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Temps de lecture estimé : 8 mn
20/12/06
Résumé:  Angela hante toujours Balou... après la Dolce Vita
Critères:  fh hplusag jeunes boitenuit revede pénétratio
Auteur : Balou  (Epicurien, j'aime les femmes et la vie en toute simplicité)            Envoi mini-message
Obsession


Il pleuvinait. Ce mois de novembre était exécrable.


Une heure du matin.


« Punaise, j’espère que cette boîte est aussi top qu’on me l’a décrite. »


Balou ruminait cette pensée en marchant les mains dans les poches de son loden.

À quarante ans, ce grand et brun quadra dégageait certes une sérénité puissante, hélas intérieurement la vie en avait décidé autrement pour lui. Au fond de son âme un voile grisâtre masquait sa souffrance.


Il était redevenu célibataire par la force des choses. Sa compagne l’avait plaqué après trois ans de vie commune. Il lui avait été fidèle pourtant, lui l’ancien globe-trotter et coureur de jupons invétéré. Et un beau jour, il n’avait rien vu venir, Célia lui avait annoncé froidement un « Je te quitte ».


Cela faisait maintenant presque dix mois. Le début d’année avait été catastrophique pour lui. Il avait sombré dans l’alcool en sortant chaque soir. Son patron l’avait aidé en lui intimant une thérapie, sans quoi ils se sépareraient. Cette rigidité de son boss l’avait en fin de compte sauvé.


Depuis six mois il maîtrisait la boisson, mais il avait perdu toute sa confiance en lui et surtout envers les femmes. Balou était d’une timidité maladive, il rougissait et bégayait dès qu’une fille lui parlait. De plus, il ne se souvenait plus à quand remontait la dernière fois qu’il avait fait l’amour. « Une éternité mon gars », se dit-il en poussant la porte verte.


Elvira le remarqua aussitôt. Elle avait le chic pour ça.


La piste de danse se trouvait bien en retrait de l’immense bar. La musique techno résonnait partout.


Elvira dansait, mais son esprit était ailleurs. Elle ne sut jamais pourquoi ce soir-là son regard avait croisé celui de l’homme en loden. Il la regardait intensément. Assis sur un tabouret, il sirotait son whisky. Elvira sentait le regard de cet homme la déshabiller complètement.


Agée d’une vingtaine d’années, elle était vive, belle et insouciante. Étudiante, elle prenait ce que lui offrait la vie. Ses formes ne laissaient jamais les hommes indifférents. Ce soir justement, elle portait une minijupe mise en valeur par de longues cuissardes. Un petit et court blouson en cuir agrémentait l’ensemble. Sa chevelure brune tombait en cascade sur ses épaules. Elle avait les yeux légèrement en amande, la peau couleur caramel des filles du Sud.


« Ce mec pourrait être mon père », pensa-t-elle avant de rejoindre ses copines dans les canapés autour de la piste de danse.


Elvira essaya d’oublier les yeux de cet homme en s’amusant et en buvant avec ses amies. Elle se sentait mal à l’aise, comme si sa gaîté était un affront face à la profonde morosité qui semblait miner son admirateur silencieux.


Balou sirota un second whisky. Enfin il ôta son loden, la chaleur s’insinuait doucement en lui, comme une renaissance.


La jeune femme brune lui rappelait Angela, qui avait été l’amour de sa vie. Dix ans déjà. Il se rappelait avoir pleuré toutes les larmes de son corps lorsque la jeune femme s’était engouffrée dans la bouche de métro. Plus jamais il ne l’avait revue ensuite.


Sauf ce soir, là devant lui, il la voyait. C’était elle comme aux plus beaux jours de leur idylle, avant que Bettina ne le fasse sombrer dans le puits de stupre et de débauche (Cf. La Dolce Vita, n°8908).


Elvira remarqua que l’homme avait enlevé son manteau.



Eric était un grand garçon blond aux épaules de déménageur, et le petit ami d’Elvira.



Eric se renfrogna et se tassa dans son siège. Il alluma une cigarette.

« C’est vrai que ce mec est bizarre. Il regarde Elvira d’une drôle de façon », pensa-t-il.


Balou remarqua lui aussi l’attitude du grand blond.

« C’est de ma faute, ils vont s’engueuler à cause de moi. Faut pas que je mate de trop cette femme. Angela est si belle. C’est elle, c’est sûr, c’est son sosie. Mon dieu qu’elle est belle ».


Balou pensait au passé. Des vagues de mélancolie le submergeaient.

« Pourquoi est-elle revenue ? Pourquoi ? Pour me narguer encore une fois ? »


Balou commanda un troisième verre. Il lorgnait sur toutes les bouteilles alignées sagement derrière le comptoir.



Une voix.


Sa voix.


Il se retourna.


Angela se tenait devant lui. Belle et séduisante jeune femme méditerranéenne au regard de braise et à la bouche si appétissante.



Elvira se tenait devant Balou. Elle voyait qu’il avait les yeux larmoyants.

« Bon sang, il va chialer ou quoi », se dit-elle.


Mais il se ressaisit.



Il esquissa un timide sourire vers Elvira, puis but une gorgée d’alcool. La gorge le brûlait délicieusement, il se sentait ragaillardi.



Elvira le secoua par les bras en prononçant ces paroles. Elle tenta de dérider ce grand brun ténébreux.



Eric se tenait entre Elvira et Balou. Il était grand et blond, cheveux en brosse à la mode des GI’s. Musclé comme un Apollon, il savait faire jouer son image auprès des importuns.



Il vit Eric enserrer Elvira par la taille, comme pour marquer sa propriété.



Elvira se dégagea prestement. Elle les laissa tous les deux et retourna danser.



Eric regarda Balou d’un air interrogateur.

« Ce mec est taré », se dit-il.



Balou se retrouva assis au milieu d’une bande de joyeux lurons. Alcool et fumette circulaient allègrement au sein du groupe. Elvira était ravie de la présence de Balou, qui lui se sentait un peu comme un extraterrestre parmi cette bande de jeunes. Il apprit qu’Elvira et ses amis se rencontraient presque tous les samedis soirs, cette boîte était devenue leur annexe.


Balou discuta longuement avec Eric, en buvant trop à son goût, cela dit il était ravi de parler. Elvira tenta plusieurs fois de le faire danser, sans succès car Balou détestait se trémousser sur une piste de danse.


La soirée avait été faite de rires, et de discussions à bâtons rompus. Plusieurs fois aussi, les doigts d’Elvira avaient frôlé ceux de Balou, un sourire commun apparaissait ensuite sur leur visage.



Il se leva en tanguant légèrement et, d’une démarche mal assurée, il se dirigea vers l’autre aile de l’établissement.


Quatre heures du matin. Les toilettes dégageaient cette espèce d’odeur âcre mêlant urine et produits désinfectants. Balou s’aspergea le visage d’eau fraîche. Il avait chaud et certainement trop bu. Sa chemise pendouillait lamentablement hors du pantalon.



Elvira se tenait derrière lui, elle sortait des toilettes femmes. Balou se retourna. Enfin il la voyait en pleine lumière.



Elvira se rapprocha de Balou. Elle se mit sur la pointe des pieds et lui déposa un baiser sur la joue.



Il repensa à ce baiser. Les lèvres d’Angela sur lui. Il se rappelait les corps à corps torrides du passé, où sueur contre sueur, peau contre peau, imbriqués tous les deux dans une folle sarabande d’amour, ils jouissaient comme des damnés. Il adorait lorsque Angela jouissait, sa voix, ses cris chantaient encore à ses oreilles, toutes ces années après.


Il se rappelait aussi ses fesses, où entre ses reins il avait déversé de longs torrents de sève. Son ventre plat, son orchidée luisante, où il aimait fourrer sa langue et boire son jus avec adoration. Sa douce toison d’amour.


Sa brune chevelure en cascade sur ses épaules nues, il la soulevait puis déposait de tendres baisers sur sa peau cuivrée, lorsqu’à pas de velours il arrivait derrière elle.


« Angela, je t’ai enfin retrouvée », songea Balou en marchant vers son domicile.





……………………………………………………………




Il se noyait dans ses yeux. Ensuite, leurs bouches se trouvèrent, elles se soudèrent dans un baiser passionné.


« Sa bouche a le goût de fraise », se dit Balou.

Il la couvrait, allant et venant en elle. Son ventre claquait contre son pubis. Il embrassait goulûment les seins qui pointaient vers lui. Elle le serrait fortement, de peur qu’il ne s’envole. Ses cuisses enlaçaient les reins de Balou, il la pilonnait délicieusement comme elle aimait, en alternant rapidité et lenteur extrême.


Le couple entrelacé gémissait en ne formant plus qu’un. La femme griffait le dos de l’homme, elle l’encourageait en lui susurrant des mots d’amour dans le creux de l’oreille.


Balou voyait la gorge d’Elvira qui palpitait, elle devait, elle aussi, être proche du Merveilleux. Il lui sembla que ses lèvres devenaient plus charnues, que ses yeux brillaient de mille feux.


Il accéléra encore davantage sa cadence. La jeune femme était secouée comme un fétu de paille. Le feu grégeois brûlait son ventre. Ses muscles internes se crispaient.


Enfin, le plaisir déferla en eux par vagues successives. Elvira hurla en jouissant telle une lionne, secouée de spasmes interminables. Balou explosa en elle à longs jets. Il avait l’impression de se vider entièrement dans le ventre féminin, ce puits mielleux qui le happait divinement.


Balou laissa sa bouche courir sur les épaules d’Elvira. Il respirait sa douce peau, sa langue lapa les perles de sueur au creux de son cou. La jeune femme se laissait faire, livrée ainsi à cet homme qui la surprenait divinement. Ensuite leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau, leurs langues s’enroulèrent et se titillèrent. Tous deux haletaient, toujours imbriqués, ils reprenaient leur souffle.


Elvira sentait reprendre en elle la vigueur de Balou. Au-dessus d’elle, il la regardait tendrement. D’un petit coup de rein, elle lui fit comprendre qu’elle allait le chevaucher à son tour.


Dans le miroir de la chambre, Elvira se vit chevauchant telle une brune amazone, Balou livré à ses désirs.


Il s’accrochait aux fesses de son amante, qui rythmait leur cavalcade amoureuse. La brune chevelure d’Elvira caressait le visage de Balou. Il voyait devant ses yeux les seins aux tétons caramel qui attendaient sa bouche.


Encore et encore elle s’empalait sur ce pieu de chair. Loin, très loin, il cognait en elle. Le Merveilleux montait dans ses veines, son corps se préparait à des myriades d’orgasmes, plus intenses les uns que les autres.


Elle cria, lui hurla.


Le silence.


Aucun bruit ne provenait de la chambre. Seul Balou était allongé dans son lit. Les draps étaient défaits et maculés de semence.


« Quel rêve merveilleux », se dit Balou.




Balou

Mai 2006