n° 10856 | Fiche technique | 32264 caractères | 32264Temps de lecture estimé : 22 mn | 05/10/06 |
Résumé: Même au sein d'un couple illégitime, la jalousie peut s'installer. Il faut alors toute l'aide d'une bonne amie pour que les amants se retrouvent... | ||||
Critères: f fh hplusag couple extracon parking travail amour fsoumise hdomine cérébral fmast fellation pénétratio fsodo jeu sm | ||||
Auteur : Pablo & Mariane (Récits à 4 mains, nous mettons par écrit nos fantasmes...) Envoi mini-message |
Concours : La trame imposée |
Ainsi s’exclamait Sophie devant le miroir de sa salle de bain alors qu’elle venait de sortir de sous la douche. La buée avait envahi la pièce. La jeune fille ne se voyait qu’à travers une sorte de voile, ce qui la mettait encore plus en colère. Quant à ses nombreuses gesticulations – pour chasser ce flou ou exprimer son exaspération ? - elles ne l’empêchaient pas d’éprouver la fraîcheur de cette soirée de printemps qui se glissait par la fenêtre entrebâillée. Elle enfouit son corps frissonnant dans une chaude et moelleuse serviette de bain et se dirigea vers sa chambre. Elle marmonnait, levait les bras au ciel, s’indignait… Elle cherchait une solution pour mettre un terme au grand chagrin d’amour de Mariane.
Elle abandonna la serviette maintenant humide sur son lit et entreprit de fouiller dans la grande armoire rococo qui se tenait devant elle. Elle couvrit ses jeunes seins voluptueux et fermes d’un top moulant à fines bretelles et ses fesses charnues d’un simple jean qui avait déjà bien vécu. Elle contempla quelques instants sa silhouette dans la psyché. Elle aimait bien s’habiller ainsi, sans sous-vêtements, laissant toute liberté de fantasmer à ceux qu’elle croisait.
« Pas de doute », pensait-elle, « si j’étais un garçon je me trouverais hyper bonne ! J’aurais envie de mettre des mains partout… »
Elle commença à laisser ses pensées divaguer. Ses pensées, et ses mains aussi d’ailleurs. Oubliant à qui elles appartenaient, elle les fixa sur la glace, et les regarda partir à l’exploration de ce corps qu’elle trouvait si désirable… Depuis ses débuts dans la vie étudiante, cette année, elle avait découvert une nouvelle vie, faite de soirées dansantes, de cocktails plus ou moins alcoolisées… et de garçons, plus charmants les uns que les autres. Sa timidité naturelle l’empêchait de finir sa nuit avec un garçon à chaque sortie mais elle ne manquait nulle occasion de se laisser inviter à danser, et pas qu’à ça d’ailleurs. Les codes implicites et non écrits des jeux de la séduction lui convenaient parfaitement, du moins dans ses premières étapes.
Elle n’avait aucun mal à blottir son visage contre telle épaule virile, contre tel torse musclé, tandis qu’elle sentait des mains indiscrètes se promener sur son corps dans la pénombre ou l’obscurité typiques des slows langoureux. Que c’était bon, ces frissons le long de son dos…. Comme c’était excitant, ces caresses sur ses tétons tout pointus au travers de son débardeur… Comme c’était affolant, lorsqu’elle ces mains indiscrètes constataient l’absence de petite culotte sous son jean… Elle ne ratait jamais son effet, et se sentait fière lorsque son partenaire affamé devenait impatient et s’efforçait de la convaincre qu’ils aillent s’isoler dans un coin tranquille. Mais c’est l’instant qu’elle choisissait pour s’enfuir telle une biche apeurée, telle une vierge effarouchée. Vierge, elle l’était, d’ailleurs. Gourmande de plaisir certes, mais pas encore prête dans sa tête pour s’offrir au grand méchant loup. C’est donc toute seule, au fond de son lit, qu’elle avait l’habitude de finir, dans sa tête, ces étreintes si délicieuses.
La rêverie de ce matin-là n’échappa pas à la règle. Une fois que ses mains eurent trouvé le chemin de ses seins sous son débardeur, de son sexe sous son pantalon, elle se renversa sur le lit, yeux clos, revivant la dernière soirée du jeudi soir, et ce garçon si gentil qui n’avait rien compris lorsqu’elle avait disparu… Son orgasme ne tarda pas à arriver. Elle resta un instant rêveuse, savourant ce plaisir, si intense, avec sa main crispée sur sa jolie p’tite chatte tellement brûlante, tellement juteuse…
Mais rapidement, ses pensées se focalisèrent de nouveau sur le problème de son amie. Une idée un peu farfelue lui traversa l’esprit. Mais après tout, pourquoi pas ! Il fallait tenter quelque chose. Mais il faudrait que Mariane l’aide et joue le jeu. Alors, finie la tête d’enterrement : il suffisait peut-être juste de rendre Pablo fou de jalousie…
(…)
Mariane poussa timidement la porte du pub irlandais qui se trouvait au coin de la rue qu’elle habitait. C’était un endroit chaleureux où elle aimait bien passer du temps entourée de ses amis pour faire la fête, seule lorsqu’elle se laissait envahir par le blues. La douce musique celtique diffusée en continu constituait une atmosphère propice à l’évasion et à la rêverie. Là, devant une tasse de thé bouillante, elle se réfugiait dans ses pensées. Elle revoyait leur première rencontre (c’était au cinéma), sentait ses lèvres enflammées, passionnées lors de leur premier baiser (un moment magique), entendait le son de sa voix lui murmurer des mots d’amour (cela la faisait toujours fondre). Et, lorsqu’elle rentrait chez elle, dans son petit appartement, elle devait trouver un moyen pour assouvir ses désirs envers l’homme de son cœur qui malheureusement était bien souvent absent, de plus en plus souvent à ce qui lui semblait…
Mais aujourd’hui était un jour particulier. Bien que des larmes perlassent au coin de ses yeux à longueur de journée, elle n’était pas venue se réfugier dans son petit monde empli de tendres souvenirs. En réalité, elle n’avait pas exactement compris ce qu’elle faisait là. Elle avait entendu Sophie, sans vraiment l’écouter, lui conseiller de faire la tournée des bars avec une de ces p’tites tenues sexy qui lui allaient si bien. Comme si elle était d’humeur !
Mariane n’avait pas vraiment pour habitude d’écouter les conseils ou recommandations de sa meilleure amie mais cette fois-ci, allez savoir pourquoi, elle était entrée dans son jeu. Peut-être avait-elle besoin de se rassurer, malgré tout, et de s’assurer qu’elle pouvait séduire. Avec une jupe rouge fendue et un top noir en satin, elle avait donc franchi le seuil du premier bar qu’elle avait rencontré sur son chemin. Elle s’efforçait maladroitement de soulever le coin de ses lèvres. Mais ce sourire, très difficile à identifier comme tel, ressemblait à s’y méprendre à la grimace d’un singe farceur. Quant à ses yeux, ils ne pouvaient mentir sur la détresse qui avait envahi son âme.
Contrairement à son habitude lorsqu’elle venait dans ce pub, elle alla s’installer au comptoir.
Elle posa des yeux étonnés sur lui.
Elle réussit à esquisser quelque chose de convenable en retour. C’est vrai qu’elle venait fréquemment dans ce lieu, pourtant le visage de cet homme ne lui disait rien. Il ne paraissait pas beaucoup plus vieux qu’elle. Un grand brun, teint halé, corps sculpté comme une statue grecque d’après ce que laissait deviner son T-shirt moulant. Le physique dont rêvent toutes les filles, mais pas elle… Cependant, elle allait tout de même essayer de faire un effort. Après tout, on ne sait jamais…
Elle posa délicatement ses lèvres sur la paille de la même couleur que le liquide contenu dans le verre. Elle sirota lentement et avec délectation la boisson aromatisée. Ce geste lui rappela sa première fellation. Bien sûr, elle avait eu lieu avec Pablo.
Il faisait beau ce jour-là, au milieu de la forêt, les oiseaux chantaient, le soleil brillait, un vrai conte de fées ! Elle ne savait pas du tout comment s’y prendre et avait fini par imaginer que ce bâton de chair était un sucre d’orge. Cela lui avait donné plus d’assurance. Elle l’avait d’abord parcouru timidement, du bout des lèvres, du bout de la langue, puis avait sucé cette friandise longuement, profondément, mais parfois un peu violemment tellement sa gourmandise était grande. Elle avait tout de suite aimé sa saveur, son odeur, sa chaleur et par-dessus tout, les gémissements de plaisir de son amant. Et ce bonbon-là semblait pouvoir durer une éternité. Bien mieux qu’un simple morceau de sucre enrobé d’un attrayant papier de couleur : sous la couverture, on pouvait trouver de mauvaises surprises. Avec Pablo, jamais. Elle n’avait pas osé poursuivre la fellation jusqu’à son terme à cette occasion. Après tout, elle avait beau sembler sûre d’elle, elle n’était à l’époque qu’une lycéenne d’à peine 18 ans qui goûtait pour la première fois au gland… Elle avait eu l’occasion de se rattraper depuis, et ne manquait pas une occasion de déguster la délicieuse semence de son amant.
Ce souvenir la replongea dans un état mélancolique et nostalgique et elle laissa échapper un profond soupir qui n’échappa pas à l’homme qui se tenait derrière le comptoir.
Cette voix grave la fit revenir dans la réalité.
Elle hésita.
Elle fixa son regard sur cet inconnu qui ne lui parut plus si insignifiant que cela. Ses yeux pétillaient. Il semblait incarner à lui tout seul, toute la magie du lieu. Elle se laissa aller.
Elle se sentait étrange en rentrant chez elle. Elle avait passé la soirée à parler de Pablo à un autre homme et pour la première fois depuis qu’ils se fréquentaient, il lui avait semblait très loin, un souvenir qu’on chérit au plus profond de son cœur, une sorte de fantôme qu’on ne cessera jamais d’aimer, mais qui n’est plus vraiment là.
Elle n’aimait pas ce sentiment. En y repensant, cela la rendait encore plus malheureuse. Pablo était encore en vie, il était son présent. Elle ne voulait pas le voir disparaître, recouvert par la photo d’un nouveau jeune homme. Ce n’était pas dans ses habitudes de se servir des gens, mais tous les moyens étaient bons pour reconquérir l’homme de ses rêves. Le barman, c’était un peu une incarnation de ce lieu qu’elle appréciait tant. Et on ne pouvait tomber véritablement amoureux d’un endroit, aussi merveilleux fût-il. Elle décida quand même de retourner le voir, au bar, mais bien sûr sans lui faire part des récents « conseils » de son amie Sophie.
(…)
Pablo sentit son portable vibrer dans la poche de son pantalon. Il y plongea immédiatement la main pour en sortir le petit objet métallique indispensable à tout homme moderne : message de Mariane. Lire maintenant ? Bien sûr pensa-t-il aussitôt. Quelques mots s’affichèrent sur le minuscule écran. La jeune fille lui donnait rendez-vous à 21 heures dans un pub celtique non loin de son appartement. Il y était déjà allé, ce n’était pas son lieu favori, il préférait franchement l’ambiance festive d’un bar espagnol. Dans tous les cas, ni l’un ni l’autre ne convenaient véritablement à une rencontre amoureuse.
Il se sentit soudain un peu inquiet. Il était vrai que depuis quelque temps, il négligeait sa maîtresse. Ce n’était pas qu’il ne la désirait plus, loin de là. Mais il ne savait plus exactement où il en était quant à ses sentiments. Depuis qu’ils se fréquentaient, cela avait été très clair entre eux. OK ils couchaient ensemble (d’ailleurs, quelles parties de jambes en l’air !), mais défense de tomber amoureux ! Mariane avait succombé la première. Il l’avait accepté, il trouvait même que c’était gratifiant qu’une jeunette ait craqué pour lui. Mais aujourd’hui, il se sentait défaillir à son tour et cela l’effrayait : quel avenir pour eux deux ?
Pablo pénétra dans le pub. Il portait toujours des vêtements chics : costumes, cravates, chaussures impeccablement cirées. Il se souvint du jour où elle était venue lui rendre visite à son bureau à l’heure du déjeuner et après avoir saisi sa cravate, elle l’avait imploré, en lui murmurant au creux de l’oreille, de lui faire l’amour, tout habillé, dans cette tenue qu’elle trouvait si sexy. Pablo s’était abandonné à son désir. Elle avait toujours aimé qu’il la prenne sur-le-champ dans les endroits les plus insolites les uns que les autres, et il avait ainsi l’impression de retrouver l’insouciance de ses vingt ans. Sans même prendre la peine de fermer à clé la porte de son bureau il l’avait renversée au milieu de ses dossiers, factures prospectus, n’ayant même pas pris la peine de le dégager des papiers qui le jonchaient. Certains avaient eu la chance de voler jusqu’au sol, d’autres en avaient eu beaucoup moins, coincés sous les fesses de Mariane agitées par les puissants coups de reins de son amant. Il était devenu fou en constatant que cette petite cochonne était encore une fois venue le voir toute nue, sous sa jupette, et une seule poussée violente et brutale lui avait suffi pour se planter au plus profond de son ventre. Renversé sur sa maîtresse, il lui avait longuement fait l’amour tandis qu’elle le serrait dans ses bras, jambes nouées dans son dos.
Lorsque le téléphone avait sonné, elle avait su se comporter en jeune fille faussement sage, mais silencieuse, tandis qu’il s’efforçait de ne pas gémir en écoutant distraitement les jérémiades de son connard de client. Mariane savait que c’était très vilain, mais elle adorait qu’ils soient ainsi interrompus dans leurs ébats et elle faisait tout pour l’affoler. Une fois le combiné raccroché, il avait pu reprendre sa délicieuse besogne en la grondant et la « punissant » de la plus délicieuse des manières pour son vilain comportement qui aurait pu lui provoquer des ennuis. Mariane avait eu l’impression que son sexe n’avait jamais été aussi gros et puissant que ce jour-là. Cela avait été terriblement bon et excitant, d’autant plus qu’il avait fallu s’efforcer de rester le plus silencieux possible. Mais dans l’état second qui était le leur, ils n’avaient pu réprimer un cri de délivrance au moment de l’orgasme. La semence de Pablo avait inondé le ventre de sa jeune maîtresse… et avait même largement débordé sur le bureau. Par bonheur, personne ne s’était vraiment penché sur la question de savoir d’où avaient bien pu venir les tâches qui ornaient telle facture ou tel contrat.
Quelle folie tout de même, il avait vraiment été insensé. Ça ne lui ressemblait pas du tout de prendre de tels risques pour juste tirer un p’tit coup, en fin de compte. S’il avait été lucide, il aurait déjà pu se rendre compte à ce moment-là qu’avec Mariane, ça n’allait pas être comme avec toutes ces précédentes maîtresses. Un très bon souvenir, malgré tout…
Mariane ne semblait pas être arrivée. Il se dirigea vers le comptoir, histoire de boire un petit verre en l’attendant.
Au début, il avait d’ailleurs imaginé que c’était à cause de lui que sa maîtresse se rendait si souvent dans ce lieu, qui d’après lui ne possédait aucun attrait. Mais il s’était vite rendu compte que Mariane ne semblait même pas l’avoir remarqué. Elle préférait passer des heures fixer l’homme de ses rêves avec des yeux d’amoureuse transie, lui prenant la main, embrassant chacun de ses doigts et lui faisant coquinement du pied sous la table. Enfin bref, tout ça pour dire que finalement il avait eu de la chance de trouver une fille qui, en plus de fantasmer sur les hommes mûrs, fut également aussi exclusive dans ses relations amoureuses.
Le mojito avait été parfait. Mariane n’était toujours pas là. Il recommençait à se faire du souci. Il composa le numéro de son mobile. Il tomba sur le répondeur. Avec nervosité, ses doigts se mirent à pianoter sur le zinc.
D’ailleurs, il ne devait pas être sans savoir qui était cet homme qui accompagnait quelquefois sa cliente préférée.
Il lui montra la photo qu’il gardait précieusement dans son portefeuille. Vous devriez la reconnaître. Elle vient souvent ici. Peut-être même tous les jours.
Il secoua la tête d’un geste négatif.
Il souriait malicieusement.
Pablo, lui, demeurait sombre. La sonnerie d’un téléphone retentit. Le serveur s’éloigna pour répondre. Mais à cause du bruit des voitures qui passaient devant le bar, il était obligé d’élever la voix et si on était attentif, on pouvait entendre et comprendre toutes les paroles qu’il prononçait.
À ce nom, le cœur de Pablo fit un bon dans sa poitrine. Il tendit un peu plus l’oreille.
Pablo ne put en supporter davantage et s’enfuit du bar. Ce bracelet… Il lui en avait offert un semblable pour la Saint-Valentin. Cela ne pouvait pas être une coïncidence, il ne pouvait s’agir que de SA Mariane. Elle venait souvent ici, il pouvait facilement la séduire. Elle possédait un bracelet semblable. Et en plus de ça, il était persuadé que ce connard lui avait menti. Il ne pouvait ignorer l’existence d’une cliente aussi fidèle. Il voulait visiblement l’éloigner de la jeune fille. Et hier soir ? Après son travail ? Ils étaient peut-être rentrés ensemble. Il l’avait amenée chez lui, et alors… Il essaya de chasser les sordides images qui envahissaient son esprit. Il lui était insupportable d’imaginer SA maîtresse, SA jeune maîtresse, qui n’avait jusqu’à présent connu QUE lui, dans les bras d’un autre. Son corps parcouru par ces mains étrangères. Ses cuisses ouvertes pour un autre sexe. Sa fente fondant sous d’autres doigts, d’autres lèvres. Ses tétons pointant sous cette nouvelle langue. Les mots doux qu’elle avait pu lui murmurer, sans doute les mêmes qu’elle lui susurrait au creux de l’oreille lorsque son plaisir montait en flèche. Oui, son plaisir. Il détestait l’idée qu’elle ait été heureuse ne serait-ce qu’un soir avec un autre. Et pire que tout, que cet autre l’ait fait jouir. Ça, il avait cru pendant longtemps que c’était son privilège. Et pendant longtemps aussi, il avait cru que la jalousie n’appartenait pas à son monde, à un tel point qu’il avait encouragé Mariane (qui heureusement ne l’avait jamais écouté) à sortir avec d’autres hommes.
Il s’efforçait de ne pas penser à Mariane et à ce p’tit con, mais il ne pouvait s’en empêcher. Il en souffrait et pourtant… il bandait, également. Comme un taureau. Le plaisir de Mariane l’excitait malgré tout, même si c’était un autre qui le lui donnait. Il avait beau être jaloux, il n’en restait pas moins un homme cérébral, voyeur, profitant du spectacle du plaisir féminin.
Mais pourquoi donc suis-je ainsi jaloux, se demandait-il…
(…)
Il errait dans les rues, depuis combien de temps ? Il ne se souvenait plus. Il avait erré de bar en bar, de mojito en mojito… Il avait seulement ces répugnantes pensées dans la tête et cette rage qui commençait à empoigner son cœur. Il avait envie de retourner au pub celtique, de se jeter sur ce bellâtre, de lui arracher ce qu’il avait entre les jambes et de lui faire bouffer.
Par hasard ou par acte manqué, ses pas l’avaient mené devant le studio de Sophie. Il ne voulait voir personne, surtout pas elle qui l’avait si souvent discrédité aux yeux de sa maîtresse. Pourtant, il laissa son doigt actionner la sonnette.
Sophie vint rapidement ouvrir la porte. Elle était en pyjama : un petit débardeur qui dévoilait ses formes voluptueuses et un short qui ne cachait rien de ses jambes. Sur le moment, une bouffée de désir animal envahit Pablo. Il eut envie de la plaquer contre le mur, de lui arracher sa légère tenue, tenue de salope qui d’ailleurs n’était faite que pour allumer les hommes, et lui faire l’amour sauvagement, la violer, l’obliger à recevoir sa grosse queue dans son ventre, sa bouche, son cul… Décidément, l’alcool ne rendait pas intelligent…
Mais il resta immobile sur le pas de la porte. C’était un fantasme propre à Mariane, qu’il lui avait déjà plusieurs fois permis d’assouvir, et bien qu’il soit un peu soûl, il pouvait encore discerner la réalité du fantasme. C’était un jeu qu’ils adoraient. Il adorait l’entendre crier sous ses gestes qu’il se permettait plus brutaux, lui crier de s’arrêter alors qu’elle n’avait qu’une envie, qu’il continue encore, encore et encore de la baiser. De nouveau Mariane dans la tête, il était incapable de faire un mouvement.
Il se souvenait encore de cette étreinte sauvage dans ce parking souterrain. Rien n’était prémédité, c’était rarement le cas d’ailleurs. Mais il avait su profiter de l’occasion. Arrivés au deuxième sous-sol, la lumière qui tombe soudain en panne et là, à la faible lueur lointaine de l’éclairage de sécurité, il l’avait plaquée à plat ventre sur le capot pour la sodomiser brutalement et sauvagement après lui avoir arraché son string. Il l’avait insultée, la bouche remplie de mots orduriers, la main plaquée sur sa bouche pour étouffer ses cris. Elle avait joué le jeu à fond, essayant de crier, se débattre, et sa jouissance n’avait été que plus intense. Lorsqu’il s’était retiré de ses entrailles, elle était restée prostrée un instant, laissant la semence couler le long de ses cuisses. Puis elle s’était retournée, s’était amoureusement blottie dans ses bras et le remerciant de tout son cœur. Ce soir-là, elle s’était endormie dans ses bras comme une bienheureuse et au petit matin, il l’avait à nouveau honorée, mais comme la plus précieuse des princesses cette fois-ci.
Comme tout ceci lui semblait loin ce soir, sur le pas de la porte de la confidente de sa maîtresse…
Sophie ne paraissait pas très heureuse de le voir, surtout à une heure pareille ! Mais intérieurement, elle jubilait. Si Pablo était sur le seuil de son studio avec cet air de chien battu, cela ne pouvait signifier qu’une seule chose : son plan fonctionnait à merveille.
Visiblement elle aimait le faire souffrir. Il hésita quelques secondes et s’apprêtait finalement à partir, quand :
Il bredouilla un merci du bout des lèvres et pénétra dans son petit studio, parfait reflet du caractère de sa locataire. Elle était passionnée par tout ce qui avait un rapport ne serait-ce qu’infime avec la civilisation celtique. Les murs étaient placardés de photos de runes, de dolmen, mais aussi de tableaux représentant druides ou princesses plongés dans une inquiétante forêt peuplée de fées et de trolls. Cela lui paraissait assez puéril, mais elle, elle prenait ces idées très au sérieux. D’ailleurs c’était elle qui, pour la première fois, avait entraîné Mariane dans ce détestable pub. Nouvelle envie de meurtre…
Il se laissa lourdement tomber sur le canapé en poussant un profond soupir. Si Sophie avait pu ne serait-ce que soupçonner qu’il s’était vautré dessus avec Mariane, faisant passionnément l’amour, elle serait rentrée dans une rage folle et l’aurait jeté dehors sur-le-champ. Il se souvint que du sperme avait coulé sur le tissu et que sa délicieuse maîtresse (du moins elle l’était à ce moment-là…) s’était appliquée à le nettoyer à petits coups de langue gourmands. Tout lui rappelait Mariane. C’était une situation invivable.
Il lui jeta un regard noir.
Il ne savait quoi répondre. À l’époque, il pensait juste que ce serait une expérience des plus excitantes pour leur couple illégitime.
Pablo se leva d’un bond, en pleine fureur. Sophie jubilait et n’arrangea rien à son état. C’était vraiment jouissif pour elle de le voir autant bouleversé pour une jeune fille qu’il s’était juré de ne jamais aimer.
(…)
Sophie se jeta aussitôt sur le téléphone :
À l’autre bout du fil, Mariane était saisie de stupeur. Elle avait trouvé cette idée complètement stupide, et bien que visiblement elle fonctionnât, il était clair qu’elle était stupide, vu que Pablo avait décidé de s’attaquer à son prétendant. En même temps, il fallait avouer qu’elle trouvait à cela un charme désuet qui n’était pas dénué de romantisme. Il était craquant, ça la faisait encore plus fondre d’amour pour son homme… Mais bon, l’heure était grave, les violons ce serait pour plus tard !
Sans un mot, elle raccrocha le combiné et se précipita dans la rue, espérant trouver Pablo avant qu’il ne commette l’irréparable ou que cela le conduise sur un lit d’hôpital. À peine le temps d’enfiler une veste en laine par-dessus son pyjama, et elle était dehors.
Elle se rua dans le pub, les joues écarlates, les cheveux en bataille. Pablo était déjà là. Il ne fit pas attention à son entrée, tout occupé qu’il était à menacer le beau barman. Après l’avoir agressé verbalement, il était passé à la violence physique. Il le saisissait par le col de sa chemise et n’allait sans doute pas s’arrêter là, lorsqu’il sentit une main se poser sur son bras. Cette main, elle s’était déjà tellement posée sur sa peau, qu’il la reconnut instantanément. Il ne savait pas vraiment comment réagir : la repousser violemment ou se calmer et accepter le choix de Mariane. Il ne réagit pas assez vite et c’est dans son cou qu’il sentit les lèvres de la jeune fille déposer un doux baiser. Elle lui murmura à l’oreille :
Il était estomaqué, totalement perdu. Qu’est-ce que tout ceci pouvait bien signifier ? Il relâcha son emprise et sa « victime », blasée, retourna tranquillement derrière son comptoir. Ah, les amoureux… Comprenne qui pourra !
Pablo se retourna vers la jeune fille. Son visage portait un air d’interrogation et d’incompréhension. Mais Mariane aussi voulait connaître les raisons de l’attitude de son amant qui avait poussé à cette étrange histoire.
Il ne parvint pas à avouer ses sentiments naissants pour sa jeune maîtresse. Mais la jeune fille, habituée depuis quelque temps à recevoir si peu de Pablo, se satisfit entièrement de cette réponse.
La jeune fille lui prit la main et rapprocha ses lèvres des siennes. Sur ces entrefaites, Sophie fit son apparition.
Mais personne n’avait fait attention à sa présence. Ni Pablo et Mariane qui se dirigeaient main dans la main, les yeux dans les yeux vers la porte de sortie, ni les quelques habitués du bar, qui seuls étaient encore présents à cette heure-là et qui ne se préoccupaient que de ce qui se passait dans leur verre.
(…)
Mariane l’avait conduit dans son appartement. Il s’était laissé faire comme un enfant. Une fois à l’intérieur, elle se mit face à lui et entreprit de se déshabiller, lentement, pour faire monter le désir en lui. En même temps, elle lui parlait d’une voix langoureuse :
Il restait immobile, à la contemplait. Seuls ses yeux qui suivaient chacun de ses gestes et son sexe qui gonflait et se redressait étaient animés de mouvement.
La jeune fille se retrouva nue devant son amant. Elle alla s’allonger sur le lit et attendit qu’il vienne à elle. Il s’installa à ses côtés. Ses mains commencèrent à glisser lentement sur sa peau douce et lisse, une peau chaude qui exprimait déjà tout le désir ressenti par Mariane. Ses gestes étaient lents, tendres, habiles. Sa maîtresse ronronnait, soupirait même de temps en temps. Cela l’excitait encore plus de savoir que son plaisir montait. Il poursuivit longtemps ses caresses, explorant chaque partie de son corps. Ses petits seins, ses fesses, son dos, le creux de ses reins, tout le long de ses jambes, l’intérieur si soyeux de ses cuisses… Mais il réserva la caresse de son sexe à sa bouche.
Elle poussait des soupirs de plus en plus fort. Bientôt ce ne seraient plus que des cris de plaisir. Son corps ondulait. Elle voulait des caresses plus appuyées. Elle voulait qu’il la prenne. Elle le supplia dans une sorte de miaulement plaintif. À son tour, l’homme se déshabilla avec lenteur, laissant la jeune fille admirer son corps en même temps qu’elle poursuivait les caresses de Pablo sur sa poitrine. Elle le connaissait par cœur, la moindre cicatrice, le moindre grain de beauté, pourtant elle ne se lassait pas de poser ses yeux sur lui.
Il s’installa entre ses cuisses largement ouvertes. Elle lui demanda de lui faire l’amour lentement, comme lors de leur première fois, lorsqu’elle lui avait offert sa virginité. Elle voulait que ça dure longtemps, très longtemps. Il satisfit tous ses désirs. Cette soirée était la sienne. Elle était la princesse qui ordonne, il était l’humble serviteur qui exécute. Il était aussi doux que possible, même si parfois il avait envie de donner des coups de reins plus violents.
Ses soupirs étaient entremêlés de mots d’amour qui le faisaient frissonner, ils ne lui avaient jamais semblé aussi bons. Il se sentit le courage de lui en dire lui aussi, de lui dire LE mot d’amour.
C’est ce moment-là que Mariane choisit pour laisser aller son plaisir. Elle était tellement heureuse. Elle était au septième ciel, dans un autre monde, comblée au-delà de toutes ses espérances. C’est dans cet état second qu’elle laissa faire son amant lorsqu’il décida, à la suite de cet orgasme, de profiter de son corps à sa guise pour se faire jouir.
Ils s’assoupirent dans les bras l’un de l’autre, amoureusement. Tout ce qui venait de se passer ce soir était oublié, et il n’était pas encore temps de songer aux conséquences du lourd aveu que Pablo venait de faire à sa maîtresse. Pas plus que de songer ce qu’il allait bien pouvoir raconter à sa femme pour avoir découché à l’improviste. Il sera bien temps, demain…