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Temps de lecture estimé : 32 mn
29/08/06
Résumé:  Nathalie a tout pour réussir, mais elle a attrapé le virus de la moto.
Critères:  fh hplusag fellation pénétratio
Auteur : Bertrand D  (Rêveur solitaire)            Envoi mini-message
L'amour de la moto


Le bus démarre, crachant une bouffée de fumée malodorante. Derrière une jeune femme court, agitant les bras. Le chauffeur ne la voit pas et le véhicule prend de la vitesse. Raté, j’ai a raté mon car, le seul jour où il ne me fallait surtout pas le manquer !

Nathalie est désespérée, elle ne sera pas à l’heure pour son contrôle. Elle doit absolument le passer et surtout le réussir si elle ne veut pas perdre un an. Avoir presque terminé l’année pour rien ! Cela l’inquiétait tellement, quelle est restée éveillée une partie de la nuit, ne s’est endormie que sur le matin et n’a pas entendu le réveil.

Il me faut absolument trouver quelqu’un qui m’amène, n’importe qui. Elle traverse la rue et entre dans le café en face. Dans la salle des hommes prennent leur café en discutant.

Elle va au comptoir, demande au patron :



Dans le coin, un homme prend son petit déjeuner. Il reste étrangement solitaire et silencieux au milieu des autres occupants assez bruyants.



L’homme l’observe quelques instants, semble hésiter, regarde sa montre. Vidant sa tasse, il se lève, sans régler, fait un signe au patron.



Il saisit son blouson derrière lui, l’enfile en se dirigeant vers la porte. Nathalie le suit, se demandant après tout si c’est bien utile, avec la circulation, ils n’arriveront jamais à temps.

L’homme s’arrête devant un énorme engin, une moto ! Elle qui n’a jamais voulu monter derrière le scooter de Jacques. Il sort un casque, un blouson, tend le tout à Nathalie.



À contre cœur, elle s’équipe, songeant à l’allure ridicule qu’elle doit avoir. Déjà le motard est en selle, elle grimpe derrière lui.



Puis il rabaisse sa visière.

De ses bras elle enserre la taille, tourne un peu la tête, la colle contre le dos du conducteur.

Un grondement sourd, des vibrations qui lui montent jusque dans l’estomac. Elle voit le bord du trottoir s’éloigner lentement. Brutalement, un rugissement, une sensation d’arrachement, le bas côté qui fuit à toute vitesse. La surprise, un sentiment d’effroi, elle tremble en pensant aux risques qu’elle court, il aurait mieux valu redoubler son année.

Puis d’un coup, l’engin ronronne au milieu des voitures. Nous arriverons trop tard pense-t-elle. Nouveau hurlement et alors défilent auprès d’elles des autos qui semblent engluées. Quatre, cinq, et soudain retour au calme. La sensation est terrible, elle a horriblement peur, c’est tellement brutal !

Ralentissement, nouveau bond, on remonte à nouveau quelques voitures, arrêt à un feu rouge.

Vert. Démarrage sec, la voie est libre, personne n’a pu suivre. À nouveau, dépassement de voitures. La peur, toujours présente, se transforme peu à peu place en un sentiment très fort, de jeu périlleux. Jeu dangereux pense-t-elle, mais tellement grisant. Ainsi, à chaque feu, l’engin se trouve au premier rang et gagne beaucoup de temps. À un moment, dépassement assez long, c’est le bus, nous doublons le bus, je suis sauvée.


Nathalie est heureuse, elle sera à l’heure. Mais surtout elle a vécu des sensations extraordinaires, effrayantes mais excitantes.

La moto s’arrête, elle regarde, elle est devant la fac, en avance. Elle descend, quitte casque et blouson, les met dans la sacoche d’où son conducteur les avait sortis. Elle lui dit merci. Un signe de tête en guise de réponse, il est déjà reparti dans un démarrage foudroyant.

Un scooter s’arrête à côté d’elle, c’est Jacques.



Nathalie se tait, sourit intérieurement, s’il savait. Mais elle se garde bien de le mettre au courant.


Son parcours matinal l’a totalement détendue, elle a bien travaillé. Le soir dans le bus, elle regarde par la vitre passer les engins de toutes les couleurs. Mais pas de moto noire. Elle aurait aimé la voir, suivre ses évolutions au milieu de la circulation.

Le lendemain elle est arrivée un peu plus tôt, est entrée au café. Dans le coin, le motard est là devant son petit déjeuner. Timidement, elle s’est approchée.



Elle est ressortie, surprise par ce gars là. D’autant qu’il l’a tutoyée, il est vrai qu’elle n’est qu’une gamine pour lui. Vieux, au moins trente ans, immense, pas vraiment beau, la gueule carrée, noircie de barbe malgré un rasage de près, brut de décoffrage, assez ordinaire, mais drôlement costaud. Ce doit être un solitaire, un fou de vitesse. Mais j’aimerais bien quand même remonter sur son engin.


Jacques l’attend tous les matins à la descente du bus. Il gare son scooter juste en face. Tous les jours il lui propose de venir faire un tour avec lui, lui explique que ce n’est pas dangereux. Elle sourit mais ne répond pas.

Dans les bousculades lors des sorties de cours, il la serre de près, lui entoure la taille. Elle le laisse faire, se prêtant même à son jeu. Il l’a bien compris et à la moindre occasion la baratine, lui propose de sortir ensemble. Pour le moment elle n’a rien promis. Un jour, quittant les derniers une salle, il la coince et l’embrasse. Elle reste assez passive, mais ne refuse cependant pas le baiser. Les mains masculines s’égarent sur les fesses. Un bruit de pas dans le couloir interrompt leur tête à tête.


Pour marquer la fin de l’année, la bande a décidé de se réunir le samedi soir la dernière semaine, autour de la piscine dans la propriété des parents de l’un d’entre eux. Occasion rêvée pour Jacques de faire goûter les joies du scooter à Nathalie et par la même occasion, de passer une soirée où il pourra tenter sa chance de la séduire. Elle a écouté sa proposition, n’a pas donné sa réponse, a demandé à réfléchir.

Elle a autre chose en tête. Elle aimerait connaître encore les sensations sur la moto. Le jeudi, elle entre dans le bistrot, commande un café et va le boire auprès du motard. Il l’a vu arriver avec une moue narquoise. Après un bonjour rapide, un sourire malicieux sur son visage, il l’a laissé parler.



Ils ont discuté un moment, négligeant l’heure. Tout à coup, ils réalisent qu’ils sont en retard. Ils grimpent sur l’engin et c’est une démonstration de gymkhana. Telle une anguille, la moto se glisse entre les voitures, bondit à la moindre occasion. Pourtant, impossible de rattraper le car qui a vraiment trop d’avance.


Devant la fac, Jacques, excité, impatient, surveille la descente du bus, dans deux jours c’est la fête, savoir si elle acceptera. Pas de Nathalie. Le car est reparti, laissant le jeune homme désappointé. Elle n’est même pas venue en cours.

Soudain un sifflement, le monstre noir s’immobilise à côté de lui. Oubliant sa déception amoureuse, il examine pour la première fois de près le merveilleux engin. La passagère en descend lui tournant le dos, se débarrasse de son équipement qu’elle range dans la sacoche. Le conducteur a relevé la visière et lui dit :



L’engin fuse dans un miaulement aigu. La fille se retourne, c’est Nathalie.

Jacques est interloqué. Elle qui avait peur de grimper derrière lui, sur son scooter, la voila qui chevauche cette fusée.



Et elle l’embrasse sur les deux joues. Il reste sans voix, ne réagit pas.



Elle lui prend le coude et l’entraîne dans la cour.


Toute la journée, elle a été charmante avec lui, mais il ne profite pas de ses bonnes dispositions.

Le soir, quand ils sortent, Jacques ne peut se séparer d’elle, est-ce pour profiter encore un moment de sa présence ou pour voir la moto.

Elle est arrivée dans un ronronnement. Le moteur arrêté, la machine s’est inclinée sur sa béquille. Galamment, l’homme a ouvert la sacoche et tendu blouson et casque à Nathalie. Avant de l’enfiler, elle s’est retournée a embrassé Jacques et lui a dit :



Il est resté muet, jaloux de tout, de l’engin, de la chance de Nathalie, et surtout du motard. Dans un sifflement impressionnant la fusée est partie. Il a vu s’éloigner son rêve.

Ils se sont arrêtés au café.



Ils sont remontés sur l’engin. Sortie de la ville, quelques kilomètres, puis à un moment, il s’engage dans un chemin de campagne caillouteux. Quelques centaines de mètres, arrêt le long d’un vieux mur en pierres sèches, percé d’un vieux portail en bois. Pourtant, ce dernier pivote sans bruit, probablement télécommandé.

La moto s’engage dans un sentier. Le portail se referme tout seul. Une centaine de mètres en zigzags, une vieille masure apparaît. Arrêt, ouverture d’un garage, l’engin est remisé. Nathalie s’est débarrassée de ses accessoires.

Tout autour le crissement des cigales comme bruit de fond. Le motard, mais au fait comment s’appelle-t-il, sort, referme le garage, se dirige vers la porte d’entrée.


Nathalie est soudain angoissée, elle est folle d’avoir accepté cette invitation avec un inconnu. Si c’était un piège ? Que va-t-il lui faire ? Si elle disparaît, nul ne saura où elle est.

Le battant s’ouvre sur un couloir sombre. Terrorisée, elle le laisse prendre quelques mètres d’avance, prête à fuir.



Il pousse la porte à l’autre extrémité du corridor.

Une vive clarté lui fait cligner les yeux. Elle avance un peu à tâtons, débouche sur une terrasse éblouissante de soleil. Et devant une piscine d’un bleu merveilleux. De chaque côté deux platanes créent une oasis d’ombre. Le jardin assez grand, entouré d’un mur de verdure, cyprès, lauriers.

Stupéfiée, elle se croirait au paradis, c’est un rêve.



Il éclate de rire, heureux de sa surprise.



Il est rentré préparer les boissons, se changer probablement. Elle est placée devant un dilemme. Se baigner, naturellement, oui, mais comment ? Repartir nue sous ses vêtements, puisqu’elle aura mouillé le reste, ou bien… Oh, au diable la pudeur.

Il revient bientôt, les bras chargés de plateau et bouteilles. En maillot, la poitrine, les bras, les jambes, couverts de poils noirs, ça surprend. Cela est en harmonie avec sa carrure, une brute, mais apprivoisée. Il la regarde en souriant.



Pendant qu’ils se désaltèrent, bien qu’un peu gênée par sa nudité, ils ont discuté. Il l’a regardée, caressée des yeux, mais c’était de l’admiration plutôt que de la concupiscence. Puis elle s’est dirigée vers l’eau, s’est aspergée afin d’éviter un choc thermique. Elle a plongé. Courbe parfaite, pas d’éclaboussure, un plongeon de compétition. Sans faire un mouvement, le corps tendu comme une flèche, elle a traversé le bassin puis a émergé à l’extrémité.



Dans un style beaucoup moins pur, il a culbuté puis nagé en puissance. Ils sont restés longtemps à se rafraîchir, se détendre. Roland est sorti le premier.



Elle enchaîne une série de longueurs, se donnant à fond. Tout en préparant le barbecue, il admire le spectacle, tellement agréable, du corps sans voile de la nageuse. Enfin détendue, oubliant sa nudité, Nathalie remonte les marches de la piscine. Roland vient lui déposer sur les épaules un peignoir de bain. De ses mains puissantes il frictionne les épaules, le dos, les fesses puis retourne à ses occupations. Rejetant la serviette, elle va s’allonger sur un espace inondé par les rayons de soleil encore chaud.

Elle ne regrette pas sa soirée, ressent un sentiment de relaxation, de bonheur, inconnu jusqu’à présent. La notion de temps a disparu de son esprit.



Elle avait presque oublié Roland. Elle ne le connaît que depuis peu, et pourtant elle ressent pour lui une véritable amitié. Son sens de l’hospitalité, sa gentillesse, la surprend, mais surtout la comble.

Il a déposé un peignoir sec sur le fauteuil qu’il lui avance. Elle prend place sans relever le tissu. Elle se sent merveilleusement bien nue, sous le regard admiratif de son hôte.



C’est un genre d’orangeade glacée qui glisse et rafraîchit. Tous deux admirent le soleil qui descend et vient chasser l’ombre sous les platanes. La chaleur est maintenant un peu tombée, c’est le meilleur moment de la journée. Ils échangent leurs sentiments sur le paysage, la beauté du site. Elle a repris du merveilleux breuvage. Un léger sentiment de plaisir, de légèreté la saisit.



La salade composée, accompagné d’une côtelette d’agneau grillée, sont les bienvenues après les efforts dans la piscine. Le tout descend bien grâce à un rosé glacé.



Ils sont restés longtemps ainsi. Elle lui a parlé de ses études, de son désir de voyage dans des pays étrangers, toutefois sans quitter le pays. Puis, comme elle parlerait à un grand frère, elle a évoqué ses relations avec les garçons, ses relations intimes mais précisant qu’elle tenait à garder à tout prix sa liberté.

La fraîcheur l’a saisie, il était tard. Il lui a offert l’hospitalité. Un peu hésitante, elle a finalement accepté, il n’est pas plus mal qu’un autre, et puis, elle est si bien.

Ils se sont levés, elle s’est enveloppée du peignoir de bain. Il l’a conduite dans une chambre aux murs chaulés en blanc. Un lit ancien, des rideaux aux motifs régionaux à la fenêtre. Il l’a embrassé sur le front et s’est retiré. Fatiguée, un peu saoule, un peu déçue aussi de son attitude trop correcte, elle s’est couchée nue, a rapidement sombré dans le néant.


C’est un rayon de soleil qui l’a tirée de son sommeil. Le décor inhabituel l’a surprise, puis elle s’est souvenue de sa soirée. Ses vêtements sont restés au bord de la piscine. S’enveloppant du peignoir de bain, elle est sortie dans le couloir, a trouvé la cuisine, vide.

Par la fenêtre, l’eau de la piscine brille, semble l’appeler. Elle sort, dépose son vêtement et descend dans le bassin. Calmement, avec volupté elle fait quelques longueurs, savourant la fraîcheur de l’eau.



Il l’a servie, lui a déjà pris son petit déjeuner. Puis elle s’est rapidement douchée et préparée.


La moto a roulé toute la matinée à travers les petites routes de garrigue, vignes et oliviers. À midi ils se sont arrêtés dans un mas perdu au bout d’un petit chemin. Roland doit être connu car ils ont été accueillis avec un plaisir évident. Avec la famille autour d’une grande table massive, ils ont partagé un repas simple. Salade des champs, quelques tomates le tout assaisonné d’huile d’olive, un civet de lièvre, des fruits de saison, abricots, pêches, le tout arrosé d’un vin rouge qui accroche un peu la gorge. On sentait une grande complicité entre eux.

Allongés sous la treille dans des chaises longues en bois, ils ont dormi un moment. Puis sont repartis dans les Cévennes. La moto s’inscrivait dans les virages serrés, basculant d’un coté, de l’autre, Nathalie serrée contre le pilote se sentait merveilleusement bien. Plusieurs fois il s’est arrêté, dans un virage dominant la plaine, près d’une chapelle, près d’une cascade, sous des châtaigner centenaires, appréciant le calme et la fraîcheur.

Et ils ont replongé dans la vallée, sont arrivés chez Roland.


Pendant qu’il préparait le repas, elle est retournée dans la piscine, nue. De temps en temps, il apparaissait sur la terrasse, l’admirant dans ses évolutions.

C’est vraiment le paradis, pensait-elle, ce n’est pas possible, je vais me réveiller.

Allongée sur la terrasse profitant des derniers rayons du soleil couchant elle s’est assoupie. Discrètement, il est venu faire tinter le glaçon dans un verre de planteur afin de la tirer de sa torpeur.

Ils ont mangé en silence, admirant le décor, se regardant. Les yeux de Roland suivaient les courbes harmonieuses du corps de son invitée. Regard admiratif, sans aucune notation érotique. Nathalie s’est sentie flattée, embellie par cet hommage silencieux.

Peu habituée aux libations, elle est engourdie par une fatigue délicieuse. La fraîcheur descend peu à peu. Elle tente de se lever pour s’envelopper du drap de bain. Ses jambes se dérobent, elle se raccroche à la table.

Roland se précipite, la rattrape, la prend dans ses bras et vient la déposer dans la balancelle.



En souriant, il prend place à côté d’elle, elle appuie la tête sur sa jambe. Le tissu a été rabattu sur son corps, détendue elle s’assoupit.

Un long moment s’est écoulé, la température devient clémente. Doucement il se dégage, se lève. Il ouvre le sac de Nathalie, cherche son adresse. Prenant les vêtements, il l’a rhabille sans qu’elle s’en rende vraiment compte.


Les bruits familiers de la rue entrent dans le studio, tirent Nathalie de sa douce torpeur. Quel rêve merveilleux, la moto, la merveilleuse balade, la tendresse, c’est dommage de revenir sur terre.

Rejetant le drap, elle se lève. Mais je suis nue, comment ai-je pu oublier ma nuisette ? Qu’ai-je fait hier au soir pour être si distraite.

Brutalement, la mémoire lui revient : non, ce n’était pas un rêve, mais comment se fait-il que je sois ici ? Et que m’a-t-il fait ? M’a-t-il fait l’amour ? Sa main glissée entre ses cuisses lui indique que non. Il m’a prise dans ses bras, je me suis endormie contre lui dans la balancelle, puis comme j’étais bien. Puis, plus rien.

Elle quitte son canapé, sur la table un papier :


Je te laisse dormir. Tu m’as donné une extraordinaire journée de bonheur que je n’oublierai jamais. Je quitte la ville, nous n’aurons probablement plus l’occasion de nous revoir. Tu resteras mon plus merveilleux souvenir depuis longtemps.

Tu es très belle, merveilleuse. Profite de la vie. Bonne chance.

Roland


Non, ce n’était pas un rêve. Mais pourquoi ne m’a-t-il pas gardé, fais l’amour. J’aurais tout quitté pour lui. Jamais je ne connaîtrai un pareil moment de bonheur.

Soigneusement elle range le message, le gardant pour les soirs de cafard.


Sur le scooter, derrière Jacques, elle rêve. L’engin se faufile parmi les voitures, gagnant péniblement quelques places dans la file. Les efforts de son copain la font sourire. Où sont les ruades du monstre, le sentiment d’arrachement, d’écrasement, les inclinaisons dans les virages.

Jacques arrête son scooter au milieu des autres véhicules. Tout fier il prend Nathalie par la taille et va rejoindre le groupe.

La piscine est très belle, plus grande que… arrête un peu de penser à ça. Déjà les premiers arrivés se sont mis en maillot et chahutent dans l’eau. Clémence a même tombé le haut. Les garçons la regardent en coin, un peu troublés. Ah, Roland m’admirait tranquillement lui, sans honte ni gêne, en esthète.


Quand elle est sortie de la cabine, en bikini, Jacques est venu auprès d’elle, tout fier, en propriétaire. Un passage sous la douche en bordure, puis elle a plongé impeccablement. À sa sortie en bout de bassin, elle a capté des commentaires admiratifs de la part des garçons. Elle fait une sérieuse concurrence à Clémence, mais pas dans la même catégorie. Une série de longueurs rapides, lâchant les nageurs qui voulaient la concurrencer. Tout le monde est autour du bar, faisant mine de se désintéresser d’elle. Pourtant, quand elle émerge, Jacques est là, sincère, il lui dit toute son admiration.



Elle sourit, se rapproche du bar.



La plupart des autres l’imite, du moins celles qui sont fières de leurs attraits. Nathalie n’a pas bougé, malgré l’invitation de Jacques.



La soirée se déroule suivant le schéma habituel : au bar l’apéritif, puis grillades, entrecoupées de bains, chahut, musique. Quelques couples s’éloignent recherchant un coin tranquille dans la verdure. Certains dansent. Des habitués de la maison occupent des chambres. Quelques uns éméchés, se donnent en spectacle. Jacques, timide, reste auprès de sa compagne, essayant de l’entraîner dans des lieux plus isolés.

Émue par ses attentions, sa gentillesse, elle l’entraîne sur la piste de danse, se laisse serrer d’un peu près, puis après quelques tours, carrément tripoter.



Il l’entraîne vers le garage vide de voitures. Des matelas de plage traînent au sol. Un couple dans un coin est déjà fort occupé, la fille nue, ronronne sous les caresses de son partenaire. Jacques saisit une couche et l’emmène dans un espace sombre.

Nathalie reste passive, un peu détachée des évènements, sa tête est ailleurs. Jacques l’enlace, l’embrasse passionnément. Elle le laisse faire puis peu à peu y prend goût, entre dans le jeu. La main du garçon est allée dénouer l’attache du soutien-gorge qui glisse entre eux deux. Se baissant il saisit sa compagne et l’allonge. Sa bouche vient s’occuper des seins qu’il n’avait encore jamais vus. En admiration devant ces merveilles, pendant quelques instants il les caresse de la main, comme pour s’assurer que ce n’est pas un rêve. Puis ses lèvres s’emparent des bourgeons, les sucent, triturent, étirent provoquant les gémissements de Nathalie. Ce traitement assez brutal la décide à participer.


Prenant la tête masculine à deux mains, elle la guide, la dirige vers l’autre sein, savourant l’attention dont elle fait l’objet. La main de Jacques est partie en exploration vers le bas. Elle glisse sur le maillot et vient frictionner par-dessus l’étoffe, épousant les vallonnements du pubis. Ce frottement excite sa partenaire qui ouvre largement les cuisses afin de faciliter sa tâche. Un cordon noué tient lieu d’attache pour le bas. Rapidement défait il permet de se débarrasser du tissu gênant. La main n’ayant plus d’obstacle, occupe toute la zone. Un doigt tente de s’insérer dans le tunnel encore sec.

Nathalie, saisissant la tête, la guide vers le bas afin de mieux lubrifier cette partie. La langue prend la place du doigt et mouille abondamment. Mais cette caresse ne suffit pas, elle veut qu’il s’occupe de son clitoris. Probablement novice dans cette pratique, Jacques ne saisit pas de suite le sens de la demande.



Comprenant enfin la requête, il y satisfait longuement. Nathalie ronronne, ses gémissements se mêlant à ceux de la fille dans l’autre coin. Elle sent monter en elle un plaisir qui déclenche la source. Le menton de Jacques est mouillé de ce suc, il s’empresse d’aller le recueillir. C’est trop bon, la réaction est immédiate, les cuisses enserrent fermement le crâne de son bienfaiteur.

Immobilisé, des difficultés pour respirer, Jacques est toutefois infiniment heureux d’avoir pu enfin montrer ses aptitudes d’homme. La pression se relâche, il s’allonge sur elle, l’embrassant lui faisant ainsi apprécier ses effluves intimes.


Elle saisit la verge de son bienfaiteur et lentement, la branle. Mais cette manœuvre est insuffisante pour le male excité. Il se redresse et présente son instrument devant le visage féminin. Consentante, elle le fait coucher sur le dos, vient goûter à cette friandise.

Sa main dégage la tête rose, la prend en bouche, en apprécie la saveur comme pour un bon vin. Sa langue virevolte autour de cette colonne. C’est au tour de son partenaire d’être au paradis. Il prend la tête en main et la manœuvre à son gré. Elle le laisse agir, ajustant ses caresses aux désirs de cet homme. Mais ces manipulations font monter rapidement la tension masculine, il s’arrache à la tête prédatrice.

Comprenant que le dénouement approche, elle enjambe le bassin masculin et vient mettre en place l’outil qu’elle a affûté. Il entre sans peine dans le conduit graissé. Dressée sur ce pal, elle monte et descend, soutenue par les mains masculines qui se sont emparées des seins et les triturent. En peu de temps ils éclatent, Jacques se vidant longuement dans ce corps désiré depuis si longtemps.


L’autre couple s’est également tu. Nathalie la première se redresse, il la suit, ne voulant pas abandonner une si belle proie. Elle s’avance nue, ses maillots à la main, exposée, indifférente au regard des autres sur la terrasse illuminée. Elle dépose son vêtement sur le bord, va à la douche près de la piscine et se rince abondamment. Elle plonge, fait quelques longueurs, ressort, se sèche, remet son maillot. Tout cela sans un mot, oubliant les témoins de cette scène. Elle va s’allonger dans un transat.

Les spectateurs sont restés silencieux pendant tout son manège. Les garçons éblouis, les filles interloquées, elle, les ignorant tous superbement.

Jacques est venu s’asseoir près d’elle, sans dire un mot. Il comprend soudain que ce n’est pas lui qui la séduite, mais elle qui a choisi de lui accorder ses faveurs. Déjà sa chevauchée sur la moto, l’avait impressionné, mais son attitude aujourd’hui lui montre que c’est elle qui décide, il n’est que l’outil qu’elle a choisi et utilisé.

À minuit, elle lui demande de la raccompagner. Il l’a embarquée et conduit au pied de son immeuble. Elle l’a quitté sans même l’embrasser, sans un mot. Il est reparti à la fête, à la fois heureux et dépité, mais surtout perplexe.


Pour l’été elle a trouvé un boulot. Embauchée par la mairie comme guide dans un bus de visite, elle commente le parcours pour les touristes, renseigne sur les monuments de la ville. Et ceci en français naturellement, puis en anglais ou en allemand le cas échéant. Ses études de secrétariat trilingue lui ont permis de trouver ce job. Certes, ce n’est pas très enthousiasmant, mais elle a des horaires réguliers. Si elle connaît maintenant parfaitement sa ville et la région, elle perfectionne également ses connaissances en langues étrangères. Parfois elle guide des groupes de jeunes et ceux-ci ne peuvent résister à l’envie de baratiner une fille aussi jolie. Loin de les repousser, elle joue leur jeu et apprend ainsi des expressions qui ne figurent évidemment pas dans les dictionnaires. Tout le langage des jeunes, de la rue, qui lui permettront de mieux se débrouiller lors de ses voyages dans ces pays.


Jacques est parti quelques semaines en vacances puis rapidement revenu. Il est accroché à fond. Quand elle en éprouve l’envie, elle sort avec lui le soir, ils font l’amour, mais c’est elle qui décide du jour, du lieu, de ce qu’elle lui accorde, opérant en véritable prédatrice. Il accepte cette situation, n’étant pas de taille à lutter, profitant de ce corps merveilleux.

Elle vit, travaille, baise, mais son esprit est ailleurs.

Cette journée de juin, anodine en apparence avec Roland l’a marquée. Pourtant il ne lui a pas fait d’avances, ne l’a pas importunée, au contraire une attitude extrêmement correcte de sa part. Il l’a traitée comme une invitée, une jeune princesse qu’il voudrait protéger. Elle s’est enivrée, mais il l’avait prévenue. Elle s’est exhibée, mais il l’a respectée. Elle s’est abandonnée, mais il a pris soin d’elle. Et il est parti. Elle ne connaît rien de lui, ni son nom, ni son adresse, ni sa profession. Et elle éprouve une envie terrible de le revoir, de revivre d’autres moments intenses comme l’autre fois. Par contre, il ne semble pas avoir attaché d’importance à leur rencontre, malgré son message. Il a ses coordonnées, mais n’a pas donné signe de vie, preuve qu’elle n’a été qu’un épisode agréable, auprès d’une enfant, un moment de détente, que l’on range dans ses souvenirs.


À l’automne, elle a attaqué sa dernière année. Jacques est constamment auprès d’elle, véritable chevalier servant. Un soir, après l’amour, il lui a proposé d’abandonner son studio et de venir loger dans son petit appartement. Elle l’a regardé et d’un air ironique lui a dit :



Il est resté figé, se demandant si elle parlait sérieusement.

Pourtant elle lui est restée presque fidèle. Un jeune allemand lors de sa fonction de guide, qui s’est révélé piètre amant, un copain de fac plus âgé, dont elle a apprécié la technique. Mais pour tous deux ce n’était qu’une soirée agréable sans lendemain.

Pour vivre encore son rêve, elle a passé son permis moto. Maintenant elle prend le guidon du scooter quand elle sort avec Jacques et a retrouvé un peu du plaisir découvert avec Roland.

Examen final réussi avec brio. Sa recherche d’emploi, commencée avant même les résultats, a été couronnée de succès. Une agence immobilière haut de gamme, spécialisée dans la vente de belles propriétés, recherchait, pour la clientèle étrangère une employée au moins trilingue, jeune, jolie.

Il y avait concurrence, mais elle a du être convaincante lors de son entretien, car quelques jours après elle a été convoquée pour un CDD. Six mois, ce n’est pas mal pour un premier contrat. Certes le salaire n’est pas extraordinaire, mais on lui a laissé entrevoir des primes si elle réalisait des ventes.

Elle débute au premier septembre. Pour son premier jour, elle soigne sa tenue, sobre, peu de maquillage. Les patrons, le mari et la femme sont agréablement surpris à son arrivée. Ils l’a félicitent.



Le mari assiste à la discussion, silencieux. Inutile de se demander qui commande. Mais son regard n’est pas resté indifférent aux charmes de sa nouvelle employée.

Le lendemain elle a été conduite dans des boutiques huppées. La patronne a tenu à assister à tous les essayages. Elle est entrée dans la cabine, Nathalie a du se déshabiller devant elle, ce qui n’a pas eu l’air de gêner sa patronne, au contraire. D’ailleurs elle a jugé qu’il fallait des sous-vêtements adaptés. Pour les essais, la nudité s’est imposée et le regard féminin semblait très vif. Elle a d’ailleurs mis en place les seins à l’intérieur du soutien-gorge, les soupesant longuement, demandant une autre taille. Nathalie a été amusée par ces manœuvres lui rappelant ses jeux avec ses copines. Sa patronne a apprécié sa docilité.


Depuis trois mois qu’elle assure son nouvel emploi, Nathalie est ravie.

On lui indique à l’avance sa tâche. Elle étudie les dossiers des propriétés, on lui précise le type de personnes qu’elle va recevoir. Le matin, à son arrivée, la patronne a préparé la tenue qu’elle portera. Elles vont toutes deux dans la pièce prévue, et là, c’est une séance de pelotage qui ne veut pas dire son nom. Aucune des deux n’est dupe, mais aucune remarque n’est échangée.

Elle s’est découvert des qualités de relation publique qu’elle ignorait. Son charme opère souvent sur les clients. Il y a un vaste choix de belles résidences ou appartements, à des prix élevés. Elle travaille la plupart du temps une journée complète si ce n’est plus avec chacun des clients, dont beaucoup d’étrangers. Elle parvient souvent à les intéresser, l’affaire étant conclue par les patrons. Mais ceux-ci lui sont reconnaissants et des enveloppes en liquide viennent le prouver.


À la fin de son contrat, le couple a invité Nathalie à venir manger chez eux pour signer un CDI. Ainsi elle sera tranquille.

Il fait encore un peu frais, mais Nathalie a choisi une robe légère. Elle sait qu’elle lui va particulièrement bien. L’appartement se trouve au-dessus de l’agence. Jamais elle n’a eu l’occasion d’y pénétrer.

À son coup de sonnette, c’est le mari qui vient lui ouvrir, en veste légère. Ils vont rejoindre l’épouse dans le salon. En prenant l’apéritif, tous deux l’interrogent pour savoir si elle est bien, si le travail lui plaît. Elle connaît suffisamment le couple, pour répondre dans le sens attendu.

L’appartement est surchauffé, Bertrand, le mari a quitté la veste. Bien qu’ayant dépassé la cinquantaine, il est bien conservé, et même musclé. Seule une petite calvitie soigneusement dissimulée indique son âge. Son épouse, un peu plus jeune, très chic, a une ligne à faire pâlir d’envie envie beaucoup de trentenaires.

Un repas, léger, mais particulièrement soigné, arrosé de vins merveilleux est servi par une soubrette. Après le café, la bonne est renvoyée.



Elle énonce une augmentation de salaire, un intéressement officiel aux bénéfices, bref une véritable promotion. Nathalie, maligne, comprend qu’il va y avoir des compensations qui ne sont pas énoncées dans le document. Pourtant elle ne laisse rien paraître.



Nous y voila, pense l’intéressée.



Et joignant le geste à la parole, elle s’approche, déboutonne la robe qui tombe.



Elle dégrafe le soutien-gorge, fait glisser la culotte et range le tout. Puis saisissant les mamelons elle les présente.



Le mari s’est avancé et a pris les seins en main, les soupesant puis les caressant franchement. Nathalie a fermé les yeux, autorisant le manège, mimant le plaisir. Marie-Claude a pris la taille, ses mains glissent vers les fesses, reviennent devant, grattant l’entrejambe. Nathalie simule une faiblesse, les deux époux la prennent dans leur bras, la dépose sur un grand canapé. Ils reprennent immédiatement leurs caresses. L’épouse est une véritable spécialiste et Nathalie, les yeux fermés, n’a plus à feindre. Le plaisir monte, d’ailleurs sa patronne est bien placée pour le constater. Elle lèche son doigt, puis sa bouche vient directement s’abreuver à la source.

Quelqu’un prend sa main et la pose sur un membre bien tendu.



L’intéressée savait quel piège on lui tendait et a décidé de jouer le jeu, un contrat dans ces conditions ne se refuse pas. Elle saisit le membre, le caresse, l’attire vers son visage, entrouvre les lèvres et l’absorbe. Sa patronne s’active de plus en plus. Ne pouvant retenir son plaisir, elle éclate entre les lèvres féminines. Cette réaction comble sa partenaire.

Elle s’active toujours sur le membre qu’elle suce. Ses efforts sont efficaces car bientôt on le lui retire. Dans un ballet bien orchestré, l’homme vient prendre place entre ses cuisses et s’enfonce dans un pot de miel. Une bouche vient lécher les bourses, nettoyer le liquide qui s’échappe, et titiller la pastille brune. Un doigt s’aventure dans cette zone interdite. Il éprouve quelques difficultés à pénétrer, prouvant l’intégrité de l’endroit. Loin de fâcher l’intervenante, elle l’incite à poursuivre ses efforts.


Nathalie réagit à cette intrusion, estimant que cela n’est pas compris dans le contrat. Comprenant qu’elle s’est aventurée un peu trop loin, l’épouse se contente de revenir à des caresses plus classiques. Son époux, manoeuvrant de plus en plus vite sent monter son plaisir. Au dernier moment, il se retire et s’épanche dans la bouche de son épouse

Bertrand s’est éloigné laissant sa femme s’occuper de leur invitée. Elle l’a gentiment conduite dans la salle de bains. Une baignoire pleine de liquide mousseux parfumé l’attend. Allongée dans le bain tiède, Nathalie ressent une véritable volupté. Les mains féminines la massent, caressent tout le corps. Une langueur la gagne, elle se sent prête à céder au sommeil.

La saisissant sous les épaules, les époux l’invite à se redresser, sortir du bain. Un drap de bain très doux manœuvré par quatre mains caressantes, la sèche. Marie-Claude est allée chercher les vêtements et c’est son mari qui rhabille leur invitée.

Revenus au salon, ils signent ce fameux contrat.


Nathalie satisfaite, se déclare un peu lasse et demande à rentrer chez elle. Apprenant qu’elle est venue à pied, ils exigent de la ramener. Rentrer à pied par un tel temps, ce serait inhumain. C’est le mari qui va sortir la voiture, la patronne descend avec elle, en ouvre la portière et l’embrasse affectueusement, ne venant pas la raccompagner.

Nathalie s’installe au côté du chauffeur, lui indique son adresse. Elle a laissé sa robe largement remontée sur ses jambes et malgré la faible lueur, le chauffeur jette de fréquents regards.

Arrivé devant chez elle, Bertrand descend, vient lui ouvrir la portière. Comme son épouse, il l’embrasse, ses mains traînant un peu sur les avantages. Nathalie accepte un instant puis lui fait remarquer qu’elle craint pour sa réputation. À regret il la libère.


Depuis qu’elle a signé ce nouveau contrat, l’attitude des propriétaires à changé. Grand sourires, confiance dans son jugement, voiture de fonction qu’elle utilise aussi pour son usage personnel. Le matin, le choix du vêtement est souvent laissé au mari. Il aide longuement à l’habillage, se permettant des privautés. Régulièrement elle est invitée le soir pour des soupers intimes.

Malgré ces contraintes ce métier lui plaît, le contact avec des étrangers, la possibilité de rencontrer des gens intéressants. Et surtout elle vit maintenant matériellement à l’aise.

Cette vie professionnelle ne lui laisse que peu de temps libre, simplement elle va souvent nager à la piscine. Jacques a tenté de rester son compagnon. Mais un jour elle lui a dit que leur liaison était terminée, elle avait son avenir à assurer. Parfois le samedi elle sort en boite. C’est l’occasion de revoir quelques copains, de danser. C’est le plus souvent la recherche d’un male pour assouvir ses besoins sexuels, mais jamais chez elle. Ces amours d’un soir sont purement hygiéniques, elle le dit clairement à son partenaire.

Toutefois, quand parfois elle prend du recul, elle se rend compte que sa vie est sans but, stupide. Mais elle se voit mal en couple, accepter la domination d’un male, être à son service. Pour elle, la vie à deux ne serait possible que si elle trouvait un homme gentil, délicat, plein de prévenance. Ça existe, elle en a connu un.


Pour le couple, elle est l’employée irréprochable. Parfaite dans le travail, maîtresse idéale, qui accepte le double hommage sans jamais protester, leur jouet dans l’intimité, mais aussi un peu la fille qu’ils n’ont pas eue. Ils lui ont proposé de la loger dans un appartement qu’ils possèdent dans le même immeuble, mais elle a refusé, prétextant un besoin de respectabilité, de liberté.

Dans l’exercice de sa fonction, elle a une grande indépendance. Souvent, face à l’hésitation des clients, elle les conseille, les oriente vers une propriété différente de celle primitivement choisie, qui leur convient mieux. Elle les traite en amis, acceptant parfois de se joindre à eux à midi, prenant le temps de leur montrer les curiosités de la région. Ces attentions se révèlent toujours profitables. Les patrons lui laissent toute liberté, suivent son avis car il se révèle toujours judicieux. Et ses revenus augmentent en conséquence, aux conditions officielles viennent souvent s’ajouter des enveloppes de liquide.


Aussi a-t-elle décidé de franchir le pas. Elle a d’abord cherché à louer un garage, puis a acheté une moto. Certes, pas aussi puissante que celle de Roland, seulement une 650 d’occasion en excellent état.

Et maintenant son temps de libre est partagé entre ses deux passions, la natation et surtout la moto. Les petites routes de l’arrière pays, le circuit dans les Cévennes. Une fois elle s’est amusée à s’arrêter devant l’agence sur son engin, casquée, toute vêtue de cuir noir. Tout le personnel l’a vue, admirée, mais personne ne l’a reconnue.

Aujourd’hui, elle s’est mise en tête de retrouver la maison où Roland l’a accueillie. Elle a pris la route, s’est engagée dans plusieurs chemins, mais elle n’a pas assez prêté attention lorsqu’elle y est venue. Au bout d’un moment, elle a arrêté sa machine, ôté son casque prête à renoncer, appréciant seulement le calme de la garrigue.



La voix l’a surprise, elle se retourne vivement : il est là, Roland, devant elle. En jean et polo, souriant, un peu ironique. Elle ne peut dire un mot, la gorge sèche.



Elle se jette contre lui, l’enserre, l’embrasse sur les joues. Il sourit, heureux de sa réaction.



Sans attendre sa réponse, il enfourche l’engin, lance le moteur. Elle se met derrière, se colle à lui. En trois minutes ils sont rendus. Il fallait prendre un petit chemin qu’elle n’avait pas vu.

Rien n’a changé, elle se croit revenue deux ans plus tôt. La terrasse, la piscine et surtout le calme.



Aujourd’hui, aucune hésitation. Dans sa sacoche, elle a un maillot de bain, mais elle se met nue, tient trop à retrouver les sensations anciennes.

Ils ont bu, elle s’est baignée. Roland, d’un œil intéressé l’a observée, sans cacher son admiration pour ce corps sans défaut.

Sans la consulter, il a préparé le repas. Oubliant ses bonnes résolutions, elle s’est laissé légèrement enivrer par le planteur, le vin rosé frais. La balancelle les attendait, elle s’est allongée, la tête sur les cuisses de Roland, comme la dernière fois.

La main de Roland a glissé sur ses cheveux, caressé sa joue, descendu sur son épaule. Elle attendait avec impatience cette approche. Pourtant, la main n’a pas poursuivi son chemin, négligeant le sein impatient.



Nathalie comprend qu’un évènement important a dû bouleverser la vie de Roland. Elle aimerait le connaître afin d’aider son ami, si c’est en son pouvoir, mais elle respecte son silence.

La nuit est tombée depuis longtemps. Seul le chant nocturne de la garrigue vient troubler le silence. La main insensiblement a glissé vers le sein, l’enveloppant, comme pour le protéger d’un danger. Et puis d’une voix douce, il s’est épanché.



Un soir, je lui caressais le sein, j’ai vu une grimace sur son visage. J’ai pensé à un geste maladroit et me suis excusé. J’ai oublié l’incident, mais Ingrid me paraissait préoccupée. Un jour, rentrant un peu plus tôt, avant elle, j’ai trouvé dans la boite aux lettres une grande enveloppe. Je l’ai ouverte sans regarder quel en était le destinataire.

C’était un dossier médical confirmant à Ingrid qu’il s’agissait bien d’une tumeur maligne du sein et de venir d’urgence à l’hôpital pour prendre les mesures nécessaires.

À son retour, je l’ai interrogé, réprimandé de ne m’avoir rien dit.

Cela a duré prés de deux ans, puis elle est morte, il y a eu quatre ans, au printemps. Inutile de te dire mon désespoir. Je me suis lancé dans le travail, le travail, toujours le travail. J’ai vidé ses armoires, tout donné, je ne voulais plus que rien ne me rappelle son souvenir. Mais rien ne pouvait la chasser de mon esprit. Seules les folles ballades en moto me soulageaient un peu.

Le jour où tu es venue me demander de te conduire en ville, j’allais te le refuser. Mais dans ton air désespéré j’ai retrouvé l’expression d’Ingrid quelques jours avant son décès.

Je t’ai rendu service en souvenir d’elle. Ta gentillesse, ta sincérité, ta jeunesse ont un peu calmé ma détresse. Physiquement, tu lui ressemblais assez. Puis, quelques jours plus tard, quand tu es venue me demander de remonter en moto, ensuite que tu as parlé de bain, j’ai voulu savoir si je retrouverais un peu son image. Lorsque je t’ai vue nue, j’ai souri, oubliant ta tête, je la revoyais. Pourtant, ce n’était pas elle. Le lendemain j’ai refait avec toi son parcours préféré. Le soir, j’ai préféré te ramener chez toi.

Je suis chef de chantier dans une entreprise de BTP. J’avais demandé à partir en mission à l’étranger, n’importe où pour oublier. Loin d’ici, je revoyais cette maison, la piscine, une femme nue, peu à peu, ce n’était plus elle, ton visage venait se substituer au sien.

Je suis rentré il y a une semaine. Je t’ai épiée, suivie. Je t’ai vu conduire des clients. Et puis j’ai vu la moto. Là, j’ai pensé que tu n’avais pas oublié notre balade, que je t’avais transmis ma maladie. Aujourd’hui, quand j’ai entendu le ronronnement de ton engin, je t’ai rejointe.

Voila mon histoire.


Nathalie a écouté, la main s’est resserrée sur le sein lorsqu’il a évoqué la maladie de sa femme. Elle est restée silencieuse, ne voulant pas troubler ce moment important pour Roland, celui où il est parvenu à exprimer tout son malheur. Elle ne se sent pas le droit de lui déclarer ce qu’elle ressent depuis longtemps, son amour.



Il l’a prise sous les épaules, l’a mis sur ses genoux comme un enfant. Le baiser qu’ils ont échangé, n’avait rien d’amical. Elle a noué ses bras autour du cou. Ils se sont étendus sur la terrasse tiède. Elle est restée.


Les affaires de l’agence immobilière sont toujours aussi florissantes. Les contrats signés aussi nombreux et avantageux. Pourtant l’attitude de l’employée a changé. Elle a expliqué aux propriétaires qu’elle ne pouvait plus assurer les services annexes auxquels ils tenaient tant, elle est amoureuse. Ils apprécient tellement son travail, qu’ils ont accepté, un peu déçus, maintenant ils la considèrent seulement comme leur amie, et même un peu leur fille.