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Temps de lecture estimé : 23 mn
07/06/07
Résumé:  Les histoires d'amour se terminent mal, en général.
Critères:  fh taille amour fellation pénétratio mélo
Auteur : Larche
Tout est mini dans notre vie


La faim est une sensation que je connais bien et que je ne trouve pas foncièrement désagréable. Si, dans la plupart des religions, les sages préconisent des jeûnes, c’est que ce ne doit pas être si mauvais que ça pour la santé.


Mais, à l’époque où se situe ce récit, ma faim à moi était plus la conséquence d’une grande pauvreté qu’un mode de vie choisi. Je n’avais pas une tune. Je vivais dans un squat du centre ville, même pas un squat d’ailleurs, c’était beaucoup plus un immeuble voué à la démolition, où s’entassaient des gravats de toutes sortes parce qu’une partie des plafonds s’était effondrée. J’y avais amené des édredons et divers effets personnels, le reste je l’avais laissé dans une cave fermée par un cadenas dont je ne possédais même pas la clef, mais que je pouvais fort bien ouvrir grâce à un simple trombone.


Autrement dit, je vivais comme une cloche même si je n’avais pas tout à fait l’apparence d’une cloche. Dans le quartier, j’étais considéré comme un étudiant, ce qui me permettait, entre autres, d’aller parfois prendre des douches à la cité universitaire. Mais j’étais un étudiant vraiment bizarre, maladif et atypique, je rasais les murs et ne parlais jamais à personne, excepté aux individus encore plus étranges que moi. J’étais atteint d’une forme de schizoïdie qui avait investi ma personnalité au beau milieu de l’adolescence et qui ne me lâchait plus : peur de la foule, peur des grands espaces, peur de l’espèce humaine, peur de tout en somme…


Question nanas, je n’en avais connu que deux. Tout d’abord une vieille clocharde que j’avais retrouvée un beau jour dans mon squat et qui avait été, pour ainsi dire, mon initiatrice en matière sexuelle. Elle n’avait fait que passer, elle était restée trois jours avant de repartir vers le sud. Et puis surtout, quelques mois plus tard, cette fille tordue qui semblait être complètement à la masse. Elle se promenait parfois poitrine à l’air dans les bâtiments publics, c’est d’ailleurs dans cette tenue que je l’avais rencontrée. Elle avait vraiment des réactions surprenantes, elle tenait des propos inquiétants et semblait vaguement caractérielle. Tout ceci me convenait bien dans la mesure où plus on était excentrique et plus on avait de chance de ne pas me faire fuir. Nous étions restés quelques mois ensemble et puis, un beau matin, elle s’était envolée, sans explication, sans même prévenir, disparue comme par enchantement. Et plus personne n’avait jamais plus entendu parler d’elle.


Toujours est-il que, quelque temps plus tard, un jour où j’avais vraiment la dalle, je suis rentré dans une petite boutique de souvenirs sise à deux pas de la gare. Je vivais de menus larcins, je me nourrissais ainsi, en chipant à droite à gauche. Impossible pour moi de faire la manche, j’en aurais été tout à fait incapable.


Dans le petit magasin en question, il n’y avait personne, pas de client, pas de vendeuse, ou peut-être dans l’arrière-boutique. J’ai repéré de suite, près du comptoir, un présentoir avec des barres céréalières. J’étais prêt à manger n’importe quoi, la veille au soir je n’avais bouffé qu’une malheureuse pomme chipée à l’arrache sur un étal. Je me suis donc approché à pas de loup, un coup d’œil à droite, un coup d’œil à gauche, j’ai commencé à me remplir les poches… Et là, surprise ! Une espèce de gnome difforme est sorti tout d’un coup de derrière la caisse enregistreuse pour se jeter sur moi et me vilipender. Cette apparition monstrueuse m’a tellement surpris que, sur l’instant, j’ai frisé la crise cardiaque. Je suis resté figé sur place, complètement stone, incapable du moindre geste, comme dans le pire des cauchemars.


Le temps de me remettre de mes émotions et de reprendre mes esprits, je me suis aperçu qu’il ne s’agissait en fait que d’un tout petit bout de femme, haute comme trois pommes, aussi grande qu’une gamine mais avec une tête d’adulte, de fait une petite naine. Sa petitesse n’enlevait rien à sa hargne car elle continuait de m’incendier et j’en prenais copieusement pour mon grade. Docilement j’ai vidé mes poches et lui ai restitué toute sa marchandise. C’est alors qu’elle s’est radoucie.



Elle grimpa prestement sur sa chaise et me tendit finalement un mars. Elle avait une toute petite main mais joliment dessinée. Comme la plupart des nains, tout du moins ceux qu’il m’était arrivé de rencontrer, elle avait des petits membres assez charnus. Mais pour le reste, elle était relativement bien proportionnée et n’avait pas une trop grosse tête, c’était plus un modèle réduit de femme qui n’était pas spécialement désagréable à regarder même si elle n’était, à vrai dire, pas spécialement jolie. Elle ne l’aurait d’ailleurs pas été plus si elle avait mesuré 1 m 70.



Ma goinfrerie avait l’air de la surprendre, je ne mangeais pas, je dévorais, j’avais l’estomac qui criait famine car ces derniers temps j’avais dû souvent me serrer la ceinture.



J’étais vraiment surpris par sa proposition, elle ne me connaissait pas et, en plus, elle venait de me surprendre la main dans le sac, en situation de vol caractérisé. Je l’ai regardée, elle paraissait sincère, c’était une drôle de petite bonne femme, son visage poupin était clair et lumineux.



Etant donné qu’à cette heure-là nous étions seuls, qu’il n’y avait aucun client, elle entama la conversation tandis que je me désaltérais. Elle me demanda où j’habitais. J’essayai de lui expliquer, il se trouvait que nous étions en fait presque voisins, qu’elle résidait deux rues plus loin. Je ne l’avais pourtant encore jamais rencontrée. Des personnes de petite taille, il n’y en avait pourtant pas 36 000 dans ce quartier, alors forcément, j’aurais dû la remarquer.


Elle connaissait bien mon immeuble, elle voyait où il se situait et elle était un peu surprise qu’il puisse y avoir des gens dedans. Ce n’était pas vraiment étonnant car, de l’extérieur, le bâtiment semblait condamné, c’est pour cela que j’y étais peinard. En fait, nous n’étions que deux à y habiter, votre serviteur et une autre cloche, un certain Frederich qui vivait de l’autre côté. Nous n’avions que très peu de contacts l’un avec l’autre, nous nous contentions de cohabiter et de nous supporter.



Alors je lui expliquai. Elle était surprise et semblait fort chagrinée. Curieusement, c’était elle qui me plaignait alors que sa petite taille devait être, quelque part, beaucoup plus difficile à supporter que tout ce que j’avais pu subir.



Comment pouvait-elle se montrer si généreuse ? Elle ne me connaissait ni d’Eve ni d’Adam et mon apparence était contre moi.



C’est ainsi que nous nous sommes quittés bons amis. Ma future employeuse était livrée deux fois la semaine et souhaitait que je vienne l’aider pour la mise en rayons. Et puis, si je pouvais aussi refaire la devanture, elle ne serait pas contre… Avant de partir, elle insista pour je prenne d’autres victuailles, un peu comme un acompte, me dit-elle. Ça faisait vraiment plaisir de rencontrer quelqu’un comme ça, aussi ouvert et généreux, ça mettait du baume au cœur, la plupart des personnes dites normales ne l’auraient sans doute pas fait. Du coup je me suis senti joyeux pour le restant de la journée.




Le mardi suivant, j’étais ponctuel au rendez-vous et même un peu plus que ponctuel, car j’attendais depuis deux bonnes heures devant la porte. C’est alors que je vis arriver ce petit bout de femme, 1 m 30 à tout casser, avec ses petits pieds, ses petits bras, un petit sourire qui lui vint aux lèvres lorsqu’elle m’aperçut. Peut-être ne croyait-elle pas vraiment que je reviendrais et était-elle surprise de me retrouver devant la boutique.


Toujours est-il que j’ai bossé dur toute la matinée, en tout cas j’ai fait de mon mieux. Les clients affluaient, surtout des voyageurs qui achetaient quelques babioles. La plupart d’entre eux étaient étonnés quand ils découvraient Lucie. Elle essayait pourtant de les mettre à l’aise avec des mots gentils, mais c’est vrai que les gens ont peur de tout ce qui s’écarte un peu de la normalité.

Vers 13 heures, elle ferma le magasin :



Façon polie pour elle de me dire que je sentais mauvais. C’est vrai que je devais puer. Cela faisait un bon moment que je n’étais pas allé à la cité-U.



Elle me tendit un t-shirt taille unique XXL ainsi qu’un short qu’elle trouva dans un présentoir.



Je crois que, jamais de ma vie, je n’avais été cocooné comme ça. Cette femme-là était un ange tombé du ciel, une espèce de bonne fée comme je n’en avais encore jamais connue.


Tout était petit chez elle, à son image et conçu pour qu’elle s’y sente bien. C’est un petit deux pièces avec une mini-salle de bain. Elle me tendit une serviette et m’entraîna vers la douche :



Je l’ai regardée un peu gêné, elle n’allait pas me reluquer quand même ! Alors elle sortit discrètement de la pièce en disant :



Après la douche, un bon petit repas m’attendait. Le coin cuisine était minuscule, prévu au maximum pour deux personnes. C’était très intime, très intimiste. Qui plus est, le repas était succulent, Lucie faisait fort bien la cuisine.



Elle éclata alors de rire.



La pièce était tapissée de livres, c’était une vraie bibliothèque, il y avait des étagères partout, presque jusqu’au plafond. Lucie disposait d’une petite échelle qui glissait le long d’une barre ce qui lui permettait d’atteindre assez facilement tous les ouvrages. C’était vraiment une érudite qui possédait tout ce qui se fait de mieux en matière de littérature contemporaine, notamment américaine, et elle les avait vraiment tous lus, quelques-uns même plusieurs fois. La lecture, c’était sa passion, une passion dévorante qui s’était emparée d’elle alors qu’elle était encore toute gamine.



Au risque de la décevoir, je lui répondis que je ne lisais pas grand-chose, à part parfois le journal que je récupérais dans une poubelle.



Je ne savais pas trop, je n’avais ni livre, ni télévision, juste une petite radio qui grésillait comme ce n’est pas permis. Mais, devant son enthousiasme, je ne pus que penser qu’elle devait avoir probablement raison.


Ce qui est certain c’est qu’avec elle on ne s’ennuyait pas, elle avait toujours quelque chose à raconter, en général des choses qu’elle avait trouvée dans ses derniers bouquins, des passages qui l’avaient marquée, les idées que ça lui donnait. Ce qui fait que le temps passait très vite en sa compagnie. Il était déjà presque 15 heures et l’heure pour elle de rejoindre sa boutique et nous avions oublié mon linge dans la machine.



Ainsi fut fait. J’aurais pu tout lui embarquer et je dois dire que cette idée m’a traversé l’esprit l’espace d’une seconde mais je l’ai de suite rejetée, cela aurait été particulièrement dégueulasse, je n’aurais pas pu continuer à vivre avec ce poids immense sur la conscience, trahir quelqu’un d’aussi gentil aurait été un crime des plus abominables. Au contraire, je suis retourné à la boutique, lui ai redonné ses clefs et l’ai vivement remerciée.





Nos rapports n’ont cessé de s’améliorer au fil des semaines, si tant est que ce soit possible. Je veux dire par là que nous étions sans cesse plus complices et sans cesse plus proches. Je faisais tout mon possible pour l’aider, j’avais nettoyé le magasin de fond en comble, relooké la vitrine, amélioré certains dispositifs pour que ce soit plus pratique pour elle.


Un soir que j’étais venu prendre une douche et qu’elle m’avait gardé à dîner, elle me parla de sa maladie, l’hypochondroplasie, une maladie héréditaire contre laquelle il n’y avait pas grand chose à faire, sinon assumer. Cette affection lui avait, à une certaine époque, causé en plus quelques tracas car, étant d’un naturel très gourmand, elle avait grossi plus que nécessaire et avait eu du mal pendant un temps à se mouvoir. Depuis, elle avait fait un sérieux régime et se sentait beaucoup mieux.


L’âge aidant, elle prenait la vie avec plus de philosophie, le regard des autres ne la gênait plus, souvent même elle s’en amusait. Quand elle rentrait quelque part, on la voyait un peu comme une bête curieuse, mais cela avait aussi ses avantages, au moins on la remarquait, les gens n’étaient jamais indifférents à son égard. Ça lui permettait de rentrer en contact, peut-être plus facilement qui si elle eut été normale.



Ensuite, elle aborda le sujet de sa vie sentimentale :



Où les voyait-elle ces petits copains ? Et qui étaient-ils ? Sur le coup, je fus incroyablement jaloux de cette révélation, ce qui me mit dans un état second et cassa l’ambiance de cette soirée. Elle me proposa de dormir sur le divan du séjour, comme je l’avais déjà fait par deux fois auparavant, mais j’ai préféré rentrer chez moi en boudant. En quelques semaines, Lucie avait pris énormément de place dans ma vie et je crois aussi dans mon cœur. Je ne voyais plus que par elle, je faisais tout en fonction d’elle. Même les jours où je ne travaillais pas, j’étais toujours fourré à sa boutique, à discuter, à rigoler. Et puis là, tout d’un coup, avec cette histoire de petits copains, tout s’effondrait dans ma tête. La triste réalité des choses reprenait le dessus. Je l’eus voulue immaculée, entièrement faite pour moi et elle n’était qu’une faible femme.



Je suis resté huit jours sans aller la voir, c’était un peu comme une punition que je lui infligeais. J’aurais pu continuer comme ça encore très longtemps, peut-être jusqu’à la fin des temps, tellement j’étais buté…


Un soir. J’étais en train de boire un coup avec Frederich, mon colocataire. Souvent il ramenait un horrible jaja dans une bouteille et se pintait la gueule. Quand il était bien luné, il m’en offrait une rasade, histoire de m’amadouer. C’est à ce moment-là que nous avons vu débarquer Lucie. J’ignore comment elle avait pu faire pour rentrer dans l’immeuble, déjà pour quelqu’un de normal ce n’était pas très évident, mais pour une personne de petite taille… elle avait dû faire de l’escalade dans sa jeunesse.



Charmant accueil mais Lucie ne s’en formalisa pas. Je la pris par la main et l’entraînai dans mes appartements tandis que Frederich continuait sa beuverie de l’autre côté.



Elle me regarda avec intensité. Elle m’avait percé à vif, alors j’ai baissé les yeux, tout penaud.



Elle en avait presque la larme à l’œil, et mes yeux, eux aussi, étaient embués de sa tristesse. Je regrettais mon attitude complètement stupide, mélange de jalousie morbide et de fierté mal placée, je cherchais quelque chose à dire ou à faire pour lui faire oublier ce jeu de con auquel je l’avais soumise contre son gré. Mais je ne trouvais rien à ajouter car je n’avais aucune excuse, je n’espérais même pas qu’elle puisse passer outre sa déception.


C’est alors qu’elle s’approcha de moi. J’étais assis sur une caisse, donc juste à sa hauteur.



Sur ce, elle me tendit sa bouche… Un long baiser s’en suivit, couvert par les braillements de l’autre alcolo qui délirait deux pièces plus loin. Mais peu importe, car nous étions en dehors du monde, sur un petit nuage, des vagues d’amour nous submergeaient. Des embrassades à n’en plus finir, malgré ma barbe de cinq jours, malgré l’odeur pestilentielle qui émanait de ce cloaque.



Elle m’entraîna alors sur les édredons où nous nous allongeâmes. Puis je sentis ses petits doigts sur ma braguette, en train de dégrafer un à un les boutons. De mon côté, j’avais peur de la toucher, c’était comme une petite poupée en porcelaine sur qui il faut veiller. Je lui faisais des petits bisous partout pour la protéger des horreurs du monde. Mais quand elle eut mon sexe en main je sentis bien qu’elle avait envie d’autre chose de plus consistant et qu’elle s’attendait à moins de considération et surtout à beaucoup plus de fougue.


Elle avait un peu de mal à faire le tour de ma bite avec ses doigts mais elle la branlait énergiquement, avec une certaine dextérité je dois dire. Elle me fit baisser mon pantalon, ensuite elle retira sa robe, elle n’avait pas de soutien-gorge, elle n’avait pas de seins non plus d’ailleurs, juste deux petits dômes à peine saillants au niveau des tétons. Puis elle fit glisser sa culotte pour me dévoiler un sexe assez peu poilu.


Entre temps, je m’étais moi aussi déshabillé. Malgré le sordide de l’endroit j’avais très envie de lui faire l’amour, j’étais dur et érigé. Elle me demanda de m’allonger sur les édredons et c’est elle qui vint sur moi. Elle m’enfonça lentement dans son ventre, elle était plutôt étroite, ce qui ne l’empêcha pas d’engloutir totalement ma queue en un clin d’œil. Empalée sur ce monstrueux tuteur, elle se mit à aller et venir lentement le long de ma verge. C’était une vision fantastique que de voir ce petit bout de femme aux seins à peine pointus s’exciter sur un dard deux fois trop gros pour elle. Elle se mit à gémir, comme ça, de plus en plus fort, en se démenant sur ma tige comme une possédée.


Frederich, de son côté, braillait toujours, il hurlait dans la cambuse des « Sieg Heil » en pagaille. Quand on ne l’entendit plus, il apparut devant la porte et, la bouteille toujours aux lèvres, il se mit à mater la naine en s’enfilant de bonnes rasades. J’étais aux aguets, prêt à lui sauter dessus à la moindre tentative pour s’approcher encore.



Mais, au lieu de la calmer, la présence du vieil ivrogne ne fit qu’exciter un peu plus Lucie qui s’en fut à un rythme effréné sur mon dard, en couinant, en gémissant, en soufflant, complètement hors d’elle-même, jusqu’à ce que j’explose enfin en elle et qu’elle explose tout autant sur moi.



Frederich en laissa tomber sa bouteille qui roula dans un bruit cristallin le long de la pièce. Lucie retomba sur moi, s’affala contre mon ventre et s’en fut pour un gros câlin en jouant avec les poils de mon torse.


En regardant du coin de l’œil l’autre poivrasse qui nous matait toujours avec ses yeux salaces, je suggérai à Lucie qu’il était peut-être temps pour moi de la raccompagner chez elle, car l’endroit me semblait fort peu propice au romantisme.


Mon « coloc » était ivre mort, il s’était assis par terre et cuvait son vin en épiant Lucie qui était en train de se rhabiller. Il en prenait plein les mirettes mais était bien incapable de fixer l’image dans son cerveau gluant. Quand elle passa devant la porte, il essaya quand même de l’agripper mais il se reçut un sale coup de pied dans les côtes ce qui eut le don de le calmer. Alors, il nous regarda nous éloigner en maugréant, en bougonnant, en braillant comme un porc qu’on égorge à grands coups de « salope », « putain », « vicieuse »…


J’aidai Lucie à sortir de l’immeuble et nous nous retrouvâmes bientôt dans la rue, joyeux et guillerets, pleins d’espoirs pour notre amour naissant.




Il n’était plus question pour moi d’habiter autre part que chez elle. Lucie m’avait pris en main. Tout d’abord, elle s’était occupée de ma garde robe puis elle m’avait convaincu d’aller chez le coiffeur. Ainsi relooké, je me retrouvais comme un homme neuf. Tout ce qu’elle pouvait faire pour moi, elle le faisait, tout ce dont j’avais envie, elle me l’achetait, c’en était presque trop, je n’étais pas habitué à un tel traitement. J’avais un peu l’impression d’être entretenu ou d’être acheté. Elle n’avait pourtant pas besoin de ça pour que l’on fasse l’amour.


Je dormais dans son lit et nous restions éveillés des nuits entières à nous aimer. Parfois aussi, après l’amour elle lisait tandis que je ronflais comme un bienheureux à ses côtés. Ce n’était pas une grosse dormeuse. Mais une amante magnifique, ça oui. Obsédée par le sexe qu’elle était, ma Lucie. En dehors de ses bouquins, elle ne pensait qu’à ça et semblait toujours prête pour essayer de nouvelles choses, comme par exemple faire l’amour assise sur mes genoux au fond d’un bus ou dans la rue sous un porche. Le soir, en revenant de la boutique, elle cherchait des petits coins.


Un jour, deux personnes d’un certain âge nous ont surpris sur leur palier. Lucie était en train de me sucer. Excités par la naine qui avait la bouche déformée par ma grosse trique, ils nous ont invités à rentrer chez eux. C’était un couple illégitime, lui monsieur très distingué, grisonnant, en costard-cravate, elle grande brune poitrinaire qui faisait plutôt vulgaire. La conversation s’est immédiatement portée sur le sexe. Quand lui a manifesté l’envie de se faire sucer, Lucie s’est de suite portée volontaire. De son côté, la grosse femme m’avait entrepris, elle roucoulait pour que je la touche. De voir Lucie engloutir ce sexe étranger, ça m’a serré le cœur, d’autant plus qu’elle n’y allait pas de main morte et qu’elle semblait vraiment excitée. La brunasse eut beau se dépoitrailler et mettre sa main dans ma culotte, je n’avais pas trop goût à ça. Lorsque j’ai vu l’homme enfiler un préservatif avant de soulever Lucie pour l’empaler sur son sexe dressé, j’ai littéralement pété les plombs. J’ai repoussé la grosse avec brutalité, j’ai beuglé un gros « j’me casse » et suis sorti en claquant violemment la porte. J’ai attendu ensuite un long moment en bas de l’immeuble mais Lucie n’est pas redescendue.


Ce fut la première d’une longue liste de déconvenues qui m’éloignèrent peu à peu de ma belle. C’est vrai qu’elle avait pas mal de copains qui se rappelaient de temps à autres à son bon souvenir. Parfois, le soir, on en voyait un débarquer, qui ne venait visiblement pas pour enfiler des perles. Evidemment, étant donné que j’étais là, il était fort déçu et s’en retournait peu après sans demander son reste.


Et Lucie ne faisait rien pour décourager ces hommes, ils n’étaient pour elle que d’anciens copains, ça ne prêtait pas à mal, comme elle disait souvent.


N’empêche que je lui reprochais de plus en plus souvent de rencontrer ces hommes et, à cause de cela, l’atmosphère devenait parfois pesante. Bon Dieu ! Elle était avec moi oui ou non ? Pour elle, c’était plutôt oui mais elle ne voulait pas non plus rester cloîtrée à ne voir personne. Après la crise de jalousie, nous nous réconcilions en général sur l’oreiller, de ce côté-là c’était toujours parfait, et tout aussi parfaits nos grands moments de tendresse. Souvent, le soir, je me mettais dans un fauteuil et elle venait s’asseoir sur moi, elle se calait contre ma poitrine et restait comme ça des heures entières à bouquiner, en se laissant cajoler et dorloter.


J’aurais voulu que ce soit toujours ainsi, un havre de paix et de bien-être. Je l’aimais cette femme-là à un point tel que c’en était à peine croyable, je l’aimais presque trop, l’amour me consumait de l’intérieur, j’aurais voulu qu’elle soit toute entièrement à moi mais elle ne cessait de m’échapper, un peu comme une anguille éprise de liberté et amoureuse de la vie.


Mais plus le temps passait et plus j’étais malheureux, agacé, inquiet. « Lucie, si tu savais comme je t’aime ! » Elle le savait, bien sûr, et m’aimait, elle aussi, à sa façon, mais pas vraiment comme je l’aurais souhaité. J’aurais voulu qu’elle m’appartienne totalement et sans aucun partage.


La goutte d’eau qui fit déborder le vase arriva un soir sous la forme de deux jeunes loufiats. Il était déjà tard, nous étions presque couchés, Lucie était déjà en nuisette.


Apparemment, les deux gus la connaissaient bien, ils avaient déjà fait plein de choses ensemble et leurs allusions un peu lourdingues eurent tôt fait de m’énerver. Et puis, ils étaient deux, Lucie s’était tapé deux mecs, je l’en croyais capable. Le plus grand, c’était le pire, un basané qui arborait une espèce de sourire à la con, ce qui eut tôt fait de me donner envie de le frapper. Je devinais ce qu’il pensait : « On l’a bien baisée ta salope et elle aime ça. Alors, dès que t’auras le dos tourné, on va revenir pour la tirer ». C’est ça qu’il pensait ce gros connard.


À un moment donné, je ne sais pas ce qui m’a pris, je me suis levé, je l’ai attrapé par le colbac et lui ai allongé une grosse mandale. Je lui ai explosé le nez et j’ai frappé, frappé, et encore frappé. Je n’arrêtais pas de frapper pour vider toute ma hargne, son visage était en sang, Lucie criait, m’ordonnait d’arrêter mais, insensible à ses suppliques, je continuais ma bastonnade. Finalement, le type a réussi à se dégager de mon emprise, il s’est reculé un peu groggy et a saisi une chaise qu’il m’a balancée en pleine poire avant de se tirer. Son copain n’a pas demandé son reste et lui a emboîté le pas dans l’escalier.



Lucie était atterrée. Elle a regardé par la fenêtre les deux types s’engouffrer dans une bagnole, elle a même cherché l’espace d’un instant à les rappeler. Puis elle est retournée vers moi.



J’ai fait mes yeux de chien battu mais cela n’a fait que renforcer sa motivation. Elle m’a tendu mon blouson.



Son jugement était sans appel, alors je suis parti.




J’ai rôdé les jours suivants devant la boutique dans l’espoir qu’elle me fasse un signe. Nous nous croisions plusieurs fois par jour sans même nous dire un mot. Qu’attendait-elle de moi ? Des excuses ? À bien réfléchir, je crois qu’il aurait suffi que j’aille la voir, que je lui demande de me pardonner. Quelques mots accompagnés d’une petite fleur lui auraient fait tout oublier. Elle n’était pas difficile à vivre Lucie, ce n’était pas la mauvaise fille. C’était moi qui avais déconné.


Mais… foutue fierté, j’ai continué à faire la gueule, jusqu’à m’en rendre malade… et puis, complètement dégoûté, je suis parti dans le midi où j’ai bossé en tant que saisonnier tout le reste de l’été.




Plusieurs années plus tard, je suis repassé dans cette ville où je n’avais jamais remis les pieds. La boutique était fermée, en cours de transformation, le bâtiment avait été racheté par une banque mutualiste.


J’ai mené ma petite enquête : tout le monde ignorait ce qu’elle était devenue, Lucie, c’est à peine si les gens se souvenaient qu’il y avait eu une naine à cette adresse. Disparue, évaporée, tout comme cette fille aux seins nus que j’avais connue lorsque j’étais cloche, à croire qu’elles n’avaient jamais existé ou que je les avais trucidées…