elle s’était sentie revivre. Il avait mis des couleurs dans sa tête. C’était exactement l’idée qu’elle avait eue en le quittant la première fois. Il venait de lui offrir les couleurs qui manquaient dans sa vie.


Ils s’étaient revus deux fois. En tout bien tout honneur, comme dirait sa mère. En apparence au moins, car dès leur deuxième rendez-vous, elle s’était sentie perdre pied. Tant de douceur dans ses yeux, pour elle, rien que pour elle. Cette manière délicate qu’il avait de la faire se sentir unique pour lui. De lui donner envie de s’offrir à ses regards. De s’offrir tout court, parce que ces sensations lui manquaient à en crever et que son corps l’attirait délicieusement. Ses fesses fermes et rondes, pour commencer, et puis ses mains. Et sa voix, bien sûr.


La troisième rencontre avait trop bien confirmé ce qu’elle pressentait. En elle, comme en lui. Mais elle ne voulait pas d’histoires parallèles, et lui avait demandé de ne plus chercher à la revoir. Jusqu’à ce qu’elle mette de l’ordre dans ses sentiments, dans sa vie. Après, elle le contacterait, quoi qu’elle décide, juré. Il avait accepté, à la seule condition qu’elle lui donne son adresse de courriel en guise de bouée de sauvetage. Avec la promesse de ne pas en abuser.


Non, c’est décidé, pas de cris ni de larmes cette nuit. Elle a besoin d’un peu plus de temps. Abandonner deux ans de sa vie ce n’est pas rien. Même si au fond d’elle, elle sent bien depuis longtemps que tout est joué.

Elle parlera demain, quand elle aura pu se préparer, quand elle aura choisi les arguments. Comme si la raison et le dialogue pouvaient encore être de mise face à un tel chambardement.


Elle quitte le lit, sort sans bruit de la chambre, retourne devant l’ordinateur. Lumière blafarde de l’écran, petite musique d’intro, connexion au serveur, vérification de la boîte aux lettres, réception du courrier…

Son cœur saute dans sa poitrine. Coincé entre deux pourriels, il y a un signe de lui. Il ne dort pas non plus. Mal du manque d’elle ? Dernier signe de vie avant de lui annoncer qu’il renonce à l’attendre ?




De: Sébastien

A: Geneviève

Date: jeudi 8 mai, 01:45

Objet: Bouteille à la mer



Geneviève,

À peine avons-nous eu la chance de nous découvrir, qu’il faut déjà nous séparer. Ce que tu me demandes est presque insurmontable, mais je veux essayer, pour toi. Cependant, sachant ce que tu vas traverser ces prochains temps, je ne peux pas rester sans réagir. Aussi longtemps que tu ne me l’interdiras pas, je t’enverrai des petits signes de tendresse. Juste pour te raconter comment la vie continue, fût-elle biaisée par ton absence.


Pardonne-moi si mes premières lignes te surprennent, mais je voudrais commencer par t’offrir un gage tangible de mon admiration et de mon désir de toi. J’ai eu trop peu de temps pour te connaître vraiment et oser déjà parler d’amour. Assez toutefois pour savoir que les émotions que tu fais vivre en moi depuis notre premier regard sont uniques. Jamais aucune femme avant toi…

Les conséquences sur ma libido sont uniques aussi. Et délicieusement dévastatrices. Je ne pensais pas possible d’avoir une femme pareillement dans la peau avant toi…


Tu m’as demandé l’autre jour, comme en passant, où mes pensées vagabondaient lorsque nous n’étions plus ensemble. C’est assez simple. Chaque matin, depuis que je sais que ne peux plus te voir, mon esprit se résigne à accepter ton absence, mais mon corps s’y refuse. C’est la naissance d’un délicieux fantasme. À quoi bon résister.


Je fais couler de l’eau bouillante dans la douche et laisse les vapeurs bienfaisantes m’engourdir. Mes mains ensavonnées commencent à parcourir mon corps. Tu es debout devant moi, nue, me tend la main tendrement, mais je ne peux pas te rejoindre. Tu poses tes doigts sur tes lèvres, m’offres un baiser, puis entoures tes seins de tes mains et en caresses les pointes. Ma queue se dresse déjà, vainement tendue vers toi. Tu prends tout ton temps pour me regarder, comme étonnée de découvrir dans quel état tu arrives à me mettre si vite. Je sens la chaleur du désir naître dans mon ventre et te dédie la première caresse que je m’accorde.

Je savonne mon corps en revenant plusieurs fois sur mes fesses que tu sembles aimer regarder. Un charme dont je ne m’étais jamais douté avant d’en avoir découvert les bienfaits sur toi. Puis j’excite mes tétons qui envoient des lancées de désir entre mes cuisses.


Tu es allongée sur le lit maintenant, la peau humide au sortir de la douche ou peut-être déjà moite de l’envie de moi. Avec des gestes très lents tu m’accompagnes et tu me guides à la fois. Tu entrouvres tes jambes et me dévoiles ton paysage secret. Doucement tu caresses l’intérieur de tes cuisses, exactement là où mes mains s’impatientent de pouvoir se poser. Je m’accorde les mêmes faveurs en prenant soin d’éviter ma queue, douloureusement durcie. Tu me fais signe de céder et de me laisser aller pour toi. Je t’obéis et l’apaise momentanément d’un va-et-vient léger. Puis je prends tout mon temps à faire rouler mes boules sous mes doigts.


Par inadvertance, j’effleure la pointe de mon membre qui sursaute et s’agite d’agréables spasmes. Je l’enduis des premières gouttes de désir qui y perlent et le dénude un peu plus. Pendant une fraction de seconde, je rêve que ce sont tes lèvres qui s’emparent de moi, jusqu’à ce que la brûlure du savon me ramène à la réalité.

Entouré de vapeur, je ne distingue plus réellement les détails de mon corps. Mes mains remontent le long de mon ventre, puis redescendent vers mes reins, des caresses que j’aurais tant envie de poser sur tes rondeurs.


Tu t’es retournée sur le ventre maintenant et m’offres tes fesses somptueuses. Tu sais que je n’ai pas cessé de te regarder marcher devant moi lors de notre dernière rencontre et que je me suis délecté de leurs moindres détails. Je connais déjà par cœur les endroits que j’aimerais parcourir de mes lèvres, les antres secrets où je m’impatiente de glisser la langue et les saillies que je rêve de pétrir enfin à pleines mains.

D’instinct je me mets à te chercher, enfonçant ma verge dans le creux de ma main. Je veux pourtant me retenir encore, prolonger ce moment de rêve, et je force mon esprit à retourner vers toi.


Tu en as profité pour glisser ta main sous ton ventre et commences à te caresser de plus en plus précisément. Entre tes cuisses impudiquement écartées, j’aperçois tes doigts qui tournent autour de ton clitoris, pénètrent entre tes lèvres, ressortent puis replongent luisantes de mouille. Sur quelle partie de mon corps fixes-tu ton esprit, de quoi voudrais-tu t’emparer pour te faire jouir, maintenant que tu te prépares à laisser exploser ton désir ?

Si je pouvais te surprendre à cet instant précis, j’aimerais poser ma tête sur tes fesses et me délecter du spectacle et du parfum de ta chatte enflammée, ou peut-être poser la pointe de ma queue à l’entrée de ta grotte et te laisser t’empaler à ta guise sur ce gode de chair.


Tu vas craquer maintenant, tes gémissements et les roulements de tes hanches m’entraînent dans une sarabande endiablée. Tout se passe comme si tu étais vraiment là à me faire jouir de toute ta tendresse. Les vagues que je vois déferler dans le creux de tes reins font naître dans ma main d’intenables contractions. Je souffre si cruellement du manque de toi que je crois ressentir la douceur de ton vagin contre mon sexe bandé, et me libère rageusement de mon désir frustré.


Rapidement la réalité reprend le dessus. J’ai voulu me soulager dans ma solitude, et je n’ai fait que me vider d’un trop-plein d’inutile semence. Loin d’être apaisé, je me sens tristement incomplet sans toi. Mon sperme dégouline contre la paroi de la douche, symbole pathétique de ce que nous nous empêchons de vivre ensemble.

Reviens-moi, Geneviève, je veux t’apprendre. C’est au fond de toi que je veux me déposer, aussi longtemps et aussi souvent que tu me l’accorderas.




Pendant la lecture du courriel déjà, elle a posé ses doigts sur ses lèvres et les a longuement caressées. Maintenant, au moment de relire ses mots, elle entoure ses seins de ses mains et en caresse les pointes. Elle voit ses tétons à lui, aussi excités que les siens. Elle y dépose un léger baiser, puis un autre, du bout de la langue cette fois, plus appuyé. Elle sent sa queue sursauter et battre contre sa jambe.


Alors elle s’allonge confortablement dans le fauteuil du bureau, les cuisses écartées, moite de l’envie de lui. Avec des gestes très lents, les yeux fermés, elle accompagne les caresses qu’elle l’imagine vouloir lui offrir. Doucement, elle glisse ses mains à l’intérieur de ses cuisses. Immédiatement, elle a envie de les refermer sur son membre fièrement dressé, de l’emprisonner à l’orée de sa fente juteuse.


Puis ils remontent main dans la main le long de son ventre, redescendent vers ses reins. Elle se soulève légèrement, pour prolonger la caresse entre ses fesses. Dans ses pensées, elle s’est retournée, s’offre déjà complètement à lui.

Avant d’aller plus loin, il veut encore se protéger. La peine qu’il semble avoir à dérouler le latex sur sa queue trop excitée la fait sourire. Elle crève d’envie de le sentir s’approcher de son intimité. En attendant mieux, elle pose deux doigts entre l’anus et la vulve, et se caresse exactement là où il viendra appuyer son gland au moment qu’il choisira pour s’emparer d’elle.


Son souffle s’est accéléré, sa poitrine tressaute au rythme de sa respiration, les pointes de ses seins se dressent, aussi dures que son clitoris qui gonfle de plus en plus entre ses lèvres béantes.

Elle n’en peut plus de le savoir tout près d’elle, la queue bandée prête à la remplir. Elle enfonce sa main entre ses cuisses et commence à se caresser, précisément, rageusement, tant elle veut maintenant le rejoindre et lui faire cadeau de son plaisir.

Ses doigts luisants de mouille tournent autour de son clitoris, entrent et sortent dans son vagin. Il a enfin glissé la pointe de sa queue à l’entrée de sa grotte. C’est le signal qu’elle attendait. Elle s’empale d’un coup sur lui et commence à tanguer et à rouler des hanches, le maintenant bien serré au fond de son ventre.


Elle va craquer. Ils vont craquer. Des vagues déferlent en elle qu’il sent remonter le long de son membre étroitement emprisonné dans son intimité. Les sensations sont délicieuses, ses reins se tendent, ils ne maîtrisent plus rien. Enfin, il s’enfonce entièrement dans son vagin, et, s’agrippant fortement à ses hanches, laisse s’échapper sa semence à gros bouillons. À son tour, son ventre explose, rempli de son pieu qu’elle aspire plus profondément encore à chaque secousse.


Après quelques instants, elle retrouve un peu de calme. À son tour de se sentir tristement incomplète, en manque du poids de son corps, du goût de sa peau, de l’odeur de sa liqueur de mâle. Ses humeurs se sont figées sur ses doigts, poisseuses et froides. Elle esquisse un geste en sa direction, où qu’il soit, pour qu’il réchauffe sa main de ses baisers, qu’il lèche ce qu’il a fait couler de sa féminité.

À contrecœur elle ouvre les yeux sur sa solitude. La vanité de son geste la sort définitivement de sa torpeur. Elle éteint l’ordinateur et retourne sans bruit dans le grand lit.

Demain. Elle parlera demain, quand elle aura pu se préparer, quand elle aura choisi les arguments.




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Note de l’auteur : Le courriel de Sébastien à Geneviève est tiré du texte 9862 « Origami » écrit pour le concours « Stupéfiants secrets ». Ce récit ne correspondant plus à ce que je souhaite publier sur ce site, j’ai préféré le retirer, tout en gardant quelques éléments pour d’autres histoires.