Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 11332Fiche technique34380 caractères34380
Temps de lecture estimé : 19 mn
26/04/07
Résumé:  « Le fantasme est-il nécessairement fait de choses encore inconnues, ou bien se situe-t-il aussi dans le passé, rempli de sensations malheureusement perdues? », M.G.
Critères:  fh extracon copains hdomine vengeance fellation
Auteur : Nathalie_Weil      
Le Réveil

« Le fantasme est-il nécessairement fait de choses encore inconnues, ou bien se situe-t-il aussi dans le passé, rempli de sensations malheureusement perdues ? »

M.G.



~~oooOooo~~



Ce matin-là, quelqu’un frappa à la porte. Il devait être dans les dix heures du matin car mon mari était parti depuis un bon moment au travail et que j’avais encore largement le temps avant mon service de l’après-midi. Bref, une heure creuse.


Un peu déconcertée par cette visite impromptue, j’allai ouvrir en me demandant de qui il pouvait bien s’agir. Le battant s’ouvrit sur un homme de couleur de près d’un mètre quatre-vingt-dix ; il me dominait d’une bonne tête. Rasé à l’exception des sourcils, il lança un sourire qui m’indiqua de suite qu’il ne s’était pas trompé d’adresse. Je devais effectivement être la personne qu’il recherchait.



Il accueillit avec ravissement la confirmation, comme si mon nom lui rappelait quelque pâtisserie.



À dessein, mon visiteur attendit, immobile tel un roc, que je fusse en mesure de le reconnaître. Son aplomb attestait de sa certitude que nous avions un passé commun. Ce qui, je dus bien l’admettre, me soulagea ; ce personnage coloré m’avait rendue méfiante quand j’avais ouvert. Non pas que j’étais raciste, mais les seuls Noirs qui frappaient à ma porte sans vraiment être attendus étaient en général des vendeurs au porte-à-porte que je détestais par-dessus tout. Mon appartement constituait un petit coin privé pour mon mari et moi, et personne n’aurait dû avoir le droit de nous déranger sans notre consentement préalable. Je n’étais pas asociale, mais je tenais chèrement à l’intimité de mon chez-moi.


J’essayai donc de me remémorer ces pommettes hautes, ce menton bien dessiné et cette silhouette élégamment proportionnée. L’intelligence dans les prunelles paraissait caractéristique du personnage malgré sa large stature. Pour dénigrer un autre préjugé, je n’associais pas tous les sportifs à des imbéciles ; en général on se souvient d’eux pour leur physique. Du moins quand on est une jeune femme libérée.


Dans un certain style, cet homme m’évoquait Michael Jordan. Pas le ballon à la main en train de virevolter dans les airs à l’assaut du panier adverse, mais plutôt le garçon cultivé et charmant qui portait le costume lors des séances d’interview sur les plateaux télévisés. L’attitude, en plus des performances de cet athlète hors normes, en faisait le seul que j’avais admiré. Le sport ne fut jamais une de mes passions ; ma taille restait fine sans m’y adonner.


Le monsieur qui se tenait debout devant moi possédait le même charisme bien que les fringues décontractées, qu’il arborait pourtant avec fierté, gâchaient un peu l’illusion. Composée d’un pantalon large en toile, boutonné et zippé, accompagné d’un tee-shirt moulant, sa tenue avait toutefois le mérite de vanter subtilement ses pectoraux.


Voyant mon effort pour fouiller dans ma mémoire, le rictus de l’inconnu s’élargit de plus belle. Je secouai la tête et plissai l’œil.



Je marquai la pause pour l’intimer à m’éclairer.



Sa bouche était à fondre recourbée de la sorte, il était décidément très beau gosse. Aussitôt que je sus où je devais chercher dans ma mémoire, je parvins rapidement à associer un nom avec cet homme. Les grands Noirs n’étaient pas si nombreux dans la petite commune qui m’a vu naître.



Je me mordis doucement la lèvre inférieure, j’ai toujours affectionné ces petites rencontres avec d’anciens amis, perdus de vue depuis belle lurette. Histoire de briser la faïence, je m’écartai tout en l’invitant à entrer d’un geste du bras.



Il dut se rendre compte de ma surprise car il oublia ce sujet pour revenir à la question initiale :



Si je ne l’avais pas su si gentil dans mes souvenirs, j’aurais paniqué, car je me sentais espionnée dans ma vie privée. Comment pouvait-il savoir que j’habitais ici, que je ne travaillais pas ce matin ? Son sourire entendu m’avait dressé les petits poils dans le dos. Et puis ses yeux m’inspectaient…


Que regardait-t-il avec tant d’insistance ? Il faut avouer que je n’étais pas spécialement habillée pour recevoir un invité. À peine maquillée – un brin de rimmel pour agrémenter mes iris gris clair et du rose à lèvres discret – je portais un jean moulant, un top simple et blanc qui laissait les bras nus à partir du cou. Pas négligé en soi, mais très sommaire. Mon trouble s’amplifia.


Pouvait-il décemment m’en vouloir pour mon habillement ? Ou était-ce mon accueil bancal qui le perturbait ? Après tout, je n’avais eu aucun moyen de la prévoir, sa visite ! Si seulement Yannick m’avait prévenu, des petits fours l’attendraient déjà aux côtés d’une tasse de café. La plupart des gens se contrefichent de ce genre d’attentions – c’est d’autant plus vrai lorsqu’ils sont peu âgés – mais ça me chagrinait d’être prise ainsi au dépourvu. Mes parents m’avaient appris les bonnes manières, et je détestais les décevoir quant à leur enseignement. De plus, je mettais un point d’honneur à devenir une maîtresse de maison convenable depuis mon indépendance de jeune mariée. Visiblement, il me faudrait encore quelques années pour m’habituer à ce nouveau statut.


Peut-être n’avait-il tout simplement pas aimé mon oubli.


Mon hôte alla s’asseoir dans le sofa derrière nous qui trônait devant la télévision éteinte. Les jambes écartées, les bras qui toisaient toute la longueur du dossier du meuble, il s’affala dans une position très confortable. À le regarder prendre ses aises, j’en restais coite. Tandis que je me tracassais, il s’engouffrait chez moi sans aucune pudeur et s’appropriait les lieux.


Bon, j’avouerais que c’est probablement ce que je lui aurai proposé de faire : de ne pas se gêner ; mais quand même, son attitude était des plus grossières. Enfin, je n’étais pas encore à cheval sur ces principes : Yannick et moi étions de vieux copains après tout, pas de complets inconnus. Je décidai de laisser passer, en lui trouvant pour excuse qu’il avait gardé ses habitudes d’ados, au temps où on ne s’embarrassait pas de ces trucs d’adultes. Ma perplexité se changea tout de même en humeur.



Mais je me rendis compte que j’avais laissé transparaître malgré moi un soupçon de raillerie. Tant pis, il l’avait bien mérité.



Sarcasmes, sarcasmes.



Son coup d’œil malicieux me parcourut le corps de haut en bas, sans doute pour préparer sa prochaine intervention :



Je coupai court à cette réplique.



J’eus conscience de rougir, que ma phrase ou ma réaction étaient très puériles. Aussi me détournai-je pour me diriger vers la cuisine. Je devais passer entre le dos du divan et le mur pour atteindre l’autre pièce, très près de lui. Arrivée à sa hauteur, je m’immobilisai et proposai par automatisme :



Le bout de ses doigts effleura ma hanche, et lentement l’un d’eux s’insinua dans une boucle de mon jean. Je me mis à maudire encore plus mes bonnes manières.



Il était si sûr de lui et moi si empourprée, je détestais cette situation. Je ne répondis pas car je ne savais honnêtement pas quoi dire. En effet, jadis j’aimais qu’il m’interpellât de cette expression. J’aimais que tout le monde le fît d’ailleurs. Mais les choses avaient changé, les gens s’adressaient à moi en commençant par Madame, depuis que j’avais épousé quelqu’un.


Ma colère changea de cible et fut désormais dirigée à mon encontre, car je m’en voulais de laisser ma libido prendre le dessus. J’aurais dû ficher cet homme à la porte et l’inviter plus formellement, ou lui demander de s’excuser. Même s’il possédait un charme indéniable, ça ne lui donnait pas le droit de se conduire en prince ici, à mon encontre, parce que je n’étais plus une petite adolescente qui bavait devant un joli garçon. Devenue femme, j’aurais dû me comporter comme telle : le remettre poliment à sa place.


Mon bassin pivota et dégagea mon vêtement de la main baladeuse. Je disparus dans l’autre pièce et ouvris le frigo, pestant contre ma fuite ; j’étais redevenue une de ces petites idiotes qui gloussaient au moindre compliment masculin. En vérité, Yannick représentait pour moi bien plus qu’un beau garçon ; il me rappelait tous les fantasmes que j’avais eus jusqu’ici, cette période d’éveil sexuel qui avait été si importante pour moi. Bien plus que mon mari, que je connaissais de la même époque, ce garçon avait contribué à la découverte de mes zones érogènes, avait assisté à mes premiers pas à tâtons dans la sexualité. J’en avais fait de même en retour. Même si nous avons dû nous séparer presque tout de suite après cet épisode, l’expérience fut enrichissante pour moi, juste avant de partir pour l’école supérieure. Une libération, en quelque sorte.


En plus de son sex-appeal, toutes ces images qui remontaient à la surface me déconcertaient. Et Yannick prenait un malin plaisir à ne pas me ménager.


Au moment où je sortis les boissons pour les poser sur le plan de travail, mon visiteur se mit à expliquer la raison de sa présence :



L’écoutant d’une oreille inattentive, je poussai la porte du réfrigérateur à son emplacement initial et contemplai les aimants enfantins qui accrochaient les jolis dessins de ma petite nièce. Ma mère avait insisté pour qu’on en épinglât, malgré que Simon et moi n’ayons pas encore de gamins. Elle affirmait que tout frigo digne de ce nom devait être maculé de gribouillis ; ça rendait agréable cette sinistre surface blanche, disait-elle. De même, elle soutenait que ces chefs-d’œuvre donnaient vie à une maison. Maman voulait toujours la perfection pour moi.


Je versai de l’eau pétillante dans un verre à mon intention, puis rangeai la bouteille au frais. Yannick termina son explication :



Que dirait maman de son enfant prodigue si elle connaissait mon penchant pour le charnel ?


Je revins dans la pièce et apportai avec moi les rafraîchissements. Je rejoignis les meubles du salon, par-devant cette fois, puis tendis à Yannick la canette qu’il saisit d’une main sûre, tout en gardant sa position de pacha. Quant à moi, je restai debout, à deux pas, en face de lui.



Yannick ne mentait pas, il avait été un des garçons les plus gentils de mes connaissances. Nous étions jeunes bien sûr, mais pourtant au lieu de traîner avec les mecs de son âge, il passait son temps avec notre groupe de filles.


Par contre il fallait avouer qu’il s’agissait d’une moitié de choix : en effet, il est Noir et à l’époque dégingandé, ce qui fait que les autres ne le prenaient pas pour jouer au football. Ni à quoi que ce soit, d’ailleurs. D’autre part, ce garçon ne s’intéressait guère aux jeux stupides générateurs de bagarres, leur préférant de loin notre compagnie et notre conversation.


Les copines et moi l’avions alors adopté comme membre à part entière de notre petit gang, et il avait grandi avec nous. Je supposai que c’étaient ces amies-là à qui Yannick faisait allusion.



Chacune des fins de ses phrases retentissait tel un ordre : « Attends. Réponds. Explique. » et j’obéissais.


Il leva le visage au plafond pour s’aider à remuer les méninges. J’en profitai pour l’observer plus attentivement : Yannick avait perdu ce quelque chose dans les mouvements qui donnait l’impression qu’il ne maîtrisait pas ce corps, cette enveloppe trop grande pour lui. Mais cela avait bien changé, je pouvais le constater ; il respirait l’aisance, avec tous ses membres dehors. Tout à fait flegmatique dans son attitude, ses muscles s’étaient épaissis, non moins que sa confiance en lui. Il récita d’un trait :



Je souris puis ajoutai :



Il rigola, content de son petit effet ou peut-être d’avoir forcé une réponse stupide. Ensuite, pour me communiquer qu’il avait bien compris qu’il pouvait se considérer comme le propriétaire des lieux, il lâcha :



« Encore heureux, je possède ce duplex quand-même ! », pensai-je.



Je posai mon séant sur le bras d’un autre canapé, celui des invités, un peu plus petit, plus ancien mais très commode, que je n’avais pu me résoudre à jeter quand Simon et moi avions emménagés ici. Cadeau de maman. En outre, ça nous procurait un salon assez agréable.



Me voyant hésiter, il ajouta :



Je me plaçai donc près de lui, sans le coller. Mes longs cheveux blonds lui frôlèrent le bras, qu’il avait gardé sur le coussin, derrière ma tête. Je me sentais quelque peu embarrassée, et m’efforçai de trouver une position seyante.



« Toi aussi, tu m’as toujours fasciné, d’une façon ou d’une autre. », aurais-je voulu lui dire. Mais j’attendis, silencieuse, un peu dépassée.


Yannick glissa son bras autour de moi, pour porter la canette à son autre main. Mais au lieu de retourner à sa posture d’origine, il déposa sur mon épaule découverte sa paume glacée. L’envergure qu’il avait déployée m’impressionna. Le geste pouvait paraître anodin, ce simple contact témoignait pourtant encore des changements qui s’étaient opérés en lui. Du géant frêle et mal assuré de mes souvenirs était né cet homme puissant, dangereusement sensuel.



Nous discutâmes à propos de nos expériences, de nos soirées partagées, des conseils échangés lors de nos années communes. Yannick détailla patiemment mon décolleté tout en continuant de parler. Les nombreux voyages au travers desquels nous avions visité presque toute l’Europe, et fait tourner en bourrique nos professeurs, jusqu’aux premières désillusions de la vie. Les visites à la mer, les musées, les fêtes de fin d’année, les sorties en boîte. Bien sûr, nous n’approfondîmes pas vraiment le sujet, ni ne suivîmes de schéma chronologique précis. Les moments nous revenaient au hasard, selon des associations purement aléatoires, suivant le cours de notre conversation. Son regard quitta ma bouche, replongea sur mes seins et s’y attarda. Mais je laissai couler. Notre confiance mutuelle grandit et, portés par les mots, nous troquâmes quelques secrets intimes contre des promesses de silence. Les premières fois se rappelèrent pareillement à nous, celles du temps où l’on apprit à devenir adultes, bon gré mal gré. Nos débuts en amour, nos cachotteries aux parents, nos disputes, nos tromperies…


Midi s’inscrivit sur l’horloge murale. Après ces longues minutes de sérieux, dispersées dans la nostalgie, il nous fallut retourner à la frivolité.



Tout me revint d’un trait, les situations les plus cocasses dans lesquelles le pauvre Yannick était impliqué, ses déboires, les copines et moi qui se moquaient gentiment de lui. Je riais, légère, tellement contente de pouvoir enfin parler à quelqu’un de ces moments passés. Sauf Simon, qui était parti avec moi pour cette université lointaine, je n’avais jamais revu les personnes que je connaissais de ce temps-là. Après quelques cartes échangées, mes amies s’étaient envolées de leur côté. Sans regret, il fallait bien évoluer ; mais ces instants d’évocation avec mon vieux camarade furent absolument divins.


Loin de se laisser décontenancer par mes dérisions, il s’empressa d’ajouter avec la même assurance :



Yannick ponctua sa phrase par sa grimace de carnassier, les coins des lèvres levés jusqu’aux oreilles. Je compris immédiatement où il voulait en venir. Et je dois avouer que j’eus un peu honte de m’en rappeler aussi rapidement. Le rouge m’envahit les joues.


Nous devions nous trouver au mois de juin, juste après les examens. Cette année s’était déroulée parfaitement, tant au niveau scolaire que personnel. L’entente avec les autres élèves et nos professeurs avait été telle que nous avions décidé d’organiser un petit voyage avant de nous séparer. Budapest fut donc le cadre de notre séjour d’adieu.


Le fameux soir dont parlait Yannick coïncidait avec celui d’un match de football, coupe du Monde ou d’Europe, je ne sais plus exactement. Peu importe, si ce n’est que le spectacle accaparait la majorité des garçons et la totalité des enseignants, nous laissant, pauvres filles, seules avec l’ennui.


Mon compagnon noir m’emmena dans une de nos chambres, afin de m’arracher à cette ambiance qui me pesait. Il me proposa alors de jouer, pour passer le temps : nous devions nous poser des questions à tour de rôle, avec l’obligation de répondre. De toute évidence, ce genre de partie ne pouvait que déboucher sur des questions coquines. De fil en aiguille, sans remettre tous les détails, son sexe finit dans ma bouche.



Il allait se décrocher la mâchoire s’il continuait à sourire autant.



Son regard quitta mon visage pour s’arrêter un peu plus bas, tandis que sa main convergeait lentement vers le point qu’il convoitait depuis qu’il avait passé le seuil de la porte. Un peu prise de court, je me raidis un peu et me mis à observer les phalanges épaisses qui voulaient se glisser sous mon soutien-gorge. Il n’hésita pas même une seconde avant de passer le bout des doigts sous le satin. Mon petit cœur s’affola et cogna contre ma poitrine pour crier « Réveille-toi, ma grande, bouge, ne te laisse pas faire, défends-toi ! ». Sa paluche me palpait déjà le sein, menu mais rond et ferme, avant que j’eusse le temps de protester.


Yannick malaxait sans gêne mon demi-melon alors que j’associai son geste avec celui qu’on exécute lorsqu’on choisit des fruits, pour vérifier qu’ils sont prêts pour la dégustation. Ça n’était pas pour me gratifier d’un massage, mais bel et bien pour déterminer si ma poitrine était aussi délicieuse que supposé. Il paracheva son exploration en me pressant distraitement le téton. Et pour parfaire ma comparaison, il ajouta :



Je ne pouvais pas regarder cet homme directement, mes yeux fuyaient tout contact avec les siens. Malgré ma contrariété, je le laissai pétrir mon sein, tout mon corps était devenu un réceptacle à sensations. Et je ne voulais pas que ça s’arrêtât.


Yannick retira la main de mon sous-vêtement pour attraper la bière qu’il avait entrepris une nouvelle fois de changer de côté. Bien que son coude resta disposé autour de mon cou, je ressentais à peine le poids de ses muscles sur mes épaules. Ma vue partiellement voilée par le cylindre métallique, j’aperçus ses autres doigts, de nouveau libres, baisser la braguette de son pantalon. Grâce une étonnante agilité, il sortit son membre avec une précision que n’inspirait pas sa nonchalance. Il avait déjà fait ça auparavant ; là-dessus, je n’avais plus à en douter. Il rompit le silence d’une voix tremblant d’excitation, qui confirmait la jubilation devinable d’un coin de l’œil sur sa figure.



Je ne savais pas pourquoi je n’esquissai aucune réaction, en revanche j’avais conscience de ne pas avoir envie de le voir stopper. Il y avait cette étrange alchimie érotique entre nous, inexplicable, qui continuait d’œuvrer. J’étais submergée par des désirs qui noyaient ma raison.


Le phallus de Yannick se dressait contre son bas-ventre, très rigide et long. Le manche, presque aussi épais que mon poignet, se terminait par un gland aussi gros et appétissant qu’un kiwi. Je suis sûre que le bout atteignait le nid douillet du nombril par-dessus le tee-shirt.


Je ne m’opposai pas à la main libre qu’il croisa devant son torse pour la poser sur ma tête. Tout en m’attirant vers son giron, Yannick s’ouvrit de nouveau. Le bras qui manipulait la canette retourna sur le dos du divan, les cuisses s’écartèrent en angle obtus et le dos rond s’enfonça confortablement parmi les coussins. S’opposant aux dernières retenues qui subsistaient en moi, la pression subtile – ferme mais gentille – de sa paume m’obligeait à approcher davantage de ce sexe impatient.


Je couvris les bourses de Yannick d’une main, à travers le tissu souple de son pantalon, puis glissai le pouce en dessous de son membre, à travers les poils pubiens. Je le soulevai légèrement pour permettre à mes lèvres d’entourer sans encombre le gland et de le serrer juste derrière la couronne. Yannick soupira, se détendit mais n’abandonna pas le contact avec mes cheveux. Grisé par le plaisir, il se tortilla sous ma caresse. Il leva tout à coup sa bière pour porter un toast à mon mari :



Gonflant ses poumons abondamment, Yannick pouffa avant de porter le breuvage à sa bouche et d’entreprendre d’achever ce qu’il en restait. Ses doigts continuaient quant à eux de me peigner pour m’encourager.


Je fus prise d’un soudain frisson : le bel étalon faisait-il ça afin de se venger de mon époux ? Pour être honnête, j’en étais intimement convaincue. Mais qu’importe, il était hors de question de m’arrêter maintenant. Je ne voulais pas. J’étais excitée et aussi chaude que la braise malgré cette légère sensation de culpabilité, cette petite voix intérieure qui voulait me faire renoncer à ma caresse. Les nerfs à fleur de peau, j’étais réceptive au bruit le plus ténu ou au mouvement le plus imperceptible.


Yannick déglutit bruyamment pour ensuite faire valser la canette à l’extrémité du salon. Elle atterrit sur la moquette pour y déverser le bon quart de boisson qui n’avait pas été consommé.


Je la vis, et m’en fichai. Je fermai les paupières. Me concentrai. Léchai.


La pince virile, dès lors libre, se déposa distraitement sur une de mes fesses. Je me pelotonnai de plus belle contre Yannick, lascive, cambrai les reins, recroquevillai les jambes et repris avec entrain, en ajoutant mes doigts à l’entour de son mât. Je pus même percevoir un ronronnement alangui avec mon oreille collée contre son abdomen. Un gros matou réjoui.


Tout à coup, un beuglement retentit et je sursautai ; j’ouvris les yeux et sentis mon pouls s’emballer derechef : la télévision venait de s’allumer. La main qui avait tenu la bière, puis mon fessier, s’était mise à pianoter sur la télécommande pour naviguer entre les chaînes.


Yannick remarqua cet arrêt, me poussa un peu sur le sommet du crâne pour m’exhorter à poursuivre mon suçon ; il attisa son propre désir sur mon palais rugueux. Ses longs doigts poussèrent les touches : tantôt une ménagère stupide vantait les mérites d’un produit inutile, tantôt un commentateur sportif s’égosillait sur un match de foot.


Sans accroc pour rompre l’harmonie du baiser, mon amant releva le torse pour faire glisser son tee-shirt par-dessus la tête. Je ne vis pas ce qu’il en fit. Ma joue se reposa de suite sur le derme chaud des abdominaux musclés. Quel doux frottement quand je pliais le cou. Mes lèvres caressaient Yannick en forme d’anneau humide, encore et encore.


Je regardai l’écran mécaniquement sous mes paupières closes à moitié. Après avoir survolé toutes les émissions, il recula jusqu’à la rediffusion sportive. En voyant ces petites figurines s’agiter derrière une balle, je ne pus m’empêcher de penser que Yannick revivait sa vengeance. Les garçons avaient choisi le sport, l’avaient charrié, empêché de se joindre à eux, alors il avait couché avec les filles auxquelles ces moqueurs prétendaient.


Ça criait sur le terrain, ça critiquait dans les tribunes mais je n’en avais cure ; j’avais assez à faire avec la salive et ma langue. Je les usais pour la caresse chaude qui englobait son pénis.


Perte de balle au milieu de terrain, ça peut être très dangereux…


Slurp.


… croire qu’il est une passoire ce gardien…


Slurp. Slurp.


… Délirant ! Non, mais vous avez vu ça ? Même ma grand-mère…


Yannick me cajolait la nuque de la même manière qu’on le ferait pour un gentil chien qui viendrait se lover près de son maître durant la sieste. Ses muscles commencèrent à se tendre et sa respiration s’alourdit. Il laissa échapper des râles à mesure qu’il s’approchait de la jouissance ; il aimait le contact de mes dents sur sa chair la plus intime. Le sexe palpita et je soulevai la tête pour aller la poser sur l’épaule dénudée de mon partenaire. Installée, j’accélérai les mouvements que j’imprimais à mon poignet.


La semence s’échappa en cordelettes blanches. Lourdes et épaisses, elle retombèrent sur le torse et le ventre de Yannick. Il jura, gémit alors qu’il finissait d’éjaculer.


Mon amant et moi respirions tous deux plus calmement. Je continuai d’attendrir sa verge dans un frôlement de peaux, puis lui déposai un chaste baiser à l’arrière de la mâchoire, sous l’oreille. Je l’aidai à débarrasser mon visage de quelques mèches rebelles pour en dégager ma bouche, nos deux sourires s’effleurèrent.


J’osai enfin le fixer droit dans les pupilles, l’air coquin.



En guise de n’est-ce pas, il flatta de ses ongles mes lèvres sommairement maquillées. J’aurais donné mon bras à couper qu’une pivoine aurait pu être jalouse de ma couleur après qu’il eût dit ça. Mais déjà je promenai la langue sur son torse. Dans sa poigne, il tenait ma chevelure en queue-de-cheval pendant que je léchai le contour de sa musculature, puis l’intérieur de ces lignes. Je descendis aussi plus bas, me faufilant dans les sillons de ses abdominaux pour ensuite mordiller vers les sommets, tendrement.


Quand Yannick fut nettoyé, il me poussa sur le côté avec attention. Il se leva pour aller récupérer son tee-shirt et l’enfila aussi sec.



J’étais mouillée et affamée, lui était souriant et rassasié. Yannick tourna les talons, sortit et ferma la porte sans la claquer.


Je laissai échapper un soupir avant de me coucher dos sur le sofa. Je contemplai le plafond, l’esprit en pagaille. Sous mon jean, mes doigts glissèrent sous la culotte, s’enfouirent profondément en moi pour me procurer le plaisir qui me taraudait.