n° 11229 | Fiche technique | 19927 caractères | 19927 3500 Temps de lecture estimé : 15 mn |
14/03/07 |
Résumé: Ben, un jeune homme sans histoire, est un jour agressé par un mysterieux personnage. C'est le début d'un long cauchemar. | ||||
Critères: #policier #fantastique fh couple complexe | ||||
Auteur : Dr Lamb (Jeune homme de 22 ans, Dr Lamb.) Envoi mini-message |
DEBUT de la série | Série : Les enfants de la nuit Chapitre 01 / 09 | Épisode suivant |
18 juillet 1997
Je m’appelle Benjamin, mais tous mes amis m’appellent Ben, ou Benny. Peu m’importe. Ce n’est qu’un prénom. J’ai vingt-six ans et je sors tout juste de chez le médecin. Il fait beau dehors, un bel après-midi d’été, et malgré mon t-shirt ample, je transpire comme un porc.
Les mots du médecin résonnent en moi : hypertension artérielle, surcharge pondérale, danger…
Les gens défilent devant moi sans que je les voie. Je ne remarque pas plus les trois beautés, minijupe et petits hauts, qui passent devant moi en pouffant. Elles rient de moi, j’ai l’habitude. Je n’y fais même plus attention. Je descends la rue, les yeux dans le vague. Mon cœur bat fort, j’ai chaud. J’ai faim.
Je vis encore chez ma mère. Elle s’occupe bien de moi. Mon père a disparu des années auparavant, nous vivons tous les deux. Elle se fait un peu vieille. Elle…
Il a raison. Le médecin aussi. Je ne suis qu’un gros phoque de quatre-vingt-seize kilos. J’ai l’air grotesque dans mon pantalon de survêtement et mon t-shirt. Il a raison de se moquer de moi.
Je n’arrête de marcher que lorsque je suis à l’arrêt de mon bus. Il n’y a pas beaucoup de monde, c’est une chance. J’éponge mon front brûlant. Deux mères de famille me regardent en coin. Une belle fille attend le bus, les yeux dans le vague, emportée loin grâce à la musique de son walkman.
Je la contemple.
Elle est belle, brune, vêtue d’un jean, d’une paire de bottes, d’un haut blanc et d’une veste de la même couleur. Jeune. Belle. Inaccessible. Un fantasme. Un ange que je ne verrai plus dans quelques minutes. Elle est sûrement prise. Par un beau gosse, musclé, mince, coupe au gel et rasé de prés. T-shirt Diesel et jean. Elle ne me regarde même pas. Je baisse mon regard sur ses fesses. Bombées. Magnifiques. Je frémis en imaginant ma langue les parcourant.
« Tu rêves, mon gros. »
Lorsque je posai mon énorme cul sur un des sièges du bus, j’avais pris ma décision.
C’était fini. Adieu la graisse. Bonjour minceur. Finis les Grecs, les gâteaux, les Mac Do, les ouvertures du frigo à une heure du mat. Au revoir Coca, bonjour Évian. Bonjour fruits et légumes, bonjour sport.
Oh oui, ce n’était pas la première fois que je me disais ça. Mon record c’était trois jours stricts.
Là, j’étais déterminé.
J’en aurais, des beautés comme elle, assise en face de moi, le front appuyée sur la vitre du bus, contemplant les rues de Paris.
J’en aurais.
18 juillet 1998
Un an plus tard, je ne suis plus le même. J’ai suivi mon régime à la lettre. Je fais désormais soixante-sept kilos pour un mètre soixante-treize. Beaucoup mieux, n’est-ce pas ?
Cela n’a pas été sans mal. J’en ai sué, dans tous les sens du terme. La première fois que j’ai fait du sport, j’ai dégueulé, et je me suis évanoui au stade. Les fois d’après, j’ai seulement vomi. Après quoi, je devais retenir mes pantalons en courant. J’ai descendu des litres et des litres et des litres d’eau. Je me suis goinfré de pommes et de tomates, à m’en rendre malade. Le pire, c’était la salade. Des tonnes et des tonnes de salades, à tous les repas.
Désormais, je suis mince. Il m’arrive parfois de rester torse nu, devant ma glace à contempler mon ventre plat, à croire voir mon ancienne bedaine.
Mais elle n’est plus là.
Mes amis ne me reconnaissent plus. Lorsque je leur avais annoncé que j’allais maigrir, ils s’étaient tous esclaffés. Mais au fil du temps, les regards avaient changé. Plus de rires. C’est étrange, de ne plus se sentir comme un objet de moquerie.
Il y a trois mois, j’ai rencontré Nouria. Elle habite la cité. Je ne l’avais jamais remarquée. Pourtant elle est ravissante. Elle travaille au supermarché, aux caisses. Elle trouve ce boulot ingrat. Mais quand on a besoin d’argent… J’étais plusieurs fois passé à sa caisse sans faire attention à elle, absorbé par les sachets de bonbons qui étaient sur le tapis roulant. Cela faisait tellement longtemps que je n’avais pas fréquenté de filles… Cela remontait bien au collège.
On s’entend bien, très bien même. On a les mêmes centres d’intérêts : musique, cinéma… sport. Ses copains ne m’aiment pas. Ils digèrent mal le fait qu’un Français fréquente une Algérienne. C’est débile.
Sortant de mes pensées, je posai mes yeux sur elle. Elle dormait profondément, sur le dos, sa poitrine se soulevant et s’abaissant doucement au rythme de sa respiration. Elle ne portait qu’une petite culotte noire et un t-shirt blanc.
Si on m’avait dit un an auparavant que j’aurais une fiancée aussi géniale… Je repensai à la fille de l’arrêt de bus, et à ma promesse d’avoir une beauté comme elle dans ma vie.
J’écartai légèrement les draps et me rapprochai d’elle, humant son délicat parfum. Ma bouche se posa sur sa joue, puis dans son cou. Elle gémit.
Je l’embrassai doucement, goûtant ses lèvres légèrement entrouvertes.
Je glissai ma langue dans sa bouche. Elle ouvrit les yeux.
Elle m’attira à elle par la nuque. Nos lèvres se prirent, se donnèrent. Nos deux langues se touchèrent, caresse douce qui fit accélérer ma respiration.
Je soulevai délicatement son petit haut, et contemplai ses petits seins dont les pointes tendues étaient une invitation à la caresse. Je les embrassai doucement, et les suçai avec tendresse, attentif à ses gémissements.
Ma langue parcourut son ventre plat et basané. Elle frémissait. Mes doigts se posèrent sur le tissu de sa culotte. Excité par son corps et la promesse de plaisir qu’il me procurerait, je la fis descendre lentement.
Lentement, je fis glisser sa culotte le long de ses jambes, et la jetai au pied du lit. Je me délectai de cette odeur si forte, si puissante, ce parfum féminin si obsédant et excitant. J’embrassai le creux de ses cuisses, lui jetant un regard chargé de désir. Elle était si belle, le corps tendu, l’expression suppliante…
Elle s’arqua toute entière et agrippa les draps de ses deux mains lorsque je fis glisser ma langue sur son sexe humide. J’enfonçai ma langue en elle, pris d’une frénésie érotique et sensuelle.
Et lorsque plus tard, je m’enfonçai en elle, j’eus l’impression de fondre en elle, de me glisser dans une huile exquise et brûlante. J’eus l’impression de ne faire plus qu’un, de fusionner en elle.
Au plus fort de notre étreinte, elle s’agrippa à moi en gémissant, les muscles noués, en sueur. Le nez dans ses cheveux, me soulevant pour ne pas l’écraser, au plus profond de son être, je lui murmurai que je l’aimais, encore et encore.
Les yeux rivés au plafond, envahi d’un délicieux bien-être, j’eus envie de faire un footing au stade. Il était cinq heures et quart du matin, j’étais au chaud dans mon lit, ma copine dans les bras, et j’avais envie de me lever, de m’habiller, et d’aller transpirer au stade, à jeun.
Je me dégageai doucement de Nouria pour ne pas la réveiller et sautai hors du lit. J’enfilai mon pantalon de sport et un t-shirt propre, une paire de chaussettes et sautai dans mes baskets usées. Avant de sortir de la chambre, je laissai un petit mot à Nouria, posé sur la table de nuit : Stade. Courir. Reviens vite. Zi T’aime.
Le stade était désert. Je traversai le terrain en mettant en route mon walkman. Le soleil allait bientôt se lever. Rapidement, je commençai à courir, inspirant profondément, mes muscles se mettant tranquillement en marche pour retrouver le rythme familier. C’était parti pour une heure. Je ne travaillais pas aujourd’hui, j’aurais tout le temps de flâner au lit. Une bonne journée de détente en perspective. Dix minutes plus tard, j’avais le rythme. Concentré sur la musique, chaque foulée se faisant presque automatiquement, je profitais du moment présent, sans me soucier de rien.
Quelque chose dans le ciel attira mon attention. Un énorme oiseau planait au-dessus de ma tête. Je n’en avais jamais vu de comme ça. Noir et énorme. Une ombre dans la nuit. Sa couleur très foncée me gênait. Qu’est-ce que…
Je trébuchai sur quelque chose et manquai de tomber au sol. Je reposai mes yeux sur la route.
Lorsque je relevai les yeux, il n’y avait plus rien. Perplexe, je regardai droit devant moi et vis que quelqu’un fonçait sur moi à toute vitesse ! Je poussai un cri. Il ne courait pas, on aurait dit qu’il glissait sur le sol, comme une apparition maléfique. Je n’eus qu’un instant pour distinguer son visage blafard dans la nuit, ses yeux exorbités, sa tenue sombre. L’instant d’après, il me percutait et j’étais au sol, lui sur moi.
Jamais je n’aurais pu imaginer me faire agresser à cette heure ! Et… Le type se pencha sur moi, bouche ouverte.
Je ne sentis qu’une brève douleur au cou. Il me mordait, ce dingue !!
Ses mains me maintenaient au sol. Il avait une force monstre.
Mais c’est pas possible ?? Je sentais mes forces qui fichaient le camp. Ma vue se brouillait. Il me… suçe… le sang… C’était du pur délire. C’est… un…
J’essayai de le frapper au crâne, mais ma main retomba au sol, lourde et sans vie.
Essayant d’échapper à cette vision atroce, je tournai la tête et contemplai l’herbe du stade, maculée de mon sang. Mon sang… Un vampire… J’étais si faible maintenant… presque aussi léger qu’un papier de bonbon emporté par le vent. Un bonbon que j’aurais mangé des années auparavant. Le visage de Nouria se dessina sous mes yeux. Mon bébé… Non… J’éclatai en sanglots. Le type avait disparu. Je portai une main tremblante à mon cou. Du sang. Épais. Partout.
Et ce fut le noir. Les ténèbres de l’inconscience.
21 juillet 1998
Son visage que j’effleure du doigt. Sa beauté. Sa peau. Son odeur. Les courbes délicates de son corps. Sa chair qui frémit sous mes caresses. La rondeur de ses seins. Son sourire. Nouria. La femme que j’aime. Si fort.
Je suis seul ici, je ne sais même pas où je suis, loin et perdu, dans un monde blanc et froid… Je suis mort ? Je ne sais pas. Je pense. Ne suis-je plus qu’une âme ?
Mais qui parle ? J’ai froid.
Je voulus répondre, mes lèvres sèches ne fonctionnaient pas. J’ouvris un œil et sortis de ce rêve. Deux visages étaient penchés sur moi. Une femme et un homme.
Elle est blonde, pas plus de trente ans.
Ma gorge me faisait mal.
Sang ?
Mais où étais-je ? J’étais dans un lit, dans une pièce inconnue. Des machines tout autour de moi. Perfusions. J’étais à l’hôpital ! Mon corps se glaça. Que s’était-il passé ? Le type… le footing !
L’homme m’agrippa.
Il marqua une pause avant de m’interroger :
Perplexe, je fouillai ma mémoire. Le stade. L’oiseau dans le ciel…
La femme me dit :
J’avais hâte de la revoir. Elle avait dû s’inquiéter à mort. Quel cauchemar…
Les flics. Pourraient-ils faire quelque chose ? Je revis l’espace d’un instant le visage blanc de mon agresseur, et…
Je portai une main à mon cou qu’un épais pansement recouvrait. Je remarquai alors que j’étais transfusé.
Surpris, je me redressai avec une grimace.
Le flic hocha la tête.
Il me tendit une carte. Je la pris.
Il était à peine sorti de la chambre que Nouria se précipitait vers moi, les yeux rouges.
Elle se jeta sur moi dans une étreinte suffocante, m’écrasant le ventre.
Elle regarda mon cou, puis mon visage.
Elle se pencha sur moi et m’embrassa. Je la serrai dans mes bras de mon mieux, cherchant à l’apaiser.
Je passai une main sur son visage. Elle s’assit au bord du lit.
Elle m’embrassa à nouveau, les yeux rouges.
Elle se leva, non sans m’embrasser une dernière fois. Je l’arrêtai sur le seuil de la porte.
25 juillet 1998
Je suis sorti quatre jours plus tard, encore faible mais tenant mieux sur mes jambes. La lumière du jour, vive, me fit cligner des yeux. Les flics m’interrogèrent. Je fis de mon mieux pour leur répondre. Ils avaient l’air plus perplexes qu’autre chose. L’un semblait croire que je n’étais qu’un drogué ayant participé à une cérémonie satanique au stade. Quel con ! Pigneaux était très sympa, et avait l’air compétent.
Lorsque Nouria me ramena chez moi en voiture, nous passâmes devant le stade où une bande de gosses faisait une partie de football. Mal à l’aise, je détournai le regard.
J’eus du mal à me reconnaître dans la glace. Le petit pansement que j’avais au cou cachait deux marques… Des canines. Un vampire…
Non, ce n’est pas possible. Juste un malade.
Mais il ne faisait pas encore jour…
Et alors ?
Et l’étrange oiseau, juste avant l’agression ?
Arrête, me dis-je. J’étais bon pour l’asile si je continuais à ce rythme.
Derrière moi, Nouria se douchait. Il était vingt-trois heures quarante.
L’eau cascadait sur son corps nu et recouvert de mousse.
« Je me regarde dans le miroir tant que je peux encore le faire », songeai-je stupidement.
Je la regardais, nue, sentant l’excitation grimper. Je devais me changer les idées. Lentement, j’ôtai mon t-shirt, sans cesser de la dévorer des yeux. Elle commença à se rincer.
Je ne répondis pas et lui pris la main.
Je la fis sortir de la baignoire, nue, et la serrai dans mes bras. Sa main effleura mon sexe tendu à travers mon caleçon.
Elle posa un doigt mouillé sur mes lèvres. Je l’embrassai en passant mes doigts dans sa chevelure frisée et mouillée. L’odeur de son gel douche m’excita d’avantage. Je passai mes mains le long de son dos, et lui caressai les fesses. Elle gémit et glissa sa langue sur mes lèvres. Lentement, je m’agenouillai devant elle, l’embrassai dans le cou, sur la pointe des seins, sur le nombril.
Elle s’appuya sur le rebord de la baignoire et ouvrit les jambes. Je glissai ma tête entre elles et pointai ma langue dans le délicat passage humide. Elle se crispa et gémit. Sans cesser de lui caresser le creux des cuisses, et en dardant vers elle un regard brûlant, j’ouvris de ma langue les plis de chairs humides et cachés.
J’obtempérai, en donnant un coup de langue bref sur son clitoris. Elle cria. Elle prit mon visage dans ses mains et me fit me redresser. Je léchai son ventre et tétai goulûment la pointe de ses seins. Nous nous redressâmes tous les deux.
Je la pris dans mes bras et la soulevai de terre. Je n’étais pas vraiment un colosse, mais le désir me donnait des ailes. Nous nous retrouvâmes dans notre chambre. Je l’allongeai sur le lit et allumai au passage la lampe de chevet posée sur la table de nuit. La délicate lumière éclaira le lit, la mettant en valeur. Je m’agenouillai au pied du lit. Elle écarta les cuisses en gémissant. Je voulus lui dire à quel point je l’aimais, mais je préférai le lui montrer par mes actes. Avec une tendresse infinie, je glissai ma langue sur son sexe, goûtant le délicat nectar qui s’en échappait.
Je lui fis l’amour avec ma langue, avec mes lèvres, avec mes doigts.
La pénétrer fut comme se glisser dans une huile exquise et brûlante. Lentement, sans précipitation, nous trouvâmes le rythme qui nous convenait à tous les deux, tendre, lent. Deux corps unis. Deux âmes unies. Elle noua ses jambes autour de ma taille pour nous rapprocher davantage. C’était bon. Rassurant. Je me sentais en sécurité dans ses bras. Je fis mine de me retirer d’elle, et déçue, elle m’interrogea du regard ; et je m’enfonçai de nouveau violemment en elle, lui déclenchant un orgasme immédiat. Elle se mit à trembler et me serra de toutes ses forces contre elle en gémissant longuement.
Elle retomba, essoufflée, et je jouis à mon tour, en elle, envahi par une vague de chaleur qui m’arracha un cri.
J’ouvris les yeux. Nous étions face à face, l’un contre l’autre, nus sous les draps. Les chiffres rouges du réveil clignotèrent, et devinrent : 1h39.
J’en tremblais encore. J’avais l’impression de sentir son poids sur moi, son souffle contre ma figure… Nouria me prit la main.
J’avais de sérieux doutes là-dessus. Pourquoi ? Je refusais de me l’avouer, car c’était irrationnel.
Elle posa sa tête sur ma poitrine et je lui caressai le visage.
Elle trouva le sommeil avant moi. Je restai perdu dans mes pensées. L’appartement était plus silencieux qu’une tombe. Je m’imaginai mon agresseur, debout derrière la porte de notre chambre, ses yeux jaunes luisant dans l’obscurité, ses lèvres se retroussant et dévoilant des dents acérées.
Stop.
Je n’étais plus un gosse. Pas de pensée stupide. Les monstres n’existent pas…
Le sommeil ne venait pas. Je finis par me lever et faire le tour de l’appartement, à la recherche de quelque chose pour me sécuriser. Mais quoi ?
J’ouvris un tiroir dans la salle à manger et trouvai un crucifix.
« T’es pas sérieux », me dis-je à moi-même.
Ploc.
Je fis volte-face. Ce n’était que le robinet de la cuisine qui était mal fermé. Nerveux, je le fermai convenablement, et regardai l’eau qui remplissait le bol dans l’évier.
Je retournai au lit, le crucifix dans les mains, en sueur. En attendant le jour avec une certaine impatience.
(À suivre)