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Temps de lecture estimé : 21 mn
16/01/07
Résumé:  Où une jeune veuve, un séduisant défunt et un brocanteur compatissant éprouvent du plaisir à faire connaissance.
Critères:  fh hplusag inconnu travail amour cérébral revede voir fmast fgode portrait
Auteur : Olaf      Envoi mini-message

Collection : De trique et de broc
Trieur de souvenirs

Un brocanteur se fait bizuter par quatre collègues lors d’un marché, en guise de bienvenue dans la grande famille. Pour les remercier, il les invite à partager un repas et à raconter leurs aventures les plus marquantes.


C’était maintenant au tour de Sébastien, le propriétaire de la camionnette dans laquelle Maria et Denis s’étaient réfugiés. Il nous apprend qu’il ne fait que très occasionnellement les marchés, mais qu’il exerce principalement l’activité de « trieur de souvenirs ». Etonnés, nous lui demandons de nous expliquer ce que cache ce terme inconnu pour nous. Il nous confie alors l’histoire que voici. L’a-t-il vécue, l’a-t-il rêvée ? Je n’en ai aujourd’hui toujours pas la moindre idée…


oooOOOooo


La femme qui l’accueille sur le seuil de sa maison ce matin de septembre approche la quarantaine. Elle est belle, malgré la douleur qui marque son visage. D’après ce qu’elle lui a dit en le contactant, elle vient de perdre son compagnon après une courte maladie, et ne se sent pas le courage de mettre de l’ordre dans son bureau. Craignant de faire disparaître quelque chose d’important, elle s’est résolue à demander son aide, suite à la recommandation d’une amie.



Apparemment convaincue, ou résignée, elle lui tourne le dos, ouvre une porte donnant sur un escalier et l’invite à la suivre. Dans les combles, elle le fait entrer dans une chambre lambrissée dont la fenêtre donne sur un grand jardin. Un simple plan de travail posé sur des tréteaux sert de bureau. À part cela, une commode ancienne, un fauteuil à bascule et une grande armoire meublent le lieu. Quelques bibelots sur les meubles, un ordinateur et deux ou trois piles de documents sur le bureau. Au mur, un tableau abstrait, et la photo de la femme qui l’a conduit ici, le visage illuminé d’un sourire amoureux. Le lieu est dépouillé mais n’en reste pas moins accueillant.



Elle remet une clef de la maison et celle du bureau à Sébastien, lui signifiant qu’elle veut faire autant que possible abstraction de sa présence chez elle. Après un dernier regard sur la pièce, elle s’éloigne, sans être entrée dans le bureau où il va passer les prochains jours.


Après avoir refermé la porte, il commence par s’asseoir dans le fauteuil, placé de telle manière que le regard embrasse d’un coup l’essentiel de la chambre. Il observe longuement les différents objets, leur emplacement, essaie de découvrir ce qui peut les relier entre eux, ce qui a motivé leur présence. Il y en a si peu que chacun doit porter son lot de signifié.


Après de longues minutes, il quitte le siège confortable et ouvre l’armoire, puis la commode. Presque sans hésitation, il commence à sortir ce qui s’y trouve et répartit les documents et les objets en trois piles d’inégales grandeurs. Dans la plus haute, tout ce qu’il envisage d’éliminer. Dans la deuxième, ce qu’il veut prendre le temps d’examiner plus en détail. Dans la troisième enfin, ce qu’il estime d’emblée nécessaire de remettre à la veuve.


De temps à autre, il interrompt son tri et se plonge dans la lecture d’une lettre ou d’un texte. Il rythme sa lecture en se balançant d’un pied sur l’autre, comme animé par l’impatience de celui qui écrivit la missive, ou supportant la peine de celui qui la reçut.


Complètement concentré sur ce qu’il découvre, Sébastien ne voit pas le temps passer. C’est le manque de lumière à la tombée de la nuit qui lui fait réaliser que sa première journée de travail s’achève. Avant de partir, il prend encore soin de faire place nette en débarrassant tous les papiers à éliminer. Le bureau est maintenant presque vide. Il pourra s’attaquer directement à l’essentiel demain dès son arrivée.


Il referme la porte sur les secrets du défunt et descend prendre congé. La femme est dans le salon, devant une porte vitrée ouvrant sur un jardin. Elle ne se retourne pas à son arrivée. Il s’approche d’elle mais, ne voulant pas la faire sortir trop vite de ses pensées, il attend immobile derrière elle.



Elle se retourne, le visage baigné de larmes. Sans attendre de geste de sa part, elle vient se blottir contre lui. Elle tremble, tout son corps est secoué de sanglots.



Sébastien serre le corps abandonné contre sa poitrine. Il caresse ses cheveux, très doucement. L’odeur qui en émane est infiniment troublante.



Le silence s’installe à nouveau entre eux. Des sentiments très divers envahissent le cœur de Sébastien. De la tendresse, certes. De la sympathie aussi, pure, sans trace de pitié, juste l’envie de l’accompagner dans son chagrin. Et du désir, sans doute, mais très respectueux. De l’amour en quelque sorte. Comme l’éprouvait son homme, dont il comprend d’un coup mieux les émotions, les élans, les retenues et les doutes.



Ils restent longuement enlacés, sans un geste, juste à se rassurer l’un l’autre, lui en la réchauffant, elle en offrant sa confiance. Peu à peu elle s’apaise, et se détache de lui.



Elle ne répond pas.


oooOOOooo


À son arrivée le lendemain matin, la maison est vide. Il trouve, épinglé sur la porte du bureau, un petit mot qui lui donne les codes d’accès à l’ordinateur du défunt. « Je sais que vous saurez respecter ce que vous y trouverez. Je vous fais confiance. »


Sébastien travaille d’arrache-pied pour arriver à terminer le jour même. Il sent que l’atmosphère du lieu devient prenante. Il a mal dormi la nuit passée, il faut qu’il arrive à retrouver son équilibre avant de commencer à parler de l’homme, à le résumer, si tel est le désir de la veuve.


Il prend un peu de temps vers midi pour aller courir dans le quartier, fatiguer son corps et libérer son esprit. L’exercice lui fait du bien, et il se remet à la tâche avec une énergie retrouvée. Il passe l’essentiel de l’après-midi à parcourir ce que recèle l’ordinateur. Rien de très mystérieux, d’ailleurs, mis à part plusieurs textes érotiques en cours de rédaction. Les thèmes très divers qui y sont abordés laissent présumer de la richesse d’esprit de celui qui travaillait ici, et de la vivacité de son désir pour sa femme. Fugitivement, Sébastien cherche à imaginer quel amant cet homme à la sensualité exacerbée a bien pu être, quels plaisirs il a su inventer pour la femme qui le pleure aujourd’hui.


Se souvenant de phrases lues rapidement le premier jour, il retourne chercher quelques lettres dans la pile des documents à examiner de plus près, et compare ce que l’homme évoquait dans ses écrits de jeunesse avec ce qu’il a exprimé dans ses derniers textes. Peu à peu, Sébastien arrive alors à mieux cerner la personnalité du défunt. Il sent qu’il approche enfin de ce moment magique qu’est la rencontre avec l’absent. Cet instant où, comme par enchantement, l’essentiel émerge de la multitude de détails qui remplissent une vie, où les chemins de traverse, empruntés par hasard ou par nécessité mais rapidement abandonnés, perdent de leur importance. L’instant où seule la voie finalement suivie, ce vers quoi tendait le disparu, devient évident aux yeux de celui qui a le privilège de pénétrer dans son intimité. C’est cela qui fascine Sébastien, et le pousse à pratiquer son activité de trieur de souvenirs.


Le moment est maintenant venu d’achever son travail et de refermer les deux cartons posés au centre de la pièce. Le premier contient quelques effets personnels du défunt, que sa femme pourrait vouloir conserver. Le second, plus petit, ne contient que quatre objets. Bien peu pour résumer toute une vie. Mais Sébastien n’est pas là pour apporter ce que les proches savent déjà. Son domaine, c’est le dernier clin d’œil, l’infime détail qui manque pour parfaire l’image du disparu. La petite touche qu’il aurait voulu apposer lui-même, ou qu’il attend de voir découverte pour se libérer des tribulations d’ici-bas.


Comment a-t-il trouvé ces objets ? Comment s’est-il aperçu de leur importance ? Sébastien n’en a aucune idée. Ils lui sont tombés dans les mains, et il a su qu’ils n’étaient pas là par hasard.


Il est temps maintenant d’aller rendre compte de ses découvertes. Il trouve la femme dans une petite pièce de travail, attenante au salon du rez-de-chaussée.



Sébastien remonte dans les combles chercher le petit carton et le dépose sur la table du salon. La femme semble hésiter à l’ouvrir.



Il sort le premier objet du carton et le lui tend. C’est un des textes trouvés dans l’ordinateur, écrit plusieurs années auparavant, probablement pour exorciser de vieux démons.



Sébastien s’efforce par sa lecture de retranscrire aussi fidèlement que possible l’angoisse du défunt découvrant la présence d’un homme particulièrement séduisant aux côtés de sa femme lors d’un voyage. Les phrases sont si bien tournées qu’il en arrive même presque à éprouver lui-même de la jalousie à la description des tentatives d’approche de l’indélicat et du trouble qu’elles avaient provoqué chez la femme. De même, il partage intimement le désir de l’homme et sa manière passionnée de l’exprimer lorsqu’il se retrouve enfin seul avec elle. Comme il envie le plaisir qu’ils se sont offert pour se rassurer sur la force de leur amour.


La femme a écouté ce témoignage de leur passé le visage enfoui dans ses mains. Elle ne bouge pas lorsque Sébastien achève sa lecture et relève les yeux sur elle.

Que dire de plus pour le moment ? Il boit quelques gorgées de thé pour se donner contenance. Un bref instant, il se demande même comment réagir si elle craque. Mais elle n’en fait rien. Lentement elle se lève, va vers la fenêtre en s’essuyant les yeux et se met à fixer quelque chose au-dehors.



Sébastien se tait, regrettant ce faux-pas involontaire qui l’a éloigné de la femme. Écorchée comme elle est, elle attache certainement une importance particulière à chaque phrase, à chaque mot qu’il prononce. Il faudra l’apprivoiser à nouveau avant de pouvoir continuer, et lui laisser le temps de digérer les émotions qu’il suscite.


Il se lève à son tour et va se mettre derrière le piano. Il commence par quelques notes, en sourdine. Puis il plaque quelques accords, entame une transition tonale qui l’amène à un autre morceau. Il se contente d’esquisser la mélodie, comme s’il voulait juste remplir la pièce d’un peu de douceur, ou de paix.

Il a l’habitude de ces interruptions. Il est là pour accompagner un passage, et le temps ne compte plus dans ces circonstances. D’ailleurs, les blocages peuvent autant venir des vivants que des morts. Combien de fois au cours de son travail n’a-t-il pas dû prendre du recul, changer d’angle d’observation, avant de percevoir les messages cachés par ceux dont il triait les souvenirs.

Cette fois pourtant, la complicité s’était rapidement établie entre l’homme et lui. Il s’était d’emblée presque reconnu dans de nombreux traits de son caractère. Même s’il se savait incapable d’atteindre jamais une telle maîtrise de sa destinée, et de ses sentiments.


À quel moment de sa propre mort accepte-t-on de lâcher prise ? Voir la femme aimée s’offrir à nouveau, est-ce ça le purgatoire ? Ou au contraire est-ce la voir se refuser pendant des années toute étincelle de joie, de plaisir, se complaire pendant des mois dans la douleur et le manque ?


Sébastien ne doute pas que ces questions ont hanté l’homme aux derniers temps de sa vie. Comment l’expliquer à sa compagne ? En prenant exemple sur sa volonté de dépouillement, peut-être. Surtout ne pas jouer de rôle, ne pas chercher à prendre la place de l’autre. Être soi-même et se contenter de remettre ce qui est apparu. Être transparent.



Alors, il laisse courir ses doigts sur les touches, à plein clavier. Il joue pour lui-même maintenant, pour sortir de ce qu’il a vécu les dernières quarante-huit heures. Son travail est pratiquement terminé. Les cartons sont prêts dans le bureau du défunt, qu’elle en fasse ce qu’elle veut, peu importe. Comme beaucoup d’autres, elle ne lui demandera probablement plus de revenir et détruira tout ce qu’il a trié. Elle voulait juste de l’ordre.

Aucune importance, Sébastien se sent riche de ce qu’il a reçu au cours de ces deux jours d’intense face à face. Une très belle personne, ce monsieur. Complexe à l’extrême, mais une belle âme.


Elle ne lui a plus adressé la parole depuis qu’il s’est mis au piano. Les dernières notes s’envolent, il est temps de la quitter. Au moment de passer la porte, il l’entend pourtant poser une étrange question.



Il hésite un instant. Il serait libre, mais quelque chose le retient de revenir si vite. De la quitter si vite aussi.



La phrase entre droit dans le coeur de Sébastien. Elle ne lui en veut apparemment pas de sa maladresse, et ne refuse pas un peu de complicité. Peut-être éprouve-t-elle même un premier sentiment envers quelqu’un d’autre que le défunt.


Il sent aussi que quelque chose en elle l’attire irrésistiblement. S’il en croit ce que l’homme écrivait, cette femme est une pépite d’or par temps de bonheur. Comment survivre à ses côtés dans des circonstances aussi prenantes ?


Il se surprend à douter à son tour face à cette femme fascinante. À douter, mais aussi à l’admirer, exactement comme son homme. Intense. Voilà, c’est cela qu’il disait d’elle, intense. Il sait qu’il ne lui refusera rien. Advienne que pourra !


oooOOOooo


Le vendredi, Sébastien arrive vers neuf heures à la villa. La femme ouvre la porte à l’instant où il sonne. Son visage est marqué par le manque de sommeil. Ce que sa longue robe noire met encore plus en évidence.

Ils se regardent sans parler, puis elle le précède jusqu’au salon. Les deux cartons qu’il avait préparés sont là, avec d’autres effets, probablement sortis des armoires de la maison.



Avant de s’asseoir pour l’écouter, elle lui demande ce qu’il veut boire. Il opte pour une bière et prend place dans un fauteuil en attendant qu’elle revienne de la cuisine.



La femme la touche du bout des doigts, très sensuellement, puis la prend complètement dans sa main, comme si elle voulait l’allumer. Elle se contente toutefois de la tenir comme il devait le faire lorsqu’il la fumait. Elle hume ensuite discrètement les effluves qui en émanent, ferme les yeux, et se laisse bercer par les souvenirs que l’odeur caractéristique du tabac fait resurgir. Enfin, pensive, elle passe l’index sur les chiffres gravés dans le bois.



Sans un mot, Sébastien lui remet alors la seconde pipe, râblée, genre brûle-gueule, apparemment jamais allumée mais soigneusement gravée de la date du 23 juin 2006, exactement deux mois plus tard. Peut-être le jour où, grâce à tous ses sortilèges de femme, elle lui a fait comprendre qu’elle ne cesserait pas de le désirer jusqu’à son dernier souffle, et qu’elle entendait jouir de lui aussi longtemps que son cœur battrait assez fort pour le faire bander. Bouffée d’espoir, bouffée de vie ? Une raison suffisante en tout cas pour ajouter une nouvelle pipe à la collection symbolique.


La femme passe une fois encore la première pipe sous son nez puis, d’un geste sec, la casse en deux. Elle fait de même avec celle que son homme n’a pas eu le temps de glisser entre ses lèvres. Elle a alors un regard étrange. Un timide sourire se dessine même sur ses lèvres pâles.



Il sort alors du carton un superbe gode taillé à la main dans un bois clair, soigneusement laqué, prêt à remplir son office. La femme saisit délicatement le bâton de bois et le prend en main comme si elle retrouvait vraiment le membre de son homme. Elle prend le temps de caresser la couronne du gland, puis le renflement du canal séminal parfaitement dessiné.

Après ce premier contact, elle reste d’abord immobile à contempler cet étrange testament. De longues minutes passent avant qu’un signe de vie émane à nouveau d’elle. Soudain, sans se soucier de la présence de Sébastien, elle pose ses lèvres sur le sexe dressé et le parcourt sur toute sa longueur, l’embrassant et le léchant alternativement.

Immédiatement, elle semble retrouver les émotions que ces creux et ces bosses ont fait naître tant de fois en elle. À n’en pas douter, l’homme a sculpté le gode exactement à sa taille. D’instinct elle sait où poser les doigts, où glisser les lèvres, où nicher la langue.


La scène est profondément troublante, même si ses gestes sont plus émouvants qu’excitants. La sérénité avec laquelle elle prend possession du gode fait même plutôt penser à une célébration religieuse qu’à un acte de chair. Elle confirme cette impression en se levant, comme pour s’approcher d’un autel visible d’elle seule.

Passant à côté de Sébastien, elle prend sa main et l’invite à la suivre vers le centre de la pièce, recouvert d’un épais tapis de laine. Elle s’agenouille face à la fenêtre et le fait s’allonger sur le dos à côté d’elle, puis elle remonte les pans de sa robe jusqu’à sa taille et glisse le gode entre ses cuisses, jusqu’à ce que la pointe vienne effleurer son intimité.

Avant de se laisser complètement aller, elle regarde le jeune homme interloqué. D’un geste de l’index sur ses lèvres, elle lui intime de garder le silence quoi qu’il arrive.


Alors seulement elle ferme les yeux et commence très lentement à introduire le membre de bois entre les lèvres de son sexe. Elle prend tout son temps pour profiter de la lente pénétration. Chaque parcelle de sa chatte déjà moite redécouvre, à l’instant même où la tige la frôle, ce qu’elle ressentait lorsque l’homme plongeait en elle. Spontanément, son vagin se serre autour du membre et commence le lent massage intime qu’elle lui offrait pour l’exciter plus encore. Il n’est plus là pour lui répondre par quelque secousse de plaisir ou un discret soupir. Peu importe, elle tapote du bout des doigts contre le bas du gode, et retrouve presque immédiatement les frissons par lesquels il savait délicieusement augmenter son plaisir.


Sa respiration s’accélère, son visage retrouve des couleurs que le chagrin avait effacées, les pointes de ses seins se dressent sous le tissu de la robe.

Pour la première fois de sa vie, Sébastien est impliqué dans un acte d’amour dont aucun détail ne lui est épargné, sans qu’il puisse réellement y participer. Il ne se délecte pas moins de l’excitation qui grandit dans le corps de la femme, et son membre est bientôt aussi dur que la tige qui monte et descend en elle.


En réalité, à part quelques crispations des lèvres et de discrets clignements des paupières au moment où le bout du gode touche ses parois intimes et dilate son vagin, rien de ce qui se passe dans le corps de la femme n’est réellement visible. Pourtant, tout ce qu’exprime son visage ainsi que la chaleur qui émane d’elle sont des signaux infiniment plus excitants que n’importe quel cri de plaisir ou geste d’impatience amoureuse.


Le jeune homme se sent devenir fou de désir pour cette sublime femelle, qui s’offre avec la plus totale impudeur aux caresses d’un amant dont elle seule semble percevoir la présence. Il se retient pourtant de tout mouvement, de tout geste, pour ne pas interrompre cette célébration amoureuse.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Embrochée sur le sexe sculpté, la femme est devenue prêtresse. Par tous les pores de sa peau, par la béance de son sexe, par les gémissements qui s’échappent de ses lèvres comme d’interminables litanies, elle invoque les esprits. Et elle sait son amour encore si fort, si vivant, qu’elle ne doute pas un instant de voir ses suppliques exaucées.


Elle se caresse maintenant à un rythme endiablé. L’instant des retrouvailles approche, son ventre s’enflamme un peu plus à chaque mouvement du bâton qui la remplit. Plus rien ne l’empêchera de s’unir à l’homme auquel elle va s’offrir corps et âme.

Sachant qu’elle n’arrivera plus très longtemps à résister, elle veut retrouver la liberté de ses doigts pour jouir encore mieux, encore plus intensément. Écartant les jambes, elle saisit la main de Sébastien et la glisse entre ses cuisses, tout contre la hampe de son homme.


Le jeune homme saisit l’objet de plaisir du bout des doigts, et s’efforce de le maintenir bien enfoncé dans la vulve dégoulinante. Après quelques instants où ils apprennent à synchroniser leurs mouvements, le plaisir recommence à monter en elle. Lorsque le va-et-vient de la tige enflamme à nouveau son ventre, son bassin se remet à rouler et à tanguer sans effort contre la main de Sébastien. Elle s’empare alors de ses seins à pleines mains et les malaxe en gémissant sans retenue. Elle tend son bas-ventre à la rencontre de celui qu’elle imagine la pénétrer avec fougue. Elle griffe ses pointes sans ménagement à travers le tissu puis, n’y tenant plus, fait glisser la robe par-dessus son épaule, déchirant les coutures pour libérer plus rapidement encore ses tétons avides de caresses et de succions.


Son ventre se creuse sous l’effet de ces attouchements et des souvenirs qu’ils réveillent sur sa peau. Sa liqueur chaude coule sur la main de Sébastien à chaque fois qu’elle revient s’empaler sur le gode. L’instant suprême de communion n’est plus très loin, déjà les premières vagues de jouissance frémissent entre ses reins.


Elle enfonce alors son sexe profondément sur le gode, puis se met à dessiner lentement des petits cercles du bout des pouces sur ses mamelons excités. Sébastien se rend compte que quelque chose d’immense est en train de s’emparer d’elle, qui va inéluctablement déferler et tout emporter sur son passage. Il ne peut rien faire de plus que serrer la sculpture entre ses doigts et poser délicatement son pouce contre le clitoris turgescent.

À force de la regarder se préparer à jouir, il sent monter en lui aussi les premiers spasmes de plaisir. Il tente vainement de garder contenance en détournant les yeux. Mais le spectacle de cette femme au bord de l’orgasme, sublime de désir, l’attire irrésistiblement. Il ne peut se retenir de la contempler.

Il la voit alors empaumer ses seins et, se redressant, les yeux toujours fermés, en faire une émouvante offrande à celui qui met le feu en elle, de l’entrée de sa chatte jusqu’au plus profond de ses entrailles.


Enfin, un long, un très long cri jaillit de son cœur, à mi-chemin entre le gémissement de douleur et le feulement de plaisir. Une première secousse la tétanise, puis une autre et une multitude d’autres encore. Son corps n’arrête plus de tressaillir, de se plier et de se tordre au gré du déferlement de plaisir qui s’empare d’elle.

C’en est trop pour Sébastien. La vulve juteuse qui coulisse contre sa main, la beauté et la violence de l’orgasme, tout ce qu’il ressent de désir pour cette femme le fait basculer à son tour dans la jouissance. Il sent sa verge durcir encore plus, ses boules remonter contre son membre. Ses hanches basculent involontairement à la recherche du corps désiré. Quelques secondes plus tard, il rejoint la femme dans le plaisir, et se vide en épaisses giclées de sperme.


Lorsqu’il reprend ses esprits, elle gît immobile à ses côtés, recroquevillée comme un enfant malheureux dans son lit. Sa respiration est encore agitée, et quelques dernières vagues semblent parcourir son ventre.


Elle ouvre les yeux au moment où il tourne la tête vers elle. Une larme coule sur sa joue. Il l’entend murmurer ce qu’il pense être un adieu, sans en être vraiment sûr.

Peu importe d’ailleurs de savoir de qui elle prend ainsi congé, puisqu’il ne saura jamais à qui elle s’est vraiment donnée, la chatte pénétrée par un sceptre à l’image de celui de son homme, fermement tenu entre ses doigts à lui.


Sans dire un mot, il boit la petite larme sur la joue de la femme et se lève pour quitter la maison. Au moment où il passe le seuil du salon, il l’entend prononcer son nom. Se retournant, il la voit debout au milieu de la pièce, les seins nus, la robe déchirée, tendant le gode vers lui.



Pour la première fois depuis qu’il la connaît, il voit un sourire se dessiner sur ses lèvres. Elle vient vers lui et glisse l’olisbos entre ses mains, qu’elle garde fermées entre les siennes.



Elle s’approche encore un peu de lui, prend son visage entre ses mains et pose un long baiser sur ses lèvres.