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Temps de lecture estimé : 24 mn
05/11/07
Résumé:  Désoeuvrée, j'erre comme une âme en peine. Le célibat a sans doute du bon, mais moi, je suis accro à cet animal étrange qu'on appelle usuellement garçon, mec ou jules.
Critères:  fh dispute intermast fellation cunnilingu pénétratio -policier
Auteur : Patrik  (Carpe Diem Diemque)            Envoi mini-message
Breizh - Ar Gwenn-ha-du (Bretagne - Le noir et le blanc)

(Bretagne – Le noir et le blanc)





Désœuvrée, j’erre comme une âme en peine. Le célibat a sans doute du bon, mais moi, je suis accro à cet animal étrange qu’on appelle usuellement garçon, mec ou jules. Je ne dirais pas que je suis à plaindre, je trouve facilement de quoi remplir ma couette, et plus, si affinité, mais il faut bien constater que ces derniers temps, je suis tombée sur des passages éclairs, des courants d’air ! Même si j’ai des tas d’activités (surtout activistes), je traîne mon spleen auprès de la grande Bleue…


Bref, comme on dit de par chez moi, en Armorique : Skuizh on hiriv (je suis fatiguée aujourd’hui) !


Je ne demande pourtant pas grand-chose, pas même un quelconque engagement style Pacs et encore moins mariage. Ce n’est certainement pas à vingt ans que j’ai envie de me fixer définitivement, popote, moutards et famille envahissante. Nan ! J’ai encore quelques belles années de liberté devant moi, mais j’aimerais si possible ne pas les passer seule : les choses à deux, c’est nettement mieux !


Toujours est-il que je déambule dans ce petit port breton, sous un soleil de début d’après-midi qui a décidé aujourd’hui d’être radieux. Je prends l’air, essayant d’oublier mon dernier échec avec la gent masculine. L’air marin me fait du bien, ça me change de ma campagne habituelle, de mon hameau coincé dans le centre du massif armoricain, dix-sept habitants, pas un de plus.


Ah, un café d’ouvert ! Je vais aller voir, de plus ça tombe bien, j’ai justement un peu soif, un petit café me fera du bien.



Vous connaissez l’expression « faire un flop » ? C’est ce que je vis, là maintenant. Bon, j’assume ma « bretonité » et je m’assois à une table, pas trop loin d’un groupe de garçons de mon âge. Il y en a un qui n’est pas mal du tout, un blondinet bien dans mon genre, mais il n’a même pas tourné la tête quand je suis entrée, et encore moins, quand j’ai lancé ma formule de politesse. Je demande un café.


Peu après, je me retrouve en tête à tête avec une minuscule tasse fumante. L’ambiance n’est pas très folichonne. Mon blondinet est en grande conversation philosophique sur les mérites des différents clubs locaux de football. Doucement, je tourne avec ma chaise autour de la table, insensiblement. Il a un beau profil, traits réguliers, grand comme il faut, pas mal du tout ! Je suis maintenant presque à côté de lui. Quand je lui demanderai de me passer le sucre, ça paraîtra naturel ! Ainsi, il pourra découvrir que, moi Gwennaig, je suis une assez mignonne brune aux mèches un peu folles, aux grands yeux noisette, au visage ovale avec un mignon petit nez pointu au milieu. Pour les lèvres, je n’ai pas non plus à me plaindre. De toute façon, si je ne me fais pas ma propre publicité, personne ne le fera à ma place… On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même !



Et paf, le sucre sous mon nez ! Ouiiii… Boooon… Je crois que ça ne commence pas tout à fait bien ! Tant pis, mais je ne baisse pas les bras pour autant ! Comme je suis bien éduquée par ma maman et mon papa, je réponds :



Vous remarquerez l’effort de le dire en français, cette fichue langue impérialiste. Je bois mon café sucré, enveloppée des conversations hautement primordiales sur les qualités de jeux de jambes des différents footballeurs locaux. Ça me fait une belle jambe !


Tentative numéro deux : je respire un grand coup, je me décontracte et je me lance :



Et hop, le journal sous mon nez ! Bon, ça va, j’ai compris : un mec qui parle avec ses copains de foot est totalement hermétique à quoi que ce soit ! Je suis presque persuadée que si je lui faisais un strip-tease sur le comptoir, sous son nez, il continuerait ses considérations footballistiques ! Par acquis de conscience, je promène un regard distrait sur les pages du journal. La météo promet d’être bonne demain. Bof, j’aurais aimé en profiter avec le blondinet, mais bon, je me suis plantée sur ce coup-là !


C’est en soupirant que je regagne l’air iodé du petit port. Je traîne mon désœuvrement sur les quais. L’après-midi passe quand même assez vite, je mets mon nez partout, je suis assez curieuse de nature. Je converse même avec des pêcheurs, mais ceux-ci pourraient être allègrement mon père, voire mon grand-père. La plupart cause encore breton, ça me fait plaisir de pouvoir m’exprimer dans ma langue maternelle, mes parents étant des irréductibles de la Bretagne aux bretons !


Le vent fraîchit, déjà presque dix-neuf heures. J’avise une sorte de brasserie qui me semble différente des pièges à touristes. Je passe commande, indifférente à ce qui m’entoure, je suis trop lasse, mon échec d’avec le blondinet n’a rien arrangé. Il y a beaucoup de va-et-vient, mais je m’en fiche : je mange. Pour le prix que je paye, ce n’est pas le nirvana, mais c’est correct…



D’un bras tout mou, je saisis le sucrier et je le tends au quémandeur, le nez toujours plongé dans mon assiette. Je disais quoi, moi ? Ah oui, la nourriture est correcte, mais pas de quoi y revenir. C’est tout juste si j’entends l’homme me remercier. Je bois un petit coup : le cidre n’est pas mauvais, mais mon père en fabrique du nettement meilleur !



Ah bon, j’ai un journal sur ma table ? Ah oui ! Je le tends à la voix masculine, le nez toujours dans mon assiette. Soudain, j’écarquille les yeux, une main vient de saisir mon poignet et une voix agréablement chaude murmure à mon oreille :



Mon blondinet !


Sans attendre mon invitation, il s’assied à ma table, tout en me dévisageant effrontément. Moi, je ne sais plus trop où me mettre, la situation est étrange… Mais je serais idiote de m’offusquer, d’autant que mon blond aux yeux verts vient se jeter délibérément dans mes filets !


--ooOoo--



Ça va faire maintenant un bon mois que nous sommes ensemble. Alain (son petit nom) vient souvent chez moi, moi, plus rarement chez lui. La première fois que j’ai mis les pieds dans son antre, je m’attendais à la parfaite caverne de l’homme de Neandertal ! Raté, c’était clean, à un point inimaginable, on aurait pu manger par terre, tellement que c’était propre ! Le pire, ou le mieux, dans l’histoire, était que ma visite chez lui était totalement improvisée. Les autres fois que je suis allée chez lui, c’était aussi nickel, une véritable fée du logis !


Impressionnant !


Ce matin, chez moi, nous prenons le petit-déj en tête à tête, après une nuit pas tout à fait calme, si vous voyez ce que je veux dire. Un de mes rituels est d’ouvrir le journal que je reçois chaque matin, pendant que le café passe.



Il n’aime trop que je le prénomme Alan, pourtant c’est breton ! Il beurre une tartine de pain grillé, en soupirant :



Holà, pas touche ! Je rétorque :



Dessus, nous nous faisons un GROS bisou, un comme je les aime, sensuel, vorace, sucré !



Et il fait quelques efforts dans ce sens-là ! Ah quel homme, mon homme !


Je me souviens alors de nos nuits enfiévrées, de nos corps déchaînés, de nos peaux collées par la sueur, par le désir, de nos mains qui se cherchent, qui se trouvent, qui se possèdent, absolument, totalement !


Je n’aurais jamais cru le dire un jour, mais j’adore me faire posséder par lui, l’accueillir en moi, au plus profond, qu’il plonge, qu’il me soumette, que je jouisse tandis qu’il s’abandonne en moi, me remplissant, me rassasiant ! Oh oui, j’adore ! J’adore être sa chose, rien qu’à lui, toute à lui, sans rémission ! Toujours !


Je secoue la tête : si je commence à resonger à toutes les cochonneries qu’on a pu faire cette nuit et les précédentes, je n’en ai pas fini ! J’essaye de penser à autre chose, n’importe quoi. Il a déjà dit quoi, mon Alan préféré et inconscient :



Quand j’y repense, j’ai toujours sur le cœur le coup des divers spectacles que j’avais voulu monter au collège et au lycée ! Tant que ça causait le français, pas de problème, mais dès qu’il y avait un mot breton, c’est tout juste si ce n’était pestiféré. Je me rappelle d’un censeur complètement parisien, je venais de lui proposer un petit sketch pour la Saint Jean, il s’était alors récrié :



Ce jour-là, c’est ce con de censeur que j’ai failli éradiquer ! Je lui ai flanqué mon poing en pleine face qu’il en a valsé à travers toute la pièce ! Comme nous n’étions que deux, il lui fut difficile de prouver que le splendide coquart qu’il avait venait de moi. Le carrelage est si glissant… De plus, beaucoup de personnes firent bloc derrière moi, mon paternel en premier, qui se fait toujours un malin plaisir de clamer sur les toits que sa fifille avait rossé un agent de l’impérialisme ethnocentriste…


Oui, bon, je sais, je suis un peu « pasionaria » de la cause bretonne…


Mon chéri s’en accommode assez bien, il faut dire que, dans d’autres domaines, je suis très passionnée et passionnelle et il ne s’en plaint pas ! Même si parfois, je l’épuise complètement, mais il en redemande toujours et encore ! Et zut, je resonge à nouveau à toutes les folies nocturnes !!! Passons ! Mon doudou est parti au boulot, à son emploi de fonctionnaire. Je n’ai toujours pas bien compris ce qu’il faisait exactement comme métier, mais au moins, il n’est pas chômeur. C’est un bon petit gars, fils de militaire, ce qui se ressent d’ailleurs dans pas mal de détails, mais c’est un bosseur, aussi calme que je peux être explosive.


Puis un jour, mon doudou d’Alan est revenu le soir avec un air très embêté. Il a tourné en rond au moins dix minutes et puis, dans un soupir, il s’est assis et il m’a tout raconté : il était flic, du genre très spécialisé !



Je le regarde, incrédule : un flic, un oppresseur, et moi, grande conne, je suis devenue à mon insu une vulgaire collaboratrice du pouvoir usurpateur ! Les bras m’en tombent, je ne trouve même plus mes mots, ni en français, ni en breton ! Ce suppôt des forces d’occupation ose ouvrir la bouche :



Je lui saute dessus, ce crétin de fichu flic vient de me faire une belle déclaration d’amour. Ah, il est raide dingue de moi ? Tu vas voir, mon petit gallo, tu vas voir ce que c’est, qu’une pasionaria bretonne peut te faire subir sous la couette et dans ton pantalon !!!


Je plonge ma main dans son pantalon, et j’ai l’agréable surprise de cueillir entre mes doigts un sexe déjà bien dur. Il ne m’en faut pas plus pour lui tirer sans ménagement son jean vers le bas et abaisser son boxer, bien faible rempart contre ma concupiscence !


Je le repousse sur le canapé ; entravé par son pantalon autour de ses pieds, il s’effondre dedans sans résistance, l’air ahuri. En un tour de main, je me retrouve fesses dénudées à le chevaucher sans rémission. Dominatrice, je plaque mes mains sur ses épaules pour le bloquer sur le canapé et j’agite mon popotin avec énergie, à la fois par désir et par défi !


Le résultat ne se fait pas attendre, je jouis sur lui, en fière amazone que je suis, satisfaite d’avoir vaincu l’ennemi, d’avoir pris ma revanche sur des siècles d’oppression ! Je me vautre sur lui, toujours rivée sur son sexe pantelant.


Puis, sans un mot, après un bref baiser sur le nez, je le libère. Il reprend ses esprits.



Quelques jours ont passé ; les autres fois furent plus calmes. Pas toujours, car parfois j’avais bien l’impression qu’il cherchait à se venger, mais comme il s’y prenait d’une façon particulièrement passionnelle, je ne disais rien, y trouvant largement mon compte. Avec surprise, je constate que ses collègues de travail ne sont pas forcément des sales types, des oppresseurs stupides et sans cervelle.


Un autre soir, Alan revient avec sa tête des choses pas faciles à avouer. Je me demandais déjà à quelle sauce j’allais le dévorer : canapé, machine à laver ?



Alan sollicite de ma part, d’un air de petit garçon pris en flagrant délit, que j’accepte de l’accompagner à la petite réception traditionnelle organisée par son service. Il me regarde attentivement : je sais que je suis connue comme le loup blanc chez eux, je sais aussi qu’Alan compte sur cette « sauterie » pour me présenter officiellement à tout ce beau monde, une façon pour lui de rendre notre relation plus « légale » encore. Comme si j’avais besoin de ça ! Moi, je sais qu’il m’aime, c’est tout ce qui compte pour moi. Néanmoins, je comprends l’enjeu pour lui alors j’accepte. Bien sûr, je râle un peu pour la forme, histoire de donner un peu de valeur à mon sacrifice !


Inutile de vous dire qu’il me démontra sa reconnaissance jusqu’au petit matin, le lit étant complètement dévasté, et moi, totalement épuisée !


Je m’étonne moi-même de ma propre vitalité dans ce domaine. Bien sûr, je ne déteste pas faire l’amour, surtout quand mon partenaire est… disons… très efficace ! Mon petit Alan est particulièrement énergique mais avec plein de doigté, caressant avec fougue, tout ce qu’il faut pour qu’une femme se sente désirée.


Bref, nous irons à sa petite fête, à condition qu’il me prouve d’ici là, ainsi que les jours suivants, sa reconnaissance… Ce qu’il ne manqua pas de satisfaire, mon corps se souvient encore de certaines nuits torrides où nos chairs fusionnèrent sans retenue et sans tabou…


--ooOoo--


La fête bat son plein, tout le monde s’amuse, Alan est heureux, à l’aise dans son élément. Moi, tout attendrie, je le contemple. Une grosse voix résonne alors :



Verre en main, je continue de regarder mon homme. Le capitaine de brigade suit mon regard et sourit :



Je me retourne vers mon agresseur, un large sourire carnassier :



La voix de mon amoureux vient interrompre ce doux échange d’amabilités :



Mon Alan sourit, son visage s’illumine :



Le capitaine et moi sommes tous deux à demander la même chose. Future femme, il veut donc m’épouser ? Drôle de façon de faire sa demande ! Ou bien simple tactique pour clore la discussion ? Nous nous éloignons. Il me prend par la taille et ébauche un pas de danse. Intriguée, je questionne :



Et il m’embrasse ! Décidément, la vie est toute simple quand on s’aime !

La semaine passe à toute vitesse, malgré la tournée éreintante, les spectacles me prennent du temps et mon Alan prend tout le reste ! Mais je ne m’en plains pas du tout, au contraire !


--ooOoo--


Ce vendredi soir, je suis allongée dans le lit, les bras en croix, relaxée. Alan, lui, est assez tendu, sa journée a été rude, l’enquête piétine, les terroristes sont insaisissables, pire encore, imprédictibles. Il s’interroge tout haut :



Il s’assied sur le lit, l’air intrigué. Je m’agenouille près de lui :



Ah, je crois que j’ai un peu poussé le bouchon, il me regarde d’un drôle d’œil ! Je souris, m’approchant plus encore de lui, décolleté pigeonnant sous son nez :



Il est songeur, un doigt sur la bouche, un droit que je croquerais bien ! Le silence dure bien une minute, c’est long ! Il pense tout haut :



Aie, aie ! Je vois que son cerveau tourne à toute allure ! De là qu’il pense que je sois impliquée, il n’y a qu’un pas. Déjà, que j’ai une réputation d’activiste à tout va…


Et puis, nous sommes vendredi soir et demain, ni lui, ni moi ne travaillons, c’est repos, rien à faire ! Alors : détente ! Je me serre à lui, toute câline :



Mon Alan se détend, il me sourit, se colle à moi et demande :



Il me saute dessus, c’est primaire, animal, mais j’aime ça, quand il me désire ainsi. Très vite, je n’ai plus rien sur moi, il me ravage de bisous partout, mon cou, mes seins, mon ventre, puis en plus osé, il s’attaque à ma fente secrète et mes fesses rebondies. J’aime être désirée ainsi, ce mélange de sauvagerie et d’attention !


Une fois le vent de folie passé, il s’essouffle un peu, alors j’en profite pour en faire de même sur lui, sur son large torse, son cou musclé, son ventre dur et ensuite j’attaque le morceau de résistance. Lutine, je commence par les fesses, son beau petit cul habituellement bien moulé dans ses jeans ! Bien rondes et bien fermes ! Juste à point ! Puis direction la tour de Pise, son sexe qui penche curieusement toujours à gauche… J’ai vite fait de lui mettre la main dessus pour en tâter la chaleur et la grosseur entre mes frêles petits doigts. Alan se laisse faire, comme le gros bébé qu’il est à ces moments-là. Et moi, j’en profite allègrement !


J’adore m’occuper de lui, sachant qu’il s’occupera de moi, après… et de bien belle façon…


Après une sucette endiablée, accompagnée de quelques ludicités lubriques, je suis assez fière de moi, mais je sens que mon chéri est toujours préoccupé. Alors, je décide de sortir le grand jeu, aussi bien pour lui que pour moi. Je me love dans ses bras, tout contre lui, impudique en diable ! Je lui susurre d’une voix trouble :



Je me presse plus encore contre lui, je sais que je lui fais de l’effet, c’est incontestable, sa grande aiguille me l’indique clairement. À son oreille, je continue mon murmure :



La façon dont il me regarde me donne plein de frissons dans tout le corps ! Il me demanderait de grimper l’Himalaya à pieds nus que je serais bien capable de dire oui avec allégresse ! Je suis complètement folle de ce type ! Il reprend de sa voix grave qui me remue les entrailles :



Ce fut alors ma nuit la plus folle depuis que je suis femme…


C’est étrange ce que, par désir et par amour, on peut faire, on peut oser, on peut accomplir. Je crois bien que cette nuit, j’ai tout osé avec lui, tout accepté, tout voulu. J’ai eu les moindres recoins de son corps sous ma langue, je lui ai offert toute ma peau. D’innombrables fois, il est venu en moi, il s’est enfoncé en moi, par les trois voies du paradis, les trois portes de jade, d’ébène et de nacre. Une incroyable volupté d’être prise de toutes parts, qu’il entre en moi, qu’il en sorte, sans répit ; moi, complètement ouverte, offerte à son désir, à son délire. À la pour me fois, sa femme, sa maîtresse, sa chose…

J’ai goûté sa peau, ses lèvres, son sperme, son urine, tout ce qui est sur lui, tout ce qui est en lui, par pure folie, dans ce délire de tout savoir, de tout avoir. De tout entendre, ses mots doux, ses mots crus, ses prières, ses ordres, ses égarements. Oui, j’ai été au plus bas, si bas, relevée ensuite si haut, en pleine lumière de me savoir aimer et être aimée ainsi.

De la poussière vers la pureté, par la simple volonté d’être à lui, sans tache, sans bleu à l’âme, naturellement toute à lui, mon corps souple sous ses doigts avides, ma peau toute tendre sous sa bouche vorace.

Un jouet de luxure, sa poupée d’amour, lui mon homme, celui qui voulait, qui veut, qui voudra toujours de moi, sa source, son devenir. Oui, sans raison aucune, sans logique assurément, parce que je l’aime et que je sais qu’il m’aime.


Je lui ai tout donné, il m’a tout pris.

Je lui ai tout fait, j’ai tout subi de lui.

Sans aucune honte…


Ce soir, mon Alan rentre plus tôt que prévu, je suis en train de mettre en place la mise en scène d’un futur spectacle. Il est tout content, il m’embrasse avec fougue. J’aime me faire distraire ainsi… N’empêche qu’il n’a pas ses mains dans ses poches : il est en train de me mettre un sacré bordel dans mon soutien-gorge ! Ma bouche dirait bien non, mon cerveau ne sait plus très bien, les tétons ont déjà répondu oui, déjà tout dressés et rigides. Au diable, la mise en scène, je l’attire à moi, nous roulons dans le canapé. Des souvenirs de la nuit d’hier me reviennent en mémoire : je ne sais pas si je dois en avoir honte ou me réjouir… Déjà, sa langue est arrivée sous ma jupe et se glisse sous la fine barrière de mon slip, à moitié trempé. Il ne perd pas de temps, il est un peu trop direct, mais un petit coup de langue bien appliqué et suave m’arrache un gémissement de plaisir…


Nous nous retrouvons vite fait, bien fait, dans le lit que nous ne prenons même plus la peine de refaire. Il couvre mon corps de baisers ardents, je me laisse faire. Il embrasse mes seins dressés, mon cou électrisé, puis redescend, lentement, insensiblement vers mon ventre. Il s’y attarde quelque temps puis continue sa descente.


J’aime quand il m’explore, qu’il farfouille tous mes coins et recoins, à la recherche de ma source, de mon origine. Il est entre mes jambes, mes mains dans ses cheveux sombres. La bouche ouverte, le souffle court, je le plaque contre moi, sa bouche sur mon sexe liquéfié, pour qu’il me boive toujours et encore, pour qu’il étanche sa soif en moi, pour qu’il assèche ma fontaine !


Un coup de langue plus vicieux que les autres, un long frisson qui me coupe le cœur en mille morceaux et je jouis sans retenue, dans une longue plainte ! C’est si bon, si absolu !


J’ouvre les yeux, il est toujours là, agenouillé, déposant des petits bisous sur mon ventre. Je souris, il me sourit ; pas besoin de mots.


J’attrape son sexe dressé, je me glisse entre ses genoux. Impérativement, je lui fais comprendre que je veux le boire à mon tour, tout lui aspirer, tout lui vider. Je veux aussi sentir son poids sur moi, sa masse, sa force, être protégée auprès du chêne qu’il est, moi, si petite, si fragile…


Son sexe entre mes lèvres, ma langue autour de son gland, je veux le faire craquer, je veux qu’il se déverse en moi, qu’il remplisse ma bouche. Je m’applique du mieux que je puis, difficilement car il fait de même plus bas. J’ai du mal à ne pas me laisser aller, à ne pas me remettre une fois de plus entre ses mains, sa langue si agile ! Je veux gagner, même si je dois tricher pour cela ! J’accentue mon pompage autour de sa tige qui palpite, mes doigts effleurent vicieusement ses bourses, je les sens prêtes à tout lâcher ! Je veux gagner, je veux cet homme dans ma bouche, je veux sa semence sur ma langue, dans ma gorge, le boire, le manger, le dévorer !


J’accentue plus encore la pression, tandis qu’il s’active de plus belle entre mes lèvres intimes détrempées ; je dois ressembler à une rivière qui coule… je sens que je vais perdre pied, qu’il risque de gagner, de me faire craquer avant lui, alors je triche : je glisse prestement un doigt le long de sa tige, pour le sucer de concert avec son sexe, puis, d’un geste décidé, je plonge mon index mouillé dans son anus, sans l’avertir. Surpris, il s’arrête de me lécher. Avec une surprenante aisance, je l’enfonce au fond à la recherche d’une mystérieuse petite glande qui fait tant d’effet aux hommes. Juste un petit agacement sur cette petite boule ronde, et il explose, son sperme chaud envahit ma bouche en longues saccades. Satisfaite, je savoure à la fois ma victoire et cette crème dont il me régale…


Peu après, nous reposons l’un à côté de l’autre, moi blottie dans ses bras. Il murmure :



Le téléphone sonne, un appel d’urgence. Je lance le bras, je plaque l’écouteur à mon oreille. Quelques mots puis je donne le combiné à mon chéri, il écoute silencieusement. Il se redresse soudain. Il s’exclame soudainement :



Alan se lève d’un coup, l’air grave :



Je l’embrasse follement, nous nous séparons à regret. Je le vois partir à travers les carreaux embués de la fenêtre. Oui, fais très attention !


--ooOoo--


Mon pauvre Alan chéri… Non, l’explosion ne t’a guère laissé de chance… aucune. Tu as été éparpillé, volatilisé en mille morceaux. Avec des mots choisis, tes collègues m’ont tout expliqué : la bombe au milieu du garage sur un grand baril de fuel avec ton nom tagué dessus, un téléphone portable sur la bombe, tu es arrivé, le téléphone s’est mis à sonner, une fois, deux fois, trois fois, tu as fini par décrocher, un court dialogue, tu tournais le dos à tout le monde, personne n’a compris ce que tu as pu dire juste avant…


Habillée de noir, je te suis jusqu’à ta dernière demeure. Tous tes collègues ont de la compassion pour moi, ta future femme effondrée, celle que certains dédaignaient naguère, méprisaient même, il n’y a même pas quelques jours…


Sur le cercueil, une dérisoire médaille…


Je pleure ce qui aurait pu être notre couple, notre vie à deux, nos enfants qui ne verront jamais le jour, je pleure d’avoir perdu un compagnon, un amant, un homme tout court.


Je pleure sincèrement ta disparition, le fait que plus jamais tu ne me serreras dans tes bras, que plus jamais tu ne m’embrasseras à me faire tourner la tête. Plus jamais, tu ne m’emporteras dans tes bras puissants vers notre lit, faire l’amour en toute liberté, sans retenue, sans fausse honte…


Tu étais si… je ne trouve pas mes mots. Tu prenais tant de place, tu occupais tout mon univers, à tel point que j’en oubliais presque tout le reste. Mon complémentaire, mon amant si exclusif, celui qui me faisait redevenir une petite fille, m’oubliant moi-même, ce que je suis, ce que j’étais…


Tu étais trop tout ça…


Peut-être as-tu compris à l’ultime seconde quand tu as entendu ma voix te dire adieu dans le portable posé sur la bombe…






Un grand merci à Favasso pour ses avisés conseils…