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Temps de lecture estimé : 19 mn
23/02/08
corrigé 30/05/21
Résumé:  Où l'on apprend comment Richard Milton est devenu le scientifique respecté que l'on sait. Les origines de l'antigravité, sa grande invention sont-elles bien aussi claires que celà ?
Critères:  SF
Auteur : Hidden Side  (Hidden Side, SF Lover)      Envoi mini-message

Série : Antigravité

Chapitre 03
Lointaines Origines...

Résumé des épisodes 1 et 2 :


Laura Vegam rencontre Paul Tournier, assistant du Professeur Milton mondialement célèbre pour ses travaux sur l’Antigravité. Paul l’emmène en pleine nuit dans le labo de leur prototype pour une présentation confidentielle. Alléchée, Laura accepte alors de se soumettre à un lourd protocole pour pouvoir le tester elle-même.


Celui-ci n’accepte que la matière organique vivante, Laura doit donc être nue et équipée d’une petite unité biomédicale, qu’elle doit insérer en elle. Après de torrides péripéties, Laura est enfin prête à tester le prototype.


Elle flotte comme une plume dans la sphère antigravitationnelle, quand Paul la rejoint, nu lui aussi. Elle se laisse alors tenter par une expérience qui l’attire beaucoup : faire l’amour en apesanteur !


Paul s’avère un amant très satisfaisant, l’amenant au septième ciel. Mais Laura est foudroyée par une douleur terrible, au moment ou elle vivait cet étonnant orgasme. Elle se réveille près de trente heures après. Quelque chose en elle a changé !







Été 1957, en Caroline du sud, dans le comté de Hampton. La nuit du 21 août, vers 2h30 du matin.


Le ciel d’été est bien dégagé au-dessus de la petite cité d’Hampton, c’est une belle nuit étoilée, comme il y en a souvent dans cette partie assez sauvage de l’état. L’éclairage public de la ville endormie est trop faible pour éclipser la lueur de la voûte céleste, véritable tapis hétérogène de points scintillants, formée de milliers de soleils qui vus d’ici deviennent autant de poussières cristallines dans la nuit. À un kilomètre à l’est de la petite ville, tout est encore calme, le chant des insectes ne se fait plus entendre et celui des oiseaux, pas encore. Les seuls témoins de ce qui va bientôt se passer sont les coyotes, qui se mettent à hurler en cœur…


Une énorme masse sombre se maintient en vol stationnaire à quelques dizaines de mètres au-dessus du sol. Il y a quelques secondes, il n’y avait rien à cet endroit. Puis elle est apparue, comme issue du néant. Elle masque à présent une grande partie du ciel étoilé au-dessus des collines désertes, oblitérant la lumière des astres sur prés d’un hectare. Une pulsation sourde et régulière est le seul signe trahissant les forces d’antigravité à l’œuvre pour maintenir en lévitation ces milliers de tonnes de métal. La masse noire et imposante glisse sans bruit dans l’air frais de la nuit, toujours à faible hauteur, puis après quelques instants s’immobilise.


Une clarté soudaine jaillit sous l’énorme nef et déchire la nuit, éblouissant tout le paysage de lumière blanche. Puis une passerelle métallique se déploie lentement et une créature humanoïde équipée d’une combinaison isolante descend la coursive à pas lents. Elle ne tarde pas à s’enfoncer entre les hautes herbes, en direction de la petite ville endormie toute proche. Environ une heure et demie après, elle réapparaît et réintègre son étrange vaisseau, sa mission accomplie. Dans une spectaculaire accélération, la nef s’élance alors vers le ciel, disparaissant en quelques secondes au-delà de la stratosphère.



oooOOOooo




Juin 1985, début d’après-midi dans la banlieue résidentielle de Hampton, au 21, Pepper Street.


Joe Harning et sa femme viennent d’emménager dans leur nouvelle demeure, une maison en bois construite dans un style victorien plutôt classique pour la région, mais agréablement dépaysant pour cet heureux retraité du ministère de la défense. En tant qu’ancien gradé, ces dernières années Harning a surtout connu des baraquements sans âme, construits à la va-vite pour loger les familles de militaires autour des bases qu’il a fréquentées.


Une fois l’âge de la retraire atteint, Harning a décidé de s’installer à la cambrousse avec sa nouvelle épouse, une pulpeuse secrétaire rencontrée lors de sa dernière affectation. Ils ont tous les deux été séduits par le petit village de Hampton, dans lequel ils ont décidé de s’établir. C’est là qu’ils ont enfin découvert LA maison de carte postale qu’ils n’espéraient plus trouver. Et, cerise sur le gâteau, à un prix plutôt raisonnable. Ils ont très vite signé, afin de profiter au plus vite de leur nouvelle vie dans cette splendide demeure et son magnifique jardin, avec ses vastes massifs de fleurs et sa pelouse vert tendre, impeccablement tondue…


Tout y est parfait, si ce n’est ce recoin un peu sombre au fond de leur terrain, avec cet arbre rachitique étendant des rameaux loqueteux au-dessus d’un méchant fourré de broussailles épineuses. Quelques jours après la signature du contrat de vente, Harning a contacté l’ancien propriétaire à ce sujet. Un vieillard cagneux, à l’œil étrangement vif, qui habitait là depuis la construction de la maison, à la fin des années cinquante. Le type lui a conseillé de se tenir à distance de cet endroit, « qui émet comme des ondes négatives »


Le jour où le chien des Harning, un splendide berger allemand au tempérament joueur et curieux, s’est approché de ce coin, il en est reparti à toute vitesse en glapissant, la queue entre les jambes. Il ne s’est jamais plus aventuré dans le secteur, comme pour confirmer les fadaises de l’ancien propriétaire.


Mais Harning n’est pas homme à se laisser arrêter par des balivernes pareilles et la réaction d’un chien peureux ; il ne croit pas une minute aux racontars de ce genre qui courent souvent le sud profond. Il a décidé une fois pour toutes que ce tas informe d’herbes folles n’avait qu’a bien se tenir.


Engoncé dans un bleu de travail pour jardinier du dimanche, il abaisse la visière plastifiée de son casque de protection et démarre sa débroussailleuse, afin de redonner tout son charme à ce coin ombragé. Dans un crissement mécanique rageur, les premières touffes noirâtres et vénéneuses tombent alors au champ d’honneur de la domestication de la nature par l’homme. Harning voit déjà à la place une clairière bucolique s’étendant jusqu’au ruisselet paisible qui marque la limite de son terrain ; ce sera une zone parfaite pour les pique-niques, avec au milieu un barbecue en briques, qu’il compte construire de ses propres mains.


Un silence soudain, presque surnaturel, suit de peu le cahotement final du moteur de la McCulloch, qui vient de caler après avoir tranché seulement quelques ronces. Avec un juron sourd, Harning essaie de faire repartir l’engin, mais malgré plusieurs tentatives, rien n’y fait. Bien que tous les éléments semblent en parfait état, la débroussailleuse est totalement incapable de redémarrer.


Il en faut plus pour décourager l’ancien baroudeur : un peu moins d’une heure plus tard il est de retour devant les fourrés, équipé d’un engin de location. Simple copie asiatique bon marché de sa propre débroussailleuse, l’engin est cependant largement suffisant pour finir le travail. Un vrombissement de moteur s’élève à nouveau, suivi de près du crépitement des végétaux hachés sans merci.


Le tout ne dure guère que quelques secondes avant qu’un silence de mort ne vienne à nouveau recouvrir ce coin de ronces torturées : Harning regarde avec des yeux ronds la débroussailleuse de location qui vient à son tour de rendre l’âme, à peine le travail entamé. Serrant rageusement les dents devant cette nouvelle forfaiture du destin, il repart aussitôt chercher une remplaçante à cette « saloperie japonaise », remplaçante qui subit à son tour le même sort funeste à l’approche du maudit fourré de broussailles.


Le gérant du magasin de bricolage où Harning vient de ramener, coup sur coup, deux débroussailleuses aux moteurs mystérieusement grillés ne rigole plus du tout, à présent. Il refuse catégoriquement de louer un nouvel engin à ce client hirsute, en proie à une rage froide, qui a déjà massacré assez de matériel comme ça. Le gérant ne se laisse pas impressionner par sa carrure d’ancien béret, tenant tête à Harning qui se résout à partir après un dernier regard mauvais pour ce gros lard bedonnant dans son tee-shirt Budweiser. Finalement, ce ne sera pas encore aujourd’hui que les ronces menaçantes céderont le pas à la paisible zone « barbecue-party » des Harnings…



oooOOOooo





Richard Milton, bien que simple assistant, ne supporte pas qu’on lui file entre les pattes cette mission d’investigation pourrie sur des débroussailleuses qui tourneraient de l’œil, alors que des projets autrement plus passionnants l’attendent. Projets qui lui vaudront sans nul doute la fortune sinon la gloire.


Après le départ de son collègue, il rassemble en ronchonnant les quelques appareils de mesure dignes d’intérêt dans la chasse aux « poltergeists ». Puis il sort une paire de jumelles militaires ultra puissante du tiroir central de son bureau. Un peu en contrebas du cagibi vitré qui lui sert de bureau, il y a le bloc sanitaire du campus. Plus exactement la section douche des filles. Personne n’a compris dans le labo, quand il leur a fait une scène pour qu’on le laisse occuper cette pièce minable.


Les gymnastes de l’équipe universitaire ne vont pas tarder à terminer leur entraînement du vendredi soir ; dans quelques instants il va pouvoir les mater sous les douches, à la jumelle. Les bonnes vieilles méthodes ont toujours du bon, en attendant que sa dernière invention fonctionne, révélant à son regard l’anatomie des plus jolies filles du campus et d’ailleurs !


Milton, posté comme un guetteur au coin de la fenêtre de son bureau, s’arme de patience tout en fixant les ouvertures à claire-voie du bloc sanitaire, qui pour l’instant ne dévoilent que le carrelage brillant de la pièce d’eau collective encore vide. Il ronge son frein, impatient de pouvoir apercevoir les étudiantes se pavaner à poil, leurs corps sculptés ruisselants sous les jets chauds des douches. Pendant ce temps, son esprit vagabonde, revenant quelque trois semaines en arrière pour visualiser une fois de plus le spectacle excitant auquel il a assisté depuis son bureau. La première fois, ça s’était passé dans les vestiaires des femmes…


… c’était un samedi soir, Milton avait travaillé plus de douze heures d’affilée sur la mise au point du principe vibratoire devant compléter son système de vision binoculaire « amélioré ». Malgré l’heure tardive, il comptait encore y consacrer quelques heures. Il avait commandé une pizza depuis un bon moment pour faire taire les protestations de son estomac, qui justement lui rappelait que ladite pizza n’était toujours pas arrivée. Affamé et en colère, il se leva pour jeter un coup d’œil par la fenêtre ; toujours aucune trace d’un quelconque véhicule de livraison sur la route d’accès à leur labo.


Il allait se saisir de son téléphone pour engueuler ces « sales cons » quand une lueur dans un des vestiaires en contrebas attira son regard. Ce n’était pas un oubli du concierge, il distinguait clairement une silhouette en mouvement ! Il y avait bien quelqu’un dans cette zone assez éloignée des douches, et cette présence était tout à fait inhabituelle pour une heure aussi tardive, de surcroît un week-end.


Milton, après avoir attrapé ses fidèles jumelles, coupa la lumière de son bureau et fit une rapide mise au point sur la scène qui venait de capter son attention. Le vestiaire était un peu sombre et il avait du mal à distinguer ce qui s’y passait. Poussant au maximum les amplificateurs de lumière, il obtint une image plus bruitée mais bien contrastée de la pièce, éclairée par quelques bougies au sol qui créaient une ambiance intimiste. Une fille aux formes assez généreuses lui faisait face, appuyée contre les casiers métalliques. Rousse. Et entièrement à poil. La surprise faillit lui faire choir des mains ses précieuses jumelles.


Elle massait ses seins lourds à pleines mains, les enduisant lentement d’un liquide huileux ; les caresses de ses doigts sur ses pointes érigées semblaient lui procurer beaucoup de plaisir, la faisant onduler de façon suggestive. Son bassin, animé d’un tangage évocateur, laissait apparaître une chatte presque entièrement épilée ; ne subsistait des poils pubiens qu’une légère ombre cuivrée, mettant en valeur un magnifique pubis, joliment fendu par des petites lèvres entrouvertes et quasi écarlates. Elle continua de se caresser la poitrine plusieurs minutes, pointant hors de sa bouche un petit bout de langue aguicheur, prenant des poses aussi impudiques qu’explicites.


Il comprit soudain que cette nana excitée n’était pas seule dans les sanitaires. Elle devait être en train de sortir le grand jeu à son Jules, qui se tenait certainement dans une partie du vestiaire masquée par l’angle d’observation. Cette fille était en train de le chauffer comme une vraie salope, le provoquant dans ce lieu désert où ils pensaient certainement pouvoir se lâcher sans crainte de se faire surprendre… « Allez-y, les tourtereaux, ne vous gênez surtout pas pour moi ! » jubilait Milton, qui ne perdait pas de vue une seule seconde le show brûlant de la sympathique rouquine. Une fois excité à mort, le mec allait se jeter sur elle pour la baiser sans plus de subtilités… et il ne voulait pas louper ça !


Elle s’était allongée sur un banc en bois, jambes largement écartées puis avait relevé les cuisses pour se caresser la chatte de façon encore plus indécente, malaxant d’un doigt impatient un clito gonflé de désir surplombant des lèvres luisantes et largement écartées. De son autre main, elle continuait à torturer ses magnifiques tétons aux pointes dressées. Son visage exprimait un plaisir intense, yeux mi-clos et bouche grande ouverte. Peut-être était-ce son imagination, mais Milton entendait presque des râles de jouissance monter jusqu’à lui ! Il sortit son membre en érection de son bermuda et commença à y faire coulisser sa main, se délectant de la vision impudique de cette fille cambrée et offerte, en train de se toucher de plus en plus furieusement sous ses yeux.


Il vit d’abord une ombre s’approcher, puis une autre personne entra dans son champ de vision. Médusé, il faillit lâcher les jumelles qu’il ne tenait plus que d’une main en s’apercevant que le « Jules » en question était en fait une superbe brune !


La nouvelle venue s’agenouilla aux pieds de sa copine, puis elle se mit à embrasser la peau sensible et veloutée des cuisses, qu’elle écartait encore un peu plus de ses mains, déposant des baisers mouillés alternativement d’un côté et de l’autre de la fourche largement offerte. Milton se masturbait frénétiquement tout en suivant la progression inexorable de cette bouche vers la vulve trempée de la rouquine.


La brune caressa d’un doigt expert la chatte de son amie, séparant plus largement la vulve luisante de mouille. Son doigt fit des allers-retours lents, sur toute la longueur des lèvres gonflées, branlant doucement le clito sensible puis repartant en sens inverse jusqu’à l’anus détendu, qu’elle pénétrait légèrement, faisant tressaillir sa partenaire. Celle-ci appréciait ces attentions délicates, mais semblait douloureusement impatiente de recevoir d’autres caresses plus appuyées.


La rouquine saisit alors sa partenaire par la nuque, lui plaquant le visage contre sa fente en feu. La jolie brune se mit à lécher de bon cœur cette chatte palpitante, aspirant goulûment les chairs moites puis titillant du bout de sa langue le clito bien érigé. Ce traitement de choc devait procurer beaucoup de plaisir à la jeune étudiante rousse, car elle brayait de bonheur. Du moins, c’est ce que Milton imaginait en regardant son visage extatique et ses mâchoires crispées sur un cri silencieux.


Il se branlait de plus en plus furieusement devant ce spectacle, bouche bée, tel un poisson rouge arraché à son bocal qui serait en train de s’asphyxier. La tension dans son membre et ses bourses atteignit son paroxysme et il ne tarda pas à éjaculer de longs jets de foutre tiède sur la vitre froide de son bureau, contre laquelle il finit par se laisser glisser, hors d’haleine…



oooOOOooo




Comme un insecte rageur et bruyant, le carillon bourdonnait sans discontinuer dans la demeure victorienne d’habitude si paisible. Madison, l’épouse de Harning, se hâta vers la porte d’entrée pour faire stopper ce vacarme et remettre à sa place le visiteur impoli qui se permettait de briser leur quiétude en ce tout début d’après-midi. Son mari l’apostropha :



Sous le porche, un grand type un peu sec habillé tout de noir la jauge d’un air dédaigneux. Une lourde mallette, noire elle aussi, pend à son épaule. Il porte une étrange paire de lunettes, à l’épaisse monture plastique encerclant des verres miroirs d’aspect bizarre. Elle ressent presque physiquement le poids de ce regard qui la scrute de haut en bas, inquisiteur et dérangeant. Milton la déshabille des yeux, à l’abri de l’écran réfléchissant qui renvoie à Madison sa propre image, celle d’une bimbo plus très jeune, mais encore assez bandante. L’attitude de ce type qui la mate sans aucune gêne apparente l’incommode franchement. Elle finit par s’effacer pour le laisser rentrer, ce qu’il fait avec le naturel d’un flic pénétrant sur la scène d’un crime. Il n’a toujours pas prononcé un mot. Harning vient à sa rencontre pour l’accueillir :



Harning, le sourire figé, retire sa main, sidéré à son tour par l’aplomb incroyable de cet énergumène. « S’prend pas pour une merde, celui-là ! ».


Il se dirige vers le jardin, narrant ses récentes mésaventures au jeune chercheur qui l’écoute d’un air distrait en lui emboîtant le pas. Ils s’arrêtent à quelques mètres des ronces folles et Milton pose au sol la lourde mallette. Elle s’ouvre avec un déclic sonore, exhibant une collection hétéroclite d’appareils de mesure. Il choisit un gadget avec un cadran coloré, qu’il pointe en direction des fourrés ; l’aiguille bondit instantanément dans la zone rouge et Milton ajuste avec un juron la sensibilité de l’appareil.



Il commence à s’inquiéter à l’idée des doses qu’il a dû lui-même recevoir.



Puis il rajoute, comme pour lui même :




oooOOOooo




Milton est de retour de son week-end à Hampton. Son sac à dos couvert de terre est posé devant lui, sur une paillasse. Quand il pense au contenu de ce banal sac de camping, il est pris de vertiges. Il hésite encore sur la conduite à tenir, c’est tellement… incroyable ! On dirait une énorme farce, mais il sait que ce n’est pas le cas.


Harning et lui se sont assez vite mis d’accord sur la conduite à tenir, quant à cette étonnante découverte ; il a suffi qu’il explique au vieux que tout son terrain risquait d’être retourné de fond en comble au tractopelle si cette histoire s’ébruitait pour qu’il accepte avec joie de la fermer. Ce vieux roublard n’avait aucune envie de se retrouver exproprié au nom de la science et ils ont eu tôt fait de conclure un marché : Milton se chargeait de découvrir l’origine du rayonnement électromagnétique avec l’aide de Harning, et l’histoire s’arrêtait là pour le retraité.


Ils ont donc commencé par arracher les ronces quasiment à mains nues, puis ils ont retourné le coin à la pelle et à la pioche. Milton en a les mains pleines d’ampoules et de méchantes griffures. Mais ça en valait la peine ! Oh que oui ! Au bout de deux bonnes heures de fouilles -l’excavation avait alors atteint un mètre de profondeur environ-, Milton a senti sa pelle racler contre quelque chose de dur et lisse. C’est à genou dans le trou, sans aucun égard pour son pantalon de ville déjà largement taché de boue, qu’il a fini par dégager à la main « l’artefact ».


Ils ont poussé le même cri de surprise étranglé devant ce que Milton venait de mettre à jour : un cylindre parfait, taillé dans une matière aux allures de roche vitrifiée, noire et réfléchissante ! La surface, incroyablement résistante, n’avait même pas été rayée par le métal de la pelle. Dès que Milton l’eut sorti de sa gangue de boue, le cylindre noir se mit à refléter les lueurs ocre de cette fin de journée, comme embrasé par le soleil.


Jetant un coup d’œil à son appareil de mesure, Milton constata que l’objet n’émettait à présent plus aucun rayonnement électromagnétique. C’est ce qui l’impressionna le plus : comme si les puissantes ondes n’avaient été là que pour signaler la présence de cette chose étrange et qu’une fois découverte, elles n’avaient plus lieu d’être.



oooOOOooo




Madison est furieuse contre son mari. Elle n’a pas décoléré du week-end à l’idée que ce scientifique si désagréable était reparti de chez eux avec une découverte certainement extraordinaire entre les mains, sans qu’ils n’aient eu rien à dire. Après une soirée de discussion orageuse, ils sont montés se coucher. Allongée dans le noir, Madison n’arrive pas à trouver le sommeil et finit par revenir à la charge :



Harning, de mauvaise humeur à l’idée de s’être fait embobiné, se retourne dans le lit pour couper court à la discussion, présentant à son épouse son large dos empaqueté dans un pyjama mauve très kitsch. Madison réplique en s’enfermant dans une désapprobation muette, que son mari ne tarde pas à saluer par des ronflements sonores. Elle laisse son esprit divaguer, tentant de s’enfoncer à son tour dans un sommeil à même d’apaiser un peu ses pensées rageuses.


Elle repense à Milton, sur le pas de sa porte. « Il me regardait avec une telle indécence… je n’aurais pas été plus mal à l’aise si j’avais été à poil devant lui ». Une image s’impose à son esprit : elle-même, entièrement nue dans l’entrée, faisant face à ce type avec ses étranges lunettes de voyeur. Elle n’avait pas eu l’occasion de croiser son regard une seule fois, mais elle imaginait de petits yeux vicieux détaillant son corps sans la moindre gêne derrière les étranges verres miroirs.


À la pensée de cette situation si gênante et, paradoxalement, si érotique, une chaleur inattendue envahit son bas-ventre. Elle essaie d’imaginer la réaction qu’il aurait pu avoir, à la vue de son corps impudiquement offert… Elle le voit, s’approchant d’elle, un sourire sardonique au coin des lèvres, tandis qu’elle-même serait restée là, pantelante, incapable de réagir, telle une proie hypnotisée par un crotale. Il en aurait bien sûr profité pour lui caresser la croupe, soupeser ses lourds tétons, les malaxer, les lécher peut-être ? Elle aurait certainement gémi sous ses vils attouchements, témoignant malgré elle de son trouble. Puis il lui aurait fait écarter les cuisses, pour mieux vérifier d’un doigt inquisiteur l’état d’excitation de sa chatte -sûrement trempée, comme en ce moment même !- avant de l’entraîner vers le living pour la baiser violemment.


Madison commence à se masturber sans trop y prêter attention, laissant libre cours à ses fantasmes. Après lui avoir volé cette chose étrange, enfouie dans son propre jardin, ce type pouvait bien lui procurer un peu de plaisir en s’occupant d’elle en pensées, non ?



oooOOOooo




Milton passe en revue toutes les hypothèses, même les plus farfelues, qui pourraient expliquer le phénomène dont il a été le témoin, mais aucune ne résiste plus de deux secondes à une analyse critique. D’ailleurs, s’il n’avait pas constaté l’émission de ces ondes, il n’y croirait pas lui-même ! Il sort avec précautions le mystérieux cylindre de son sac et le pose sur son bureau.


Cet artefact, à la géométrie parfaite, a craché un rayonnement électromagnétique durant des années, peut-être des décennies, avec une puissance inouïe. Ce qui exclut toute origine naturelle. Donc le cylindre a forcément été fabriqué par quelqu’un ! Milton a le tournis quand il pense au niveau futuriste de la technologie nécessaire pour produire un tel phénomène : aucune superpuissance n’a pu être en mesure de créer un truc pareil, si avancée soit-elle dans d’éventuelles recherches secrètes, et encore moins il y a vingt ou trente ans !


Pourtant le cylindre sombre est bien là, devant lui. Une nouvelle hypothèse, plus folle encore que toutes les autres réunies, émerge dans son esprit surexcité. Et si ce truc était d’origine… extraterrestre ? Il a d’abord envie d’éclater de rire à cette idée, tellement elle paraît saugrenue, mais à la réflexion, c’est peut-être la seule façon d’expliquer l’existence de cette anomalie ! Une sueur froide coule le long de sa colonne vertébrale, des frissons le traversent : il faut qu’il en ait la preuve, immédiatement !


« Je dois arriver à ouvrir ce truc » Mais il ne voit aucun moyen de le faire, à part le briser. Il tente alors de radiographier le cylindre, mais les clichés qu’il obtient sont totalement opaques. Il ne lui reste plus qu’à analyser la matière qui compose sa surface, en prélevant un échantillon de cette matière sombre. Malgré toutes ces tentatives, il n’arrive à rien, la surface du cylindre est bien trop dure. En dernier ressort, il se décide à utiliser le laser ultra dense du labo, pour essayer de détacher quelques fragments.


Le rayon d’énergie pure lèche depuis quelques instants l’arête supérieure du cylindre quand l’incroyable se produit : une espèce de sphère irisée et ondoyante apparaît progressivement sur le haut de l’objet, comme une projection holographique, arrachant un cri de surprise à Milton. Il s’approche pour observer de plus prés l’étrange phénomène. Quelque chose semble bouger à l’intérieur de cette sphère translucide et irréelle. Il approche encore un peu son visage et aperçoit une fourmi noire, piégée dans le halo irisé. Elle devait se balader sur le cylindre au moment ou le phénomène a commencé.


La fourmi se tortille dans tous les sens, agitant follement ses pattes et ses antennes, dans une tentative de fuite désespérée, d’avance vouée à l’échec. Et pour cause, elle n’a plus aucune prise sur rien, vu qu’elle flotte dans la sphère, tournoyant sur elle-même, comme si elle était… en apesanteur ! Milton, incrédule, stoppe le laser et la sphère s’efface lentement. La fourmi noire chute au ralenti vers la surface vitrifiée, la heurte puis file sans demander son reste. « Incroyable ! Cette… chose est capable de réactions stupéfiantes ! »


Il pense à tout ce que l’on pourrait apprendre en étudiant l’artefact, les avancées technologiques majeures que l’on pourrait en tirer pour peu qu’on puisse en comprendre le mode de fonctionnement. Doit-il appeler les pontes de la Nasa, au risque de les voir s’emparer de ce qu’il vient de mettre à jour, lui, modeste chercheur dans un obscur labo, l’écartant de tout cela sans aucun état d’âme ?


« Non, c’est la chance de ta vie mon vieux, tu peux pas la laisser passer ! » Après tout, c’est bien lui qui a découvert les étranges propriétés du cylindre, alors pourquoi n’essaierait-il pas d’en savoir d’abord un peu plus avant de le leur remettre… dans quelques mois ?


Milton ne le sait pas encore, mais il va devoir consacrer à l’artefact plus de trente ans de labeur acharné avant de comprendre quelques-uns des mystères de son fonctionnement. Il poursuivra cette tâche titanesque dans le plus grand secret, d’abord seul et avec très peu de moyens, puis avec l’appui financier colossal de la firme, après avoir signé un juteux contrat d’exclusivité sur les résultats de ses recherches.


Maîtriser l’antigravité deviendra sa quête ultime, son obsession exclusive, au moins sur le plan professionnel ! Mais malgré tout son acharnement, aucun de ses prototypes successifs n’arrivera à fonctionner sans que n’y soit intégré le cylindre extra-terrestre. Et surtout, aucun ne sera en mesure de faire léviter de la matière inanimée.





À suivre