Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 11866Fiche technique12033 caractères12033
Temps de lecture estimé : 8 mn
21/10/07
Résumé:  Prostitution imaginaire, péché de chair, fresque lubrique, fantasme blasphématoire.
Critères:  fhh religion cérébral revede fellation pénétratio lettre délire -lettres -fhh
Auteur : Homelie
Fresque divine

Cher Louis,


Nous sommes arrivés il y a trois jours après un long et fastidieux voyage. Je te passe les détails du déplacement, l’ennui mortel de la voiture et des paysages autoroutiers à l’infini, la mornitude de l’avion et ses nuages immobiles. Arrivés à l’aéroport, il nous fallait encore passer la barrière de la langue et celle du contrôle des passeports, pour obtenir le tampon précieux sésame de notre séjour à très long terme en terre étrangère. Les képis des policiers sont immenses et d’un coup l’impression gagne en tendant ses papiers d’identité de vivre un film de la guerre froide, tandis que le fonctionnaire tire sur sa cigarette. Pas à pas je découvre ce pays qui va être le mien durant plusieurs années, écoutant les sons d’une langue que je ne connais pas encore et qui pourtant doit devenir la mienne. Tout ici est tellement en contraste ! J’ai le sentiment constant d’une société se heurtant en elle-même sur une multitude de lignes de front, nouveaux riches et extrême pauvreté, insignes communistes d’une voûte vernissée sous laquelle passent les 4x4 aux vitres fumées.

Tu marches dans la rue et partout s’étalent les insignes de l’extrême richesse tandis que de loin en loin tu croises des gens dont les dents pourries émaillent les sourires. La faucille et le marteau témoignent d’un passé idéologique qui s’inscrit dans la pierre des constructions, dans l’ordonnance symétrique de la ville et les grands ensembles d’habitations. J’ai quitté le groupe pour arpenter la ville seule et en humer l’air, passant par les souterrains pour traverser les rues et, devant des marchandes à genoux proposant quelques fleurs et graines à croquer, dépassant des jeunes assis sur des bancs et buvant les plus énormes bières que tu pourrais imaginer. Il y a là une image vraiment étrange pour nous Européens, que ces filles magnifiques, apprêtées comme nous le serions pour une soirée exceptionnelle, cheveux lissés et escarpins, ongles peints et fards ostensibles, buvant à une canette le breuvage âcre en compagnie de leurs amis masculins dont la figure slave recèle moins de charme que celles de leurs compagnes !


Tu me manques. À chaque coin de rue, à chaque exclamation et à chaque curiosité. À chaque instant, je regrette ton absence.


Hier soir j’ai accepté de partager avec mes compagnons d’expatriation quelques verres de vodka locale. Ils sont pour la plupart sympathiques, tournés vers leur famille restée en France ou obsédés des problèmes de l’école française sur place pour leurs enfants. Je m’ennuyais un peu, pensant à cette lettre que je voulais t’écrire. Je n’ai pas voulu envoyer de mail. Je voulais sentir la plume crisser légèrement sur le papier un peu épais, promener ma main et en sentir le grain et l’odeur en notant les premières impressions, lettre à lettre composer ton nom chéri et estampiller l’enveloppe d’un timbre en l’humectant légèrement d’un discret coup de langue.


L’un de mes compagnons, entre deux âges, a plaisanté de ses aventures nocturnes. Chaque soir depuis notre arrivée, à son hôtel, un coup de fil nocturne lui propose avec un systématisme entêté : « Do you want massage and sex ? ». Il s’empressa de préciser qu’il a bien sûr refusé les plaisirs mercantiles d’une belle fille locale. Tu imagines sans peine le concert de cris d’orfraie féministes qui s’en suivirent et les remarques graveleuses des voix plus graves. Pour ma part, je me contenterais de te dire qu’ayant l’honneur d’occuper la chambre voisine de la sienne, j’ai du rêver ce claquement discret d’une porte dans le milieu de la nuit, suivi des gémissements discrets et en rythme du client. Voilà pour la morale !

Blottie sous mes draps et les yeux grands ouverts dans le noir, j’imaginais la scène voisine, ayant bien compris la nature d’une relation éphémère. Je voyais frapper discrètement la femme, que j’imaginais sans doute jeune et plutôt belle, d’un beau corps fin et délié. Son entrée dans la pièce ouvrant un trench et dévoilant des dessous que j’aurais voulus élégants, d’un noir tranchant sur la peau blanche et l’homme étendu sur son lit, déjà sous la coupe d’une violente excitation tandis qu’elle se penchait en professionnelle vers le haut de ses cuisses tout en se déhanchant légèrement. Je sais que tu peux la voir aussi mon cher, ses longs cheveux balayant la pointe de ses seins et les masquant parfois à la vue tandis que de ses lèvres elle s’avance pour un baiser tout sauf chaste.

Je m’égare sans doute et c’est moi que je vois m’approchant de toi, habillée seulement de mes longs cheveux tandis que tu me regardes de ces yeux que tu peux seul avoir. À les entendre gémir et puis jouir je ressentais douloureusement dans mon corps gonflé l’excitation et la frustration du manque de toi. Est-ce que je te manque autant ? Est-ce que toi aussi tu te réveilles la nuit en m’imaginant dans les scénarios les plus incongrus, relevant mes jupes pour que tu passes ta main entre mes cuisses, gémissante déjà pendant que tu lèches tes doigts humides ?


Je m’égare encore du besoin de toi.


Nous n’avons pas encore pris nos pénates dans notre nouveau lieu de travail. J’ai pu continuer ce jour la visite de la ville, de ces bâtiments ressemblant parfois à des charlottes décorées de moulures et stucs de crème. Le baroque triomphant peut parfois se révéler lassant… Entre le monumentalisme soviet et la débauche tsariste, je ne sais lequel je préfère. J’arpente et j’observe pour le moment. Je suis entrée dans une église datant du XIème siècle, toute pleine de couleur et d’or un peu terni. Ses voûtes n’ont rien de roman ou de gothique, elle est profondément, indubitablement orthodoxe et donc schismatique, comme tu ne manqueras de me faire un topo sur les raisons des querelles christologiques. Une Vierge t’y accueille et non un Christ en croix, les deux mains levées en un signe de compassion et de soutien. Les mosaïques avaient certes leurs attraits mais mon désir du jour plus encore que les vieilles pierres, dont tu connais pourtant l’attrait à mes yeux, était d’assister à une messe de ce culte chrétien.


J’ai quitté un peu à regret les lieux pour partir à la recherche d’un temple plus contemporain. Je l’ai trouvé sans peine d’ailleurs, et si les rouges manquaient de vermeil, je fus littéralement assourdie par la puissance colorée qui m’a assaillie dans la nef. Les églises orthodoxes sont pleines d’une foule mystique baisant les icônes sous les yeux de popes aux yeux ardents, leur longs cheveux et barbes sombres balayant l’air pendant qu’ils psalmodient la messe face à l’autel. Leur vêture noire et leur toque leur donnent une solennité si profonde que tu restes hypnotisé de leurs prunelles brillantes, de l’expression habitée de leur regard. Ils font la messe et leur profil net découpe à l’autel une étrange esthétique bien loin d’être divine. De bout en bout j’ai assisté à la messe pourtant très longue, à la succession des iconophiles et fascinée de la jeunesse des prêtres. À les voir s’incliner et réciter de leur voix profonde la litanie je sentais fourmiller mes membres. Le foulard sur mes cheveux - obligatoire ici pour entrer dans l’église - caressait mes tempes et ma nuque d’un frôlement qui m’agaçait et m’électrisait tout à la fois. Ce sentiment érotique face à l’autel me laissait un peu décontenancée, avide de quelque chose que je ne connaissais pas et ne pouvais imaginer, tremblante d’un désir qui ne voulait pas se dire.


Si je te disais que des pensées très méchantes m’ont effleuré alors l’esprit et que des popes les plus jeunes je m’imaginais quelques scènes un peu lubriques pendant qu’ils honoraient leur dieu ? Deux d’entres eux aux traits particulièrement transfigurés par la foi balayaient le sol de toute l’ampleur de leur vêtement noir. J’aurais voulu qu’ils me mordent et qu’ils me prennent par derrière comme ça, en me faisant un peu mal. Je voyais leurs yeux brillant de désir autant que de foi et s’approchant de moi ou pétrissant mes seins.


En quittant le temple, j’ai vu que le mur de la porte de sortie était entièrement peint d’une fresque hallucinante. En vérité les enfers de mes fantasmes avaient été transcrits dans la pierre pour l’éducation et l’avertissement au peuple ! Juste avant de quitter l’église tu te trouves nez à nez avec une représentation gigantesque des ténèbres où les scènes de turpitudes sexuelles se trouvent soumises à l’appréciation des pécheurs. J’ai donc pu contempler, sentant les pulsations entre mes cuisses, le sexe démesuré d’un diable prenant à loisir une jeune pécheresse for marrie en apparence, mais dont je soupçonnais en fait les délices tandis qu’elle sentait pénétrer en elle la queue de l’archange. Le sourire sardonique du méchant était à la mesure d’ailleurs de son membre tendu à l’extrême et fouaillant en mesure le joli sexe, les seins de la belle pointant d’un désir masqué sous les traits d’une souffrance jouissive. À ses côtés, d’autres diablotins usaient de leurs doigts curieux pour se promener sur les corps nus et frêles d’autres impénitentes, accroupies semble-il pour protéger leur intimité qu’en fait elles offraient avec délice, les croupes relevées et le sexe battant de l’envie de sentir les verges infernales.


L’une d’elles particulièrement me fit envie, prise par-devant et derrière en un bel ensemble. Je m’imaginais sans peine ce diable à pied de bouc fourrageant fermement mon corps tandis qu’un de ces amis jouait de ma bouche et de son sexe. J’imaginais même sans peine les popes si craintifs des enfers accomplir la tâche et gémir au bord d’une extase non mystique, leurs sexes chauds pénétrant ma bouche et dérapant parfois sur ma joue, tenue à pleine main et de l’autre saisissant fermement mes cheveux pour enfoncer encore plus loin. À quatre pattes et nue à l’autel, je voulais sentir le poids de la foi me dominer et me monter, tourner ma tête et voir l’homme et ses yeux brûlants à genoux, allant et venant en me tirant les cheveux. Je voulais sentir le second sortir son sexe trop dur et me le fourrer dans la bouche devant cette Vierge compassionnelle, sentir les convulsions orgasmiques de l’un vidant son sexe sur mon dos alors que ce sont les bourses de l’autre que je lèche. Sentir la mouillure du foutre et me faire encore pénétrer, collée au mur cette fois, sentir la râpe de la pierre frotter le sperme du prêtre en attendant de recevoir la salve du deuxième et le voir hoqueter de jouissance. Je voulais vivre ces enfers.


Il s’en est fallu de peu que je gémisse dans l’église, sentant couler mon excitation sur le pourtour des lèvres. Je suis rentrée t’écrire, déshabiller mon corps et le toucher, faisant rentrer mes doigts là ou je voudrais sentir les tiens, caressant en soupirant de ta langue. Dis-moi que tu rêves aussi de moi ! Réponds-moi vite, je veux te lire encore, te lire et te relire pour imaginer ton membre et le sentir, le humer et le frôler, de mes mains de mes lèvres, souffler dessus, l’embrasser, du bout des lèvres du bout des doigts, suçoter son bout et puis le prendre, petit à petit, à pleine bouche jusqu’à t’entendre tressauter, sentir ta main se plaquer sur ma tête pour l’appuyer et aller plus loin, l’enlacer de ma langue et te boire, goutte à goutte, et jet par jet, te recevoir dans ma gorge et sur tout mon corps, sentir couler sur mes seins ton orgasme pendant que tu t’effondres.


Tu me manques.


F***.