n° 11365 | Fiche technique | 14222 caractères | 14222 2647 Temps de lecture estimé : 11 mn |
05/05/07 |
Résumé: N'avez-vous jamais eu l'impression d'être surveillé, épié, bien que seul chez vous ? | ||||
Critères: #humour #fantastique f fh extracon inconnu cunnilingu pénétratio attache | ||||
Auteur : Véronyk (Pas de mal à se faire du bien) |
N’avez-vous jamais eu l’impression d’être surveillé, épié, bien que seul chez vous ? Il y a quelque temps, j’ai vécu ce phénomène étrange, jusqu’à ce que j’en découvre la cause.
J’ai une vie très simple, un boulot, un appartement et un compagnon qui m’aime et que j’aime très fort. Nous vivons ensemble, le plus souvent. Il a aussi une maison à la campagne où je vais le retrouver, le week-end et quelquefois quand je suis en congé.
Nous faisons énormément de choses, balades, magasins, tout ça main dans la main. Ma fille dit « toujours collés », « très bisous », « constamment en train de se sucer la pomme ». Elle a raison : nous nous aimons et nous le montrons ! Nous nous fichons des regards désapprobateurs ou des propos comme « Y a des hôtels pour ça ». Franchement, si on doit se cacher chaque fois qu’on s’embrasse, où va-t-on ? Heureusement, question sexe, on se contrôle, mais ce n’est pas triste non plus et on ne s’en prive pas !
Bref, jusque-là, tout se passe bien. Mais il advint que…
Vendredi soir, après une semaine épuisante, je rentre chez moi pour faire ma valise, direction la campagne même s’il ne fait pas beau. C’est toujours relaxant et, de toute façon, nos week-ends, en général, se passent la plupart du temps sous la couette ! Nous sommes plus détendus et laissons aller notre imagination pour des petits jeux sexuels qui, les trois quarts du temps, nous laissent épuisés…
Malheureusement, mon chéri apprend dans sa messagerie qu’on lui propose une mission de formateur, en Alsace, pour cinq jours. À l’autre bout de la France ! Horreur, nous allons être séparés cinq jours !
Plusieurs appels téléphoniques et de nombreux mails lui confirment que c’est pour lundi. Après moult hésitations et discussions au sujet de notre séparation, je lui conseille de dire oui, car ce mois-ci beaucoup de formations ont été annulées et donc son revenu fait peau de chagrin. Il accepte et notre week-end se poursuit avec, si c’est possible, plus encore de tendresse et de câlins, chacun de nous évitant de penser à cette séparation.
Dimanche après-midi, nous sommes déjà en route vers mon appartement. Mon doudou me dépose chez moi et part, direction l’Alsace. Le temps passe trop vite décidément, espérons que la semaine passera aussi vite !
Lundi au boulot.
J’ai très mal dormi, j’ai attendu l’appel téléphonique de mon chéri pour qu’il me dise qu’il était bien arrivé. Rassurée, j’ai essayé de dormir, mais pas moyen ! Je crois que j’ai perdu l’habitude de dormir seule… Peut-être que j’aurais dû partir avec lui… De plus, on vient m’annoncer que Madame la chef du personnel veut me voir.
Belle journée en perspective !
Je vais en traînant les pieds au bureau du personnel. Madame la chef me reçoit. Elle m’explique qu’il me reste encore pas mal de congés et que je dois les prendre avant la fin du mois prochain, sinon ils seront perdus. J’ai été longtemps absente pour cause de maladie et je n’ai pas pensé à tout ça.
Soudain il me vient une idée : et si je prenais cette semaine ? J’ai beaucoup de choses à mettre en ordre à la maison, et puis, ce sont les vacances scolaires, mon boulot n’en souffrira pas beaucoup, car c’est calme et je serais en pleine forme quand Gilbert, mon chéri, reviendra. C’est décidé ! Ce soir : congé. Je sors de son bureau un peu soulagée : ce n’était que ça !
Il n’empêche : si j’avais fait plus attention, je serais maintenant en Alsace avec mon chéri…
Le reste de la journée passe très vite. En partant de mon travail, il me prend soudain l’envie d’aller faire du lèche-vitrine. Après tout, demain, je ne travaille pas et je ne suis pas obligée de rentrer tout de suite ! Les tâches domestiques attendront demain. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Me voilà en train de flâner devant les vitrines.
Un magasin m’attire un peu plus que les autres et je décide d’y entrer. C’est plein d’objets pour la décoration de la maison ; il est vrai que mon appart aurait besoin d’un changement et en regardant de plus près, les prix ne sont pas exorbitants. Il y a décidément des tas de belles choses ! Tout à coup, je tombe en admiration devant un portrait. Cette toile n’a rien d’extraordinaire, mais elle ferait très bien sur le mur de mon salon ! Je regarde l’étiquette, c’est dans mes moyens ! Je fais encore un tour dans la boutique, puis je vais payer mon achat. Toute contente, je rentre chez moi avec mon acquisition sous le bras.
Arrivée chez moi, je décide de prendre une douche puis de m’affaler sur le canapé pour attendre l’appel de mon Gilbert. J’attends et le téléphone finit par sonner. Nous sommes capables de nous téléphoner durant des heures, cela nous rapproche un peu plus. Après avoir raccroché, je prends la direction de ma chambre et je m’aperçois que je n’ai pas encore déballé mon achat. Je décide de le regarder d’un peu plus près : c’est un personnage assis, un livre à la main. Il a les cheveux poivre et sel, des lunettes derrière lesquelles le regard est bleu gris, un sourire un peu moqueur. Je n’arrive pas à lui donner un âge, je crois que ce qui m’a séduite le plus ce sont ses yeux. Maintenant, en regardant bien, je lui trouve un air de ressemblance avec Gilbert… Je décide de l’accrocher de suite. J’admire le résultat de loin : c’est pas mal ! Et en rigolant, je lance vers la toile : « T’as de beaux yeux, tu sais », à la façon de Jean Gabin.
Le jour suivant, je commence à me mettre à la tâche : d’abord trier les papiers. Je m’installe sur la table du salon, je vide tous les tiroirs puis je commence à ranger par catégorie, électricité, eau, factures diverses, pour pouvoir les mettre dans des pochettes avec une étiquette dessus.
Soudain, je prends conscience d’une drôle d’impression ; c’est peut-être parce que c’est calme. Je mets de la musique puis je continue mon tri ; mais quelque chose me gêne… Quoi ?
La matinée passe très vite, tous les papiers sont en ordre dans leurs pochettes, je décide de faire une petite pause. Mon café à la main, je me demande à quoi je vais m’attaquer maintenant. Je ressens toujours ce malaise, je n’arrive pas à expliquer à quoi c’est dû. Est-ce à cause du départ de Gilbert ? Il est vrai qu’il me manque, mon nounours ! Hier au soir, en pensant à lui, je me suis mise à me caresser, j’avais une envie folle de faire l’amour et j’ai dû me contenter toute seule. Tiens, rien que d’y penser, je sens des petits picotements dans le bas du ventre…
Ressaisis-toi ma fille, le boulot ne va pas se faire tout seul !
Je finis mon café, mon regard accroche celui du personnage de mon tableau ; y a pas à dire, il a des yeux envoûtants, tellement que je n’arrive plus à m’en détacher. Un grand frisson me parcourt soudain tout le corps, je me lève d’un bond ! Allons, qu’est-ce qu’il m’arrive ? Je décide illico d’aller faire un tour pour me changer les idées.
Sur la route je pense à ce qu’il vient de se passer. C’est bizarre, ce qu’il m’arrive, la solitude ne me convient pas du tout, je crois, et mon imagination me joue des tours. J’ai vraiment eu l’impression que le regard du tableau était en train de me transpercer !
Voilà, je deviens folle ! Je suis en train de participer à un mauvais film d’horreur dans lequel un bonhomme sort de son tableau pour violer la belle jeune fille pure et innocente ! Je ne suis quand même pas en manque de sexe à ce point-là !
Après avoir fait le tour du quartier, je rentre chez moi bien décidée à oublier ces bêtises. J’enlève mon manteau, puis je me plante devant le tableau, les mains sur les hanches pour être plus impressionnante et je me mets à parler le plus méchamment possible :
Je me sens mieux, ensuite, mais ridicule au possible ! Là, c’est sûr, j’ai complètement pété les plombs… Au secours, Gilbert, reviens !
Le reste de la journée se passe doucement, entre mes différentes occupations et mes moments de détente. Mon petit malaise ne m’a hélas pas quittée ; chaque fois que je passe devant le tableau, je lui parle ; je lui ai même donné un nom, je l’appelle « Beaux Yeux ». Après tout, personne ne me voit et je me sens moins seule. Bien sûr, je n’en ai pas parlé à mon chéri au téléphone, je lui ai simplement dit que j’avais acheté un tableau qui représente un monsieur et que ce monsieur lui ressemble un peu, surtout les yeux.
Le lendemain, c’est le jour du marché dans mon quartier, cela fait longtemps que je n’y suis pas allée. J’enfile mon manteau et en route. J’achète quelques légumes, quelques petites bricoles et voici que je tombe sur un stand de lingerie, de beaux petits ensembles sexy à des prix défiants toute concurrence ! J’adore la lingerie, je me fais alors une joie de choisir plusieurs dessous, tous plus affriolants les uns que les autres. Arrivée chez moi, je me déshabille pour essayer mes acquisitions. Me prend alors une idée folle, je vais dans le salon et je m’exhibe devant « Beaux Yeux » tout en prenant des poses très suggestives, et au fur et à mesure, je me sens de plus en plus excitée !
Je me caresse d’abord les seins dont je titille les pointes, mes mains descendent tout doucement sur mon ventre puis entre mes jambes, et là, je me masturbe ! « Beaux yeux » me regarde, j’ai l’impression qu’il me parle, je suis complètement envoûtée, je n’arrive plus à me contrôler, je suis dans un état d’excitation extrême ! Mes doigts (est-ce bien les miens ?) caressent mon clitoris, le pincent, entrent en moi ! J’ai comme un poids sur moi, comme si quelqu’un était couché sur mon corps ! J’ondule du bassin pour éprouver plus de sensations. J’ai envie de hurler mon plaisir. Mon corps, secoué de soubresauts, se lâche, alors l’onde de chaleur de ma jouissance éclate en moi !
Je mets quelques minutes à reprendre mes esprits. C’est pas possible, il n’y a qu’avec mon chéri que je ressens des choses pareilles ! J’ai eu la nette impression que ce n’était pas mes doigts, que quelqu’un était sur moi, en moi !
Je regarde le tableau, le regard moqueur me fixe. Je m’interroge …
« Non, tu as vu trop de films. »
Je me dirige vers la salle de bain, troublée. Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Je ne suis plus moi-même ces derniers temps, je ne sais même pas à qui en parler ! Je me vois mal aller expliquer aux copines « Je viens de faire l’amour avec le personnage de mon tableau. À part ça, tout va bien ! »
Gilbert ? Il serait capable de me dire que j’ai inventé une histoire comme ça, ou pire, que j’ai un amant ! Bon d’accord, j’adore le sexe, mais est-ce à cause de ça que j’ai des hallucinations ? Je suis en manque ? Non, il ne faut pas exagérer, je n’ai jamais entendu dire que le fait d’être sevrée d’amour pendant trois jours puisse avoir des conséquences sur le cerveau ! Mis à part les perverses et je ne crois pas en être une !
Ou alors, il y a un revenant chez moi !
J’ai quand même bien senti quelque chose ! Quand je me masturbe, j’ai du plaisir, mais ce que je viens d’éprouver, c’est carrément comme si Gilbert était en train de me faire l’amour ! De toute façon, je ne crois pas aux revenants ! Et puis zut, prends ta douche, ça te remettra les idées en place !
Ça doit être à cause du tableau ! Depuis que je l’ai acheté, je ressens des choses étranges, j’ai fait une fixation sur ce personnage.
La journée continue ; bien décidée à ne plus penser à cette histoire, je vaque à mes occupations. Le soir arrive vite, mon doudou va bientôt me téléphoner. Encore deux jours, deux longs jours et je vais pouvoir le serrer dans mes bras. Je me mets au lit et je fais un récapitulatif des choses qu’il me reste encore à faire ou à ranger.
Je me réveille en pleine nuit, je m’aperçois que j’ai laissé ma lumière ouverte. Dis donc, il fait froid ! Je mets mon peignoir et je me dirige vers les toilettes puis vers la cuisine pour boire un verre d’eau. Je retourne dans ma chambre, j’ai beaucoup de mal à retrouver le sommeil, mais je suis bien, détendue, j’ai l’impression de flotter. Soudainement, j’ai froid, puis j’ai chaud, une clarté illumine ma chambre, mais ce n’est pas réellement de la lumière, je ne sais pas d’où cela vient et je m’en fous, je suis tellement bien !
Beaux Yeux est au pied de mon lit, il me regarde, il pose son bouquin puis il s’allonge près de moi. Son regard ne cligne pas, je vois sa main se poser sur mon corps, il me caresse de la tête aux pieds, s’attardant sur mes seins, mon ventre, entre mes jambes… Puis sa bouche remplace ses doigts, il embrasse, lèche, mordille puis il relève la tête. J’ai envie de l’attraper, j’ai envie de lui crier de continuer, mais mes bras sont lourds, je n’arrive pas à les bouger, ni même mon corps, aucun son ne sort de ma bouche. Son regard me fixe, rien ne bouge sur son visage. Tout à coup, il s’allonge sur moi, prend mon visage dans ses mains, il me pénètre doucement, puis de plus en plus fort, ses yeux me transpercent, une douleur monte en moi, mon plaisir éclate. Je ferme les yeux pour reprendre mes esprits, je suis vidée, exsangue, je n’ose plus bouger tellement je suis bien.
Un bruit dehors me réveille, ce sont les enfants qui jouent. Je suis seule, personne autour de moi. Mon lit est un vrai champ de bataille, petit à petit, les événements de cette nuit me reviennent en mémoire. Est-ce que c’était un rêve ? Non, cela était trop réel ! Je me lève, je vais dans le salon et je regarde le tableau : j’ai l’impression qu’il me sourit d’un air narquois…
Soudain une clef dans la serrure, Gilbert est là avec sa valise à la main, je me jette dans ses bras !
Son regard se tourne alors vers le tableau, il s’écrie :
Il me prend dans ses bras et me chuchote à l’oreille :
Au même moment, je regarde le tableau : nos yeux se croisent et… nooon ?
Il m’a fait un clin d’œil, le bougre ?!
Grand merci à Favasso pour ses conseils avisés et même plus !
Merci aussi à Patrik :)