Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 10677Fiche technique19708 caractères19708
Temps de lecture estimé : 12 mn
14/08/06
Résumé:  J'y ai été un peu fort, aussi. Quel idiot j'ai pu être de lui proposer un jeu pareil. Quelle femme accepterait !
Critères:  fh rousseurs train hdomine exhib préservati pénétratio jeu
Auteur : Lise-Elise  (Exploratrice littéraire)            Envoi mini-message
Troisième wagon, en partant de la locomotive

J’ai acheté le Canard, par habitude. Je ne l’ai même pas ouvert. Je regarde par la fenêtre, sans trop faire attention à ce que je vois. Je pense à elle. Dans une quinzaine de minutes, elle va monter dans le train… À moins qu’elle n’y soit déjà. Elle sait que je suis dans le troisième wagon, en partant de la locomotive. Elle viendra au prochain arrêt. Elle est restée évasive quand j’ai insisté pour savoir d’où elle arriverait. Etait-ce cette fille un peu typée, avec un sac à dos rose, qui marchait devant moi à la gare de départ ? Ou cette femme en tailleur bleu marine, attendant sagement que le train s’arrête, et qui sans doute travaille à la TENACA ? En vérité, j’espérais qu’elle ne soit ni l’une ni l’autre. Je la voudrais telle que je l’imagine, simple, naturelle, rieuse, je veux voir son sourire plus que son maquillage. J’ai soudain peur d’être déçu. Je nous ai lancés si vite dans cette histoire…


Je corresponds avec elle depuis six mois. Je l’ai connue sur un forum, où son humour parfois mordant m’avait plu. Nous sommes rapidement partis dans des joutes verbales qui excluaient les autres. Puis, très vite, je lui ai envoyé un message privé, puis un autre, puis mon adresse e-mail. Elle s’est rendu compte avant moi que notre discussion versait de plus en plus vers la séduction. Le premier, j’ai fait une allusion coquine, à laquelle elle a répondu avec un brio certain.


Aujourd’hui, je sais qu’elle est brune, avec les yeux clairs, qu’elle a les mains fines et les ongles longs, qu’elle aime alterner griffures et caresses sur la peau de ses amants. Je sais qu’elle aime sucer mais pas le goût du sperme, qu’elle aime les jupes courtes et joue parfois à se passer de culotte, et que dépassé un certain seuil d’excitation elle peut s’offrir sans retenue ni pudeur. Je sais qu’elle aime s’abandonner aux mains d’un homme habile. Je sais aussi qu’elle a fait des études de biologie et travaille dans les végétaux, sans plus de précisions. Qu’elle aime les films de Francis Ford Coppola mais pas ceux de sa fille. Si je la croisais dans rue, je ne la reconnaîtrais pas.


Je pianote sur l’accoudoir. Et si elle ne venait pas ? Ce qu’elle m’a raconté prouve bien qu’elle n’a pas froid aux yeux, mais elle pourrait, finalement, trouver une raison de ne pas venir. J’y ai été un peu fort, aussi. Quel idiot j’ai pu être de lui proposer un jeu pareil. Quelle femme accepterait ! Mais elle a accepté. Elle a dit qu’elle viendrait. Elle n’a jamais, jusqu’à maintenant, raté un de nos rendez-vous virtuels. Alors pourquoi celui-là ?


Je souris à l’idée de ce qui va ensuite se passer. Elle va monter dans le train. Elle sait que j’ai mis ce polo vert sapin, et que je ne suis pas dans le sens de la marche. À cette heure, c’est bien suffisant. Il n’y a dans ce wagon qu’un ouvrier en bleu de travail et une dame âgée. J’ai choisi soigneusement l’horaire. Normalement, nous devrions être seuls avant la fin du voyage. Elle va venir vers moi, s’asseoir. Nous commencerons à parler. Je la regarderai hésiter… Car elle hésitera, c’est sûr. C’est elle qui décidera si nous jouons ou non. Si elle pose sa main sur ma cuisse, dans un geste délibéré, bien entendu, alors la partie commence. Le pari est simple. Si le contrôleur ne passe pas dans le wagon, nous deviserons sagement, assis sur nos sièges. S’il passe dans le wagon, alors je pourrai explorer de mes mains tout son corps, et je m’offrirai à ses caresses. S’il nous demande nos billets, elle devra me faire jouir, de la façon que je souhaiterai. Je ne sais pas moi-même ce qui me passera par la tête, alors.


Ce scénario, je le lui ai présenté juste après qu’elle ait proposé le train comme lieu de rencontre. Elle disait trouver les transports ferroviaires hautement érotiques. Quelques dizaines de minutes plus tard, nous avions tout élaboré, et elle avait dit « Chiche ! ».


D’y repenser, mon inquiétude s’envole, et mon excitation monte d’un cran. J’ai hâte de la voir.


Le train ralentit, s’arrête. La vieille dame se lève, prend sa veste sur son bras, semble vérifier qu’elle n’a rien oublié, sort. Ne sachant pas par où elle va entrer, je jette un œil devant et derrière. Puis me carre dans mon siège : mon impatience ne la fera pas arriver plus vite. Je me concentre sur la porte la plus proche. Une jeune femme blonde, avec une grosse valise, monte, hésite, et part dans le wagon suivant. Sans doute une fumeuse. Trois hommes montent, parlant bruyamment, et traversent la voiture, à la recherche d’un certain René qui n’est heureusement pas l’autre occupant du compartiment. Le signal sonore retentit, les portes se ferment. Je retiens mon souffle. Des dizaines de scénarios se succèdent dans mon esprit, expliquant son absence, quand je sens une présence prés de moi. Je ne l’ai pas entendue arriver.



Pris par l’émotion, je ne réponds pas tout de suite. Elle est de taille moyenne, la taille fine, la poitrine à peine épanouie, les cheveux bouclés, et des taches de rousseur partout où je pose les yeux. Elle s’installe, rieuse. Elle pose avec affectation ses mains sur ses genoux. Elle porte une jupe fluide, lui arrivant à mi-cuisse, vert clair, qui tranche sur ses jambes bronzées. Bien sûr, je ne peux que m’interroger sur la présence ou non d’une culotte. Je ne lui demande pas, je la connais assez pour savoir qu’elle ne me répondra pas. Je souris en pensant que j’aurais sans doute l’occasion de vérifier par moi-même. La conversation est on ne peut plus policée. Nous parlons du temps qu’il fait, des nouvelles, commentons les titres de mon journal. Nous prenons nos marques. Sa voix est chaude, parfois ironique. Elle a une façon charmante de pencher la tête quand elle prépare une réplique. Elle pose avec un sourire en coin sa main sur l’accoudoir. Je me permets de l’effleurer, sans la quitter du regard.


Un ange passe. Puis elle éclate de rire.



Je la regarde, sans mot dire. Elle me plaît, autant, peut-être plus que lors de nos conversations. Elle se tourne vers moi et pouffe à nouveau. Je me penche vers elle, mes lèvres touchant presque son oreille.



Elle me regarde, rit encore. Baisse les yeux, me jette un regard en coin. Tourne la tête vers le couloir, se retourne vers moi, et répond :



Je hausse les épaules, l’air faussement détaché :



Elle soulève sa main, la repose sur l’accoudoir, et dit d’une voix pensive :



Elle fait la moue.



Puis résolument, elle pose sa main sur ma cuisse. Là où elle est, elle peut sans conteste sentir, sans même toucher l’endroit crucial, à quel point je suis excité.


Le jeu a commencé. Je ne l’effleure même pas. Les règles sont ainsi, pour l’instant rien ne s’est encore passé. Mais j’affûte mes armes, et la conversation doucement glisse vers des lieux moins raisonnables.


Sans connaître grand chose de nos vies, nous connaissons beaucoup de nos fantasmes. La partie se joue à deux. Un voyageur installé devant nous trouverait notre conversation plutôt décousue. D’expressions à double sens en allusions voilées, nous mesurons l’un et l’autre l’impact de nos mots. Je regarde ses tétons pointer sous l’étoffe alors que je parle de vent et d’orage, d’un air lourd, humide, de la caresse fraîche du vent sur la peau, les frissons, l’attente, et les premières gouttes qui tombent, libératrices.


La chaleur lui inspire bien d’autres pensées : elle mesure la progression de ma turgescence en me décrivant un dessert, crème fouettée et bien fouettée, contraste des fruits, rouges, sur la chantilly blanche, la glace à la vanille qui fond en lentes coulées, la sensation de froid, saisissante, qui coupe le souffle. Je suis suspendu à ses lèvres. Je rêve de ces autres lèvres, libres ou couvertes ? Elle profite de l’avantage, et dévie sans que je sache comment sur la description d’une robe qu’elle possède, paraît-il, mais porte peu souvent. Assortiment de lanières croisées, jupe longue fendue haut derrière…



Elle rit, et dans le même mouvement, lève la tête et me laisse découvrir l’étendue libre de son cou. Y planter mes canines ?


Mais elle a touché juste. À mon tour d’évoquer les liens à nouer, et de robe je dévie sur des costumes de théâtre, jupes amples et corsets haut lacés… Elle fait la moue. Tant pis. Je reprends :



Elle a un demi-sourire. Puis change de sujet.



J’hésite. Je sais qu’une fois, une seule, un amant l’a entraînée dans un jeu d’ondinisme qui l’avait, sur le moment, captivée. Je sais aussi qu’elle n’a jamais recommencé, et qu’elle n’en a même pas l’envie. Je me penche vers mon sac et lui tends une bouteille d’eau.



Elle rit. Notre petit jeu n’est pas toujours d’une grande finesse. Il s’agit seulement de conjuguer le fin, le grivois, le vulgaire, l’intellectuel, pour aiguiser nos sens. À chaque fois que la porte s’ouvre, nous faisons un effort pour ne pas nous retourner. Personne ne s’arrête dans le compartiment.


Elle n’a pas ôté sa main de ma cuisse. Elle ponctue parfois notre conversation de pressions douces ou fortes, de caresses esquissées sur l’étoffe de mon pantalon. J’ai enroulé mon bras autour du sien en colonisant l’accoudoir. Parfois, les mouvements de la voiture nous font nous frotter de façon fortuite, que je trouve particulièrement agréable.


À l’arrêt suivant, l’ouvrier descend. Personne ne monte. L’excitation me monte à la tête. J’hésite pourtant. Je pourrais tenter de rompre le jeu. Ce serait dommage. Mais sentir cette petite langue rose courir sur ma peau, faire sauter, enfin, les boutons de mon pantalon… Elle se rend compte de ma distraction et s’en amuse. Me tarabuste pour savoir ce qui occupe si fort mes pensées. Comment répondre sans être grossier ?


La porte s’ouvre. Crispation légère. Un uniforme qui passe, au pas de course. C’est une contrôleuse.


Je regarde ma compagne de jeu, qui se moque ouvertement de moi. Pour un peu, je croirais à un coup monté. Je soupire :



Elle prend le temps de répondre. Un peu trop. Ma revanche avance d’un pas martial, sous la forme d’un homme, indéniablement un homme, coiffé de la casquette réglementaire. Jamais je n’ai été aussi euphorique à l’idée de tendre mon billet au contrôleur. Ma voisine, elle, se renfrogne. Je pose à mon tour ma main sur sa cuisse, remonte le tissu, tandis que l’employé lui rend sa carte de transport. Je note mentalement qu’elle aussi fréquente régulièrement cette ligne. Alors que l’homme part, je murmure :



Mon sourire à ce moment doit être carnassier. Je me penche vers sa bouche, et mon baiser, là, tient de la dévoration. Elle s’offre sans retenue, posant même sa main sur ma nuque pour prolonger encore. Je me laisse volontiers faire. Sans cesser de provoquer sa langue, je glisse ma main sous sa jupe. Savoir, enfin, la réponse à cette fameuse question. La chair des cuisses est tendre. Elle tient ses jambes serrées, fermement, je les lui écarte. Je prends mon temps pour m’insinuer plus avant. Mon index tendu rencontre une barrière de tissu, du coton, sans doute. Humide. De plus en plus humide au fur et à mesure que je descends. Mon baiser redouble d’ardeur.


Le train ralentit, s’arrête. Pas moi. J’entreprends, à travers le tissu, de caresser le sexe tentateur. La porte s’ouvre.



La voix, gênée, fait se raidir ma compagne. L’intrus a déjà pris la fuite. Je relâche mon étreinte, hume sur mes doigts son parfum. Je soupire :



Elle penche juste la tête, son regard en dit long. Le jeu est ainsi. Tout dépend de moi. Je m’attaque au bouton de son chemisier, l’invite à agir de même sur ceux de ma braguette. La liberté de mouvement rend aussi mes pensées plus claires. Je rêve de cette bouche, de cette langue, mais je la connais assez pour savoir qu’elle en sera frustrée. Sortant un sein du bonnet de soutien-gorge, je m’interroge à haute voix :



Je n’ai pas besoin de l’encourager. Comme moi tout à l’heure, à travers le fin tissu de mon caleçon, elle alterne pressions douces et fortes, découvrant les formes de mon membre. La voix un peu rauque, je reprends :



Le baiser qu’elle m’offre est un peu réticent. Je retourne à son sein que j’agace, entre deux phrases :



Je sens sa crispation. Pourtant, elle s’abandonne quand je l’embrasse à nouveau. Je m’interroge. Faut-il que j’ose ? Ça me paraît trop, pour une première fois. Je pousse un peu l’avantage.



Elle m’obéit. Elle n’a pas dit un mot depuis que le contrôleur est passé. Elle peine à maintenir son équilibre, signe évident de son émoi. Je relève la jupe, baisse immédiatement la culotte, juste en dessous du renflement des fesses. Là aussi, elle est constellée de taches de rousseur. J’appuie légèrement sur sa hanche pour qu’elle se penche encore, me permettant de mieux voir. Elle a un cul de femme, lourd, pas tout à fait régulier sous la main. Avec des creux, des reliefs, des mollesses, des fermetés. Je passe, furtivement, la main sur ses lèvres intimes. Ce frôlement suffit à la faire frissonner. En la contemplant ainsi, culotte à peine descendue, magnifiquement indécente, je sais simplement ce que je vais choisir.


Je lui demande d’abord de jouer de sa langue. Elle a compris que ce ne serait qu’une mise en bouche, et alterne pressions franches et légères, caresses et succions. Elle se borne à parcourir la tige. C’est moi qui l’incite à goûter aussi le gland.


Je l’arrête avant d’y prendre trop de plaisir. Je me lève. Elle s’efface, je passe dans le couloir. La prenant dans mes bras, je la manipule avec beaucoup de tendresse. Elle adopte, quant à elle, un comportement de poupée lascive. Je lui murmure ce que j’attends d’elle. Les pieds à terre, penchée en avant, mains appuyées sur les dossiers des sièges, ou les genoux sur l’assise, au besoin. Je vais la pénétrer ainsi.


Elle demande, faiblement :



Je ne réponds pas. Je m’assieds sur le siège d’en face pour mieux enfiler un préservatif. Puis, d’un doigt, je parcours son antre humide, trempé, remontant vers l’œillet sombre que sa position me laisse entrevoir. Je la saisis aux hanches, la caresse de mon sexe. Le latex, à ce moment, est une bénédiction : sans lui, je lâcherais les vannes comme un collégien.


La contraignant de mes mains, je la courbe pour qu’elle s’ouvre à moi. Je la pénètre sans hâte, optant pour l’entrée la plus conventionnelle. Son cri, à peine retenu à ce moment, me conforte dans mon choix. Je suis obligé de la maintenir pour qu’elle n’ondule pas comme chatte en chaleur. Je ne le veux pas. Le balancement que le train m’impose sera notre seul mouvement.


Mes mains enserrent son corps. Sa taille, ainsi, paraît fragile, son cul magnifique. Elle secoue la tête comme en un appel, et geint. Je prends le risque de la lâcher pour aller effleurer ses seins. Comme si elle avait compris mon dessein, elle ne s’agite plus. Son corps lui aussi tressaute au rythme du chemin de fer. Je ne vais pas tenir longtemps, je le sais.


Ses gémissements prennent de plus en plus d’ampleur. La caresse douce et saccadée de son sexe sur le mien, les frissons de ses muscles ont eu raison de ma résistance. Je l’empoigne à nouveau par la taille, et, dans un coup de rein, je jouis.


Je veux la caresser, la faire jouir à son tour. Elle se dérobe. Se relève, se rajuste. Son visage est détendu, comme lavé. Je m’inquiète tout de même un peu. Je n’ai pensé qu’à moi. Elle ne parle pas, mais sourit. M’embrasse. Cherche un mouchoir dans son sac, me le tend. J’y dépose le préservatif. Elle s’efface pour me laisser regagner ma place.


Je devrais dire quelque chose. Je suis merveilleusement bien, dans cet état heureux qui précède le sommeil. Je la regarde comme à travers un brouillard. Elle prend ma main et la serre. Tout va bien.


Le train ralentit. S’arrête. Elle m’embrasse, empoigne son sac, part. Je ferme les yeux : je ne dois pas savoir si elle est descendue.







Sur un scénario original de Icsor



Le Canard enchaîné est un journal satirique français, et un des rares à faire encore quelques enquêtes dans le milieu politique.