n° 12429 | Fiche technique | 14121 caractères | 14121Temps de lecture estimé : 9 mn | 03/04/08 |
Résumé: Un homme offre une séance de bain flottant à sa femme en cadeau d'anniversaire. | ||||
Critères: f bain revede ffontaine fmast fdanus -mastf | ||||
Auteur : Macapi Envoi mini-message |
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Bien des nuits de rêve se sont écoulées depuis cette conversation. Je sais maintenant que je ne pourrai jamais aller dans l’espace, que seuls quelques élus le peuvent, qu’il faut s’entraîner longuement, que ce n’est pas ainsi que je gagnerai ma vie. N’empêche que ma mère n’est pas plus contente de me voir faire carrière dans l’enseignement. Elle prétend que bientôt des jeunes de douze ans vont me prendre en otage dans ma classe et me torturer. Mais c’est ma mère, il y a bien longtemps que je sais qu’elle s’inquiète pour tout.
Elle a dû me léguer une partie de son inquiétude puisque je ne prends pas beaucoup de risques dans ma vie actuelle. J’ai une vie bien rangée avec un homme gentil que je vois régulièrement, Manuel. Je m’habille sagement pour travailler, un peu moins mes jours de congé. J’aime la belle lingerie et je n’hésite pas à en porter, autant pour mon plaisir que pour celui de mon amant. Je suis satisfaite dans la moyenne, avec deux ou trois orgasmes par semaines, quelques amis que je vois pour des soupers occasionnels, assez d’argent pour bien vivre une vie tranquille, des vacances sur la plage locale et très peu de soucis pour faner trop vite ma jeunesse.
Caché au plus profond de mon esprit, il subsiste cependant un rêve, lié à ce simple mot : "apesanteur". Je souhaite ardemment pouvoir me libérer des contraintes de la gravité, ressentir la légèreté de mon corps qui ne serait pas attaché au sol. Savoir que je pourrais passer mes mains de tous les côtés et ne rien rencontrer d’autre que le vide, savoir que je ne toucherais à aucun objet et que je serais seule dans une sorte de bulle, tout cela m’exalte et me rend triste à la fois.
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Il m’embrasse, les yeux pétillants, puis il sort une enveloppe de la poche intérieure de son veston. C’est une très jolie enveloppe verte avec un petit chou doré collé dessus. Très fier de son effet, il me la donne et attend ma réaction. Je suis dubitative. Il aurait pu trouver un cadeau qui se met dans une boîte. Ma première idée est que justement il n’a pas eu d’idée et qu’il m’offre un de ces certificats cadeau pour un grand magasin, comme ça "je pourrais choisir ce qui me plaît… " Et le plaisir de recevoir une surprise ?
Un sourire un peu forcé aux lèvres, je l’ouvre lentement, afin de préserver un peu de suspense pour Manuel et un peu de temps pour moi, au cas où je devrais me composer de toute urgence un air de totalement satisfaite malgré ma déception intérieure. Je sors un carton avec comme inscription :
Certificat cadeau.
Bien sûr. Prévisible. Et plus bas :
Bain flottant.
C’est quoi ça un bain flottant ? Pas un soin esthétique toujours ? Parce que là franchement, ce n’est pas mon genre. Je me compose donc un air de satisfaite sous condition de comprendre toutes les implications.
Et lui de se lancer dans des explications à n’en plus finir sur les vertus relaxantes des bains flottants, sans oublier les considérations théoriques sur cinq cents litres d’eau pour cinq cents litres de sel.
D’accord, j’ai compris, je vais aller me relaxer une heure dans de l’eau salée. C’est bien parce que c’est lui qui me l’offre, parce que je n’aurais jamais fait ce genre de trucs. Mais bon, un cadeau est un cadeau.
Et pour masquer une petite larme de déception, je l’embrasse à pleine bouche, le genre de roulement de langue profond qui l’excite au plus haut point. Lui, tout content, réagit au quart de tour à ma reconnaissance et bande comme jamais. Soirée torride en perspective, pour lui. Un peu de temps pour me permettre de réfléchir. Mais quand même, j’avoue, j’ai joui entre ses bras ce soir-là. Faire l’amour pour une mauvaise raison ne signifie pas mal baiser !
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Quelques mois plus tard, je me décide enfin à profiter de mon cadeau d’anniversaire. Il faut dire que régulièrement, je me fais rappeler à l’ordre par mon amoureux. Oui je sais, je n’ai pas encore été prendre mon bain. C’est presque devenu une blague. Mais comme je ne veux pas que chaque fois que j’entre dans la salle de bains pour me relaxer dans notre baignoire ordinaire, il me redise que je pourrais avoir un autre genre d’expérience si je le voulais, je me suis décidée à couper court à la plaisanterie.
Le jour venu, je quitte la maison d’un pas léger, après une bonne nuit de sommeil. J’ai laissé Manuel avec un certain plaisir, presque comme si je lui faisais un cadeau à mon tour en acceptant enfin de profiter du sien. En tout cas, un magnifique sourire a illuminé son visage quand je le lui ai annoncé. C’est dire que j’ai presque hâte d’être dans l’eau pour vérifier si elle n’aurait pas des propriétés magiques à tout hasard.
J’entre maintenant dans le bâtiment dont l’adresse est inscrite au bas du certificat cadeau que je tiens bêtement à la main. L’ambiance est feutrée, la fille qui répond au téléphone est bien habillée, les meubles valent cher, tout projette une atmosphère de luxe abordable somme toute assez classe.
Quelques minutes plus tard, j’ai enlevé mon manteau et j’attends dans un salon qu’on vienne me chercher. Quelques personnes sont assises, des femmes, des hommes, les yeux légèrement dans le vague, déjà en train de se relaxer apparemment. Je ne suis pas ce genre de personne, je suis plutôt nerveuse et il m’est difficile de m’abandonner. Alors j’observe ces êtres à moitié humains, à moitié zombies. Qui a payé pour eux ? Sont-ils là de leur plein gré ou parce qu’ils ont comme moi reçu un cadeau ? Suis-je si anormale de ne pas ressentir le besoin profond de me détendre dans un cadre comme celui-ci ? Une musique vaguement New Age résonne dans la grande pièce aux plafonds hauts. Je me balance doucement dans le fauteuil qui bascule sur sa base.
Mon nom résonne dans ma tête, puis je me rends compte que c’est moi qu’on appelle. J’émerge d’une espèce de léthargie qui s’est emparée de moi, bien malgré moi. Une jolie jeune femme m’accompagne jusqu’à une petite pièce qui contient le bain en question. Elle m’enseigne le bon usage de la douche avant et après, question d’hygiène et tout le tralala. J’écoute d’une oreille distraite son explication sur les propriétés flottantes du bain et les proportions d’eau et de sel avec une étrange impression de déjà vu. Et finalement, je peux constater le mécanisme de fermeture du "couvercle". Comment l’appeler autrement ? C’est un couvercle qui referme littéralement le bain. En d’autres mots, on est enfermés dedans.
Maintenant seule dans cette pièce humide, je me déshabille lentement. Puisque je suis là, autant essayer d’en profiter. Une musique lancinante se fait entendre. C’est le premier cycle, qui sera suivi paraît-il d’une période de silence, puis d’un cinq minutes de, et je cite : "voix d’anges avec des clochettes". Je ne me sens pas tout à fait dans mon élément, l’ambiance est vaguement trop zen à mon goût.
Nue, seule, même pas un miroir pour admirer un corps somme toute très agréable à regarder. Je me douche rapidement, à l’eau tiède pour ne pas "faire un trop grand contraste avec l’eau du bain". Il fallait y penser… Je note la position de la serviette, ne l’utilise pas, puis me glisse précautionneusement dans l’eau du bain, ni trop chaude ni trop froide.
C’est comme un grand œuf. Une fois complètement allongée à l’intérieur, je peux étendre mes bras de chaque côté et frôler les parois. Le couvercle est en forme de demi-œuf pour compléter l’autre demi-œuf qui contient l’eau. J’imagine que je suis le jaune et que je vais éclore tout à l’heure ?
Je me relève, referme l’habitacle et éteint les lumières avant de m’allonger à nouveau. J’écoute la musique. Quelle drôle d’idée Manuel a eue de me donner ceci comme cadeau d’anniversaire… Il ne fait pas chaud, je suis juste bien. Suis-je supposée m’endormir ? C’est comme si j’étais sur un lit.
Puis je réalise. JE FLOTTE. Totalement. Complètement. Pas comme dans une piscine où je risque à tout instant de boire la tasse. Pas comme dans mon bain à la maison où mes fesses touchent encore le fond. Ici, il n’y a pas de fond. Ou plutôt, il y en a un, mon esprit rationnel s’en assure, mais je n’ai pas de contact avec lui. Mon corps reste à la surface, sans s’enfoncer. D’où, évidemment, le nom de bain flottant.
Ce n’est pas le fait de comprendre le nom qui est génial, c’est le fait de comprendre qu’ici je suis comme en apesanteur. Silence. Stupeur. Je passe ma main sous mes fesses, d’un côté à l’autre. Rien ne s’interpose entre mon corps et l’eau. Je suis comme une astronaute dans l’espace, mais dans l’eau. C’est très agréable comme sensation. Toute mon enfance me revient en mémoire, tous mes rêves intacts auxquels j’avais cessé de croire. Une douce euphorie s’empare de moi.
Je tente de me détendre et de seulement me laisser porter par l’eau, puisque c’est le but ici. Mais mon esprit est trop emballé par ces pensées d’espace, de liberté. Je ne peux pas m’empêcher de bouger dans cet univers juste pour moi. Mes jambes cent fois pliées et dépliées, les bras qui bougent dans tous les sens, la tête renversée mais soutenue sans aucun effort de ma part, tout est électrisant pour mes sens.
Petit effet non prévu, le sel sur ma peau a un effet adoucissant. J’en profite donc et je me frotte le ventre, le dos, les bras et les jambes. Mes mains sur mes fesses me procurent un frisson à forte tendance érotique. Incapable de résister à la tentation, je mets un doigt dans mon cul et à mon plus grand plaisir, ma main n’est pas écrasée par mon corps et je peux rester couchée sur le dos pendant que je m’encule. Je reste ainsi sans bouger de longues minutes, à savourer la position.
D’autres envies plus précises s’emparent de mon corps. Ma main droite se pose sur ma vulve qui dépasse de l’eau et je commence à me caresser doucement. Pas trop fort, parce que côté lubrification, ce n’est pas top, je mouille et ça se dilue au fur et à mesure dans le bain. Mais bon, je ne suis pas pressée, j’ai tout mon temps pour jouir de la situation et jouir tout court.
Mon corps s’arque sous le plaisir. Ma main se plaque sur mon sexe et mes fesses s’enfoncent dans l’eau. J’ai une totale liberté de mouvement. C’est quand même mieux qu’en combinaison spatiale non propice à la débauche. Je suis tellement heureuse de vivre ces moments de grâce. La musique s’est arrêtée, il me reste environ vingt minutes de plaisir pur.
Le plaisir, toujours le plaisir, encore plus de plaisir. Enfermée dans cet œuf, je sens qu’il monte en moi, mon doigt part à la recherche du peu de cyprine disponible pour lubrifier mon clitoris maltraité. Je ne veux pas bouger trop vite pour ne pas entendre le clapotis de ma main sur l’eau. Mes mouvements restent lents et mesurés, dans la limite du supportable. J’essaie de me retenir pour ne pas jouir trop vite. Je profite au maximum de la sensation d’apesanteur, de mon corps qui se tend et se replie à volonté.
Toutes les sensations sont concentrées sur mon clitoris. Je ne sais plus où je suis. Il fait noir. Je m’imagine dans l’espace intersidéral, les étoiles devant les yeux, la Terre loin derrière moi. Une boule de feu s’empare de mon ventre. Elle se concentre en un point unique au centre de mon sexe. Tous mes muscles se contractent en toute liberté. Quelques instants plus tard, je sens toute la tension se libérer et pousser vers l’extérieur. Mon corps se vide complètement, j’éjacule, je pisse, je ne sais plus, mon anus se contracte au rythme de mon orgasme. Rien n’entrave mon plaisir. Le plaisir est trop fort. Je pleure de joie. Je flotte. Mon corps est possédé de toute part. Je suis l’eau. Je voudrais mourir ici. Ma vie prend tout son sens. J’ai l’impression d’avoir attendu ce moment toute ma vie.
J’émerge doucement au son des clochettes. Je suis au paradis. Les anges me chuchotent l’amour. Mon corps vibre encore de plaisir. Je suis au paradis. Il fait noir. Je suis morte. Je suis dans l’eau. Plus que cinq minutes. Un souffle de l’extérieur, un retour à la vie, une odeur de sel, une douce chaleur à l’intérieur de moi. Je suis en vie.
J’ouvre le couvercle de mon œuf. J’ouvre le sas de mon astronef. Je prends une douche. Je passe à la décontamination obligatoire. Je m’habille et retourne au monde réel. Je m’habille et retourne sur Terre.
Ça y est. Je suis une astronaute.