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n° 12033Fiche technique39274 caractères39274
Temps de lecture estimé : 22 mn
03/12/07
corrigé 31/05/21
Résumé:  Cette heure que l'on vit deux fois...
Critères:  fh 2couples hplusag couple cocus collègues fête lingerie échange -entrecoup -extraconj
Auteur : SophieF.            Envoi mini-message
Le passage à l'heure d'hiver

- 1 -


Christophe a souvent pour moi des gestes de grand frère protecteur, il passe un bras autour de mes épaules, amicalement, même quand Sébastien est avec nous dans la salle des profs. Où serait le mal ? Sa femme Nathalie est une brunette toujours de bonne humeur. Ils ont deux enfants, dont l’aîné entrera au collège l’année prochaine. Comme ils sont installés dans la vie ! Ils viennent même d’acheter une maison, une ancienne ferme à l’écart d’un village, avec un grand terrain autour.



Nous prenons le café seuls, ce jour-là, lui et moi. Le déjeuner à peine fini, Nathalie m’a dit qu’elle m’empruntait Sébastien pour quelques minutes et qu’à la place elle me prêtait Christophe. Elle avait sans doute quelque chose à dire à mon cher et tendre, à propos d’élèves communs. Ils se sont mis dans un coin du bistrot. Nathalie agrippe parfois l’avant-bras de Sébastien et le secoue avec véhémence, comme pour être plus convaincante. C’est une de ses habitudes, de souvent toucher les gens à qui elle parle, dès lors qu’elle les connaît un peu. Mais quand même pas avec cette brutalité. Christophe leur tourne le dos. Il me regarde avec une bienveillance teintée d’ironie. Je viens à l’instant même de comprendre qu’il y a quelque chose entre sa femme et Sébastien, et qu’il le sait. Obscurément, je les trouvais bien trop proches, complices. Pure amitié ? Foutaise ! Mais Christophe parle encore. Pétrifiée, je n’écoute plus.



Mais ils nous rejoignent, les deux tourtereaux.



Je ne lui rends pas son Christophe, je ne le lui avais pas pris. Elle se glisse à côté de lui, pose une main sur sa cuisse, lui demande s’il a mis du sucre dans son café, lui dit : merci, mon chéri. Une chatte amoureuse. Sébastien est normal. Mais quels hypocrites !


- 2 -


Le soir venu, il n’y a rien à la télé, c’est habituel. Sébastien a envie de moi, nous sommes sur le canapé, il tripote mes seins. Les pince-t-il, ceux de Nathalie ? Les tète-t-il ? Et son clito, l’aspire-t-il entre ses lèvres, le lèche-t-il d’une langue agile ? Je me lève et je vais dans la salle de bains me brosser les dents. Sa langue dans la bouche de Nathalie. La langue de Nathalie dans la bouche de Sébastien.



Il rigole, le benêt, tout fier. Il veut me chauffer, s’attarde en bagatelles, mais les pointes de mes seins sont déjà dures à me faire mal et mon clito est bandé. Je suis trempée, qu’il me bourre comme jamais ! Et han, et han, c’est Nathalie qu’il baise. Un puissant orgasme me laisse pantelante. Il en sourit, le benêt, tout fier.


- 3 -


J’ai eu trop chaud pendant la nuit, Sébastien était tout contre moi. Chercherait-il à se faire pardonner ? Nathalie ne doit pas user du moindre parfum, mais elle a une odeur, comme tout le monde. En lui faisant les bises matinales, il faudra que je la renifle, pour la retrouver ensuite sur Sébastien.


Petites femelles aguicheuses, en classe. Des seins arrogants à treize ans, des regards de luxure vers ces dadais de petits mâles qui ricanent, la bouche ouverte. Au tableau ! Parlez-moi donc de Pythagore, petits gorets ! Et du principe fondamental de l’hydrostatique : tout phallus plongé dans une vulve entraîne une poussée… Un supplice pour moi, certes, mais une bizarre jouissance aussi, quand c’est celui de Sébastien qui plonge dans celle de Nathalie.


- 4 -


Nous disposons d’une heure, elle et moi, avant le déjeuner. Il y mieux à faire que corriger des copies.



Une terrasse de bistrot. J’ai un canevas en tête, qui vaut ce qu’il vaut, mais…



Je la regarde en douce. Elle se marre.



Ou c’est une comédienne de première bourre, ou je ne suis pas cocue. Mais elle en fait un peu trop, quand même. Ce pourrait être par dépit. Si elle a couché avec mon homme, elle a quand même dû s’y attacher, au moins un peu, et elle devrait être jalouse. Je ne suis plus sûre de rien. J’avais envisagé de lui poser carrément la question, décontractée, l’air de celle qui s’en fout pas mal : il me fatigue, si tu en prends ta part, tant mieux. Ce ne serait pas crédible. Par ailleurs, elle a quand même bien dû remarquer que son Christophe me fait les yeux doux. Serait-ce en mon honneur qu’il la baise moins ?



- 5 -


Jeudi, entre deux cours, je suis avec elle dans la salle des profs.



Mon coeur bat si vite que je colle une interrogation écrite en arrivant dans la salle de cours, faisant fi des protestations indignées du troupeau. J’ai besoin de réfléchir.


- 6 -



À table, Sébastien est l’unique objet de son attention. Il est question du profond silence de la campagne, du ciel étoilé qu’on ne voit plus en ville, en raison de l’éclairage public, et patati et patata. Elle en vient enfin à la crémaillère.



Il me regarde. Je m’empresse de répondre, en minaudant :



- 7 -


Un samedi matin royal ! Sébastien fort amoureux, aux petits soins, au service de mes fantasmes.



Naturellement, que je bouge ! Ne serait-ce que pour empoigner sa verge turgescente, comme on dit dans les livres cochons, et en approcher mes lèvres avides.



Il se lève. Il a de belles fesses, de quoi plaire à Nathalie. Devant aussi. Il fouille dans l’armoire. Foulards de soie, écharpes d’hiver, mes poignets sont emprisonnés. Accroupi, il noue soigneusement les tissus aux pieds du sommier, son gland décalotté cogne contre son ventre. Au tour de mes chevilles, ensuite, et me voici crucifiée, jambes ouvertes. À sa merci.


Ou de tout autre… Il serait soudain glacial, cacherait sa belle nudité sous une robe de chambre écarlate, s’installerait devant le micro, dirait à voix haute le message qu’il enverrait :



  • — Jeune et jolie jeune femme blonde, attachée nue sur le lit, bras et jambes écartés, attend le bon vouloir d’un inconnu. Se présenter immédiatement au 24 de la rue Sainte-Opportune, troisième étage, porte de gauche.



Non, il ne me connaît pas suffisamment pour faire cela. Il prend son temps, du dos de la main droite il effleure mes lèvres, mes seins, mes cuisses. Tourne autour du puits d’amour dont nulle vérité ne sortirait sans me faire rougir de confusion, tant je me sens délicieusement garce.


Sage, Virginie ! Ne ferme pas les yeux, ce n’est pas Christophe qui te baise, mais Sébastien qui te fait l’amour. Tout à fait convenablement. Comme si j’étais Nathalie ?


- 8 -


Il est content de lui. Tout juste s’il ne me demande pas : Alors, heureuse ? Il le voit bien, que je suis comblée, ah, le joli mot ! Au point de juger l’instant propice :



Il me regarde avec inquiétude, se demandant si par hasard je ne me foutrais pas de lui. Mon regard clair le rassure, et aussi mes soupirs d’intense satisfaction. De bête assouvie, comme disait… mais peu importe ! Il sort de moi. Il bande moins, presque plus. Qu’il n’en soit pas humilié, tout cela a fort bien rempli son office. Abondamment, même, sa semence et ma cyprine coulent gentiment sur le drap.



Il me regarde, abasourdi. Il a l’air un peu stupide.



- 9 -


Il en reste songeur. Pas vraiment fâché, me semble-t-il. Il commence à délier le foulard qui immobilise ma cheville gauche.



- 10 -


Il reste bizarre jusqu’au soir. Il me demande enfin si j’étais vraiment sérieuse ou si c’était pour de bon.



Il ne me croit pas, son visage se ferme, il boude. Dodo, à l’hôtel du cul tourné. Il se réserve pour le lendemain. Je jubile.


- 11 -


On appelle ça un baise-en-ville. Quelques sous-vêtements de rechange. Un chemisier pour demain matin. Une seconde jupe ? Mais oui, la petite mauve qui ne descend qu’à mi-cuisses. Un problème, Sébastien ? Il me regarde faire, silencieux. Je n’ai pas jugé à propos de prendre le moindre vêtement en me levant. Je vais, je viens, mes seins pendouillent quand je me penche, ça les met en valeur. Accroupie, j’écarte les cuisses. Il ne résiste pas longtemps.



Il dit viens et je viens, brave petit soldat des évangiles. Il me prend sans fioriture et me baise comme un furieux. Il pense à Nathalie. Il n’est pas idiot, il sait que je pense à Christophe. Je ne le lui demande pas, mais il pince la pointe de mes seins, cruellement. Je lui crie que je l’aime, ça lui fait tellement plaisir.


- 12 -



Il sait que j’adore voir son gland en émerger gentiment, quand il bande. Il ne me répond pas, il est un peu triste, il a peur de me perdre, du moins je l’espère, mais il a envie de Nathalie.



Le slip est tout petit, le soutien-gorge aussi. Je sais que certains bonshommes interdisent à leur copine de porter une culotte. Question hygiène, ça laisse à penser. Et c’est tellement agréable de se la faire enlever par des mains fébriles !



Il n’ignore pas qu’elle est si légère, cette chemise, qu’elle épouse ses tout petits tétons, qu’il me plaît souvent de pincer délicatement et de prendre entre mes lèvres en laissant un peu de ma salive sur le bleu de la soie.



Il est d’un beige légèrement plus foncé, qui donne un camaïeu plutôt flatteur. Nathalie parlera plutôt de décamaïeu, elle qui boit trop de café et joue avec les mots.



Elle est boutonnée devant. Un bouton saute entre chaque danse. Mais dansera-t-on ?



Je dispose bien d’un porte-jarretelles, également rouge, et de plusieurs sortes de bas qui vont avec, hors d’age, mais en bon état, vu que jamais je ne les porte, tellement rangée que je suis depuis que je vis avec mon Sébastien. J’ai même une paire de bas résille qui

fait un peu pute. Je la sors, la toise, la rejette.



Qui ne dit mot consent. Il a envie de Nathalie. Le prix à payer, c’est de me laisser libre de batifoler avec Christophe, éventuellement. Il se fait facilement une raison. Je laisse tomber ma jupe sur le sol, j’enlève mon petit slip rouge, je positionne mon porte-jarretelles. Assise sur le lit, je glisse mes petits petons dans la soie blanche enroulée, je lève une jambe pour la gainer, puis l’autre. Je me suis bien gardée de remettre mon slip. Sébastien ne me quitte pas des yeux. Je suis satisfaite qu’il bande de nouveau, mais il ne fait pas mine de vouloir me baiser derechef. Nous déjeunons d’une pizza réchauffée.


- 13 -


L’église, la boulangerie à côté. Prendre à droite, passer devant la mairie. Ne pas s’y arrêter pour se marier. Humour à la Nathalie. Passer devant le cimetière sans y prendre pension. Tourner à gauche, puis prendre la deuxième à droite pour deux kilomètres.


Nous y sommes. Une maison banale, mais grande. Un étage et un grenier à lucarnes. Devant, une cour avec d’autres bâtiments en face. C’est derrière ceux-ci, dans un pré, qu’il faut garer la Clio. Il y a déjà six voitures, j’en reconnais deux. Au milieu de la cour, une immense table : des tréteaux et des planches recouvertes de papier. Des pinces à linge de couleur l’arriment au bois des planches. Je pense à Sophie qui aimait tant jouer avec sur la pointe de nos seins. Nous ne l’imiterons sans doute pas cette nuit.


Bises, sourires dans la cuisine. Christophe est en survêtement.



Nathalie est en pantalon de cuir ! Ou de skaï, plutôt. Quelle dégaine ! Elle doit bien avoir une cravache, dans cette ancienne ferme. Mon Sébastien, à genoux devant elle : Oh oui, maîtresse, punissez-moi avec la plus grande sévérité !



Des nouveaux venus l’interrompent. Je ne les connais pas. Des cousins. Ah bon ! La fille porte une chemisette d’homme, pas tellement boutonnée, et pas grand-chose dessous. Enfin si, des nichons aux pointes très affirmées. Deux ados qui glandaient dans les parages la dévorent déjà du regard, des enfants de collègues, ils ressemblent à leur mère. Elle rapplique et les expédie dehors. Un génocide de jeunes spermatozoïdes est au programme.


D’autres gosses arrivent en courant et crient qu’il y a une étable avec des chaînes pour attacher les vaches. La mère des deux garçons me parle de la future grève des trains.


- 14 -



L’escalier, les chambres des enfants, une chambre d’amis. Le bureau de madame, celui de monsieur. Je vais à la fenêtre. Il devrait se mettre derrière moi et appuyer son bas-ventre contre mes fesses, qu’est-ce qu’il attend ?



La souillarde, j’y ai droit ou non ? C’est non, mais oui pour leur chambre. Il ne faut pas y faire de bruit, un bébé dort dans un couffin posé sur le lit. Qu’il est mignon !



Tout contre moi, il passe un bras autour de mes épaules. Je rapproche un peu ma hanche de la sienne, oh, à peine, et je tourne la tête vers lui, mes lèvres légèrement entrouvertes. Il me lâche et va vers la fenêtre. Elle donne sur un petit jardin encore fleuri, derrière la maison. Il a balbutié quelque chose que je n’ai pas compris.


- 15 -


Assis à l’extrémité de la table, des collègues parlent politique. - Le second tour des présidentielles, ce combat entre deux cocus. Vous avez remarqué que Sarko a parfois des mimiques qui le font ressembler à Stan Laurel ? La fausse colère de Ségolène était d’un grotesque ! Et draguer Bayrou, notre ancien ministre, quelle dérision ! Des enfants jouent au ballon dans la cour. Où est donc cette ancienne étable ? La porte grince. Un vieux four. Je dérange un garçon et une fille aux lèvres gonflées. Je les envie. L’étable est plus loin. Un bambin est accroupi dans une stalle.



Un collègue me demande si je ferai grève, le mardi 20.



Il me quitte en rigolant.


- 16 -


Elle s’ouvre enfin, cette porte, devant les enfants de Nathalie, un plateau couvert de toasts dans les mains. Leur mère les suit. Que fait Sébastien ? Encore des toasts. Abeille laborieuse, va !



Je veux bien. Dehors, Christophe étreint un petit tonneau qui paraît bien lourd. Il le dépose sur une vieille table, le cale avec deux bûches.



Étiquette sur l’un : Vin rouge. Sur l’autre : Vin rosé. Les gamins posent sur la table une flopée de verres dépareillés. Duralex. Sed lex ?


Mangeaille. Certains parlent la bouche pleine. Nathalie, qui riait à perdre haleine en écoutant Sébastien lui parler à l’oreille, renverse son verre sur le chemisier, fort seyant, qu’elle venait de mettre.



Il y a une salière à côté d’un beurrier. Mon Sébastien sait que le vin ne tache pas quand on met du sel. Sous quelques rires complices, il aventure une main sous le chemisier de Nathalie. Les deux boutonneux de tout à l’heure sont très rouges. Une bosse sous son pantalon beige, Sébastien me regarde, faraud.



Je veux tout ce qu’on veut, moi. Elle m’entraîne dans leur chambre, me fait signe qu’il ne faut pas y faire de bruit, ouvre une armoire, me montre quelques corsages en m’interrogeant du regard. Je lui désigne un beige, satiné. Elle s’en empare, ôte son chemisier. Elle porte un soutien-gorge blanc qu’elle enlève, car il est taché lui aussi, la main de Sébastien n’a fait qu’étendre la souillure.


Encore un peu bronzés, les seins de Nathalie ; nulle trace de maillot. À son regard interrogatif, je réponds par un non de la tête, elle me sourit et enfile son chemisier. Ses beaux tétons roses pointeront libres sous le satin.


Le dos contre la porte qu’elle vient de refermer, elle me dit à mi-voix qu’elle a parlé à Christophe, habilement (enfin, elle le pense…) du fantasme de certains hommes qui veulent livrer leur compagne à un autre.



Je me serais donc fait des idées, en pensant qu’il me draguait ?


- 17 -


Tiens, des retardataires ? Non, ce sont les parents de Nathalie qui viennent chercher les gosses. Ils prennent quelques toasts. Nathalie m’a présentée à son père. Très civil, il me tend du pâté, des rillettes.



Il a le regard fatigué, les tempes blanches. Il vous déshabille du regard, comme machinalement. Baise-t-il encore ? Il me dit qu’il me trouve très séduisante et me quitte pour parler à d’autres.


Quelques invités commencent à partir. Il va falloir prendre une petite laine. La documentaliste emporte son bébé, le père n’est pas venu. Les parents de Nathalie s’en vont avec les gosses. Ceux qui étaient avec des enfants partent aussi. Il reste une petite dizaine de couples. Il est question de danser un peu dans la cuisine. On ne va pas laisser traîner dans la cour les verres vides et les assiettes de carton.



Il faut ensuite se frayer un chemin entre les couples qui se trémoussent. Sébastien danse avec Nathalie, dont les seins tressautent en cadence. Plus besoin de petite laine.


Quand vient enfin le temps des slows, il est largement plus de minuit. Seul, le feu de la vieille cheminée éclaire la cuisine. Sébastien bande comme un taureau, il vient de se frotter contre Nathalie, sa chemise de soie contre le satin de ses seins dardés. Leurs bas-ventres doivent être une fournaise. Et le mien, donc ! Tous les hommes me serrent de près en me chuchotant que c’est bien sympathique de se retrouver ailleurs qu’au boulot, qu’il faudra remettre ça plus souvent, et que je suis très jolie. Certains disent : désirable. Ceux que j’aime bien ont mes paumes sur leur nuque, ou carrément mes bras autour de leur cou. Lèvres contre lèvres ou presque. Mon bas-ventre va à la rencontre de leurs braguettes dilatée. Même Christophe bande, mais avant même de me prendre dans ses bras. Il grommelle que je ne suis qu’une allumeuse et que je le déçois beaucoup. Mon coeur se gonfle d’allégresse.



- 18 -


Quelques nuages chahutés par un vent de sud. La lune est dans son dernier quartier, elle nous éclaire faiblement. Nathalie a dit qu’il nous fallait absolument rester dehors, à jouir du silence, ce luxe qu’on ne connaît plus en ville. Les autres sont partis. Nous n’avons ni faim ni soif.



Il voit bien que je m’en moque. Nathalie dit qu’il fait un peu froid, quand même, et qu’elle va chercher des couvertures. Elle en apporte deux, jette l’une sur mes épaules et l’autre sur celles de Sébastien.



J’écarte la mienne et d’un sourire j’invite Christophe à me rejoindre. Il a le regard sombre des mauvais jours, mais comme il fait nuit… J’insiste :



Il regarde sa femme, blottie tout contre Sébastien. Je vais me mettre à pleurer, je pleure facilement, on ne résiste pas à mes larmes. Il daigne enfin se rapprocher et saisit le pan de la couverture pour la refermer sur nous. Je m’appuie sur son corps solide. Tout à l’heure, ma tête trouvera sa place au creux de son épaule.


Le silence dure. En face bouge la couverture, des mains sont à l’oeuvre dessous. Christophe ne bouge pas. Sébastien penche légèrement la tête, ses lèvres cherchent celles de Nathalie et les trouvent sans peine. Et ce dadais de Christophe, va-t-il enfin les imiter ? Si j’aventure ma main en territoire stratégique, il risque de s’enfuir. A-t-on jamais vu pareil empoté ?



Christophe se lève brusquement, emportant la couverture.



- 19 -


Me voilà encombrée d’un cocu pas content, qui ne comprend rien à ce qui lui arrive : sa petite femme si fidèle, la mère de ses enfants, l’amour de sa vie part s’enfermer avec mon mec dans leur chambre d’amis. Pour une heure, sous prétexte que c’est l’heure de trop !


Il reste planté là, debout, sa couverture dans les bras. Il donnerait gros pour qu’ils fassent soudain demi-tour, en riant très fort :



Eh bien, c’est ce qu’ils font, et nous nous gaussons tous de la bonne, de l’excellente plaisanterie. Je passe une nuit délicieuse dans les bras de mon compagnon, pendant que Nathalie et Sébastien mettent en chantier un troisième enfant.


- 20 -


Oui, ce serait une fin possible. Mais pas de danger, ils y tiennent trop, à baiser ensemble, ils ne se retournent pas, ils courent, main dans la main, vers la chambre d’amis.



Il y prend une chaise et regarde le feu, pensif. Mais quel nigaud, ce type ! Je suis derrière lui, debout.



Tu ne te précipites pas contre moi, qui t’attends pourtant ! Bon, je patienterai. Je fais maintenant descendre mon petit slip rouge. Il franchit le genou droit, le genou gauche, la cheville droite, la cheville gauche. Le voici sur la table. Il me reste mon porte-jarretelles et mes bas. Je détache celui de droite, je l’enroule délicatement autour de ma cuisse. Ah, il faut que je me débarrasse de ma chaussure. Je détache celui de gauche. Le voilà enlevé, lui aussi. Je suis pieds nus, désormais, les tomettes du sol sont bien froides. Je dégrafe mon porte-jarretelles. Je suis nue, Christophe…



- 21 -


Long baiser, très long baiser, mon dos contre la porte de leur chambre. Sa langue est chez elle dans mon palais. Petite laine et chemisier gisent déjà sur le sol. Mes mains se glissent sous sa chemise, trouvent sans peine de petits tétons qu’elles se plaisent à légèrement pincer. Fébriles, ses doigts défont l’attache de mon soutien-gorge et ses lèvres se jettent sur les pointes de mes seins. Je récupère difficilement mes mains pour caresser sa nuque. Ma jupe tombe. À genoux, Christophe appuie longuement sa bouche sur le devant de mon slip.



Il fait descendre mon petit slip rouge, écarte de ses doigts les lèvres de mon sexe et aventure sa langue. Mes mains enserrent ses tempes, j’y sens battre ses artères.



Chemise, pantalon, slip. Comme il bande fièrement ! Hop, un petit coup de langue sur l’oeil ovale du gland.



Mais c’est que je ne demande pas mieux, moi !


- 22 -



C’est aussi une fin possible. Nuit délicieuse, etc. Et de quoi aurions-nous l’air, au petit jour, après avoir ainsi triché ?


- 23 -


La vieille comtoise de la cuisine vient de sonner trois fois, il convient de se lever et de contraindre la grande aiguille à faire un tour complet en arrière. Quatre pieds nus descendent l’escalier. Nul d’entre nous n’a jugé bon de prendre le moindre vêtement.



- 24 -


Grandiose ! Une fin de nuit divine ! La mise en concurrence a du bon, n’en déplaise aux défenseurs du monopole : Sébastien met tout son coeur - et aussi le reste ! - à me prouver que j’ai intérêt à le garder. En bas, si j’en crois ses hululements, Nathalie est également à la noce.


- 25 -


Il est plus de midi quand nous nous levons, car il a bien fallu dormir un peu. Nous finissons les toasts et visitons, dans l’après-midi, quelques chapelles romanes des environs, sans reparler de notre passage à l’heure d’hiver.