n° 11093 | Fiche technique | 6689 caractères | 6689 1170 Temps de lecture estimé : 5 mn |
09/01/07 |
Résumé: Mon délire, à mi-chemin entre rêve et réalité. | ||||
Critères: #tutu #fantastique fh telnet cérébral | ||||
Auteur : Rotkäpchen (Une demoiselle, la tête dans des nuages d'érotisme) |
Et voilà une larme qui roule le long de ma joue, un appel à aller me coucher. Je regarde l’heure sur l’écran de mon ordinateur… 3h54 ? En effet il est peut-être temps.
J’ouvre mes rares fenêtres pour souhaiter une bonne nuit aux noctambules de mon espèce, un « Bisou » aux méritants, un simple « Bonne nuit » pour les autres.
Je t’annonce que je vais me faufiler dans les bras de Morphée et apparaît dans cette jolie fenêtre un « Déjà ? » qui me tire un sourire. Oui, déjà… je suis épuisée, mon lit est désespérément vide, mais il me faut le rejoindre. Un échange de dessins de bouches rouges, de « Bonne nuit » et je déconnecte…
Quelques minutes plus tard, je suis à nouveau connectée, désespérée de ne pas trouver le sommeil. Tu me sautes dessus.
Et je t’explique mon malaise, ce qui me vaut un énième bisou, première monnaie d’échange dans le monde du MSN MESSENGER.
On décide de jouer ensemble, d’inventer une histoire à quatre mains. Évidemment j’accepte : un petit scénario me fera sûrement du bien, surtout avec toi. On le fait sur msn, mais le jeu dérape… il dévie légèrement, provoquant en moi une sorte de pincement à l’estomac, une envie de poursuivre sans me soucier de la suite, de me jeter dedans sans craindre l’Après. Mais face à ce désir d’abandon, j’ai aussi peur de te choquer, peur d’aller trop loin, peur qu’après ça, tu me fuies comme la peste. Mais je ne peux plus me retenir. J’écris, effrayée, craignant que là, ce soit définitivement la fin entre nous et pourtant incapable de garder ce vœu plus longtemps. Alors je l’écris, j’ai besoin de le dire, pas forcément de le vivre, mais de le dire.
Et là… un silence, enfin plutôt un blanc, cette fenêtre froide qui ne s’actualise plus. Mais qu’est-ce qu’il m’a pris d’écrire ça ? Je suis complètement folle. Ça doit être la fatigue, oui, certainement ça, la fatigue, je ne sais plus ce que je dis quand je suis fatiguée à ce point.
Mais la réponse me foudroie.
D’accord ?… D’accord ! C’est pas une réponse, ça, « D’accord ». On ne répond pas « D’accord » à une fille qui vous dit qu’elle veut vous faire l’amour ! Mais on commence tout de même à écrire, décrire les actions, les gestes, les caresses…
Me voilà dans une pièce immensément blanche.
Qu’est-ce que je fais là ?
Et toi ?
Mais où sommes-nous ?
Dans le réseau.
Nous sommes sur Internet, mieux : dans Internet, quelque part, perdus entre nos deux écrans, un infini no man’s land, où nous sommes entièrement seuls dans une pièce immensément vide. Et le plus naturellement qui soit, nous voilà en train de mettre en pratique ce que quelques minutes avant nous tapions. Plus d’écran, plus de protection. Face à face, bouillonnants du poids de ces dernières phrases envoyées, nous nous laissons prendre au jeu, le réalisant avec un naturel déroutant, chaque mouvement se faisant fluide, harmonieux, comme orchestré. Nos gestes s’unissent à merveille dans un délicieux ballet, une danse…
Ton bras autour de ma taille, l’autre main se pose sur mon cou, tu écartes de ton pouce quelques mèches de cheveux de mes joues pour y poser tes lèvres, à cet endroit si sensible, si près de l’oreille que j’en tremble, dressée sur mes jambes qui commencent à me faire défaut. Mes mains sur ton dos te pressent davantage contre moi alors que je savoure, fébrile, les étranges morsures et coups de langues que tu fais subir à ma peau. De légers soupirs, mêlés parfois de hoquets de rire, puis mon silence alors que je décide de prendre les rênes. Sur la pointe des pieds, m’appuyant contre toi pour ne pas tomber, je parviens à l’oreille, mon coin favori. Ma langue mutine taquine le lobe, puis s’insinue lentement dans l’oreille, te laissant entendre mon souffle et mes soupirs en plus puissants, plus pénétrants.
Les mains se perdent sur les corps, pétrissant une fesse, un sein, pressant une hanche, une taille, comme pour prendre connaissance de ce corps étranger, comme un sculpteur modelant la glaise pour en faire un corps, comme pour en palper tout ce qui aurait échappé à l’œil, ou qui l’aurait au contraire alléché. Les lèvres glissent sur les épaules, le torse, la naissance de ces deux blanches collines, remontent sur le visage, la bouche, les joues, le front, les tempes, descendent le long du cou, la nuque… et ne cessent jamais leur course, enivrées du goût et du parfum de la chair, elles courent sur le corps, dévorant sans pitié, mordillant, léchant chaque parcelle du corps de l’autre, se repaissant de son être et de son corps, cercle vicieux qui entraîne inévitablement à la perte.
Et la perte la voilà imminente, une étreinte plus forte, plus assurée, un ordre tacite, les amants se préparent, se comblant d’affection, de baisers et de caresses, redoublant leur désir déjà à son apothéose. Et soudain tout ralentit. Il est bientôt venu le moment. La fusion. Cet instant où enfin deux êtres reviennent à leur forme première. L’un en l’autre, l’un autour de l’autre, enfin un.
Sans même m’en rendre compte, sans même savoir comment nous en sommes arrivés là, je me trouve allongée sur un lit blanc, et toi agenouillé en face de moi. Tu me tires par les chevilles, puis les genoux, et les cuisses, sauvagement, m’approchant de toi, entourant ta taille de mes jambes. Je tente de m’accrocher au lit, un quart de seconde craignant l’irréversible qui accourt, me voilà le bassin surélevé, sur tes genoux, ma robe, tout aussi blanche que tout ce qui nous entoure remontée jusqu’au delta du plaisir, nu.
Et aussi vite… l’Union ! Un hoquet de surprise les yeux grands ouverts, presque exorbités, une décharge immédiatement apaisée par tes mains sur mon ventre, sur mes hanches. Une main que tu poses sur mon sein torture le bouton brun érigé en l’honneur de nos ébats et m’arrache des gémissements. Je me fais électrique, cherche par tous les moyens un bout de toi à caresser, mordre, griffer…
Je ne supporte plus cette passivité, me laisser aller aux caresses sans rien donner ? C’est hors de question. Mes jambes autour de ton tronc se resserrent, et je me redresse, tout contre toi, assise sur tes genoux, la tête dans ton cou pour lui faire encore subir mille et une douces atrocités. La danse se poursuit, plus égale, l’un contre l’autre, parfaitement emboîtés nous sommes le rythme. Imprimé dans nos mouvements de bassins, celui-ci se fait plus vif, plus rapide, orné de doux sons : soupirs, gémissements, cris, murmures. Quelle merveilleuse mélodie, mais la fin est encore plus remarquable, la montée, la vitesse, l’équilibre fragile, le fil si ténu… À cet instant précis tout pourrait chuter… mais non ! Tout ça, les craintes, appréhensions, angoisses, est balayé par l’ultime note, l’envol. Le point de non-retour.