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Temps de lecture estimé : 19 mn
19/10/07
Résumé:  Siriac, désespéré, enchaîne les aventures d'un soir. Roméo et Juliette n'en peuvent plus ; il est grand temps que Cassandra revienne...
Critères:  copains dispute théatre humour -humour -théâtre
Auteur : Gufti Shank            Envoi mini-message

Série : Roméo et Juliette - Les malheurs de Cassandra

Chapitre 08 / 08
Roméo et Juliette - Les malheurs de Cassandra - Acte VIII

Les personnages :


Juliette

Cassandra : la meilleure amie de Juliette


Roméo

Éloïse : la meilleure amie de Roméo

Siriac : le meilleur ami de Roméo et le petit ami de Cassandra


Flora : une collègue de Roméo

Daphné : la sœur de Flora


Jonas : un serveur d’un restaurant

Marcel : le directeur de Flora et Roméo



Résumé de l’acte I : Samedi vers 16h, Cassandra débarque chez Juliette et Roméo ; elle s’est disputée violemment avec Siriac et veut « faire un break ». Juliette, Éloïse et Roméo tentent de lui remonter le moral et lui proposent un restaurant, puis un cinéma. Siriac, de son côté, est décidé à tout tenter pour satisfaire son vieux fantasme de faire l’amour avec deux jeunes femmes. Il invite Flora et Daphné à passer la soirée avec lui, non sans avoir auparavant acheté de puissants aphrodisiaques.



Résumé de l’acte II : Samedi soir, Flora et Daphné viennent manger chez Siriac ; pendant ce temps, Juliette, Éloïse, Cassandra et Roméo sont au restaurant. Siriac dépasse toutes ses limites avec ses deux invitées. Cassandra, quant à elle, s’amuse à séduire des serveurs du restaurant. Roméo, tentant désespérément d’obtenir des nouvelles de Siriac, décide de passer chez lui à l’improviste. Tandis que Juliette et Éloïse ramènent Cassandra pour « la calmer », Roméo essaie de raisonner Siriac, mais finit par succomber à nouveau aux charmes de Flora.



Résumé de l’acte III : Tandis que Siriac, Flora et Daphné poursuivent leur marathon sexuel, Roméo rejoint Juliette, Éloïse et Cassandra, mais ne dit mot de ce qu’il a vu. Juliette et Éloïse finissent par se convaincre que si Siriac est aussi pénible avec Cassandra, c’est notamment à cause de son vieux fantasme de faire l’amour avec deux femmes. Elles décident de le lui réaliser, sans bien sûr rien en dire ni à Cassandra ni à Roméo. Vers trois heures du matin, elles sonnent chez Siriac. Flora et Daphné ont tout juste le temps de se cacher, et observent, sans comprendre, Juliette et Éloïse se livrer à Siriac. Flora, cachée, parvient à prendre quelques clichés compromettants des trois jeunes gens. Pendant ce temps, Cassandra a réussi à convaincre un des serveurs du restaurant de venir la retrouver et elle s’abandonne à lui à côté de Roméo endormi, qu’elle réveille finalement pour qu’il se joigne à eux.



Résumé de l’acte IV : Dimanche après-midi, chacun de leur côté, Siriac et Cassandra se mordent les doigts en repensant à ce qu’ils ont fait la veille. Juliette parvient à convaincre Cassandra de retourner voir Siriac et ils se pardonnent mutuellement, décidant d’oublier ce week-end désastreux. Pendant ce temps, Flora se demande de quelle façon elle va bien pouvoir utiliser les photos qu’elle a prises la veille. Dimanche soir, Juliette, Éloïse et Roméo passent une soirée sympa, persuadés que tout est rentré dans l’ordre.



Résumé de l’acte V : Lundi matin, sur son lieu de travail, Flora envoie par mail à Roméo les photos de Juliette, Éloïse et Siriac. Roméo déboule en furie dans son bureau, où elle lui explique tout ce à quoi elle a assisté samedi soir. Roméo enrage et tente d’appeler Siriac à plusieurs reprises. Flora s’en va déposer une copie des mêmes photos dans une boîte aux lettres, en ville. Le soir, lorsque Roméo rentre chez lui, il s’explique avec Juliette et Éloïse, tentant de comprendre. Siriac les rejoint ; les garçons en viennent presque aux mains, mais Juliette parvient à les calmer, et convie Cassandra à les retrouver pour l’apéritif, dès qu’elle aura fini son travail.



Résumé de l’acte VI : Cassandra découvre les photos que Flora avait déposées. Siriac finit par s’inquiéter de ne pas la voir arriver. Cassandra appelle Roméo, en pleurs, et lui dit qu’elle va quitter Siriac. Ce dernier essaie de la rejoindre avant qu’elle ne parte, mais il est trop tard. Il parcourt la ville en tous sens rapidement. Juliette, Éloïse et Roméo vont à la pizzeria, espérant que le serveur que Cassandra avait séduit ait de ses nouvelles. Mais aucune trace de leur amie.



Résumé de l’acte VII : Mardi matin, Siriac est désespéré. Il passe la journée à chercher Cassandra et à essayer de la joindre, mais sans succès. Roméo tente de comprendre pourquoi Flora a mis les photos dans la boîte aux lettres de Siriac. Mardi soir, Siriac semble avoir fait une croix sur son couple ; il décide d’aller passer la soirée chez Flora.




LES MALHEURS DE CASSANDRA





Acte VIII, scène 1


Mercredi, 19h10


L’appartement de Juliette et Roméo


(Juliette, Roméo)



(Juliette et Roméo sont tendrement enlacés, sur le canapé. On entend frapper.)


Juliette : Ne réponds pas ! On est bien, là.

Roméo : C’est peut-être Éloïse ?

Juliette : Bah, elle a sa clé.


(Elle embrasse Roméo langoureusement. On entend de nouveau frapper.)


Roméo : Tu crois que…


(On entend la porte d’entrée s’ouvrir. Siriac entre.)


Juliette (à Roméo, désappointée) : Je croyais que tu avais fermé la porte à clef…

Roméo : Euh…

Siriac : B’soir. Je vous dérange, on dirait ?

Juliette : Ben, honnêtement…

Siriac : Oui, mais c’est que je sais plus quoi faire. Je deviens fou.

Juliette : Je crois qu’il serait bon, pour notre bien à tous, que tu retrouves Cassandra.


(Siriac s’assoit sur une chaise en face d’eux.)


Siriac : Éloïse n’est pas là ?

Roméo : Non, on l’a envoyée faire les courses. Faut bien qu’elle nous serve à quelque chose…


(Juliette arbore un air indigné et tape sur Roméo.)


Juliette : Oh… Mais ! Ce sera dit et répété !

Roméo (regardant Siriac avec insistance) : Remarque, elle nous sert à quelque chose, au moins, elle…

Siriac : Oh, va chier ! Tu te sentiras mieux si je vais te faire quelques courses ?


(On entend à nouveau la porte d’entrée s’ouvrir. Éloïse entre, les bras chargés.)


Roméo : Alors ? C’était bien ?

Juliette : Si tu savais ce que Roméo vient de dire sur toi…

Éloïse (à Siriac) : Salut ! Alors ? T’as dormi chez ta nouvelle copine ?


(Sans attendre la réponse, elle sort vers la cuisine.)


Siriac : Oh ben tu parles d’une connerie, ça, encore !


(Juliette et Roméo regardent Siriac, pendus à ses lèvres. Éloïse revient, déchargée.)


Siriac (à Roméo) : C’est vraiment une grosse salope, ta copine.

Juliette : Hein ? De qui tu parles, là ?

Siriac : Bah, de Flora !

Juliette : Ben c’est pas sa copine ! Tu vois, c’est moi, sa copine !

Siriac : Mouais enfin, c’est une salope, et basta.

Éloïse : T’as l’air fâché ; elle t’a pas fait tout ce que tu voulais ?

Roméo : Bah pourtant…

Juliette : Quoi ?

Roméo : Non, rien…

Siriac : Mais c’est pas ça ! Si, au début, on a baisé, c’était génial !

Éloïse (ironique) : Et puis d’un seul coup, t’as essayé de lui trouver un autre intérêt…

Siriac (à Roméo) : Mais c’est hallucinant, elle a pas arrêté de me parler de toi !

Juliette (fulminant) : Ah oui ?

Roméo (mal à l’aise) : Oui, je crois qu’elle s’est jamais vraiment remise quand je l’ai larguée…

Siriac : J’ai pas vraiment compris les choses comme ça, mais bon…

Juliette (écumant) : Allez, raconte !

Éloïse (enjouée) : Oui, allez, raconte ! Qu’est-ce qu’elle t’a dit ?

Roméo (esquivant) : Mais non, n’allez pas l’accabler avec ça… Il est déjà tout abattu… Tiens, Siriac, tu veux boire quelque chose ?

Siriac : Pfff, te fatigue pas ! Et puis attends, c’est pas fini, quand elle en a eu marre de me parler de toi, elle s’est mise à me parler de tout un tas d’autres mecs !

Roméo (à Juliette) : Tu vois bien ? Je suis rien qu’un souvenir parmi d’autres, pour elle…


(Juliette regarde Roméo, menaçante.)


Siriac : Et le clou, c’est quand elle a finalement invité deux autres mecs !

Roméo (avec un sourire) : Pour faire une belote ?

Siriac : Si seulement…

Juliette (consternée) : Et tu t’es pas tiré avec tout ça ?

Siriac (piteux) : Bah non, on a baisé une fois ou deux, et puis après j’en pouvais plus, je suis allé me coucher. Elle a dû continuer encore un peu, et puis elle m’a rejoint dans le pieu. Et elle en voulait encore ! C’est hallucinant ! Ce doit être une maladie, à ce niveau-là…


(Un silence. Éloïse finit par éclater de rire.)


Siriac : Te marre pas ! C’est pas drôle du tout !

Éloïse : Je me marre en t’imaginant là, au milieu, plein d’espoir, alors qu’elle t’utilise comme un vulgaire gode…

Siriac : Oh la la !


(Un silence.)


Éloïse : Bon, tu manges avec nous ?

Siriac : Euh… non.

Juliette : Tu sors encore ?

Siriac : Oui, je vais manger chez Daphné, cette fois-ci.

Roméo (ironique) : Monsieur a un agenda très chargé…

Juliette : C’est pas ça qui va faire revenir Cassandra !

Siriac : Qui ça ?


(Un pesant silence. Tous le regardent, consternés.)


Siriac : Mouais, bon. Allez, bonne soirée !


(Il sort.)


Juliette : C’est n’importe quoi ! Il exagère vraiment.

Roméo : Boh, ça va lui passer…







Acte VIII, scène 2


Jeudi, 19h50


L’appartement de Juliette et Roméo


(Juliette, Éloïse, Roméo)



(Juliette, Éloïse et Roméo sont attablés pour dîner.)


Éloïse : Eh, au fait ? Vous avez eu des nouvelles de Siriac ?

Juliette : Ah oui, tiens, comment s’est passée sa soirée chez sa greluche ?


(Un silence.)


Roméo : Eh, oh ! Ne me regardez pas comme ça, j’y étais pas, moi !

Juliette : Il t’a pas appelé pour te vanter ses exploits sexuels ?


(On entend justement frapper à la porte.)


Éloïse : Vous devriez peut-être lui refaire une clé…


(Siriac entre.)


Juliette : Euh, on a pas dit d’entrer…

Siriac : Salut ! Ah, vous êtes à table ? Bon, j’en ai pas pour longtemps. Je voulais surtout vous rassurer.

Juliette : Ah ? T’as retrouvé Cassandra ?

Siriac : Hein ? Mais non ! Vous rassurer à mon sujet.

Juliette, Éloïse et Roméo : ?

Siriac : Je vais mieux.


(Un silence.)


Roméo : Cool !

Siriac : Ouais, c’est génial, hein ? Vous avez pas l’air de comprendre. Mais bon, je vous en veux pas. C’est peut-être parce que vous êtes à table.

Éloïse (à Roméo) : Mais il est bourré, ou quoi ?

Siriac : Bon, enfin, je voulais surtout vous inviter à l’apéro, demain soir, chez ma nouvelle copine. Vers sept heures, sept heures et demie, par-là, quoi. D’accord ?


(Un silence accablant.)


Siriac : Bon, eh ben, impec ! À demain, alors !


(Il s’éloigne vers la porte d’entrée de l’appartement.)


Juliette (à voix basse, à Roméo) : Dis quelque chose !


(Siriac sort. On l’entend ouvrir la porte.)


Roméo (embarrassé) : Euh, attends, Siriac !

La voix de Siriac : De quoi ?

Roméo : C’est qui, ta nouvelle copine ?

La voix de Siriac : Ben, c’est Daphné !

Roméo : Ah…


(Un silence.)


La voix de Siriac : Bon, allez, à demain !

Juliette (à Roméo) : Demande-lui si y aura Flora, à son apéro ?


(On entend se refermer la porte d’entrée.)


Roméo (haussant les épaules) : Trop tard.


(Il se remet à manger. Éloïse et Juliette se regardent, perplexes.)







Acte VIII, scène 3


Vendredi, 18h45


L’appartement de Juliette et Roméo


(Juliette, Éloïse, Roméo)



(Roméo et Éloïse sont assis sur le canapé, Juliette va-et-vient dans la pièce. Éloïse somnole.)


Juliette : Tu veux vraiment y aller, à cet apéro ?

Roméo : Oui, pourquoi pas…

Juliette : Mais ça va être n’importe quoi ! On a rien à lui dire, à cette Daphné ! Sans compter que Flora risque d’être là, en plus…

Roméo : Boah, ça va être marrant.

Juliette : Et Cassandra ?

Roméo : Quoi, Cassandra ?

Juliette (excédée) : Non rien…

Roméo : Oh, mais relaxe, détends-toi, on va juste boire un coup.

Juliette : Bon… alors dans ce cas… Éloïse, tu veux bien faire une pipe à Roméo pendant que je vais me préparer ?

Éloïse : Hein ?

Juliette : Oui, je préfère qu’il soit vidé avant de croiser Flora…


(Elle sort vers la chambre.)


Roméo (dégrafant son pantalon) : Allez, vite, fais ce qu’elle t’a dit…

Éloïse : Je comprends rien…

Roméo : Elle a dit qu’il faut me sucer.

Éloïse (se levant) : Bah, elle est assez grande… Moi aussi, il faut que j’aille me préparer.


(Elle sort vers la chambre et claque la porte derrière elle.)


Roméo : Boah !


(Un silence.)


Roméo : Puisque c’est ça, je vais me branler…


(On entend frapper.)


Roméo : Ah, si c’est encore l’autre guignol, il va m’entendre ! Il devrait être en train de nous préparer l’apéro…


(Il se lève et se renfroque.)


Roméo (fort) : Entrez !


(Cassandra entre ; elle paraît plutôt piteuse.)


Cassandra : Salut.

Roméo : Euh… salut.


(Elle s’approche pour lui faire la bise et s’écroule soudain en larmes contre lui. Il hésite un instant, avant de la serrer dans ses bras.)


Cassandra : Si tu savais comme je m’en veux…


(On entend les voix plaintives d’Éloïse et Juliette gémir doucement, provenant de la chambre.)


Cassandra (se reprenant) : Mais c’est pas vrai !


(Elle va jusqu’à la porte de la chambre, qu’elle ouvre brutalement.)


Cassandra (hurlant vers l’intérieur) : Mais bordel, vous vous arrêtez jamais ? ! ?


(Elle claque la porte et revient près de Roméo.)


Cassandra : C’est à cause de leurs conneries, tout ça…

Roméo : Euh… C’est un peu à cause des conneries de tout le monde, je crois.


(Juliette entre, venant de la chambre, en culotte et soutien-gorge.)


Juliette : Oh, comme je suis contente de te revoir !


(Elle s’approche de Cassandra et la serre longuement dans ses bras.)


Cassandra : Oh, eh, du calme, hein ! Je ne suis pas Éloïse…

La voix d’Éloïse (de la chambre) : Ouais, ben, en attendant, t’as cassé un super coup…

Cassandra : Je ne veux plus jamais entendre parler de vos histoires de cul !

Juliette : Bon, eh ben tu tombes bien… Siriac a pété les plombs ! Il nous a pris la tête pendant deux jours, et ensuite il s’est mis dans la tête que tu ne voudrais plus le revoir et il s’est…

Cassandra (l’interrompant, froidement) : Je ne veux plus le revoir !


(Un lourd silence.)


La voix d’Éloïse : Oh, tu vas pas nous faire chier toute ta vie pour une pauvre histoire de cul, hein !

Roméo (à part) : Ça y est, elle remet ça…

Éloïse (entrant, à demi nue) : On s’est tapé ton mec, et toi tu t’es tapé le nôtre, il a fait une connerie, toi aussi, on va pas en faire un plat ! Alors maintenant, tu vas te calmer, et lui aussi ! Vous allez ravaler vos fiertés et vos délires et vous engueuler même un bon coup s’il le faut, mais en tout cas, ça suffit avec vos conneries !


(Un silence. Roméo sifflote en regardant le plafond. Cassandra, pâle, fixe Éloïse. Juliette est mal à l’aise.)


Éloïse (radoucie) : Mais je suis contente de te revoir…


(Elle embrasse Cassandra, qui se laisse faire.)


Juliette : Je crois que ce qu’Éloïse voulait dire, c’est que tu devrais faire un effort pour tenter de lui pardonner. Tu tiens à lui, et lui, il tient à toi. Ce serait trop bête de tout casser, non ?


(Cassandra s’assoit dans le canapé en soupirant. Roméo regarde tour à tour Juliette et Éloïse.)


Roméo : Bon, Cassandra, ça va, tu te sens bien ?

Cassandra (prudente) : Pourquoi ?


(Roméo respire un grand coup.)


Roméo : Bon, voilà : ce qu’on a oublié de te dire, c’est qu’il a tiré une croix sur toi, qu’il est en train de s’installer avec une autre nana et que justement, on devait aller prendre l’apéro chez eux…


(Cassandra semble un instant pétrifiée, dardant ses yeux dans ceux de Roméo. Une larme coule sur sa joue, et elle s’effondre soudain dans le canapé, évanouie. Juliette s’approche d’elle, paniquée.)


Éloïse : Eh ben voilà, t’es fier de toi ?

Roméo : Non, ça m’en a coûté, mais c’était nécessaire.

Juliette : Mais t’es con ou quoi ?

Roméo : C’est pour son bien !

Juliette (tapotant la joue de Cassandra) : Cassandra ?… Cassandra ?

Éloïse : Fais-lui respirer de l’alcool…

Juliette : Cassandra ?

Cassandra (ouvrant doucement des yeux cramoisis) : Roméo…

Roméo : Oui ?

Cassandra (furieuse, se levant) : Je vais te tuer !

Roméo (mettant de la distance entre elle et lui) : Ah, très bien ! Je sens monter ta colère ! Canalise-la, maintenant… Ta cible, c’est Flora et Daphné… Tu m’entends ?

Éloïse : Tu essaies de l’hypnotiser ?

Juliette : Arrêtez ! Roméo ! Cassandra ! Ça suffit !

Éloïse (souriant) : Oui, vraiment, on dirait des gosses ! Vous méritez une fessée !

Roméo : Bon, Cassandra, je t’explique : si tu veux récupérer Siriac, tu viens avec nous chez Daphné où ce guignol a trouvé malin d’aller s’installer…

Juliette : C’est vrai que si tu veux tuer quelqu’un, autant que ce soit Daphné ou Flora.

Éloïse : Je t’amènerai des oranges, en prison…


(Un silence.)


Cassandra : Quand même, c’est hallucinant ! Quatre jours tout seul et il s’installe chez une autre nana, j’y crois vraiment pas !


(Un silence. Juliette s’approche de Cassandra et la prend dans ses bras.)


Juliette : On va aller chercher Siriac et on va oublier tout ça et reprendre une vie normale, d’accord ?


(Cassandra la regarde un instant en silence, puis acquiesce. Elles s’embrassent.)


Éloïse : Tu parles d’une vie normale…








Acte VIII, scène 4


Vendredi, 19h30


L’appartement de Daphné


(Flora, Daphné, Siriac)



(Flora et Daphné sont assises sur le canapé ; Siriac va-et-vient dans la pièce, cherchant manifestement à préparer de la meilleure façon possible la réception de ses amis.)


Siriac (à Flora) : Je leur ai dit que tu serais pas là…

Flora : Tu veux que je me cache ?

Siriac : J’sais pas…

Daphné : Eh, oh, je suis chez moi, j’invite quand même qui je veux, non ?

Siriac : Oui, mais c’est-à-dire que… ça va encore dégénérer…

Flora : Mais non, j’ai un plan : j’assomme les deux greluches et je m’enferme avec Roméo dans la chambre, d’accord ?

Siriac (à Daphné) : Tu vois ? Qu’est-ce que je te disais…

Daphné : Détends-toi.

Flora (langoureuse) : Tu es tendu ?

Siriac (à Flora) : Oh, fous-moi la paix ! Mais fais attention, je te surveille !


(Flora éclate de rire.)


Daphné (à Siriac) : Oh, relax ! Et toi aussi, Flora ! On va assommer personne et aucun d’entre nous ne va baiser avec qui que ce soit. On boit l’apéro, c’est tout.

Siriac (à Flora) : Oui, l’idée, c’est plutôt de faire la paix avec Juliette et Éloïse, tu comprends ?

Flora : Mouais, bof…


(Un silence.)


Siriac (avec un sourire) : Si tu es sage, tu auras un nouveau gode…


(Daphné éclate de rire. On entend la sonnette. Siriac va ouvrir la porte. Il pousse soudain un long hurlement de terreur.)


Daphné (apeurée) : Qu’est-ce qu’il y a ?


(Juliette, Éloïse, Roméo et Cassandra entrent.)


Flora (se levant) : Oh la la la la la la ! La revoilà ! Mais vous êtes increvables, hein, toutes les trois ?

Siriac (encombré) : Euh… écoute, Cassandra…

Cassandra (froide) : Je t’écoute, Siriac…


(Un silence. Daphné observe Siriac, troublée. Juliette finit par toussoter.)


Roméo (à Daphné) : Alors, tu nous payes l’apéro ?

Flora (à Roméo) : Tu viens le prendre avec moi dans la chambre ?

Juliette (criant) : Oh, la grosse salope ! Je te gêne pas ?

Flora (criant aussi) : C’est moi que tu traites de salope ? Mais tu t’es bien regardée ?

Éloïse (ouvrant ses bras) : Paix…

Roméo : Oh, les filles, vous pourriez peut-être…

Juliette (à Roméo, désignant le canapé) : Toi, tu t’assois là et tu bouges pas !

Flora (à Roméo) : Et tu la laisses te parler comme ça ?


(Roméo hausse les épaules et s’assoit dans le canapé à côté de Daphné. Cassandra et Siriac s’éclipsent discrètement et sortent vers la chambre. Daphné se lève et fait mine de les suivre, mais demeure finalement perplexe. Juliette s’assoit sur le canapé d’un côté de Roméo et Éloïse de l’autre.)


Daphné (embarrassée) : Euh… je vous sers quelque chose ?

Roméo (enjoué) : Eh ben ouais ! On est venus pour ça, après tout…

Flora (à part) : Je savais bien que c’était une connerie, cette histoire d’apéro !

Éloïse (souriant) : Qu’est-ce qu’il y a, Flora ? Tu es fâchée ?


(Flora soupire longuement et s’assoit sur un fauteuil. Un silence.)


Daphné (tourmentée) : Mais pourquoi elle est venue avec vous ? Je croyais que c’était fini avec Siriac et qu’elle ne voulait plus le voir et qu’il ne voulait plus la voir non plus ?

Éloïse : C’était juste un malentendu…

Juliette (regardant Flora) : Oui, un malentendu blond avec des gros seins !

Flora : Oh, me fais pas chier ! C’est pas à cause de moi qu’elle s’est barrée, sa nana ! C’est parce que ses deux meilleures amies sont venues à l’improviste se taper son mec…

Éloïse : Eh oui… C’est beau, l’amitié, hein ?

Flora (à Roméo) : Et toi, tu t’en fous ?


(Roméo hausse les épaules et baille. Flora soupire de nouveau. Daphné s’assoit à son tour sur une chaise.)


Roméo (avec un sourire) : Bon, alors, les filles ? Qui c’est qui me suce ?


(Un lourd silence.)


Roméo : Bon, je vais aller demander à Cassandra…


(Un silence.)


Roméo (à Daphné) : Euh… je me sers ?

Daphné : Oh, excusez-moi, je suis désolée. Je suis un peu perdue, là. Tu veux quoi ? Un whisky, c’est ça ?

Juliette : Eh ben ! Tu connais bien ses goûts…

Flora (à Juliette) : À la définition de "jalousie", dans le dico, on devrait mettre ta photo…

Éloïse : Eh, Flora ?

Flora : Quoi ?

Éloïse : Ta gueule !


(Roméo pouffe. Juliette sourit. Daphné paraît de plus en plus mal à l’aise.)


Éloïse (à Flora) : Ça te fait chier que tous tes plans débiles aient déconné, hein ?

Flora : Mais non, tout n’a pas déconné, hein Roméo ?

Juliette : Ça veut dire quoi, ça ?

Roméo : Mais rien… Vous allez pas commencer à écouter tous ses délires…

Éloïse : Oh la la ! Ça y est, ça recommence !


(Cassandra et Siriac reviennent de la chambre. Daphné pâlit.)


Daphné : Siriac, tu peux m’expliquer ?

Cassandra (froide) : Il n’y a rien à expliquer… Siriac a eu un moment d’égarement, mais tout va maintenant rentrer dans l’ordre, hein Siriac ?


(Siriac acquiesce. Flora se marre.)


Flora : Ça y est, Siriac ? Elle t’a remis ton collier et ta laisse ?

Daphné : Mais enfin, je croyais que…


(Elle s’interrompt et regarde tour à tour Siriac et Cassandra.)


Cassandra (à Daphné) : C’est pas à toi que j’en veux le plus…


(Elle regarde ensuite Flora avec insistance.)


Flora : C’est à moi ? Oui, t’as raison, c’est à la mode…

Cassandra : Bon, moi, je m’en vais. Qui c’est qui vient ?

Juliette : Moi.

Éloïse : Moi aussi.

Juliette (à Roméo) : Toi aussi.

Roméo : On boit pas un coup ?


(Un silence. Tous regardent Siriac.)


Siriac : Bah, oui, bien sûr que je vais venir !


(Il s’approche de Daphné.)


Siriac : Je suis désolé, Daphné, pardonne-moi.


(Un silence. Daphné ne répond rien, et finit par détourner les yeux.)


Siriac : Au revoir.


(Cassandra, Juliette et Éloïse sortent.)


Roméo : Bon, ben… salut.


(Roméo et Siriac sortent.)


Flora : Tu parles d’une soirée à la con !








Acte VIII, scène 5


Vendredi, 20h40


Un restaurant


(Juliette, Cassandra, Éloïse, Roméo, Siriac, des clients, des serveurs)



(Juliette, Cassandra, Éloïse, Roméo et Siriac sont attablés.)


Juliette : On est quand même mieux là, entre nous, non ? Je suis contente de te retrouver, Cassandra, et je suis contente que vous soyez de nouveau tous les deux ensemble.

Cassandra : Oui. J’espère que tout ça est vraiment fini, maintenant.


(Jonas entre. Seule Éloïse l’aperçoit.)


Éloïse : Je ne sais pas… Il se peut qu’il y ait encore deux ou trois détails à régler…


(Tous la regardent sans comprendre. Jonas s’approche de leur table.)


Cassandra (à voix basse) : Oh, merde ! J’y pensais plus, à celui-là…


(Elle se cache le visage derrière ses mains.)


Jonas : Bonsoir.

Roméo : Salut.

Jonas (à Cassandra) : Bonsoir, torride demoiselle…

Siriac (hurlant) : Quoi ? Mais qui c’est ce guignol ?

Cassandra (embarrassée) : Euh, alors… Jonas, voici Siriac, mon petit ami… Siriac, je te présente Jonas, un copain de Roméo…

Roméo : Quoi ? Je le connais pas, ce mec ! Laissez-moi en dehors de tout ça, pour une fois…

Jonas : Ah, je comprends…

Siriac : De quoi ? Tu comprends quoi ? T’as un problème ? Tu veux qu’on aille régler ça dehors ?

Cassandra : Eh, mais Siriac, tu vas te calmer ?


(Siriac bougonne dans sa barbe, tandis que Jonas se marre ouvertement.)


Jonas : Bon… je peux prendre vos commandes ?

Siriac : J’exige un autre serveur !

Roméo : Mais non… Arrête de nous faire chier ! Tiens, on va boire un whisky, d’accord ?

Jonas : Alors, deux whiskies ? Et pour ces charmantes demoiselles ?

Siriac : Tu vois, il recommence ! Dégage !

Juliette : Trois coupes de champagne, s’il vous plaît.

Éloïse : … chacune.

Cassandra : Euh, qui est-ce qui paye ?

Éloïse : Oh ben c’est vous, quand même…

Jonas (s’éloignant) : Je vous apporte ça de suite.

Siriac : Non, je veux que ce soit quelqu’un d’autre !

Éloïse : Quelqu’un d’autre qui paye ?

Siriac : Non, qui apporte les boissons !


(Jonas sort. Un silence.)


Cassandra : Siriac, tu es ridicule !

Siriac : Bah, euh, ouais, mais, bon…

Juliette : Franchement, tu croyais vraiment que pendant que tu te tapais les autres salopes, Cassandra serait restée les bras croisés ?

Cassandra (sarcastique) : C’est qui, les autres salopes ?

Éloïse (amusée) : Non, non, ce n’est pas nous… Nous c’était un accident…

Cassandra : C’est cela !


(Un silence.)


Roméo (avec une voix de fille) : Siriac, franchement, tu es ridicule !

Siriac : ?

Roméo : Je fais front commun…


(Jonas revient et dépose les consommations sur la table.)


Jonas : Vous avez choisi pour la suite ?

Siriac : Non, non, on t’appellera…


(Jonas s’éloigne en souriant.)


Cassandra : Bon, on trinque ?

Juliette : À vos retrouvailles…


(Ils saisissent chacun leur verre et trinquent.)







Acte VIII, scène 6


Vendredi, 23h20


L’appartement de Juliette et Roméo


(Juliette, Roméo)



(Juliette sort de la chambre, en nuisette. Roméo est assis sur le canapé.)


Juliette : Bon, ça y est, tout est rentré dans l’ordre…

Roméo : Oui, on va enfin être peinards !


(Éloïse entre, provenant de la salle de bains. Elle est nue. Elle s’approche de Juliette et, sans un mot, referme ses mains sur sa poitrine et l’embrasse.)


Roméo : Oui, tout est rentré dans l’ordre…


(Éloïse glisse une main sous la nuisette de Juliette. Celle-ci plaque ses mains sur les fesses d’Éloïse. Le téléphone sonne.)


Roméo : Oh, mais c’est pas vrai, merde !


(Éloïse et Juliette continuent à se peloter et se caresser sans faire attention au téléphone. Roméo se lève et va décrocher en soupirant.)


Roméo (au téléphone) : Allô ?

Juliette (très fort) : Aaaaaah !

Éloïse (très fort) : Hmmmm !

Roméo (au téléphone) : Bah oui, tu nous déranges ! Enfin, en fait, c’est surtout moi que tu déranges ! Éloïse et Juliette, elles s’en foutent !

Éloïse : Hmmmm !

Juliette : Aaaaahhaaaaa !

Roméo (au téléphone) : Mais tu vas continuer à nous appeler tout le temps jusqu’à la fin de tes jours ? Ça y est, là, elle est revenue ! Alors tu te fous au pieu avec elle et tu arrêtes de nous emmerder !


(Éloïse retire sa main d’entre les cuisses de Juliette et s’approche de Roméo. En lui caressant les cheveux, elle lui présente ses doigts à sucer. Il tente de l’éloigner. Juliette se colle derrière Éloïse et pose une main sur sa poitrine et l’autre entre ses cuisses. Éloïse gémit à l’oreille de Roméo.)


Roméo (au téléphone) : Quoi ?… Non, j’entends rien !

Éloïse (fort) : Aaaahhh ! Hmmmm !

Roméo (au téléphone) : Tu arrives pas à quoi ?


(Un silence.)


Roméo (au téléphone) : Tu bandes pas ? J’ai bien entendu ? Tu m’appelles pour me dire ça ?


(Éloïse éclate de rire.)


Juliette (se retenant de rire) : Non, c’est pas drôle ! La pauvre Cassandra, elle retrouve enfin son chéri, après une engueulade sans précédent et une semaine à se faire la tête, et il arrive pas à bander…

Roméo (au téléphone) : Mais non, c’est pas grave ! Ça arrive… T’as trop baisé, ces derniers jours, c’est tout.

Éloïse (fort) : T’appelles pour qu’on te prête un gode ?

Roméo (au téléphone) : Eh ben ce soir, tu te reposes, et demain, ça ira mieux, d’accord ?.. Oui… Voilà, allez, bonne nuit… De rien.


(Il raccroche.)


Roméo : C’est vraiment n’importe quoi !

Éloïse (plaquant une main sur l’entrejambe de Roméo) : Et toi, ça va bien ?


(Elle embrasse Roméo ; Juliette presse à nouveau son corps contre celui d’Éloïse et la caresse de nouveau. Éloïse déboutonne le pantalon de Roméo et en extrait son sexe durcissant. Elle le masturbe quelques secondes, puis s’agenouille à ses pieds pour le sucer. Juliette embrasse Roméo, qui se met à gémir sous les caresses d’Éloïse.)







Acte VIII, scène 7


Samedi, 3h40


La chambre de Cassandra et Siriac


(Cassandra, Siriac)



(Cassandra et Siriac sont allongés dans leur lit. Cassandra dort à poings fermés. Une petite lampe de chevet est allumée du côté de Siriac. Celui-ci lève haut les couvertures et regarde en dessous. Il les rabat avec un sourire.)


Siriac (secouant Cassandra) : Ça y est ! Cassandra, réveille-toi ! Ça y est !

Cassandra : Grrmmblll ?

Siriac : Ça y est, j’ai la gaule !

Cassandra : Tu te fous de moi ?

Siriac : Non, non, je t’assure, tiens, touche…

Cassandra : Fous-moi la paix, je dors !


(Elle se retourne dans le lit et se rendort instantanément.)


Siriac : Aaaah, je me sens quand même mieux…




FIN