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n° 11190Fiche technique49257 caractères49257
Temps de lecture estimé : 28 mn
22/02/07
Résumé:  De surprise en surprise...
Critères:  fh hplusag voisins voiture amour volupté cunnilingu humour
Auteur : Lacducoucou  (Amateur toujours humble et toujors convaincu)            Envoi mini-message
Voisin, Voisine

Ma voisine ! Comment aurais-je pu imaginer, comment aurais-je pu deviner ? Je ne la connaissais que de vue, d’un pavillon à l’autre, et par beau temps de préférence… Des relations d’une politesse toute banale, avec un bonjour ou un signe de tête convenus. Je ne lui avais jamais accordé d’attention spéciale. Rien, chez elle, ne tranchait ou n’attirait le regard. De loin, elle n’était ni laide ni jolie, elle paraissait incolore et passe-partout. J’aurais été incapable de lui donner un âge, fût-il en faveur de la trentaine ou au détriment de la quarantaine. À mes yeux, elle n’en avait pas. Bref : une silhouette de l’autre côté de la rue. Une seule fois, j’avais même poussé l’incongruité jusqu’à me demander ce qu’elle pouvait valoir au lit, pensée fugace à laquelle mon esprit n’avait pas accordé plus de deux secondes.

Je connaissais un peu mieux son mari. À l’occasion, nous échangions quelques mots : météo, gazon, ou autres préoccupations de propriétaires de maison-jardin. Il paraissait affable et gai, un grand gaillard costaud et peut-être un peu fort en gueule. Ma femme m’avait d’ailleurs rabroué lorsque j’avais osé, un jour, lui trouver un côté BDD, c’est-à-dire brut de décoffrage.


Mon histoire débuta un beau mardi de septembre, à la perception du bourg voisin. Ce n’est pas que je raffole de ce genre d’endroit, je ne m’y rends que contraint. Surprise : j’y croise ma voisine qui en sort. Je faillis ne pas la reconnaître. Un regard poli, un sourire furtif, un bonjour machinal ; aucun de nous deux ne s’attarda. Nouvelle surprise, en quittant ce lieu de perdition pécuniaire : ma voisine était toujours là, plantée au pied des marches, qui m’attendait.



Pendant qu’elle parlait, je l’examinai plus attentivement. Je découvris, ma foi, une femme mignonne avec une voix chaleureuse, à cent lieues de la voisine-insipide-de-l’autre-côté-de-la-rue. Des cheveux clairs, mi-longs, un visage rond, des yeux pétillants, une jolie bouche, un air mutin, un cou gracile. J’y rajoute une robe bleu clair, ample et légère. Avec le soleil d’aujourd’hui, elle apparaissait rayonnante.



Elle m’accompagna jusqu’à la voiture à quelques mètres. J’en fis le tour pour lui ouvrir la portière. Interloquée, elle me dévisagea, avec un sourire timide.



Elle s’installa dans le véhicule et c’est là que j’ai eu le choc. En se contorsionnant pour s’asseoir, elle mit en évidence un corps souple aux courbes déliées, une poitrine bien faite, de celles qui attirent l’œil sans agresser le regard. Elle avait de la grâce, elle avait du chien, me dis-je. En entrant dans l’auto, elle fit voler sa jupe ample et dévoila une jambe fuselée. Une fraction de seconde, je pus même apercevoir le haut de sa cuisse gauche, là où la chair est la plus tendre. Le flash! Effervescence dans mon esprit : j’ai vécu à proximité d’un tel canon sans m’en apercevoir ? Je me maudis pour cette inexcusable cécité.

Elle remit la robe en place pour boucler sa ceinture. Plus rien à voir, hélas… Je fermai la portière et refis le tour pour me mettre au volant. À l’arrêt du premier feu rouge, je me tournai vers elle.



Elle éclata de rire.



Elle hocha la tête :



Elle avait dit ça d’une voix posée. Je sentis une sorte de douceur et de quiétude m’envahir. En fait, je constatai que je me sentais bien en sa compagnie. J’avais l’impression irrationnelle de la connaître depuis toujours, comme si nous étions de vieux amis. J’y réfléchis : tout cela, à l’impromptu, par la grâce d’un co-voiturage fortuit ? Incroyable !

Je méditais la chose en sortant du bourg. Quinze kilomètres de route de campagne. Ce qui me semblait d’habitude si long, s’annonçait curieusement trop court. Elle reprit la parole.



Elle rit encore. Un rire perlé.



Elle enregistra, courte pause, puis relança :



À mon tour, je ris.



Elle s’amusa de ma remarque.



Et de se rattraper :



Elle se tut un moment. Puis elle se laissa aller en arrière contre le dossier du siège et poussa un long soupir. Je m’enquis :



D’abord elle esquissa un sourire, les yeux dans le vague. Elle temporisa un peu puis lâcha :



J’étais vraiment intrigué et la curiosité l’emporta :



Ce fut le « belle voisine » qui dut remporter le morceau. Elle se lança :



Elle continua :



À mon tour d’être surpris, mais je me gardai bien de le montrer. Le mot surpris est faible, j’en étais comme deux ronds de flan. Les choses prenaient une tournure nouvelle. Cela ne me déplaisait pas, mais je ne savais pas où cela risquait de mener, et tout semblait aller trop vite. Je ressentis une pointe d’inquiétude en attendant la suite.



Un silence…



Elle prit soudain son visage entre ses mains et secoua la tête :



Je protestai avec véhémence :



Elle eut une moue dubitative :



J’entendis le bruit d’un silence lourd de rêves, que je rompis :



Elle, sans hésitation :



Puis avec un air béat:



Intriguée :



Elle marqua un temps d’arrêt, hésita :



Du coin de l’œil, je la vis se tourner vers moi avec un magnifique sourire :



Je souris :



Elle esquiva mais sans clore le sujet et avec une suprême habilité :



J’étais stupéfait que cette femme, que je ne connaissais ni d’Ève ni d’Adam, m’ait fait si spontanément toutes ces confidences. Mes pensées s’entrechoquaient. Je rêve, ou quoi ? Elle paraissait si douce et si naturelle. Pas du tout le genre fofolle ou nympho. Je n’en revenais pas. Il y a des circonstances dans lesquelles la cogitation et l’atermoiement sont des péchés, même si l’on ignore si, sous vos pieds, va s’ouvrir un océan de félicité ou un gouffre de malheur. Cette fille me subjuguait, il fallait que j’en aie le cœur net, à défaut des pensées.

Je ralentis, pour négocier le virage vers le petit chemin de terre repéré un peu plus loin. Elle ne manifesta aucune surprise, ne posa pas la moindre question lorsque je m’y engageai, ni lorsque j’arrêtai mon véhicule quelques dizaines de mètres plus loin, à l’ombre de halliers et surtout à l’abri des regards.



Elle s’esclaffa :



Je passai la main entre nos sièges et défis les ceintures de sécurité.



Elle pouffa à nouveau :



Elle se tourna vers moi, sourcils levés :



Elle ricana :



Saisie de surprise :



Elle rit à nouveau, sans relever, bien entendu, l’hypocrisie du prétexte. Je fixai des yeux ma main droite posée sur le volant et j’attendis. Elle n’hésita qu’un bref instant – un dernier scrupule de retenue, peut-être ? - avant de s’exécuter. J’avais bien senti son émotion nostalgique en me relatant sa trop courte aventure, et j’avais parié sur sa récurrence.

Elle prit ma main et la posa sur son genou. Il était joliment rond et agréable au toucher. Je le caressai, l’autre aussi. Elle fit mine de retirer sa main. Hors de questions, la main devait rester pour que le jeu perdure. Et aille plus loin.



Encore une hésitation, puis sa main tira la mienne vers le haut.



J’agis de même, mon poignet repoussant petit à petit la robe vers le haut. Sa main ne me guida plus, elle reposait sur la mienne, docile et complice. Je savourai le grain de l’épiderme. Une peau de velours : celui du fruit défendu. Ses cuisses étaient lisses et fermes. Sans oublier l’intérieur tendre… Ma main montait, puis redescendait vers le genou bien à plat, pouce écarté, entre les jambes mi-ouvertes. Chaque fois que je remontais, je caressais du bout de l’index et du majeur, comme si je voulais la griffer. Je me gardais bien d’aller trop vite au but. Je voulais prolonger ce plaisir rare. Je caressais les deux cuisses, savourant ce moment. Ma passagère, immobile contre son siège, les yeux mi-clos, le bouche entrouverte, semblait attendre la suite prévisible. Mes doigts touchèrent enfin au but et j’aplatis ma paume sur le mont de Vénus… Elle tressaillit, ouvrit encore la fourche de son corps et poussa son bassin vers l’avant. La robe relevée, avait dévoilé un slip de coton blanc moulant à la perfection la courbe charnue de son trésor.


Elle appuya sa main plus fort, tête en arrière, et respiration raccourcie. J’agis en douceur. Ma paume exerçant des pressions répétées sur le renflement, je me mis à masser les lèvres en coquille, entre mon pouce et mon majeur, comme on roule une cigarette. J’éprouvais la sensation grisante et conjuguée du mariage entre le tissu et de la masse charnelle. Je veillais à coincer dans l’enveloppe de chair le nodule d’un bouton que je sentis durcir. En amour, a dit Clemenceau, le meilleur moment c’est quand on monte l’escalier. Pas tout à fait exact : il y en a d’autres ! Par exemple celui, précis, où l’on s’offre le luxe suprême de s’attarder à caresser la chose convoitée avant de la dénuder. Elle glissa encore un peu plus vers l’avant du siège.



Elle ne répondit pas, mais prit ma main la remonta sur son ventre puis poussa le bout de mes doigts sous l’élastique. Ma main s’enhardit, descendit et conquit. Puis j’abandonnai la caresse et tirai la culotte vers le bas. Mes doigts atteignirent la toison soyeuse et le sillon luisant et je restai sans voix devant le merveilleux renflement châtain, bombé à la perfection. Le pays de Cocagne ! Une révélation. Ma voisine venait de changer de statut. À la voir tous les jours ou presque, jamais je n’aurais imaginé qu’elle puisse être une reine. Son intimité découverte me tourneboula au comble, me ramenant à ce souvenir intense d’excitation et de frustration remontant à l’adolescence. En cherchant à ramasser des pièces de monnaie tombées par terre, j’avais pu entrevoir sous la jupe d’une amie de maman, assise à la table de la cuisine. C’était l’ombre frémissante, le creux révélateur, où l’œil va s’abreuver d’ineffables douceurs… Un triangle de textile blanc est resté gravé à jamais dans mon esprit.

Je la relançai sur la belle-sœur, dans l’espoir de faire monter la tension :



Elle cacha son visage derrière son avant-bras en s’affalant plus encore contre le dossier



Son bras quitta son visage et sa main vint agripper la mienne :



Ses ongles s’enfoncèrent dans ma chair lorsque j’accélérai la titillation.



Odieux, j’aggravai la situation :



Je me penchai vers elle. Mes deux mains s’activèrent. Je malaxai ses lèvres, tandis que j’accélérai encore le rythme de mon doigt jusqu’à le rendre frénétique. Elle avait les yeux fermés et sa respiration était sifflante. Sa tête dodelina en tous sens.



Brusquement, elle s’arc-bouta, coinçant mes doigts entre ses cuisses. Tétanisée par le plaisir, elle laissa échapper une courte plainte du fond de sa gorge. Puis elle s’affala comme une poupée de chiffon. Après quelques secondes, elle posa à nouveau sa main sur la mienne et tourna vers moi un visage lumineux et reconnaissant



Elle fondit sur moi d’un seul élan, enroula ses bras autour de mon cou et m’embrassa avec force. Sa bouche était un fruit chaud et juteux dont je savourai la pulpe. Nos langues firent connaissance, s’entremêlèrent et se dévorèrent. Elle appuya sa bouche encore plus fort. Ce baiser aurait pu durer une éternité, je ne m’en serais pas lassé. Ma main gauche prit possession de ses seins. Je caressai une poitrine ferme et veloutée sous le tissu léger de la robe. Elle rompit le contact, redressa la tête et plongea ses yeux dans les miens.



Elle rit :



Amusée, elle m’embrassa sur la joue.



Elle rit encore. Sa main toucha comme par mégarde mon pantalon.



Je pris sa main et la replaçai sur mon membre durci et douloureux à exploser.


Elle caressa du bout des doigts, insidieuse, puis annonça :



Elle défit la tirette pour me libérer. Que sa main était douce pour le pauvre pécheur ! Elle eut une moue approbatrice : mon pendule revendiquait le midi avec ferveur.



Sa tête plongea. Elle me prit avec délicatesse et s’enfonça lentement. Je faillis en avoir un « haut le corps » tellement c’était soft. Cardiaque s’abstenir. Mes doigts agrippèrent la chevelure qui couvrait la nuque et ma main droite accompagna le mouvement plusieurs fois. Je la relâchai pour lui caresser le dos, du bout des doigts, le long de la colonne vertébrale. Elle en frémissait d’aise et, pour un peu, elle aurait ronronné. Ma main gauche s’immisça entre elle et moi pour atteindre la poitrine que je me mis à pétrir avec conviction et douceur…

C’est le bruit qui nous alerta. Une pétarade venue de l’extérieur. Nous n’eûmes aucune peine à l’identifier. Deux jeunes en quad arrivèrent à notre hauteur, ralentirent le temps de nous adresser un geste obscène et accélérèrent pour s’éloigner en rigolant. De quoi doucher les plus saintes émotions.

Ma voisine avait rectifié vite fait ses vêtements contrariés, et moi, repris une pause de conducteur digne. Surpris comme des enfants devant l’armoire à confitures, rouges de honte…. Mon pendule avait illico abandonné le midi pour se ratatiner sur six heures et demie.



Elle me ferma la bouche d’un baiser.



Le retour se fit presque en silence. À un moment, je remis ma main sur sa cuisse, par-dessus la robe et elle la caressa doucement. Puis elle la porta à ses lèvres.



Nous arrivions au village. Encore un croisement, deux rues, et nous serions rendus. Elle reprit :



Elle rit franchement :



Je protestai, l’air faussement outré :



Elle ajouta :



Là, c’est moi qui éclatai de rire. La voiture parvint à destination. Je voulus me pencher vers elle pour l’embrasser. Elle me repoussa :



Elle me regarda avec une telle gentillesse… puis déposa un baiser au bout de ses doigts, paume offerte au ciel, et le souffla dans ma direction. Elle s’extirpa de l’auto et s’enfuit vers sa maison.

Je la vis disparaître derrière la haie de thuyas. Encore sous le coup de l’émotion, je garai la voiture. Home, sweet home…

Dans la cuisine, je faillis buter sur le chat, un brave matou obèse qui avait depuis longtemps compris que son écuelle courait moins vite que les souris et qui croyait que le mot Régime désignait un affluent du Danube. Ensuite, je tombai sur le papier de Claire, bien en évidence sur la table. « SOS boulot. Suis obligée d’aller à Amiens. Retour : sais pas. Bonne journée. Pour midi : congélo ? Bises ». Je n’étais pas trop surpris, cela arrivait souvent, surtout ces derniers temps. Claire m’avait expliqué que sa boîte mettait en place de nouvelles structures et qu’elle comptait bien s’y faire une place au soleil. L’absence imprévue de mon épouse ne me tortura pas l’esprit, je l’avais ailleurs.

Je préparai ma popote et déjeunai en solitaire. Enfin presque. J’avais les pensées complètement occupées et tourneboulées par la voisine, omniprésente. Une foule d’images fraîches revenaient sans cesse et fouettaient mon désir. Je me repassai cent fois le film en boucle. Impossible d’y échapper. Je décidai de m’affaler devant le journal télévisé pour me changer les idées. C’est la sonnerie du téléphone qui me tira de ma somnolence. Je jaillis comme un diable de sa boîte. Pour entendre un mot, un seul :



J’allais et venais en elle. Crucifiée sur la couette, elle s’agrippait à moi, m’enserrant le dos et les hanches de ses bras et de ses jambes. Elle gémissait au rythme de mes coups. Elle avait déjà joui, chaque fois en se débattant ou en se crispant comme une harpie. Je la pilonnai sans discontinuer. Je ne souffre pas de débâcle précoce et je voulais la tenir à merci de son plaisir et du mien le plus longtemps possible.


Tout avait commencé en tornade. Déjà dans le vestibule, nous nous jetâmes l’un sur l’autre. Étreinte sauvage et gestes fébriles. On aurait pu nous suivre à la trace jusqu’à la chambre avec les vêtements jetés au sol. Elle était presque nue : quel corps ! Opulent, délicieusement lourd, voluptueux, avec des rondeurs parfaites. Des seins fermes, un ventre légèrement arrondi, une taille fine sur des hanches évasées et un cou savoureux sous les baisers. Je la poussai en arrière sur le lit et fit glisser le dernier rempart de coton le long des jambes. J’écrasai mon nez sur son mont de Vénus. Une toison comme un duvet. Je lapais avidement son intimité ou, en alternant la caresse, la titillais du bout de la langue au point le plus sensible. Ce manège la rendait folle. Avec ses mains, elle appuyait ma tête sur le jardin des délices en agitant le haut de son corps en tous sens, et en poussant de petits cris. Cela ne tarda pas, j’eus le visage inondé, ses doigts se crispèrent sur mes cheveux et son bassin se souleva. Ses cuisses se refermèrent sur moi comme un étau, avec une force insoupçonnable et son plaisir s’exprima dans une manière de râle.


Lorsqu’elle se relâcha, je relevai les yeux. Elle avait les paupières fermées, sa poitrine se soulevait et s’abaissait profondément. J’eus la vision d’un corps en total abandon. Mes mains remontèrent vers ses seins, jouant avec les globes, excitant les mamelons. Puis je me redressai progressivement et vint m’étendre sur elle en la prenant aux hanches. Elle s’ouvrit au maximum et me reçut en frémissant. C’était pénétrer dans un fourreau magique et divin, velouté et chaud. Mon bassin entama en force un travail de sape rageur contre le sien. Deux minutes suffirent pour que la seconde vague de plaisir la submerge. Je me sentis le maître du monde, nanti d’un sceptre de marbre. Elle se colla contre moi du mieux qu’elle put et je l’écrasai sur le lit, comme si nous voulions nous fondre l’un dans l’autre.


Le temps n’avait plus d’importance. Ce qui comptait, c’était cette frénésie de marteau-pilon. Ce qui comptait, c’était le plaisir. Nous agissions comme si nous voulions nous punir de nous être ignorés si longtemps ou nous consoler d’avoir pu nous trouver. Je pressentis que j’allais atteindre mes limites. Je passai mes bras sous ses cuisses et calai ses jambes contre mes épaules, en forçant mon étreinte. Puis j’accélérai encore le rythme. Elle se mit à trembler comme si elle anticipait. L’ondée forte et chaude qui se répandit en elle la déchaîna. Elle fut agitée de soubresauts, cherchant avec force à se déplier malgré la poussée de mon corps sur le sien. Le calme peu à peu revenu, je m’étendis à côté d’elle. Une douce quiétude remplaça la frénésie sensuelle. Elle mit sa tête sur mon épaule et se lova contre moi en caressant ma poitrine. Des minutes passèrent, comme des anges. Elle papillonna mon visage de petits baisers.



À la cuisine, devant les tasses, l’atmosphère avait changé assez rapidement. Je le sentis et cela m’intrigua. Elle fondit brusquement en larmes.



Sanglotant :



Je restai sans voix et elle sanglota encore plus fort. Puis elle ajouta:



Hou la la ! La chaussée devenait glissante. Dans quelle histoire me trouvai-je embarqué ? Curiosité et crainte se le disputèrent dans mon esprit. J’avais hâte de comprendre le rôle qui m’avait été dévolu. Je ne suis pas candidat au suicide et surtout, je suis pour la paix des ménages. C’est quoi, ce redoutable honneur de l’aider à se venger de son époux ?



Des larmes coulèrent à nouveau :



Elle se leva sans répondre, les yeux brouillés, ouvrit un tiroir et ramena le dictaphone sur la table. Elle le mit en route :



Le son de ces appareils n’est pas de première qualité, mais ce que j’entendis ne laissait planer aucun doute sur l’activité enregistrée : celle d’un couple en train de faire l’amour. Cris, frottements, gémissements, chocs d’épidermes etc.

Puis, je restai pétrifié. La voix de la partenaire, en pleine excitation sexuelle, la voix qui disait « Vas-y, mets-la moi, défonce-moi, salaud ! »… Cette voix, c’était celle de ma femme.

Je dus devenir blanc comme un linge. Elle coupa illico le son.



J’étais abattu et consterné. Une longue minute de silence. Je lui demandai :



Je n’avais aucun mérite à la devinette : le vendredi, c’est le jour où je monte à Paris pour mon boulot. C’est le jour où ma femme ne travaille pas l’après-midi. Un plus un font deux. Les RTT ont de bien curieux détours.



Une autre question me vint :



J’accrochai son regard :



Elle ne baissa pas les yeux, sa main accrocha mon bras :



Je me tus, la tête ailleurs. Le sol se dérobait sous mes pieds. Le coup de massue ne venait pas d’une plaie de vanité ou d’un orgueil de mâle en charpie. Le coup venait de ce que, justement, je n’aie rien vu venir. Si ma légitime a pu me mener par le bout du nez avec une telle facilité dans ce domaine-là, je pourrai aussi m’inquiéter en ce qui concerne d’autres domaines. Surtout, en ce qui concerne le professionnel, eu égard au caractère confidentiel de certains des documents que l’on me confie aux fins de traduction. Cela pouvait avoir des conséquences très graves pour moi. Les cornes, je m’en fous. Elle m’aurait dit qu’elle avait envie de coucher avec le voisin, à la limite, elle avait ma bénédiction. J’aurais exigé de la discrétion et de toucher ma part au retour d’escapade. Et la confiance serait alors restée intacte. Or elle venait de voler en éclats. Gênant, très gênant, irrémédiablement gênant. De plus, je commençais à comprendre la raison des ses réticences et de sa relative froideur depuis quelques temps. Là, je l’avais saumâtre. J’ai toujours milité en faveur de l’équité : ce que tu donnes à l’un, tu le donnes à l’autre. Je ressentais le pénible sentiment d’avoir été pris pour une truffe.

Je me levai, pris ma voisine dans les bras et lui déposai un baiser sur le front.



Elle mit sa tête sur mon épaule, ses larmes redoublèrent. Elle s’accrocha à moi avec l’énergie du désespoir et murmura dans un souffle:



Je ne répondis pas, j’étais accablé. En sortant, je l’entendis sangloter. Je me suis enfui comme un voleur. Quand j’y repense, j’en ai encore honte maintenant.


Trois années ont passé. Je me suis remarié. Un humoriste a dit que le remariage est le triomphe de l’optimisme sur l’expérience. Touchons du bois. J’ai épousé Hélène. J’aurais pu épousé Sandra, Véronique, ou Christiane… J’ai fait, si je puis oser, le pari sur Hélène. Elle tenait à cette formalité et à la cérémonie qui en découle. Nous nous sommes mariés dans son village d’enfance. On s’y est même installés. Cela ne change rien pour mon boulot. Hélène a trouvé un travail de secrétaire à la mairie du bourg voisin. Il y a eu un monde fou : des gens du villages, des amis d’enfance et plein de connaissances et relations. Ses parents rayonnaient de joie. Le retour de leur fifille au bercail, avec un mari tout neuf. J’avais rencontré Hélène peu avant mon divorce, et cela m’a aidé à surmonter l’épreuve. Hélène était maman de deux enfants, Fanny et Lola, des jumelles d’une dizaine d’années à l’époque. Bref, nous formons une famille recomposée. Hélène, je l’aime, comme il n’est pas possible d’aimer. Elle m’aime autant, sinon plus. Tu veux la mère, dit l’adage, tu prends les gosses avec ! Ces deux petits bouts de bonnes femmes m’ont bien adopté, la réciproque est vraie. Le courant passe à merveille. Le seul témoin de mon précédent mariage, c’est Bouddha, le matou. Je l’ai gardé, car mon ex n’en voulait pas. Il a reçu une nouvelle écuelle, plus grande, et qui court encore moins vite que la première…


Et puis Jules a fait son entrée dans notre univers. Jules, c’est notre fils, c’est l’enfant de l’amour. Jules a cinq mois. Devenir papa pour la première fois à quarante ans ne m’a pas posé problème. J’ai découvert des choses nouvelles et une nouvelle façon de vivre. Surtout à trois heures du matin : Jules s’agite et crie, il fait ses dents. C’est moi qui me suis levé pour lui tapoter les gencives avec le gel spécial. J’ai laissé dormir Hélène, elle était rentrée crevée du boulot. Jules se calme, je le recouche et je retourne au lit. Hélène bouge dans son sommeil et vient se lover contre moi.


Voilà-t-y pas que des pensées impures m’assaillent. Hélène porte une chemise de nuit à l’ancienne, le genre de provocation à laquelle je ne sais pas résister. C’est plus fort que moi, ma main passe sous le tissu et remonte vers son corps que je savoure avec le même émerveillement que la première fois. Dans l’obscurité, je sens un souffle chaud. Une voix douce me susurre à l’oreille :



Mon esprit s’illumine, mon cœur éclate, mes reins s’embrasent : elle ne m’avait plus appelé « Voisin » depuis ce fameux jour béni, il y a trois ans, où je l’avais croisée, elle, la femme de ma vie, mon ancienne voisine Hélène, à la perception.



Elle s’ouvre… et il n’en faut pas plus – disons le poliment - pour déchaîner dans le lit conjugal, à une heure impossible, des activités que la décence m’interdit bien évidemment de rapporter ici. Je ne vous le dis pas, mais même la nuit, je suis le plus heureux des hommes.