n° 12219 | Fiche technique | 15860 caractères | 15860Temps de lecture estimé : 10 mn | 27/01/08 |
Résumé: Après avoir séduit Catherine sur Internet, Christophe fixe leur premier rendez-vous au cinéma : elle devra le reconnaître à la photo de ses yeux, et l'identifier à son caleçon avant de lui parler. Surprises sur prises... | ||||
Critères: fh extracon inconnu cinéma exhib nopéné init humour | ||||
Auteur : Vagant Envoi mini-message |
Catherine était ravie. Depuis le temps qu’elle voulait rencontrer Christophe, elle tenait enfin son rendez-vous pour jeudi prochain ! Et quel rendez-vous ! Jusqu’alors, elle n’avait aperçu de son corps que les quelques morceaux qu’il lui avait envoyés sur sa messagerie, morceaux certes prometteurs sans pour autant porter l’estocade à sa curiosité, puisque parmi les photos du supposé taureau elle n’avait eu ni les oreilles ni la queue.
Pour leur premier rendez-vous, ce séducteur patenté lui avait lancé un défi : le reconnaître à son supposé regard pétillant dans la file d’attente d’un cinéma, ce dont elle se sentait déjà incapable. De plus, elle devrait oser le toucher dans la salle jusqu’à le déshabiller sur place avant même d’avoir échangé un seul mot avec lui, afin de le reconnaître à son boxer noir dont il lui avait envoyé la photo suggestive !
Même si, portée par le courant des mots qu’ils échangeaient sur Internet, elle avait été jusqu’à lui suggérer qu’elle pourrait lui faire une fellation dans une salle de cinéma, Catherine voyait sa belle assurance fondre devant l’imminence du feu de l’action qui s’annonçait comme une véritable épreuve pour sa timidité naturelle. La sourde inquiétude qu’elle sentait au creux de l’estomac n’égalait pourtant pas ses troubles sensuels, et la perspective de ce rendez-vous nourrissait ses masturbations nocturnes dont elle ne se privait pas, entre autres récits d’expériences érotiques extravagantes que Christophe distillait savamment.
Les jours passèrent, l’angoisse montait mais l’excitation plus encore. Mercredi finit par arriver et Catherine se précipita dans son kiosque habituel pour acheter l’officiel des spectacles. Plusieurs films semblaient convenir aux ébats à venir, dont une histoire de geisha vaguement érotique qui ferait très bien l’affaire. Elle envoya un e-mail à Christophe pour lui faire part de sa trouvaille, mais il proposa un autre film descendu en flamme par la critique, interdit au moins de douze ans, et qui ne devrait donc pas drainer pas les foules. Ça tombait bien, Catherine qui avait lu le roman, avait bien envie d’en voir l’adaptation cinématographique, même si elle doutait que la salle soit à moitié vide pour la sortie de ce supposé navet.
Le rendez-vous fût donc pris pour le lendemain soir à 20h35, au cinéma du Forum des Halles en plein cœur de Paris, pour la projection de Hell.
Catherine prit soin d’arriver bien avant le début de la séance afin d’avoir le temps d’observer tous les hommes seuls de la file d’attente. Ils étaient peu nombreux. La plupart des hommes séduisants étaient accompagnés, et les rares solitaires qui se présentaient à la caisse faisaient de bien improbables amants. Et même si certains auraient pu le faire, comme on dit, ils ne la regardaient pas ostensiblement, car si leurs yeux croisaient ceux de Catherine, ils glissaient sur elle comme ceux de tout homme sur une jolie femme, pas comme ceux d’une supposée bête de sexe qui s’apprête à trousser vos jupes.
Et puis des indices les trahissaient : le portable à la sonnerie intempestive alors que Christophe n’en voulait pas, l’absence d’alliance alors que Christophe était marié -même s’il ne l’était pas trop- ou encore une queue de cheval dont elle aurait probablement entendu parler si Christophe en avait eu une.
Il faut dire qu’elle avait un peu triché. Jeune célibattante à la sexualité atypique assumée, Catherine avait croisé Christophe sur Internet grâce à un forum libertin qu’ils fréquentaient tous les deux. Aussi n’avait-elle pas loupé une occasion de demander aux copines de ce forum à quoi il pouvait bien ressembler au-delà de ses yeux dont il avait semé la photo aux quatre vents. Mais elle recevait toujours la même réponse : un mec sympa, normal, sans autre précision utile, et elle n’était pas plus avancée.
À 20 h 25 elle décida d’entrer dans la salle déjà pleine aux trois quarts. Elle ne voulait surtout pas avoir à changer de place pour aller s’asseoir à côté de lui. Au contraire, elle préférait qu’il vienne à elle, qu’il lui montre son désir de s’installer à ses côtés. Il lui était déjà assez difficile d’imaginer faire le premier geste, car elle redoutait en premier lieu l’affront d’être repoussée. Il valait donc mieux qu’elle lui réserve au plus vite une place aussi discrète que possible.
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Ce jeudi-là, Christophe arriva gare du Nord avec trente-cinq minutes de retard. Après avoir pénétré dans la gare, le train eut à peine ouvert ses portes que Christophe en jaillit comme la semence d’un éjaculateur précoce. Il se mit aussitôt à courir dans la foule comme un spermatozoïde en pleine compétition spermatique. Il dévala les escaliers du métro avec son petit sac de voyage sur le dos, se rua sur le quai du RER qui s’apprêtait à partir, et échappa de justesse au couperet des portes qui claquèrent derrière lui.
Arrivé à la station Châtelet, il reprit sa course effrénée dans les couloirs et les escalators, il traversa le Forum des Halles comme une balle perdue et arriva à bout de souffle devant le cinéma. Comme il s’y était attendu, son cœur battait la chamade, mais il n’avait pas imaginé que ce fût déjà pour des raisons sportives. La séance allait commencer dans quelques minutes et il prit aussitôt place dans la file d’attente, en accrochant un sourire à ses lèvres au cas où Catherine serait dans les parages.
Il repensa aux indices qu’ils avaient évoqués afin de se reconnaître, à ces regards croisés et décroisés qui trahissaient toujours les éventuels futurs amants, et il essayait d’en gratifier ostensiblement la population féminine aux alentours. Il ne reçut en retour que quelques coups d’œil mornes. Il y avait très peu de jeunes femmes seules, et elles ne l’étaient que temporairement.
Le défi libertin qu’il avait imposé à Catherine s’annonçait mal. Il allait devoir la retrouver dans la salle ce qui changeait la donne : au lieu d’un rapprochement mutuel dans la file d’attente, il allait faire un premier pas définitif en prenant place aux côtés d’une jeune inconnue. Sans contact visuel préalable, la probabilité de se tromper augmentait considérablement. Christophe songea qu’il risquait de s’asseoir auprès d’une jeune femme qui n’était pas Catherine et qui lui témoignerait une parfaite indifférence, à moins que sa voisine soit bien Catherine mais qu’il ne lui plaise pas du tout, à moins qu’elle n’ose pas prendre l’initiative qu’il comptait bien lui laisser, puisque malgré ses nombreuses conquêtes, il n’était pas sûr de plaire…
Tout en pesant ces inquiétantes hypothèses, il était arrivé au guichet et il demanda sa place pour l’enfer.
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Catherine dut se battre bec et ongles pour garder la place libre à côté d’elle. Mais la salle se remplissait inéluctablement, et de guerre lasse, elle dut abandonner cette dernière place à un jeune homme. La séance venait juste de commencer et dans la soudaine obscurité, elle ne pouvait pas bien distinguer les traits de ce voisin. Il retira son manteau, et posa un sac entre ses jambes. Lorsque les pupilles de Catherine se furent accommodées à l’obscurité, elle jeta un timide coup d’œil au jeune homme.
Il lui sembla moins jeune qu’elle l’avait pensé au départ. Une petite trentaine, tout au plus. Et si c’était lui ? Sentit-il la pression du regard de Catherine, ou attendait-il de tourner furtivement ses yeux vers elle ? Toujours est-il que leurs regards ne se croisèrent pas : ils s’accrochèrent comme deux voitures à un carrefour. Ils esquissèrent un sourire gêné avant que leurs yeux ne s’échappent dans la contemplation d’une publicité insipide. « Et si c’était lui ? » se répétait Catherine qui n’osait plus tourner la tête. Elle ne s’était pas imaginé que Christophe put être plus timide qu’elle, à moins qu’il la mette à l’épreuve du premier geste, à moins que ce jeune homme ne soit pas lui, à moins qu’il pense qu’elle n’était pas elle, à moins qu’elle ne lui plaise pas…
Le film commença sans elle. Elle ne percevait que des taches de lumière qui dansaient sur l’écran et qui se reflétaient sur le visage impassible de son charmant voisin qu’elle regardait maintenant à la dérobée. Il lui aurait bien plu, lui. Et si c’était Christophe ? Il fallait qu’elle en ait le cœur net. Elle finit par opter pour la stratégie du paresseux. Elle allait entamer un langoureux mouvement du genou qui sortirait de sa zone pour empiéter ostensiblement sur celle de son voisin, jusqu’à, suprême audace, le toucher, lorsque le seul rebondissement du film fit tressaillir toutes dont les jambes du fameux voisin qui percutèrent le sournois genou féminin en embuscade.
Elle crut voir passer un voile devant les yeux de cet homme, et l’esquisse d’un sourire gourmand sur ses lèvres. Il était temps. L’homme finit de se dévoiler par une éloquente pression de son mollet contre celui de Catherine. En sentant sa chaleur à travers le tissu, Catherine eut l’intime conviction qu’elle tenait son homme.
Il n’y a que le premier pas qui coûte. Il ne s’était pas passé une minute après ce premier contact que leurs mains s’étaient invitées à la fête balbutiante. Celle de Catherine, d’abord, s’était posée sur le genou de son voisin. Elle sentait sous son jean la chaleur de cet homme, ses tressaillements quand ses doigts timides se perdirent entre ces jambes inconnues. Lui, il avait posé sa main sur la cuisse de Catherine, à la lisière de sa jupe. Pas une main conquérante, lourde de velléités libidinales, mais une main timide, une main comme par hasard, une main prête à s’excuser, une main incertaine jusqu’à l’improbable, une main l’air de rien, une main coupable : l’alliance à son doigt brillait comme le réquisitoire d’un procureur.
Il osait cependant ; de plus en plus même. Il faut dire qu’elle l’encourageait, Catherine, avec ses yeux mi-clos, son souffle court et surtout ses doigts qui s’encanaillaient peu à peu. Après l’avoir effleurée, elle avait fini par lui tâter la bosse qui déformait son pantalon, comme on jauge un fruit mûr. Et mûr il l’était, tendu, gorgé de jus, plein de sucs qu’il lui tardait de déguster. Leurs regards s’emboîtèrent, brillants, humides, et leurs bouches s’agrafèrent dans un baiser aussi vif qu’une morsure. Il détacha presque aussitôt son visage de celui de Catherine, le recula un instant comme s’il s’était brûlé à sa fièvre, et regarda ses paupières closes sur la passion de ses lèvres entrouvertes, prêtes à l’accueillir comme une ostie. La messe était dite.
Catherine eut juste le temps de cacher leur étreinte sous son manteau que les mains de son charmant voisin troussaient sa jupe sans vergogne. Ses doigts s’aventurèrent dans la touffeur de son entrecuisse, au-delà du nylon de ses bas, sur la chair frissonnante déjà. Là, tout n’était que langueur, furie de volupté. Toute cette envie impérieuse difficilement contenue par un triangle de soie, il la toucha du bout des doigts et en pressentit l’orageuse humidité. À peine avait-il frôlé son bouton qu’un éclair de plaisir foudroya Catherine, prise d’un spasme incontrôlable.
Elle échappa à cette main inquisitrice de peur de ne pouvoir retenir ses râles, et elle se pencha sur la braguette qu’elle venait d’ouvrir. Elle y trouva un sexe dur, épais, noueux comme un bâton de berger, dont elle caressa les contours à travers un caleçon aux motifs hawaïens. La main de l’homme repartit à l’assaut, contourna son bras, enveloppa son sein, l’accueillit dans la paume de sa main, lourd comme un fruit mûr, avant d’en dégager la pointe saillante de son écrin de dentelle. Il fit rouler le téton entre le pouce et l’index tandis que Catherine baissait le pantalon de l’inconnu pour glisser sa main par en dessous, entre sa cuisse et le coton de son caleçon.
Un gémissement impromptu lui échappa lorsqu’elle atteignit ses testicules. Elle joua doucement avec les deux boules qui roulaient entre ses doigts sous la chair molle et chaude, en savourant l’emprise de son pouvoir éphémère : Christophe, l’homme aux mille et une frasques, l’homme de toutes les escapades, de toutes les bordées, de tous les mouillages, cet homme, elle le tenait par les couilles. Elle poussa sa main un peu plus loin et s’agrippa à sa verge raide, à la base de son mât dressé à la verticale qui tendait le tissu de son caleçon comme des voiles chamarrées. Catherine commença à le branler doucement tandis qu’un doute s’insinuait malgré tout dans son esprit.
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Pour toute réponse, le guichetier haussa les épaules et laissa Christophe pantois à l’entrée du cinéma. Christophe eut beau plaider sa cause auprès de l’ouvreur, rien n’y fit, il n’avait plus qu’à espérer que la mystérieuse Catherine ne fût pas entrée dans la salle, ou bien l’attendre à la sortie.
Il prit son courage à deux mains pour aborder une improbable Catherine en lui disant qu’il avait rendez-vous avec une inconnue, mais elle répondit en riant que ce n’était pas elle. Il finit par se résoudre à improviser une pancarte sur laquelle il écrivit « CATHERINE », en grosses lettres capitales, comme d’autres écrivent « j’ai faim ». Le cri du bas-ventre au lieu du cri du ventre. Si sa triste situation n’attira aucun apitoiement de la part de ses congénères masculins, sa petite pancarte attira l’attention de quelques femmes qui le soutinrent d’un sourire, voire même de quelques mots d’encouragement pour sa démarche courageusement désespérée.
Quelques minutes avant la fin de la séance, Christophe décida d’attendre Catherine à quelques mètres de là, juste à la sortie de cette maudite salle obscure. Avec sa nouvelle position stratégique, aucune spectatrice ne pouvait le louper. Il scruta le visage de toutes celles qui sortaient, et toutes lisaient sa pancarte avec le même air amusé.
Toutes sauf une. Les yeux brillants et les joues rouges, elle marqua un temps d’arrêt, à peine perceptible, juste assez pour jeter à Christophe un regard apitoyé comme on jette la pièce au SDF. L’homme qui l’accompagnait glissa entre les cheveux de la jeune femme un baiser qui atterrit juste sous le lobe de son oreille. Un baiser irrésistible. Elle rit en posant sur lui un regard brillant. Un jeune couple, sans aucun doute.