n° 10698 | Fiche technique | 12355 caractères | 12355Temps de lecture estimé : 7 mn | 22/08/06 |
Résumé: Une sieste coquine et savoureuse comme un fruit mûr. | ||||
Critères: fh aliments poésie -poésie | ||||
Auteur : Dentelle Envoi mini-message |
Poésie |
J’ouvre les yeux.
Un silence monacal embaume la pièce.
Presque nue, blanche.
Un lit, un homme à mes côtés qui dort.
Je sens la chaleur de son corps transperçante.
Mais il dort.
D’un sommeil léger et cependant réparateur.
C’est probablement encore l’heure de la sieste.
Un petit rai de lumière jaunâtre filtre des persiennes entrouvertes.
Il fait doux et calme.
Une petite bougie parfumée termine sa courte vie. Une senteur glacée d’été aguiche mes narines.
Peut-être des effluves marines ? Vagues, embruns, iode, air salin se mélangent aux restes de la bougie. Cannelle est la note dominante qui me saute délicieusement au nez, probablement mêlée à un zeste de vanille des îles.
Sensations olfactives prudentes mais aguicheuses.
Un vent léger extérieur tambourine à la fenêtre entrouverte.
Sans animosité, il pénètre la chambre, se faufilant adroitement et soulevant le voile bleuté des rideaux. Envolée gracieuse du tissu, frissons de mouvements aériens.
L’azur contraste gaiement avec la blancheur des murs.
La légère pénombre est reposante pour les yeux.
Je me tourne complètement vers lui.
Mon amoureux sommeille sans prêter attention à mes mouvements.
Sa respiration régulière est rassurante, il est là, endormi, abandonné.
Je tente de lui murmurer quelque chose à l’oreille. Il remue légèrement, se retournant complètement sur le ventre. Le drap de satin épouse son corps sans complexe. Je place une main sur lui.
Son corps répond à mon appel très sobrement. Légère contorsion, comme un chat qui cherche à se faire caresser. Petit gémissement sourd. La fatigue accumulée a eu raison de lui.
Je dandine les doigts sur son dos nu.
Langoureusement, il entrouvre un œil puis l’autre pour mieux replonger dans les affres du sommeil. J’ai envie de savourer sa peau rosie par le soleil.
Je guette une quelconque animation, mais il continue son chemin vers ses rêves…
Je finis par me lever,
répondant à l’appel discret du vent.
Mes pas sont légèrement chaloupés par le sommeil.
Je m’approche discrètement de la fenêtre.
Léger sifflement dans les rideaux.
Une ombre se dessine sous le tulle bleu,
s’acoquine à une autre,
câline le tissu avant de disparaître à jamais.
Secret murmuré de la brise
Insufflation de vie dans la chambre endormie.
J’entrouvre une déchirure dans la pénombre,
Soleil presque aveuglant.
C’est bon, si chaud sur la peau.
Je jette un regard épars sur l’horizon.
Océan à perte de vue,
Merveillleuse sensation de vide,
comblée par l’ensemencement d’énormes vagues.
Un ballet gigantesque s’ouvre,
mousse frétillante blanchâtre,
Déferlante éperdue dans cette immensité.
Je le sens s’approcher,
souplement,
drapé de soie autour de ses hanches félines,
togé tel un romain.
J’ai cette impression d’appartenance,
lui à moi et moi à lui.
Dos à torse,
Chevelure à chevelure.
Douceur à délicatesse.
Il m’enserre de ses bras,
me protège des bourrasques imaginaires de ce vent.
Nos regards se perdent dans le vague.
Il me caresse le dos,
voluptueusement,
délicieusement.
Je ne veux pas me retourner,
Ses mains commencent à parcourir mes seins,
me dessinent, m’assassinent pour mieux
me ressusciter.
Elles me rapprochent encore plus près de lui.
Mes reins se contractent pour épouser son corps.
Je remarque sa fringale de moi,
de vie,
de chaleur,
d’amour.
Je jouis de son envie.
Nos corps s’accordent un répit,
un instant,
se volent des moments de désir fulgurant.
Puissance du désir,
Volupté de caresses,
Détresse,
ENVIE DE LUI.
De ses lèvres piquantes,
il dessine un galon sur mon épaule.
Dorure des boutons,
Festons de bouche sur ma peau.
Il tiraille,
se faufile,
surfile le tout d’un bout de langue acérée.
Il trace point par point l’ourlet de ma nuque.
Il tanne le cuir velouté de mon épiderme,
me mord de ses dents nacrées.
Douleur pimentée de volupté.
Serpentin de baisers,
Trace de venin sur moi,
il se perd dans les méandres de mon dos.
Nous sommes toujours debout,
face à la mer,
préface de notre luxuriante aventure.
Il se maintient droitement derrière moi,
faisant batifoler son intimité contre mes fesses.
Il croque doucement,
je craque sous l’émoi.
Et lui,
Et moi ?
Torsade de nos mains,
Tressage de nos corps.
Envie de n’être plus qu’un.
Le raisonnable frappe à la porte de nos corps,
réponse indécise.
Arrêt sur image.
Souplement, nous regagnons les abords du lit,
délice des yeux,
les draps portent nos marques,
stigmates de nos amours.
Par-ci un vêtement abandonné,
Par-là un autre,
ils ont l’air morts sur le parquet,
tel les appeaux
de temps qui a passé tellement vite.
L’horloge reste muette de constatation,
exquise mégère qu’on tente toujours
de retenir et d’apprivoiser.
Mais elle continue toujours son chemin,
sans tenir compte des nos récriminations.
Je m’étends encore une fois,
soupirant d’aise.
Une corbeille de fruits attire mon regard,
Pommes, abricots juteux,
fraises rougies de gêne témoignent de nos ébats précédents la sieste.
L’orangé pâli de l’abricot m’attire,
il ensorcèle mes papilles.
Me jetant un sort d’appel gustatif.
Mon homme a saisi le cri de détresse de ma faim.
Il le saisit du bout des doigts,
en caresse au passage le velouté.
Il le promène d’abord contre ma joue,
étrange sensation fraîche et chaude à la fois.
Il descend le long de ma gorge,
et s’arrête sur la plage de mes seins.
Le froid du fruit me fait réagir.
Mes mamelons se gorgent de glace
et durcissent sous ce passage.
Il remonte voluptueusement à l’orée de ma bouche.
La peau résiste légèrement,
la pulpe vient fondre sur ma langue,
le jus du fruit s’écoule dans ma gorge laissant une trace au passage
sur mon menton.
Il s’empresse de poser ses lèvres
sur le chemin du jus du fruit,
divine sensation de partager ce moment de pure intimité avec lui.
L’abricot a le goût du soleil,
la chaleur des jours passés à mûrir.
Je mords encore une fois,
cédant la place à un cœur de chair découverte.
C’est un délice,
saveur du fruit,
succulence de ses lèvres à la recherche de la moindre empreinte.
Je termine le fruit en léchant au passage chaque parcelle de ses doigts,
ne lui laissant qu’une impression de noyau dur au creux durci par l’émotion.
La sensualité de ce moment partagé n’a rien de commun avec une partie de danse de jambes en l’air, c’est la naissance d’un autre sentiment,
d’un partage,
d’une envie commune de se satisfaire pleinement.
Je savoure à l’extrême la volupté du fruit
qui pour cette fois n’avait pas le goût du défendu,
mais celui de nos doigts entrelacés dans l’amour.
Régal de ses doigts abricotés.
Le regard illuminé,
il tend la main vers la corbeille,
en sort un autre, le coupe
savamment en deux parties égales,
et les dépose sur le bout de mes seins,
après la plage, la crête des dunes.
Sensation bien étrange,
je me sens transformée en fruit confit,
qui attend impatiemment la bouche,
gourmande et avide.
Il continue son épopée en cueillant
deux grosses cerises,
du rouge le plus foncé de la gamme.
Juteuses, gorgées aussi à point.
Il me taquine,
surveille mes sensations,
épie mes mouvements,
salive de fascination.
Il promène les deux cerises
jusqu’à l’orée de mon désir.
Il entrouvre mes lèvres,
les place savamment une à une,
Je me contracte légèrement,
de manière à emprisonner les fruits,
sans les écraser.
Divin, cet assemblage de fruits frais
à proximité de mon bourgeon
crée une impression de complicité.
Comment pouvait-il deviner la chaleur et l’humidité
qui doucement m’envahissent ?
Son regard ne laisse présager que du bonheur,
Du nombril, il trace une ligne,
d’abord avec le doigt
qu’il prend soin d’humidifier
dans ma bouche,
pour passer ensuite à la sienne,
pour plus tard glisser la langue,
sur le tracé du chemin pré-établi.
Il opère un subtil jeu de doigts,
jeu de langue,
sur ma peau,
pianotant,
décrivant des broderies,
des fioritures,
talonnant de près mon envie
de galop vers le plaisir.
Coquin il se fait attendre,
galope,
trotte,
pour rester ensuite au pas,
au pied de mon cerisier qui n’attend plus
que sa cueillette.
Délicatement, il pose d’abord les lèvres,
sur le rebord de la faille,
ne cherchant pas encore à s’y engouffrer.
Je piaffe tel un cheval fou,
mais il est maître de lui
et de moi.
Il jette un coup d’œil,
discret,
un peu maladroit.
Une légère ondée m’envahit sous son œil aguicheur,
elle se mélange aux fruits,
picotant leur chair mûre.
Les cerises se gorgent de moi
de la même manière
que je me gorge d’elles.
Ma chair et leur chair s’unissent,
délicieuse sensation d’abandon.
Il ose enfin dresser la langue
vers elles.
Entrouvre délicatement les lèvres,
savoure encore du regard.
Son voyeurisme m’excite au plus haut degré,
je sens mon clitoris s’emballer,
prêt à tout pour attirer son attention,
il se gorge de sucs, se durcit.
Ma fleur de lys s’ouvre seule,
laissant une place digne d’un roi
pour s’ébattre dans ce jardin.
Il est mon roi,
la chaleur qui m’a envahie devient suffocante.
Sa langue commence enfin à me parcourir,
me léchant,
doucement et tendrement d’abord.
Répondant à mon appel,
il se fait plus entreprenant,
il savoure,
s’applique,
m’implique dans cette extase.
Les cerises roulent sous sa pression,
il referme d’un petit geste sec
ma bouche et écrase au creux de mes lèvres,
la pulpe,
faisant couler le jus des fruits
partout dans mon intimité.
C’est d’une sensualité époustouflante,
la pulpe fraîchement écrasée
me rend un souffle de chaleur.
Il goûte le surplus du fruit,
ôte le reste
et se met en piste pour l’ultime combat.
Il lèche,
aspire,
respire,
s’arrête
pour mieux recommencer,
batifole avec le bourgeon;
Tout s’affole.
Tout est bon, si bon.
Il n’en perd pas une seule goutte,
savoure,
autant que je savoure.
Il me connaît,
et sait.
Il engouffre un doigt plus profondément,
m’incluant dans son jeu subtil.
Je me perds dans ses bras,
dans sa bouche,
dans ses lèvres,
Plaisir.