Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 10935Fiche technique18964 caractères18964
3320
Temps de lecture estimé : 14 mn
02/11/06
Résumé:  Elle a fait honneur au Bollinger, et c'est moi qui délire. Elle me fixe, me scrute, c'est Cristal qui songe et mes pensées qui s'évadent en tous sens. Voilà un patchwork d'ambiances et de sensations qui devrait autant vous bercer que vous désarçonner.
Critères:  #exercice couplus jardin amour revede
Auteur : Nono  (Nono essayiste)      Envoi mini-message
Cristal qui songe

Note préliminaire : Ce récit vole le titre à un roman de Théodore Sturgeon. Mais ce n’est pas vraiment un vol, plutôt un hommage.




Nonchalance



Le jour où j’ai rencontré Cristal, ç’avait été un coup de foudre. Rien pourtant ne le laissait présager.


C’était la faute de Carine, tout ça. Carine, une amie commune, aimait squatter mon jardin pour des barbecues dominicaux, et elle avait entraîné ce jour-là cette adorable brune, étonnant mélange de douceur eurasienne et de fougue espagnole.

C’était un dimanche de juillet écrasé de chaleur, et mon jardin baigné d’ombre était comme toujours un havre de fraîcheur, un îlot préservé.


Cristal ! Rien que le prénom était de nature à étonner. Et là, jamais prénom ne m’avait paru si bien choisi. Cristal reflétait, c’était le cas de le dire, la lumière, elle étincelait.

J’avais été sous le charme dès la première seconde ! En arrivant, Carine avait dit « Ma petite poupée », pour me la présenter, et le mot était on ne peut plus juste. J’avais vu sortir de la voiture un visage rond, à la peau mate, suivi par une silhouette fine et gracieuse, le tout superbement mis en valeur par une robe courte, simple mais assurément de prix.


Timide d’abord, elle ne tarda pas à se détendre.

Je le confesse, le Bollinger bien frais, que j’avais proposé sous le grand cerisier y était aussi pour beaucoup. Quel bonheur que d’entendre son rire… cristallin tintinnabuler dans la banlieue silencieuse. Et pour moi, chaque passage pour la resservir était l’occasion de plonger mon regard dans son décolleté, ou d’admirer le galbe de ses jambes. Quel sortilège faisait qu’une poitrine tînt aussi bien ? Cristal était parfaite.


Sexy, femme enfant un peu dominatrice, parfois chatte, parfois piquante… mais bien sûr, pas libre, grrrr ! Soyons honnête, son corps me fascina tout l’après-midi, encore plus, le sachant inaccessible.


Et qui plus est, elle était loin de n’être que ce corps de rêve.

Tant de vivacité d’esprit et tant de culture me faisaient pâlir d’envie. Toute son âme, tout son esprit me subjuguaient. Jusque tard dans l’après-midi, nous échangeâmes nos points de vue, à bâtons rompus, sur la religion juive, l’œnologie, les écrits érotiques, et d’autres sujets encore.


Je lui parlai bien sûr de mes écrits, et surtout de mes hésitations à publier. Je me perdais dans d’interminables évitements qui n’échappaient pas à mon interlocutrice.

Et plus je montrais la difficulté que j’avais à me lancer, plus je voyais les yeux de la belle se plisser. Petit à petit, les grands yeux de biche devenaient des yeux de chat.


À cause du champagne, puis du Bandol qui accompagna le repas ? Peut-être un peu, oui, mais c’est surtout que ce regard me lisait, comme si j’étais un grand livre mal ouvert, me feuilletait, me fouillait, me perçait.


Lors d’un de mes multiples "Oui, mais…", elle partit soudain d’un grand rire.



J’hésitai un instant, la question était bien ciblée et elle me déstabilisa.



J’allais encore lui parler de possibles polémiques, de ma famille si conservatrice, de… de…


Elle se redressa lentement sur son siège, décroisa haut les jambes (ouf, la chaleur monta d’un cran…) et plissa encore un peu plus les yeux. Dans ce visage juvénile, il y avait presque de la domination. Pendant deux ou trois secondes, la discussion continua par les regards, intense.


Tempête sous un crâne. Elle me bousculait, mais en douceur. Je n’étais pas mal à l’aise, non, mais j’avoue que je ne m’attendais pas à ce qu’un si petit bout de femme puisse dégager un tel magnétisme.


À la fois, j’aspirais à abandonner cette joute qui n’était plus verbale et le refusais. L’envie de continuer ce drôle de combat et l’envie de lui céder.



Derrière le rideau de ses paupières, il y avait Cristal qui songeait, et moi j’étais dans un rêve.

Je crois que son regard impénétrable m’hypnotisait. Je crois aussi qu’il y avait de la bienveillance sous cet autre crâne. Insensiblement, je me sentis me détendre, sans presque l’avoir décidé.

Avait-elle vaincu ? Convaincu ? Peu importait.


Elle se laissa couler contre le dossier de son siège. Elle aussi semblait détendue, tout à coup.

Elle sourit mais son sourire n’avait rien de triomphant, et pour m’en assurer, elle pencha la tête vers moi et me décocha un clin d’œil, à la fois complice et troublant.




Lyrisme



Dieu que j’ai vraiment aimé cet après-midi, et je crois que j’ai tout aimé d’elle : sa capacité à me décrypter avec une acuité étonnante ; sa culture - je me souviens que Rimbaud et Freud, aussi, firent un passage dans le jardin ; ses clins d’œil complices qui semblaient dire "là, on se comprend !" ; sa petite culotte (qu’elle me laissa mater à loisir en donnant l’impression de ne pas s’en rendre compte), sa bonne humeur, aahhhhhhhh !… Rien ne fut jamais superficiel.


Au soir, je me dis qu’on ne se reverrait sans doute pas souvent car elle naviguait dans des sphères très différentes, jet-set, show-biz… Surprenant, d’ailleurs, car l’image qu’elle m’avait montrée d’elle, alliant parfaitement culture et simplicité, était à l’opposé de ce que j’imaginais de ce milieu !



À la nuit, moi qui n’avais rien du poète, je trouvai quelque inspiration :


Mêlant élégance et originalité,

Tu me vins, Cristal de Bohème.


De la journée, je n’osais la rime enflammée

Qui me vint : Cristal, je vous aime !


Source de mon inspiration enflammée,

Tu devins Cristal de poèmes.



Et ainsi, je passai une nuit blanche, cherchant la rime idéale, chassant les rêves insensés.


Toute la nuit, amie, je me sentis lyrique,

Mais n’osais espérer des peut-être idylliques.



o O o



Je n’attendais rien des jours qui suivirent et comme par miracle, les peut-être devinrent des parfois inespérés.


Une fois, d’autres fois, elle revint.

Échappées, moments délicieux, occasions d’autres envolées.

Au point que ce 26 juillet, il était très tard, lorsque je pris le crayon.



Je commençai par m’excuser, autant auprès de Cristal qu’auprès d’Erato :


J’aurais aimé, amie, que mes brillantes rimes,

Dans les règles de l’art, te vantent, te subliment.

Je serai fort marri, si je ne réussis,

Mais sur cette soirée, il faut que tout soit dit.



Puis, à ma manière, couchai sur papier le souvenir de ces quelques heures inoubliables.


Une fois de plus, elle vient de repartir,

Une fois de plus, elle ne reste pas dormir.

À la main, un verre de vin frais et rosé,

Je me remémore encore cette soirée.


Repas d’été, repas léger, repas d’amis.

J’apporte des plats à finir, avais-tu dit.

Canicule et moiteur, pas d’air à l’extérieur,

Qu’à cela ne tienne, mangeons à l’intérieur !


Ah, que d’intimes confessions m’as-tu faites,

pour lesquelles, ce soir, tu étais enfin prête !


Ta vie, tes sentiments, un peu aussi sur moi,

Et sur l’homme qui, éloigné, te manque tant

Mais si peu sensible, me dis-tu, si distant,

Que sa présence arrive à te peser, parfois !


Très tard, dehors, l’air a soudainement fraîchi.

Tu as voulu les chaises longues, je les ai sorties.

Sur la pelouse, la brise s’est faite amie,

Havre de paix dans la grande ville endormie…


Tu as vite repris la voie des confidences.

Complicité, pacte d’amitié, connivence,

Sensualité, se laisser aller, émoi,

Tout était cadeau, tout était nouveau, pour toi.


Évitements, retenue et hésitation,

Désirs, effleurement et enfin abandon…

De ma main sur ton cœur, douce devint la nuit,

J’aurais vraiment aimé qu’elle fût infinie.


Puis tu es repartie, était-ce mieux ainsi ?

Peut-être était-ce mieux, en effet, que tu fuies.

Verre vide, tant pis ! Sans ivresse, tant pis !

Mais mon cœur saigne, car ta chaise est vide aussi.


Tendresse et détresse, ce soir, j’ai tout connu,

Le vent se fait caresse, cadeau sur ma peau nue,

Je m’endors libre, mais mon cœur est seul,

Une fois de plus, ma liberté est mon linceul.




Accélération



Nous nous rencontrâmes encore plusieurs fois dans la semaine qui suivit, et le mois suivant, elle quittait son compagnon pour s’installer chez moi !

Je vous l’ai dit d’emblée, un coup de foudre !

Il avait été réciproque.


Rapidement, il s’avéra que notre couple ne serait pas un couple ordinaire.


Pour les voisins, déjà.

Dame, deux femmes qui se tiennent par la taille !

…Ah, je ne vous avais pas tout dit ? Voilà qui est fait !


Dans le quartier, ce n’était pas courant. Je crois qu’il s’en est dit, des choses, sur la grande brune qui habite seule la grande maison en meulière. « Vous avez vu ?… » disaient les regards éloquents. Je me moquais des regards trop bavards, j’étais tombée en amour !


Pour nous deux également, rien ne fut banal.

Nous n’avions plus vingt ans et avions déjà découvert, chacune de notre côté, nombre de jeux coquins. En quelques semaines de vie commune, nous avions compris que nous aurions besoin de plus. Non pas que nous craignions une lassitude, mais nous savions que nous pourrions, que nous voulions, ensemble, atteindre un degré supérieur.

Mais Dieu qu’il ne fut pas facile de passer de nos envies à la réalisation de celles-ci. Chaque fois que nous abordions le sujet, c’était rires gênés, questions anxieuses « tu crois que… » et autres tergiversations.

Je dois avouer que c’était moi la plus timorée. On a beau avoir passé pas mal de tabous, les dernières barrières sont les plus dures à abattre. Cristal, malgré son sourire de femme-enfant, était plus volontaire. Parfois, elle plissait les yeux comme au premier jour et son regard de biche me vrillait à nouveau. Allez, lâche-toi, répétait-elle de plus en plus souvent.



Alors je décidai en effet de me lâcher, totalement en confiance auprès de « ma petite poupée ». Et elle aussi se lâcha.

Oh, nos premières soirées ne furent pas de toute facilité. Le cercle de nos amis respectifs, aussi adorables que pouvaient être ces mâles, nous offrit quelques fous rires à défaut d’orgasmes nombreux et violents. Et ce n’était pas vraiment ce que nous espérions.

Il fallut nous rendre à l’évidence ; nous demandions de l’extra-ordinaire, dans son sens le plus littéral, il fallait nous en donner les moyens.

Nous décidâmes d’aborder la question en pro.

Nous fîmes de jolis investissements en lingerie, puis avec quelques idées de décoration, le salon et la chambre d’amis devinrent des lieux de chaudes et charmantes débauches, dignes d’un film à gros budget. Il faut dire que les relations de Cristal dans le show-biz nous aidèrent grandement à décorer divinement le « lupanar » (oh, que le mot paraissait vulgaire, mais dès que je l’eus prononcé par bravade, il fut adopté, comme symbole de notre nouvelle perversité).

Le côté organisation me revint, logique ! Et comme j’étais la plus à même de faire une synthèse, paraît-il, je fus chargée, à l’unanimité moins une voix, des comptes-rendus, qui devaient nous permettre de nous améliorer chaque fois.



o O o



Plus le temps passe, et plus je dois reconnaître que je prends plaisir à mettre par écrit ces soirées. Surtout la dernière, samedi dernier, où oui, nous nous sommes lâchées, comme dit Cristal.

Vous êtes curieux ? J’allais justement la relire, faisons-le ensemble, voulez-vous ?



o O o



Samedi, 18 heures.

Cristal a encore mis un temps fou, dans la salle de bains. Impossible pour moi d’y entrer, nous avons convenu que, lors de ces jours extraordinaires, nous rangeons nos jeux lesbiens au placard… Car la voir se masser la peau dans le bain me mettrait dans tous mes émois. Alors, pour que la salle de bains ne devienne pas une antichambre de nos plaisirs, nous avons décidé que nous nous y préparerons chacune à notre tour.

Mais du coup, me voilà obligée de me dépêcher.


Il est 18 heures 45, maintenant, j’ai juste le temps de vaporiser quelques effluves enivrants, de serrer mes cheveux dans une courte queue de cheval et de poser mes lunettes sur mon nez pour avoir l’air à la fois sage et sexy. Ah, une robe aussi, sinon, ce n’est pas vraiment très sage !

Quand je rejoins Cristal dans le salon, je rougis d’un coup. Sa robe n’est pas sage du tout et j’ai furieusement envie de la lui arracher. C’est le but, mais je sais que ce n’est pas moi qui le ferai, ce soir. Je me console en voyant qu’elle aussi me dévore des yeux.


19 heures. Dans quelques secondes, le carillon de l’horloge va résonner dans la pièce. Ce sera le signal. Nos mâles entreront. Oh, jouissive sonorité que de prononcer ces mots ! Cristal est peut-être aussi réservée que moi, finalement, mais depuis que nous avons débuté ces soirées, nous savons que nous pourrons devenir, à la longue, toutes les femmes. De la plus dominatrice - Cristal m’apprend peu à peu à prendre confiance - à la plus fragile. Ce soir, nous nous offrons un rôle de soumission.


J’ai bien dit que nous nous l’offrons. Cristal, comme moi a eu une vraie vie hétéro, avant, et comme moi, a connu toutes sortes d’hommes. Certains que nous aurions aimé garder, mais aussi des mous, des gentils mais un peu trop, et aussi des brutes un peu primaires. Aucun ne nous avait apporté, nous en avions convenu lors de nos discussions complices, ce côté viril rassurant, comme nous l’appelions. Vous savez, celui qui vous bouscule au point que le mot humiliation vous vient aux lèvres, mais dont vous savez qu’il ira au bout du monde pour vous, si vous le demandez.


Pour arriver à nos fins, nous avons fait notre marché. Là, c’est Carine qui fut notre guide. Nous ne la remercierons jamais assez de nous avoir indiqué les lieux où l’on « pêche » ces spécimens. Il nous les fallait sains de corps et d’esprit, c’était la condition sine qua non… mais avec Carine, c’était un pléonasme. Tant qu’à faire, s’ils pouvaient être résistants, bien montés, et avec un peu d’humour…



19h sonnantes. Nos « produits du marché » entrent.

Ce soir, ils ne sont que quatre.

Nos quelques expériences à six, pour étonnantes qu’elles furent, tournèrent généralement au fou rire et à la découverte de nos limites respectives. Que de mains poisseuses aux douces effluences nous avons essuyées, que d’orifices comblés parfois de manière multiple lors de moments d’affluence, mais maintenir le scénario dont nous rêvions s’avérait chaque fois difficile. Il nous fallut réduire nos prétentions, et au vu de nos invités, ce soir, la qualité devrait enfin primer sur la quantité.


Je suis plutôt confiante. Même si nos premiers contacts se sont fait par mail ou par téléphone, j’ai déjà pu juger de leur capacité à rentrer dans le rôle. Qu’ils soient des mecs, des vrais, oui, mais nous les voulons acteurs à part entière, voire capables d’improviser, et les premiers échanges téléphoniques ne m’ont pas déçue. L’un d’entre eux, John, m’a même déstabilisée avec un rire sonore lors de notre conversation. Quand j’en avais parlé à Carine, pour me rassurer, elle aussi avait éclaté de rire.



Je l’ai reconnu tout de suite quand il est entré. Une tête de plus que ses confrères, il est le seul à avoir troqué la veste pour un tee-shirt qui moule diablement ses biceps. Voyant mon regard évaluateur, il sourit de toutes ses dents.



Ah, pas de doute, il a compris ce qu’on attend de lui, et il ne perd pas de temps ! Pour être directif, il l’est. Pourvu qu’il sache se tenir jusqu’au bout. Je frissonne un peu… et j’aime ce moment.


Et c’est parti !

John a vu mon frisson, a senti ma faiblesse. Il trempe à peine ses lèvres dans le verre que je viens de lui servir et colle celles-ci sur mon cou. Il m’oppresse, il me serre, je peux juste incliner la tête et apercevoir Cristal décoller du sol sous l’action conjuguée des trois hommes.


L’un d’entre eux n’est presque pas actif, mais c’est voulu. C’est Mano, notre Mano, un ami, que seules Cristal et moi appelons ainsi. Un ami des premiers jours, à qui nous avons tout permis, qui nous a fait jouir cent fois, mais qui ne nous a jamais pénétrées. Et pourtant, sans impossibilité apparente, loin s’en faut. Un mystère, ce Mano, mais c’est un amour. Il a beau faire vingt kilos de moins que John, au bas mot, il lui ferait traverser la pièce à l’horizontale sur un ordre de l’une de nous deux. Notre safety-code à nous, le Mano !


En attendant, que ce soit à deux ou à trois, Cristal est entre des mains actives, au point que robe et sous-vêtements ont déjà disparus. Au point que John lorgne dans sa direction. Mateur ? Carnassier ? Ou simplement se dit-il qu’il n’a pas choisi la bonne pouliche. À moi de le réveiller.



Le regard de mon black blanc s’est plongé dans le mien.

Puis il y eut comme un éclair.



Je me suis cambrée quand j’ai senti le pieu m’envahir, mais je serais bien menteuse de dire que je l’avais vu venir. Un pantalon à la Chippendale, je ne vois que ça, sinon, comment aurait-il pu être aussi rapide ! Ah, le salaud, il peut se vanter de m’avoir secouée ! Encore heureux que ce mec m’ait émoustillée dès son premier regard, sinon, il m’aurait éventrée ! Passé le moment de surprise, je me sens glisser telle une figure de proue sur son beaupré. Insensiblement, John m’empale et je m’sens pâle. Le premier choc a été fort, intense, trop !


Trop ? Non !

En fait, c’est juste que…









Épilogue



Cristal repose les feuillets.



Mais je ne suis pas rassuré, elle a toujours ce regard si intimidant.



Elle se racle la gorge. Aïe, aïe, aïe, que va-t-elle dire ?



Elle plisse les yeux comme je l’aime tant. « Comme moi, une certaine fantaisie », a-t-elle dit, voilà qui est intéressant ! Mais, est-ce que je risque vraiment d’aller « trop loin » ? Avec elle ?

Sans attendre ma réponse, elle enchaîne :



Elle a raison, ça ne fait pourtant qu’une semaine. Je m’étais presque pris à y croire.


Mais bon sang, elle aime ou elle n’aime pas ?



Non, jamais je n’oserai lui demander ça !



Cristal se laisse couler doucement contre le dossier de la chaise et décroise ses jambes me dévoilant encore, plus que de raison, des trésors fugaces (ouf, il fait vraiment très chaud, tout à coup).



Elle laisse sa phrase en suspens, c’est calculé, assurément.

Cristal qui songe.



Doucement, elle penche la tête vers moi puis me décoche un clin d’œil, probablement complice, assurément troublant.


Cristal qui songe, mais qui à l’évidence, ce soir ne se suffira pas de regards, ni de rêves sur le papier.