n° 11608 | Fiche technique | 12734 caractères | 12734 2186 Temps de lecture estimé : 9 mn |
06/08/07 |
Résumé: Un texte qui parle de désir, d'amour et de sensualité, et un autre, qui parle des mêmes choses, différemment. | ||||
Critères: #poésie #tutu fh magasin amour | ||||
Auteur : Louise Gabriel Envoi mini-message |
Collection : Mes petites histoires matinales |
Mon prince, il faut que je parte en promenade avec toi. Ce matin, le ciel a daigné être un rien plus bleu – enfin, pas bien longtemps. Mais ce léger turquoise m’a donné une envie de balade.
Alors le lieu sera peut-être un peu facile finalement, un peu convenu, mais il me plaît bien, ce soupçon d’inconfort, la dureté des lumières artificielles, le brouhaha de foule de ces endroits-là les jours de solde, décor de notre abandon.
Ton amour est vacance, et toi aussi. Interdiction de se voir chez toi, durant cette trêve, tu te dois de prendre soin de lui, il se doit de prendre soin de toi, et je ne suis qu’une cliente, la seule, certes, mais cliente tout de même.
J’accepte ton besoin d’air. Tu es au bord de la mer, et c’est très bien, j’en suis très heureuse pour toi, pour vous, un grand bol d’oxygène et d’iode, rien de tel pour vous remettre en forme. Et puis, mes petites promenades ne nécessitent aucun déplacement, elles ont ce magnifique avantage d’être possibles en tout lieu, même assis devant l’écran d’un ordinateur, dans la cuisine, comme moi en ce moment, avec seulement le chant des piafs et les aboiements de mes chiens au passage du facteur (qui te plairait, il me semble, un rien crevette sur sa bicyclette) pour me distraire de l’écriture.
Un message rapide pour te donner rendez vous. Les textos sont notre mode habituel de communication, tu étais écrivain et tu l’es sans doute encore, et pour moi aussi cela est plus facile. Ils offrent la liberté de ne jamais être obligatoires, tu lis, tu ne lis pas, comme bon te semble. Mais tu lis toujours, tu réponds toujours.
On se retrouve donc devant les portes battantes de notre futur terrain de jeu de l’après-midi. Il avait été convenu que notre vêtement pour la journée offrirait les facilités de l’habillage/déshabillage. Tu portes un pantalon de jogging, une chemise près du corps et rien d’autre. Moi, je me suis fait un rien plus féminine (une fois n’est pas coutume), et puis ma longue robe noire est ce que j’ai trouvé de plus facile, une sorte de cachette à délices.
Un regard, un baiser, et aussi notre sacro-saint petit café, pour reprendre contact, pour basculer, pour laisser le temps au désir de se délier, pour le plaisir de planter mes yeux dans les tiens et voir naître l’envie.
Parce que moi, l’envie, je l’ai déjà. Et depuis longtemps. Je l’ai même savamment calculée, elle déroule son scénario depuis belle lurette dans ma tête, parce qu’après tous les empêchements de ces derniers mois – puisqu’il s’agit de mois, maintenant – j’ai eu tout le loisir de la peaufiner, ma mise en scène. Alors, si le temps n’existe pas comme tu me l’as souvent répété, il m’a semblé une éternité et je l’ai habilement comblé avec mes rêves, à ne plus dormir du tout, alors qu’il aurait fallu l’inverse.
J’aime continuer à l’étendre à l’infini, encore, et encore, qu’elle devienne brûlure, qu’elle finisse même par quitter ma tête, qu’elle me fasse perdre la tête, qu’elle devienne incontrôlable, qu’elle sillonne sous ma peau en vagues percutantes. Parce que je sais que là, maintenant, tout sera possible. Et pendant tout ce temps je ne te quitte plus du regard, je suis comme un espion, j’observe, j’écoute le son de ta voix, le récit de ton séjour. Je suis prédateur, tu es prédateur
Je ne souhaite plus qu’une seule chose, me faire dévorer, te dévorer de la même façon.
Alors nous quittons le bar de l’attente calculée pour entrer au temple des folies. Il est bourré de petites cachettes secrètes, de coins et recoins, de rideaux légers, de tentures plus lourdes, de cabines d’essayage éclaboussées de la lumière froide des néons, de toilettes tout aussi peu accueillantes pour moi qui aime les lueurs tamisées, et avec en plus cette musique sirupeuse qui me déchire les tympans tant elle est insupportable.
Mais tu mettrais du soleil au cœur de la nuit, mon prince. Tu es fils de la chaleur, tu transpires le sensuel, et même ici il fera orangé, suave et languide, quoi qu’il arrive.
Je te prends la main, enfin ! moi qui ne t’avais touché que du bout des lèvres, et je deviens électrique. Un simple geste, et je veux, je veux encore ta chaleur, ta queue, ces délices, je veux tous les sévices…
Bon Dieu ! qu’est-ce qu’il peut y avoir comme monde ! C’est presque le parcours du combattant pour trouver une cabine vide. Toujours occupée ! Je m’agrippe à ta main, je ne parle plus, je suis devenue un fauve, je soulève un rideau, encore quelqu’un, la dame un peu effarouchée par mon impertinence peste dans son coin et finit par se vêtir à la hâte et s’enfuit en nous jetant un regard assassin. Enfin un espace, restreint mais qu’importe !
Je l’ai mille fois imaginé, ce juste moment, et je me jette sur toi, je ne peux plus attendre, vraiment plus une seconde. La ceinture élastique de ton pantalon est effectivement des plus pratiques, quant à moi si ce n’est ma robe, je ne porte rien d’autre, je savais par avance que la barrière, ne serait-ce que d’un minuscule string, me serait insupportable.
Tu t’assieds sur la micro-banquette, tout juste confortable, ton pantalon descendu au milieu de tes cuisses, ta belle queue érigée, je tremble des pieds à la tête, je t’enjambe, je m’enfourche, avec saveur, avec lenteur, je ne te demande même plus ton avis, ton envie, je ne peux plus canaliser la mienne, je la laisse, souveraine, prendre possession de toi, sans plus de préambule, je glisse dans le délice, je me sens si bien, empalée, je vais et je viens, je me fous du reste du monde…
Nous sommes seuls sur notre île-cabine.
Mais ils râlent, à l’extérieur. Il va nous falloir sortir, trouver une autre cachette. Nous sommes de nouveau à la recherche de l’endroit, de la bonne place, qui nous laisserait un peu plus de temps. Direction les toilettes du sous-sol, pas très romantique, quoiqu’avec un peu d’imagination… Et nous en avons.
Après, il y a le regard indigné de celle qui te voit rentrer avec moi dans un endroit où tu ne devrais pas. Et nous, pour toute réponse, un grand sourire et rien d’autre.
Ces courses le long des couloirs, des escaliers mécaniques impriment une drôle de rythmique au désir. Commencer, ne pas pouvoir finir, se retrouver dans le vide de l’inassouvi alors que tout est là, à portée de main, c’est étrange, et à la fois excitant. Cela nous bascule dans l’urgence, ne plus réfléchir, agir, sentir la peau, l’odeur, la chaleur, ouvrir grand ma robe, ne plus supporter ces barrières textiles, non, vouloir la chair et rien d’autre, t’enlever ta chemise, faire glisser ton pantalon une seconde fois, te voir presque nu, enfin ! Moi qui n’aime rien tant que la nudité, et la fragilité et la force qui l’accompagnent.
Nos mains sont empressées, volubiles, des ailes de papillon, douces, légères. Et l’espace devient fournaise, la climatisation n’y fera rien. Je te fais goûter le bout de mes doigts, je veux l’onctuosité de ta salive pour les glisser au cœur de toi, parce que je les aime, tes fesses, elles m’inspirent. Je me retrouve agenouillée comme dans une prière, j’exauce mes vœux, je suce ta belle queue pleine de vigueur, je faufile mes doigts au chaud de ton cul, et j’entends ces soupirs que j’aime tant, et je continue, plus fort, plus loin, à la gober tout entière, et mes doigts se font plus nombreux…
Je suis aux anges, je te fais voyager chez les anges. Un rien pervers, certes.
Et le ballet de ma bouche et de mes mains se continue en un tango endiablé. Tu me relèves un peu brutalement, ne pas jouir tout de suite, tu me retournes, tu m’inclines, je me soumets, tu lèches de la pointe de ta langue le creux de mes fesses. Je me sens clouée, irradiée par ce petit bout de chair humide, je ne souhaite plus qu’une seule chose, et tu t’exécutes sans que j’aie rien demandé, tu m’encules, tu t’enfonces dans mon intime, tu vas et tu viens…
Je ne voudrais plus que cela cesse, je pourrais hurler ma jouissance à ce moment précis. Je sens tes mains accrochées à mes hanches et c’est toi qui me glisses sur ta queue, c’est à mon corps que s’imprime le rythme de ton désir. Je me laisse faire, poupée de chiffon, jouet de mon propre délire de chair. La cadence devient effrénée, nos deux corps se percutent, je deviens fontaine.
Et tu jaillis au fond de moi en saccades souveraines.
Il nous reste ce si beau sourire d’après l’amour, cette peinture sur la peau qui dit le plaisir.
Je ne crois pas que nous ayons prononcé une seule parole. Un tour aux lavabos, se rafraîchir les idées, un dernier petit café pour prendre le temps de parler.
Et nous voilà repartis, chacun de notre côté, auprès de l’amour de notre vie.
Quel endroit de luxure absolue, un lieu où tout devient animal, pulsionnel, obligé…
Il me fait rêver avant que tu n’aies relaté ta nuit, j’aimerais tant t’y voir, te caresser parmi la forêt d’autres mains, t’observer à loisir. Un paradis aux allures d’enfer.
La dépravation jusqu’à l’ultime est finalement très belle pour moi, parce que l’on s’y donne, s’y adonne, s’y perd, sans pensées, avec toutes les raisons du monde. Il faut bien à un moment donné aller au bout de soi, ne devenir qu’un cul dans toute sa majesté, dans toute sa splendeur, dans toutes ses exigences, et le satisfaire encore et encore, le malmener, le violenter, par vice, avec délice.
Être dans l’absolue impudeur, s’offrir à voir, à pénétrer.
S’écarteler.
Devenir eaux brûlantes, braises consumantes.
Ne plus respirer, sentir uniquement les odeurs de la baise.
Parce qu’il s’agit de baise, et rien d’autre.
Parce qu’elle se suffit à elle-même lorsque qu’elle devient extrême.
Avoir chevillée au fond de soi cette envie lancinante,
La laisser grandir et grandir encore,
Devenir obsédante, délirante.
Poser son regard sur l’autre, sur les autres,
Les voir se posséder, se faire posséder,
Vouloir à n’en plus finir les mêmes saveurs.
Se tendre, s’incliner devant toutes ces bites
Petites ou grandes, appétissantes ou non.
Dans la situation présente elles le sont toutes.
D’une certaine façon.
Les palpitations de ton cœur deviennent aussi rapides,
Martelantes qu’une musique.
Elles accentuent, elles amplifient la montée du désir,
Elles finissent par le rendre impératif, impérial, tortionnaire.
Il suffit de rejoindre le sombre, le plus ténébreux,
Et toutes les friandises pénétrantes sortent de leur cachette.
Les moiteurs, les odeurs du cul, du sperme, de la sueur sont presque écœurantes.
Mais elles savent aussi donner l’ivresse.
Passer d’une queue à l’autre, sans discours,
D’une bouche à l’autre, tout aussi silencieuse
Mais terriblement baveuse à souhait,
Bander à n’en plus finir, le regard posé sur une bite
Magnifique
Glissant sans préambule dans de petites fesses musclées
Malmenées
Par tant d’ardeur,
Prendre sa place, dès qu’elle sera satisfaite, profiter de l’aisance
De ce petit cul, assoupli par les cavalcades passées, y glisser jusqu’à la garde
Pour ne pas laisser vacant ce bel endroit trop longtemps,
Garder un soupçon de lucidité, ne pas jouir tout de suite
Pour poursuivre la promenade dans d’autres, plus étroits, plus vastes parfois,
Avoir la sensation de pouvoir se glisser tout entier au creux d’un cul magnifique,
Charnu et ondulant.
Aller vers l’extrême, aller jusqu’à la douleur, la brûlure de trop de pénétrations.
Se faire baiser à en avoir mal et en retirer un immense plaisir.
La chair dans ces endroits-là a la texture, l’allure d’une orchidée,
Les corolles béantes, ouvertes, si grandes ouvertes dans la totale impudeur.
De l’impudique extrême naissent ces parfums étranges, cette odeur de paradis dans des pétales d’enfer.
Enfer calcinant, consumant, jamais dégradant.
C’est le regard qui abîme, qui juge, qui dégrade.
Laisser partir en fumée la part de raison de son esprit,
Ne garder que celle de ses folies,
Être l’humble serviteur de ses délires de chair,
Être totalement servile à soi, jusqu’au bout de soi,
Connaître la brûlure violente de trop de pénétrations.
Que les caresses deviennent insupportables, la peau ravagée, suppliante !
Vouloir crier grâce, mais continuer tout de même.
Quand le corps ne veut plus la tête peut vouloir encore.
Se plier, rompre à cette exigence,
Parce que la glissade suivante en terres inondées sera magique, féerique,
Tant la peau est perméable, malléable, réceptive à la moindre sensation.
À un moment donné, le seul fait de poser le bout d’un doigt à l’entrée de ton cul,
Un seul coup de langue te fera hurler, tressaillir tout entier.
Laisser son cul devenir champ de batailles
D’une fleur.
Tout juste éclose à l’arrivée,
Qu’elle s’ouvre doucement d’abord aux rayons de chaleur de queues avides,
Que petit à petit elle s’ouvre, se montre, s’exhibe à la turgescence pressante,
Qu’elle finisse par perdre un à un tous les pétales
De sa splendeur, être vierge et nue de tous ses artifices.
Être l’essentiel,
Être dans le sombre désir d’appartenir à l’anonyme,
Être la proie consentante de ses propres folies sensuelles.