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Temps de lecture estimé : 31 mn
22/10/07
Résumé:  Melissa soupçonne sa voisine d'essayer de lui piquer son mec... Elle va s'apercevoir qu'elle se trompe.
Critères:  ff fbi jeunes extracon voisins grosseins dispute intermast cunnilingu init humour -initff
Auteur : Skratsch      Envoi mini-message

Série : Le pull-over rouge

Chapitre 01
Virginie

CHAPITRE 1 : VIRGINIE


Tout a commencé ce jour où je suis rentrée en avance.

Non.

On ne peut pas commencer par là.

Tout a commencé le jour de notre emménagement, alors ?

Non plus.

Commençons par le tout début : Moi.

Après tout, je suis la narratrice et le personnage principal à la fois, autant que vous sachiez tout de suite qui je suis.

Je m’appelle Melissa Belnato, mais la plupart des gens que je connais m’appellent Mely. Ou Mel, mais c’est plus récent, et pour le moment réservé à une seule personne. Mais je ne vous en dirai pas plus pour le moment, vous l’apprendrez bien assez tôt.

J’ai de longs cheveux bruns que j’attache la plupart du temps en queue de cheval et des yeux noisette qui me valent généralement un certain succès. Ma peau est lisse et bronzée. C’est probablement dû à des origines méditerranéennes, on m’a souvent dit que mon nom était italien. Ou espagnol, parfois, mais ça me paraît moins probable. Certains vont même jusqu’à me parler de grec ou de portugais. Mais je m’éloigne du sujet. On m’a souvent dit que j’avais un très beau visage, et je pense pouvoir dire que c’est vrai.

Je suis plutôt petite, un mètre soixante, et assez fine et élancée, mais dotée d’une poitrine légèrement trop large à mon goût, ce qui n’est pas pour déplaire à la plupart des garçons que je croise et n’a jamais été un handicap pour en trouver un quand j’en avais besoin, bien que ce passe-temps ne fasse plus partie de mes préoccupations principales à l’heure actuelle. En attendant, le reste du temps, c’est plus un poids qu’autre chose. Si on descend, on trouve une taille fine puis un joli petit cul. Pour terminer, j’ai des jambes relativement longues, comparées au reste de mon corps.

Vous devez penser que je ne me préoccupe que de mon apparence, après avoir lu ces lignes. C’est vrai que je suis un brin narcissique et que je passe pas mal de temps à m’occuper de mon corps, mais je cultive aussi mon esprit. J’adore la littérature, le cinéma, l’art, les documentaires… et c’est justement pour cela que j’avais décidé de faire des études de journalisme, sans savoir encore à quelle branche de la profession me destiner dans l’avenir.


Avec mon petit copain de l’époque, Fabien, on avait décidé de prendre un appart ensemble pendant nos études. Fabien est un garçon grand, blond, bien bâti, plutôt mignon et bon vivant mais, comme je le découvris plus tard à mes dépends, bourré de préjugés et d’idées reçues et assez macho. Cela dit, au début de cette affaire, nous filions le parfait amour.

Nous avions trouvé un appart dans un quartier populaire de la ville. Sans aller jusqu’à dire qu’il soit malfamé, il n’était pas toujours bien fréquenté et il valait mieux éviter de sortir tard le soir, surtout pour une fille. Mais le loyer n’était pas cher et l’appart vivable. Ça a suffi à nous convaincre d’emménager. Cela dit, je pense que Fabien avait été pas mal motivé par notre rencontre avec la voisine, lors de notre première visite.

Elle est sortie de son appart au moment où nous entrions dans celui qui deviendrait le nôtre, mais cette brève entrevue suffit à provoquer l’excitation de mon mec. Des cheveux blonds qui lui cascadaient dans le dos jusqu’aux reins, deux yeux vert émeraude pleins de vie, des lèvres pleines étirées en un sourire franc et joyeux que j’ai vite appris à connaître, tant elle semble incapable de s’en défaire dans presque toutes les situations, et des dents si blanches qu’on la croirait sortie d’une pub pour dentifrice, le tout dans un visage aux traits harmonieux et délicats. Légèrement plus petite que moi, et dotée d’une poitrine encore plus « généreuse » et d’une adorable petite paire de fesses qui ce jour-là se trémoussait dans un mini-short en jean du genre qui a le don d’hypnotiser les mecs et de faire se dresser leur serpent encore mieux qu’une flûte de fakir. Elle nous a simplement dit un « Bonjour » accompagné d’un de ces sourires irrésistibles dont elle a le secret et a posé sur notre couple un regard appréciateur qui ne me dit rien de bon, puis est partie en coup de vent avant que le regard de Fabien n’ait réussi à traverser son tee-shirt blanc au niveau de la poitrine. Il brûlait tellement qu’il n’aurait pas tardé à y arriver, si elle s’était attardée. J’appris plus tard que cette jeune fille s’appelait Virginie Brivelonce et était en deuxième année à la fac de lettres modernes.


Le soir même, j’ai demandé à Fabien si notre future voisine lui avait plu. Il m’a répondu avec l’hypocrisie typique du mâle moyen que j’étais la seule qui puisse lui plaire et qu’il n’avait même pas fait attention à elle. Plus tard dans la soirée, alors que nous faisions l’amour, j’ai brusquement arrêté ce que j’étais en train de faire et lui ai reposé la question. Il a été forcé de reconnaître la vérité avant que je ne m’y remette.


Quelques jours plus tard, nous avons emménagé. Virginie a proposé de nous donner un coup de main, ce qui nous a permis de faire un peu plus connaissance. J’étais assez méfiante à cause de sa façon de nous regarder, Fabien et moi, et parce que si je ne pensais pas que mon mec m’ait déjà trompée, je ne l’avais encore jamais vu autant excité par une autre fille, et je ne pouvais dire si elle tenterait de le séduire, ni si elle avait des chances d’y parvenir. Elle s’est pourtant montrée très gentille, serviable et énergique, bien qu’un peu maladroite, ou peut-être trop motivée pour se rendre compte que certains cartons étaient trop lourds et trop fragiles pour elle. Quoi qu’il en soit, durant la semaine qui suivit, Fabien et moi avons dû manger dans des bols, le temps de trouver de nouvelles assiettes. Ce qui ne nous a pas empêchés de bien rigoler et d’offrir un verre à Virginie pour la remercier de son aide. Il faut dire que sa maladresse l’avait tellement perturbée que nous nous sentions encore plus coupables qu’elle, de l’avoir laissée faire.

Puis nous avons dû reprendre les cours, l’un après l’autre. Fabien était en fac de droit et n’avait donc pas les mêmes horaires que moi. Du coup, je passais une bonne partie de mon temps à me demander ce qu’il faisait au même moment, ce qui n’améliorait pas mon attention en cours, ni d’ailleurs mes relations avec Virginie. Elle avait beau être gentille, gaie, pétillante et pleine d’humour, je ne pouvais m’empêcher de la traiter avec une certaine froideur, ce qui semblait l’affecter plus que ça n’aurait dû. Si j’avais été plus attentive, j’aurais déjà dû avoir la puce à l’oreille, mais j’étais trop occupé à surveiller Fabien. Si j’avais su à quel point c’était inutile, je me serais probablement sentie ridicule.

Finalement, un jour, Virginie est venue me voir et m’a demandé si elle m’avait fait quelque chose qui m’avait déplu, pour que je la traite ainsi. Sans vraiment savoir pourquoi, je lui ai répondu que je la trouvais insupportable et complètement stupide. J’ai même déclaré que je la détestais. Elle m’a écoutée lui dire les pires horreurs jusqu’à ce que je ne trouve plus rien à ajouter. Elle est restée un moment comme ça, un peu perdue, puis a fondu en larmes et a couru se réfugier chez elle. J’avoue avoir été injuste et pourrie avec elle, mais à ce moment-là, je n’étais déjà plus dans mon état normal à cause de mes échecs à l’école de journalisme et de mes doutes sur la fidélité de Fabien. Je me suis immédiatement sentie coupable, mais j’étais trop bornée et sûrement trop stupide pour aller lui présenter des excuses. Les jours qui suivirent, elle fit tout pour nous éviter, Fabien et moi. Ce dernier, ignorant tout de ma crise de nerf, ne comprenait rien à la situation, mais je n’avais pas le courage de lui avouer.


Et puis un jour, en novembre, tout a changé. Le stress accumulé durant les dernières semaines a eu raison de moi et j’ai fait une crise d’angoisse en plein cours. On m’a conduite à l’infirmerie, et finalement, après m’avoir pris la tension, l’infirmière m’a ordonné plus que conseillé de rentrer chez moi pour me reposer. Ensuite, c’est le trou noir. Je me suis retrouvée dans mon appart sans savoir comment et, trop fatiguée pour me poser des questions, me suis affalée sur mon lit. Fabien n’était pas encore rentré, je n’avais personne à qui parler. Je me suis mise à pleurer toutes les larmes de mon corps. Quelque chose me pourrissait la vie et je n’arrivais pas à m’en débarrasser. J’étais épuisée, lessivée, et surtout complètement seule. En larmes, je me suis enfoncée la tête dans l’oreiller et l’ai serré dans mes bras. Je sentis soudain quelque chose d’étrange sous mes doigts. Je retirai ma main et découvris un string rose, qui de toute évidence ne m’appartenait pas.


Instantanément, la tristesse se changea en surprise, la surprise en certitude, la certitude en rage. Je saisis le string, sortis de mon appartement, fulminante et allai me planter devant la porte de Virginie. Je donnai un violent coup de pied dedans, sans savoir si j’espérais la casser ou simplement passer mes nerfs dessus. Je poussai un cri de douleur en me rendant compte que finalement, les portes de cet immeuble, c’était pas de la pâte d’amande. J’ai attrapé ma jambe douloureuse pour la masser, mais ne réussis qu’à me déséquilibrer et à tomber. Je me suis donc rattrapée à la poignée dans ma chute. Ce qui m’a permis de me rendre compte que le verrou n’était pas mis sur la porte. Je me suis étalée de tout mon long au milieu de l’appartement.

J’ai relevé la tête en fulminant et ai enfin aperçu Virginie. Elle était assise sur sa banquette, les genoux ramenés sous le menton, un bol de céramique dans une main et une paire de baguettes dans l’autre, des nouilles japonaises pendant de sa bouche et ses yeux verts écarquillés de surprise. Elle portait un immense pull-over rouge dont ne dépassaient que ses pieds, sur lesquels elle avait enfilé des chaussettes à rayures multicolores avec les orteils séparés. Malgré ma fureur, je n’ai pas pu m’empêcher de graver cette image dans ma mémoire. Elle était tellement drôle et en même temps tellement touchante que si je ne devais garder qu’un seul souvenir de ma vie, ce serait celui-là que je choisirais sans hésiter.

Mais sur le moment, j’étais trop énervée pour rire. J’allais me relever, quand Virginie a bondi, s’éclaboussant au passage avec le contenu du bol, et a foncé sur moi en lâchant tout ce qu’elle avait dans les mains pour venir m’aider.



Ignorant sa main, je me suis relevée d’un bond et ait brandi le string sous son nez en hurlant :



Elle recula et me regarda avec des yeux écarquillés, et finit par répondre :



Un long silence s’installa. Nous sommes restées immobiles toute les deux, le string pendouillant dans ma main, pendant une bonne dizaine de secondes. Virginie brisa enfin le silence.



Ce fut à mon tour de reculer sous la surprise. Je mis quelques secondes à comprendre ce qu’elle voulait dire et à détacher mes yeux d’elle pour faire le tour de la pièce du regard. Ce que je vis me stupéfia. Les murs étaient couverts de photos de femmes, plus ou moins habillées, seules, par deux ou en groupes, en couleur ou en noir et blanc, sages ou impudiques, parfois provocantes, blondes, brunes ou rousses, blanches, noires ou asiatiques, anonymes ou célébrités. Que des photos ou des dessins de femmes, jeunes et belles, allant de la simple pose à la scène d’orgie en passant par le nu artistique. Il y avait aussi des posters et des images de mangas. Un véritable musée dédiée à la femme dans toute sa splendeur, et où l’homme serait banni.

Virginie me laissa contempler la scène un moment avant de déclarer.



Je rougis instantanément, à la fois de honte, de gêne et de confusion, et eut un mouvement de recul que Virginie dut interpréter comme de la répulsion, ce qu’elle devait déjà bien connaître.



Comme je ne répondais rien et ne bougeais pas, elle continua :



Virginie avait d’abord parue vexée, ou plutôt déçue, que je lui coupe la parole alors qu’elle n’avait probablement pas fini, mais devant mes difficultés, elle se ravisa et me lança un sourire encourageant. Je la regardais dans l’espoir d’y puiser la volonté de continuer. Maintenant qu’elle était debout, on avait l’impression qu’elle nageait dans son grand pull-over rouge, qui lui arrivait sous les genoux et dont les manches étaient trop longues pour ses bras menus qui ne devaient pas dépasser l’emplacement prévu pour les coudes. Ses jambes nues sortaient d’un côté, et sa tête de l’autre. Elle ressemblait à une petite fille fragile et perdue, ainsi. Mais en même temps, il émanait d’elle une confiance et une innocence qui me rassurèrent.



Elle éclata soudain de rire, ce qui me surprit tout d’abord, puis me rassura. Je finis par rire avec elle, même si, en d’autres circonstances, j’aurais trouvé la plaisanterie de mauvais goût.



Je n’eus pas besoin de me poser la question longtemps.



Je la regardais d’un air surprise.



Elle me regarda un instant, comme pour essayer de déchiffrer ce qui était écrit dans mes yeux, et si c’était un mensonge ou de la vérité, puis elle déclara lentement.



Je fus surprise par la gravité de ses paroles. Était-ce la même fille qui, d’habitude, paraissait si insouciante et désinvolte ? Celle qui se tenait devant moi me parut bizarrement marquée et durcie par la vie, comme une pierre laissée aux vents et marées. Mais cette image disparu lorsqu’elle reprit la parole de son ton joyeux.



Elle avait dit ces trois derniers mots en prenant une voix exagérément grave et qui aurait pu effrayer un bûcheron, ce qui me fit pouffer malgré moi.



Je fis de nouveau le tour de la pièce du regard et souris, comprenant où elle voulait en venir.



Avant même de comprendre ce que je faisais, je déposais un baiser sur sa joue. Nous nous figeâmes instantanément et sommes restées immobiles quelques secondes. Ou quelques siècles, je ne sais plus. Je ne sentais plus que sa respiration lente qui faisait remonter sa poitrine et la collait à la mienne, à travers les épaisseurs de tissus et de laine que nous portions, et la peau nue de son visage sous mes lèvres. Je rompis brusquement le contact, reculant de quelques pas.



Je sentis une note d’espoir derrière sa tentative d’humour, si mal placée d’ailleurs qu’on ne pouvait se tromper sur le sérieux de la question. Elle était presque aussi rouge que son pull, et je pense que je ne devais pas être très différente à ce moment-là.



Le silence s’installa entre nous.



Je me retournais et la vis me tendre le string que j’avais dû lâcher à un moment donné.



Dès que Fabien rentra à la maison, je lui fis part de l’invitation de Virginie. Il sembla aussi surpris par la nouvelle que par mon enthousiasme, mais dut se contenter de penser qu’on avait arrêté nos chamailleries de filles, et surtout que c’était l’occasion rêvée de se rapprocher de la petite voisine blonde à forte poitrine sur laquelle il fantasmait depuis pas mal de temps déjà. Peut-être même a-t-il envisagé l’éventualité d’un plan à trois. Durant lequel, évidement, il aurait été le centre des attentions des deux demoiselles à son service.

Vous l’aurez compris, il ne fut pas très dur à convaincre.


Nous avons tous deux attendu le soir avec impatience, chacun pour ses propres raisons, et nous sommes présentés chez Virginie avec un quart d’heure d’avance. Lorsque je frappais à sa porte, j’entendis un bruit de course qui laissait supposer sa propre impatience, puis elle s’empressa de déverrouiller la porte. Apparemment, elle ne tenait pas à ce que quelqu’un entre de la même manière que je l’avais moi-même fait dans l’après-midi. La porte s’ouvrit d’un coup et elle me sauta dans les bras pour me faire la bise. C’était rapide et baveux, et j’avoue avoir été surprise, si ce n’est effrayée, par cette vivacité. Fabien lui-même avait reculé d’un pas devant cette furie. Il n’échappa pas non plus aux effusions de Virginie, bien qu’elle se soit peut-être montrée un peu moins chaleureuse.

Virginie nous attrapa ensuite chacun par un bras et nous tira dans son appartement en riant. Je me tournai vers Fabien pour voir quelle expression il allait faire. Je ne fus pas déçue. Il fut d’abord surpris par ce qu’il vit, puis il sourit, pensant y voire une invitation, puis le doute s’insinua dans son esprit jusqu’à devenir lisible sur son visage, alors qu’il regardait plus attentivement les photos et enfin il parvint à ses conclusions. Il s’assombrit brusquement. Je jubilais, en mon for intérieur, de voir ses fantasmes anéantis, sans me douter de ce qu’allaient entraîner ses découvertes.



La soirée se passa plutôt bien. Les spaghettis de Virginie étaient effectivement excellents, et elle n’arrêtait pas de plaisanter et de faire l’andouille, ce qui déclenchait toujours des éclats de rire de ma part, et des grommellements venants de Fabien. Celui-ci, malgré les efforts de Virginie, ne se déridait pas et semblait la traiter comme une pestiférée. Il trifouillait dans les pattes avec suspicion et ne levait pas le nez de son assiette. Son attitude semblait troubler la blondinette. Je la mettais pour ma part sur le compte de la jalousie et me disais que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Lorsque nous repartîmes, Fabien semblait énervé par quelque chose, et Virginie inquiète au plus haut point. Moi, de mon côté, je me méprenais sur les raisons de leur attitude à tous deux et étais folle de joie que notre plan ait marché. Mon petit copain semblait guéri de son obsession pour la voisine.

Une fois dans notre appartement, je me jetai sur le lit et soupirai. Fabien, lui, était toujours dans la cuisine, faisant face à la porte. Il demanda soudain d’un ton abrupt :



Il y avait dans sa voix une froideur que je n’avais jamais connue. Je me relevais d’un coup et le regardait, l’air éberluée.



Il avait crié si fort que les portes tremblèrent. Je reculais, effrayée.



Je n’avais encore jamais vu Fabien aussi énervé. La terreur me clouait sur place.



Il poursuivit, toujours hurlant :



Il se jeta soudain sur moi, me dominant de toute sa taille, et leva le bras pour frapper. Je tentai vainement de me protéger de mes mains et baissai la tête, attendant que le coup vienne. Mais rien ne se passa. Je relevai les yeux, surprise. Fabien, me tournait le dos, il semblait s’être calmé. J’essayai de m’approcher de lui, mais avant que j’aie pu dire un mot, il lâcha froidement :



Fabien ouvrit mon armoire, jeta un sac sur le lit et commença à sortir mes affaires violemment. Je n’osais faire le moindre geste. Il ferma finalement le sac, me le jeta dans les bras, m’attrapa sous l’épaule et me balança dans le couloir, puis ferma violemment la porte dans mon dos.

Je fondis en larmes. Je venais de me faire virer de mon appart par mon petit copain à cause d’un stupide malentendu, et je n’avais sûrement aucune chance de le récupérer. Mais surtout, ses paroles m’avaient blessée. Il m’avait insultée, méprisée, et rabaissée plus bas que terre. Et maintenant, j’étais perdue, je ne savais plus quoi faire. J’étais recroquevillée dans l’allée, misérable, serrant le sac contre moi comme si ma vie en dépendait. Tout ce que je possédais se trouvait là-dedans, je n’avais nulle part où aller, personne auprès de qui me réfugier…


Je sentis soudain une présence chaude contre moi. Deux petits bras menus m’entourèrent les épaules et une joue chaude se colla à mon visage couvert de larmes. Je levais les yeux et croisait un regard vert émeraude dans un visage désolé et compatissant. Sans vraiment réfléchir, je la repoussais. C’était sa faute, si j’en étais arrivée là. Si je ne l’avais pas rencontrée, si je n’avais pas suivi ses conseils… En réalité, j’étais trop désespérée pour m’en sortir sans une personne à haïr, et encore trop sous le choc pour en vouloir à Fabien. L’esprit humain est décidément bien complexe. Mais Virginie ne se laissa pas intimider et me reprit à nouveau dans ses bras, chuchotant des paroles réconfortantes à mon oreille et caressant doucement mes épaules. Je n’ai jamais compris pourquoi, quand une fille pleure, une autre vient toujours lui caresser l’épaule, et le pire c’est que ça marche. Je me sentis subitement à nouveau en confiance avec elle et me jetai dans ses bras pour pleurer au creux de son cou. Je dus la broyer entre mes bras, mais elle ne sembla pas gênée outre mesure et continua de me chuchoter des mots rassurants à l’oreille. À vrai dire, j’étais trop bouleversée pour entendre ce qu’elle disait et elle aurait pu aussi bien parler de la culture des petits pois, la seule chose qui comptait était le ton sur lequel elle le disait.


Sans trop savoir comment, je me retrouvai seule assise sur sa banquette, mon sac à mes pieds, à me demander où était passée Virginie. Elle revint au bout de quelques instants avec une tasse fumante qu’elle me fourra dans les mains. Je notais au passage qu’elle portait de nouveau son pull-over rouge et qu’elle était jambes nues, et malgré mon état, je ne pus m’empêcher d’être attendrie par cette image d’une jeune fille vêtue juste d’un pull, portant une tasse fumante entre ses deux mains protégées par la laine rouge des manches trop longues. C’est-ce genre d’images simples de Virginie que je ne pouvais m’empêcher de remarquer et de conserver dans ma mémoire.

Je portai mécaniquement la tasse à mes lèvres et sentis un liquide chaud et doux descendre dans ma gorge et réchauffer aussi bien mon corps que mon esprit embrumé. Je me rendis compte, alors, que Virginie était assise à côté de moi et s’efforçait d’essuyer mes larmes à mesure qu’elles apparaissaient.



Je réfléchis un moment. Devant mon silence, Virginie continua :



Je repensais soudain à toutes les fois où Fabien avait semblé peu impliqué dans notre relation, ses lâchetés, ses mesquineries, son désintérêt total de tout ce qui pouvait me concerner, toutes ces choses que je lui pardonnais sans y penser quand je croyais que nous nous aimions. Non, décidément, il n’avait jamais été un bon compagnon. Cette pensée fit ralentir le flot de larmes qui coulait sur mon visage. Puis le nom de quelqu’un d’autre résonna dans mon esprit. Quelqu’un qui avait toujours su faire preuve de gentillesse, d’humour, qui s’était toujours montré serviable quand on en avait besoin et qui était d’un grand secours dans les moments critiques.



Elle se fige soudain et me regarde d’un air surpris.



Je me rapproche légèrement d’elle.



Nos visages se frôlent.



Je ne lui ai pas laissé le temps de continuer. Nos lèvres se sont rencontrées un court instant, puis séparées. Nos regards se sont rencontrés pendant une seconde qui sembla une éternité. Chacune eut le temps de lire dans les yeux de l’autre du désir, de la surprise, de l’inquiétude, des questions et des réponses. Une proposition dans mon regard. Un accord dans le sien. Puis nous avons décidé de laisser nos esprits fatigués se reposer et nos corps impatients continuer.

Nos lèvres se sont retrouvées, nos langues ont suivi. Toute la passion qui nous animait explosa dans ce baiser, et je sentis ma bouche s’enflammer dans un ballet désordonné mais ô combien savouré. Nos mains ont commencé à s’activer, caressant et pressant nos visages rougis d’excitation. Puis elles descendirent dans nos cous, sur nos épaules, et commencèrent à danser sur nos corps, par-dessus nos vêtements, escaladant les collines formées par nos poitrines, descendant dans les vallées de nos ventres puis remontant sur les monts de nos hanches. Je me mis à quatre pattes sur la banquette et entrepris d’embrasser Virginie dans le cou, ce qui sembla provoquer chez elle un plaisir intense. Elle s’assit face à moi, rompant momentanément le contact, et retira rapidement sa culotte qu’elle envoya voler à travers la pièce. Entre ses cuisses m’apparut le fruit défendu, recouvert d’une fine toison blonde et bouclée. Je me jetai comme une chienne en chaleur sur ce sexe offert et entrepris de dévorer avidement ma compagne.

La sensation de cette chair sous ma langue me surprit d’abord, et je m’amusais à penser que j’avais définitivement passé un point de non-retour. Et c’était exquis. Je me mis à laper frénétiquement, tendant ma langue au maximum comme pour atteindre les recoins les plus reculés de cette grotte d’amour, alternant parfois mes explorations par des baisers rapides déposés sur ces lèvres jusqu’alors inconnues, remontant parfois vers sa toison d’or où une sensation râpeuse sous ma langue changeait de la douceur de sa chair de fille. Dans ma bouche se répandait le goût exquis de l’interdit transgressé. Malgré mon inexpérience, mon amante se tortillait et haletait de plaisir, m’encourageant à aller encore plus loin. J’enroulais mes bras autour de ses cuisses et soulevait son bassin tout en continuant mes pérégrinations. Je sentis ses pieds se poser sur mon dos, exerçant une forte pression qui reflétait le plaisir qu’elle semblait éprouver. Je tombai soudain sur son clitoris tendu par l’excitation et luisant de son jus intime et déposai mes lèvres dessus pour me mettre à le téter. Je l’aspirai dans ma bouche et dardai ma langue pour le titiller. La pression des pieds de Virginie sur mes côtes augmenta, ce qui me poussa à intensifier mes coups de langues. La cyprine se mélangeait à ma salive, dans ma bouche, et je pris la résolution de boire ma compagne jusqu’à la dernière goutte.

Je sentis soudain son corps se raidir et elle poussa un long gémissement plaintif. Elle se retira brusquement de ma bouche et recula pour prendre son souffle. Je la regardai un moment, attendrie. Elle déclara soudain, la respiration hachée :



Je baissai le regard et m’aperçut qu’elle disait vrai. En fait, j’étais toujours habillée alors qu’elle-même ne portait que son fameux pull rouge, avec probablement rien en dessous maintenant qu’elle avait enlevé sa culotte. Je retirais donc rapidement mes chaussures, mes chaussettes, et je venais de retirer mon jean, lorsque quelque chose passa devant mes yeux et me cacha la vue. J’entendis des éclats de rire joyeux près de mon oreille.

Ma tête émergea rapidement et je me rendis soudain compte non seulement que je portais à présent le pull de Virginie, mais qu’en plus je n’étais pas seule dedans. Le vêtement était assez grand pour nous contenir toutes deux entières et nos deux têtes passaient par le col. Le propriétaire d’origine de ce pull devait être un géant.

Mes pensées furent coupées lorsqu’un petit corps chaud et nu vint se frotter au mien. Je sentis sa poitrine se frotter contre mon dos à travers le tissu de mon tee-shirt et son souffle sur mon cou avant qu’elle ne pose ses lèvres à l’arrière de ma mâchoire. Virginie partit d’un autre éclat de rire qui me contamina. Je tentais de me tourner vers elle, mais elle croisa ses jambes autour de ma taille et se colla davantage à moi, ce qui m’empêcha de bouger.



Je sentis qu’elle se contorsionnait dans mon dos et compris qu’elle avait retiré ses bras des manches lorsqu’une main passa le col pour venir me caresser la joue et retirer des mèches de cheveux collées à mon front par la sueur et à mes joues par les larmes. Puis elle redescendit dans le pull et je sentis soudain ses deux mains sur mes hanches.



Je voulus lui demander de quoi elle parlait, mais déjà ses mains avaient quitté mes hanches et saisi l’élastique de mon string par les deux côtés.



Tout en parlant, elle passa doucement une main sous mon string.



Je poussai un cri de plaisir et de surprise mêlés. Virginie calla son autre main sur ma hanche pour me redresser et commença un vif mouvement de va-et-vient. Un feu s’alluma brusquement dans mon sexe et se répandit dans mes cuisses, mon ventre, ma poitrine… Mon cœur battait la chamade, je tressautais par à-coups, au rythme de ses doigts qui dansaient en moi. Le feu atteint ma gorge, puis mon cou. Je gémissais et haletais de plaisir, me tortillais en tous sens… Le feu remonta mon visage et atteint mon cerveau…

Et ce fut l’explosion. L’orgasme me parcourut comme un choc électrique et je me sentis comme propulsée hors de mon corps une fraction de seconde. J’étais parcourue de spasmes et semblais chercher de l’air, comme si j’allais étouffer. Et le cri suivit. Il monta de mes entrailles et s’éleva vers le ciel, tentant de rattraper mon plaisir. Mon corps est resté ainsi immobile dans les bras de ma blondinette alors que mon esprit explosait quelque part dans les étoiles.

Oh, la belle bleue !


J’émergeais doucement des brumes dans lesquelles l’orgasme m’avait plongée. Nous étions couchées sur le côté, Virginie me caressait les cheveux, et je me sentais incroyablement bien.



Avant que je proteste, elle me retourna face à elle et me regarda dans les yeux.



Son visage était sérieux, mais son regard brillait d’excitation. Je plongeai dans ce regard et m’y perdis. J’ai nagé une éternité dans l’océan vert émeraude de ses yeux avant de retrouver mon corps à temps pour m’entendre dire « prends-moi ». Mon propre corps se soumettait aux désirs de cette fille sans même me demander mon avis.

Je vis un sourire illuminer son beau visage. Puis il redevint sérieux à mesure qu’il s’approchait du mien. Ses lèvres capturèrent mes lèvres. Sa langue caressa ma langue. Son esprit emporta le mien. Et avant que j’aie pu répondre, avant que j’aie pu tenter quoi que ce soit, elle n’était plus là. Je paniquai un instant, puis je sentis ses lèvres se déposer sur mon menton, puis sur ma gorge. Elle émit un bruit qui ressemblait à un ronronnement et se recroquevilla contre moi en passant ses bras autour de ma taille. Elle me tira en arrière pour que je me retrouve à genou sur la banquette, ses cuisses de part et d’autre des miennes. J’étais prisonnière. Et ça me plaisait.



Elle sortit un bras par le col du pull-over, se pencha sur le côté et appuya sur l’interrupteur de la lampe qui éclairait la pièce. Nous nous retrouvâmes soudain dans le noir. Aveugles.

Elle saisit mon tee-shirt par le bas et me le retira avant de le jeter par le col, puis elle fit de même avec mon soutien-gorge. Un bruit de verre brisé retentit dans l’obscurité. Un éclat de rire m’échappa, mais elle le dévora impitoyablement en posant ses lèvres sur ma bouche, ce qui ramena le silence et le sérieux. Elle vint alors se coller à moi pour de bon, à présent que même ce bout de tissu n’était plus là pour nous séparer. Elle était entièrement nue. Je ne portais plus que mon string. Et nous étions réunies dans un pull-over rouge. Je me demandais soudain à qui avait pu appartenir ce vêtement. Virginie ne pouvait pas être sa propriétaire d’origine : Nous étions deux à l’intérieur et il y avait encore de la place pour un camp scout. Je fus sortie de mes réflexions par les sensations que me procurait ce corps collé au mien. La douceur de sa peau. Sa saveur. Son odeur. Ses fesses posées sur mes cuisses. Sa toison qui frottait contre mon ventre. Ses seins qui s’écrasaient contre mes seins. Ses mains qui cherchaient mes mains. Ses doigts qui dansaient avec mes doigts. Sa sueur qui se mélangeait à ma sueur. Mon corps était son corps. Mon âme était son âme. Elle était moi. J’étais elle. Nous étions une. Nous étions libres.

Je sentis ses lèvres se déposer à l’arrière de ma mâchoire. Puis ses dents mordiller le lobe de mon oreille. Et enfin sa bouche revenir à la mienne. Je sentis que par son baiser, elle aspirait toute ma vitalité, toute ma passion, tout mon désir. Vampire. Pourtant, rien ne me manquait. Je me sentais même plus complète. Comme si un échange avait été effectué et que chaque chose se retrouvait où elle aurait dû être. Ses mains quittèrent les miennes et vinrent se poser sur ma poitrine.



Elle souleva mes seins et je fus parcourue par quelque chose à mi-chemin entre frisson et décharge électrique lorsque nos tétons entrèrent en contact. Ils étaient durs comme de la pierre et pourtant doux comme des pétales de roses. Elle se rapprocha de moi, écrasant ma poitrine sous la sienne, et croisa ses mains sur mes omoplates. Comme elle me l’avait promis, le plaisir que me procurait le simple contact de nos seins était au-delà de tout ce que j’avais pu connaître jusqu’alors. Aucune des expériences que j’avais pu partager avec un homme n’aurait pu égaler ça, ni même m’y préparer. Alors que je n’avais connu que des pénétrations malhabiles et parfois brutales qu’on m’avait présentées comme le summum du plaisir, cette caresse douce et experte était pour moi une découverte incroyable. Je m’agrippai à Virginie comme si j’étais en train de tomber et me plaquai à elle en haletant. La pression sur nos poitrines augmenta et j’eus l’impression de sentir une boule de plaisir qui enflait en nous deux, à partir de ce contact. Virginie se redressa soudain légèrement, comme pour réajuster sa position, et nos tétons entrèrent à nouveau en contact. Je compris alors que je n’avais eu encore qu’un avant-goût de ce que ma compagne avait décidé de me donner. Prenez deux silex. Si vous les frottez ensemble, vous obtenez des étincelles. Vous n’aurez qu’une vague idée du brasier que quatre petits bouts de chair de rien du tout frottés l’un contre l’autre entre deux poitrines peuvent déclencher.

Le plaisir était trop intense, je crois bien avoir littéralement perdu l’esprit pendant les quelques secondes qui me séparèrent d’un orgasme obtenu d’une manière que je n’aurais jamais crue possible. J’ai été ramenée à la réalité par un cri déchirant. J’ai mis quelques instants avant de réaliser que c’était moi qui l’avais poussé.


Plus tard, Virginie m’a confié que c’avait été le dernier d’une série qui avait duré une bonne dizaine de secondes, et pas le plus bruyant. Elle a d’ailleurs ajouté qu’elle craignait qu’on ait réveillé les voisins, mais aucun ne m’a jamais fait le moindre commentaire sur le sujet. Du moins pas ouvertement.

Quoi qu’il en soit, cette nouvelle expérience m’avait éreintée, et je me suis endormie comme une masse entre les bras de Virginie.