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Temps de lecture estimé : 42 mn
15/07/07
Résumé:  L'unique version non formatée pour tous publics d'un épisode de Sydney Fox... pour les lectrices et lecteurs adeptes d'action, d'archéologie approximative et d'érotisme racoleur.
Critères:  fh ff hmast fellation pénétratio fsodo humour aventure
Auteur : Manuel            Envoi mini-message
Le sceptre de la Reine des Amazones



Starring


Sydney Fox

Charmeuse et intuitive, Sydney est un professeur dynamique, adepte des reconstitutions historiques. Son père était un ingénieur globe-trotter qui l’a emmenée dans ses expéditions à la mort de sa mère. Initiée aux arts martiaux, elle a étudié l’histoire et les civilisations anciennes à l’université de Trinity où elle enseigne désormais.


Nigel Bailey

Recruté pour aider Sydney Fox, Nigel est un séduisant garçon tout à fait du genre à compliquer les situations. Il préfère travailler dans l’atmosphère poussiéreuse d’une bibliothèque plutôt que de parcourir le globe, ramper dans des tunnels humides ou esquiver des balles. Mais il ne peut rien refuser à Sydney, qui l’entraîne dans ses péripéties.


Claudia

Claudia est la fille d’un ami du président de l’université. Malcolm Morris l’a nommée secrétaire de Sydney au département d’Histoire. Davantage intéressée par la mode et la musique que par les reliques en tous genres, Claudia s’intéresse peu aux activités de sa patronne mais la tient au courant de ce qui se passe à l’université en son absence.



L’unique version non formatée pour tous publics d’un épisode de Sydney Fox… pour les lectrices et lecteurs adeptes d’action, d’archéologie approximative et d’érotisme racoleur.








372 av. JC : quelque part entre la Perse et la Grèce, tente de Clitemnis


Des doigts fins tapotent à la surface d’un accoudoir de bois avec agacement. Clitemnis, dans sa chaise d’apparat, se fait coiffer par l’une de ses servantes personnelles. La reine des Amazones ressemble à celle qui la précéda et qui l’a choisie parmi toutes les femmes de la tribu pour son émouvante beauté. Est-ce le gris de ses yeux qui arrachent des soupirs à ceux qui l’approchent, les éclats roux dans sa claire chevelure ou le délicat dessin de ses hanches qui se prolonge dans le galbe de fesses que l’on ne peine guère à deviner derrière le voile des robes ? Belle mais cruelle, telle est sa réputation. Tous les hommes de Perse et d’au-delà savent son nom, la désirent et la redoutent.



Quelques secondes seulement s’écoulent avant que les draps épais qui ferment l’entrée de la tente royale ne s’ouvrent soudain sur l’extérieur. Une guerrière de haute stature, casquée et parée de son armure, s’avance dans la lumière vacillante des torches. Les six gardiennes personnelles de Clitemnis, qui font un demi-cercle autour d’elle, s’inclinent avec respect devant la nouvelle venue. Son port de tête, sa démarche assurée et la douce fermeté qui émane de son visage trahissent ses nobles origines. Son armure arachnéenne met davantage ses formes en valeur qu’elle ne la protège : même lors d’un combat, les hommes se troublent en sa présence et ne réalisent que trop tard le piège qu’est cette beauté inaccessible.



À ces mots, une fille de vingt printemps tout au plus est poussée à l’intérieur de la tente, nue, les poings liés dans le dos. Malgré son effroi, la profondeur de son regard est un ravissement, ses cheveux tombent en volutes noires jusqu’à la naissance de ses reins et son souffle court fait se dresser doucement l’arrondi parfait de ses seins. Les sombres boucles soyeuses de son sexe ressortent sur le blond de sa peau, dorée par l’éclat des torches.


Le visage de Clitemnis ne laisse paraître aucun sentiment.



Celle-ci semble hypnotisée par l’aura de la reine. Lentement, pas à pas, elle fait les quelques mètres qui la séparent de la chaise royale. Instinctivement, sans quitter la reine des yeux, implorante, elle s’agenouille sur un tapis posé à même la terre. Clitemnis la dévisage longuement, détaille les courbes de son corps juvénile.



Peut-être Shidni est-elle trop fascinée par la beauté de Clitemnis, peut-être sa peur l’emporte-t-elle par-dessus tout, mais elle ne réfléchit guère avant d’acquiescer :



Shidni a un mouvement de recul devant l’objet évocateur que lui tend la reine. Elle la regarde un instant, intimidée, puis, lentement, avec adoration, pose ses lèvres sur la tête d’ivoire du sceptre.





* * * * *




13 juin 2005 : Université de Trinity, bureau du professeur Fox, 18 h 10


Des doigts tapotent à la surface d’un accoudoir de bois. Claudia, la blonde secrétaire du professeur Sydney Fox au département d’Histoire, passe distraitement sa langue sur ses lèvres, appliquée à relire une lettre manuscrite qu’elle vient de finir. Mentalement, elle reprend :



David, je suis à la merci de votre passion pour moi. Notre brève entrevue au bureau lorsque vous êtes revenu du Nicaragua en compagnie de Mlle Fox a laissé un feu grandissant dans mon ventre. Je brûle pour vous, cher explorateur des temps modernes, je ne cesse de rêver de vous, de votre corps, de vos mains sur mes reins, votre souffle sur ma nuque, votre langue…




Claudia suçote son stylo-plume, pensive. Comment tourner cela en finesse ? Attiser le désir sans choquer, paraître délurée et réservée. Timide et délicate dans la dépravation… pas si simple.



Sydney pose son sac et de sa démarche active traverse la pièce. Lorsqu’elle ne parcourt pas la terre en quête d’aventures, ses tenues sont moins fonctionnelles : aujourd’hui un tailleur chic peine à contenir sa lourde poitrine et la jupe fendue souligne la dynamique des cuisses, ses longues jambes étirées par des talons aiguilles qui accroissent la cambrure naturelle des reins.



Son visage s’éclaire d’un intérêt soudain : ses yeux en amande se plissent légèrement avec la gravité typique de la scientifique en action. Rien de sévère pourtant dans ces pommettes hautes, à peine marquées, ce nez timide et cette fine mâchoire décidée qui encadrent la bouche charnue. C’est une beauté accomplie, fruit généreux d’un métissage entre l’Inde et l’Asie.


Le paquet contient une lettre et un objet rectangulaire, enrubanné de papier kraft et de scotch. Sydney déplie la lettre et la parcourt rapidement, derrière ses petites lunettes carrées.



Rapidement, elle défait les couches successives qui entourent l’objet envoyé par le professeur Tzakis. Elle découvre, comme indiqué dans le message, le moulage d’un texte gravé. L’original, retrouvé sur une stèle dans les vestiges d’un camp nomade antique, est conservé dans les locaux de l’Université Emis Oussos d’Athènes.





* * * * *




13 juin 2005 : Université de Trinity, salle des fournitures, 18 h 21


Karen Otlips, étudiante en seconde année d’histoire ancienne, farfouille dans les rayons du bas d’une armoire, sa croupe dressée moulée dans une minijupe vaporeuse. Elle se redresse lentement, lascive, et pivote sur ses pieds. Le décolleté pigeonnant s’appuie contre le torse de Nigel Bailey, professeur et assistant de Sydney Fox.



Ses yeux verts clament une détresse excessive et, tandis que sa main droite serre l’avant-bras de Nigel, elle rajoute dans un murmure :



Nigel, rouge de confusion, suffoque déjà lorsque les doigts légers s’insinuent entre les boutons de son pantalon qu’ils font sauter un à un. Heureusement, une étagère est là pour le soutenir tandis qu’il vacille en arrière. Son cœur bat à tout rompre et son membre congestionné résonne de chaque frôlement provoqué par le déboutonnage de Karen.


L’étudiante découvre un caleçon à fleurs, humidifié par l’extrémité de la grosse proéminence de chair qui déforme le tissu. Elle palpe délicatement l’objet de ses recherches. Sa main épouse la bosse, la suit sur toute sa longueur et redescend avec une insupportable lenteur jusqu’à sa base. Puis elle remonte, tout aussi lentement, en un massage étudié. Les doigts accrochent le caleçon et, d’un mouvement souple, dégagent la preuve suintante que tout travail est récompensé. Ses yeux suivent avec appétit le sujet d’étude qui se redresse au rythme des battements de cœur de son propriétaire.



Ce disant, elle abaisse vers elle la cime frémissante que sa langue pointue vient agacer de rapides coups nerveux. Nigel se retient à l’étagère ; déboussolé, il regarde alternativement au ciel et entre ses jambes où les cours de rattrapage battent leur plein. La langue s’enroule autour de sa proie, glisse de haut en bas, palpite plus bas encore, à la naissance d’autres plaisirs, puis reprend de la hauteur. Les lèvres s’arrondissent et se mouillent à la liqueur salée lubrifiante qui suinte déjà ; la virilité de Nigel glisse mollement dans la bouche, sa peau étirée progressivement en arrière.


Karen joue de ses dons, elle n’accélère jamais son mouvement fluide. Tranquillement, avec application, elle l’enrobe de salive, de chaleur, de douceur. Ses doigts font un anneau plus serré qui contrastent délicieusement avec les allers et retours de sa bouche. Nigel ne va pas pouvoir résister plus longtemps. Et puis, résister, il ne le veut pas. Il va donner ce qu’elle désire à cette petite coquine. Ce visage si gracieux… faire de si perverses choses… ça le rend comme fou. Cette bouche… cette langue rose… c’est divin. Oui… Oui…



Nigel se pétrifie : Sydney !



Les pas se rapprochent rapidement. Karen, toute à ses devoirs, ne semble pas l’entendre.



L’étudiante lève vers lui des yeux interrogateurs.



Il la prend par les épaules, la redresse vivement et la propulse en catastrophe vers la porte. Il tente en vain de ployer la marque palpitante de son émotion dans sa trop étroite prison.



Sydney tombe nez à nez avec Karen qui lisse du bout du doigt la commissure de ses lèvres. Elles se saluent rapidement tandis que la timide étudiante s’en va à pas pressés, et Sydney aperçoit enfin Nigel tassé au fond de la pièce des fournitures.





* * * * *




14 juin 2005 : message sur le répondeur de Tali Tzakis





* * * * *




16 juin 2005 : Athènes, hôtel Moussaka Prima, hall d’entrée, 21 h 05


Sydney lève les yeux sur l’individu qui vient de les rejoindre près des fauteuils de l’accueil. D’emblée, elle apprécie la silhouette élancée, le menton décidé, la pose naturellement élégante et nonchalante. Les hommes savent se présenter, en Grèce…



Tali pose une mallette à plat sur ses genoux et décrit par le détail ses dernières découvertes, effectuées en compagnie de son élève et assistante, Anna Billedou. Partis sur un chantier archéologique au nord de Sivas, une ville turque à l’est de la capitale Ankara, leurs fouilles ont rapidement confirmé qu’ils se trouvaient au cœur d’un antique camp amazone. Manifestement, le lieu avait été pillé et incendié. Aucun ossement ne fut retrouvé, mais une petite stèle indiquait que certaines Amazones étaient revenues sur place par la suite pour honorer le lieu où leur reine avait succombé.



Sydney et Nigel reconnaissent tacitement d’un hochement de tête que leur science en ce domaine est perfectible. Le professeur grec poursuit donc :



L’objet, particulièrement bien conservé, est frappant de vérité. C’est un volumineux sexe masculin d’ivoire sur lequel sont détaillés les moindres replis de peau où les veines semblent battre encore et la chaleur irradier. Sydney et Nigel sont stupéfaits.



Tali tend le sceptre à Sydney. Précautionneusement, sans laisser paraître de gêne, elle le prend du bout des doigts et le fait tourner pour le détailler d’un regard qui s’efforce d’être glacialement scientifique. Nigel se délecte de la vision des mains fines courant sur le volumineux objet, sourit bêtement à Tali, étudie les expressions de Sydney à la dérobée et sursaute lorsqu’elle s’exclame :





* * * * *




16 juin 2005 : Athènes, hôtel Moussaka Prima, chambre 96, 21 h 53.


La douche coule à flots. Malgré la climatisation de l’hôtel, la fatigue du voyage a poussé Sydney à se délasser sous l’eau fraîche. À travers la glace dépolie, on distingue à peine les tours et détours de son corps somptueux, athlétique et gracieux, aux courbes harmonieuses. On devine ses mains qui courent le long de ses hanches, enduisent de mousse ses jambes élancées lorsqu’elle se penche et remontent en petits cercles sur la pente de son dos. Plusieurs minutes durant, elle jouit du choc de l’eau presque froide sur sa peau mate qui se hérisse par endroits, se fripe en d’autres ou se gorge de sang ailleurs… Enfin, la serviette qui pend sur le rebord de la douche disparaît et, lorsque la porte s’ouvre, Sydney la porte haut, sous les bras. Lorsqu’elle marche, on devine presque la naissance de ses fesses. Accroupie, elle cherche dans sa valise la tenue appropriée à ses tribulations du lendemain. Lorsqu’elle se relève, les bras chargés, la pression glaciale d’une lame sous sa gorge la fige sur place.



À sa voix, elle devine l’inconnu plus grand qu’elle et manifestement trop sûr de lui.



Maintenant la lame de son poignard sous le cou de Sydney, il la pousse contre un petit bureau et, collé à elle, l’oblige à se courber dessus. Sa lame est sur la nuque désormais, prête à punir toute tentative pour se libérer.



Tout en questionnant Sydney, l’individu relève d’un coup sec la serviette, de sorte que les fesses bombées s’offrent à lui dans leur troublante perfection. C’est une peau gorgée de soleil, encore un peu nimbée de gouttelettes d’eau, comme un fruit fraîchement cueilli. Certes, un vrai professionnel ne mêle jamais plaisir et travail, mais il est des cas particuliers que ne mentionne aucun manuel.



Sydney sent le regard qui suit la ligne partant du creux de ses reins et qui se prolonge dans la vallée de ses secrets. Docilement, pressentant les désirs de son agresseur, elle se cambre davantage.



L’agresseur écarte du pied les jambes de Sydney avec autorité, ouvrant un peu plus les cuisses, creusant les fesses. Rien n’est si bon que de dominer ces faibles femelles. Profitant de son avantage, il pose une main sur la chair dévoilée et élargit la voie ; il est prêt à découvrir ce que tous ne font qu’imaginer, juste là où le sillon se creuse un peu plus… Sa pression sur la nuque de Sydney se relâche imperceptiblement… Elle réagit en un éclair. D’une simple ondulation du haut du corps, elle échappe à la lame sur sa nuque. Pivotant sur elle-même, son bras droit immobilise celui de son adversaire, tandis que le coude gauche s’enfonce sèchement au niveau du foie.


La serviette s’envole en tournoyant, comme au ralenti.


L’homme se plie en deux sous la douleur et n’a pas le temps d’esquiver le coup de pied qui s’écrase sur son entrejambe dans un claquement compact. Il n’est pas encore à genoux qu’une main frappe de taille la base de son cou : il s’effondre pour de bon, emportant la vision floue du corps nu de sa proie.


Sydney rattrape sa serviette juste avant qu’elle ne touche le sol.




* * * * *




Pendant ce temps, chambre 97



La petite femme de chambre semble sincère. Plateau en main, elle ondule vers Nigel, assis sur le bord de son lit. Elle sourit, ses cheveux blonds cendrés ramenés en chignon soulignent la finesse d’un visage exquis où se disputent candeur et malice. Lorsqu’elle se rapproche, une odeur de fraise semble émaner de sa poitrine vertigineuse. Son nom est sur le badge épinglé au niveau de son cœur : Elena.



Son plateau posé à terre, elle trousse sa jupe courte, enfourche Nigel et s’assoit sur la bosse qui tend déjà son pantalon. Cambrée, ses mains serrées sur les cuisses derrière elle, Elena enferme sous son intimité le plaisir grandissant de Nigel. Elle le scrute attentivement tandis qu’elle roule doucement des hanches, amusée par le désir exacerbé qui naît chez lui.



À la précision de ses sensations, il croit deviner qu’Elena ne porte rien sous sa jupe. Cette idée le transporte dans un monde de fantasmes où les seins tendus qui se balancent à portée de main ont une réalité tangible d’autant plus excitante. La femme de chambre entreprend alors de faire sauter les boutons de la chemise de Nigel car, visiblement, il étouffe.



Ses mains crochètent le postérieur de la femme de chambre et il la fait vibrer sur lui au rythme de ses propres mouvements de bassin qu’il ne peut réfréner. La maligne prend même plaisir à relever sa jupe pour qu’il sente sous ses doigts la preuve irréfutable qu’elle est diablement impudique. La salive lui manque soudain, son sexe palpite presque douloureusement, il sent qu’il va enfin se libérer, déjà les premières contractions annonciatrices de…



Des coups répétés à la porte.



En moins de deux secondes il est debout, raccompagnant Elena et sa moue contrite vers la porte. Il l’ouvre sur Sydney, relativement surprise de voir sortir ce petit bout de femme aux joues rosies.





* * * * *




Le lendemain : Aéroport d’Athènes, salle d’embarquement, 17 h 15



Le professeur Tzakis redresse la tête et reconnaît à quelques mètres le sourire vaguement benêt de Nigel. Sydney est à ses côtés ; elle porte sa tenue traditionnelle en cas d’expédition sur le terrain : body échancré, pantalon moulant et bottes en cuir. La voilà telle que les journaux scientifiques la décrivent, mais c’est autre chose de pouvoir être confronté à elle en tête-à-tête, songe le professeur Tzakis.



Malgré ses deux expériences récentes, ou à cause d’elles, Nigel croit soudain qu’il lui suffira de lever une fois de plus les yeux sur elle pour que la tension sexuelle accumulée depuis quelques jours se libère brutalement sans qu’il ait à esquisser un mouvement.


Comment expliquer ce sentiment vertigineux en présence d’une beauté rare ? Une coupe au carré, des yeux noisette qui se confondent avec les mèches qui se balancent devant, une simple chemise blanche tendue sur une poitrine menue, une jupe qui s’ouvre sur une cuisse à la chair veloutée, un sourire…



Une voix. Un peu éraillée, lourde de sensualité. Tandis que Sydney converse avec le professeur en se dirigeant vers le portail d’enregistrement, Nigel se glisse auprès d’Anna.



Devant eux, Sydney informe le professeur Tzakis des événements survenus à l’hôtel la veille.





* * * * *




17 juin 2005 : Quelque part au-dessus de la Turquie, 19 h 20


À force de regarder les nuages de haut par le hublot, Anna Billedou s’est endormie. Sa tête, pour le grand bonheur de Nigel, a basculé peu après sur son épaule. Sur sa gauche, Tali est plongé dans un épais volume relié en cuir, tandis que Sydney, au bord de l’allée centrale, sommeille également. Le ronronnement des moteurs berce peu à peu Nigel. La chaleur dégagée par Anna l’enivre. Il étend la couverture qu’elle a posée sur ses genoux jusqu’à lui et se laisse entraîner par la torpeur qui le harcèle depuis plusieurs dizaines de minutes.


Combien de temps s’écoule ?


Drôle de sensation. Un chatouillement lointain, dans un rêve incertain. Pas désagréable, ceci dit. Nigel, paupières closes, se cale un peu mieux. Le chatouillement reprend et très vite devient un onctueux attouchement. Il réalise soudain. Anna a profité de son sommeil pour baisser la fermeture éclair de son pantalon et glisser une main inquisitrice à l’intérieur. En émoi, il constate en entrouvrant à peine un œil que la jeune femme est davantage tournée contre lui et que son bras droit disparaît sous la couverture. La coquine feint de dormir. Quel instant inespéré !


Les doigts jouent avec l’extrémité sensible, pressent, palpent, caressent et malaxent, pour le plus grand plaisir de Nigel. Peut-être Anna veut-elle profiter de la lumière déclinante dans l’habitacle pour lui procurer encore de plus savoureuses caresses ? Les fruits charnus, gorgés de jus, ne sont pas épargnés par la main frivole. L’audace d’un doigt qui furète plus bas encore fait presque sursauter Nigel. La Grèce réserve bien des plaisirs…


Il vérifie en tournant la tête sur sa gauche que nul ne les épie. Il tombe devant le sourire étrange du professeur Tzakis. Celui-ci souffle :



Bouche bée, Nigel remarque alors le bras du professeur sous la couverture et les mouvements saccadés qui le trahissent.


Il n’a qu’un réflexe : il attrape la main flatteuse avant de créer un antécédent orgasmique homosexuel dans sa vie amoureuse et s’écrie en chuchotant (exercice par ailleurs fort périlleux) :



Tali Tzakis retire son bras et sur un sourire gêné pivote vers Sydney endormie.



Écarlate de honte, il tente tant bien que mal de ranger discrètement la prodigieuse érection qui le taraude en se demandant si au moins l’une de ses expéditions avec Sydney ne passera pas par tous les clichés locaux. Ses gestes réveillent presque Anna qui choisit pour le coup de se tourner côté hublot.


Tout de même… c’est un voyage professionnel, oui ou non ? Ce n’est pas que Tali Tzakis soit laid, ça non… mais là n’est pas le problème et Nigel a connu au cours de ses études des colocataires tout aussi polissons. Mais c’est du passé, et lorsqu’on voyage entre Anna Billedou et Sydney Fox, on a mieux à trouver qu’une main masculine. Ou alors autant le faire soi-même, mais Nigel a un fond d’amour-propre dans ce domaine. Il est convaincu qu’il parviendra avant la fin de cette aventure à avoir une véritable jouissance digne de ce nom avec une femme.


La dernière heure de vol accompagne de sa monotonie les sombres réflexions de Nigel. Au moment de descendre sur le tarmac de l’aéroport de Sivas, il évite de croiser le regard de Tali et se rapproche de Sydney. Ils évoquent brièvement Claudia, espérant que le calme plane sur l’Université.





* * * * *




Au même instant : Université de Trinity, bureau du professeur Fox.



Cette dernière, accoudée sur le bureau, culotte aux genoux, a sa jupe troussée sur les hanches. David tient fermement écartés devant lui les hémisphères de ses fesses nues.



David embrasse avec délectation la fesse droite et, tandis que Claudia lit d’une voix posée, promène sa langue autour du sillon central qu’il emprunte progressivement. Lorsqu’il effleure la tendre ouverture, la jeune femme ne peut réprimer un court gémissement. Elle adore se soumettre ainsi aux caresses de son amant, et il le sait. La langue palpite à l’entrée des reins, effleure plus bas les lèvres entrouvertes et nues, épilées selon ses souhaits.



L’index pointe là, où le plaisir se teinte parfois de honte, après s’être humidifié à la source de Claudia. Il n’a pas à forcer pour se glisser entre les rondeurs tendues impudiquement.



Claudia a toujours eu du mal à contenir son plaisir, et David observe avec satisfaction les chairs se gonfler, la fleur s’ouvrir et suinter peu à peu, au fur et à mesure de la progression de son doigt dans l’intimité étroite. Les fesses viennent au-devant de lui, les jambes s’ouvrent pour laisser croître les ondes de désir.



David octroie une caresse appuyée au bouton délicat de Claudia qui s’abandonne dans un soupir extatique avant de reprendre péniblement sa lecture. De sa main libre, David cajole les replis frémissants tandis que l’autre poursuit son va-et-vient enivrant entre les petites fesses qui ondoient désormais en cadence avec les vagues de plaisir qui traversent la jeune femme.



David défait prestement son pantalon, libère un attribut masculin particulièrement motivé et investit la croupe blanche d’un souple mouvement du bassin. Sa jouissance est proche, aussi proche que celle de Claudia. Il s’enfonce suavement, avec délice, aussi loin qu’il le peut, avant de presque se retirer. Trois fois il répète le mouvement, toujours aussi calmement, attentif aux halètements de l’assistante, avant qu’elle ne parvienne à la fin du texte et ne se cabre sur le bureau, envoyant d’insupportables trépidations dans le tréfonds de ses reins. David laisse sourdre son plaisir en gémissant, immobile, alors que Claudia ne finit plus de prolonger sa jouissance en laissant courir ses doigts.




* * * * *




19 juin 2005 : Plaine turque au nord de Sivas, 15 h 00.


La sécheresse et la désolation du paysage lui donnent une impalpable majesté. Une vaste étendue de petites collines tamisées de pierres noires encadre la rivière Yasil aux rives de laquelle croissent des îlots de verdure. La piste de terre que seules empruntent de rares charrettes en temps habituel lui tient compagnie jusqu’à perte de vue. Sur cette piste, une jeep, mangée par les nuages de poussière que soulèvent ses pneus. Au volant : Sydney, petites lunettes de soleil rondes ajustées sur le bout du nez, débardeur vert tendu comme une tente sur son outrageuse poitrine, dévoilant de larges espaces de peau cuivrée et pantalon moulant enfoncé dans de solides bottes, à l’épreuve des terrains les plus inhospitaliers.


À sa droite, Tali Tzakis, imperturbable sous sa chemise bleu pâle dont il ne roule pas les manches par coquetterie. Derrière lui, Nigel, abreuve sa propre chemise de grosses gouttes de sueur. Peut-être faut-il les attribuer aussi bien à la chaleur étouffante qu’à la présence à ses côtés de mademoiselle Billedou, proprement sublime, cheveux au vent, délassée, en chemisette nouée sous les seins et short minimaliste car « l’archéologie n’empêche pas de profiter du soleil ».



Les quatre archéologues poursuivent leur route sans croiser âme qui vive près d’une heure durant. Ce qui n’était qu’une ombre au loin s’impose peu à peu comme une impressionnante barrière rocheuse. Des crevasses se distinguent de loin en loin et c’est vers la plus importante que les mène le cours de la rivière Yasil. La végétation se fait plus riche et dense à mesure qu’ils se rapprochent des contreforts montagneux d’où la pluie descend plus souvent qu’au-dessus de la plaine rase.



La moue dubitative de Nigel laisse transparaître le peu de foi qu’il accorde à ces propos.



Elle lui sourit. Il lui sourit. Elle lui tapote de nouveau la cuisse avec compassion. Il n’en faut pas plus à Nigel pour croire fermement que la chance tourne en sa faveur. S’il parvient à se mettre en valeur au cours de l’exploration finale, qui sait comment réagira cette Grecque sculpturale ?




* * * * *




Un peu plus tard…


Tali et Sydney sont penchés sur une carte géographique annotée par leurs soins, étalée sur le capot de la jeep. À l’ombre d’un pan de falaise, Nigel récupère, allongé dans l’herbe rase, tandis qu’Anna se rafraîchit plus loin à la rivière.



Les préparatifs sont rapidement et efficacement achevés. De quoi se sustenter et se désaltérer, un rouleau de corde, quelques outils, des lampes-torches… et la petite troupe s’engage sous le couvert des arbres, Sydney en tête, suivie du professeur Tzakis. Nigel ferme la marche en s’irritant quelque peu, ayant hérité du sac le plus lourd, mais il se console bien vite : il va pouvoir profiter du somptueux paysage qui s’offre à lui… le menu arrière-train d’Anna Billedou, comme moulé dans son mini-short et ses jambes de nymphe blondies par le soleil.


La vallée de la Yasil offre un tableau saisissant, bien loin du sombre décor de l’Université Trinity ou des rues polluées d’Athènes. Malgré la chaleur qui semble croître encore et les grommellements de Nigel à propos des moustiques, la fascination pour ce lieu qui ne semble pas avoir changé depuis des millénaires s’impose aux archéologues. Sydney la première se sent happée par la montagne, les senteurs boisées, le frisson de la rivière en contrebas. La tension de la découverte imminente et le souvenir de son agression à l’hôtel s’effacent sous la sérénité qui émane de ce lieu. À mesure que la petite troupe s’élève à flanc de falaise, où la végétation se fait plus rare et le silence plus écrasant, son assurance ne fait que grandir, comme si elle revenait sur ses propres terres.


Ils marquent une courte pause, le temps de se repérer sur leur carte, boussole en main, et bifurquent dans un embranchement que fait la vallée. Un petit quart d’heure s’écoule encore, entre buissons et blocs de pierre lorsque Anna les alerte :



Au-devant d’eux, après un coude étroit, une vertigineuse falaise de granit rose marque la fin de leur périple. En son centre, à une vingtaine de mètres du sol, regard borgne sur faciès de roc, l’entrée d’une grotte les domine.



Sans quitter de vue ce point de mire, ils sillonnent entre les arbres et les éboulis d’un pas soudain plus léger, oublieux de la fatigue accumulée. Au fur et à mesure qu’ils se rapprochent, la falaise à-pic révèle bien des aspérités. Elle n’est pas lisse, loin de là, mais parvenus à son pied, ils constatent que l’escalade ne sera pas de tout repos.



Sydney ramasse une poignée de gravillons et de poussières mêlés pour s’en enduire les paumes et les doigts puis glisse une lampe-torche dans une poche arrière de son pantalon.



Puis, après une profonde inspiration, elle plante le bout d’une botte dans une excroissance rocheuse, glisse ses mains dans une arête verticale et s’élève en douceur mais avec assurance. Une autre aspérité lui permet de caler sa jambe libre un peu plus haut et, s’aidant à nouveau de ses bras, sa progression prend un rythme régulier, ponctué par son souffle. De saillies en crevasses, son corps épousant les reliefs de la falaise, Sydney parvient sans encombre à agripper du bout des doigts le plateau final qui marque l’entrée de la grotte. L’affaire n’a pas pris plus de dix minutes. Elle se hisse à la force des bras sur le seuil de roche : un tunnel s’enfonce assez profondément dans la paroi pour qu’elle ne puisse en distinguer le fond, même en le balayant avec sa lampe-torche. Mais elle remarque soudain à ses pieds, à l’intérieur d’un double cercle, un texte profondément gravé, de quelques lignes à peine, dans un alphabet qu’elle reconnaît comme étant du hittite. La langue de naissance de Clitemnis.



Des cris de joie lui reviennent en retour. Ils lèvent les bras au ciel en la félicitant. Anna saute dans les bras de Tali Tzakis, puis dans ceux de Nigel qui reçoit comme une bénédiction ces frétillements d’une insupportable douceur. Libéré de son étreinte, il restreint sa joie envers le professeur Tzakis à un petit signe de la main, lorsque le bout d’une corde tombe subitement sous son nez.



Tali s’empresse d’attraper la corde, la roule autour de son poignet et, gloussant d’enthousiasme, entreprend d’escalader à son tour la paroi. Nigel constate avec aigreur que c’est un athlète accompli : il n’a aucune peine à se tracter jusqu’en haut, les pieds en appui contre la falaise et les deux bras simplement occupés à tirer sur la corde.



Anna, sans entrain, prend exemple sur son supérieur : elle passe la corde autour de son poignet et, moitié tirant des bras, moitié poussant des pieds, tente vainement de s’élever. C’est une chercheuse, une vraie. Du genre à brasser des manuscrits et à gratouiller le sol à la petite cuiller, mais ce n’est pas une femme de terrain, voilà ce qui saute aux yeux de Nigel. L’aider à décoller ne suffirait pas, elle resterait bloquée un mètre plus haut. Mais cela vaut la peine d’essayer, non ?


Profitant quelque peu de sa situation, Nigel l’encourage donc à vive voix tout en prenant à pleine main les petites fesses de la ravissante Anna pour la pousser vers le haut. L’effet est immédiat et certain : il adore sentir sous ses paumes les muscles se contracter nerveusement, même lorsqu’il doit soutenir à bout de bras presque tout le poids d’Anna qui se balance au-dessus de lui sans pouvoir progresser davantage.



Moins de vingt minutes plus tard, ils sont tous les quatre haletants à l’entrée du tunnel, faisant tourner une gourde d’eau en se délectant du paysage grandiose. Le soleil ne se couchera pas avant une heure, mais la lumière est déjà splendide, presque rougeoyante.



L’ordre adopté dans l’étroit couloir est le même que celui spontanément suivi dans la vallée. Tous avancent légèrement courbés vers l’avant, le tunnel étant bas de plafond et piqueté de petites stalactites. Ils progressent ainsi sur une cinquantaine de mètres, leurs ombres dansant sur les antiques parois, lorsque le tunnel s’ouvre sur une vaste salle circulaire.


Ils s’alignent à son entrée, comme selon une cérémonie convenue, et balaient la pièce de leurs faisceaux lumineux, ébahis. Sur un espace d’une vingtaine de mètres de diamètre, s’entassent des amphores, petites statues, vestiges de meubles en bois et autres reliques de vaisselle conservés à la perfection par l’air sec et chaud du site. Et contre la paroi couverte d’inscriptions qui fait face à l’entrée, un gisant.


La sculpture de marbre noir d’un homme aux proportions idéales, représenté allongé sur le dos, ses cheveux bouclés faisant comme une couronne autour de son visage aux traits typiquement eurasiatiques. Il est nu, bâti comme un homme qui a l’habitude de chasser ou de traquer ses ennemis, un homme des plaines, beau comme un dieu.


Tous sont attirés par cette représentation inattendue et se rapprochent du même pas respectueux. Sydney est la première à constater un détail important : l’homme est nu, certes, mais en lieu et place de son sexe, il n’y a qu’un trou circulaire. Un coup d’œil vers le professeur Tzakis lui assure qu’il a également compris la marche à suivre.


Ce dernier ramène sa sacoche devant lui et l’ouvre pour en sortir la malette renfermant le sceptre de la reine des Amazones : le sexe en ivoire d’Olisbos, leur unique époux. D’un geste assuré, Tali tourne l’objet et l’enfonce dans le trou de la sculpture, tête vers le haut, puis se relève pour contempler le résultat. Le sexe blanc érigé, somptueux sur le corps ébène, donne tout son sens à l’œuvre d’un réalisme confondant.


Ils restent un instant rêveurs devant cette vision avant que Nigel ne remarque :



Seule Anna semble rester maîtresse d’elle-même, attentive aux gestes de chacun.



Sydney est estomaquée. Tali est dubitatif. Anna a perdu de sa contenance. Nigel regarde successivement Sydney et Anna, bouche ouverte.



Annonce faite, ils se toisent du regard, longuement.



Tandis que Sydney se défait de ses bottes, Harper se place derrière les trois autres archéologues, alignés sagement et de telle sorte qu’il puisse surveiller du coin de l’œil la zone de la statue. En attendant, il apprécie l’effeuillage de Sydney, laquelle, face à lui, se retrouve à demi-nue, ne conservant que son débardeur et son air de défi. Il en faut bien plus pour la briser. Harper la caresse du faisceau lumineux de sa lampe, la détaillant des mollets aux bouclettes sombres de son mont d’Aphrodite.



La lumière la suit toujours ; Harper veut la voir empalée pour s’assurer qu’elle ne profitera pas du noir pour tenter quelque chose. Elle le devine, sur sa gauche, là-bas, tandis qu’elle enfourche le gisant et s’agenouille devant le sceptre tendu vers le ciel.


La pierre porte en elle la chaleur du pays ; elle est douce entre ses cuisses. Sydney ne sait comment faire… comment trouver du plaisir sans oublier qu’une arme est pointée sur ses compagnons ? Comment même faire naître un désir quelconque pour une œuvre d’art, aussi sensuelle soit-elle ? Sans y penser, plus par inclination scientifique ou esthétique, elle ne peut s’empêcher cependant de se pencher un peu pour suivre du doigt le dessin raffiné de la statue, les muscles si réels du ventre, du torse… Incroyable sensation, comme si le corps entier avait été moulé du vivant de cet homme et non seulement son membre viril.



Un éclair. Pendant un infime instant elle a perdu contact avec la réalité, retiré instinctivement sa main de la poitrine de pierre. Des fragrances d’encens flottent comme des lambeaux de souvenir autour d’elle. Le souffle court, Sydney pose à nouveau la main, lentement, en une longue caresse délibérée. Quelque chose s’est réveillé en elle. Mue par un antique instinct, elle s’avance suffisamment pour pouvoir pencher son visage au-dessus de celui de la statue, ce qui l’oblige à passer par-dessus le pieu d’ivoire. Elle le sent frôler son entrejambe lorsqu’elle pose ses lèvres avec dévotion sur celles d’Olisbos.




* * * * *




372 av. JC : Quelque part entre la Perse et la Grèce, tente de Clitemnis.



Son baiser se finit dans le vide. La lueur dansante des bougies lui révèle l’intérieur dépouillé d’une tente. Une couverture, quelques coussins de soie devant elle. Et des mains légères, des mains féminines sur ses fesses levées, impudiques. Un regard plus bas : elle constate qu’elle est nue, ses seins frémissent sous elle doucement.


Elle est dans un état d’excitation qui la surprend. Elle sait qu’elle devrait haïr la femme derrière elle, la maîtresse de ces Amazones qui lui ont pris sa famille, sa vie. Mais sa présence est comme un brasier qui irradie en elle, qui annihile toute volonté pour la rappeler à sa condition primaire, pour raviver en elle les pulsions charnelles en accord avec ce que les Dieux ont voulu.



Shidni, alanguie tel un félin lascif, élève autant qu’elle peut ses rondeurs ouvertes, consciente de se dévoiler comme la dernière des filles à soldats. À son souffle, elle devine la reine toute proche de son intimité. Les mains aussi douces qu’autoritaires lui interdisent de cacher le moindre renflement de peau.



Shidni ferme les yeux, son corps ne voyant plus que par ce qu’il ressent, ces frissons qui naissent à la bouche de la reine pour gagner ses reins, ses seins, sa nuque ployée. Peut-être a-t-on versé une substance hallucinogène dans son verre de vin, ou bien est-elle troublée par les volutes légères de l’encens qui se consume dans un plat au coin de la tente, mais elle flotte véritablement, suspendue aux plaisirs suscités par les doigts délicats, la langue et les lèvres qui l’attirent dans le précipice de l’abandon le plus total. Lorsque le sceptre de la reine franchit ses dernières réserves, qu’Olisbos parfait son statut d’Amazone, la chaleur qui émane en ondes puissantes de l’objet explose en elle, la rend plus servile au plaisir offert par Clitemnis que la pire des menaces. Elle s’entend gémir, presque sangloter dans la jouissance, le corps cassé.





* * * * *




19 juin 2005 : Tombeau de la reine Clitemnis, 20 h 07


Nigel est si empourpré qu’il luirait presque dans la pénombre. Les gémissements plaintifs de Sydney lui ont asséché le palais et transmuté en roc toutes les parties molles de son corps. D’abord silencieuse, elle a peu à peu émis des soupirs entrecoupés de phrases inintelligibles et puis… et puis un grognement profond qui finit en un long soupir extatique auquel succédèrent les claquements de la chair contre la pierre. Nigel pensa à cet instant qu’un coup d’œil derrière lui valait bien le risque de recevoir une balle dans le ventre par un Stewie Harper un peu trop tatillon. Mais il tint bon et, comme ses compagnons d’infortune, suivit la longue jouissance de Sydney jusqu’à ce final détonnant comme un opéra lyrique pour un public de coincés.



En effet. À peine ces derniers mots finissent-ils de résonner dans la salle qu’un raclement puissant traverse le sol et roule dans le ventre des membres du groupe comme une angoisse sonore. Tandis que Sydney reprend une relative contenance, un pan de la paroi s’enfonce dans le sol lentement, devant elle. Tous restent frappés de stupeur, le professeur, son assistante et Nigel se risquant même à regarder ce qui peut bien produire pareil bruit dans leur dos. Ils découvrent, noyée sous des vagues de poussière, la silhouette nue de Sydney dans l’encadrement d’un passage révélé, balayée par le faisceau lumineux de la torche électrique.



En passant près de Sydney, Nigel n’ose croiser son regard, de même que le professeur Tzakis. Seule Anna lui presse doucement le bras en signe de compassion.



En file indienne derrière Nigel qui jure de ne pas voir à trois pas devant lui, la troupe progresse lentement sur quelques dizaines de mètres dans un corridor qui descend en pente douce. Les murs ne portent nulle inscription mais des motifs arrondis qui s’entrelacent et se répètent de loin en loin.


Le couloir s’évase progressivement et s’ouvre alors sur une vaste pièce, bien plus grande que la précédente. Tous s’écartent à son entrée, instinctivement, pour céder le passage à Stewie et sa torche lumineuse. Il éclaire un spectacle grandiose : des murs habillés de marbre rose, des langues d’or qui se déroulent en circonvolutions pour attirer le regard vers le cœur du lieu. Le sarcophage de Clitemnis. Un massif rectangle de calcaire brut, rehaussé de bas-reliefs raffinés et de pierreries, sur lequel repose la version en or massif de son sceptre.


Stewie, comme hypnotisé, avance à pas de somnambule vers le dernier repos de la reine des Amazones. Ce sera aussi le sien : il ne comprend que trop tardivement d’où provient le sinistre craquement sous ses pas. Il semble vouloir se retourner lorsqu’il est happé par le vide.


Anna pousse un cri. Il disparaît avec sa torche dans le fracas de pierres qui croulent avec lui. Le bruit de sa chute résonne sinistrement trois secondes plus tard dans le noir le plus complet et se répercute autour de Sydney et ses compagnons.




* * * * *




Le lendemain, hôtel Der-Alabi, à Sivas


En jupe courte et chemisier volant, Sydney est pendue à un téléphone.





* * * * *




Un peu plus tard, dans l’avion entre Sivas et Athènes


Après une première heure de vol animée, pendant laquelle Sydney et le professeur ont échangé leurs impressions sur leurs dernières péripéties et les perspectives d’avenir autour de leur exceptionnelle découverte, tous deux se sont abandonnés à une sieste bienvenue. Mais il faudrait un peu plus que cette fatigue-là pour décrocher Nigel des yeux bleus d’Anna. La jeune femme papillonne avec art, visiblement encore émue par la prestance de son collaborateur dans cette affaire à rebondissements.



Nigel ne tient plus que très difficilement en place. Rien ne saurait décrire à quel point… non, rien ne saurait le décrire. D’autant qu’Anna croit bon d’ajouter :



Nigel a encore la bouche ouverte lorsque la volcanique grecque s’éloigne dans l’allée centrale vers l’arrière de l’appareil et la cabine des toilettes. S’il y a un dieu pour les situations hautement improbables, il est son plus fervent adorateur. On dirait bien que le destin a enfin décidé de le récompenser pour ses inlassables efforts.



Il tire le rideau qui isole la travée des passagers de son recoin et gratouille à la porte des toilettes. Elle s’ouvre immédiatement, une main manucurée en surgit, le saisit au col et l’attire. Le verrou retentit derrière lui. Nigel est pressé dans l’espace étroit contre le corps plus vallonné que la Toscane d’Anna Billedou. Elle a posé ses lèvres sur les siennes et s’applique à éveiller le mâle qui est en lui de sa langue frétillante. Elle a un goût de fraises. Jupe troussée, elle ondule du bas-ventre contre celui de notre éminent archéologue tout en le prenant fermement aux fesses (qu’elle trouve absolument fermes et à son goût). Il chavire dans un monde de plaisirs insensés, palpant fébrilement la plus belle femme du monde au-dessus de 12 000 mètres. Lui aussi a trouvé les fesses de sa partenaire (qu’il trouve aussi fermes que les siennes mais follement plus excitantes).


Alors même que des doigts trop doux ont forcé l’ouverture de son pantalon et saisissent pour de bon l’éclatante démonstration qu’il est un homme, un vrai, il plonge le visage dans la vallée du décolleté, embrassant les grains de beauté nichés dans cet écrin. Elle le tire à elle, le malmène à coups de poignets. Il n’en peut plus, il ne tiendra jamais.


Vite, il la retourne sans ménagement. Anna glousse de désir, s’offrant docilement à la passion qui la submerge. Elle se tient au-dessus du lavabo, le visage contre la glace, observant d’un œil Nigel qui se démène derrière elle. Remonter la jupe sur ses reins est un jeu d’enfant. Pour un peu, il tomberait en extase devant le bombé parfait des chairs dévoilées. Mais trêve de romantisme, en un tour de main il a sorti le préservatif de sa poche arrière – celui qui ne le quitte plus depuis près de six mois –, déchiré l’enveloppe et déroulé la fine protection à la limite de la rupture sur son passe pour le paradis. Le string a tôt fait de glisser sur les cuisses entrouvertes de la Grecque impatiente. Il se colle à elle, la tenant aux hanches, trouve l’entrée qui cède avec grâce et dans un gémissement à peine contenu, l’ébranle de tout son poids.


Anna feule, en transe, son bel archéologue lové en elle qui la rudoie avec maîtrise. L’étreinte est sèche, sans fioritures. Nigel punit de coups de reins l’assistante fausse ingénue qui l’encourage de ses halètements. Il ne va pas tarder à inonder ces petites fesses comme il se doit. Il leur inflige même une claque, pour le plaisir, lorsqu’il constate qu’Anna se caresse ostensiblement. La petite coquine ne peut plus attendre. Nigel aussi veut la voir jouir. Avant lui. Il l’encourage d’une nouvelle petite tape sur l’arrière-train.



Ces mots la font sourire. Elle ne pense qu’à ça, que s’imagine-t-il ? Une claque sèche la rappelle à l’ordre ; c’est qu’il est plus directif dans l’intimité cet Américain. Elle se concentre sur son plaisir, activant le jeu de ses doigts sur le détonateur de son orgasme. Celui-ci monte en flèche, les frémissements annonciateur dans son ventre grandissent et explosent à l’instant même où l’avion tombe dans un trou d’air. Quelque chose qui ressemble à un coup de gong retentit tandis que Nigel est propulsé en elle. Elle geint de bonheur, cambrée, la virilité de son amant enserré par son plaisir. Mais il se retire déjà, lentement, au fur et à mesure que son corps glisse à terre.


Elle se retourne et constate, effarée, encore sous l’emprise de la plus douce des drogues, que Nigel est inconscient. Son crâne a sensiblement modifié le cours d’une conduite d’eau qui longe le plafond.








Plan fixe en contreplongée de Nigel évanoui

et Anna Billedou qui le surplombe, à moitié nue,

une main menue encore glissée entre ses cuisses.


Musique !