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11/11/07
Résumé:  Quelque part dans cette foule soudée un instant par la magie du spectacle, il y avait deux filles. Deux jeunes demoiselles qui assistaient au concert, l'une totalement sous le charme du chanteur, l'autre totalement sous le charme de l'une...
Critères:  ff copains fête amour cunnilingu mélo -amiamour -regrets
Auteur : Sky            Envoi mini-message
Sexual Healing

20 octobre

Marseille, le Dôme



Une bonne grosse heure que le concert avait commencé… Toute la salle était dans cette atmosphère particulière, cette sorte de transe, d’osmose, où tous les yeux rivés vers la scène s’émerveillaient du chanteur et de ses chansons qui enchantaient les oreilles et envoûtaient totalement les corps, les faisant se mouvoir à leur guise. Tous avaient plongé au fur et à mesure à leur rythme, suivant celui de la mélodie, se laissant guider par les notes ; tous avaient petit à petit sombré dans ce mini-délire, dans ce transport musical. La chaleur accentuait la moiteur et l’humidité ambiantes, excitant corps et esprits, neurones et nerfs, travaillant lentement à exaspérer, à exhorter le public le plus réticent à plonger lui aussi avec les autres. Tout le monde transpirait, même sans rien faire, et les verres en plastique remplis de bière fraîche ne changeaient rien à la chose, les eût-on posés contre son front ou descendus d’un trait.


Quelque part dans cette foule, dans cet amas de personnes qui se soudaient par instants dans la magie du spectacle, il y avait deux filles. Deux jeunes demoiselles qui assistaient au concert, l’une totalement sous le charme du chanteur, l’autre totalement sous le charme de l’une…



[Aurelia]


Entre mes essais pour voir quelque chose de ce qui se passait sur la scène et mes œillades en direction de Jillian, j’avais quelque peu du mal à suivre le concert. Je regardais autour de moi et je voyais que la plupart des gens étaient chauds, complètement survoltés. Je les comprenais, mais je ne suis pas de ces gens-là. Est-ce par timidité ou quoi, je ne sais guère, mais je crois que je n’ai pas le rythme dans la peau ; je suis capable d’assister à un concert en restant totalement statique… Je ne ressens pas le besoin de bouger, que voulez-vous…


Jillian, c’était autre chose, elle était dans la musique, elle la vivait carrément, peut-être plus que moi. Quelque part, j’admire les gens comme elle, vous savez, ceux qui ont l’air de savoir exactement comment bouger sans avoir l’air ridicule, qui s’accordent au rythme de la musique mieux qu’un diapason au la. Je la regardais danser. Un sourire flottait sur mes lèvres, pendant que je détaillais encore et toujours ce corps qui ne s’offrirait jamais que dans mes rêves…


Oui, elle était magnifique… un savant mélange d’à peu près tout ce que je pouvais désirer chez une fille. Elle était plus grande que moi, d’une bonne dizaine de centimètres, elle n’était pas du genre mince, mais ce n’était pas plus mal, parce qu’entre nous, que reste-t-il aux femmes si on leur fait perdre toute leur grâce ? De fait, son corps s’esquissait en de sensuelles courbes, en des formes si agréables au regard. En parlant de ça, le sien était pénétrant et intense, deux pupilles couleur d’espoir qui, malheureusement, me faisaient à tort rêver. J’avais en effet souvent caressé l’espoir d’une relation avec elle, d’un petit rien même, d’une étreinte un peu trop douce, de petites choses comme ça. Mais non, rien de tout cela… Je l’observais danser, ses cheveux châtains valsant au même tempo.


L’envie de la prendre dans mes bras… l’envie de déposer quelques baisers le long de son cou qui paraît si tendre… l’envie de tout un tas d’autres choses, pas tout à fait réalisables vu l’exiguïté de l’endroit, vu comment les gens se collaient déjà les uns contre les autres. Tant pis… je bus une gorgée de ma bière. À combien de verres en était-on ? Et de quoi d’abord… J’avais chaud, bon sang… mais le sentiment que même si je me désapais entièrement, ça ne changerait rien…


Alors que j’en étais là de mes réflexions, une nouvelle chanson commença et, dès les premières notes, la salle en délire gueula tout son saoul, levant les bras, sautant, s’excitant déjà de ce qui allait suivre. Et Jillian ne faisait pas exception, après un bond et un « Woooow ! » elle se retourna vers moi :



L’air de dire « Tu reconnais ? », les yeux brillants. Non, je ne… ah quoique… Je lui souris et rétorquai, à son oreille – ce qui, accessoirement, fit que je me rapprochai d’elle, vous avez compris le coup…


Oh - baby now let’s get down tonight

I’m hot just like your oven


Je la pris dans mes bras, l’enserrant le plus délicatement que je pouvais. Des mois à désirer ne serait-ce que la moindre étreinte, et voilà que je pouvais enfin le faire ! C’était presque surréaliste, un doux rêve que je vivais éveillée. Elle ne sembla pas s’offusquer et, au lieu de me repousser, elle continua simplement à onduler son bassin au rythme lancinant de la musique. Je respirais les effluves de son parfum, non, son odeur, ou que sais-je d’autre, mais cette senteur me ravissait particulièrement. Si j’en ignorais la source, je ne pouvais guère en ignorer les effets qu’elle avait sur moi. Je me sentais irrésistiblement attirée, et une foule d’envies diverses naissaient en mon cœur et fleurissaient en mon sein. Je fis remonter mes mains le long de ses hanches, les lèvres entrouvertes, parcourant son cou satiné, sa peau suave, de cette espèce de matité dont je raffolais. Elle posa une main presque timide sur mon crâne, à hauteur des tempes. Elle s’y appuyait à peine, du bout des doigts, puis de la paume entière… j’essayais d’ajuster mes propres mouvements à sa lente cadence. Au moins la vitesse me permettait de suivre le pas, je n’ai jamais été du genre à me presser.


And baby, I can’t hold it much longer, continuai-je au creux de son oreille.


Un sourire, que je ne pouvais voir, se dessina sur ses lèvres. Elle tourna légèrement la tête, suffisamment cependant pour que, du bout des lèvres, je dépose un baiser sur sa joue.


Now it’s getting stronger and stronger.


Mes mains s’égarèrent sur son ventre, à la hauteur de son piercing qu’elles effleurèrent rapidement. L’une partit à la découverte des vallons que m’imposait sa poitrine, et l’autre à la recherche de la source de mes envies.


Alors qu’elle inclinait la tête vers l’arrière, et qu’elle m’offrait son cou comme elle l’eût fait si j’avais été un vampire, je glissai contre sa peau la suite des paroles, l’ultime déclaration de mes tourments et de mes envies :


I need a sexual healing…


Et sur ces mots, sa main rejoignit la mienne qui allait pénétrer dans l’antre de son jean, pendant que de l’autre, elle retenait ma tête. Doucement, chérie, ce n’est pas comme si j’allais m’enfuir… Mes lèvres oscillaient, flottaient à la surface de son cou, l’embrassaient parfois… J’en vins même à le lécher bien que, de temps à autre, il me prît l’envie de souffler sur cette peau soumise. Cependant, ma main investigatrice se frayait un chemin dans l’étoffe de sa lingerie fine, et mes doigts avançaient sagement en pieux pèlerins vers leur terre promise. Avant l’ultime pas, avant de faire l’irréparable, de commettre cette exquise erreur, je demandai, la voix chevrotante, douteuse, fuyante :



Pause. Un temps de réflexion, et je l’entends – tant bien que mal – répondre dans un souffle :



… À tes désirs, ma belle. J’atteignis l’objet de ma quête en même temps que le lobe de son oreille, et je commençai à caresser l’un pendant que je mordillai l’autre. Mon vœu était si bien exaucé que je sentais sous mon avant-bras son ventre se gonfler et se creuser à un rythme irrégulier et intense. Ma seconde main n’était pas non plus en reste et, alors qu’elle était passée sous son top, je caressais avec une tendresse toute particulière ses seins par-dessus son soutien-gorge. Un court instant cela dit, car très vite, je me faufilai sous le soutien pour un contact direct et beaucoup plus efficace. Beaucoup plus agréable aussi… Mes doigts pétrissaient le sein tout doucement avec, je l’espérais, tout l’amour qui lui était dû.


Quelques instants encore, et c’en fut trop. Jillian se retourna, se défaisant de mon étreinte. Calant ses bras sur mes épaules et ses mains derrière ma tête, elle s’avança vers moi dans un geste sans équivoque et, après une sorte de mini-jeu hésitant, d’un côté tiraillée par la timidité et de l’autre par l’envie, elle finit par m’embrasser. Je repris aussitôt que possible ma contenance et, après avoir "osé" poser mes mains sur ses hanches, je les laissai glisser le long de son dos. Très vite, j’en fis remonter une, histoire de la rapprocher plus encore de moi et de la tenir tout à fait. Son corps se colla doucement contre le mien, épousant certaines courbes, en comblant d’autres. La sensualité des rondeurs, encerclée par nos bras… Entre deux baisers, je trouvai encore le courage de murmurer « Heal me, my darling, heal me », avant de l’embrasser à nouveau, l’étreignant toujours plus fermement. Je ne voulais pas qu’elle puisse partir, après tant de temps passé à l’avoir désirée. Je la voulais juste un peu pour moi, et inconsciemment la masse qui nous entourait m’apparaissait comme un fléau potentiellement destructeur de ce petit moment de joie. Perdue dans la volupté de l’instant, j’oubliai qu’il allait falloir que je soigne ma paranoïa…


On s’était traînées, je ne sais trop comment, loin dans la salle. On avait migré du presque centre vers l’extérieur, vers le fond de la salle où il n’y avait quasiment personne. Elle était contre le mur, subissant les caresses câlines de mes lèvres sur son cou encore, et les assauts plus téméraires de ma main entre ses cuisses. Elle s’agrippait à moi, ses lèvres pratiquement contre mon oreille, me laissant entendre tous ses soupirs de contentement. Une de ses jambes essayait de grimper sur moi, mais elle n’allait pas plus haut que le haut de ma cuisse, enserrant dans un arc de cercle le reste de ma jambe. Je relevai la tête, contournai le virage que m’offrait sa mâchoire en y déposant quelques baisers, et vins retrouver ses lèvres pour une étreinte quasi-orgasmique et tumultueuse. Puis, les deux mains sur ses hanches, je descendis presque d’un trait, mais dans un mouvement continu cependant. Je m’agenouillai, et me débattant entre son gilet, son top et ses accessoires, je fis courir ma langue sur la route safran de son ventre insolent. Insolent car diantre, il fallait bien l’avouer, il provoquait les yeux qui l’apercevait, appelant plus qu’ouvertement leurs propriétaires à venir le satisfaire.


Je m’y appliquai donc, plus ou moins bien, je ne sais pas ; je n’avais une seule idée en tête, pour peu que mes pensées fussent assez claires pour se matérialiser en actes, c’était de descendre jusqu’à son sexe, et de le goûter sans autre forme de procès. Complètement agenouillée, à hauteur à présent de ses hanches, je défis sa ceinture des deux mains, et une fois que j’en eus fini avec elle, je m’attaquai au pantalon. Bouton, puis fermeture éclair, et j’ouvris grandement les deux pans afin de ne pas être gênée par la suite. De mon index et de mon majeur gauche, j’écartai son boxer pour dévoiler, finalement, le cœur de ma convoitise. Un triangle châtain couronnait les lieux aux alentours ras et lisses, et sans plus tarder je partis à leur découverte du bout de ma langue.


Je visitai minutieusement ces alentours, y déposant parfois la marque de mes lèvres, et j’attendis le dernier moment, celui où elle me supplia de sa main, en la pressant contre mon occiput, pour daigner satisfaire la Dame de ces lieux. Toujours du bout de la langue, je touchai son clitoris, et puis, pour mettre un peu de langueur et de sensualité à la chose, je commençai à jouer avec, à lui tourner autour, à déployer autant d’artifices que nécessaire afin de le faire rougir. Je le sentais devenir doucement écarlate, et pour accélérer le processus, je le pris en bouche, avec délicatesse, et le titillai bien au chaud dans cette dernière. Mon autre main, qui ne m’aurait guère servi sur le présent terrain, aida plutôt Jillian à faire passer sa jambe au-dessus de mon épaule, et à s’installer plus confortablement. Elle posa sa deuxième main sur ma tête alors que je donnais un large coup de langue le long de sa rose, coup de langue qui se répéta, à plus ou moindre grande ampleur, et dans un rythme qui variait selon que j’avais envie d’aller vite ou lentement. Son corps se mouvait au gré de ses ondulations, et je souriais intérieurement, contente de cette sorte de victoire d’un ébat, ou débat, que nous n’avions pas réellement commencé.


Je continuai cependant ma stratégie et mon combat contre sa retenue qui n’avait pas envie de céder facilement, mais je sentais s’approcher fatalement le moment où elle abdiquerait devant l’orgasme, et où je pourrais me satisfaire, par la bénédiction de la belle, de mon glorieux triomphe.


Il fallut encore la travailler un peu au corps, bien sûr, mais elle finit par se soumettre, et dans un petit cri, charmant et mignon, ma douce s’abandonna enfin. Son buste se courba contre le mur, ses mains plaquèrent un dernier instant mes lèvres contre les siennes, et après une implosion que je ne pouvais qu’imaginer, la tension se relâcha. Jillian me permit de me libérer, et je remontai sans plus attendre à la surface. Bien qu’à peine émergée, elle m’embrassa avant de se laisser pendre à mon cou, comme totalement exténuée. Je la pris dans mes bras et finis de la calmer en honorant son cou encore quelques instants.


On resta un moment, peut-être long, comme ça, puis elle se retira de mon étreinte en me repoussant vaguement. Elle me jeta un regard particulier, à moitié indéchiffrable, tellement il était louche et étrange, et tellement flottaient, à l’intérieur de ses pupilles, des sentiments divergents et certainement contradictoires. J’y lus néanmoins beaucoup de tristesse, je crois, et je pensai alors, pour moi-même : « J’espère que t’en as bien profité, ma grande… » avec déjà suffisamment de regrets pour m’en sentir coupable.


Après la véritable fin du concert, et après avoir passé le reste du spectacle silencieuses et quasiment immobiles, nous avions rejoint ma voiture. Qu’il y faisait froid à l’intérieur, les sièges trahissaient l’absence de chaleur humaine que leur apportait normalement le conducteur, et accessoirement, le passager. Dans l’air flottait déjà l’ambiance affreuse du « on est allées trop loin », et la culpabilité d’avoir fait ce qu’on n’avait pas le droit. Ce que je n’avais pas le droit. Le silence pesait presque physiquement sur moi, et peut-être sur elle aussi.



Je tournai aussitôt la tête, ne pouvant l’affronter.



J’enclenchai la première et nous ramenai chez moi. Dans la voiture, aucun mot, aucun regard qui se croise, j’avais les yeux rivés sur la route ; elle devait être perdue dans ses pensées.


En arrivant, on est montées se coucher directement. Pas de dernier verre, pas de dernier échange, on a dormi dans le même lit, sans dernière fois, juste avec son corps entre mes bras, et notre étreinte sous les draps.


Le lendemain, je l’ai amenée à la gare, jusqu’au quai. Et ce fut un au revoir comme tous les autres, avec l’impression peut-être que celui-ci serait le dernier. Je l’ai prise dans mes bras et puis, cérémonie oblige – ou par pur plaisir ? – j’ai déposé un baiser sur sa main alors qu’elle était sur les marches. Elle m’a glissé entre les doigts, et après un dernier regard ambigu et flou, un dernier sourire mélancolique ou joyeux, elle s’est retournée et est allée s’installer.


Deux minutes plus tard, le train s’éloignait. Direction : Bordeaux.




« À toi qui ne pourras jamais lire ce livre, » disait Camus. À toi, peut-être, mais je ne pense pas, qui ne liras probablement jamais ce texte. Considérons que c’est une manière d’exorciser ce qui me reste de toi, pour toi, sans toi. Loin d’être un éloge, loin d’être un simple fantasme, songeons que c’est un adieu. Une façon d’enterrer ce qui n’aurait pas dû naître, ce qui, à défaut de te plaire ou te séduire, a lentement roulé, chuté, pour se transformer d’un petit bout de glace en avalanche dévastatrice.


« With hope of better days to come » – Espérons un doux printemps, où ne pousseront cette fois, ni les fleurs de l’ambiguïté, ni celles du désir et encore moins celles du mal… laisse-moi donc essayer.


J’avais tant de désirs, mais pour deux, dixit Mademoiselle K : « Je t’aime encore parfois, mais j’ai plus le cœur à ça. »