n° 11700 | Fiche technique | 16820 caractères | 16820 2822 Temps de lecture estimé : 12 mn |
11/09/07 |
Résumé: Une rencontre autour de l'éternelle histoire de la proie et du chasseur. | ||||
Critères: fh asie prost hsoumis cérébral fellation cunnilingu pénétratio hdanus hgode champagne attache yeuxbandés glaçon bougie -dominatio | ||||
Auteur : Louise Gabriel Envoi mini-message |
Elle venait de lointaines contrées, la fille du Soleil Levant. Elle ne vivait que la nuit, ne sortait qu’à la tombée du jour, à cette heure entre chien et loup où la pénombre naissante lui était rassurante. Elle aimait se promener les jours sans lune, le long des trottoirs, traquant sa proie.
Elle était fine, longue, un corps de liane ondulante, toujours perchée sur de magnifiques chaussures à talon aiguille en cuir verni rouge sang qui chaloupaient à l’excès sa démarche. Son fourreau de soie semblait cossu ; à même sa peau il ne dissimulait rien de sa plastique des plus parfaites. Bien au contraire, il mettait en évidence les moindres courbes de son corps. Elle avait de très longs cheveux bruns qui venaient caresser le bas de ses reins, et un teint de porcelaine, transparent et lumineux. Voilà pourquoi elle n’aimait guère la lune, une concurrente déloyale.
Elle vendait son corps pour soulager son âme. Tout était affaire de prétexte, de justification à ses besoins d’extase. Et puis, elle monnayait cher, très cher la saveur d’un soir, se sentir le roi de ses désirs profonds, s’abandonner à soi, à l’autre, oublier la réflexion, rentrer en fusion, sans pensée ni raison.
Il était là, à traîner sa grande carcasse, l’esprit chagrin. Sa journée avait été un enchaînement de problèmes. Cela avait commencé dès le petit matin. À peine debout, le téléphone avait sonné. La galerie d’art qu’il dirigeait avait été cambriolée durant la nuit, et tout avait continué sur le même registre : la police, les artistes exposés totalement hystériques après le vol de leurs œuvres, la compagnie d’assurance suspicieuse… Il fut enfin soulagé lorsque le jour commença à descendre, cela annonçait la fin de cette journée qui ne voulait pas finir.
Il se baladait au hasard, où ses pas voulaient bien l’amener, sans autre but que celui de se détendre un peu. Il n’était pas pressé de rentrer, personne ne l’attendait. Son épouse l’avait quitté depuis presque une année, fatiguée de l’attendre, de le disputer à un travail trop prenant. Elle s’était lassée des vernissages, des cocktails, des artistes qui au début l’avaient fait rêver. Elle était partie, elle s’était sauvée sans une explication.
Alors était-ce le bientôt anniversaire de leur séparation ou cette journée impossible, mais il n’était vraiment pas dans son assiette. Lui qui dégageait l’assurance, la stabilité du haut de son imposante stature, il se sentait perdu, abandonné, fragile.
Il avait aussi cette chose surprenante, ses mains de bûcheron, de travailleur de la terre, en total contraste avec ses discussions raffinées. Il les bougeait sans arrêt lorsqu’il parlait, on ne voyait plus qu’elles, elle finissait toujours par captiver à l’excès ses interlocuteurs. Là, elles étaient enfoncées dans ses poches. Il n’avait personne à séduire, il n’avait aucunement envie de parler. Il voulait être seul, tout seul.
Il faisait nuit noire, la chasse avait commencé, le fauve des trottoirs arpentait son territoire. Elle prenait grand soin au choix de sa proie, elle l’observait longtemps, la suivait, dissimulée dans l’ombre, évitant la lumière des réverbères, contournant leurs halos de lueur jaune : elle détestait par-dessus tout les éclairages artificiels. Elle se glissait sous les portes cochères pour se cacher mais toujours restait à bonne distance.
Elle l’avait repéré depuis quelque temps. Elle aimait contempler la mouvance du dos, apercevoir la fragilité dans une courbure un peu plus appuyée, quand la nuque s’incline comme si la tête était devenue trop lourde, la majesté des muscles fessiers lorsqu’ils jouent sous le tissu, qu’ils expriment leur solidité, leur force, la manière de marcher, de poser les pieds, de les traîner ou pas. Elle lisait dans son dos ce qu’elle allait faire de lui, elle l’amènerait où il voulait aller sans même le savoir, l’emporterait à l’orée de folies sensuelles, de ses délires sexuels.
Elle avait suffisamment attendu, elle savait que son heure était venue. Elle accéléra le pas, passa devant lui, elle allait le capturer, l’ensorceler avec la danse syncopée de son cul moulé de soie pourpre. Elle ondulait, la liane tropicale, sachant qu’immanquablement le martèlement de ses escarpins résonnerait à ses tympans, qu’il lèverait les yeux. Ses fesses finissaient toujours par avoir ce pouvoir hypnotique. Elle tissait sa toile, son rituel de traque était parfaitement rodé.
Il continuait à marcher, mais cette fois-ci, un peu moins perdu dans ses pensées, ou alors d’autres prenaient naissance, son regard rivé sur le bas ondulant de son dos. Inconsciemment, il se rapprochait toujours un peu plus, il pouvait sentir son parfum, une odeur qu’il connaissait, qui lui rappelait ses années d’enfance, le jardin des mois de vacances. Il en fut ému, en fait cette fragrance le bouleversait complètement, c’était la senteur totalement narcotique des iris tubéreux et d’un lys de Naples, un mélange qu’elle se concoctait elle-même.
Subitement, elle s’arrêta, se retourna et lui demanda :
Il était interloqué, déstabilisé, sorti de sa contemplation trop violemment, et il répondit :
Rien d’autre, sans trop savoir pourquoi.
Elle reprenait sa marche. Ne pas le distraire trop longtemps, qu’il reste dans la magie de la capture.
Il la suivait, n’osant pas dire quoi que ce soit. D’un seul coup, il ne décidait plus, plus de la même façon. Lui qui passait ses journées à diriger d’une main de fer sans contestation possible, il se laissait aller sans savoir, il se sentait minuscule. Il ne se comprenait pas mais il avançait dans ses pas, docile.
Ils arrivèrent quelques minutes plus tard à l’angle de la rue, Jade toujours devant lui. Il fut surpris, mais elle ne prit pas l’ascenseur. Elle ne le prenait jamais, la montée des escaliers prolongeait la danse rendue encore un peu plus excessive de son joli cul soyeux.
Il se rendit compte que c’était la seule chose qu’il avait pris le temps de regarder. Il n’avait eu pour ainsi dire que la perspective de son dos, elle s’était retournée si vite, elle était repartie aussitôt. Comment était-il possible qu’il l’ait suivie sans broncher ?
Ils étaient sur le palier. Elle ouvrit grand la porte, lui fit signe de rentrer.
Son appartement était une vaste pièce, tous les murs étaient blancs, sans un seul tableau, aucune décoration. Il n’y avait ni fauteuil ni chaise, seul trônait au centre un immense lit à barreaux recouvert lui aussi de soie blanche, seules de grandes bougies sombres servaient d’éclairage – il y en avaient au quatre coins de la pièce, elles étaient la seule source de lumière –, et de nombreuses écharpes pourpres rompaient toute cette harmonie laiteuse.
Il était presque apeuré, comme un enfant. Il se sentait ridicule aussi d’avoir de tels sentiments, lui, le grand costaud sûr de lui, comment était-il possible qu’il soit dans l’inquiétude face à une femme si fragile, si petite ? Il l’avait suivie après tout avec quelques idées derrière la tête, il n’avait pas rêvé tout de même, elle l’avait bien aguiché, c’est elle qui lui avait proposé de venir. Il avait eu plusieurs aventures depuis sa séparation, mais ici le mode opératoire lui laissait une impression étrange, il ne se reconnaissait pas.
Il était là à se poser mille questions sans réponses, elle réapparut de derrière une cloison qui dissimulait le reste de l’appartement. Elle revenait avec une bouteille de champagne rosé et deux coupes.
Lorsqu’il voulut poser quelques questions, elle posa son doigt sur sa bouche et lui intima de rester silencieux. Le jeu était à ce prix, il ne devait rien dire, rien du tout, se laisser guider, s’abandonner, partir en promenade au fond de soi. Il était dans la perception de l’inconnu. Elle était intrigante, la panthère noire, mais finalement il avait décidé de la suivre, de se laisser faire, d’oublier.
Il était assis sur le bord du lit, seul endroit possible, son verre à la main.
Jade prit une de ses longues écharpes, lui banda les yeux. Il eut un léger mouvement de recul, une veine de son cou palpitait un peu plus fort, trahissant l’angoisse naissante. À cet instant il hésitait, prendre les jambes à sous cou, se sauver sans se retourner, mais l’excitation de la curiosité s’infiltrait doucement, elle suffit à le convaincre de rester. Et cette foutue petite bonne femme dégageait une telle autorité, elle sentait le souffre à plein nez.
Elle l’abandonna quelques minutes, il entendait le martèlement de ses escarpins sur le parquet, des cliquetis métalliques, l’odeur lourde d’un parfum qu’il n’arrivait pas à identifier, et soudain ce fut totalement silencieux, la musique s’était tue, plus rien ne bougeait, le temps s’était figé.
Elle aimait ce moment-là, les contempler dans leur fragilité, tourner autour d’eux à pas de loup, les détailler de la tête aux pieds. Lorsqu’elle lui prit la coupe des mains, il sursauta violemment. Elle entreprit de le déshabiller, déboutonna sa chemise, son pantalon, fit glisser son caleçon. Quelques minutes plus tard il était nu, aveuglé. Mais pourquoi acceptait-il ce jeu et ce putain de silence qui imprimait un drôle de rythme ? Et le déroulement de sa journée lui revenait en boucle dans la tête, il n’arrivait à oublier, pas tout à fait.
Tout s’accéléra.
Elle attacha solidement chacun de ses poignets, ses chevilles. Il était nu, les bras et les jambes en croix, ligoté sur le lit. Il aurait voulu se rebeller. Un instant peut-être cela lui aurait si facile de se lever d’un bond, de la bousculer, de rentrer chez lui, claquer la porte à ses folies naissantes. Mais il avait accepté, une force occulte inconnue l’avait cloué sur place, il était là maintenant, plus moyen de reculer, trop tard.
Elle commençait toujours dans la douceur, elle prenait son temps, faisait grimper son désir tranquillement. Elle s’était couchée à ses côtés, le seul contact de sa peau velouté le fit frissonner. Lorsque l’on est prisonnier les plus petites sensations deviennent des vagues déferlantes. Tout se bousculait à l’intérieur de lui, elle lui léchait la pointe des tétons, les mordillait, les mordait un peu plus fort, promenait la langue sur son torse, descendait jusqu’au ras des poils pubiens puis remontait, suçait un à un ses orteils, lui massait la plante des pieds, lapait l’intérieur de ses cuisses.
Il bandait, elle passa un rapide coup de langue au bout de sa queue. Et puis plus rien. Il était suspendu dans le vide, il ne devait pas parler, rien demander, il lui aurait presque crié.
Mais elle avait une autre idée, un peu de violence, juste un rien. Quand elle renversa la cire liquide d’une bougie, le choc fut si soudain, la brûlure fugitive aussitôt suivie de la fraîcheur du champagne qu’elle déversait sur son torse, il ne put s’empêcher de hurler, de l’insulter
Et bon Dieu, que cela était bon, lorsqu’elle revenait du bout de la langue goûter le reste de champagne. Cette fois-ci elle prenait sa queue à pleine bouche, la suçait dans un mouvement ample, la gobait toute entière, ses longs cheveux le chatouillaient entre les cuisses, sa bite devenait dure à lui faire mal et elle continuait, sa succion devenait plus rapide, plus appuyée. Il tirait sur ses liens de soie, il aurait voulu se libérer, prendre les choses en mains, la toucher… Il gigotait, prisonnier.
Elle cessa de nouveau, l’inquiétude resurgit instantanément, le souvenir cuisant n’était pas très lointain. Mais elle se mit à califourchon, approcha son sexe épilé et parfumé près de sa bouche. L’invitation était sans compromis, c’était là sa seule possibilité de la caresser. Il goûtait avec tant de plaisir la saveur de ses sucs féminins, il mourait d’envie de la satisfaire, il titillait son clitoris, elle soupirait d’aise. Plus ses gémissements s’amplifiaient, plus il bandait, plus il léchait, à son tour il mordillait ses petites lèvres, il glissait sa langue dans l’intérieur brûlant. Elle se pâmait.
Elle s’éloignait encore, il aurait hurlé.
Mais elle ne s’était pas sauvée bien longtemps, elle aussi avait envie de sa queue, de sa glissade suave dans sa chatte affamée, dévorante. Elle s’empalait, elle se crucifiait sur son membre suppliant.
Ils poussaient de concert de longs soupirs de plaisir, ils ondulaient du bassin dans un chavirant tango argentin. Il aurait voulu rendre le mouvement plus ample, il avait sans arrêt peur qu’elle ne s’enfuit, qu’elle ne s’éloigne, cela rendait chaque ondulation impérative, indispensable.
Mais l’impensable se produisit. Elle se retira sans ménagement, il était au bord de la jouissance, elle le laissa là, au bord du gouffre. Il mourrait d’envie de l’insulter, mais bon Dieu qu’elle cesse enfin de souffler le chaud et le froid, il s’abandonnait et subitement elle lui reprenait tout, si au moins il avait eu une main libre il aurait pu se branler, finir tout seul ce qu’elle avait fait naître, elle passait son temps à faire grimper son désir, à allumer et éteindre violemment son envie.
Il était solidement attaché, mais ses liens étaient suffisamment souples pour le faire rouler sur le côté, qu’elle puisse contempler de plus près ce qui l’avait émue, son dos, ses fesses, sa nuque, cette partie du corps qui ne ment pas, qui dit tout de la fragilité, tout ce que l’on cache derrière un sourire, un regard. Là, il ne reste que l’essentiel, le vrai, la réelle animalité.
Elle s’approchait de nouveau, il était obéissant, il restait silencieux, comme il l’avait promis, son désir de jouir était devenu vorace. Il ne put s’empêcher de bondir, à se faire mal aux chevilles et aux poignets, quand elle se mit à promener un glaçon le long de sa colonne vertébrale, le brûlant de glacé. Elle faisait preuve d’un tel sadisme, mais il ne pouvait pas se le nier plus encore, il aimait se perdre, il aimait être dans l’attente, il aimait ce piège consenti où le moindre frôlement, le plus petit effluve, cette sensation où tout devient monstrueux, gigantesque, où l’on donne tous pouvoirs à l’autre, où l’on se laisse manipuler pour connaître l’orée de ses abandons profonds.
Elle adorait la rondeur, la force des muscles fessiers, la cachette secrète d’un intime que les hommes n’offrent pas toujours spontanément à une femme.
Elle posa ses mains de chaque côté de ses fesses, elle les écarta doucement, et là il fut pris d’une terrible inquiétude. Elle glissait sa langue dans les plis et replis de son cul, elle le léchait avec tant et tant de douceur qu’il ne pensa plus à rien. Elle glissait un doigt puis deux, elle continuait le va-et-vient lancinant. Toutes ses réticences volèrent en éclat, il aimait ça. Elle introduisait tour à tour ses doigts sa langue, elle ne cessait plus une seconde le ballet de ses mains, de sa bouche, elle le rendait fou, cette sensation électrique au creux des reins qui fusait dans tout son être.
Il était prêt à accepter un peu plus, un peu plus loin. Lorsqu’elle glissa au fond de ses fesses l’un de ses jouets favoris, un gode lisse et doux, il laissa s’échapper un long grondement rauque, un courant sinueux parcourut sa colonne vertébrale à la vitesse de l’éclair. Il s’évadait de lui, il courait à perdre haleine dans la forêt de ses délires de chairs, il se découvrait un autre, il apprivoisait la fulgurance du ressenti. Elle continuait la promenade au creux de ce cul somptueux, elle le branlait de son autre main, il explosa, il ne pouvait plus attendre, elle l’avait déjà fait patienter si longtemps.
Il était épuisé, lessivé, il n’osait pas prononcer un seul mot, il avait peur de chasser la magie. Il ne voulait qu’une seule chose, croiser son regard, la voir maintenant, savoir un peu plus, connaître le maître de ses désirs.
Ça y est, elle défaisait les liens, le détachait enfin après de longues minutes. Elle avait mis de la musique, rompu le silence. Dès qu’il eût les mains libres, il ôta tout seul, à la hâte, l’écharpe qui lui barrait les yeux. Elle n’était déjà plus là.
Il se leva d’un bond, fit un rapide tour de la pièce. Ce n’était pas possible de se sauver aussi rapidement, elle était encore là quelques secondes auparavant. Il dut se rendre à l’évidence, elle n’était plus là. Seul un mot collé sur la porte d’entrée lui fournit un peu plus d’explications.
Un peu brute comme façon de lui dire au revoir, mais il s’exécuta. Il ne connaissait fichtrement pas ce mode de fonctionnement, mais il avait pris un si grand plaisir…