n° 12441 | Fiche technique | 27013 caractères | 27013Temps de lecture estimé : 16 mn | 05/04/08 |
Résumé: Une conversation entre amis prend une tournure... inattendue. | ||||
Critères: fh amour voir préservati pénétratio attache yeuxbandés | ||||
Auteur : Myhrisse Envoi mini-message |
Comment étaient-ils venus à parler de ça ? Elle n’en savait fichtre rien. Pourtant, tout avait commencé de manière si classique.
Elle l’avait invité à venir passer la soirée chez elle ; lui, son meilleur ami, son confident de toujours. Oui, toujours. Elle ne savait même pas avec précision quand elle l’avait rencontré : à l’école primaire ? Au collège ? Elle n’en savait plus rien. Ce qui était certain, c’était qu’ils étaient très liés. Ils étaient toujours là l’un pour l’autre. À chaque problème, scolaire d’abord, avec leurs parents ensuite, puis, en grandissant, leurs problèmes de cœur. Jamais ils ne s’étaient tournés l’un vers l’autre et Florentine n’avait jamais considéré Jeannot comme autre chose qu’un ami. Ils parlaient de tout, de manière très libre, mais tout de même, cette fois, la conversation avait quelque peu dérapé.
Lequel des deux, après avoir bu un verre et consommé quelques biscuits apéritifs, avait fait dévier la discussion sur le sexe ? Florentine se souvenait avoir parlé de son amie Marthe qui avait tous les soirs un homme dans son lit, mais jamais le même deux nuits de suite. Jeannot avait répondu que les volontés et désirs de chacun différaient, et que c’était cela qui rendait le monde aussi merveilleux. Florentine avait bien sûr acquiescé et la conversation s’était alors tournée vers le sexe et les pratiques préférées de chacun. Naturellement, la question finit par arriver. Ce fut Florentine qui la posa en premier.
Jeannot avait très bien compris ce dont il était question. Nul n’était besoin d’un dessin. Jeannot était peut-être un "simple" boulanger, il n’en était pas idiot pour autant. Il rougit fortement, même s’il était plus qu’évident, il devait également l’admettre vu la tournure de la conversation, que la question devait venir à un moment ou à un autre. Il aurait tout de même préféré la poser le premier. Pourquoi était-il toujours aussi timide ? Depuis sa petite enfance déjà, et ça ne s’était pas amélioré en grandissant. Sentant le regard pesant de son amie sur lui, le faiseur de pain remua sur son siège, mal à l’aise, puis finit par souffler, dans un murmure presque inaudible :
Florentine fut sans voix. Cela la souffla totalement. Décidément, les hommes étaient toujours aussi surprenants. Pourtant, elle pensait connaître Jeannot sur le bout des doigts. Malgré cela, son ami de toujours parvenait à la surprendre.
Ce fut au tour de Florentine de rougir. Elle d’habitude si sûre d’elle, se trouvait prise en défaut. Jeannot détourna le regard et murmura :
De sa vie, jamais Jeannot n’avait vu Florentine aussi gênée. Elle devint instantanément rouge comme une pivoine. Oui, elle avait un fantasme, c’était plus qu’évident.
Florentine fit la moue, sembla un instant vouloir rester murée dans le silence, puis se résigna, sous le regard insistant de son meilleur ami.
Florentine sourit, prit une grande inspiration, puis lança :
Florentine fut soufflée par la proposition. Son ami, le timide par nature, venait de lui proposer de lui faire vivre son fantasme.
Florentine ne savait que dire. C’était tentant et en même temps tellement étrange. Avait-elle réellement envie de vivre ce fantasme ? Ce n’était qu’un désir, un rêve, et on n’a pas forcément envie de voir se réaliser tous nos rêves. Un proverbe ne dit-il pas : "Quand Dieu veut nous punir, il exauce nos prières" ?
Il y eut un silence, puis Florentine alluma la télévision. Pendant un moment, ce fut le seul bruit, puis les discussions entre eux reprirent, mais le sujet était très classique, comme s’ils voulaient oublier la conversation qui venait d’avoir lieu.
Florentine apprit deux ans plus tard que Jeannot avait fini par vivre son fantasme et qu’il avait décidé de ne pas reconduire l’évènement. Il n’avait pas été malmené, cela n’avait simplement pas été à la hauteur de son espérance. Il avait été déçu. Il avait même avoué à Florentine s’être ennuyé. Entre-temps, Florentine désespérait de trouver l’amour. Jeannot l’écoutait se plaindre de ses compagnons et partenaires sexuels sans jamais rechigner, et il avait du mérite car Florentine était souvent intarissable en reproches en tout genre. Jeannot, lui, n’avait aucune femme dans sa vie et ne semblait pas mécontent de son sort. En tout cas, il ne s’en était jamais plaint à Florentine.
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Jeannot sursauta, tout en maudissant les femmes et leurs réactions imprévisibles.
Là, Jeannot comprit. Cela faisait plus de quatre ans que son amie et lui avaient eu la discussion sur leurs fantasmes réciproques. Jamais il n’aurait cru que Florentine reviendrait un jour sur le sujet.
Il raccrocha avant même d’avoir entendu la réponse de son amie.
Florentine reposa le combiné. Son ventre était noué. Ça y est, c’était parti. Elle avait osé vivre enfin ses envies. Elle ne doutait aucunement des capacités de son ami à lui trouver la perle rare. Dans quelque temps, elle serait prise, sans que son avis ne lui soit demandé, par un homme qu’elle ne connaissait pas. Elle était fébrile. Elle eut du mal à dormir ce soir-là. Le lendemain également. À chaque fois qu’elle allait dans un parking, dans un ascenseur ou dans un endroit sombre, elle se demandait si c’était le moment.
Après six jours, elle dormit normalement. Après quinze, elle cessa de regarder partout autour d’elle. Elle n’y pensait qu’à certains moments, dans des endroits vraiment propices, comme le parking alors que la lumière s’éteint sans prévenir.
Après trois mois, même dans le noir, elle n’y pensait plus. Elle continuait à voir Jeannot, bien sûr, mais comme promis, elle ne lui en parlait pas. Cependant, elle commençait à se demander s’il n’avait pas oublié.
Après six mois, elle était plus énervée que jamais. Elle n’appelait d’ailleurs presque plus Jeannot et ne l’avait pas invité chez elle depuis plusieurs semaines, ayant sans cesse envie de lui demander quand il comptait enfin porter un peu d’intérêt à sa demande.
Évidemment, pendant ces six mois, elle n’était pas restée sans activité sexuelle. Les hommes, elle en avait toujours à volonté, mais aucun d’eux ne voulait jamais rester pour la vie et elle ne désirait aucun d’eux. Tous des tocards, des abrutis, ou des hommes à lit mais pas à vie. Elle continuait à chercher, mais ne trouvait pas. Où étaient donc ces hommes bien ? Ceux qu’épousaient ses amies ? Ces hommes merveilleux, à la fois amants, confidents et même - qui sait - pères ? En attendant, elle se rabattait sur le sexe, et un petit viol consenti préparé par son meilleur ami lui aurait bien remonté le moral, elle en était certaine.
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Elle tournait en rond, en voulant une fois de plus à Jeannot, qui ne donnait aucune nouvelle. Elle revenait du travail : stressant, comme d’habitude. Elle avait besoin de se détendre. Un bon bain ferait des merveilles, à n’en pas douter.
Elle sortit de sa voiture, ne prenant aucunement garde au parking qui l’entourait. Il était loin, le temps où elle regardait chaque coin d’ombre en espérant. Elle marmonnait dans sa barbe des pensées bien senties à l’intention de son ami. Était-il encore son ami ? Était-il en train de se moquer d’elle en ce moment ? Elle se sentit stupide. Bien sûr que non, qu’il n’allait pas lui trouver un homme pour la violer ! Elle avait d’ailleurs été idiote de le demander. Que pouvait-elle attendre ? Que croyait-elle ? Qu’il allait lui trouver l’homme idéal et le lui offrir sur un plateau ? Quel âge avait-elle pour encore croire au Père Noël ?
Elle s’engagea sur la route afin de rejoindre l’ascenseur. La suite fut floue.
Une odeur forte, probablement celle du chloroforme. Elle n’en savait rien, n’en ayant jamais senti avant. Elle sentit simplement le mouchoir plaqué sur elle, fortement mais sans brutalité, et un profond sommeil l’envahit alors. Elle n’eut même pas le temps de penser.
Soulagement que cela se produise enfin ? Peur que ça ne soit pas de la part de Jeannot, mais d’un vrai fou ? Excitation de savoir son fantasme sur le point de se réaliser ?
Non, elle n’eut aucunement le temps d’avoir une de ces idées. Elle sombra dans des brumes dont elle ne s’éveilla que bien plus tard.
Elle voulut ouvrir les yeux mais un bandeau l’en empêchait. Un bandeau simple, banal, classique mais efficace. Elle se savait nue. Elle sentait la douceur d’un matelas sous elle. Il faisait chaud dans la pièce. Elle pouvait entendre le léger craquement de bougies autour d’elle et sentir leur parfum. Elle tenta de bouger. Ses bras étaient maintenus par des cordes attachées à des bracelets de cuir à la tête de lit. Avec ces bracelets, elle pourrait tirer autant qu’elle le souhaitait, elle ne se ferait pas de mal. À ses chevilles, le même procédé lui maintenait les jambes écartées.
Là, elle eut le temps de penser et tout se mélangea. Elle prit un instant pour évaluer la situation. Cela faisait six mois qu’elle avait demandé à Jeannot d’organiser son viol. Était-ce lui qui, enfin, se décidait à lui donner ce qu’elle souhaitait ? Avait-il été si difficile de trouver un homme consentant ? Pourtant, elle aurait juré qu’en cherchant sur Internet, elle en aurait trouvé par pelletées. Peut-être que dénicher un homme compétent avait été la difficulté.
Elle se rendit compte qu’elle sentait bon, malgré sa journée de travail. On l’avait lavée, comprit-elle. Qui qu’il soit, il avait bien profité d’elle !
Soudain, elle eut peur qu’il ne l’ait prise dans son sommeil, prenant son plaisir sans lui permettre de réaliser son fantasme à elle. Elle était maintenant éveillée depuis plusieurs minutes et rien n’avait bougé autour d’elle.
Une main lui frôla les côtes, à ces mots. Elle sursauta, malgré la douceur et la chaleur de cette caresse. C’était peu dire qu’elle était nerveuse !
Un doigt entra gentiment dans sa bouche tandis que des lèvres se posaient sur son ventre. Elle suça doucement le doigt, peu sûre de faire ce qu’il fallait. Devait-elle se rebiffer ? Après tout, elle ne savait toujours pas si cela venait de Jeannot ou non. Les caresses de son "agresseur" étaient agréables, ses lèvres douces. Pour le moment, il se contentait de son ventre, jouant parfois avec son nombril. Il semblait doué et désireux de lui donner du plaisir.
Florentine se laissa aller. Même s’il n’était pas envoyé par Jeannot, cet homme semblait à même de lui faire réaliser son fantasme. La crainte de voir la situation changer ne la quitta tout de même pas, mais elle se prit plus volontiers au jeu érotique. Il dut s’en rendre compte et cela le motiva à aller plus loin.
Il commença à lui lécher les seins, puis aspira ses tétons, qu’il suça, faisant gémir Florentine que ce geste rendait folle. Les mains qui lui caressaient la gorge et le ventre accentuaient son plaisir. Tandis que ses seins étaient mordillés, une main descendit sur son pubis. Il était rasé, se rendit-elle compte. Apparemment, son "agresseur" préférait, car elle ne se rasait habituellement pas. Les doigts habiles caressèrent d’abord l’extérieur, puis s’insinuèrent entre les lèvres trempées. Ils jouèrent avec son petit bouton, la faisant de plus en plus gémir, puis un doigt s’avança vers sa grotte humide. Alors qu’il entrait sans difficulté, Florentine suça le doigt qu’il avait mis dans sa bouche. Elle suivit ses mouvements internes, étouffa un gémissement plus fort lorsqu’un, puis deux doigts rejoignirent le premier. Elle n’eut alors plus à sucer.
Alors qu’elle était au bord de l’orgasme, les doigts se retirèrent pour céder la place à un membre dur et gros qui la pénétra avec force et douceur, finissant le travail commencé par les doigts. Il la chevaucha plus longtemps qu’elle n’aurait osé l’espérer, pour finalement la quitter. Mais l’homme ne la délaissa pas pour autant. Il la caressa doucement, s’appliquant à toucher chacune des zones de son corps qu’il pouvait atteindre, comme s’il voulait profiter au maximum de ce moment. Florentine était aux anges. Jamais aucun homme - et pourtant elle avait partagé son lit avec un assez grand nombre de messieurs - ne lui avait donné un tel plaisir !
Elle voulut le remercier, mais un chiffon ayant la même odeur forte se posa sur son visage avant qu’elle n’en ait le temps. Elle sombra à nouveau.
Elle s’éveilla dans sa voiture, de nouveau habillée. Cinq heures s’étaient écoulées depuis son retour du travail. Elle se leva, encore embrumée, rejoignit son appartement et s’endormit comme une masse, éreintée par cette soirée.
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Elle fut tirée de son sommeil par la sonnerie du réveil. Elle avait dormi d’une traite. Elle se doucha avant de s’habiller et prit son petit-déjeuner sans s’en rendre compte, tant elle était ailleurs.
Elle fut dangereuse au volant car elle ne conduisait pas vraiment, laissant son corps le faire de lui-même. Au travail, elle était ailleurs.
Ce fut à onze heures, lorsque sa collègue lui demanda pourquoi elle était tellement dans la lune ce matin, qu’elle s’éveilla vraiment. En souriant, elle décrocha le téléphone.
La conversation cessa ainsi. Florentine sourit. Oui, Jeannot avait fait de l’excellent travail, à n’en pas douter.
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Florentine eut en tête ce moment, chaque nuit pendant de longs mois. Puis, elle fit la connaissance de Martial, qui sut la combler.
Trois ans plus tard, ils se marièrent et leur couple semblait merveilleux.
Ce fut après la naissance de leur premier enfant que Florentine commença à avoir des doutes. Martial s’occupait moins d’elle, était plus souvent absent sans raison apparente. La naissance de la seconde n’arrangea pas les choses, au contraire ! De plus en plus soupçonneuse, Florentine finit par suivre son mari et le surprit au bras d’une petite brunette qu’il emmenait dans un hôtel offrant ses chambres à l’heure.
Le soir même, elle le mettait dehors.
Le divorce fut rapidement prononcé et Florentine obtint tout ce qu’elle désirait : la maison, les deux enfants, et une pension suffisante pour lui permettre de vivre seule avec eux.
Elle essaya de se trouver quelqu’un, mais autant plus jeune elle n’avait aucune difficulté à mettre un homme dans son lit, autant après deux grossesses et douze années de mariage, elle ramait davantage.
Elle n’avait jamais perdu le contact avec Jeannot et il l’avait soutenue pendant tout le divorce. Il venait désormais presque tous les jours pour l’aider à aller mieux.
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Les enfants étaient couchés. L’aîné avait maintenant sept ans. Jeannot et Florentine bavardaient dans le salon en sirotant une liqueur digestive. Ils discutaient de tout et de rien, refaisant le monde, se souvenant du passé.
Ce devait être la millionième fois depuis dix ans qu’elle lui posait cette question, mais Jeannot ne lui en tint pas rigueur. Il savait être patient, surtout avec Florentine.
Florentine secoua la tête et préféra ne rien dire. Elle savait que cela ne servirait à rien. Chacun resterait sur ses positions, de toute façon. Le silence qui suivit fut lourd.
Jeannot venait de briser le silence. Florentine le regarda, incrédule.
Jeannot ne répondit pas mais son regard se fit insistant. Il semblait plonger dans ses yeux. Au départ, Florentine ne comprit vraiment pas de quoi il parlait. Ce temps-là était loin et elle avait depuis longtemps renoncé à savoir qui Jeannot avait choisi pour elle. Mais bientôt, sous ce regard insistant, elle finit par comprendre. Lorsqu’elle baissa les yeux, Jeannot sut qu’elle venait enfin de saisir ce dont il parlait.
Florentine leva des yeux humides sur lui. Elle semblait complètement perdue. Le baiser que lui donna Jeannot n’arrangea rien. Il la serra alors dans ses bras et murmura un "je t’aime" à son oreille. Il semblait se soulager d’un poids porté depuis trop longtemps. Florentine s’éloigna et souffla :
Florentine eut un hoquet de rire.
Jeannot sourit.
Florentine sourit et l’embrassa.
Il la rendit heureuse jusqu’à sa mort, lui laissant des souvenirs merveilleux et un amour inoubliable.