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Temps de lecture estimé : 35 mn
19/06/07
Résumé:  Paul, Virginie et Geneviève sont de passage chez leur tante. Paul est séduit par Geneviève mais aussi attiré par la tante, qui semble enveloppée d'un mystère... Une panne de voiture va venir fort à propos...
Critères:  fh fplusag jeunes inconnu oncletante fépilée vacances plage ascenseur douche amour volupté voir nudisme odeurs pied chaussures rasage pénétratio mélo
Auteur : Joker      Envoi mini-message
Un amour d'été

I.



Paul tenta de s’extirper du profond canapé de cuir crème et bredouilla :



Paul rougit de confusion car il avait effectivement été briefé d’importance avant d’arriver : « Et surtout ne l’appelle pas Madame, rien ne l’agace plus que ça » avait insisté Virginie, mais l’arrivée de la pétulante Taty Danielle l’avait déstabilisé.



Sa voix résonnait dans la maison au fur et à mesure qu’elle se rapprochait de la cuisine pour y déposer son panier. Revenant par le couloir elle déboucha dans le salon en longeant les baies vitrées.



Depuis aussi longtemps que le surnom de Taty Danielle lui avait été attribué, elle appelait ses neveux et nièces et les amis de ses neveux et nièces « mes enfants ».

Poussé par les principes inculqués lors de son éducation, Paul se leva et proposa ses services ; ni Virginie, ni sa copine Geneviève ne réagirent, feignant une lecture attentive, un magazine de programmes de télévision dans les mains :



Paul emboîta le pas de Taty vers la vaste cuisine. Véritable pièce à vivre de l’appartement, la lumière y rentrait à flots par la large baie vitrée. Le moindre rayon de soleil réfléchissait sur les meubles clairs et la pierre façon marbre du sol. Les sandales de bois à talons hauts de Taty claquaient et résonnaient à chaque pas. Lui ayant indiqué l’emplacement de la vaisselle, elle s’éloigna du champ de vision de Paul qui put l’observer à loisir. Il était difficile de donner un âge à Taty, les petites plissures de ses traits trahissaient son âge, mais le hâle de sa peau et son tonus donnaient le change et trompaient les parieurs. Paul lui donnait 20 ans de plus que lui, à peine, non, un peu plus, pas tant que ça. Il la déshabilla du regard à la recherche d’indices. Taty portait les cheveux assez courts, couvrant à peine de fines oreilles ; ses yeux noisette lui donnaient un regard doux qui contrastait avec son dynamisme. Elle portait une simple robe de cotonnade rayée bleu ciel et blanc qui lui allait comme un gant. Seul le galbe de sa poitrine déformait sa silhouette longiligne. Les talons hauts de ses sandales rajoutaient à sa posture élancée, arquant des pieds fins que retenaient sans peine de fine brides de cuir rouge. Pas de bijou, même pas un bracelet.


Cela faisait partie de la réputation de Taty. Elle était célibataire, n’avait pas eu d’enfant (et semblait le regretter secrètement) et n’avait aucune intention d’attirer les mâles dans sa vie bien réglée. Virginie avait expliqué que, plus jeune, Taty avait fait tourner bien des têtes, qu’un jour tous y avaient cru, mais que la séparation qui s’ensuivit sonna le glas de tous les espoirs des marieuses de la famille.

Taty était devenue la grande sœur de tous ses neveux, et la grande copine de leurs amis ; elle dont la vie sentimentale avait été si courte connaissait tout des affaires de cœur de la famille, et les cœurs brisés venaient souvent s’y rétablir. Virginie faisait partie de ceux-là, qui avait invité sa meilleure copine Geneviève pour parfaire sa convalescence. Aussi Taty avait-elle été très heureuse d’apprendre que le gentil Paul qui finissait une mission d’étude dans le midi s’était proposé pour les ramener en voiture sur Paris.


À la demande de Taty, Paul avait préparé un plateau pour l’apéritif.



Evidemment les années de célibat s’accompagnent de petites manies, celle-ci n’était pas la moindre. Pour se faire bien voir et être à nouveau invité, mieux valait ne pas priver Taty de son petit plaisir apéritif. Les deux filles étaient sorties de leur léthargie et l’alcool leur délia les langues et les esprits. En peu de temps, les oreilles de Paul se mirent à bourdonner et les vapeurs du bourbon qu’il avait voulu goûter le transportèrent un instant dans une autre dimension. Face à lui, assise sur une chaise pliante, jambes croisées, Taty papotait activement, rythmant ses paroles par le balancement cadencé de son pied. La sandale se balançait et les brides glissaient peu à peu sur les orteils de Taty qui, d’un petit coup savamment dosé, rétablissait l’équilibre et recommençait de plus belle. Ce balancement excita délicieusement Paul qui ne put détacher son regard des pieds de Taty.



Il essaya avec difficulté de se concentrer sur la conversation, ce qui ne fut pas chose aisée, car Taty avait décroisé et recroisé ses jambes de sorte que c’est l’autre pied, qu’il voyait à présent de face, qui captait toute son attention. Il fut cependant assez attentif pour entendre le signal du déjeuner.


Virginie prépara le café tandis que la bande s’entendait sur un plan. Ce qui ne fut ni long ni difficile, car tous étaient attirés par la plage qui se déroulait sur des kilomètres, à seulement quelques blocs de distance de la maison. Cette particularité était responsable pour beaucoup de l’intense fréquentation de l’appartement de Taty Danielle, qui avait fait vœu de célibat mais pas de solitude.



II.


Ils partirent tous à pied, emmenant l’indispensable matériel de plage, serviettes, chapeaux, lotions, parasol qui leur éviterait de griller sur le sable. Paul délaissa la bronzette et partit nager sans délai ; cette escale niçoise lui permettait de reprendre son souffle après une mission délicate, non pas à cause des difficultés techniques mais de la personnalité désagréable de son client. La nage lui procurait un plaisir complet en même temps qu’une détente du plus infime de ses muscles stressés. Et puis la présence de deux copines, sans compter une Taty décidément hors normes, ne lui déplaisait pas, à lui qui n’était pas très courageux pour lutiner le jupon.


Sur la plage, Taty menait les débats. Les trois filles, le buste relevé en appui sur les coudes observaient à la ronde.



Mais Virginie enchaîna :



Silence embarrassé de Geneviève, qui n’était pas restée indifférente aux charmes de Paul et qui commençait à échafauder des projets.



Sans s’en rendre compte, sa réponse, qui n’était pas positive mais laissait un espoir de voir naître une romance, éclaira le visage de Virginie et de sa tante. Chacune échafaudait en silence des stratagèmes tous plus ambitieux les uns que les autres pour rapprocher Paul et Geneviève en un temps record. Des idées de restos, balade au clair de lune, bain de minuit trottaient dans la tête de Taty Danielle, tandis que celle de Virginie était parcourue de plans boîte de nuit, baptême de l’air en deltaplane et casino. Le silence se fit entre elles, tandis que chacune se perdait en conjectures et elles restèrent ainsi un long moment, allongées en position d’observation des nuages, le corps luisant de crème solaire, les oreilles bourdonnant du bruit des vagues et des cris des baigneurs.



Geneviève poussa un cri perçant et se releva d’un bond lorsque Paul l’aspergea d’eau de mer.



La peau rougie de Geneviève l’avait attiré comme un fanal et avait naturellement désigné sa proie. Elle le prit mal et se renfrogna. En une fraction de seconde, tous les plans s’effondraient, tout était à refaire.

Taty qui ne perdait jamais le nord commençait déjà à échafauder des plans pour sa nièce. « Voyons, voyons, qu’ont-ils en commun, ces deux-là ? » se questionna-t-elle.


Pour marquer sa désapprobation, Geneviève voulu plier bagages. Virginie réussit à l’en dissuader. Ils firent une partie de carte sans grande conviction et voyant que Geneviève persistait dans sa bouderie, Virginie proposa une balade en ville. Les deux filles se dessablèrent, glissèrent dans leurs robes légères, et, sac en bandoulière, sandales à la main, rejoignirent le déambulatoire.



Paul ne se fit pas prier pour y retourner, car l’eau était son second élément, et d’ailleurs Taty avait déjà abandonné ses lunettes solaires dans son sac de plage et se levait. Ils dépassèrent la foule des amateurs de bain de pied, franchirent la barre bruyante des chahuteurs et nagèrent vers le ponton. S’accrochant aux bastingages, ils reprirent leur souffle. Au-dessus de leurs têtes, des gamins effrontés plongeaient, s’aspergeaient en riant.



Paul distinguait vaguement la bouée jaune dans la nuée de lumière qui éclaboussait la mer. La distance ne lui faisait pas peur, il se demandait simplement s’il était bien raisonnable pour sa compagne d’échappée de nager sur de si longues distances hors de toute surveillance. Ils nagèrent calmement dans une mer sans clapot. Paul plongeait la tête sous l’eau le temps de quelques brasses pour se rafraichir. Plus ils avançaient, plus l’eau était fraîche.

L’approche de la bouée n’en finissait pas ; elle semblait les narguer en dansant au bout de sa chaîne. Paul se retourna plusieurs fois pour évaluer la distance par rapport à la plage : la côte était définitivement plus belle vue de la mer. Les voiliers qui croisaient non loin d’eux à présent devaient jouir d’un panorama exceptionnel.


Ils finirent par toucher la bouée mais ne purent vraiment s’accrocher à sa forme conique.



Ils ne s’attardèrent pas plus longtemps, virèrent la bouée de bord et rejoignirent le littoral. Ils nageaient en silence. Paul observa que Taty Danielle fermait les yeux tout en nageant.



Ce qu’elle fit. Arrivé non loin du ponton elle lança :



Joignant le geste à la parole, elle coula la tête sous l’eau, allongea le bras et commença à prendre de la vitesse dans un crawl impeccable. Paul en resta un instant surpris, étonné de voir cette élégante torpille humaine fendre l’eau sans une éclaboussure. À son tour, il démarra mais ne put jamais remonter son adversaire. Il tenta bien une accélération, mais, le souffle court, il dut s’avouer battu et son cœur battait la chamade lorsqu’il rejoignit Taty Danielle.



Le soleil déclinait et les éblouissaient, il ne voyait que le visage de Taty Danielle danser au-dessus de l’eau à contre jour. Imperceptiblement, elle s’approcha de lui suffisamment pour qu’il entende dans un souffle.



Elle s’approcha encore, le clapot claquait en se brisant, le temps semblait suspendu, ils n’entendaient même plus les piaillements autour d’eux. Ils appliquèrent leurs lèvres, goûtant le sel qui s’était déposé et la fraîcheur quasi sucrée de leurs langues.

Taty Danielle lâcha prise et se laissa sombrer. Paul fut un instant paniqué, et vidant ses poumons se propulsa sous l’eau pour y découvrir Taty faisant quelques brasses en apnée. Il l’observa remonter à la surface, le visage radieux. Il nagea vers elle, fort intrigué et tenté par une prolongation du gage. Mais le doigt dressé de Taty Danielle entre leurs deux bouches l’en empêcha. Cette provocation l’excita, et sa verge se banda à tout rompre dans le slip de bain étriqué.

Virginie l’avait prévenu, sa tante était tout sauf prévisible, et c’est ce qui faisait son charme ; mais elle en devenait déconcertante et mieux valait ne pas fonder d’espoir ni bâtir de projet sur ses paroles. Paul s’en souvint et n’insista pas.


De toute façon, elle avait repris sa nage, en brasse cette fois-ci, sans s’interrompre jusqu’au bord de la plage où elle prit pied. Il suivait à courte distance, évitant de justesse un ballon qui ne lui était pas destiné. Quelle ne fut pas leur surprise de retrouver les deux filles, assises sur la murette en train de déguster des glaces en cornet, à proximité de leur camp de base.



Se protégeant du soleil avec la main, Paul et Taty Danielle observaient les filles qui balançaient les jambes.



Virginie arborait une robe fourreau en batik, très tendance néo baba cool. Geneviève avait adopté un charmant petit bustier en coton blanc tricoté en grosses mailles, dévoilant de prometteurs petits espaces de peau brunie à chaque mouvement. Plus classique mais pas moins sexy, un short en jean s’ajustait à la perfection à son bassin, mettant en valeur ses jambes fines et des pieds minces qu’habillaient une paire de sandales égyptiennes.

Paul, qui se remettait de ses émotions, fut troublé par le revirement de l’attitude de Geneviève. Si elle avait fait un bout de chemin vers la réconciliation, il ne serait pas goujat et se montra aimable :



Ayant remis son bermuda, Paul banda à son aise en observant le dandinement de la poitrine de Géneviève. Rien ne le mettait plus mal à l’aise que d’exposer sa raideur publiquement. Il se posait la question de savoir qui, des seins de Geneviève ou de son bustier soutenaient l’autre. Sur le chemin du retour à l’appartement, il se tenait derrière elle, observant le déhanchement du short en jean : un régal.



III.


Virginie jubilait, et ne perdait pas une miette du spectacle en observant le résultat brillant de sa médiation. Elle avait réussi à raccommoder ce qui semblait définitivement déchiré, et mieux même, à propulser sa meilleure copine dans les bras d’un beau mec. Oh, pas un Apollon, mais un mec bien gaulé qu’elle inscrirait peut-être un jour sur son carnet de bal.


Elle exulta même lorsque, mettant sa tante dans la confidence, elles imaginèrent un stratagème pour rapprocher encore Paul et Geneviève. Taty Danielle, fouillant dans les placards de sa cuisine, s’interrogea à voix haute :



Tout en disant ces mots Taty Danielle sentit sa gorge se nouer un peu, mais elle se reprit et lança immédiatement à la cantonade :



Question immédiatement suivie par la réponse convenue de Virginie :



Taty enchaîna :



Elle se mordit les lèvres pour ne pas ajouter un trop convenu : « Et surtout, soyez sages ! »


Les deux complices échangèrent un clin d’œil entendu lorsque la porte claqua.


Paul était flatté par la compagnie de Geneviève, et celle-ci, chauffée à blanc par les compliments de son amie, était rose de plaisir. Geneviève parlait pour deux, commentant la moindre ruelle, la plus insignifiante boutique, jusqu’au nom des rues, impasses comprises. Paul accomplissait des prouesses pour marcher droit tout en lorgnant de travers pour apercevoir l’aréole des seins de Geneviève qui dansaient à la cadence de leurs pas, et dut user de stratagèmes pour remettre discrètement son membre raidi dans le droit chemin de son slip.


Sous couvert de nonchalance, l’un et l’autre cherchaient intensément un moyen de s’isoler, ne serait-ce qu’un instant, pour provoquer le destin. Paul imagina de coincer sa proie sous une porte cochère, dans les toilettes d’un bar et Geneviève tentait de dérouler des scenarii hardis dans des cabines d’essayage, des banquettes arrière de taxi et autres lieux improbables. L’esprit accaparé par la planification de leurs stratagèmes, ils furent presque surpris d’arriver aussi vite chez Karim, le fidèle et dévoué fournisseur de Taty Danielle.


Le pas qu’ils franchirent pour passer le seuil de l’échoppe les transporta dans un autre pays, un autre monde fait d’odeurs et de saveurs rares. Maître chez lui, Karim était la seule personne au monde capable de s’y retrouver dans ce bric-à-brac alimentaire. L’ordonnancement improbable des boîtes, pots et bouteilles répondait à une logique dont lui seul tenait les clés. Mieux valait demander directement à Karim ce pourquoi on entrait chez lui, ce que fit immédiatement Geneviève :



Karim eut sa réponse en observant les joues empourprées de Geneviève, aussi rouges que ses piments.



S’ils ne s’étaient pas trouvés dans une étroite et passante rue du centre ville, il l’aurait troussée sur place. Et sa verge plus rigide que jamais avait glissé dans une jambe de son bermuda de sorte que chacun de ses pas lui frottait le gland dans un processus d’auto-excitation.


La discussion glissa sur Virginie. Geneviève acheva de révéler à Paul tous les détails de la vie publique et privée de Virginie. Une façon commode de mettre en relief ses propres goûts et dégoûts. Et comme Geneviève et Virginie se connaissaient depuis l’école primaire, elle en avait des histoires à raconter. De fait, ils arrivèrent au pied de l’immeuble sans s’en rendre compte et sans avoir réussi, ni l’un ni l’autre, à concrétiser un plan d’attaque frontale. Ils se retrouvèrent dans la situation où un garçon propose à une fille de prendre un dernier verre, et où le hall d’entrée devient le théâtre de la parade amoureuse. Cette fois, ils se parlaient de face et Paul put détailler le corps svelte de Geneviève. La fraîcheur du marbre du hall de l’entrée contrastait avec la tiédeur de cette fin d’après-midi, fripant et durcissant les pointes des seins de Geneviève. Un résident coupa court à leur discussion, et ils s’engouffrèrent dans l’ascenseur qui venait d’arriver. Dès que les portes métalliques se furent refermées, ils s’enlacèrent spontanément, s’embrassèrent goulûment au point que Paul en eut mal à la langue. Ses mains remontèrent avec une précision et une adresse diabolique vers les lobes des seins de Geneviève qui répondit en se cambrant outrageusement vers lui.


Ils revinrent sur terre lorsque la secousse de la cabine annonça leur arrivée au sixième étage. Geneviève rajusta son bustier et tenta d’ordonner sa coiffure en passant les doigts dans ses cheveux clairs. Au moment où elle enfonça le bouton de la sonnette, elle fit langoureusement glisser sa langue sur ses lèvres, ce qui acheva le trouble de Paul. Du reste, il y a des signes qui ne trompent pas, et qui n’échappèrent pas à Virginie, qui leur demanda :




IV.


Virginie et sa tante s’étaient activées pendant tout ce temps et surpassées en cuisine. Des choses simples cuisinées avec goût, disait Taty Danielle à l’envie.



Le téléphone sonna pour Virginie, qui abandonna sa tante et Paul dans la cuisine. Taty Danielle avait revêtu une ample et fine salopette par-dessus un petit maillot marin rayé de bleu marine et blanc. Ses bas de pantalon roulés dévoilaient la naissance de ses chevilles et les sandales à bride rouge qui l’avaient intrigué et fasciné la veille.

Clac, clac, clac, dans un sens, clac, clac, clac dans l’autre. Paul ne parvenait pas à détacher son regard du sol, au point que Taty Danielle s’en rendit discrètement compte.



D’un geste expert, elle fit tourner le breuvage dans le verre pour en humidifier les parois et plongea le nez dans le ballon.



Elle trempa les lèvres, aspira avec un petit gargouillis, fit circuler le liquide dans sa bouche et l’avala lentement. Elle tint les lèvres fermées un instant, le temps d’apprécier chaque composant de la saveur : boisé, fruité, subtilement amer.

Paul, lui, buvait Taty Danielle des yeux, ses pieds, ses hanches souples qu’il revoyait onduler sur l’eau, son visage ovale et accueillant, ces petites mèches savamment rebelles qui allaient si bien avec le caractère tonique de cette femme mûre. Perchée sur un des tabourets de bar qui encadraient le comptoir de sa cuisine américaine, Taty Danielle avait instinctivement recommencé à jouer avec ses socques de bois ; exaltée par le vin, un peu énervée par la présence de Paul, elle rata une reprise et la sandale tomba bruyamment sur le dallage. Ses yeux et ceux de Paul se fixèrent sur le sol.



Taty Danielle avait interrompu le bref silence sur un ton calme et dominateur, un brin obséquieux. Paul fut troublé, et sans même tenir compte de l’entrée possible de Virginie, il posa lentement son verre, glissa du tabouret, se pencha, ramassa la sandale et la fit glisser avec délicatesse sur le pied offert de son hôtesse.



Leurs regards se croisèrent, s’évitèrent, se fixèrent à nouveau tandis qu’ils portaient leurs verres à leurs lèvres. Le trouble que ressentait Taty Danielle était perceptible par Paul et se renforçait en repensant aux mots de Virginie.



De toutes ces histoires, Geneviève n’avait cure. Rapidement rincée du sel et de la sueur accumulée pendant la journée, elle avait décidé de consacrer du temps à parfaire les apparences de son corps. Elle avait inspecté l’épilation de ses aisselles, le satin de ses jambes, remontant vers son pubis dont l’ordonnancement de la toison la laissa insatisfaite. Agenouillée dans le vaste collecteur de la douche, elle ouvrit les cuisses, se couvrit de mousse à raser et joua habilement du rasoir. Se rinçant, elle contempla le résultat : une barrette claire, régulière et drue couvrait ses grandes lèvres. « Pas assez provoquant » estima-t-elle. De nouveau elle se prépara à la tonte et fit aller et venir le rasoir qui se satura rapidement en poils pubiens. Le résultat était assez satisfaisant. La barrette s’était réduite à un trait prononcé, peu épais. Elle distinguait facilement sa fente à travers sa courte toison. Jamais Geneviève ne s’était aventurée aussi loin dans ses efforts pour paraître sexy. C’est justement Virginie qui lui avait appris à se faire le « slip » pour l’été. Poussée par une pulsion, sans même s’enduire de crème, elle se rasa intégralement. Au bord de l’orgasme, elle fit disparaître les dernières traces pileuses, se rinça et s’amusa à faire poindre son clitoris agacé.


Elle fut tentée de se caresser, mais alors à quoi bon tous ces préparatifs, si Paul n’était pas invité à la fête. Le cognement sur la porte la ramena à la réalité.



Elle conserva son body fétiche et troqua le short pour une courte jupe portefeuille en jean, sans slip. Géneviève se sentait des ailes et un appétit dévastateur.

La peinture impressionniste s’invita pour l’apéritif : ils découvrirent ce goût commun pour une époque prolixe en œuvres à présent réputées. Geneviève se voyait en Olympia et même incarnée dans la jeune femme du déjeuner sur l’herbe. Naturelle à force d’être impudique. Elle rayonnait de désir et Virginie qui la connaissait quasiment sur le bout des doigts décoda tous ces signes, à commencer par l’absence de culotte que les croisements de jambes répétés de Geneviève mettaient en évidence.


Le téléphone sonna. Chacun resta interdit, car cet instrument de communication pourtant courant était pratiquement inactif chez Taty Danielle : elle préférait l’écriture, y compris électronique et même les déplacements. Elle trouvait le téléphone hypocrite et malsain : avec ces téléphones portables, qui sait d’où appellent les gens.



Et Virginie d’expliquer que Sophie, la fille d’une amie de sa mère devait faire un transit entre l’aéroport et la gare, que la personne qui devait s’occuper d’elle s’était cassé le bras et qu’il fallait à tous prix convoyer la gamine de 12 ans pour qu’elle ne rate pas sa correspondance.



Deux minutes plus tard, tels deux puissants aimants, Paul et Geneviève se ruaient l’un sur l’autre et s’étreignaient sans retenue. Paul voulait tout toucher, tout de suite, tandis que Geneviève gémissait de désir.


De l’autre côté de la porte d’entrée, Taty Danielle et sa nièce ne manquèrent pas une miette des cris et vagissements qui emplissaient l’appartement. Elles se retirèrent discrètement de peur d’être surprises dans une situation inconfortable par un voisin de palier. Leur stratagème avait réussi sur toute la ligne : la copine de Taty Danielle avait appelé à l’heure prévue, le reste n’avait été qu’un jeu d’enfant.



V.


Tandis qu’elles sirotaient le prolongement de leur apéritif dans un proche café, elles riaient de leurs facéties et imaginaient la scène : Geneviève sur Paul, Paul sur Geneviève, debout, assise, accroupie.


Effectivement, le spectacle qu’offraient les deux jeunes amants ne manquait pas de piquant. Paul fouillait vigoureusement la poitrine de Geneviève, son ventre, ses cuisses, ses pieds. Geneviève repartait inlassablement à l’assaut des lèvres de Paul, glissait sous l’effet des caresses, lui plantait les ongles dans les bras pour s’agripper à lui. D’un geste expert, il déboutonna la jupe de Geneviève qui glissa en dévoilant la nudité obscène de Geneviève. Il ne put s’empêcher de pousser un petit cri admiratif qui décupla les envies de sa partenaire. Il s’installa entre ses cuisses et déposa de petits baisers nerveux sur les lèvres offertes de Geneviève, mais celle-ci impatiente le tira à elle et s’appliqua à déboucler sa ceinture, déboutonner son pantalon de toile qu’il fit glisser en le repoussant avec les pieds.



Elle le provoqua même par quelques mots crus et bien choisis. C’est ainsi « qu’elle fut prise », « qu’il lui mit toute », « qu’il ne s’arrêta pas » y compris quand elle hurla littéralement dans le seul unique et formidable orgasme qu’elle eut. En nage, elle vint se réfugier dans ses bras reprenant progressivement son souffle. Car elle s’était finie toute seule, empalée sur son amant, gigotant comme une damnée, les seins débordant de dessous son bustier, battant le rythme de leur ébats. Elle avait senti le sperme chaud gicler contre son utérus et s’était abandonnée à son tour.


Paul pouvait à présent la contempler tout son saoul, petit animal craintif, blotti contre lui. Sa peau humide reflétait les derniers éclats de la lumière du jour. Il la caressa lentement et posa ses lèvres sur les tétons encore durs de Geneviève.



Elle avait le sexe en feu, tant leurs ébats avaient été intenses ; la sève de Paul s’écoulait du haut de ses cuisses, mais elle n’en avait cure, seule comptait la volupté de l’instant présent.

Le temps de rassembler ses esprits, Geneviève commença à évaluer les dégâts provoqués par leurs ébats d’un coup d’œil circulaire, coussins à terre, vase renversé, revues froissées… un vrai champ de bataille.


À quelques menus détails près, la pièce avait retrouvé son apparence originelle lorsque les clés de Taty Danielle tournèrent dans la serrure.



Virginie eut du mal à se retenir de pouffer ; l’esprit un peu embrumé par les trois Martini successifs, elle avait du mal à contenir son hilarité. Fine mouche, sa Tante expliqua que la gamine les avait fait beaucoup rire en racontant son voyage à côté d’une grosse dame qui était sa voisine de siège et qui avait été fort désagréable pendant tout le temps que le vol avait duré. La ficelle était un peu grosse, mais tous avaient de bonnes raison de l’accepter.


Au cours du dîner, Taty Danielle les interrogea sur leurs plans du lendemain. Ils devaient tous remonter sur Paris, mais à quelle heure ? Voulaient-ils que Taty prépare des sandwichs ? À boire ? Les filles avaient-elles pris le linge fraîchement repassé ? Autant d’aspects logistiques qui les dégrisèrent et leur fit reprendre brutalement le contact avec les réalités.


Taty Danielle enrôla Paul pour préparer le lit d’appoint de son bureau. Un véritable petit bureau meublé de bois sombre et tendu de tissu vert. Un petit lit, à mi-chemin entre une méridienne et un véritable lit bateau occupait le pan de mur opposé à la fenêtre.



Ils y jetèrent une paire de drap et une couverture légère qu’elle borda méthodiquement. Paul avait à nouveau les yeux rivés aux pieds de Taty Danielle



Paul rougit de confusion et protesta pour la forme :



Elle attrapa un oreiller dans un des meubles, l’emmaillota dans une taie et le jeta à la tête de Paul qui ne s’attendait pas à cette facétie ! Elle rit de son embarras, le lui reprit des mains, le tapota pour le faire gonfler et le déposa avec soin à la tête du lit.



Paul eut soudainement envie de la prendre par la taille, de l’attirer à lui, de sentir son corps contre son corps, de lui voler un baiser sucré. À l’opposé de sa soudaine pulsion, sa volonté était annihilée, et il eut la sensation que toute force l’abandonnait. Il devint un peu pâle et son hôtesse s’en aperçu.



Paul se repassait le film de ses derniers jours, la tension de sa mission, la baignade, l’explosion de sensualité et cette douceur à nouveau. Un sentiment indescriptible s’emparait de lui.



Et s’abandonnant complètement, il devint totalement transparent :



Taty Danielle se sentit flotter un instant.



Taty Danielle piqua du nez et observa ses orteils réguliers retenus par les fines brides de ses sandales.



Le regard tendre de Paul la fit littéralement fondre.



Il se mordit les lèvres et décida de jouer franc jeu :



Sensible à son embarras et à ses accents de sincérité, Taty Danielle eut très envie de lui ouvrir les bras, de lui ouvrir son cœur. Une fine larme glissa de ses paupières. Elle le déshabilla du regard, le désira intensément et mentit effrontément :



VI.


Chacun s’installa pour la nuit, les filles dans le lit double de la chambre rose,

« la bonbonnière » comme l’appelait Virginie. Geneviève brûlait d’envie de confier ses aventures à son amie, et Virginie se préparait au plaisir des descriptions détaillées de Geneviève. De petits éclats de rires fusaient de leur chambre, tandis que Paul se glissait sous les draps. À peine avait-il eu le droit d’embrasser ses amies, et pire que tout, il n’avait pas réussi à accrocher le regard de Taty Danielle. Elle s’était prestement esquivée dans sa chambre après avoir lancé un « bonsoir » à la cantonade, mais qui sonnait faux.


Paul se tournait et de retournait dans le lit étroit à la recherche du sommeil. Les images de la journée défilaient à toute allure, comme les symboles d’une machine à sous : sur quelle combinaison le jeu s’arrêterait-il ? Taty Danielle et Virginie et Geneviève : il fantasma sur une partie fine à quatre, entouré qu’il aurait été d’un harem séduisant. Il sombra dans un premier sommeil agité, des voiles dansant devant ses yeux, les narines imprégnées des odeurs de chez Karim. Des éclats de lumière perçaient sa nuit et lui rappelaient les rayons de soleil que les vaguelettes accrochaient. Le souvenir des lèvres de sa rivale à la nage le calma, il lui sembla qu’elle était là, qu’elle le frôlait tout en nageant près de lui. Une légère pression sur son visage le tira de ses songes. Ses paupières s’animèrent, il voulut ouvrir les yeux pour se prouver qu’il ne rêvait pas, mais une douce caresse descendant de son front lui commanda délicatement de ne pas bouger. Ses narines reconnurent un parfum étranger, une caresse humide glissa sur ses lèvres. Il voulu la poursuivre, mais un doigt se posa sur ses lèvres tandis que son agresseur lui susurrait des mots d’apaisement :



Paul reconnu la voix apaisante de Taty Danielle. Elle avait dû s’accroupir près du lit, car il ne sentait pas son poids sur le matelas. Elle lui caressait délicatement le visage. Il tentait de reconstruire son corps de mémoire, tandis qu’elle commença :



Taty Danielle s’interrompit un instant :



Nouvelle longue pause de Taty Danielle pendant laquelle Paul sentit d’imperceptibles tremblements de sa main.



Le retour fut malheureusement plus chaotique. Dans l’avion qui nous ramenait en France, j’évoquai mes projets professionnels. Mon diplôme d’ingénieur en poche, j’aspirais à la mise en pratique de mes laborieuses années d’étude. La réponse fut cinglante et impérieuse : la femme de Salim ne doit pas travailler, elle doit rester à la maison et être une bonne mère ! Le rêve commençait à se rompre, le bateau prenait l’eau de toutes parts. Contre mauvaise fortune, je tâchais de faire bon cœur, et j’en arrivais même à souhaiter une rapide grossesse. Salim s’appliquait d’ailleurs généreusement dans cette tâche. Je me laissais plus ou moins faire, et mon manque d’ardeur finit par l’irriter ; de mon côté j’en perdais le sommeil et l’appétit, ce qui tirait mes traits et creusait mes formes. Puis vinrent les trahisons.


Taty Danielle marqua à nouveau une pause.



Elle avait posé sa tête sur le ventre de Paul, et c’est lui qui caressait machinalement sa courte chevelure. Un silence paisible s’installa entre eux. Le calme de Taty Danielle contrastait totalement avec son dynamisme, sa légèreté. Il redoutait de casser le charme, de briser la confiance qu’elle lui avait témoignée en lui déroulant le film de sa vie passée. Il devait faire quelque chose d’exceptionnel, de merveilleux pour cette femme blessée qui le troublait.



Une idée lumineuse avait traversé son esprit ; surprise, Taty Danielle releva la tête et chercha son regard. Paul s’était relevé en appui sur les coudes, il poursuivait sa pensée. Il s’assit au bord du lit tandis que Taty Danielle se tenait assise sur les talons.



Puis il s’habilla à la hâte et disparut en silence. Une bonne demi-heure plus tard, il faisait une réapparition en fanfare dans l’appartement.



VII.



Les occupantes émergèrent mollement, trahissant toutes, mais pour des raisons différentes, leur manque de sommeil.



Peu à peu la maisonnée bourdonna des préparatifs.



Taty Danielle mettait aussi la main à la pâte.



Plus tard, leurs voix résonnèrent dans le hall d’entrée puis dans le garage à voitures. Paul fit jouer la télécommande de sa voiture qui lui répondit d’un clin d’œil lumineux et sonore « tiouit, tiouit ». Ils chargèrent leurs sacs, les provisions de bouche, leurs petits effets et s’installèrent à bord. Déjà Taty Danielle leur faisait de petits signes d’au revoir, triste de laisser s’envoler sa sympathique petite troupe, sans même savoir ce qui était passé par la tête de Paul lorsqu’ils s’étaient retrouvés seuls, en tête à tête, à l’aube. Cependant, ce dernier lui adressait un charmant sourire, ce qui la consola un peu.

La voiture démarra au premier tour de clé, Paul embraya avec douceur, mais la voiture s’immobilisa instantanément, moteur calé. Il insista sur le démarreur, souleva le capot pour tenter d’identifier une cause de panne, le referma en bougonnant, tenta à nouveau de lancer le moteur et finit par épuiser la batterie. La tuile. De plus un voyant rouge illuminait la planche de bord, doublé d’un message sans équivoque : « Engine down ».


Les filles commençaient à s’agiter et Paul appela l’assistance technique. Seule Taty Danielle semblait sereine.



Et comme les deux copines étaient de la même promotion, le même sentiment d’inquiétude habitait aussi Geneviève.



Les bagages furent rapidement transbordés d’une voiture dans l’autre et Paul prit le volant de la petite auto.



VIII.

Le cœur de Paul battit la chamade lorsqu’il pénétra dans le hall de l’immeuble. Il repensait à la veille en pénétrant dans l’ascenseur : « Au revoir Geneviève, bonjour Danielle ».

Libéré de son cortège féminin, doté d’un sérieux alibi pour justifier une journée de retard, il poussa la porte de l’appartement.



Il déposa les clés de la voiture sur le guéridon et avança à pas feutrés.



Elle n’avait même pas relevé le nez de la casserole dans laquelle elle préparait un fond de sauce. Sentant sa présence, elle lui adressa un sourire radieux.

Paul cru défaillir : taty Danielle était vêtue… d’un simple tablier de cuisine et de ses sandales à brides rouges. Elle se tourna vers lui et l’interpella ironiquement :



L’évocation de la pilosité de son hôtesse ne fit que renforcer la raideur qui déformait son pantalon de toile.



Paul se glissa habilement sous le bras tendu qui retomba délicieusement sur son épaule. Ils se faisaient face, elle, offerte dans sa quasi nudité, et lui, admiratif, intimidé, mais gourmand de ce fruit mûr.

Ils se dévisagèrent un long moment, se retinrent d’approcher leurs lèvres. Ils avaient tout le temps de commencer à s’apprivoiser.



Paul la contemplait à contre jour, fine silhouette légèrement cambrée car juchée sur ses socques de bois. Comme il restait là, un peu interdit, elle lui suggéra :



N’ayant rien de mieux à faire, il suivit le conseil. Sa verge toujours horizontale en disait long sur ses aspirations, la douche tiède n’y changea rien, et il s’appliqua dans sa toilette intime.


En sortant de là, il était toujours raide et hésita : se pointer comme ça, nu comme un ver, la lance pointée vers l’assaillant, lui prendre un peignoir qui serait trop court et le rendrait ridicule, se ceindre d’une serviette en guide de pagne, et voir son gland dépasser comme s’il suffoquait sous le tissu éponge ? Il essaya de penser à des choses désagréables dans l’espoir de faire retomber la pression, mais en vain. Se rhabiller eut été synonyme de fuite et de timidité. Il se rongeait les sangs lorsque Taty Danielle frappa discrètement à la porte.



Elle le dévisagea et lui adressa un sourire désarmant. La nudité de son invité ne semblait pas la troubler le moins du monde, ce qui acheva de décider Paul.



Paul goûtait au plaisir d’exécuter les gestes de la vie courante en tenue d’Adam, pour le plaisir, et, comble de l’érotisme, en présence d’une femme, d’une femme désirable.

Ils s’installèrent sur les tabourets hauts et dégustèrent leur café à petites lampées. Comme à l’accoutumée, Taty Danielle fit inconsciemment jouer sa sandale sur ses orteils. En revanche, elle prit rapidement conscience du désir grandissant de Paul. Délurée, elle lui demanda :



Elle lèva la jambe pour mieux montrer ses orteils déployés en éventail. Il glissa du tabouret, de sorte qu’il puisse facilement attraper la cheville levée. Il caressa le pied tout son saoul, glissa les doigts entre les orteils, fit jouer la sandale sur le pied. Il la retira délicatement et s’agenouilla pour approcher le pied de ses lèvres. Il entendit la tasse de sa partenaire rejoindre sa soucoupe, sa main caressa sa tête en signe d’encouragement. Il fit glisser le bout de sa langue sur les orteils avec délectation, avec et sans la sandale, jouant des réactions de Taty Danielle à ses explorations.


La vie sentimentale de Taty Danielle était tellement loin de ce jour, enfouie sous des flots de pleurs et de regrets, qu’elle ne trouvait plus les mots pour exprimer son plaisir. Mais sa respiration profonde, ses tremblements en disaient long sur le bonheur qui diffusait en elle. À un moment où ses deux pieds étaient chaussés, elle glissa à son tour du tabouret, se pencha pour saisir Paul par-dessous l’épaule et l’inviter à se relever.


Debout face à lui, les jambes légèrement écartées, elle dénoua les liens de son tablier, qui s’échoua au sol.



Elle plaça ses mains derrière sa nuque, écarta les coudes en inclinant légèrement la tête en arrière. Aucun des détails de son anatomie ne pouvait échapper à Paul. Il examina langoureusement les lignes de ses hanches, la courbure de ses jambes, la souplesse des lignes de ses seins. Se prenant au jeu, il la contourna, compléta son appréciation en caressant du regard la cambrure de son dos et la finesse de ses fesses. La contournant encore, il revint face à elle en se rapprochant. Elle ferma les yeux. Il posa un doigt à la naissance de son cou, glissa entre ses seins, dévala le long de son ventre ferme pour se perdre dans le velours de son pubis. Des perles de sperme s’échappaient de son gland turgescent. Un rien aurait suffit pour déclencher l’orgasme.



Elle ne bougea pas.



Elle resta immobile.



N’y tenant plus, elle partit d’un grand éclat de rire.



Ils s’étreignirent et s’embrassèrent. C’en était trop pour la verge de Paul dont le gland frotta le ventre de sa partenaire et éjacula en une série de jets puissants, atteignant la base des seins de Taty Danielle. Ils en rirent et se maculèrent de sperme en se serrant l’un contre l’autre.


Leur première douche en commun fut source de jeux et prétexte à de multiples caresses. Il la força à garder ses talons hauts pour pouvoir atteindre ses lèvres sans avoir à se courber. Ils vidèrent une bombe de mousse à raser, faillirent se noyer dans les bulles du gel de douche renversé, se massèrent et ne cessèrent leur jeux que lorsque l’eau froide remplaça l’eau chaude à la sortie du robinet. Ils se séchèrent mutuellement, s’embrassèrent beaucoup. Soudainement sérieuse, Taty Danielle saisit un miroir à main, écarta légèrement les cuisses, fendit les lèvres de son sexe et observa la cicatrice qui avait remplacé la perle fine de son intimité.



Paul était à nouveau gêné par l’impudeur déconcertante et finalement si naturelle de Taty Danielle.



Il fit pénétrer sa langue dans la bouche de sa partenaire qui engagea un duel passionné. Il lui saisit une cuisse, libérant le passage de son sexe et présenta sa verge reconstituée. Elle respira profondément, chercha son équilibre et se laissa pénétrer. Le gland de Paul se frayait un passage dans le fourreau étroit de Taty Danielle qui geignait et plantait de plus belle ses ongles dans les épaules de son amant.



Elle se dégagea, le prit par la main. Sur le seuil de sa chambre, elle poussa la porte et fit une pause :



Avec infiniment de tendresse, il la déposa dans son lit à baldaquin. Elle prit ses aises, étendit les bras et ne les referma sur elle qu’une fois repue de plaisir, ruisselante et essoufflée.



Ils restèrent des heures ainsi, ou peut-être des minutes seulement. Mais le temps ne comptait plus.



IX.

Ils furent tirés de leur rêverie par la sonnerie du téléphone cellulaire de Paul.



Leurs ébats ayant ouvert leurs appétits, ils s’activèrent à la cuisine. Paul était un élève appliqué et Taty Danielle une fine cuisinière. Un agréable fumet s’échappait des casseroles.

Ils s’installèrent sur la table ronde ou ils dressèrent une table de fête. Pour compléter l’ambiance, ils enfilèrent tous deux une djellaba. Paul enfila le bout des pieds dans une paire de babouches trop petites qui lui faisaient des pieds de clown, ce qui fit éclater de rire sa partenaire.


La chambre bleue les accueillit à nouveau pour la sieste. Couchée sur le dos, Taty Danielle immobilisa la main de son amant sur sa poitrine. Elle se répandait en confidences, ouvrant son cahier intime de la première à la dernière page. De longs silences ponctuaient son récit. Elle parlait de ces hommes qui avaient essayé de la séduire, de la tentation qu’elle avait ressentie, de ses fuites. Une fois, elle était allée jusqu’à donner un rendez-vous secret. Depuis sa petite voiture, masquée par les vitres fumées, elle l’avait observé, assis à la terrasse d’un café, à la table même où ils avaient prévu de se rencontrer. Elle avait surpris son impatience, regardant sa montre et tapotant nerveusement le bord de ma table. Elle démarra en trombe et roula pendant une heure dans l’arrière-pays, les yeux embués de larmes. Elle se perdit, fit entrer la voiture dans un chemin pierreux et marcha droit devant elle. Le champ des grillons, le souffle du vent l’accompagnèrent. Elle s’assit sur un bloc de calcaire et contempla la nature. Au contact de la nature, elle redevenait sereine, c’était son monde, simple et exigeant.


Elle racontait cela avec tant de poésie que Paul se sentait transporté dans ces aventures aériennes, aquatiques et terriennes. Il frémit à l’évocation de l’expérience de spéléologie à laquelle se livra Taty Danielle. L’idée même de s’enfoncer sous terre lui glaçait le sang. Il se surprit à repenser aux contes de fées de son enfance, ces êtres magiques, irréels, plutôt gentils mais exigeants. Voilà, il avait trouvé une clé : Taty Danielle était une fée, et il lui faudrait développer des trésors d’ingéniosité pour l’apprivoiser. Car une idée, c’est un peu comme un papillon : il lui faut de l’espace, de la liberté, c’est fragile et fugace. En retour, un papillon, est magnifique quand il volette de fleurs en fleurs en déployant ses larges ailes soyeuses et colorées.



Taty Danielle se retourna vers lui, surprise, touchée par cette attention délicate. Pour lui marquer sa gratitude, elle posa délicatement sa main sur sa joue, et lui répondit avec une désarmante sincérité :



Ils partirent dans un fou rire.


La ritournelle du téléphone cellulaire de Pierre les arracha à leur joie.



Pour une fois qu’ils ne sont pas en retard, maugréa Paul en raccrochant. De fines traces humides coulaient le long des joues de Taty Danielle.



Elle pleurait en silence, cachant ses larmes en enfouissant la tête dans son oreiller.

Paul revint s’allonger près d’elle, et fit glisser un doigt de la racine des cheveux de sa partenaire jusqu’à la naissance de ses chevilles. Il ne dit rien et réfléchissait. Seule la pensée de ce tendre bonheur lui revenait en boucle. Il avait possédé Geneviève dans un accès de folie, mais il désirait ardemment cette femme mûre.


L’abandonnant un instant, il revint avec le feutre dont se servait Taty Danielle pour noter les courses du jour. Il s’appliqua à dessiner des marguerites sur les épaules, sur les hanches et sur les cuisses de sa partenaire. Il esquissa un couple de papillons sur ses épaules. Il lui prit délicatement la main et l’invita à se relever et à se regarder dans le miroir du dressing :



Elle se pendit à son coup, l’embrassa tendrement et lui mordit le cou :




X. Epilogue


Ils s’étaient donné rendez-vous à la terrasse d’un café. Taty Danielle l’attendait en sirotant un citron pressé. Elle avait choisi une tunique chinoise blanche, boutonnée jusqu’au cou, mais dont la finesse ne laissait rien ignorer de l’anatomie de celle qui la portait. Comme elle en avait l’habitude, elle faisait jouer une de ses tongs au bout de ses orteils. Elle le vit, la semelle de bois fit un bruit mat en tombant. D’un trait elle se leva. Ils ne se quittèrent plus du regard, leurs corps se plaquèrent étroitement l’un à l’autre. Le cœur de Taty Danielle battait la chamade.


Paul et Danielle se sont mariés l’été dernier.