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n° 11036Fiche technique32497 caractères32497
Temps de lecture estimé : 20 mn
14/12/06
Résumé:  C'est la faute à Bercy si j'ai dû chercher un complément de ressources.
Critères:  fh ff fbi prost gros(ses) amour cunnilingu conte mélo humour
Auteur : Agerespectab  (Gentil papy)            Envoi mini-message
Un conte de Noëlle




J’aime bien Sandrine, c’est ma meilleure amie. Oui, une très bonne amie, une bien tendre amie… Moi, c’est Noëlle. Heureusement que j’ai une amie comme elle, oui, heureusement. Parce que ça va mal. Je viens de recevoir un pli de la D G I (Direction Générale des Impôts) qui me dit que, vu mes revenus d’il y a deux ans (!) me voilà maintenant astreinte à payer au Trésor la taxe d’habitation, qui s’élève à trois cent soixante-quinze euros pour mon pharaonique deux-pièces ! J’oscille entre le rire et les larmes. D’abord les larmes : où voulez-vous que je les trouve, tous ces euros ? Puis vient le rire, à cause d’une plaisanterie de Pierre Desproges (Merci mon Trésor !). Sitôt que je pense à celui-là, ça me fait rire ; mais cette fois-ci, pas bien longtemps. Alors je me remets à chialer. Mon mobile qui grogne, c’est Sandrine – c’est elle quatre fois sur cinq :



Elle a raccroché. Je vais jeter un coup d’œil sur mon minois, dans la salle d’eau, j’ai les yeux un peu rouges, je me bassine avec le gant de toilette, je me fais une bise dans la glace, ça me remonte le moral parce que j’ai une très jolie bouche. Je m’installe pensivement sur le siège et j’en profite pour réfléchir et faire un petit pipi. C’est incroyable comme le fait de soulager ma vessie m’aide à ordonner mes idées. Ça vous fait pas ça, à vous ? Cette délicieuse sensation de libération, c’est un petit bonheur. D’accord, c’est pas un pied d’enfer, on est loin du nirvāna mais, tout de même, quand on a un gros chagrin à évacuer, rien n’est à négliger. On sonne ; juste le temps de m’essuyer, remonter ma culotte, Sandrine entre :



Je lui tends le doux billet de la DGI.



Je sens que mes yeux se mouillent à nouveau. Sandrine me prend par la taille et me pousse dans le canapé :



Les yeux ronds qu’elle me fait ! Exorbitée ! Sans voix ! Je lui ai coupé le sifflet. Je crois bien que c’est la première fois depuis qu’on se connaît, ce qui ne date pas de la veille. Elle réfléchit longuement, et finit par me déclarer tout uniment :



Je lui attrape la tête et lui roule un gros patin qui dure. Elle me rend volontiers mon baiser, mais sans fougue. Je la connais bien, elle est déjà au boulot, dans sa tête. Je sais que je peux me reposer sur elle, elle a le génie de l’organisation. Je vais m’employer tout de suite à lui prodiguer des remerciements anticipés, et sans me forcer !


Nous avons toute la soirée de ce samedi, la nuit qui vient, et demain dimanche nous appartient aussi. On va se soigner comme des poulettes en pâte, se bécoter, se mignoter, s’envoyer au paradis, prendre des bains ensemble avec les mêmes sels parfumés pour essayer d’avoir la même odeur toutes les deux, sans d’ailleurs y parvenir ; se refaire un beau minou tout lisse, essayer toute ma lingerie, une bonne partie de ma garde-robe, plutôt succincte, décider d’en acheter d’autre - dès que possible – et puis s’aimer, s’aimer, encore s’aimer.


Morne lundi. Je n’ai eu aucune nouvelle jusqu’à jeudi soir. Même mes messages sont restés sans réponse, du jamais vu. Et voilà mon mobile qui grelotte contre mon sein :



Elle me fait tout répéter plusieurs fois, ce que je fais mécaniquement, tellement je suis abasourdie. Alors c’est parti ! Je vais aller sonner chez une rombière pour lui pétrir ses bourrelets, lui ramoner la chatte, et quoi encore ? Pas l’embrasser, j’espère, ça non ! Ma nuit est agitée, je fais d’étranges rêves, un peu cauchemars même ; le vendredi s’étire, toujours pas le moindre contact avec Sandrine, la gredine me fuit, c’est clair.


Samedi, la voilà qui débarque sans crier gare et m’entraîne dans les boutiques. Nous parvenons à dénicher un tailleur-pantalon noir qui me va et pas trop cher, un top vert d’eau sans manches avec de la dentelle ton sur ton, je mettrai mes sandales noires à talon. Un ensemble culotte et soutien-gorge très sage, mais bien fabriqué. On est encore fin septembre, il fait trop chaud pour mettre des bas. Me voilà équipée, Sandrine me fait l’avance de frais. Elle m’explique qu’elle va me construire une image qui me vaudra une clientèle "bien comme il faut" – ce sont ses propres termes ! Bientôt l’heure d’y aller, le trac me gagne de plus en plus. Je m’envoie un petit coup de scotch sec pour me calmer les nerfs et me voilà partie.


La circulation est fluide, je suis à pied d’œuvre en moins d’un quart d’heure. Un dernier coup d’œil dans le rétro, j’ai un peu le nez qui brille mais tant pis, je n’ai pas de poudrier, je frotte avec un kleenex. Au 43, je sonne, la porte s’ouvre après cinq secondes, c’est une jolie brune, la quarantaine épanouie, un peu plus grande que moi. Nous nous saluons "Noëlle, bonsoir", "Nadine, entrez, je vous prie", je la suis dans un salon. Tout est très cossu, meubles anciens de fruitier blond, tapis noués, odeur de cire d’abeille.


Quand je la quitte, il est presque minuit ; je marche sur un nuage. Tout a été si facile, si agréable… Avant même que je réclame quoi que ce soit, elle m’a remis les billets, pliés dans une enveloppe, s’il vous plaît ! puis elle m’a expliqué, en toute simplicité, que c’était pour elle la première fois ; pour moi aussi, lui ai-je révélé. Nous avons éclaté de rire. Elle m’a dit que son mari avait, une fois de plus, foutu le camp pour voir un match chez un ami. En fait, elle est pas sûre du tout que ce soit bien un match, mais elle s’en moque éperdument. Son mari lui est devenu indifférent. En surfant sur internet, désœuvrée et rêveuse, elle s’est mise à éplucher les annonces de rencontre, et voilà…


Ensuite elle m’a fait des compliments, me trouvant mignonne et plutôt chic, pas du tout l’air d’une – elle a failli dire "pute" mais elle a bien rattrapé le coup – professionnelle, ben non, ai-je dit, puisque j’en suis pas encore une, mais bientôt, et nous n’arrêtions pas de rire.


Elle m’a entraînée dans sa chambre, à l’étage, où elle s’est montrée tout à coup très timide ; il a fallu que je prenne mon courage à deux mains et que je la déshabille. Je lui ai ôté sa robe noire toute simple et ses chaussures. Elle n’avait dessous qu’un soutien-gorge et une culotte à jarretelles, le tout en blanc, et des bas que j’ai enlevés aussi. J’ai retiré moi aussi mes chaussures et ma robe. Nous nous sommes allongées côte à côte sur le grand lit, et nous nous sommes mutuellement fait plaisir. Elle m’avait séduite, je lui avais fait le même effet, nous aurions pu tout aussi bien être des amantes de rencontre… Oui… sauf que j’ai trois cents euros de plus dans mon sac. Je refoule ce qui me reste de fierté en me disant qu’elle est gavée de fric, alors que j’en ai tant besoin. Ça ne me console qu’à moitié. J’attends d’être rentrée chez moi pour appeler une Sandrine sur les charbons ardents.



Là, je sens que le terrain devient glissant ; je sais que ma Sandrine admet bien volontiers que je chasse le mec. Après tout, comme beaucoup, je voudrais être mère, naturellement, sans artifices, avec un père pour mes enfants. Je sais, c’est un peu rétro comme opinion, mais je suis pas abonnée à Libé, non plus. Personne n’est parfait. Par contre, je suis sûre que si j’ai un béguin pour une autre que Sandrine, elle ne le prendra pas avec le sourire.



Je lui mens effrontément mais elle ne me croit qu’à moitié, je pense. J’ai pas fini d’en entendre parler.



Le mercredi suivant, ma copine débarque chez moi avec un nouveau rendez-vous. Notre petite entreprise démarre lentement, c’est d’accord, mais Sandrine m’explique qu’elle est très difficile, les candidates au broute-minou doivent satisfaire des critères nombreux et précis, dont l’essentiel se résume d’ailleurs au "pif" de mon coach.



De fait, Sandrine gagne sa vie comme notaire associée ; elle a emprunté de quoi acheter le tiers des parts de la SCP (Sté Civile Professionnelle) qui l’employait comme clerc, ce qui fait qu’avec les mensualités qu’elle rembourse, elle n’a pas un gros revenu résiduel, mais des relations, ça, elle en a !



Cette fois, j’ai un peu moins de trac, mais de l’appréhension tout de même. Lorsque j’appuie sur la sonnette de cette demeure imposante, façade pierre de taille "art nouveau", lourde porte de fer forgé et verre, cette dernière s’ouvre aussitôt par l’effet d’une gâche électrique. Une petite femme en noir, assez âgée, m’informe que je suis attendue au premier étage. Cage d’escalier intimidante, tapis rouge neuf sur les larges marches de comblanchien immaculé, portes vernies. Je pousse celle du premier, qui est entr’ouverte. Un couloir, une voix féminine flûtée, venant du fond, "Par ici, ma chère", j’avance et au bout de ce couloir une porte de chambre ouverte.



Je suis un peu interdite. C’est une grosse femme qui doit bien peser un bon quintal, en peignoir de soie parme sur une chemise de nuit assortie, étendue sur un grand lit, avec deux ou trois oreillers empilés derrière sa nuque. Ses cheveux sont encore blond pâle, mais mêlés de gris, soigneusement coiffés en un élégant chignon un peu démodé. Son visage est doux, sans vulgarité ; elle n’est pas fardée. Elle a dû être très belle autrefois, et très coquette. Ainsi, elle m’observe avec un face-à-main pour ne pas avoir de lunettes sur le nez. Ses pieds sont nus et je remarque ses chevilles fines.



Toujours sans voix, je me suis assise sur le bord du lit et elle a posé une main douce sur la mienne, un geste tendre, qu’une grand-mère aurait pu avoir. Et j’étais là pour lui sucer la chatte !



J’ai acquiescé d’un battement de cils. Je ne pouvais prononcer un mot. Elle a tendu le bras vers un coffret non loin d’elle, en a tiré un petit rouleau de billets, noué d’une faveur. Je n’ai pu m’empêcher de trouver cela affecté, de regretter la simplicité et le tact de Nadine, puis, retour sur moi-même, de me dire que je connaîtrai sans doute bien pire dans le genre. J’ai fait disparaître l’argent dans mon giron, puis elle a très simplement relevé son peignoir et sa chemise de nuit sur son ventre. Sa fourrure intime n’était guère fournie, mais toujours blonde. Son ventre blanc était immense, ses cuisses énormes. Je me suis débarrassée de ma veste, j’ai posé mon sac au pied du lit, ôté mes chaussures et me suis installée entre ses cuisses.



Elle avait un si beau sourire, en disant cela ! J’ai pensé "C’est si gentiment demandé…" Et je me suis entièrement déshabillée, lentement, juste à côté du lit. Je lui ai fait un vrai strip-tease plein de suavité, de langueur, j’y ai mis tout ce que je pouvais de gestuelle tendre, tout ce que je n’aurais su lui donner autrement, sous forme de caresses, et elle l’a bien interprété comme tel :



Je lui ai tourné le dos pour retirer ma culotte, très lentement, en me courbant comme un modèle posant pour les élèves d’un cours de dessin, surveillant par la pensée que mon dos soit bien rond, que mes gestes soient souples, que l’instant si délicat où chaque pied passe à travers le petit vêtement reste chargé d’harmonie. Puis, me redressant comme en une danse lascive, je brandis la culotte au bout de mes bras dressés, mains jointes, cambrée, lui laissant à loisir admirer mes jolies fesses creusées de fossettes.



Quand je l’ai quittée, il n’était pas encore vingt-deux heures. Son visage était reposé, calme. Je l’ai aidée à s’installer dans les draps, j’ai posé mes lèvres sur les siennes et je suis sortie sur la pointe des pieds.


À peine sur le trottoir, j’ai appelé Sandrine, qui m’a posé les mêmes questions.



Elle m’a réveillée le samedi, il n’était pas loin de midi. Je m’étais endormie très tard, habitée par les images de cette pauvre femme, à la fois grotesque et belle, lubrique et innocente.



Morne lundi. Mardi soir, dans ma boîte aux lettres, une enveloppe inhabituelle, une grande carte blanche sans patronyme, écriture nerveuse à l’encre noire :


Chère Mademoiselle,


Voulez-vous trouver ici l’expression de ma gratitude pour tout le bien que vous avez prodigué à ma tante Marie-Jeanne.

Vos soins attentifs ont eu sur elle le meilleur effet, elle ne tarit pas d’éloges sur les bontés que vous avez eues pour elle.

Je n’ose vous prier de m’honorer d’un appel téléphonique qui me permettrait de vous redire toute notre reconnaissance.

Votre très respectueux,

Gabriel.

08.26.1xxxxx


J’en éclate de rire. Je sais, un rien m’amuse. Je grimpe mes escaliers en relisant la carte, au risque de trébucher. Assise dans mon canapé, je relis encore ce billet, ce style désuet, cette courtoisie d’un autre temps, dont le ridicule m’apparaît de moins en moins drôle et même plutôt attendrissant. Je jette un coup d’œil à l’enveloppe : pas de timbre et la mention E V, il l’a mis lui-même dans ma boîte aux lettres. Qu’il ait mon adresse me plaît beaucoup moins. Il faut sans délai que j’en parle à Sandrine :



Elle n’a pas tort. Il répond presque aussitôt, comme s’il n’attendait que mon appel. Il a une voix très grave, bien timbrée, sauf que cette voix tremble. Il bute sur les mots comme s’il était au bord du bégaiement, bref tous les symptômes d’un hyper-timide.



Sa voix tremble éperdument de peur que je ne le croie pas. J’ai l’intuition qu’il faut le rassurer pour mieux le connaître. Je risque, sans cela, qu’il finisse par se recroqueviller, tel l’escargot, et rompe le contact. Or, il a éveillé ma curiosité. Il reprend :



Il a dit cela dans un murmure, puis plus rien… Le silence…



À mon tour d’être silencieuse… De longues secondes. Je m’efforce de réfléchir aussi vite que je peux mais j’ai une sensation de blocage de mes neurones.



Il a presque crié. Nouvel appel vers Sandrine, à laquelle j’expose les nouvelles.



Nous nous sommes donc rencontrés, Gabriel et moi, un dimanche après-midi, au square Gambetta, Sandrine assise à vingt mètres, nous surveillant discrètement. Gabriel est un grand maigre interminable, un mètre quatre-vingt-dix au moins, glotte proéminente, tout du premier de la classe, mais pas vraiment un adonis. Pas moche non plus, mais timide comme il n’est pas permis, rougissant pour un rien, essayant difficilement de me regarder en face. Après une demi-heure à se dire trois mots, il m’a invitée à prendre un chocolat. Je l’ai invité en retour à siroter quelque chose de plus fort, dans un piano bar de ma connaissance. Dans cette ambiance conviviale, l’alcool aidant, il a progressé très légèrement sur la voie de la confidence, me parlant surtout de sa tante qu’il adore, qui fait fonction de maman pour lui. Au bout d’une heure de discussion, j’avais la conviction qu’il ignorait tout des besoins sexuels de sa tante, et donc de la raison de ma visite chez elle.


Au cours de ces deux mois d’octobre et novembre, nous nous sommes revus de nombreuses fois. Il a vingt-six ans, un de plus que moi, il est très intelligent, sportif – il est infatigable coureur de fond - il déroule imperturbablement une foulée démoniaque, de près de deux mètres à chaque fois, il passe son temps à m’attendre quand nous allons courir ensemble. J’ai réussi à l’entraîner au dodo. Ça n’a pas été facile, il me place sur un piédestal. J’essaie de le convaincre que je ne suis pas une déesse, mais il prend mon attitude comme une aimable plaisanterie. Si je parviens à lui faire une turlutte, j’espère infléchir ses convictions, quoique…


Je suis retournée voir sa tante. J’étais affreusement gênée mais je ne pouvais faire moins. Elle m’a reçue comme si nous nous étions vues la veille, débordante de gentillesse affectueuse. Elle m’a dit, en prenant des airs mystérieux, à voix basse :



J’avais préparé un rouleau de trois cents euros, noué d’un ruban, mais quand j’ai voulu le lui rendre, elle a fermé ma main dessus :



Elle est restée muette, ses yeux se sont embués, elle m’a tendu les bras et je me suis aplatie sur son énorme sein.


Voilà, décembre est bien entamé, les fêtes approchent à grands pas, Gabriel m’a invité à faire la dînette chez lui, enfin chez sa tante. Nous n’avions que des huîtres et du champagne, du turbot à la crème et du champagne, une charlotte de sa fabrication, à la marmelade et au rhum agricole. Le champagne était terminé. Nous nous sommes réfugiés dans sa chambre avec une autre bouteille. Je lui ai attrapé la queue par surprise, et, surprise ! il n’a pas protesté. Je lui ai donc appris ce qu’est une pipe de reine, je pense l’avoir convaincu. Comme les circonstances étaient idéales pour suggérer un jeu coquin, j’ai pu lui indiquer que ma chatoune aime les bisous, et plus encore.


Lorsque nous nous sommes réveillés, il faisait grand jour, j’étais affalée sur lui, et quelque chose me piquait le ventre ; je me suis donc redressée pour voir, c’était une petite boîte, un écrin à bijoux que je me suis empressée d’ouvrir, persuadée qu’il ronflait encore, et je l’ai entendu qui grognait :



Joyeux Noël, Noëlle.



oooOOOooo