Épisode 3, The Mutation

Ils sont là, il le sait. Les nuits de David Sanvin sont désormais hantées de terribles visions. Ce matin, en se réveillant en sueur, il lui semble entendre encore et encore les cris de ces hommes et de ces femmes résonner dans sa tête. La nuit dernière a été particulièrement difficile. Il se demande comment il a réussi à s’enfuir sans subir le même sort que les autres. Il a eu de la chance, encore une fois. Mais combien de temps réussira-t-il à leur échapper ? David se lève péniblement, bougeant avec difficulté ses membres endoloris par les efforts répétés de ces derniers jours. Il se dirige jusqu’à la salle de bain et se passe de l’eau fraîche sur le visage. Il découvre avec effroi son visage dans le miroir. Avec ses cernes et sa barbe d’une semaine, il fait peur à voir. Il se dit qu’une bonne douche est nécessaire. L’eau coule sur son corps et lui fait l’effet d’une fontaine de jouvence. Il ferme les yeux et revoit par flashs quelques scènes de la nuit passée.

Des corps nus.

Des gémissements.

Des cris.

Il ne veut pas revivre ça, jamais. Mais il constate avec effroi que ces images lui font de l’effet en sentant son sexe durcir.

• — Non ! hurle-t-il, refusant l’idée d’accepter cette horrible perversité.

Il ne veut pas. Il doit se maîtriser, rester un être humain et maîtriser ses émotions. Cela ne peut se passer ainsi. Il n’est pas une bête ! Il peut et doit se contrôler ! Il se sèche rapidement et prend son rasoir. Après quelques minutes, il sort de la salle de bain avec une apparence qui lui semble plus acceptable. Il doit maintenant trouver un moyen de prévenir le monde du danger. Mais qui le croira ? L’idée lui paraît absurde, mais il se dit qu’il doit commencer par elle. Surtout, il ne voit pas qui d’autre pourrait l’écouter. Elle, c’est son ex-femme, Suzy, malgré le mal qu’elle lui a fait, il l’aime toujours et a confiance en elle. Elle a toujours eu les pieds sur terre et saura quoi faire. Mais réussira-t-il à la convaincre ? Acceptera-t-elle cette horrible vérité ?

Durant tout le trajet en bus, David a l’impression qu’on le regarde. Il se sent nerveux et transpire malgré la fraîcheur hivernale. Chaque fois qu’il croise le regard d’un autre passager du bus, il baisse les yeux. Et si c’était l’un d’eux ? Derrière lui, un couple est enlacé. La jeune fille semble très entreprenante, et ne soucie pas des autres passagers. Il l’entend juste dire à son copain "Laisse-toi aller mon chéri".

David Sanvin, choqué, préfère se lever et finir le trajet debout près de la porte. Il y a encore une quinzaine de jours, quand il découvrait juste l’invasion, il pensait que ce n’était encore que le début, qu’ils étaient encore peu nombreux, mais peu à peu, ces derniers jours, l’évidence s’imposa. Ils étaient déjà partout. Cela devait même faire des années que l’invasion avait commencé. Là, un dimanche matin, dans ce bus presque vide, ils sont là, encore une fois. N’est-il pas déjà trop tard ?

Son patron et sa femme en sont. Il a d’ailleurs échappé de peu au piège machiavélique tendu par Nicole, la femme de son patron. Il la revoit encore dans sa robe si indécente. Non, il ne doit pas y repenser. Il se fait du mal. Et sa secrétaire aussi en fait partie. Il n’a rien vu venir. Il s’en est fallu d’un rien qu’il ne commette l’irréparable. Depuis, il n’avait plus remis les pieds à son travail. Son garagiste aussi a essayé de le faire tomber, même la boulangère du coin de la rue. Il n’a plus le choix. Il doit se sacrifier pour sauver ce qui peut encore l’être. Sa lutte doit passer avant tout. Il doit dénoncer le terrible complot qui menace la planète tout entière.

Arrivé devant l’immeuble où réside sa femme, et où il y a encore quelques mois il vivait aussi, il descend du bus et s’avance jusqu’à l’entrée. Il ne l’a plus revue depuis plus de six mois. Avec une légère appréhension, il sonne et attend quelques secondes avant d’entendre la voix de Suzy.

• — Oui ?
• — C’est moi Suzy, David.
• — David ? Mais qu’est-ce que tu fais là ?
• — Il faut que je te parle.
• — Oui, mais là, ça va être difficile, je ne t’attendais pas.
• — C’est vraiment important. Il faut que je te parle, insiste-t-il.
• — Bon ok, monte. Mais tu tombes mal.

Il espérait un meilleur accueil, mais monte malgré tout jusqu’à son appartement. La porte est entrouverte, il pénètre dans l’appartement en s’annonçant.

• — J’arrive. Attends-moi dans le salon, lui lance-t-elle depuis la chambre.

Il ne reconnaît aucun meuble. Elle a tout changé. Comme si elle avait voulu effacer toute trace de leur vie commune. Le pire c’est que c’est plus joli qu’avant. Cette idée lui fait mal, mais il préfère ne pas y penser et se concentrer sur le but de sa venue. Au bout d’une minute, Suzy entre dans la pièce vêtue d’un pantalon noir et d’un chemisier blanc. Il se surprend à jeter un œil dans son décolleté. Il connaît assez son corps pour savoir qu’elle ne porte pas de soutien-gorge. Elle a dû s’habiller rapidement pour lui, se dit-il. Elle n’était pas encore levée.

• — Bon, je t’écoute. Qu’est-ce que tu veux ? demande-t-elle sèchement en s’asseyant sur le canapé.
• — Je ne sais pas trop par où commencer. C’est une histoire de fous. Mais tu dois me croire, tout est vrai.
• — Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Tu es venu jusqu’ici un dimanche matin pour me parler, alors vas-y. Je t’écoute !

David ne s’attendait pas à cet accueil. En venant ici, il espérait tant trouver une alliée et voilà qu’il se heurte à un mur. Il ne la reconnaît pas. Alors qu’il ne sait pas encore par quel bout commencer, un homme entre dans la pièce. Il le reconnaît immédiatement. C’est leur ancien voisin, Jacques. Il était toujours chez eux avant, et sa présence ne l’étonne pas au début. Mais soudain il réalise qu’il ne porte qu’une simple serviette de bain autour de la taille. Il comprend alors pourquoi sa femme s’est si vite habillée. Il les a dérangés en pleine action !

• — Salut David. Ça va ? s’inquiète-t-il. Tu es tout blanc.
• — Jacques ? Qu’est-ce que tu fais là ?
• — À ton avis ? lui répond-il en éclatant de rire, alors qu’il vient s’asseoir à côté de Suzy.

David qui était encore debout se laisse doucement tomber dans le fauteuil le plus proche.

• — David ? Ça va ? lui demande Jacques. Parce que tu es vraiment pâle. Chérie, tu devrais aller tailler une petite pipe à ton ex, ça lui remonterait le moral.
• — Tu crois ? lui répond-elle avec un sourire vicieux que David ne lui connaissait pas.
• — Oui, allez, vas-y, ma cochonne, ça lui fera plaisir. N’est-ce pas David ? Laisse-toi aller.

David, effaré, ouvre la bouche, mais aucun mot ne sort. Sa femme est déjà devant lui, agenouillée. Il se sent paralysé quand elle pose doucement l’index sur ses lèvres. Que se passe-t-il ? Dans le passé, sa femme était si réservée avec lui et là elle lui ouvre son pantalon et commence à le sucer devant un autre homme, homme qui commence à se masturber en les regardant. David se sent comme déconnecté de la réalité. Il n’est plus dans un fauteuil, mais flotte sur un nuage. Quel bonheur de sentir à nouveau les douces lèvres de Suzy sur son sexe…

• — Laisse-toi aller. Détends toi, lui dit à nouveau Jacques.

C’est ce qu’il fait. Il se laisse aller. C’est trop bon. Il ferme les yeux et sent les mains de son ex-femme lui caresser le torse. Cela fait si longtemps qu’il rêve de lui refaire l’amour. Lui faire l’amour. Pas se faire sucer comme ça, devant un autre homme. Celui qui a fait de lui un cocu en plus ! Non ! Pas comme ça !Revenu sur terre, David Sanvin se lève d’un bon. Suzy déséquilibrée en tombe à la renverse.

• — Non ! pas comme ça ! Suzy, je t’aime toujours, je veux te faire l’amour à nouveau ! Mais je ne veux pas de ça ! Et pas devant lui ! lance-t-il de toute sa rage.
• — Mais chéri, voyons, c’est si bon. Jacques aime me voir faire l’amour à d’autres hommes. Et j’aime me donner à d’autres hommes. C’est si bon, essaye, toi aussi. Tu verras, tu ne le regretteras pas. Laisse-toi aller mon chéri.
• — Mon Dieu ! Non, c’est pas possible ! Toi aussi ! Tu es comme eux !
• — Oui, mon chéri.
• — Oui, David, ajoute Jacques. Rejoins-nous David. Tu verras, tu ne le regretteras pas. Accepte la mutation. Laisse-toi aller, viens avec nous…
• — Non ! Jamais ! Plutôt mourir !

David fonce alors vers la baie vitrée, ne pensant même pas à réajuster son pénis à l’intérieur de son pantalon et d’un geste rageur il fait coulisser la grande porte vitrée et d’un bond saute sur le rebord du balcon.

• — Non ! Arrête, ne fais pas ça ! Lui crie Suzy. Tu ne comprends pas ? Tu ne peux rien y faire ! La mutation est inévitable, plus rien ne peut nous arrêter ! Bientôt, le monde entier se mélangera !
• — Alors ce sera sans moi ! Adieu ! hurle-t-il avant de se jeter dans le vide.

Dans le salon, Suzy qui s’est relevée, regarde David sauter dans le vide et caresse nonchalamment le sexe dressé de Jacques debout à ses côtés.

• — L’idiot. Il n’a rien compris. Il ne sait pas ce qu’il rate, dit Jacques avant d’enlacer Suzy en lui pétrissant les fesses.
• — Tu ne veux pas qu’on aille chez toi rejoindre ta femme, je lui brouterai bien le minou à cette chienne.
• — Si tu veux mon cœur, mais je crois qu’elle ne sera peut-être pas seule.
• — Ça ne me gêne pas, tu le sais bien. Plus on est de fous, plus on rit !

Le couple éclate alors d’un rire psychédélique que l’on entend jusque dans la rue.

En bas, sur le trottoir, Mme Dory, la petite mamie du troisième étage promène son caniche quand elle voit David Sanvin sauter d’un balcon du premier étage. Quelle étrange idée se dit-elle. Mais surtout, quelle drôle d’idée que de sauter ainsi avec la bite à l’air. David atterrit sur le béton du trottoir sans même réussir à se fouler la cheville et se trouve nez à nez avec Mme Dory alors que lui arrive les rires déments de Suzy et de Jacques.

• — Mr Sanvin, quelle belle surprise de vous revoir. Ça faisait si longtemps. Et je vois que vous êtes en forme, ajoute-t-elle en regardant le sexe encore à moitié rigide.
• — Je, euh, je suis désolé, Mme Dory, bafouille David, se rendant compte de ce que cette tenue peut avoir de choquant pour une dame respectable comme Mme Dory.

Tout affolé et tremblant, il essaie vainement de remettre son sexe dans son pantalon, sous le regard amusé et surtout intéressé de son ancienne voisine.

• — Mais restez comme ça, Mr Sanvin, cela ne me gêne pas le moins du monde. Et d’ailleurs que diriez-vous de monter chez moi, nous pourrions prendre un peu de bon temps avec mon mari. Il ne peut plus faire grand-chose à son âge le pauvre, mais il est toujours si heureux quand je peux m’amuser. Laissez-vous donc aller Mr Sanvin.
• — Oh non ! Pas vous ! Mme Dory ! Non ! Pas vous aussi ! Nooooooooooooooon ! hurle-t-il en s’enfuyant en courant dans la rue, oubliant même de refermer son pantalon.

Quelques heures plus tard, David Sanvin, assis sur un muret, seul, regarde l’eau de la Seine couler lentement devant lui. Il s’imagine essayant d’arrêter les flots de ce fleuve. C’est impossible. Comme l’est probablement de vouloir arrêter cette invasion de libertins extra-terrestres. Le monde change et cela se fait sans que personne ne semble y voir le moindre problème, se dit-il. Alors, lui, que peut-il y faire ? À ce moment, derrière lui, une femme crie. Il se tourne pour voir la jeune femme en question gifler un homme. Derrière eux, deux femmes sont agenouillées et s’occupent d’un autre homme qui semble très heureux de ce traitement. Perdu dans ses pensées, David Sanvin ne les avait pas entendus arriver dans le parc.

• — Mais tu es fou ! Je ne suis pas comme ça ! Tu me prends pour qui ! Je ne couche pas avec des inconnus comme ça ! Espèce de salaud ! Salaud !
• — Mais reviens chérie, tu verras, tu ne le regretteras pas. Laisse-toi aller. Viens ! lui dit doucement l’homme en train de se faire sucer par les deux autres filles.
• — Salaud ! hurle la jeune femme en partant en courant.

Il n’est donc pas seul ! David Sanvin se sent soudain plus fort et prêt à se battre à nouveau. Il se lève et part en courant pour rattraper cette femme qui, à n’en pas douter, est comme lui et refuse de subir cette invasion malsaine. Derrière lui, le jeune homme semble remis de sa gifle, car il a rejoint son ami en baissant son pantalon et une partie à quatre commence pour ces jeunes gens, sans se qu’ils ne se soucient du départ de la jeune femme.

Il lui faut quelques centaines de mètres pour réussir à rattraper la jeune femme.

• — Attendez ! Je peux vous aider ! Attendez-moi !

À bout de souffle, la jeune femme s’arrête et David, tout aussi essoufflé peut la rejoindre.

• — Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ? finit-elle par demander, après avoir repris sa respiration.
• — Je m’appelle David Sanvin et j’ai vu ce qui s’est passé dans le parc. J’ai déjà vu ça ces derniers jours, et je sais ce qui se passe.
• — Comment ça ? De quoi me parlez-vous ?
• — Votre ami, vous le connaissez depuis longtemps ?
• — Qui ? Ce gros con ?
• — Oui, le type que vous avez giflé.
• — Ça fait un an qu’on est ensemble.
• — Et avant, comment était-il, aurait-il fait ça il y a quelques semaines ?
• — Non ! Sûrement pas ! Il était complètement coincé ! À part le foot, rien ne l’intéressait.
• — Et quand a-t-il changé ? demanda David Sanvin à la jeune femme perplexe.
• — Eh bien, je ne sais pas. Le week-end dernier, je crois. Il était parti voir un match avec des potes et depuis, il ne pense plus qu’à, enfin, c’est gênant, vous voyez quoi.
• — Oui, je vois.
• — Et surtout, il a voulu aller dans une boîte échangiste hier soir. Vous vous rendez compte ? C’est n’importe quoi !
• — C’est clair ! C’est dégoûtant !
• — Et le pire, c’est qu’il m’a même demandé si on ne pourrait pas inviter ma sœur pour faire un truc un trois ! Quel fumier ! Avec ma sœur !

La jeune femme se met alors à pleurer et se laisse tomber dans les bras de David Sanvin. Bien que surpris par ce geste, il serre la jeune femme contre lui pour la réconforter. Il sent contre lui la poitrine opulente de la jeune femme, et quand il réalise qu’il serre contre lui une charmante jeune femme, il se met à prier pour ne pas avoir d’érection. À l’évidence, la pauvre ne supporterait pas une telle réaction de sa part dans un moment pareil. Il doit se contrôler. Au bout de quelques minutes, elle se recule en séchant ses larmes. David est fier d’avoir pu maîtriser ses plus bas instincts.

• — Au fait, je m’appelle Kelly.
• — Et moi, c’est David.
• — Enchanté David. Je suis contente de vous avoir rencontré. Ça me rassure. Vous êtes différent. Ça se voit.
• — Oui, je ne suis pas comme eux. Mais vous savez, ils sont partout désormais. Vous aurez peut-être du mal à me croire, mais il s’agit d’une invasion.
• — Une invasion ? demanda la jeune femme inquiète.
• — Oui, c’est difficile à croire, mais il s’agit d’une invasion d’extra-terrestres.
• — Mon Dieu ! C’est terrible.
• — Oui.
• — Vous en êtes sûr ? Cela expliquerait tant de choses. Kevin, mon copain. Mais aussi mon patron et sa femme.
• — Vous aussi ? La femme de votre patron a essayé de vous séduire ?
• — Oui ! Vous aussi ? Il vous est arrivé la même chose ? s’étonna la jeune femme.
• — Oui !
• — C’est vraiment dingue !
• — Quoi ? C’est si étonnant qu’on veuille me séduire ? s’inquiéta David.
• — Non ! C’est pas ce que je voulais dire. Mais tout ce qui se passe, c’est vraiment fou. Le monde devient fou.
• — Vous ne voulez pas qu’on aille quelque part, au chaud ? On peut aller à mon appartement, ce n’est pas très loin.

Kelly qui commence aussi à avoir froid accepte la proposition de David et ensemble, ils partent vers son appartement. Pour y arriver, il leur faut une demi-heure de marche durant laquelle ils n’échangent que quelques banalités.

• — Nous y voici. Ne faites pas attention au désordre, j’ai été un peu occupé ces derniers jours.
• — Ne t’inquiète pas, ça ira, au moins on est tranquilles ici, répond Kelly, le tutoyant.
• — Installez, pardon installe-toi, lui dit David, un peu surpris par ce rapide tutoiement et en lui montrant le canapé. Je vais nous chercher à boire.
• — Merci.

Quand il revient de la cuisine avec quelques bouteilles, Kelly s’est allongée sur le sofa. Elle a ôté son manteau et sa position a fait remonter sa jupe assez haut sur ses cuisses, dévoilant deux très jolies jambes.

• — Je me suis mise à l’aise, j’en avais besoin. Tu permets ? lui demande-t-elle doucement.
• — Euh, oui, bien sûr, bredouille David soudainement assailli de désirs qu’il n’ose plus se permettre.
• — Tu as du whisky ?
• — Euh, oui, mais pas là, je l’ai pas pris, je vais le chercher dans la cuisine. Je reviens.

À son retour dans le salon, Kelly s’étire et lui apparaît dans une pose des plus lascives. Il n’en revient pas comme cette fille est belle.

• — Je me suis laissée aller un peu, s’excuse-t-elle en lui souriant tendrement.
• — Tu as raison, voici le whisky.
• — Merci. Mais viens donc te détendre un peu toi aussi. Laisse-toi aller, lui dit-elle d’une voix douce et sensuelle.

David se sent attiré par cette femme. Elle est tellement sexy, et elle lui semble si bienveillante, qu’il se sent comme hypnotisé. Et il se laisse aller. Elle se redresse pour lui faire de la place sur le canapé. À peine est-il assis à ses côtés qu’elle commence à lui masser les épaules avec une douceur incroyable.

• — Tu es si tendu. Laisse-toi aller, lui dit-elle doucement en s’approchant de son coup.

David Sanvin sent le souffle chaud, presque brûlant de la jeune femme dans son coup. "Laisse-toi aller" se dit-il. Et là, il entend à nouveau cette phrase. Oui, il l’a déjà entendu. Dans la bouche de sa femme, de son ancienne voisine, de sa patronne, et de tant d’autres personnes ces derniers jours. Alors il comprend. C’est un piège !

• — Non ! crie-t-il en se relevant soudainement.
• — Que se passe-t-il David ?
• — Toi aussi ? Tu en es n’est-ce pas ? Tu m’as piégé !
• — Oui, j’en suis. Et alors. Ne sommes-nous pas bien ? Ne veux-tu pas profiter de ce moment de plaisir ? Ne veux-tu pas te laisser aller ?
• — Non ! Pas comme ça ! Je dois résister ! Pars ! Pars de chez moi ! Je ne me laisserai pas faire !
• — Tu ne comprends pas ? C’est trop tard. Tu ne peux rien y faire. Nous sommes partout, lui dit Kelly en se relevant et fixant d’un regard devenu glacial. Rien ne pourra plus nous arrêter ! Rien ! Rien ne peut arrêter la mutation. Bientôt nous contrôlerons le monde !
• — Pars !
• — Tu n’es qu’un pauvre rat ! Tu ne peux rien contre nous. Un jour ou l’autre, tu nous rejoindras ! Tu n’auras pas le choix ! Ah Ah Ah Ah !

Son rire sadique résonne dans l’appartement alors qu’elle part vers la porte, laissant David Sanvin seul, désespéré et plus que jamais inquiet sur l’avenir de l’humanité. Alors qu’il est toujours debout, les bras ballants au milieu de son salon, il entend au loin les cloches de la cathédrale. Alors, l’espoir renaît. Oui, la solution est là-bas. Eux l’écouteront. Ils pourront l’aider.